Karl-Herbert Scheer

Transcription

Karl-Herbert Scheer
Karl-Herbert Scheer
Constructeur d’avenir
Commentaires sur une biographie
BASIS
Chez Claude LAMY
16, Grande Rue
58 400 La Charité-sur-Loire
France
Ce texte de Michael Drewniok est une critique du livre de Heiko
Langhans: KH Scheer, Konstrukteur der Zukunft, paru en 2001
chez VPM.
Adresse mail: [email protected]
Il a été traduit par Jean Coulombe
Ce document est une exclusivité Jean Coulombe / BASIS
BASIS
www.perry-rhodan.fr.st
Site consacré à Atlan
www.atlan.fr.st
Le groupe de discussion
http://fr.groups.yahoo.com/group/PerryRhodan/
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BASIS / KH Scheer
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mieux ! Le prix n'est peut-être que la cerise sur le gâteau, mais aide à donner
une impression positive de l'ensemble. Encore davantage que son prédécesseur, ce livre est fortement recommandé, spécialement pour les adversaires de
Perry Rhodan.
Depuis déjà quarante ans, il travaille d'arrache-pied à la série « Perry Rhodan—L’Héritier de l'Univers », une série qui, du moins dans les annales de la
science-fiction, a depuis longtemps fracassé tous les records inimaginables,
durée, nombre de publications et volume de ventes pour ne mentionner que
ceux-là.
Un tel anniversaire est, tout d'abord, une grande célébration. Mais c'est aussi l'occasion d'une rétrospective – et pour plus de raisons qu'on pourrait le
croire. Plusieurs études ont certainement été réalisées, traitant des premières
années de la série, ainsi que de ses pères fondateurs. C'est ce qu'on serait porté
à croire. Eh bien non ! Rendons à César ce qui appartient à César : le tout repose sur les épaules de Heiko Langhans, l'auteur de cette biographie de K. H.
Scheer.
BASIS
BASIS est le premier fan-club français consacré à Perry Rhodan. C'est une
association Loi 1901 fondée par Jean-Michel Archaimbault et Claude Lamy
en janvier 2000 suite à la Convention Mondiale PR à Mayence les 17 à 19 décembre 1999.
Mais tout d'abord quelques mots au sujet du contenu de ce livre. Tel qu'il
est courant lorsqu'on aborde la vie de quelqu'un, Langhans commence par la
naissance de ce pionnier de la SF. L'événement eut lieu en 1928 et fit de
Scheer, le fils d'un mécanicien et d'une vendeuse, un membre de cette génération qui dut vivre et subir les « joies » du Troisième Reich, celui qui s'était
surnommé – bien heureusement incorrectement – le Reich de Mille Ans. Point
important, puisqu'une bonne partie des critiques qui furent adressées à
« Kanon Herbert » au cours de sa vie se basèrent sur l'hypothèse jamais formulée mais tenue pour vraie que Scheer voyait son enfance sous le régime nazi – et les « réussites » de ce régime – d'un œil beaucoup trop positif.
Il publie le fanzine BASIS, consacré à toutes les facettes de la plus grande série de science-fiction du monde. D'une publication trimestrielle, il donne les
informations les plus diverses sur l'univers de Perry Rhodan, tant pour les épisodes déjà publiés en France que pour les l'avenir de la série.
Plus particulièrement pendant la dictature dialectique de la « Révolution de
'68 » (tout important et nécessaire qu'elle l’ait été), on a de façon générale négligé le fait que Scheer, tout comme la majorité « Aryenne » de sa génération,
s'est vu imposer le « système » de la « nouvelle Allemagne », système qui
l'obligea à devenir un citoyen prêt à prendre les armes.
BASIS a aussi publié divers numéros hors-série :
Cet état de fait fit impression sur Scheer et laissa sa marque sur la personnalité et l'écriture de l'auteur. Mais il n'était pas le seul dans ce cas. Il eut simplement la malchance d'être la figure principale à l'avant-garde d'un mouvement littéraire ayant le malheur de déplaire à « l'establishment » culturel, un
mouvement se prêtant trop facilement aux coups de poings de l'étroitesse d'esprit des moralistes de tout acabit.
- Compte-rendu de la convention mondiale PR de 1999
Ainsi que plusieurs histoires écrites par des fans :
- HS02: Mission diplomatique dans la Nébuleuse, par Pierre Monneret
- HS03: Les Kergones du Chaos, par Serge Depuis
- HS04: un recueil de récits
BASIS vient aussi de sortir l’Annuel 2001, comprenant les résumés de tous
les épisodes allemands et français parus en 2001.
Scheer se tira de la deuxième guerre comme homme libre, fait à signaler
pour l'époque. Clark Darlton, par exemple, passa cinq ans dans un camp russe
de prisonniers de guerre. Scheer, toutefois, était très malade, n'avait pas terminé l'école et n'avait aucune perspective d'emploi dans un pays tombé en ruine.
L'incertitude des années post-guerre, qu'il perçu comme une « menace », forma Scheer autant que ses années d'adolescence dans une Allemagne nazie et
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influença son estime pour des hiérarchies clairement définies, l'efficacité, ainsi
que le sens du devoir et de la discipline.
Le poids de tous ces éléments et l'effet qu'ils eurent sur K.H. Scheer et son
grand œuvre, Perry Rhodan, est cerné de façon convaincante par Langhans,
tout comme son compte-rendu des années folles de la science-fiction allemande post-1945. Avec beaucoup plus de détails que dans sa biographie de
Clark Darlton, Langhans, une fois de plus, met en relief cette époque des
« livres de prêts », des éditeurs revêches et pratiquement sans le sou, et la
communauté SF effervescente et gueularde où les auteurs et les lecteurs faisaient bon ménage.
