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F EUILLE F E U I L L E La RRO UGE OUGE Avril 2005 512 Département de Recherche Fondamentale sur la Matière Condensée retraitement DES COMPLEXES D’AMÉRICIUM MODÉLISÉS Pascale Maldivi - SCIB - [email protected]@cea.fr L’extraction de l’américium, un des éléments les plus radiotoxiques présents dans les effluents nucléaires, nécessite des molécules organiques capables de le piéger sélectivement. Pour concevoir des composés adéquats, les chimistes doivent disposer de données qui sont difficilement accessibles expérimentalement du fait du caractère fortement radioactif de cet élément. Afin de combler en partie cette absence, notre équipe mise sur les études théoriques basées sur la chimie quantique. Pour les composés très lourds, l’obtention de résultats fiables nécessite des calculs ab initio prenant en compte tous les électrons (95 pour l’américium). De plus, les électrons de valence de l’américium, ceux-là même qui sont impliqués dans la reconnaissance par des molécules extractantes, sont dans des orbitales f de géométries variées mais de niveaux d’énergie très proches. Il faut donc employer des méthodes lourdes et coûteuses en temps de calcul. En collaboration avec des équipes de l’Université de Lund (Suède) et de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris, nous avons appliqué une telle approche ab initio aux complexes ioniques modèles AmF3 et AmCl3. Nous avons ensuite refait la modélisation avec des méthodes plus simples et plus rapides, basées sur la théorie de la fonctionnelle de la densité à priori mal adaptée au cas de l’américium. Heureuse surprise : elles rendent bien compte de la géométrie et de la nature des liaisons chimiques. Ces méthodes devraient permettre de comparer des séries de complexes américium/molécules organiques. UN NOUVEAU FROID POUR LE SPATIAL La prochaine génération de réfrigérateurs pour le spatial émerge du couplage entre réfrigérateur à adsorption et réfrigérateur à désaimantation adiabatique: le meilleur des deux mondes. Au verso La grande diversité de géométrie des orbitales f de l’américium. Les parties sombres ou claires représentent, respectivement, les zones de plus ou de moins grande probabilité de présence des électrons. valorisation CROCUS : LES MÉMOIRES MAGNÉTIQUES S’ÉPANOUISSENT Jean-Pierre Nozières - SPINTEC - [email protected] b Pour valoriser les recherches menées à SPINTEC sur les mémoires magnétiques MRAM de deuxième génération, la start-up Crocus Technology a “essaimé” du CEA et du CNRS en avril 2004. Crocus Technology produira des mémoires MRAM basées sur l’écriture assistée thermiquement (TAS: Thermally Assisted Switching) et offrira à ses clients un service de design et fabrication. Plusieurs partenaires industriels de renom se sont déjà montrés intéressés pour participer à cette aventure. Les premiers produits sont attendus à l’horizon 2007. Les MRAM de première génération seront lancées sur le marché en 2005 par des grands groupes industriels, dont Altis, Freescale ou Cypress Semiconductors. Elles présentent un certain nombre d’inconvénients (puissance consommée élevée et erreurs d’adressage) qui deviennent rédhibitoires quand la miniaturisation est poussée en dessous du nœud techno- logique des 90 nm. La technologie TAS, brevetée et développée par SPINTEC, est une approche alternative qui présente des performances remarquables: puissance consommée faible, écriture rapide (10 ns), absence d’erreur d’adressage et stabilité parfaite de l’information stockée. L’objectif immédiat de Crocus Technology est la création d’une ligne pilote complète qui servira à la réalisation de la partie magnétique des mémoires TAS. Simultanément, un important accord de R&D sera signé entre Crocus et le CEA/CNRS pour apporter un support scientifique et technique, notamment pour améliorer les vitesses d’écriture et les densités d’enregistrement. Dans cette perspective, des technologues du CEA/LETI sont venus renforcer dès à présent les équipes de chercheurs de SPINTEC. Direction des Sciences de la Matière . CEA-GRENOBLE La F EUILLE ROUGE cryogénie UN NOUVEAU FROID POUR LE SPATIAL Nicolas Luchier - SBT - [email protected] Avec ses réfrigérateurs à adsorption, notre laboratoire propose une excellente solution de refroidissement pour descendre jusqu’à 300 mK, bien adaptée à la cryogénie spatiale: grande fiabilité (absence de pièces mobiles et donc d’usure), compacité, légèreté... Le spatial