Montmartre - CALM Créteil
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Montmartre - CALM Créteil
Dimanche 18 décembre 2011 (CALM R&V) Montmartre Montmartre fut longtemps un village hors de Paris. Son nom a sans doute pour origine le Mons Martyrum, le mont des martyrs car il fut, selon la légende, un lieu de passage important de Saint Denis, premier évêque de Paris, qui aurait survécu à son exécution. Victime des persécutions antichrétiennes il fut décapité sur la colline de Montmartre avec deux autres coreligionnaires. La légende raconte qu'il ramassa sa tête et marcha jusqu'à l'emplacement de l'actuelle basilique de Saint-Denis où il fut inhumé. Une autre origine étymologique est cependant évoquée : Mons Martis (le mont de Mars) car à l'époque gallo-romaine, un temple dédié à Mars, dieu de la guerre, se trouvait sur la butte (ainsi qu'un autre temple, dédié à Mercure). Lors de la formation des communes et des départements en 1790, Montmartre devint une commune de la Seine. En 1840-1845 la construction de l'enceinte de Thiers partagea le territoire de la commune en deux. Au 1er janvier 1860, lors de l'extension de Paris du mur des Fermiers généraux à l’enceinte de Thiers, le territoire de la commune fut intégré à Paris. Montmartre a été l'un des lieux importants de la Commune de Paris en 1871. Aux XIXe et XXe siècle Montmartre a été un lieu phare de la peinture, accueillant des artistes comme Pissarro, Toulouse-Lautrec, Steinlen, Modigliani, Picasso… Plus tard les artistes peintres abandonnèrent peu à peu le quartier de Montmartre, préférant se réunir désormais dans un autre quartier de Paris, le quartier du Montparnasse. Historiquement le quartier de Montmartre comprend la partie ouest du 18e arrondissement, la partie nord du 9e arrondissement ainsi qu'une partie du quartier des Batignolles, couvrant ce qui fut le territoire de l’Abbaye des Dames de Montmartre durant sept siècles. Notre point de rendez-vous est aujourd’hui le métro Blanche : ce nom provient du fait que les rues étaient recouvertes d’une poudre blanche tombant des voitures à bras qui transportaient le gypse extrait des carrières de Montmartre. Notre visite commence sur le boulevard de Clichy qui a été créé à l’emplacement de l’enceinte des Fermiers Généraux. Les nombreux bals qui existaient dans ce village de Montmartre étaient, donc, tous situés hors de Paris d’où moins de taxes… Le Moulin Rouge : Il fut construit en 1889 pour l’Exposition Universelle de Paris. Malgré son nom, ce ne fut jamais un moulin mais une salle de spectacle. Son créateur Joseph Oller et son directeur Charles Zidler sont des redoutables hommes d’affaires, qui connaissent bien les goûts du public. L’objectif est de permettre aux plus riches de venir s’encanailler dans un quartier à la mode, Montmartre. Le lieu extravagant (le jardin est agrémenté d’un gigantesque éléphant...) permet à toutes les populations de se mélanger. Petits employés, résidants de la place Blanche, artistes, bourgeois, hommes d’affaires, femmes élégantes et étrangers de passage s’y côtoient. Surnommé "Le Premier Palais des Femmes" par Oller et Zidler, le cabaret connait rapidement un vif succès. Cité Véron : Cette impasse fut construite par le docteur Véron en 1830 afin de loger les ouvriers hors de Paris où les loyers étaient moins chers. Le village de Montmartre étaient essentiellement composés de cultivateurs, éleveurs de volailles. A la fin du 19ème siècle, de nombreux artistes vinrent s’installer dans ce quartier faisant de fait augmenter notoirement les loyers. Montmartre devient touristique (ouverture du Moulin Rouge). Les années 1920-1930 voient de nouveaux investisseurs édifier des immeubles d’ateliers d’artistes, grands et bien éclairés, ce sont les maisons-cubes. En 1953, Boris Vian vient s’installer dans l’une de ces maisons qui donnent directement sur la terrasse du Moulin Rouge et sera le voisin de Jacques Prévert. Cette impasse conserve encore de nos jours quelques jardins communautaires, témoins du passé. Rue Lepic : C’était la rue marchande