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L e m e d i a s u i s s e d e s hi g h n e t w o r t h i n d i v i d u a l s
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Philanthropie ( s )
Invité
Les actions
suisses
conservent
la forme
The Russian
Imperial
Foundation
for Cancer
Research
Jogishwar Singh :
un regard sikh
sur la diaspora
indienne
Finance
Index
Marché de l’art
Le grand
retour
du Private
Equity
La Chine
et l’Occident
Arts et culture :
15 acteurs
d’influence
Lifestyle
le meilleur de
l’horlogerie
en 2015
15 CHf
c o n t rechamp ( S )
Népal après le séisme :
sauver des vies et des symboles
Le tremblement de terre majeur qui a
frappé le Népal le 25 avril 2015, d’une
magnitude de 7,8 a fait plus de 8000
morts et 15000 blessés. Mais Katmandou
continue de respirer sa spiritualité omniprésente et les sauveteurs sont nombreux à faire état du calme et du courage
des victimes qui en sont imprégnées.
Alors que les moines bouddhistes sont en
première ligne pour secourir les blessés,
et reconstruire le pays, d’autres, comme
ici, sauvent également leurs plus précieux symboles. Cette imposante statue,
encore intacte, provient dumonastère
Shri Karmaraja Mahavihara, perché sur
la colline sacrée de Swayambhunath qui
domine toute la vallée de Katmandou.
Swayambhu signifie « auto-produit »,
en référence à l’autopoïèse de la pure
nature de l’esprit éveillé.
4
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é dit o / impre s s um
Elena Budnikova
éditorial
Boris Sakowitsch, Directeur de la publication
L’autre oubliée
L’inde n’est pas seulement celle des foules sur les
toits des trains ni celle des robes safran sur les
bords du Gange. Cela fait bien longtemps qu’elle
n’appartient plus qu’aux seuls orientalistes, aux
rêveurs d’exotisme et aux touristes bardés de sacs
à dos. Elle est moderne, dynamique, innovante
et tient bon sa place au sein des BRICS. Pourquoi sa culture et son histoire nous demeurent
néanmoins si méconnues ? Croyons-nous tout
savoir de l’Inde, rassasiés que nous sommes de
simples couvertures de magazines et dépliants
touristiques ? Le déni est plus enfoui que nous
Éditeur
Swiss Business Media
49, route des Jeunes
1227 Carouge / Genève
tél. + 41 22 301 59 12
fax. + 41 22 301 59 14
ISSN 1661-934X
Directeur de la publication
Boris Sakowitsch
tél. + 41 22 301 59 12
[email protected]
Directeur des rédactions
Arnaud Dotézac
tél. + 41 22 301 59 16
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Rédactrice en Chef
Cahier Patrimoine(s)
Anne Barrat
tél. + 41 78 300 54 64
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Chef d’édition
Amandine Sasso
tél. + 41 22 301 59 12
[email protected]
Rédaction
Franck Belaich
Bertrand Carlier
Benoît Chappuis
Thomas Chapuis
Anton Dombrovsky
Michel Donegani
Alain Freymond
René-Georges Gaultier
l’imaginons vis-à-vis d’une littérature ancestrale d’une richesse
époustouflante et d’un esprit des
sciences éminent qui donna le jour
notamment aux chiffres repris par
les Arabes, au zéro mathématique,
à l'écriture décimale positionnelle,
ou encore à ce qu’on nomme le théorème de Pythagore, sans parler des
intuitions quantiques de l’Advaita
Vedanta. L’université tout d’abord
a longtemps fait l’impasse sur nos
cousins linguistiques, pratiquants
du Sanskrit, pourtant aussi « indoeuropéen » que le latin et le grec. Un
évident mépris colonial voyait aussi
dans le polythéisme la preuve d’un
retard indépassable, nourri par les
convictions aujourd’hui dépassées
d’un Max Weber. Mais un autre facteur provient peut-être de l’absence
d’unité politique de l’Inde tout au
long de son histoire, sauf le règne
de l’empereur Ashoka (304-232 av.
J.-C.), dont l’influence politique et
philosophique s’étendait jusqu’en
Grèce. Même les Guptas qui unifièrent l’Inde du IIIe au VIe siècles
de notre ère, ne purent le faire qu’au
Nord du sous-continent. Depuis
le XXVIe siècle av. J.-C., l’Inde s’est
donc avant tout définie comme
un espace de civilisation dont la
trame fut védique, hindouiste et
Pierre-Emmanuel Iseux
George Iwanicki
Daniel Kohler
Axel Marguet
Céline Moine
Antoine Praz
Jean-Sébastien Robine
François Savary
Loïc Schmid
Christian Staub
Thomas Veillet
Christian Zeitler
Correction
Caroline Gadenne
Marion Piroux
Directeurs de création
Vincent Nicolò
Aurélie Vogt
6
bouddhique, avant que l’Islam ne s’y
engouffre et vienne surtout y puiser
bon nombre de ses aspects culturels, dont on lui attribue l’origine
à tort. L’Inde comme État unifié
n’a réellement vu le jour qu’avec la
période coloniale. Il n’y eut jamais
de « peuple indien » avant l’époque
moderne et encore moins de pays
nommé « Inde », terme inventé par
les Britanniques et qui cohabite
encore dans la Constitution du pays
avec l’autre appellation officielle
sanskrite « Bharata ». Les terreaux
védique et brahmanique, puis
bouddhique, ont bien engendré
une « civilisation indienne », mais
cette formidable base spirituelle
et culturelle ne put jamais déjouer
le morcellement politique. Même
les envahisseurs de l’Islam n’y parvinrent pas, unifiant certes le Nord,
mais laissant le Dekkan du sud en
proie à des scissions continuelles
entre sultans rivaux. Au bout du
compte, ce fut la lutte contre l’occupant britannique qui fut décisive
pour aboutir à l’identité indienne
contemporaine, synthèse complexe
entre Hindous, Musulmans et
Sikhs, jouant de compromis parfois
fragiles autour d’un idéal démocratique commun, qui se conjugue
toujours en anglais.
Direction artistique
Elena Budnikova
[email protected]
Graphiques et Infographies
Vincent Nicolò
Directeur commercial
John Hartung
tél. + 41 22 301 59 13
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service Publicité
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IT management / market online
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Service Abonnements
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SOMMAIRE N° 12 3
04Contrechamp(s)
06éditorial
chronique(s)
24
10 Chronique d’un autre temps
par François Besse
12La guérison par les données
par Stéphane Zrehen
16 C’est une révolte ? Non Sire,
c'est une révolution ! par Cédric Kohler
actualité
18Contexte(s)
dossier (couverture)
24DIASPORA INDIENNE
Histoires et forces de la diaspora indienne
par Arnaud Dotézac
30 Google, une entreprise indienne ?
par Arnaud Dotézac
34 Invité : Dr Jogishwar Singh :
un regard suisse-sikh
sur la diaspora indienne
24
cahier patrimoine(s)
45Sommaire détaillé
46DOSSIER : Le grand retour
du Private equity
56DOSSIER : Les actions suisses
conservent la forme
64IMMOSCOPE
70INVESTIR
34
index
46
8
86Arts et culture :
15 acteurs d’influence
SOMMAIRE N° 12 3
dossier (couverture)
104LIFESTYLE(S)
: Horlogerie :
le meilleur de l’horlogerie en 2015
culture(s)
116Marché de l’art : La chine et l’occident
86
118Philanthropie(s)
: The Russian Imperial
Foundation for Cancer Research entretien
avec le Grand-Duc Georges Mikhaïlovitch de Russie
122 hédonisme(S)
Agenda
126 Jolis flacons
122
128Photographe du mois
104
CFA® - THE GLOBAL
PASSPORT TO FINANCE
FREE INFO EVENT IN GENEVA
118
What is the CFA Program?
What are the job perspectives in Switzerland?
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116
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9
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chro niq ue / re g ard ( s )
Chronique d’un autre temps
Elena Budnikova
non par quatre cents mais par cent, alors que
les années 1600 et 2000 étaient bissextiles car
divisibles par quatre cents. Cette règle permet
ainsi de rattraper en partie la différence entre
le nombre de jours du calendrier et le nombre
de jours réels, qui est de 365,2425 jours, dès lors
que la Terre n'effectue pas un nombre entier
de rotations sur elle-même quand elle boucle
une révolution autour du Soleil.
François Besse
L’histoire nous enseigne que l’être humain a
toujours cherché à faire coïncider au plus près
le temps et sa mesure. Des premiers calculs en
base soixante que nous devons aux Mésopotamiens aux quantièmes perpétuels, en passant
par le cadran solaire ou le sablier, la mesure du
temps, qui implique la compréhension de celuici, est au cœur des préoccupations humaines.
Les dizaines de milliers de brevets déposés au
fil du temps dans le monde n’en sont qu’un
pâle reflet.
C’est que le temps ne se laisse pas aisément
domestiquer, au point que certains scientifiques
en viennent à conclure que le temps n’existe
tout simplement pas. Laissons toutefois les
physiciens développer leurs théories cosmiques
intégrant ou non la notion de temps et prenons un exemple tout simple. L’année 2016
présente la particularité qui nous est familière,
celle d’être bissextile. La règle, instaurée par le
calendrier grégorien en 1582, est d'ajouter un
jour toutes les années dont la valeur répond
à l'une des conditions suivantes : soit elle est
multiple de quatre sans être multiple de cent,
soit elle est multiple de quatre cents. Ainsi,
les années 1700, 1800 et 1900 n'étaient pas
bissextiles, puisque ces chiffres sont divisibles
10
Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, la
science horlogère a su répondre magnifiquement
à cette particularité de notre système de mesure
du temps. C’est le quantième perpétuel, ce mécanisme qui permet d'afficher le jour, le mois et
l'année dans le cycle des années bissextiles. Le
passage du dernier jour du mois au premier du
mois suivant ne nécessite aucune intervention
de l'utilisateur, même lors des années bissextiles. Dans le mode de réalisation classique de ce
mouvement, l'affichage se fait par le biais d'une
aiguille qui effectue un tour complet en quatre
ans. C'est donc cette aiguille qui permet de savoir
si l'année en cours est, ou non, bissextile. Mais
l’industrie horlogère a même poussé plus loin
sa quête de la précision. En effet, le quantième
perpétuel classique ne permet pas de corriger le
cas particulier des années que l’on appelle « séculaires », et non bissextiles, dont la dernière était
l’année 1900 et dont la prochaine sera l'année
2100. C’est l’invention du quantième perpétuel
séculaire, qui prend en compte le fait que les
années séculaires ne sont pas bissextiles, le cas
échéant qui est même en mesure d'identifier
que seules les années séculaires multiples de
400 sont bissextiles.
Il sera dit toutefois que le temps ne se laisse pas
facilement dompter. En effet, l’année 2015 présente une autre particularité, beaucoup moins
connue celle-là, mais source d’immenses défis
pour la science horlogère. En effet, contrairement à l’année 2014, qui comptait 31 536 000
secondes, l’année 2015 en comptera 31 536 001,
soit une seconde de plus. C’est que, à l’instar de
celle des jours, la définition des secondes est
évolutive, et ce pour deux raisons essentielles :
chro niq ue / re g ard ( s )
la progression de la précision des mesures, qui
implique une rectification ponctuelle de la
valeur de la seconde, d’une part, la diminution
de la vitesse de rotation de la Terre avec le temps
sous l’influence des forces de marées provoquées
par l’attraction gravitationnelle de la Lune et
du Soleil, d’autre part. La seconde n’est donc
plus définie, depuis la 13e Conférence générale
sur les poids et mesures en 1967, par rapport à
l’année, mais par rapport à une propriété de la
matière. La seconde correspond désormais à 9
192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux hyperfins
de l’état fondamental de l’atome de Césium
133 au repos à la température du zéro absolu.