Le plus gros de l'ouvrage est consacré à « l'ère Perry Rhodan », depuis
1961 comme on s'y attendait. Il est exact que plusieurs aperçus du vécu quotidien du quartier général des Exposés ont été disponibles jusqu'à maintenant.
Toutefois, K.H. Scheer était toujours resté quelque peu dans l'ombre lorsqu'il
s'agissait de reconnaître et de faire honneur à l'incroyable quantité de travail
qu'il a mis à établir les bases fermes de ce qui était appelé à devenir « la plus
grande série de science-fiction au monde », bases toujours aussi centrales aujourd'hui.
William Voltz doit beaucoup à son propre travail, bien sûr, mais il a aussi
récolté, pendant les années davantage pro-Rhodan 70 et 80, les fruits de ce que
Scheer avait semé auparavant. Alors que de son côté, Walter Ernsting / Clark
Darlton, le second père fondateur, a su tirer profit de son habileté à projeter
l'image d'un joyeux bon vivant à la crinière argentée.
Du côté de K.H. Scheer, tout n'était pas si simple. Il prenait « son » Perry
Rhodan au sérieux – très au sérieux, même, comme il est maintenant révélé.
Langhans ne fait pas un secret des années ombrageuses du crépuscule de la vie
de Scheer, pendant lesquelles une diminution de sa capacité créative causée
par la maladie fut accompagnée de plusieurs projets ne connaissant pas leur
aboutissement et – plus malheureusement – de colère et d'amertume envers
des injustices, réelles ou perçues comme telles.
Ces indications démontrent clairement que ce livre ci, « Karl-Herbert
Scheer – Constructeur d'avenir », est d'une meilleure griffe, et de loin, que
l'ouvrage biographique précédent de Langhans, son premier, intitulé « Clark
Darlton – Celui qui nous amena l'avenir ». L'auteur s'est nettement amélioré
dans son rôle de chroniqueur non-académicien, c’est-à-dire rassembleur d'information à fins de divertissement. Cette amélioration est due en partie à une
marge de manœuvre plus large permise par le fait que Scheer était décédé lorsque le livre a pris forme et que, par conséquent, Langhans ne l'a jamais connu
personnellement. Un biographe doit toujours peser l'avantage de connaître directement la personne contre les désavantages occasionnés par cette proximité
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et même amitié : la perte d'objectivité, de pair avec un désir délibéré ou subconscient d'amoindrir ou même d'éliminer complètement les aspects négatifs
de la vie traitée. Cet effet « Allez-y en douceur » ressort nettement à plusieurs
reprises dans la biographie de Darlton, alors qu'ici, il disparaît sans qu'on s'en
ennuie. Une décennie après sa mort, la famille et les proches de Scheer étaient
prêts à être plus ouverts dans leur confidences au sujet de K.H. Scheer, ce qui
a ajouté beaucoup à l'information recueillie.
Cette fois-ci, Langhans laisse les faits parler d'eux-mêmes. Et quel discours
ils tiennent ! Le livre ne manque pas d'anecdotes divertissantes mais elles ne
constituent pas l'essentiel du texte comme c'était le cas pour la biographie de
Darlton et ne servent pas à masquer les points morts du livre.
À part ces éléments, il est clairement établi que le milieu de la SF dans
l'Allemagne d'après-guerre, et l'univers de Rhodan en particulier, étaient des
environnements où les intervenants combattaient avec des armes chargées à
bloc ! Pas une surprise pour la plupart des lecteurs mais un certain choc pour
ceux qui croient dur comme fer à une harmonie mondiale dans le champ de la
SF.
D'un autre côté, les fans du genre qui s'intéressent aux aspects historiques
de la SF seront heureux qu'un coin du voile soit soulevé sur cette façade « tout
le monde est beau et gentil ». Monsieur Scheer en particulier n'était pas un individu simple ou même particulièrement plaisant, et admettre ce fait n'est pas
blasphématoire (bien que Scheer, lui, l'eût peut-être perçu sous cet angle) et ne
diminue en rien ses grandes réussites, mais établit plutôt un constat objectif et
c'est ce à quoi les lecteurs sont en droit de s'attendre.
Seul l'aspect Photos mérite quelques critiques. Évidemment, il est difficile
de mettre en image une vie lorsque celle-ci a essentiellement eu lieu assis derrière une dactylo. De ce point de vue, Langhans a bien fait de ne pas ajouter
davantage de photographies, que ce soit des poses forcées du temps de son
service militaire ou d'autres plus relax de sa vie privée ou dans un environnement de fandom SF. Quand à savoir s'il était vraiment nécessaire de remplir
une page après l'autre de dessins de couvertures bien connus de Perry Rhodan
afin que le bouquin ait le nombre de pages visé, la réponse doit être un « non »
ferme.
J'avais déjà légèrement critiqué le format et la mise en page des « livres
argentés » de VPM lors de mon compte rendu de la biographie de Darlton. Ces
livres argentés comprennent les rééditions des fascicules ainsi que les deux
biographies ; et, sauf le respect que l'on doit à la nostalgie, ce format se prête à
la critique. Mais malgré ceci, ne perdons pas de vue que « Constructeur d'avenir » est un « vrai » livre – couverture cartonnée, avec reliure et plusieurs illustrations. Un livre qui, de plus, se vend à un prix étonnamment bas – et tant
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