l`œuvre du mois avril - Musée des beaux
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l`œuvre du mois avril - Musée des beaux
L’ŒUVRE DU MOIS AVRIL 2014 1 UNE DAGUE SUISSE DE LA RENAISSANCE Deux des nouvelles salles du musée rénové sont consacrées aux armes et armures. Parmi les plus belles pièces exposées figure une dague au décor remarquable ; son fourreau présente une scène de l’histoire de Guillaume Tell, héros national suisse. RICHESSE EXCEPTIONNELLE Le musée des beaux-arts de Dijon possède, parmi ses collections fort variées, un important ensemble d’armes. La diversité de ce fonds est due au goût des différents collectionneurs et à leurs généreux legs, tels Anthelme et Edma Trimolet en 1878 ou Marie- Antoinette Dard en 1916. Le nombre particulièrement grand d’armes germaniques (allemandes et helvétiques) des XVe, XVIe et XVIIe siècles en constitue l’une de ses particularités. On trouvera ainsi diverses armes de choc (masse d’armes, hache, marteau ), armes d’hast (guisarme, corsèque, morgenstern), armes de trait (arbalète), armes blanches (couteau, dague), armes à feu (arquebuse, mousquet). LA DAGUE SUISSE OU BASELARD La dague [dérivé de l’allemand Dagen (couteau)] est une arme de main, généralement portée horizontalement à la ceinture du côté droit, la poignée inclinée en avant permettant de la saisir d’une main ou de l’autre. Compagne indispensable de l’épée, elle constitue l’arme personnelle de chaque homme d’arme et d’un grand nombre de fantassins. 3 La dague suisse (“der Schweizerdolch”), apparue dès le XIIIe siècle, également appelée baselard, du nom de la ville de Bâle dont elle serait originaire, a été une arme répandue dans toute l’Europe. Cette dague, développée à partir d’un simple instrument fonctionnel en une arme ornementale et richement décorée, devint, au XVIe siècle, le symbole de distinction de toute une classe sociale. Officiers, hauts fonctionnaires et citoyens aisés commandaient ce produit de luxe 2 . Le baselard présente certaines caractéristiques : une lame courte à double tranchant à dos, ici triangulaire. La forme de la poignée, en bois de fer ou d’ébène, a un dessin particulier comportant un “pommeau” et une “garde” en forme de croissants disposés à l’inverse, la seconde étant d’un tiers plus large que la première. Ces deux parties sont en métal, tandis que la “fusée” intermédiaire est en bois, avec un renflement au tiers de sa hauteur. Non seulement la préhension est excellente, mais la main est maintenue et bien protégée 3 . UN FOURREAU AU RICHE mort, à se courber devant le couvre-chef. Or, le dimanche 18 novembre 1307, Guillaume Tell, un ancien mercenaire retiré dans ses montagnes, passe à plusieurs reprises devant le poteau sans accomplir le geste exigé. Dénoncé, il comparait dès le lendemain devant Gessler qui le condamne à percer, d’un seul carreau d’arbalète, une pomme posée sur la tête de l’un de ses fils ou bien de périr avec son enfant. Tell, arbalétrier habile, sort victorieux de cette cruelle épreuve et finit, après de nombreuses péripéties, par tuer Gessler. Il devient alors un héros national qui a libéré le pays de l’oppresseur et un rassembleur qui met en évidence la légitimité politique de la Confédération. Le fourreau, en bois entièrement recouvert de velours brun est recouvert d’une ornementation en cuivre doré, à décor ajouré et ciselé. L’image se lit depuis la bouterolle, en forme de mascaron humain. On peut y reconnaître, avec une grande précision dans le détail, à gauche, Guillaume Tell agenouillé en train de viser avec son arbalète, au centre Gessler, richement vêtu et à l’extrême droite contre un arbre, le fils, une pomme sur la tête 1 et 4 . 4 Certaines de ces décorations étaient dues à de grands artistes. On trouve ainsi diverses “Danses macabres” ou “Danse des Morts” créées vers 1530 par Hans Holbein le Jeune 5 . DECOR 2 Des sujets tirés de la mythologie, de la Bible ou de l’histoire nationale ornaient les fourreaux richement travaillés et parfois même dorés. Celui de notre dague présente un décor se développant à l’horizontal : il s’agit d’une scène de la vie du héros national suisse Guillaume Tell, figure légendaire de l’indépendance helvétique. Le 25 juillet 1307, Hermann Gessler, bailli d’Uri, au service de l’empereur d’Autriche, Albert Ier, fait ériger un poteau sur la place des Tilleuls dans le village d’Altdorf et y accroche son chapeau, obligeant tous les habitants, sous peine de 5 1. Suisse, probablement Bâle, XVIe siècle, Dague suisse et son fourreau, fer, bois de fer, bois, cuivre ou laiton doré, velours ; dague : L. 38 cm, La. 8,7 cm, Ep. 2 cm ; gaine : L. 30 cm, La. 6,3 cm, Ep. 3,7 cm, musée des beaux-arts de Dijon, Inv. CA T 1538-1 et CA T 1538-2. 2. Tobias Stimmer, Portrait de Hans Jacob Schwyzer, porte - bannière de la Ville de Zürich, 1564, huile sur bois, © Kunstmuseum Basel, Inv. 578. 3. Suisse, probablement Bâle, XVIe siècle, Dague suisse, musée des beaux-arts de Dijon, Inv. CA T 1538-1. 4. Suisse, probablement Bâle, Dague suisse et son fourreau, fer, bois, laiton doré, tissu ; dague : L. 36,4 cm ; fourreau : 28,1 cm, © HMB – Historisches Museum Basel / P. Portner, Inv. 1 870-1083. 5 Suisse, probablement Bâle, Dague suisse et son fourreau, 1572, fer, bois, cuivre, laiton doré, tissu ; dague : L. 37,9 cm ; fourreau : L. 30,8 cm, © HMB - Historisches Museum Basel / M. Babey, Inv. 1882-107. Création : Polymago Paris - © musée des beaux-arts -Dijon - rédaction : Catherine Gras - photos : F. Jay sauf mentions contraires UNE COLLECTION D’UNE