N’en jetez plus ! On peut se demander qui, de
notre grand horloger ou de la communauté
scientifique, a le plus grand sens de l’humour.
Malgré l’extraordinaire qualité d’inventivité
témoignée par la science horlogère mécanique,
on perçoit difficilement comment elle parvien-
drait à mettre au point un mécanisme qui s’adapterait à cette dernière
définition de la seconde, alors qu’elle s’accommode parfaitement de
la définition traditionnelle de celle-ci, qui veut que la seconde soit la
fraction de un huitante-six mille quatre centièmes de la journée solaire
terrestre moyenne. Le défi mérite-t-il d’être relevé ?
L’horlogerie mécanique nous fait rêver. Elle doit continuer à le faire.
L’astrophysique nous apprend que les étoiles ont une vie. Ainsi l’étoile
située à un millier d’années-lumière de la Terre est vraisemblablement
déjà morte au moment où, regardant vers le ciel, nos yeux de Terriens en
perçoivent l’éclatante lumière. Cela donne certes le tourbillon, mais nous
éloigne fondamentalement de la mesure du temps si chère à l’horloger.
L’infiniment grand ou l’infiniment petit, temps des étoiles ou de notre
univers mouvant, ne correspondent en rien au temps de l’horloger. Ce
temps doit rester plus que jamais celui de la mécanique au service du
rêve. En fin de compte, Voltaire ne nous induit-il pas en erreur en faisant
dire à l’un de ses personnages, dans Les Cabales qu’il ne pouvait songer,
en pensant à l’Univers, que l’horloge existât sans horloger ? L’univers est
certes une mécanique fascinante, mais l’horlogerie peut crânement rester
ce qu’elle a toujours été, fille d’Hélios et de Séléné. Dans les Dionysiaques,
Nonnos nous apprend d’ailleurs que Chronos vient du néant. \
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11
chro niq ue / ve n t ure ca pital
La guérison par les données
Elena Budnikova
ça. Il s’agit de rien de moins que de collecter toutes les données, en tous temps et tous
lieux, en dehors de tout contrôle de qualité. Par
exemple, s’il s’agit de compter ce que mangent
les patients ou l’exercice physique qu’ils font,
on se demande comment ces données seraient
récoltées.
Stéphane Zrehen, Managing partner, Agam Analytics
Une des plus grandes promesses de la recherche
médicale de ces dernières années concerne la
santé. L’idée est qu’il sera bientôt possible de
fabriquer des traitements médicaux sur mesure,
surtout adaptés au profil génétique des patients.
Pour ce faire, il faut analyser des quantités
astronomiques de données : profiler génétiquement des millions sinon des milliards de
patients, leur administrer des traitements
et mesurer les résultats, afin d’être sûr de
toujours proposer le bon traitement à chaque
patient. Grâce à ces analyses, nous devrions
être prochainement capables de déduire les
effets d’interactions de traitements, l’effet
de traitement sur chaque type génétique et
autres facteurs biologiques tels que le BMI
ou le taux de cholestérol.
Collecter des données dans le cadre pourtant
contrôlé d’une étude médicale s’avère être
souvent une tâche fastidieuse, souvent saisie
à la main, et résulte en des données pleines
d’erreurs et d’incohérences. Néanmoins, c’est
avec ces données que la FDA et autres autorités
de contrôle déterminent si un traitement peut
être mis ou rester sur le marché, et s’il peut
être remboursé par les assurances maladie. La
promesse du big data suppose bien plus que
12
Cela dit, les sociétés qui produisent les traitements collectent elles-mêmes beaucoup de
données. D’abord parce qu’elles ont besoin
d’études médicales bien documentées pour
prouver l’efficacité de leurs produits, et ensuite
parce qu’elles y sont obligées. Et ce, de plus en
plus. Les producteurs sont ainsi tenus de veiller
à ce qu’aucun effet secondaire ne puisse être
associé à leurs traitements. En surveillant
les réseaux sociaux, les publications par des
organisations indépendantes et dans tous
les pays où le traitement est vendu. Il n’y a
eu à notre connaissance aucune procédure
judiciaire pour diligence négligente, mais ça
pourrait subvenir à tout moment. Les législations à venir très bientôt en Europe et aux
USA forceront la publication des données
brutes issues de toutes leurs études cliniques.
En quelque sorte, le mouvement vers la
transparence des données clinique copie à
s’y méprendre celui qui a cherché à bannir
la cigarette de l’espace public : d’abord, on a
interdit la publicité, puis on a augmenté les
taxes, puis on a interdit l’usage dans toutes
sortes d’endroits bien définis. Pour arriver
à la situation actuelle où les fumeurs sont
obligés de se cacher pour s’adonner à ce qui est
depuis devenu un vice. Pour les traitements
médicaux, on a limité la publicité et la distribution, pour éviter l’auto-médication. Ensuite,
on a obligé tous les sponsors à annoncer les
résultats escomptés de leurs études, à l’avance.
Le but avoué étant d’empêcher que des médicaments puissent être associés à des résultats
infructueux par la suite. Le Freedom of Information Act permet effectivement de trouver
sur internet tous les détails et les intervenants
sur les études cliniques présentes ou passées.
chro niq ue / ve n t ure ca pital
Mais il n’y a que les résultats statistiques. Les
données brutes sont encore sous clé. Comme
la composition des cigarettes… Mais c’est en
train de changer.
Le jour où ces lois vont entrer en vigueur,
le public va pouvoir modifier radicalement
son rapport à l’industrie de la santé. Des organismes privés ou indépendants pourront
retravailler les données à leur guise. Il n’est
pas à exclure – et c’est la raison pour laquelle
la loi américaine sera plus restrictive–qu’une
certaine malveillance soit à attendre de la part
des concurrents, mais en tout état de cause, le
public devrait en sortir gagnant.
Ainsi ces organisations pourront refabriquer
synthétiquement des études avec un nombre
significativement plus grand de patients, et
mesurer vraiment les effets à court et à long
terme, les effets secondaires, les interactions
avec d’autres traitements, les best practices,
les meilleurs dosages, le lien avec d’autres
données biologiques… Elles pourront aussi clusteriser les profils de patients en sous-groupes
relativement homogènes et qui répondent
de manière certaine au traitement, en bien
ou en mal. Ainsi arrive l’idée de profilage :
avant de prendre un traitement, on passe un
test. Suivant le résultat de ce test, le médecin
préconisera de prendre le traitement ou non,
à quelle dose, des modifications alimentaires,
un arrêt immédiat d’un autre traitement, et
des vérifications régulières.
Un autre élément d’information et de contrôle
post-mise sur le marché : la possibilité de
vérifier les promesses des études cliniques.
Une étude peut en effet arriver à la conclusion
qu’un traitement fonctionne bien sur 80 % de
l’ensemble des patients. C’est la proportion de
patients qui allaient mieux en ayant pris le
traitement. On notera que dans une étude bien
faite, dite en double-aveugle, un autre groupe
de patients n’a pas reçu de traitement, mais un
placebo, sans en informer le médecin. Et dans
le groupe placebo, il n’est pas rare qu’environ
25 % des patients aillent mieux aussi. Est-il
nécessaire de leur donner le traitement ?
Une fois l’autorisation de vente donnée, plus
personne ne vérifie l’efficacité du traitement.
On ne s’occupe plus que d’effets secondaires
indésirables. On pense ici au Vioxx par exemple. Mais, est-ce que le
traitement fonctionne toujours sur 80 % des patients qui l’ont pris
depuis ? On ne le sait pas et personne ne fait le calcul. L’ouverture des
données nous le rendra possible, ainsi que celui d’autres estimations.
Par exemple, des défauts de design des études originelles, des défauts
de randomisation entre les groupes, des biais statistiques non détectés
lors de la première analyse statistique.
Ce genre de travail pourrait entraîner des surprises désagréables pour
les auteurs de ces études. Les autorités pourraient par exemple envisager de diminuer les prix de remboursement de certains traitements à
l’efficacité écornée ou d’en limiter la prescription.
En ce qui concerne les companion tests, l’idée n’est pas nouvelle. Le
premier est venu avec l’Herceptin, un médicament contre le cancer du
sein. Lors de la première étude clinique de l’Herceptin, on a conclu que
seules 25 % des femmes étaient en rémission. C’est après l’étude qu’un
statisticien de Roche a eu l’idée de les profiler. Et il a ainsi découvert
qu’elles avaient toutes une certaine modification génétique commune.
Et sur celles qui avaient ladite modification, les résultats étaient spectaculaires.
L’arrivée du big data et de l’ouverture au public des données va généraliser
l’utilisation des companion tests. À lire les communiqués de sociétés
telles que Roche ou Astra Zeneca dans le domaine, elles en ont parfaitement compris l’enjeu. Au mois d’avril, Medtronic, Johnson&Johnson,
IBM et Apple ont conclu un partenariat pour la récolte, le stockage et
l’analyse de données médicales.
En attendant, malgré toutes les annonces fracassantes et fréquentes
de personalized medicine, il semble que le lobby de la santé fasse tout
pour en freiner l’avènement. L’auteur du présent article a développé
des algorithmes pour fabriquer des companion tests informatiques à
partir de données de labo simples. Il ne lui a pas été possible d’intéresser
la moindre société. La raison semble en être que ces sociétés tiennent à
leurs données brutes comme à la prunelle de leurs yeux. Que se passerait-il si je découvrais par hasard qu’on aurait pu identifier les patients
qui auraient des effets secondaires sévères ? Une autre explication est
que si l’étude est faite sur une portion trop restreinte de la population,
personne ne pourra empêcher les médecins de les prescrire à tout le
monde, alors que l’efficacité sur tout le monde n’a pas été démontrée.
13
chro niq ue / ve n t ure ca pital
Au mieux ça coûterait très cher au système de santé, et au pire, ça
pourrait causer des dommages aux patients. À éviter tant qu’on n’y
est pas obligés, donc.
Le problème du profilage reste entier. La collecte sauvage de données qui
promet certainement l’apparition de myriades de start-up qui proposeront
des apps pour récolter, sauvegarder et partager ces données est un volet
important du projet. Des multinationales telles que Procter&Gamble
en utilisent déjà pour en savoir le plus possible sur la disponibilité de
leurs produits en rayon. Mais il faudrait les enrichir par du contrôle
de qualité et une centralisation généralisée du stockage. Qui pourrait
ou devrait être en charge ? On a du mal à imaginer les concurrents se
mettre d’accord, pourtant ce serait assez nécessaire.
Une fois les données stockées, on peut se lancer dans la procédure de
profilage. Des algorithmes de classification automatiques permettent
de rassembler des profils similaires dans des boîtes homogènes. À chacune de ces catégories peut être associée une liste de traitements adaptés
ou déconseillés, ainsi qu’une liste de traitements complémentaires à
éviter. Ce qui surprend parfois les novices en termes de classification
statistique est que ce genre de catégorisation n’est pas forcément com-
le mo u ve me n t ve r s l a t r a n s pare nce
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LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET
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Nous parions néanmoins sur le fait que les companion tests seront
bientôt aussi communs que l’aspirine. Nous aurons probablement
notre profil sur nous, enregistré sur une puce sous la peau, et on ne
nous administrera que les traitements que nous tolérons. L’équilibre
économique de toute la chaîne de la santé risque d’être bouleversée :
les assurances auront comme toujours intérêt à débourser le moins
possible et donc pousseront l’usage massif des tests, elles feront des tests
statistiques et sans doute des campagnes préventives. De leur côté, les
pharmas plaideront pour une augmentation de leurs prix en raison de
la diminution conséquente de leur clientèle. Les hôpitaux feront eux
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préhensible. On peut très bien se retrouver avec des profils homogènes
qui contiennent des jeunes et des vieux, des hommes et des femmes,
qui se nourrissent de manière complètement différente, mais qui
ont une certaine combinaison de ratio de leurs variables biologiques
qui s’accorde bien avec un traitement. Il n’en reste pas moins que s’il
est simple et facilement acceptable d’admettre que tel traitement ne
fonctionne que sur les femmes, pas sur les enfants ni chez les gens qui
ont une insuffisance cardiaque, autant il peut être gênant de se faire
profiler par un réseau de neurones artificiels qui fabrique un modèle
complexe de toutes vos données pour vous dire ce que vous devez faire
ou ne pas faire. Et ce alors que personne ne peut me définir ni me
décrire mon profil.
aussi leurs statistiques et optimiseront les
traitements, les durées de séjour et d’opérations.
