Tapie Le Figaro

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Tapie Le Figaro
mercredi 28 novembre 2012 LE FIGARO
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Brutale disparition d’Erik Izraelewicz, directeur du « Monde »
Le directeur de la rédaction du quotidien depuis 2011, avait 58 ans.
ALEXANDRE DEBOUTÉ
PRESSE Choc et vive émotion
au journal Le Monde et, plus largement, dans la grande famille de la
presse. Erik Izraelewicz, le directeur de la rédaction du quotidien,
est décédé brutalement mardi en
fin d’après-midi des suites d’une
crise cardiaque. Une attaque soudaine l’a saisi alors qu’il se trouvait dans les locaux du Monde,
dans le XIIIe arrondissement de
Paris. Transporté dans un état
grave à l’hôpital, le journaliste a
succombé, les premiers secours
n’étant pas parvenus à le ranimer.
Erik Izraelewicz était directeur
du grand quotidien du soir depuis
février 2011. Natif de Strasbourg
en 1954, ce brillant journaliste, au
parcours impeccable (HEC, Centre de formation des journalistes
et doctorat en économie), a démarré sa carrière à L’Usine nouvelle puis à L’Expansion avant de
participer à la création de La Tribune de l’économie, en 1985. Au
Monde, de 1986 à 2000, il sera tour
à tour journaliste spécialisé dans
la finance, patron du service économique et éditorialiste à partir
de 1991. Correspondant à New
York en 1993 et 1994, il est nommé rédacteur en chef en 1996. En
2000, il rejoint Les Échos, dont il
devient directeur de la rédaction
en 2007. En 2008, en désaccord
avec la prise de contrôle du titre
par Bernard Arnault, il avait pris
la tête de la rédaction du quoti-
Quand la Chine change le monde,
en 2005 et L’Arrogance chinoise en
2011, dans lequel il dénonce les
excès de la superpuissance asiatique.
Erik Izraelewicz était aussi un
proche de certains grands patrons, notamment de Henri de
Castries, le patron d’Axa, ou de
Denis Kessler, qu’il a côtoyé à
HEC.
En plus de son titre de directeur
du Monde, il était vice-président
du conseil de surveillance des
hebdomadaires Télérama et Courrier international, deux titres du
groupe Le Monde, présidé par
Louis Dreyfus, et dont le trio Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu
Pigasse a pris le contrôle il y a tout
juste deux ans. ■
dien économique La Tribune, alors
contrôlé par Alain Weill, qu’il
quittera deux ans plus tard, en désaccord avec la nouvelle direction.
Amoureux des idées
Considéré par nombre de ses
confrères comme un authentique
intellectuel, passionné par les
idées et le débat, son nom a recueilli 74 % des voix de la Société
des rédacteurs du Monde (SRM)
pour succéder à Sylvie Kauffmann. Il avait pour ambition de
conforter le Monde dans son statut
de journal de référence.
Passionné par la Chine, cet
amoureux des chiffres a publié
plusieurs ouvrages, dont ces deux
derniers, consacrés à la Chine :
Erik Izraelewicz était considéré par nombre de ses confrères
comme un authentique intellectuel. BALTEL/SIPA
Foire d’empoigne autour de
«La Provence» et de «Nice-Matin»
Bernard Tapie, Iskandar Safa et Étienne Mougeotte, Gérald de Roquemaurel
ou Jean-Noël Guérini se bousculent pour la reprise du Groupe Hersant Média.
ENGUÉRAND RENAULT
ET ALEXANDRE DEBOUTÉ
PRESSE Le dossier Hersant Mé-
Bernard Tapie confirme
faire une offre sur
l’ensemble du groupe
Hersant.
MARMARA/LE FIGARO
dia devient explosif. Les candidatures se multiplient pour tout ou partie de l’empire de presse
quotidienne régionale qui comprend le pôle Paca (La Provence,
Nice-Matin, Var-Matin et CorseMatin) et la partie Antilles-Guyane.
Conjointement avec Hersant, Bernard Tapie fait le forcing et a confirmé qu’il était prêt à offrir une cinquantaine de millions d’euros pour
le rachat de l’ensemble puis à investir autant pour le développer.