réclamant des températures encore plus basses, une nouvelle génération de réfrigérateurs est donc en gestation. Nous avons tiré parti de notre savoir-faire pour mettre au point un nouveau système de froid utilisant un réfrigérateur à adsorption pour pré-refroidir un étage à désaimantation adiabatique capable de descendre à 50mK. La désaimantation adiabatique électronique (voir encart et Fig.1) peut atteindre des températures de l’ordre de quelques mK. Elle est à même de remplir les exigences de fiabilité du spatial. Cependant, sa mise en place exige, d’une part, de lourdes bobines pour générer le champ et, d’autre part, un écrantage magnétique important puisque les éléments à refroidir ne doivent être plongés que dans un champ résiduel extrêmement faible. Les réfrigérateurs à désaimantation adiabatique ont donc un poids élevé, en principe peu compatible avec le budget masse du spatial. Le problème de la taille du système est d’autant plus aigu que la température de départ est élevée car il faut alors appliquer un champ magnétique d’autant plus intense. imposée dans un premier temps : 12 h à 100 mK pour un champ de 0.5 T et 2 µW de fuite thermique; on aboutit à 100 g de sels. Ces sels sont cristallisés autour d’un “bus thermique” (voir Fig. 2) composé d’un peigne de 365 fils de cuivre de 250 µm de diamètre. Ce dispositif est la clef du bon fonctionnement de la désaimantation car la conductivité thermique intergrain du réfrigérant n’est pas suffisante. Le bus thermique garantit que chaque cristal de réfrigérant est en contact avec au moins un de ses fils; ainsi les échanges thermiques se font préférentiellement par le cuivre et assurent l’extraction de chaleur au niveau de l’élément à refroidir. Premier prototype Notre premier prototype vient d’atteindre l’objectif en température de 110 mK. Il reste maintenant à assurer l’autonomie. Les premiers retours d’expérience, fort encourageants pour notre toute première désaimantation, ont révélé quelques points à peaufiner, notamment au niveau de la thermalisation du réservoir contenant les sels réfrigérants qui n’est pas encore suffisante. Pour prévoir les performances de la désaimantation, nous avons développé un volet simulation en utilisant le modèle classique de l’ion libre, avec addition d’un champ magnétique local pour simuler les interactions entre moments magnétiques. Cette simulation nous permet de dimensionner la quantité de sels réfrigérants (voir encart) nécessaire à l’autonomie que l’on s’est Nous avons mis au point un second ensemble bus thermique/réservoir qui devrait répondre à cette problématique et atteindre des performances plus proches du but visé. En parallèle nous avons complété notre simulation numérique en incorporant les inévitables irréversibilités thermiques qui écartent la désaimantation de la transformation adiabatique. Une solution classique est de multiplier les étages de désaimantation pour descendre de 4.2 K à 50 mK, mais les étages hautes températures restent encore lourds. Notre idée est donc de les remplacer par un réfrigérateur à adsorption plus léger et plus compact. Fig. 1 : Schéma de fonctionnement de la désaimantation adiabatique La désaimiantation adiabatique électronique Dans la phase “recyclage” (voir Fig. 1), le réfrigérant est aimanté. La chaleur dégagée dans l’opération est évacuée vers la source chaude. Une fois aimanté, le réfrigérant est thermiquement isolé. Dans la phase “fonctionnement”, le champ magnétique diminue, les moments magnétiques du réfrigérant peuvent reprendre une orientation aléatoire en absorbant de la chaleur et la température de l’élément à refroidir diminue. Le réfrigérant De façon grossière, un bon réfrigérant est un matériau constitué de moments magnétiques avec peu d’interactions. En effet, celles-ci créent un champ local qui limite la température minimale théorique. Elles vont, de plus, empêcher les spins de s’orienter librement dans le champ et réduire ainsi l’efficacité de la désaimantation. Dans la gamme 50 mK - 1 K, les réfrigérants classiques sont des sels hydratés à base de fer ou de chrome, les molécules d’eau créant des “cages” isolantes autour des moments magnétiques. Fig. 2 : Schéma du “bus thermique” Comité de rédaction : J.P. Duraud, E. Molva, A. Pesnelle (DIR), P. Dalmas de Réotier (SPSMS), Th. Douki (SCIB), S. Lyonnard (SI3M), L. Prejbeanu (SPINTEC), R. Vallcorba (SBT), P. Warin (SP2M) - Secrétaire de rédaction : C. Bellavia (DIR) tél. 04 38 78 99 68