De leur côté les groupes de patients continueront à s’organiser et à partager de l’information, à l’instar de ce qu’ils font chez Impatient
Science, start-up californienne fondée par
Gilles Frydman et Roni Zeiger, l’ex Docteur
in house de Google. Ces derniers cherchent à
apprendre quels traitements expérimentaux
contre le cancer peuvent être recommandés.
Il est difficile d’entrevoir aujourd’hui qui va
se retrouver en haut de la montagne, mais on
peut déjà parier que de nombreuses compagnies vont se créer avec l’idée d’en tirer profit :
des fabricants d’apps, des sociétés de cloud
computing, des vendeurs de crème miracle.
On assistera à des fausses rumeurs d’effets
secondaires effroyables, de morts par cause
de traitement. D’ailleurs, l’année dernière,
le fabricant israélien de médicaments génériques Teva a été victime d’une telle rumeur :
des patients prenant des somnifères auraient
en fait avalé un médicament pour le cœur et
en seraient morts. Toute cette histoire n’était
qu’un mensonge éhonté, mais elle a sans doute
eu un impact retentissant sur les comptes
de Teva. Une nouvelle forme de terrorisme
économique ? \
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chro niq ue / PERS PECTIVES
C'est une révolte ? Non Sire,
c'est une révolution !
Le siècle des Lumières
frédéric Kohler, managing director, ISFB
La légende rapporte que le banquier suisse ne put être tenu informé des événements le jour même,
et qu'au lendemain, le 7 mai, à 8
heures, au moment de son réveil,
le régulateur lui annonça la fin
du secret bancaire.
– « C’est une révolte ? » demanda le banquier
– « Non sire, ce n’est pas une révolte, c’est une
révolution. » répondit le régulateur
Cette transposition très libre du récit de la
prise de la Bastille le 14 juillet 1789 par le Duc
de la Rochefoucauld, tente de faire toucher
du doigt l'impact qu'aura l'adoption par la
Suisse du principe de l'échange automatique
d'information pour la place financière suisse
et pour ses banquiers. Attention, cette analogie
historique n'a pas pour objet de stigmatiser une
fois de trop une supposée aristocratie bancaire
suisse et le cadre réglementaire privilégié
dont elle a pu bénéficier pendant des années.
Non, cette litote souhaite juste mettre en évidence en quoi l'abolition du secret bancaire
constitue bien la fin d'un monde, un véritable
changement de régime, et qu'il y aura bien
désormais pour les banquiers, un avant et un
après secret bancaire.
16
La gestion de fortune suisse a prospéré de façon
extraordinaire au cours de ces 60 dernières
années en sachant parfaitement influencer et
tirer parti d'un cadre réglementaire et fiscal
particulièrement favorable. Dans un XXe siècle
marqué par les conflits internationaux et la
politique des blocs, sa neutralité, sa stabilité et
son indépendance lui ont permis d'apparaître
comme havre de paix et de sécurité dans un
monde devenu plus incertain, complexe et
dangereux. Son savoir-faire légendaire a fait
le reste. Enfin pas tout à fait ; son savoir-faire
et son secret bancaire ont fait le reste. En effet,
en permettant à une clientèle fortunée internationale de ne pas être tenue de déclarer ses
comptes détenus en Suisse - au nom du droit
intangible au respect de la sphère privée –
notre place financière a gagné une position
unique dans l'activité de la gestion de fortune
transfrontalière.
L'abolition des privilèges
Hélas, cette législation très propice et surtout le
démarchage systématique des banquiers suisses
auprès des grandes fortunes de la planète qu'elle
a permis, ont fini par lasser des gouvernements
étrangers en proie à l'explosion de leur dette
publique et à des rentrées fiscales amputées
en particulier, du fait de la « performance »
de nos banques suisses. Bien sûr il y avait eu
le précédent des amnisties fiscales italiennes
mais les banquiers suisses avaient estimé alors
qu'il ne s'agissait que d'un épiphénomène, certes
regrettable pour Lugano, mais somme toute
circonscrit. Évidemment, la dichotomie entre
activité légale et activité éthique paraissait de
plus en plus difficilement tenable. Mais c'est
avec la crise des subprimes que les coups de
boutoirs sont venus, d'abord des USA, rejoints
bientôt par les pays de la zone euro puis ceux
du G20 et finalement par tous les membres de
l'OCDE. En réponse à une certaine forme de
chantage (pas d'alignement fiscal = pas de libre
accès au marché) et à la pression croissante des
chro niq ue / PERS PECTIVES
actions judiciaires, la Suisse a fini par renoncer à son avantage compétitif majeur : son secret bancaire ou plutôt son secret fiscal. D'abord au
printemps 2013 après avoir perdu ses derniers alliés européens (Luxembourg et Autriche) puis le 6 mai 2014 en signant l'accord de l'OCDE sur
l'échange automatique d'information en matière fiscale.
Crise de régime
Évidemment anticipé de longue date par les banques, cet abandon a pour
autant un impact considérable sur l'activité de banque privée en Suisse
et donc sur ses acteurs. Car il ne s'agit pas d'une énième évolution mais
bien de l'avènement d'un nouveau monde. En effet, la performance de
nos banques privées se mesurait jusqu'alors à l'aulne du bénéfice fiscal
procuré et du secret bancaire absolu garanti à ses bénéficiaires. De ce
point de vue, les établissements bancaires suisses surclassaient tellement
leurs concurrents que la notion de rendement net de la gestion des portefeuilles ou celle de coûts des prestations bancaires facturés passaient
nettement au second plan des considérations des clients. Dès lors privée
de cette possibilité d'optimisation fiscale et du secret bancaire, la gestion
de fortune transfrontalière suisse se retrouve sur un pied d'égalité avec
ses concurrents. Pour lutter avec des places financières compétitives et
agressives, les banques suisses n'ont pas attendu pour faire évoluer leur
business model en le basant désormais sur des critères objectifs de qualité de gestion et de conseil mais aussi sur un savoir-faire opérationnel
reconnu. Elle doit à présent encore revoir sa structure de coûts afin de
retrouver une rentabilité perdue, les revenus ayant eux chuté drastiquement depuis 2008. Mais surtout, comme l'a dit récemment le président
de l'ASB, Patrick Odier : « Nous devons être agiles », cela signifie ouverts,
réactifs, inventifs et surtout … rapides.
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Révolution
« La vraie question pour la place financière », ajoutait-il, « est surtout
d'identifier et développer les compétences dont elle aura besoin pour
mettre en œuvre les moteurs de croissance de demain ». En effet, les
compétences nécessaires pour cette nouvelle banque privée sont sans
commune mesure avec celles qui ont prévalu pendant près de quatre
décennies. La performance individuelle prévaut désormais et est mesurée
en tant que contribution au résultat collectif. Les généralistes cèdent
déjà la place aux spécialistes, l'expertise remplace peu à peu l'expérience,
et le cycle de vie des connaissances techniques se raccourcit et s'accélère
de façon constante. Si pour les établissements on peut parler d'évolution
maîtrisée, pour les collaborateurs, cette nécessaire agilité n'est pas un
vain mot et il s'agit bien pour eux d'une véritable Révolution. Des métiers
disparaissent, d'autres apparaissent. Faute d'avoir su ou pu maintenir
une employabilité suffisante, ils se retrouvent mis à l'écart malgré
leur ancienneté, leur loyauté et leur engagement. Le maintien à jour
de leurs compétences est désormais de leur seule responsabilité. Il leur
incombe de les mesurer, de les comparer, de les développer si possible
ou d'en acquérir d'autres si nécessaire. C'est en cela qu'il s'agit d'une
véritable révolution pour les individus. Les employeurs les accompagneront plus ou moins mais nul n'y échappera ; personne ne peut plus
dire aujourd'hui : « ça tiendra bien encore 5 ans jusqu'à ma retraite ! ». \
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ac t ualité / CONTEXTE ( S )
Contexte(s)
MACÉDOINE
Phase 3 : signature d’un partenariat
stratégique entre l’Albanie et les USA
NOUVEAU COMPTE À REBOURS BALKANIQUE
EN MACÉDOINE
Le 20 avril 2015, John Kerry recevait brièvement le jeune
ministre des Affaires étrangères d’Albanie Ditmir Bushati (38
ans), avant d’être rejoint par Victoria Nuland, sous-secrétaire
d’État aux affaires eurasiennes. Ces deux derniers signaient
une « déclaration commune pour un partenariat stratégique
entre l’Albanie et les États-Unis », décidée au dernier sommet
de l’OTAN, au Pays de Galles en septembre 2014. Dans son
discours d’introduction avec un phrasé identique à celui qu’on
lui connaît à l’égard de l’Ukraine, Victoria Nuland précisait :
« Nous partageons tellement notre indépendance pour laquelle
nous avons si âprement combattu, notre amour de la liberté et
de la démocratie, notre respect de la dignité humaine, et notre
sens profond de l'histoire ». Elle ajoutait la fierté des États-Unis
à soutenir l’entrée de l’Albanie dans l’Union européenne.
Les observateurs se demandent si une révolution de couleur
ne prend pas forme en Macédoine. La séquence des évènements pourrait le confirmer.
Phase 1 : révélation d’écoutes
illégales pratiquées
par le gouvernement macédonien
Février 2015, Zoran Zaev accuse le pouvoir d’écoutes illégales.
Zoran Zaev, leader de l’opposition, est surnommé le « sorosite »
en Macédoine, en raison des liens organiques de son parti
politique (SDSM) avec la fondation locale de Georges Soros :
la Foundation Open Society Institute Macedonia (FOSIM).
Depuis sa création en 1992, son directeur Vlade Milchin aurait
eu à disposition pas moins de 92 millions de dollars de dotation.
Signature
de la déclaration
conjointe
Albanie/USA
Phase 4 : révolte des albanophones
en Macédoine
Fin avril, des hommes vêtus d’uniformes de l’UCK prennent
en otage des policiers macédoniens pendant plusieurs heures.
Le 9 mai, jour du défilé de la victoire à Moscou, auquel assiste
le Premier ministre macédonien Nikola Gruevski, un grave
incident éclate à Koumanovo, région albanophone et frontalière entre la Macédoine et le Kosovo, faisant 20 morts.
Gruevski est obligé de rentrer précipitamment de Moscou.
Zoran Zaev et Vlade Milchin
Phase 2 : menace de fusion
des régions albanophones
Le 6 avril 2015, le Premier ministre albanais Edi Rama recevant le ministre des Affaires étrangères kosovar, Hashim
Thaçi, a affirmé devant la presse que si l’unification entre
le Kosovo et l’Albanie, tous deux peuplés d’Albanais, ne se
faisait pas au sein de l’Union européenne, alors elle se ferait
d’une « manière plus classique ». Cette déclaration a provoqué
l’ire de la Serbie et l’inquiétude de la Macédoine.
Phase 5 : l’OTAN appelle à la retenue
Le 10 mai, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg
appelle à la retenue. Il met le public en position de penser
que l’Organisation Atlantique s'exprime de l'extérieur, en
observateur neutre, alors qu’elle soutient l’Albanie et le Kosovo.