du village avec ses voitures à bras. Les rouliers qui venaient de banlieue y apportaient leur production de primeurs. Cette rue a conservé, encore de nos jours, de nombreux commerces de proximité. Avant d’atteindre le manoir gothique de Montmartre, nous passons devant le "café des deux moulins" rendu célèbre par le tournage du film Amélie Poulain. Le Manoir Gothique de Montmartre : Cette curieuse maison, située impasse Marie Blanche et classée MH, fut édifié au 19ème siècle par un homme amoureux du Moyen Âge afin d’y installer sa bibliothèque personnelle et les objets du Moyen Âge qu’il collectionnait. Elle disposait alors d’un immense jardin allant jusqu’à l’actuel boulevard de Clichy. On remarquera les 2 sculptures représentant Quasimodo qui soutiennent l’encorbellement. Cette maison construite sur les carrières de gypse de la butte subit les dommages du temps, des fissures importantes sont suivies pour voir leur évolution. Elle est maintenant divisée en plusieurs appartements et les jardins ont complètement disparus. Nous nous rendons au mur des "Je t’aime" dans le petit square place des Abbesses. Ce mur de 40 m² est constitué de 511 carreaux au format d’une feuille de papier (21 cm par 29,7 cm) en lave émaillée. Il contient 311 "je t’aime" en 250 langues ou dialectes. Le format d’une feuille de papier n’a été choisi au hasard. En effet, Frédéric Baron a recueilli sur des feuilles de papier quelque 1000 "je t’aime" dans 300 langues différentes. Il commença par s’adresser à son frère puis à son voisin russe, puis à un autre portugais à qui il demanda d’écrire "je t’aime" dans leur langue maternel. Il fit ensuite le tour des ambassades et consulats. Il prit alors contact avec Claire Kito, calligraphe orientale pour transcrire ces écrits sur le mur des "je t’aime". Cette œuvre est visible dans ce square depuis 2000. Après un bref arrêt devant l’église Saint Jean des briques (19ème siècle), construite dans un style art nouveau avec des influences mauresques, nous passons devant l’enseigne "Au marché de la butte" (épicerie tenue par Mr Colignon dans Amélie Poulain) avant de rejoindre le Bateau Lavoir. Le Bateau Lavoir : Cet ancien dépôt de pianos a accueilli, en 1880, une importante colonies de peintres espagnols et a été transformé en ateliers d’artistes. Entre 1895 et 1914, un grand nombre d’artistes (Picasso, Fernand Leger, Paul Gauguin pour ne citer qu’eux) s’installera dans ce dépôt précaire construit en bois et avec une toiture en bois goudronné. Il perdra son animation après la Première guerre mondiale au profit notamment de Montparnasse. En 1970, un incendie le détruisit presque entièrement. Il ne reste que la façade. Comme il est classé MH, il sera reconstruit à l’identique (mais en béton) en 1978. De la glorieuse époque, il ne reste qu’un atelier qui a nettement été amélioré par rapport à ceux du 19ème siècle. Au fond de la rue d’Orchampt, nous pouvons voir la maison où vécut Dalida puis Orlando, son frère. Cette petite maison de 600 m² appartient maintenant à l’écrivain Chantal Thomas. Moulin de la Galette : C’est l’un des 2 moulins subsistant à Montmartre sur les 19 existants. Le moulin de la galette, autrefois moulin Radet etla ferme attenante appartenait à la famille Debray qui y ajouta une guinguette. Vers 1830, le lait se transforme vin et la guinguette en cabaret puis en music-hall. Il servira également de studio à l’ORTF jusqu’en 1974. Les bâtiments de la ferme ont été transformés en luxueux appartements habités par de nombreuses personnalités du show-biz. Le concierge est remplacé par un régisseur et pour pénétrer dans cette enceinte, il faut connaitre le pseudonyme de la personne visitée. Qui se cache derrière qui ? Non loin de là, nous découvrons une maison cube typique de Montmartre qui a été construite dans le maquis de Montmartre que les impressionnistes affectionnaient particulièrement ; c’est ici que vécut Francisque Poulbot qui croquait si bien les enfants de la butte. Villa Léandre : Cette impasse regroupe un ensemble de maisons de style anglaise