Le tandem Iskandar Safa et
Étienne Mougeotte a déposé une offre pour Nice-Matin, Var-Matin et
Corse-Matin pour une valeur d’en-
treprise d’une soixantaine de millions d’euros. Gérald de Roquemaurel, ancien patron de Hachette
Filipacchi, ferait une offre pour
Corse-Matin. Jean-Noël Guérini,
sénateur et conseiller général des
Bouches-du-Rhône, s’allierait avec
Michel Moulin, ancien patron de la
Comareg et du 10 Sport, pour reprendre seulement La Provence à
Marseille. De son côté, l’ancien président du directoire de Sud Ouest,
Bruno Franceschi, a déposé une offre « dans une fourchette de 7 à
11 millions d’euros » pour le pôle
Antilles-Guyane. Enfin, François
Pinault, via son holding Artemis, a
étudié une offre sur le groupe. Mais
son fils François-Henri Pinault et
Patricia Barbizet, DG d’Artemis,
l’ont dissuadé de se lancer dans
l’aventure.
Dossier politique
Actionnaires et créanciers tentent de
faire leurs comptes. Bernard Tapie
propose une cinquantaine de millions pour le tout. Dans le cas d’une
vente par lot, Safa et Mougeotte mettraient une soixantaine de millions
(valeur d’entreprise) pour la partie
rentable (Nice-Matin et Corse-Matin). Bruno Franceschi ajouterait une
petite dizaine de millions pour les
C
liste de la presse. Au stade actuel de
la presse, nous avons dépassé la fin
de cycle. Le secteur devient une filière de liquidation, même s’il y a
encore des logiques de rebond à
tenter. »
Nord Éclair et Nord littoral
La Voix du Nord
Le Courrier
picard
Consolidation
L’offre conjointe de la famille Hersant et de Bernard Tapie pour racheter le Groupe Hersant Média
entre dans ce dernier cas de figure.
Pour Jean-Clément Texier, « c’est
l’antithèse parfaite d’un Michel Lucas qui, lui, mise sur la consolidation du secteur et la mutualisation
des coûts ». Ce dernier, actuel président du Groupe Crédit mutuel,
est le Citizen Kane de l’Est. Il a
constitué depuis 2005 le deuxième
groupe de presse régionale, Ebra,
qui contrôle notamment Le Progrès, Le Dauphiné libéré, L’Est républicain ou Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Il a annoncé cet été la
mise en place d’une structure
commune aux différents journaux
du groupe pour les informations
nationales et internationales.
Tous les patrons de presse ont la
même obsession : raboter dans
tous les sens à mesure que les recettes de diffusion et de publicité
s’évanouissent. Mais le rythme de
réduction des coûts, et surtout le
volume de ces économies, n’est
pas en ligne avec l’accélération de
la baisse des chiffres d’affaires.
L’épisode Hersant marque peutêtre un tournant, qui verrait se
profiler la prédiction faite par le
patron du groupe belge Rossel,
propriétaire de La Voix du Nord et
qui est en passe de racheter à Hersant L’Union-L’Ardennais et L’Est
Éclair : il n’y aura à terme de la
place que pour deux ou trois
A. D.
acteurs. ■
ROSSEL
L’Ardennais*
ParisNormandie*
La Presse
de la Manche
Le Télégramme
de Brest**
HUERTAS/
ELLIE
L’Union*
AMAURY
Presse
Océan
Le Maine
libre
Le Courrier
de l'Ouest
Les grands
acteurs
de la presse
régionale
La République
du Centre
L’Est Éclair*
L’Yonne
républicaine
Sud Ouest
Le Progrès
La Montagne
hinné
L’Éveil de la Le Dauphiné
Haute-Loire** libéréé
GROUPE
LA DÉPÊCHE
La Dépêche
du Midi
Groupe Hersant Média
Midi libre
Nice-Ma
Nice
Matin
Nice-Matin
LLaa Provence
Var-Matin
Var-M
Va
nt
L’Indépendant
CorseMatin
Autres groupes
*Journaux récemment cédés par le groupe Hersant Média.
**Journal indépendant
5,7 millions
La série Mes amis,
mes amours, mes emmerdes
Part d’audience : 20,4 %
2,8 millions
Le jeu « Le meilleur pâtissier »
Part d’audience : 12,5 %
2,3 millions
Le documentaire
Signé Mireille Dumas
Part d’audience : 8,7 %
en bref
▼
Presse : Google riposte
en Allemagne
Google sort les grands moyens
en Allemagne pour s’opposer à la
« Lex Google ». Ce projet de loi,
soutenu par le gouvernement,
l’obligerait à verser une
rémunération aux éditeurs de
presse pour l’utilisation de leurs
contenus dans son moteur. Hier,
Google a mis en ligne un site où il
appelle les Allemands à signaler
à leurs députés leur opposition
à ce texte, présenté comme une
menace pour l’accès à l’info sur
Internet. Des projets de textes
similaires sont portés par les
éditeurs de presse en France,
en Italie et en Suisse.
Départ de la patronne
du Financial Times Group
Le Journal
re
re
de Saône-et-Loire
CENTRE FRANCE
GROUPE
SUD OUEST
ZONE DE DIFFUSION
DES PRINCIPAUX
GROUPES DE PRESSE
RÉGIONALE EN FRANCE
MÉTROPOLITAINE
EBRA
uublic
Le Bienn pu
public
NOUVELLE
RÉPUBLIQUE
DU CENTRE-OUEST
La Charente libre
Le Républicain
lorrain
Les Dernières
Nouvelles
d’Alsace
Vosges
Matin
L’Alsace
L’Est Républicain
Le Parisien
OUEST FRANCE
(source Médiamétrie)
La série Castle
Part d’audience : 21,7 %
Les difficultés s’amoncellent pour la presse quotidienne régionale
Gros temps pour la presse quotidienne régionale. Il y a deux semaines, le Groupe Sud Ouest, éditeur du quotidien aquitain, a
annoncé un sévère plan de restructuration : 180 postes visés sur
1040 (18% des effectifs) pour économiser 12 millions d’euros. La
baisse des ventes conjuguée au
marasme du marché publicitaire
devrait aboutir à un résultat courant négatif de 3 millions d’euros
cette année. Dans le groupe, Midi
libre, L’Indépendant et Centre
Presse, rachetés en 2007, ont eux
aussi mis en place un plan de départ de 150 personnes.
Sur la carte de France de la PQR,
il n’y a guère que La Dépêche du
Midi qui se porte bien. Pourtant
considéré comme un modèle de
gestion et d’investissement à pas
mesurés, le très indépendant Le
Télégramme, à Brest, vient de réduire sa pagination et préparerait
un plan d’économie. Même OuestFrance, considéré comme le plus
solide des titres régionaux, commence à flancher. Selon plusieurs
sources, le groupe Sipa OuestFrance devrait rester dans le vert
en 2012, notamment grâce à sa filiale Publihebdos (58 hebdomadaires régionaux), à La Presse de la
Manche ou via ses nombreuses
participations. Mais le quotidien
pourrait boucler son exercice sur
une perte allant jusqu’à 5 ou
6 millions d’euros, selon plusieurs
sources. Une perte historique.
« Comme aimait à le dire JeanFrançois Lemoîne, l’ancien patron
du groupe Sud Ouest décédé en
2001, quand Ouest-France se met à
tousser, tous les journaux régionaux sont sérieusement enrhumés,
rappelle Jean-Clément Texier, un
banquier d’affaires grand spécia-
Lundi 26 novembre
en millions de téléspectateurs
6,2 millions
quotidiens d’outre-mer et des candidats reprendraient La Provence.
Mais le dossier revêt un caractère
éminemment politique. L’État a un
droit de regard via le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) qui doit donner son avis
sur cette opération majeure qui met
en jeu près de 4000 emplois. Le gouvernement aimerait que le groupe de
presse belge Rossel, qui a racheté le
pôle Champagne-Ardennes à Hersant Média, s’intéresse aussi au reste
de l’empire.
Surtout, l’Élysée fait tout pour parer un retour de Bernard Tapie sur la
scène médiatique et politique à Marseille. Même si l’intéressé dément
toute ambition politique. « Je ne vais
pas embourber 100 millions d’euros
pour conquérir la Mairie de Marseille ! », déclare-t-il. ■
La balle est aujourd’hui dans le
camp des actionnaires, de la famille
Hersant, du conciliateur Christophe
Thevenot et surtout des 17 banques
(dont la principale, BNP Paribas)
qui détiennent une créance de
215 millions d’euros. La question est
de savoir si la vente de l’ensemble
rapporterait plus ou moins d’argent
que la vente par appartements.
les audiences
▼
Source : OJD
Le groupe Pearson a annoncé
le départ prochain de Rona
Fairhead, dirigeante du
Financial Times Group, l’une de
ses filiales. Rona Fairhead « a
décidé de quitter l’entreprise » et
démissionnera du conseil
d’administration de Pearson
lors de l’AG des actionnaires en
avril 2013. Ce départ intervient
dans la foulée de la démission
de Marjorie Scardino après seize
ans passés à la tête de Pearson.
Paris achète les archives
photo de « France Soir »
Le fonds des archives photo
de France Soir couvrant la
période des années 1980 à 2000
a fait l’objet d’une préemption
de l’État pour le compte de la
Ville de Paris. Ce fonds viendra
rejoindre le fonds photo ancien
de France Soir recueilli en 1987
par la Bibliothèque historique
de la Ville de Paris.

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