18
ac t ualité / CONTEXTE ( S )
Phase 6 : négociations avec des diplomates
américains et européens
Le 15 mai, le gouvernement reçoit l’opposition en présence
de l’ambassadeur des États-Unis en Macédoine Jess Baily
et du chef de la délégation de l’UE à Skopje Aivo Orav, et
ce à la demande de Zoran Zaev.
Phase 7 : Manifestations « spontanées »
Le 18 mai, plus de 40 000 manifestants descendent « spontanément » dans les rues de Skopje pour réclamer la
démission du gouvernement démocratiquement élu. Des
drapeaux albanais y sont brandis. Zoran Zaev précise à
la Tribune de Genève datée du 19 mai, qu’il préfère le
gazoduc trans-adriatique (TAP) au gazoduc Turkish
Stream de Gazprom.
Phase 8 : à suivre… \
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19
ac t ualité / CONTEXTE ( S )
Monaco
UKRAINE
LOUIS VUITTON (LVMH) et LUI CHE-WOO,
À LA TABLE DU CASINO
CRÉATION D’UNE LÉGION ÉTRANGÈRE :
POUR QUOI FAIRE ?
LVMH vient d’acquérir 5 % du capital de la Société des Bains
de Mer, soit environ 32 millions d’euros, pour l’instant.
La SBM l’avait ouvert par voie d’augmentation de capital,
pour financer les 650 millions d’euros nécessaires aux
immenses chantiers de rénovation de l’hôtel de Paris et de
la construction de pas moins de sept immeubles à la place
de l’ancien Sporting d’Hiver. Beaucoup plus discrètement,
le groupe chinois Galaxy Entertainement, a également
souscrit à cette augmentation de capital, pour un peu moins
de 5 %. Ce groupe hôtelier et casinotier, coté à Hongkong,
est principalement actif à Macao, avec aussi des intérêts en
Chine continentale (200 filiales, 20 000 employés). Il a été
fondé il y a 25 ans par Lui Che-woo, né en 1929, à Jiangmen,
à une cinquantaine de km de Macao. Signe particulier : il
n’enlève jamais sa casquette, ce qui lui donne un faux air
ouvrier. Très faux air même, avec une fortune estimée à 21
milliards de dollars en 2013 et faisant de lui le 2e homme
le plus riche de Hongkong, selon Forbes. Même si ses avoirs
ont fondu de moitié en 2014, il a encore de beaux restes. C’est
l’opération anticorruption, menée sans merci par le gouvernement de Xi Jinping, qui a entraîné la chute drastique
du marché des jeux à Macao. L’arrivée de Lui Che-woo à
Monaco ne doit rien au hasard. \
Le mai 2015, le parlement ukrainien a approuvé en première
lecture la création d’une légion étrangère sur son sol. On
peut imaginer que cette loi est faite pour régulariser tous les
mercenaires et combattants irréguliers se battant en Ukraine,
comme le prévoit son article 446. Mais ce texte va un peu plus
loin. En effet, les législations des États qui soutiennent l'Ukraine
leur interdisent de livrer du matériel militaire lourd à des
armées non-régulières. Cette loi pourrait donc anticiper de
telles livraisons et pourrait donc être perçue comme le signal
d’une aggravation du conflit dans ce pays. \
BrÉsil
LES MILLIARDS PERDUS DE PETROBRAS…
Dilma Roussef et Graça Foster
Royaume-Uni
Empêtrée dans l'un des plus gros scandales de corruptions
connus au monde, et frappée par la baisse des cours du pétrole,
Petrobras (Petróleo Brasileiro S.A) a perdu jusqu’à 25 milliards
d'euros de capitalisation boursière depuis l’éclatement du scandale en octobre 2014, alors que son endettement flirtait déjà
avec les 140 milliards. Avec plusieurs mois de retard, Aldémir
Denbine, le nouveau président de Petrobras, a annoncé fin
avril 2015 une perte de 6,5 milliards d'euros, dont un tiers
environ est lié à la corruption, soit près de 2 milliards d’euros
de préjudice causé par le système de pots-de-vin, qui tournait
depuis 2004. L’opération « lava jato » menée par la police et la
justice brésilienne a coûté sa place à l’ancienne présidente du
groupe Graça Foster, très proche de Dilma Rousseff et qui était
la seule femme à diriger un groupe classé parmi les 40 premiers
mondiaux dans le secteur de l’énergie. Dilma Rousseff aura
très certainement des comptes à rendre puisqu’elle a présidé
le conseil d'administration de Petrobras entre 2003 et 2010,
en sa qualité de ministre de l'Énergie au sein du précédent
gouvernement Lula.
LES BANQUES N’AIMENT PAS L’IDÉE DU BREXIT
Le Royaume-Uni entre dans une période d’incertitude
prolongée, jusqu’au référendum sur le Brexit (sortie de
l’Union européenne) promis par David Cameron d’ici fin
2017. Après Anthony Browne, directeur général de la très
influente BBA (Association des banquiers britanniques),
qui a mis en garde contre les conséquences très néfastes
d’un succès du Brexit, notamment sur l’emploi, puis de
la HSBC qui avait menacé d’expatrier son siège hors du
royaume, c’est au tour de la Deutsche Bank de préparer
un déménagement vers la zone euro. Rappelons que son
implantation sur le sol britannique remonte à 1873 et
qu’elle y emploie 9 000 personnes. \
20
ac t ualité / CONTEXTE ( S )
Outre des cadres de Petrobras et d’anciens hauts fonctionnaires, ce ne sont pas moins de treize sénateurs, vingt-deux
députés et deux gouverneurs fédéraux qui sont sous enquête
pour l’instant, tandis que Joao Vaccari, ex-trésorier du Parti
des travailleurs (PT), dont Dilma Roussef et Lula sont issus,
a été arrêté et placé en détention provisoire.
affectée à la construction du chemin de fer transcontinental reliant les océans Atlantique et Pacifique, distants
de plus de 5000 kilomètres. Cet axe entre Porto do Açu
(Brésil, nord de Rio Janeiro) et Puerto Ilo (sud du Pérou),
reliera aussi les fleuves Paraguay et Parana, deux voies
de transport fluvial majeures de la région. Mais rien
n’est dit pour l’instant, sur les conséquences écologiques
d’un tel chantier.
… AUX MILLIARDS PROMIS PAR LA CHINE
On comprendra que la visite de trois jours au Brésil, du
18 mai au 21 mai 2015, du Premier ministre chinois Li
Keqiang, avec ses valises pleines de yuan, arrive à point
nommé. Lors de sa réception en grande pompe en juillet
2014, le président Xi Jinping avait déjà parlé d’une « communauté de destins » entre les deux pays et une cinquantaine de grands contrats avaient déjà été signés, selon les
plans imaginés par la très active COSBAN (Commission
Chine-Brésil de haut niveau pour l'entente et la coopération). Il n’avait pas tort. Il sait bien que la relation entre
les deux pays ne date pas d’hier. Les premiers Chinois
sont en effet arrivés au Brésil dès la fin du 19 e siècle,
dans ces flux de remplacement qui suivirent l’arrêt des
traites d’esclaves. Ils travaillaient déjà dans l’agriculture,
la construction des chemins de fer, l’extraction minière
et bien sûr le commerce.
Le premier traité d’amitié, de commerce et de navigation entre les deux pays remonte quant à lui à 1881.
L’intensification des échanges à partir des années 2000
s’inscrit donc dans cet héritage historique. Et le Brésil
y a grandement trouvé son compte : entre 1990 et 2010,
les exportations brésiliennes vers la Chine avaient augmenté de 1800 %. En 2013, le commerce bilatéral entre
les deux pays atteignait 83,3 milliards de dollars, une
augmentation de 10,4 % par rapport à 2012 et de 13 fois
par rapport à ce qu’il était 10 ans plus tôt.
Carte ligne transcontinentale Brésil-Pérou
…AVEC DES RETOMBÉES POUR LA SUISSE
Deux acteurs suisses s’intéressent à la portion bolivienne
d’un tracé concurrent : la société d’ingénierie et de conseil
Molinari Rail, basée à Winterthur et le constructeur
Stadler Rail, basé à Bussnang (TG) qui est l’une des rares
compagnies à pouvoir livrer des trains à crémaillère. L’un
des points critiques de cette future ligne bi-océanique, est
en effet le franchissement de la cordillère des Andes, à
parfois plus de 4000 mètres d’altitude (lac Titicaca). La
Chine, qui a montré son savoir-faire avec sa ligne PékinLhassa, a présenté un tracé qui contourne la Bolivie par
le Nord, via Pôrto Velho. Au Venezuela, China Railway
Engineering Corporation construit déjà la première
ligne à grande vitesse d’Amérique latine Tinaco-Anaco.
Un chantier à 7,5 milliards qui a débuté en avril 2014.
En Argentine, la China South Railway (CSR) est présente
depuis 2006. \
Dilma Roussef et Li Keqiang
Les investissements directs chinois au Brésil représentaient 48,6 milliards de dollars en 2010, contre seulement
300 millions en 2009. Même si, en 2014, ce chiffre était
ramené à près de 20 milliards de dollars, les 35 contrats
que les deux pays viennent de signer en mai 2015 représentent plus de 50 milliards de dollars d’investissements
garantis jusqu'en 2021. Une partie de cette manne sera
21
ac t ualité / CONTEXTE ( S )
Panama
Canada
INAUGURATION DE LA PREMIÈRE BOURSE
AUX DIAMANTS D’AMÉRIQUE LATINE
185 000 EMPLOIS EN SURSIS
Selon une étude d’Enform publiée le 19 mai 2015, l’industrie
canadienne du pétrole et du gaz naturel pourrait perdre des
dizaines de milliers d’emplois en 2015, en raison de la baisse
des cours. Alors qu’en 2014, ce secteur a investi 125 milliards
de dollars et donné du travail directement ou indirectement
à 720 000 personnes, les investissements 2015 ne devraient
pas dépasser les 94 milliards de dollars faisant disparaître
185 000 emplois directs ou indirects. Par exemple la société
Trican Well Services, entrée en 2008 dans le « Canada's Top
100 Employers », a annoncé un plan pour la suppression de
2000 postes début avril 2015. \
Située dans le prestigieux quartier d’affaires de Santa Maria
(commune de Juan Diaz, Panama), la Panama Diamond
Exchange (PDE) devient la première bourse aux diamants et
joaillerie d’Amérique latine. Elle a été inaugurée en grande
pompe du 27 au 30 avril 2015, en présence d’une très remarquée
délégation indienne, menée par Shri Siddharth, secrétaire
adjoint du ministère du commerce de l’Inde et directeur
général des approvisionnements et de la répartition du secteur
diamants et joaillerie et Vipul Shah, conseil indien pour la
promotion des exportations de joaillerie et de pierres (GJEPC).
Il s’est déclaré très heureux que son pays « apporte son soutien
à une entreprise qui va propulser l'Amérique latine dans l’un
des marchés les plus dynamiques du monde », ajoutant que
« l'Inde, en tant que numéro un mondial de la taille de diamants et leader de la manufacture de joaillerie, a un intérêt
direct au succès de cette nouvelle place ouverte au Panama ».
Effectivement, 14 diamants bruts sur 15 dans le monde sont
taillés et polis en Inde.
UN DÉPUTÉ GAGNE OFFICIELLEMENT
SON SIÈGE À PILE OU FACE
Ouverture de la 1re session de la bourse aux diamants du Panama
45 entreprises du secteur, parmi lesquelles 14 des plus importantes au monde se sont déjà installées dans les nouveaux locaux
de la PDR et vont profiter de la défiscalisation complète des
zones franches, accordée par un décret d’août 2013, pour leurs
activités de trading international des diamants et joailleries.
Les diamants seront directement acheminés depuis New-York,
Anvers, Tel Aviv, Dubaï, Smolensk, Hong Kong, ou Mumbai,
évitant aux acheteurs de faire eux-mêmes le déplacement.
Selon les prévisions d’Eli Izhakoff, président honoraire de la
Fédération mondiale des bourses aux diamants, (WFDB), basée
à Anvers, le marché actuel de la joaillerie de détail d’Amérique
latine devrait passer de 8 à 10 milliards de dollars d’ici 2017.
Selon une étude de Bain & Company publiée en février 2015,
« la production mondiale de diamants devrait croître de 3,8 %
par an en moyenne jusqu'en 2019, avant de décliner en raison
du vieillissement des mines existantes et du nombre limité de
nouveaux projets en préparation ». En revanche, la demande
continuera d'augmenter à un rythme soutenu. Il pourra en
résulter une substantielle augmentation des prix. \
Juge John Douglas (2 e en partant de la droite)
Cela se passe sur l’Île-du-Prince-Édouard, la plus petite
province du Canada, située à égale distance de Montréal
et Saint-Pierre-et-Miquelon. Lors de l'élection législative
du 4 mai 2015, Alan McIsaac, candidat libéral et Mary
Ellen McInnis candidate du parti conservateur, ont obtenu
exactement le même nombre de voix. Pour résoudre un tel
cas, la loi électorale de la province prévoit de départager les
candidats à pile ou face, sans leur laisser le choix du côté de
la pièce : face pour le premier nom dans l’ordre alphabétique
et pile pour l’autre. Après un lancé parfait, exécuté par
l’honorable juge John Douglas, Chief Provincial Court Judge
à la cour de Charlottetown, c’est le côté pile qui l’emportait.
Un procédé exceptionnel ici, mais qui constituait pour la
très démocratique Athènes, le mode habituel de désignation des magistrats (bouleutes et héliastes) et permettait un
système d'alternance régulière pour les prytanes (présidents
tournants de la Boulê). \
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d’investissement ou d’une autre décision. Toute décision d’investissement doit reposer sur un conseil pertinent et spécifique.
Le traitement fiscal dépend de la situation personnelle de chaque investisseur et peut faire l’objet de modifications. Les transactions
portant sur les fonds de placement sont soumises à des lois et des dispositions fiscales dans différents ordres juridiques. L’investisseur est
personnellement responsable de se renseigner sur les lois fiscales applicables et les dispositions en vigueur et de les respecter s’agissant de
la souscription, de l’achat, de la détention, de la vente, de la restitution ou des versements résultant de fonds de placement. Les indications
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+41 (0)58 211 21 00
D o s sie r / DIAS P ORA INDIENNE
Histoire et forces
de la diaspora indienne
Elena Budnikova
étaient liés aux employeurs des colonies, certes
par des contrats (généralement de cinq ans),
mais qui présentaient des caractères serviles
encore très marqués, comme le droit accordé
aux employeurs de punir les engagés, de suspendre leurs salaires ou de leur imposer des
conditions de travail inhumaines.
ARNAUD dotézac, Directeur des rédactions
On compte aujourd’hui environ 28 millions d’Indiens de
l’étranger, vivant dans plus
de 130 pays1. Comment se fait-il
qu’il y ait tant d’Indiens disséminés de par le monde, depuis
tant de générations ?
Les trois grandes vagues
d’émigration
La première vague d’émigration de masse
des Indiens remonte en fait au 19 e siècle.
Ils ont quitté l’Inde en majeure partie pour
remplacer la main d’œuvre des esclaves tout
juste affranchis, et qui n’avaient donc plus
l’obligation de travailler. Cette permutation
à grande échelle s’est faite dans un état de
nécessité qu’on imagine pour des colons se
retrouvant du jour au lendemain sans main
d’œuvre. Les Britanniques furent les premiers
à inventer alors le système de « l’engagisme »
(« identure » en anglais), consistant à importer
des travailleurs à très bon marché, essentiellement depuis l’Inde du Nord. Les « engagés »
24
Des transferts massifs de main d’œuvre furent
ainsi organisés partout où il y avait de grandes
plantations à cultiver mais également de grands
travaux d’infrastructure à entreprendre. Par
exemple, entre 1896 et 1901, ce sont plus de
30 000 Indiens, majoritairement Sikhs, que les
Anglais recrutèrent pour construire la voie de
chemin de fer reliant, sur 970 km, la ville portuaire de Mombassa (Kenya) à la ville lacustre
(lac Victoria) de Kampala (Ouganda). Globalement, à partir de 1834, année de l’abolition
de l’esclavage dans les colonies britanniques,
au moins 6 millions de travailleurs indiens
furent déplacés, dont 4,5 millions en Birmanie,
en Malaisie et à Ceylan, 450 000 autres à l’Île
Maurice, 200 000 aux Caraïbes, près de 300 000
en Guyane britannique et au Suriname, 150
000 en Afrique du Sud, 60 000 aux îles Fidji, et
plus de 30 000 en Afrique de l’Est. Les Français
adopteront aussi ce système, notamment pour
l’île de la Réunion (île Bourbon à l’époque) et
les Antilles. L’engagisme fut aboli à son tour
par les Britanniques en 1922.
La deuxième grande vague migratoire fut
volontaire et toucha des Indiens qualifiés, partis
chercher du travail dans les pays développés,
dès l’indépendance de 1947. Elle s'est traduite
par la création d’une élite indienne à l’étranger,
conjuguant le bourgeonnement des réussites
locales, le plus souvent liées à la réussite d’études
poussées, et l’installation de grands patrons ou
de grandes familles ayant réussi d’abord en Inde.
1)Source : Ashook Ramsaran,
Président de GOPIO International (2013)
D o s sie r / DIAS P ORA INDIENNE
un lien de parenté ininterrompu avec un citoyen indien, sur au plus
quatre générations, et à la condition qu’ils ne soient ni Pakistanais ni
Bengalais, alors ils peuvent bénéficier aujourd’hui du statut de Citoyen
indien d’outre-mer (OCI, Overseas Citizen of India) qui remplace et
améliore, depuis janvier 2015, celui de PIO (Person of Indian Origin).
Même si la double nationalité à part entière n’est toujours pas admise
par l’Inde, la carte d’OCI ressemble à s’y méprendre à un passeport qui
donne à son titulaire tous les droits d’un citoyen en termes de libre
circulation, d’établissement, d’investissement ou encore d’éducation.
Les seules restrictions touchent au droit de vote, à l’accès à la fonction
publique ou au droit de posséder des terres agricoles.
Mais la situation des PIO n’a pas toujours été si simple. Dès l’Indépendance, Nehru a opté pour la dissociation de ces descendants d’émigrés
d’avec la mère patrie, en phase avec ses positions tiers-mondistes bien
connues et qui lui interdisaient d’empiéter d’aucune manière sur la
souveraineté des pays d’installation. Il était en outre persuadé que la
nouvelle identité indienne ne pouvait émerger qu’à l’intérieur du territoire et de l’État indien, qui venaient de se former. Il ne se sentait de toute
façon pas assez fort économiquement pour prendre la responsabilité
des millions d’Indiens d’outre-mer pauvres ou illettrés, ni ne voulait
soutenir ceux qui avaient réussi, en exploitant ces derniers, pensait-il.
carte OCI
En parallèle, les besoins croissants des pays
producteurs de pétrole de la péninsule arabique renouèrent avec une certaine forme
d’engagisme moderne, en attirant à eux des
millions de travailleurs indiens mais aussi
népalais, pakistanais, ou indonésiens. Les
employeurs avancent généralement le prix du
voyage et les frais de visa de ces migrants, que
ces derniers doivent ensuite leur rembourser
à des conditions usuraires, absorbant des mois
voire parfois des années de salaire sur place,
sans compter la confiscation de leur passeport
à l’arrivée par leur « sponsor », le kafil, le tout
sans aucune protection sociale ni légale, tout
en étant exposé au risque permanent de se
faire renvoyer sine die au pays. Quelle est la
relation de l’Inde avec sa diaspora ? Comment
a-t-elle évolué au fil du temps ?
Cette politique de déresponsabilisation de l’Inde fut poursuivie par
sa fille Indira Gandhi mais l’expulsion de dizaines de milliers de PIO
du Kenya, puis d’Ouganda dans les années 1970 marqua un tournant
dans la politique indienne. En 1962, près de 180 000 PIO résidaient au
Kenya. Dès le lendemain de l’indépendance en 1963, le Kenya commença
à décréter des lois discriminantes à l’encontre de tous les Indiens qui
avaient opté pour la citoyenneté britannique d’outre-mer au lieu de
la kényane à ce moment. Le gouvernement kényan commença par les
expulser de la fonction publique. Puis il décida d’instaurer la préférence
nationale pour l’emploi, interdisant de facto d’embaucher des PIO. En
1967, c’est au tour des activités commerciales d’être interdites, avec
effet au 1er janvier 1969.
Le statut de la diaspora indienne
Les Indiens des premières vagues d’émigration
qui finirent par s’établir à l’étranger furent,
pour la plupart, poussés à adopter la nationalité de leur pays d’installation par des leaders
indiens rétifs à les prendre en charge. Leurs
descendants ont aujourd’hui un lien statutaire
reconnu avec l’Inde. S’ils peuvent prouver
famille indienne d’Ouganda
25
D o s sie r / DIAS P ORA INDIENNE
Ces décisions eurent évidemment pour conséquence de provoquer un exode
massif. Environ 40 000 personnes purent émigrer au Royaume-Uni, avant que le
gouvernement travailliste de Londres n’imposa des restrictions sévères en 1969.
Le 4 août 1972, c’est au tour d’Idi Amin Dada, le tristement célèbre dictateur
d’Ouganda, d’informer les PIO de son pays qu’Allah lui avait commandé en rêve
de tous les expulser, soit près de 50 000 personnes, parmi lesquelles de nombreux
PIO qui venaient de quitter le Kenya, en y espérant des jours meilleurs. Il leur
donna 90 jours pour partir, au cours desquels de nombreuses persécutions furent
commises. Le gouvernement conservateur d’Edward Heath accueillit près de
25 000 d’entre eux mais l’Inde seulement 4500. Quelques milliers d’autres se
répartirent au Canada, aux États-Unis et quelques pays africains limitrophes.
Mais au moins 20 000 PIO ne purent jamais être décomptés.
La réouverture aux Indiens d’outre-mer
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Cette situation eut plusieurs conséquences importantes. En premier lieu,
le gouvernement d’Indira Gandhi en
place depuis 1966 réalisa que le soutien
de l’Inde aux mouvements de libération
africains n’était pas payé en retour à
l’égard des Indiens d’origine. Ensuite,
les Indiens réalisèrent que leur potentiel
de solidarité avec leurs cousins d’outremer était intact, en particulier face à
l’opposition puis aux hésitations d’Indira Gandhi de les accueillir, au moins
comme réfugiés. C’est de là qu’est parti
le retour de l’engagement des gouvernements indiens successifs en faveur
de la diaspora. Mais cela ne se fit pas
en un jour. Il fallait aussi surmonter le
mépris que la politique nehruvienne
avait instillé également à l’égard des
expatriés volontaires de nationalité
indienne, les NRI (Non Resident Indians). Souvent brocardés par leurs
compatriotes comme « Non Required
Indians » (Indiens non requis), voire
comme « Non Reliable Indians » (Indiens non fiables), ils firent au contraire
la preuve de leur succès dans de nombreux domaines à l’étranger au point
de devenir des « minorités modèles »
dans certains d’entre eux comme les
États-Unis ou le Canada.
C’est Rajiv Gandhi qui, dans les années
1980, va vraiment prendre conscience
de l’intérêt des NRI/PIO pour l’Inde,
en ne le considérant plus comme une
élite en fuite mais comme une « banque
de cerveaux » selon ses propres termes2.
En 1986, il crée un premier service au
sein du ministère de l’industrie afin
de faciliter les procédures d’investissements des Indiens d’outre-mer et fait
entrer Sam Pitroda dans son gouvernement, un NRI qui va permettre à l’Inde
de développer ses propres solutions de
télécommunication et réduire fortement sa dépendance aux technologies
étrangères. Mais c’est finalement le
parti nationaliste BJP qui mettra en
place les structures d’une réelle politique en faveur des échanges avec la
diaspora, à partir de 1997, un demisiècle après l’Indépendance.
26
D o s sie r / DIAS P ORA INDIENNE
En 2000 Atal Bihari Vajpayee crée
la Haute commission de la Diaspora
indienne, dont il confie la présidence
à Laxmi Mall Singhvi, père du nouveau Soft Power indien. Ce dernier
ouvrira six axes de réformes qui seront
tous mis en œuvre, notamment sous
la responsabilité d’un secrétariat puis
d’un plein ministère des Affaires
indiennes d’outre-mer, depuis 20043 :
2)Discours du 29 août 1985 à la conférence des ministres de l’éducation
des Etats et de l’Union, in Selected Speeches and Writings, Rajiv Gandhi,
ministère de l’information. New Delhi, 1987.
3)Portefeuille confié à Madame Sushma Swaraj dans l’actuel gouvernement
Modi, qui est également ministre des affaires étrangères.
- Aide à l’investissement et aux transferts de technologies et de connaissances de la diaspora vers l’Inde,
… mais des échantillons
le sont encore plus.
- Création d’institutions destinées à
renforcer les liens culturels avec l’Inde,
- Protection active de la diaspora, notamment contre les discriminations,
- Promotion de la diaspora comme
ambassadrice de l’Inde,
- Reconnaissance de la contribution de
la diaspora à l’histoire indienne,
- Création de la citoyenneté d’outre-mer.
C’est à LM Singhvi que la diaspora
doit la création dès 2003 du très important « Pravasi Bharatiya Divas »
(Jour des Indiens d’outre-mer), organisé directement par le ministère des
affaires étrangères indien et qui se
tient tous les 9 janvier depuis lors, en
mémoire de la date du retour définitif
du Mahatma Gandhi depuis l’Afrique
du Sud, en 1915. Il réunit plusieurs
centaines de délégués triés sur le volet
et décerne chaque année le « Pravasi
Bharatiya Samman » (Prix des Indiens
de l’étranger), considéré comme la
plus haute distinction en faveur des
Indiens d’outre-mer.
Le ministère des Affaires indiennes
d’outre-mer a créé toute une série
d’ONG, afin de donner corps et cohérence à la politique de soft power
indienne, parmi lesquelles l’Overseas
Indian Facilitation Centre (OIFC), qui
assiste et forme les indiens d’outre-
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27
D o s sie r / DIAS P ORA INDIENNE
Narendra Modi, Premier ministre Indien, s’adressant à ses compatriotes, lors de sa première visite aux Etats-Unis, en septembre 2014.
mer dans leurs investissements, l’India Development Foundation of
Overseas Indians (IDF-OI) qui soutient gratuitement les projets philanthropiques privés et publics vers l’Inde4.
Selon Joydeep Mukherji, directeur chez Standard & Poor's, la communauté indienne d’outre-mer génèrerait chaque année entre $300
à $500 milliards de richesses, au sein de l’économie mondiale. Une
manne dont on comprend que le Premier ministre Narendra Modi
veuille faire profiter son pays au maximum. Mais avec la promesse
d’un soutien indéfectible de la mère patrie en retour, qu’il exprima
solennellement lors de sa première visite officielle aux États-Unis le
28 septembre 2014 devant 20 000 NRI et PIO venus l’applaudir : « I
assure you, I will never do anything to let you down ». \
4)L’IDF-OI est missionnée depuis mai 2015, par le gouverne ment Modi, pour contribuer également aux grands projets
de dépollution du Gange (Namami Gange), ainsi qu’aux
grandes opérations pour une Inde propre (Swachh Bharat)
et des écoles propres (Swachh Vidyalaya).
28
D o s sie r / DIAS P ORA INDIENNE
Google,
une entreprise indienne ?
Google a pour la première fois publié une statistique sur les origines ethniques
de ses employés en 2014, pour les seuls États-Unis : 30 % sont Asiatiques, ce qui
inclut les Indiens d’origine, dont la proportion exacte n’est pas donnée. Même si
ces derniers représentent une part significative, elle est loin d’être majoritaire.
Donc non, Google n’est pas une entreprise indienne. Mais aurait-elle existé telle
qu’elle est, sans les Indiens ? Sans doute pas.
Radhika Malpani
Kavitark Ram Shriram
Google, diversité des origines aux USA (2014)
Comme le rappelle le Dr. Jogishwar Singh (page 35 dans ce numéro), le premier
Indien à avoir significativement contribué à la conception et au lancement de
Google1 fut Rajeev Motwani, l’un des professeurs de Lawrence Page et Sergey Brin
à Stanford2. C’était en 1996, lorsque le moteur de recherche n’était qu’un prototype
qui s’appelait encore « Backrub ». Le Pr. Motwani aura notamment aidé Larry et
Sergey à développer leur système original de classement des résultats PageRank.
Le 15 septembre 1997, Larry et Sergey déposèrent « google » comme nom
de domaine, qui était toujours hébergé dans leur laboratoire de Stanford à
l’adresse http ://google.stanford.edu/. Le moteur pouvait extraire ses réponses
de la « Stanford WebBase » qui avait indexé le nombre record de 24 millions
de pages3. Le second Indien à intervenir dans l’aventure Google fut Kavitark
Ram Shriram4. Il venait de vendre son site d’achat en ligne junglee.com à Jeff
Bezos (Amazon) en août et décida de réinvestir immédiatement $250 000 dans
Google Inc, le 4 septembre 1998, jour de son enregistrement. C’est d’ailleurs lui
qui amena Jeff Bezos comme 4e investisseur dans Google deux mois plus tard.
K. Ram Shriram est toujours membre du conseil d’administration de Google
avec une fortune personnelle que Forbes estime en 2015 à $1,86 milliards.
30
1)Le mot Google est une déformation du néo logisme mathématique « googol » qui désigne
la grandeur 10100
2)Né en 1962 à Jammu, en Inde, Rajeev Motwani
était titulaire d’une licence en informatique
de l'Institut indien de technologie de Kanpur,
et d’un doctorat de l'Université de Berkeley. Il
meurt accidentellement, noyé dans sa piscine,
en septembre 2009. Il était membre du conseil
scientifique de Google depuis sa création.
3)En 2008, l’index google atteignait
1 000 milliards de pages.
4)Né en 1957 à Madras (Inde), K. Ram Shriram
est licencié en mathématiques de l’Université
de Madras. Il est membre du conseil d'admi nistration de l'Université de Stanford
à qui, lui et sa femme, ont fait don
de $61 millions, destinés au Shriram Center
for Bioengineering & Chemical Engineering.
D o s sie r / DIAS P ORA INDIENNE
Plusieurs Indiens sont recrutés dès l’origine. En 1998, Amit
Patel est le premier d’entre eux et 7e employé historique
de Google et jouera un rôle clé dans le développement de
Google trends5. Il est suivi par Krishna Bharat6 qui créera
Google News dès le lendemain des attentats du 11 septembre,
afin de se maintenir au courant. Mis en production dès
septembre 2002, il n’aura fallu qu’un an pour qu’un tel
projet passe du stade d’idée à sa mise sur le marché.
Entré chez Google en 1999, il y attire son ami Ben Gomes7
qu’il a connu sur les bancs de l’école, à Bangalore. Ce dernier
entre ainsi chez Google durant la même semaine 1999
et devient le 46 e employé de Google. Aujourd’hui viceprésident de l’ingénierie, il est surnommé le « diplomate »
pour sa discrétion et sa capacité à créer des ponts entre
les personnes. Bien qu’il soit peu connu du grand public,
on le surnomme aussi le « Tsar de la recherche ». C’est à
lui qu’on doit notamment les suggestions automatiques
et contextuelles que les utilisateurs obtiennent quand ils
commencent à taper une requête, ainsi que l’apparition
des quelques lignes de texte et de liens en introduction des
résultats collectés, les fameux snippet (« extraits »).
1999 voit aussi l’arrivée d’un autre ingénieur indien essentiel
pour l’avenir de Google : Sanjay Ghemawat8. C’est son travail, en tandem avec Jeff Dean, sur la répartition logicielle
de la montée en charge de Google (MapReduce et Google
File System), qui a ouvert la voie à l’ère du Cloud computing, ce qui leur a notamment valu le prix de Computing
Sciences 2012 de la fondation ACM-Infosys. Krishna Bharat
convainc également Amit Singhal9 de rejoindre la startup en 2000. Ce dernier deviendra patron du département
Search Quality, avec la charge d’un dossier stratégique : celui
de l’amélioration constante des algorithmes de recherche
du moteur Google search, afin d’obtenir une information
toujours plus pertinente dès le premier rang. Il ne fera rien
de moins que réécrire intégralement le code du moteur
de Google en 2001, notamment en raison de la montée en
charge vertigineuse des requêtes. Il est aujourd’hui viceprésident de Google.
Amit Patel, premier ingénieur indien recruté par Google, à gauche sur la photo.
Krishna Bharat
Ben Gomès.
5)Outil permettant de connaître les principales tendances parmi
les millions de recherches effectuées chaque jour selon les pays,
les langues, les sujets, les personnalités, etc.
6)Né le 7 janvier 1970, à Bangalore, licence en technologie IIT Madras (1991),
doctorat en Computer Science du Georgia Institute of Technologie (1996).
7)Né à Dar-es-salaam (Tanzanie) de parents originaires de Goa, il a grandi
à Bangalore, licence de la Case Western University (Ohio), doctorat
de l’International Computer Science Institute de Berkeley (1996).
8)Originaire du Rajastan,
Amitabh Kumar Singhal
9)Amitabh Kumar Singhal, est né en 1969 à Jhansi (Uttar Pradesh, Inde),
titulaire d’une licence en Computer science de l’IIT de Roorkee (1989),
d’un Master en sciences de l’université du Minesota (1991), d’un doctorat
en Information retrieval de l’université de Cornell (1996).
31
D o s sie r / DIAS P ORA INDIENNE
Radhika Malpani
Sanjeev Singh
Sukhinder Singh Cassidy
Narayan Shiva Shivakumar
Gokul Rajaram
Sridhar Ramaswamy
Le passage du millénaire accueille symboliquement la première Indienne dans les équipes d’ingénieurs de haut niveau
de Google. Radhika Malpani, formée au Victoria Jubilee
Technical Institute de Mumbai (Inde), se spécialisera dans
l’imagerie après le rachat de Picasa par Google en 2004 et
prendra la tête de Google image search.
Shiva Shivakumar jouera un rôle décisif dans la mise
en œuvre de AdSense avec Gokul Rajaram12 un autre
Indien arrivé en 2002 et qui prendra la direction du projet.
AdSense, c’est la régie publicitaire de Google qui permet
de vendre du trafic en commun avec un détenteur de site
web ou de chaine Youtube, alors que AdWords permet d’en
acheter. On rappellera que ce système repose sur le fait que
les annonceurs paient pour le clic de l'internaute sur leur
publicité selon un système d'enchère et de qualité : plus
l'annonce est pertinente pour l'utilisateur (en rapport avec
les mots-clés choisis), plus le prix au clic est bas et l'annonce
mise en évidence. Au final, le prix unitaire du clic pour
une annonce donnée, est fonction à la fois de l'offre de
trafic (AdSense) et de la demande de trafic (AdWords).
Il faudra attendre 2003 pour que Google recrute une autre
femme d’importance, en la personne de Sukhinder Singh
Cassidy10. Considérée comme une « serial entrepreneur », elle
est d’origine Sikh. Nommée à son arrivée comme première
directrice générale de Google Local & Maps, son succès
décide les patrons de Google à lui confier tout le développement des régions Asie-Pacifique et Amérique Latine.
Elle ouvrira 18 bureaux dans 11 pays différents, offrant les
services de Google à plus de 103 nouveaux pays. En octobre
2008, Fortune magazine la classe parmi les 50 femmes les
plus influentes du monde.
Mais tous ces développements n’auraient sans doute pas
atteint un tel degré d’efficacité sans Sridhar Ramaswamy13.
Recruté en 2003, il va gérer ce qu’on appelle le « backwater »,
c’est-à-dire le groupe en charge de tous les algorithmes
qui vont garantir la maximisation des revenus publicitaires de Google par l’achat de mots-clés. Il est aujourd’hui
Senior Vice President, Ads and Commerce. Shivakumar
Venkataraman, l’un de ses fidèles, entré la même année
que lui chez Google, occupe aujourd’hui la fonction de
vice-président de l’ingénierie pour AdWords.
Entre temps, la présence d’Indien dans des fonctions stratégiques
s’est renforcée. En 2001 sont notamment arrivés Sanjeev Singh11
et Narayanan (“Shiva”) Shivakumar. Le premier jouera un
rôle déterminant dans la développement concret du système
Gmail, entamé depuis quelques semaines par Paul Buchheit,
et qui va révolutionner l’univers de la messagerie électronique.
32
D o s sie r / DIAS P ORA INDIENNE
2004 sera l’année de l’arrivée de deux poids lourds de
Google : Sundar Pichai14 et Nikesh Arora15. Le premier est
considéré aujourd’hui comme le numéro 2 de l’entreprise de
Mountain View. Surnommé le « tsar des produits Google »
par Forbes, il a presque tout Google entre les mains : search,
maps, commerce, social, advertising products, mobile
phone, et infrastructure. Il ne lui manque que youtube,
Nest et Calico (application santé). Courtisé par Tweeter en
2011, Google aurait déboursé $50 millions pour le garder.
Nikesh Arora atteindra le poste de Senior Vice President
et Chief Business Officer, faisant de lui le second cadre
le mieux payé de Google avec un salaire d’environ $50
millions en 2012. Il ne pouvait grimper plus haut, alors
il décida de quitter Google en juillet 2014, pour rejoindre
les plus hautes fonctions au sein de Softbank.
Google en quelques chiffres :
– Capitalisation boursière au 25 mars 2015 :
393,09 milliards de $
– Chiffre d’affaires 2014 :
66 milliards de $ (+ 19 % vs 2013)
– Résultat net 2014 :
14,44 milliards de $ (+ 12 % vs 2013)
– Effectifs (Q4 2014) :
53 600 personnes
directrice en charge du Product Management qui a mis au
point les plateformes permettant d’optimiser les paiements
des annonceurs ; Rishi Chandra, en charge notamment
des plateformes Google TV et chromecast ; Vivek (Vic)
Gundotra, père de Google+, dont la fortune personnelle est
évaluée à plus de $30 millions et qui a aussi quitté Google
en 2014 ; Neal Mohan, aujourd’hui Vice President, Display
Advertising Products, également courtisé par Tweeter et
qui aurait reçu le double de Sundar Pichai pour rester
chez Google ; Sameer Samat, aujourd’hui Vice President,
Product Management, en charge des ventes en ligne ; etc.
De 2004 à 2008, les embauches d’ingénieurs indiens de haut
niveau vont continuer : Rajen Sheth, aujourd’hui directeur de « Google at work » et qui fut la cheville ouvrière
de la concurrence féroce avec Microsoft sur les marchés
des applications dédiés aux entreprises ; Ramanathan V.
Guha, qui compte à son actif pas loin de 50 brevets liés
à l’amélioration du moteur de recherche ; Shailesh Rao,
homme clé de Google map et Google earth ; Anjali Joshi,
aujourd’hui VP, Product Management ; Gayathri Rajan,
L’intérêt de Google pour l’Inde ne tarit pas. La firme vient
d’annoncer qu’elle va justement construire, à Hyderabad,
son plus grand campus hors des États-Unis, qui emploiera
13 000 personnes. La livraison des 20 000 mètres carrés
de bâtiments prévus, pour un budget de CHF150 millions
(10 milliards de roupies), devrait être inaugurée en 2019. \
10)Née en 1979 à Dar-es-Salaam (Tanzanie), elle est diplômée de l’université
de Western Ontario et titulaire d’HBA (Honours Business
Administration) de la Richard Ivey School of Administration (Ontario,
Canada).
Nikesh Arora
11)Né en 1973, Sanjeev Singh a grandi à Singapour, il est titulaire d’une
licence en Computer Science de Stanford (1996).
12)Né en 1965, il est titulaire d’une licence de l’Indian Institute of
Technology, Kanpur, d’un Master de l’université du Texas et d’un MBA
de la Sloan School of Management (MIT)
13)Né en 1967 à Tiruchirapally (Tamil Nadu-Inde), licencié en computer
sciences (CS) de l’IIT de Madras en 1989 et docteur en CS de l’université de
Brown (Providence, Rhode Island) en 1994.
14)Né en 1972 à Chennai (Inde), il est diplômé d’ingénierie de l’IIT
Kharagpur, titulaire d’un MS de Stanford et d’un MBA de Wharton.
Sundar Pichai
15)Né en 1968 à Ghaziabad, près de New Delhi (Inde), il a fait son école à l’Air
Force School de Delhi, son père étant officier de l’armée de l’air. Il est
diplômé en ingénierie de l’Indian Institute of Technology (BHU) Varanasi
et de Boston College, titulaire d’un MBA de Northeastern University. Il est
également certifié Chartered Finacial Analyst
33
d o s sie r DIAS P ORA INDIENNE / INVITé
un regard sikh
sur la diaspora
indienne
Entretien avec Dr Jogishwar Singh
Dr Jogishwar Singh
Elena Budnikova
Le Dr Jogishwar Singh n’est décidément pas un homme
ordinaire. Le seul et premier Sikh à occuper de hautes
responsabilités au sein du groupe Edmond de Rothschild à
Genève, est bien reconnaissable à son très distingué turban
coloré, toujours parfaitement assorti à ses cravates et connu
pour son aménité déjà légendaire dans la cité de Calvin. Le
Dr Singh est né en 1951 à Khanna, au cœur d’un Pendjab
qui venait d’être déchiré dans les violences de la partition
de l’Inde et du Pakistan. Première épreuve, sa famille qui
était établie dans ce qui allait devenir territoire pakistanais,
dut tout quitter du jour au lendemain, comme plus de 12
autres millions d’Indiens, et repartir de rien, grâce à cette
résilience typique de l’âme sikhe. En Inde, Jogishwar Singh
commença une brillante carrière dans la haute fonction
publique, après avoir réussi le concours hyper-sélectif de
l’IAS (Indian Administrative Service), équivalent de l’ENA,
dont le taux d’admission se situe entre seulement 0,1 et 0,3 %
des candidats finaux, ainsi que l’admission au service des
officiers fédéraux de police de l’Inde (IPS). Mais un nouvel
exode s’annonce. En 1984 Indira Gandhi donne l’ordre à
ses blindés et ses commandos parachutistes d’attaquer le
Temple d’or d’Amritsar, le saint des saints des Sikhs, afin
d’étouffer dans l’œuf certaines velléités séparatistes. C’est
la tristement célèbre opération « Blue Star » qui fit des centaines de morts civils et qui, en retour, coûta la vie à Indira
Gandhi, assassinée par ses gardes du corps sikhs. Elle ouvrira
ensuite la porte à des mois de pogroms anti-Sikhs à travers
tout le pays, faisant entre 10 000 et 20 000 morts1. C’est ce
contexte qui décidera Jogishwar Singh à quitter l’Inde avec
son épouse vaudoise, et à venir s’installer en Suisse. Et la
résilience fonctionnera. Après plusieurs années difficiles,
mais fort tout de même d’un master en physique et d’un
autre en histoire de l’université du Pendjab, d’un DESS de
la Sorbonne et d’un doctorat de l’université d’Heidelberg,
fort aussi des neuf langues qu’il sait parler, il réussira une
brillante carrière dans la banque privée. Il a bien voulu
partager avec nous quelques points saillants qui nous permettront de mieux comprendre cette diaspora indienne en
générale et sikhe en particulier.
1)En avril 2015, le parlement de Californie
a qualifié officiellement ces événements
de « génocide ».
35
d o s sie r DIAS P ORA INDIENNE / INVITé
Comment se répartit la diaspora indienne dans les grands
pays occidentaux et quelle y est la place des Sikhs ?
en 1995, le plus jeune médecin du monde, en obtenant son
doctorat aux États-Unis à l’âge de seulement 17 ans ! S’agissant
des ingénieurs, je signalerai qu’une proportion significative
des plus hauts postes de la NASA est détenue par des Indiens
d’origine. Certains ont fait parler d’eux, comme le Dr. Amitabha Ghosh, seul membre asiatique de la mission NASA
Mars Pathfinder ou l’astronaute Kalpana Chawla qui périt
tragiquement dans la navette spatiale Columbia en 2003.
Je classerai la diaspora en fonction des grands secteurs d’activités où on la retrouve dans ces pays, en commençant par les
États-Unis. Les Venture capitalists y sont bien entendu très
présents, principalement dans la Silicon Valley. Une de leurs
figures emblématiques est Kanwal Rekhi, le premier IndoAméricain à avoir fait entrer une société de capital-risque
au NASDAQ. Vinod Khosla est également célèbre pour avoir
fondé Sun microsystems en 1979, avant de créer son propre
fonds d’investissement (Khosla ventures). Pour la petite
histoire, en 1999, il avait déjà compris le potentiel de Google
et incita Excite, dont il était actionnaire, à racheter cette
start-up, qui n’était à vendre que pour $750 000 à l’époque.
Mais le CEO d’Excite, Georges Bell, refusa fermement cette
opération, ce qui fit la fortune des fondateurs de Google.
Dans une quatrième catégorie, j’inclurai à présent les hauts
fonctionnaires et les politiques. Parmi les premiers, comment ne pas penser à Preet Bharara, de père sikh, qui est
le procureur des États-Unis pour le quartier de Wall street,
avec notamment l’affaire Madoff à son actif. En Angleterre,
on peut citer Sir Rabinder Singh, qui est le premier Sikh à
avoir été nommé juge à la Haute Cour de justice du Banc de
la Reine, et qui maintient le port du turban, plutôt que celui
de la perruque traditionnelle.
Google , u n s uccè s décidé me n t
t rè s lié à l’Inde
Mais c’est sans doute au Canada qu’on trouve la plus forte
représentation de la communauté sikh dans le monde politique. Ce n’est pas un hasard dans la mesure où ils furent
les premiers immigrants indiens arrivés au Canada dans la
dernière décennie du 19e siècle, installés principalement en
Colombie-Britannique. Ujjal Singh Dosanjh fut le premier
Premier ministre de cette province de la côte Nord-Pacifique,
en poste à partir de février 2000 et ancien ministre fédéral de
la santé. Aux dernières élections de 2011, huit des neuf députés
de Colombie-Britannique élus au Parlement fédéral canadien
étaient Sikhs, dont deux femmes : Jinny Sims (originellement
Joginder Kaur) et Nina Grewal. Le gouvernement fédéral
actuel compte également un Sikh, Tim Uppal, au poste de
ministre d’État en charge du multiculturalisme.
Parmi les investisseurs de la Silicon Valley, il existe aussi
des universitaires qui accompagnent leurs étudiants dans la
création de leur start-up et peuvent en devenir actionnaires.
Ce fut le cas du regretté Pr. Rajeev Motwani, mort prématurément à 47 ans (en 2009) dont deux de ses élèves de Stanford
n’étaient autres que Larry Page et Sergey Brin, fondateurs
de Google, et dont le succès est décidément très lié à l’Inde
(voir encadré : Google, une entreprise indienne ?). En fait, les
Indiens ont très tôt contribué au succès de la Silicon Valley et
s’y sont créés une aura très positive. Rien d’étonnant à ce qu’on
les retrouve ensuite au sommet de la hiérarchie de quelquesunes des plus grandes entreprises High Tech. Ce qui nous
conduit à une seconde grande catégorie de la diaspora, celle
des CEO de grands groupes, natifs d’Inde, comme Anshu Jain,
co-CEO de Deutsche Bank, son cousin Ajit Jain, président de
Berkshire Hathway Insurance et dauphin de Warren Buffet,
ou encore Ajay Banga, président et CEO de Mastercard, qui
est Sikh, ainsi que Madame Indra Nooyi présidente et CEO
de PepsiCo, Satya Nadella, directeur général de Microsoft,
Rajeev Suri, CEO de Nokia, et bien d’autres.
Les États-Unis comptent aussi des élus indiens comme
Bobby Jindal, qui est le premier Indien d’origine à avoir
été élu au poste de gouverneur d’un État américain, en
l’occurrence la Louisiane. Il est par ailleurs pressenti
pour une candidature Républicaine aux primaires de la
présidentielle 2016. Nikki Haley, née Nimrata Randhawa,
d’origine sikhe, est quant à elle gouverneur de Caroline
du Sud depuis 2011.
En Europe, en revanche, c’est plus une immigration de
« service » qui a eu lieu et qui a nourri une importante représentation ouvrière au sein de la diaspora, principalement au
Royaume-Uni. Néanmoins, aujourd’hui, les 430 000 Sikhs
du Royaume-Uni (recensement 2011) sont représentés dans
toutes les professions et principalement dans les services
(management, consulting, IT, professions libérales). Côté
business, des Ultra High Net Worth Individuals comme
Lakshmi Mittal ou les frères Hinduja, sont installés en
partie à Londres. Côté politique enfin, les Indiens les plus
Une troisième catégorie est constituée de la très vaste couche
des professions libérales, en particulier les médecins, ainsi
que les ingénieurs. Leur revenu moyen annuel est un indicateur intéressant de leur efficience, puisqu’aux États-Unis
il est presque deux fois supérieur à la moyenne (90 000$/an
contre 50 000$). Parmi les médecins célèbres on connaît bien
sûr le Dr. Deepak Chopra, endocrinologue et défenseur des
médecines alternatives. En revanche, le nom du Dr. Balamurali Ambati ne vous dira pas grand-chose. Il fut pourtant,
36
Créée en 2010 à Lausanne, la Fondation Race for Water
Race for Water collabore avec des organismes tels que
a pour mission de préserver la ressource la plus précieuse
l’UNESCO, l’UNEP, l’UICN, le WWF et la WBCSD.
de notre planète : l’eau. Reconnue d’utilité publique, l’orga-
En 2015, la Fondation organise la « Race for Water Odyssey ».
nisation s’emploie à mettre en place des actions concrètes
Son objectif : dresser un premier état des lieux global de la
et durables articulées autour de deux thématiques essen-
pollution des océans par les plastiques et mettre en exergue
tielles : la protection des océans et celle de l’eau douce.
les conséquences dramatiques de cette problématique
Race for Water initie des projets qui ont pour objectif
pour l’écosystème et les populations. Par la suite, Race for
la sensibilisation et des actions concrètes sur le terrain.
Water ambitionne d’exploiter ces résultats pour développer
Ces actions s’adressent à quatre audiences-cibles :
des solutions innovantes et viables permettant de secourir
les acteurs économiques, les instances politiques, la
les océans.
communauté scientifique ainsi que le grand public, avec
une attention particulière portée aux générations futures.
raceforwater.org
Avec le soutien de PIGUET GALLAND
d o s sie r DIAS P ORA INDIENNE / INVITé
La répartition de la diaspora indienne dans le monde
Quelle est la place de la communauté sikhe dans l’histoire indienne ?
connus sont Paul Uppal, qui vient de perdre son siège de
député conservateur aux dernières élections de mai 2015,
et Indarjit Singh, Baron Singh of Wimbledon, premier
Sikh nommé à la chambre des Lords en 2011, et premier
lord également à porter le turban2.
Notre religion est d’histoire relativement récente puisqu’elle
a été fondée au XVe siècle. Il s’agit d’un monothéisme dont
les enseignements spirituels des dix gurus fondateurs, ont
été recueillis dans notre livre saint le « Sri Guru Granth
Sahib ». Il fut édité en 1604, du vivant de l’un des fondateurs.
Une première dans l’histoire des monothéismes.
Be auc o up d ’e n t re pre ne ur s
indie n s de s É tat s - U nis e t d ’E urope
re vie n ne n t e n Inde
La communauté sikhe est en outre marquée par sa présence territoriale concentrée au nord de l’Inde, dans ce
qui est aujourd’hui le Pendjab indien et dont le lieu saint
est le célèbre Temple d’or, le Gurdwârâ - Darbar Sahib, à
Amritsar, que nous avons déjà évoqué. Malgré le fait que
la religion sikhe se classe cinquième du monde en termes
de nombre de fidèles, je pense que son contenu, autant
que le fonctionnement de notre communauté, sont encore
beaucoup trop méconnus et que notre poids économique
est trop faible. C’est pourquoi je conseille toujours aux
jeunes Sikhs d’être beaucoup plus présents dans le secteur
des médias et celui de la finance.
Quelle est la contribution de la diaspora vers l’Inde ?
Un phénomène complètement nouveau se confirme depuis 3
ou 4 ans : beaucoup d’entrepreneurs indiens des États-Unis et
d’Europe reviennent en Inde. C’est ce qu’on appelle le « Reverse
Brain Drain ». On a d’abord vu des universitaires refuser des
postes aux États-Unis pour contribuer à la formation en Inde.
Puis, on a assisté à un mouvement massif d’entrepreneurs,
qui se traduit par la création de quantité d’entreprises3. Et les
liens vont se renforcer avec la croissance de l’investissement.
Pour en donner un simple aperçu, durant les 10 dernières
années, le Sensex, l’indice de la bourse de Mumbai, a augmenté
de 310 %, tandis que le Dow Jones n’augmentait, pendant la
même période, que d’un timide 62 %.
Socialement, les Sikhs ont été et demeurent encore majoritairement des agriculteurs, qui ont fait du Pendjab le grenier
de l’Inde. Avec seulement 2,5 % des terres cultivables du pays,
38
d o s sie r DIAS P ORA INDIENNE / INVITé
Pourquoi cette importante proportion de soldats ?
cet État produit 20 % du blé et 11 % du riz de tout le pays. Il
contribue aussi dans des proportions massives aux réserves
subventionnées par l’Etat qui sont redistribuées aux plus
pauvres : de 38 à 75 % pour le blé et de 25 à 50 % pour le riz, selon
Le peuple sikh a subi une vague d’extermination pendant
l’ère moghole durant laquelle 70 % de sa population a péri
pour avoir refusé de se convertir à l’Islam. Les gouverneurs
afghans du Pendjab Zakraya Khan (1726-1746), Yahya Khan
(1746-47) et Muin-ul-Malk (1748-53), sont restés dans les
mémoires, notamment pour leurs intenses campagnes
de décapitation des Sikhs. Tout guerrier musulman qui
ramenait la tête d’un Sikh était récompensé de 10 à 50
roupies. En 1762, ce que nous appelons « le Grand massacre »
(Vadda Ghallughara) élimina d’un coup près de 50 % de la
population sikhe, déjà méthodiquement décimée depuis
une trentaine d’années.
Ce s o n t le s Sik hs
qui fo n t t o ur ne r le s ind u s t rie s
d u Parme s a n e t de
l a Mo z z arell a dé se r tée s par
le s je u ne s Italie n s
les années. Les Sikhs savent aussi exporter leur savoir-faire
agricole. On le voit en Californie par exemple où l’agriculture
de comtés entiers est exploitée par des Sikhs, comme celui de
Yuba. Plus récemment, c’est devenu le cas en Italie où plus de
10 000 des 65 000 Sikhs, dont l’arrivée remonte aux années
1980, travaillent dans le secteur agricole. À noter que ce sont
les Sikhs qui font tourner les industries du Parmesan et de la
Mozzarella, désertées par les jeunes Italiens et qui, sans eux,
auraient tout bonnement pu disparaître !
2)Le premier Indien (non Sikh) à entrer
à la Chambre des Lords fut Satyendra Prasanno
Sinha, 1er Baron Sinha de Raipur, en 1919.
Le dernier Sikh en date à avoir été est nommé
à la Chambre haute est Lord Ranbir
Singh Suri (2014).
3)En raison de récents changements de règles
en matière d'immigration, les étudiants avec
un visa F1 aux États-Unis ne peuvent plus
devenir des créateurs d’entreprises indépendants
mais seulement des salariés d’entreprises
existantes et dans le domaine de leurs études.
Les Sikhs sont également d’excellents soldats. Ils ont représenté jusqu’à 30 % des recrues de l’armée indienne, forte de
1,3 million d’hommes, et qui a elle-même été dirigée au plus
haut sommet à deux reprises par des Sikhs. Le dernier en
date était le général Bikram Singh, qui a été chef des armées
jusqu’en juillet 2014.
Kanwal Rekhi CEO d'Inventus Capital Partners
Ajit Jain, président de Berkshire Hathway
Insurance avec Warren Buffet
Anshu Jain, co-CEO de Deutsche Bank
Vinod Khosla, CEO de Khosla ventures
Ajaypal Singh Banga, président et CEO de Mastercard
Indra Nooyi présidente et CEO de PepsiCo
39
d o s sie r DIAS P ORA INDIENNE / INVITé
Satya Nadella, directeur général de Microsoft
Rajeev Suri, CEO de nokia
Fermier Sikh
Dr Jogishwar Singh Officier de l'IPS 1975
Alors les Sikhs durent se défendre et ceux qui ont survécu de
justesse étaient les meilleurs combattants. C’est l’oppression
qui a fait naître cette identité typique des guerriers sikhs4. Et
les résultats furent visibles. Déjà, en 1739, le roi perse Nadir
Shah s’inquiétait de se faire harceler par des cavaliers qui
venaient sauver leurs femmes enlevées lors de ses razzias
au Pendjab5. Un jour, il demanda à l’un de ses généraux qui
étaient ces guerriers et où vivaient-ils. Il lui répondit qu’il
s’agissait des Sikhs et que ces derniers n’avaient pour seule
Gardien Temple d'Or d'A mritsar
que collectivité et sur la base d’un principe d’absolue égalité
entre tous les humains, sans distinction. Nous pouvons bien
reconnaître le pouvoir d’un monarque ou d’un président
mais uniquement comme délégué de la communauté. Or
les conquérants musulmans imposaient une allégeance
personnelle et directe à un souverain qui ne représentait
pas la collectivité, ce qui était inacceptable. Par ailleurs,
notre religion nous enseigne des valeurs très précises. J’ai
déjà évoqué celle de l’égalité, qui s’applique entièrement
aux femmes, envers qui notre religion nous enjoint un
immense respect. Dès lors, il était impossible de les laisser
se faire enlever vers l’esclavage sans les secourir. D’autres
valeurs fondamentales concourent à cet état d’esprit comme
le devoir de défendre quiconque est agressé, l’obligation de
venir en aide aux plus faibles, sans attendre rien en retour, le
respect et la protection des droits d’autrui en général, jusqu’au
sacrifice de sa vie. Par exemple, en 1675, le neuvième Guru
des Sikhs, