L`enchanteur des deux mondes

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L`enchanteur des deux mondes
L’enchanteur des deux mondes
M
erlin était enchanteur, conseillé, et précepteur d’Uter Pendragon, roi de Bretagne, et de son fils
Arthur. Il avait l’apparence d’un vieil homme sage à l’allure noble, et possédait un regard pétillant
d’intelligence aux iris noisette et un nez légèrement tordu. Il déambulait sereinement dans la forêt de
Brocéliande depuis l’aube. C’était une fraiche journée de septembre. L’automne peinait à s’installer,
teintant le feuillage des arbres de rouge et d’ocre. Quelque chose l’attirait ici. Une pulsation, intense et
précise. Posant la paume de sa main sur le tronc des arbres, il écoutait. Il s’adossa sur un chêne
centenaire aux racines profondes et au tronc enroulé en spirale. L’étrange pulsation se calquait sur les
battements de son cœur, et il se sentait bien. Il ferma les yeux, et une porte s’ouvrit dans son esprit. Il
y vit des milliers de routes, et il en choisit une qui semblait se diriger vers l’obscurité. Puis, tombant
soudain en arrière, il chuta de tout son long sur des marches d’escaliers. Merlin s’y engagea et sortit
dans une clairière bordée de hauts mûrs de pierres blanches, percés par une porte majestueuse d’or et
d’ébène. Il apprit qu’il venait de pénétrer dans le monde Alavirien. Un vaste ensemble de terres
sauvages, inexplorées, la plupart habitées par des races non humaines. Des hommes, cherchants à
organiser ces terres en empire, faisaient face à des lézards humanoïdes appelés Ts’ liches. Ces
monstres les avaient envahis et réduits en esclavage, et les utilisaient comme sources de nourriture. La
citadelle des frontaliers, dans laquelle se trouvait Merlin, était dirigée par le seigneur Aedan Til’ Illan.
C’était une construction vertigineuse bordée de trois tours puissantes, qui se dressait sur un piton
rocheux surplombant une plaine. Seul rempart dans le chaos de l’âge de mort qui régnait sur ce
monde. Il su également que certains humains, nommés dessinateurs, possédaient le pouvoir de rendre
réel ce qu’ils imaginaient, en pénétrant dans une dimension qui leur étaient propre : l’Imagination.
Mais les Ts’liches avaient bloqués cette dimension par un verrou, bridant ainsi leurs pouvoirs. Merlin
alla voir le seigneur de la citadelle et lui fit une démonstration de l’étendu de ses talents. Il devient, au
fil du temps, un frontalier, un confident et un conseillé du seigneur Til’ Illan. Il prit le nom de Merwyn
Ril’ Avalon et établit un passage entre le monde Alavirien et l’île d’Avalon. Il aida simultanément
Arthur Pendragon à devenir roi de Bretagne et les frontaliers à lutter contre les lézards. Puis Merwyn
fit la guerre aux Ts’ liches. Il rassembla les plus grands dessinateurs, aux nombres de douze, et les
mena à la victoire. La puissance des Ts’ liches fut brisée et l’accès à l’Imagination rouvert. Les
lézards, décimés, se retirèrent.
L’empire de Gwendalavir naquit.
Pendant cette période de paix, Merwyn retourna en Bretagne afin de chercher des renforts pour le roi
Arthur dans sa lutte contre les saxons. Un jour qu’il traversait la forêt de Briosque, il aperçu auprès
d’une source, une jeune femme sans nom d’une grande beauté. Ses traits étaient empreints de douceur,
son teint blanc comme la nacre et ses cheveux bouclés couleur miel. Dès l’instant ou Merlin posa les
yeux sur elle, il su qui elle était. Que derrière sa perfection se cachait la ruse des Ts’ liches, qui l’avait
crée et la manipulait, pour le détruire. Mais il était Merwyn Ril’ Avalon à Gwendalavir, et Merlin
l’enchanteur sur les terres de Bretagne. Sa volonté foula l’Imagination telle une flèche et brisa les liens
qui entravaient la jeune femme. Merwyn pu ainsi lui déclarer son amour et, fidèle aux légendes de
Brocéliande, baptisa sa bien aimée Vivyan. Il quitta le roi Arthur après sa victoire sur les Saxons et
s’installa avec Vivyan à Brocéliande. Il y construisit un magnifique château de marbre blanc à
proximité d’un pommier dont les branches, chargées de fruits, ployées vers le sol. Ils vécurent dix ans
d’un amour absolu. La légende fit le tour des deux mondes, et l’idylle qui unit Merwyn fut célébrée
comme un modèle d’harmonie. Cependant, les êtres vivants issus de l’Imagination ne pouvaient être
éternels. Et ils savaient qu’un jour, ce savoir causerait leur perte.