aménagé pendant l’entre 2 guerres. Château des Brouillards : Un seigneur qui ne manquait pas de goût fit construire, dans ce parc, une maison basse et mystérieuse qui servit un jour de logis à Gérard de Nerval. L’origine poétique de son nom provient sans doute des vapeurs d’eau provoquées par les nombreuses sources avoisinantes qui créait un brouillard quasi permanent au contact de l’air frais. Vers 1850, le parc du château est vendu pour y construire des maisons. Délabré et menacé de démolition, il est restauré de 1922 à 1926. Vendu aux enchères, il y a une dizaine d’années, il est maintenant occupé par des artistes étrangers qui sont accueillis ponctuellement sur contrat moyennant un modeste loyer et la production d’une œuvre préalablement commandée. Rue de l’abreuvoir, nous croisons la Maison rose peinte maintes et maintes fois par Utrillo. Celui-ci donnait gracieusement son tableau pour un verre de vin. Les vignes de Montmartre : Elles existent depuis l’époque gallo-romaine. Rappelons que nous sommes tout proche de la Goutte d’or, où l’on y buvait le vin de Montmartre. Ce vin que produisaient les vignes était de bien mauvaise qualité. En effet, elles sont exposées plein nord !!! En 1920, les montmartrois se révoltent face à la construction des maisons-cubes. Tous les terrains en friche (maquis) étaient devenus constructibles. Afin de préserver ce lopin de terre, ils y plantent des géraniums… puis vers 1930, seront replantées des vignes. Le Lapin Agile : A la fin du 18ème siècle, ce cabaret célèbre est une simple auberge de rouliers. Au début du 20ème siècle, Aristide Bruant le rachète et le transforme en restaurant où l’on peut déguster du lapin au vin. Le nouveau propriétaire André Gill lui donnera son nom. Ce cabaret, bien que minuscule, va devenir un lieu incontournable de la bohème artistique montmartroise. Musée de Montmartre : Le musée est installé dans l’ancienne demeure des abbesses de Montmartre datant du 17ème siècle. Elle fut vendu à Claude Delarose, dit Rosimond, comédien ami de Molière et qui lui succéda dans ses principaux rôles. De nombreuses personnalités ont habité cette maison (Renoir, Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo, Francisque Poulbot). Dans la cour, un arbre, auquel il manque une branche depuis la tempête de 1999, a servi de modèle à Auguste Renoir pour peindre "La balançoire". Saint Pierre de Montmartre : La famille de Montmorency cède le terrain aux Abbesses qui édifient dès le Moyen Âge un couvent. Il fut délaissé sous Louis XIV pour être installé dans la partie basse de la butte. Cependant, un office est toujours célébré pour les pauvres. Abandonné définitivement après la révolution, il servira d’atelier de couture et four à pains pour les russes après la retraite de Russie. Menacé de démolition en 1902, l’église sera sauvée par le curé de la paroisse et classée MH puis restaurée. Elle est d’architecture romaine couverte d’ogives gothiques. Les vitraux modernes datent de 1951. Le Sacré Cœur : construite de 1875 à 1913, la basilique du Sacré Cœur est installée au point culminant de Paris (129 m), elle devait être vue de très loin (ce qui est réussi, on le voit même de Créteil…). Au sommet de la butte avaient été installés les canons qui devaient accueillir les prussiens. Ils serviront en fait aux Communards lors des évènements de 1870. La nouvelle république monarchique veut ainsi montrer sa victoire sur les communards. Les fondations demandèrent beaucoup de travail compte tenu des carrières de gypse de la butte. En forme de croix grecque et de style romano-byzantin, elle est en pierre de tuffeau qui a la propriété de blanchir en vieillissant La basilique a été majoritairement financée par de très nombreux Français dans le cadre d'une souscription nationale où il n'est pas demandé au fidèle de verser une somme importante mais ce qui lui est possible. Au total, près de quarante-six millions de francs sont récoltés en un demi-siècle par les dons de près de dix millions de fidèles. Photos : Bruno et Sébastien -Texte : Annie