Ils décidèrent donc d’enseigner à un apprenti leurs talents afin que celui-ci agisse en leurs noms pour
le maintien de la paix dans les deux mondes. Pour cela, ils choisirent une frontalière et brillante
dessinatrice du nom de Morgaan Vil’ Graban. Elle se révélait être extrêmement douée. Mais un jour,
elle devint assoiffée de pouvoir et voulu régner sur les deux mondes. Elle déclencha la bataille de
Camlann en s’associant avec l’usurpateur Mordred, sous l’apparence de Guenièvre. Cette bataille
causa la mort du roi sur le sol d’Avalon. Elle s’alia aux Ts’ liches, engendra de nombreuses guerres en
Gwendalavir et empoisonna Aedan Til’ Illan pour prendre sa place. Merwyn et Vivyan mirent tous
leurs pouvoirs à contribution pour rétablir l’ordre. Mais l’utilisation continuelle de l’Imagination
affaiblit Vivyan. Elle succomba d’épuisement au milieu d’un champ de bataille sur la plaine de Shaal.
Les armées de Morgaan, profitant du désespoir de Merwyn, déferlèrent sur la Bretagne et ravagèrent
l’île d’Avalon. Bien que le combat fût inégal face aux puissances maléfiques de Morgaan, Merwyn
obtient la victoire. L’envoutante et luxuriante île d’Avalon laissa place à une terre aride, recouverte de
braises et de cendres rougeoyantes. L’air y était lourd et âcre, porteur de mort et de désolation. Le
chêne au tronc spiralé, qui avait servit de passage aux armées destructrices de Morgaan, était de seul
survivant du massacre de l’île. Merwyn y vit un signe. Puisqu’il avait tout perdu, il se devait de tous
reconstruire. Il scella le passage entre les deux mondes et, fou de chagrin, investit l’Imagination avec
toute sa volonté.
Un long travail commença.
L
a haute prairie, une esplanade immense dominait par un balcon en pierres blanches, scintillée
sous le soleil couchant. Deux combattants armés de sabres ce faisaient face : une jeune fille apeurée
aux cheveux blond et aux yeux violets étonnants, et un homme brun au physique sec et au regard
torve. Sur le balcon, noir de monde, des gens s’empoignaient. Des coups pleuvaient. Un adolescent, à
la peau sombre et aux cheveux tressés, criait quelque chose à la jeune fille en contrebas. Pendant ce
temps, sous les fondations de la citadelle, Merwyn poursuivait son œuvre titanesque. Il sentait depuis
quelque temps des remous au cœur de son dessin, comme si quelqu’un rebondissait sur les limites de
son esprit et laissait des traces dans sa création. Le bourdonnement dans son esprit reprit, plus
insistant. Il savait que c’était Ewilan, cette jeune dessinatrice aux prodigieux pouvoirs et au destin
tragique, qui essayait d’entrer en contact avec son Imagination. Aussi pour la première fois depuis
quinze siècles, il sortit de son silence. Ses paroles claquèrent dans l’esprit de la jeune fille.
-
Je travaille, bon sang ! Fichez-moi la paix !
Merwyn sentit son étonnement. S’accrochant à sa voix, Ewilan répondit.
-
J’ai besoin d’aide ! vite !
Elle oscillait à la frontière de l’imagination et des spires inaccessibles. Son adversaire, qui se dirigeait
vers elle, allait bientôt frapper. Elle était totalement terrifiée. Ce fut la terreur dans son esprit qui
convaincu le magicien de prendre une décision qui changerait à jamais l’histoire de cette future
légende. Sa voix résonna dans l’esprit de la jeune fille une nouvelle fois, plus amicale.
-
Hum, je vois … Utilise la sphère graphe, je m’occupe de son sabre.

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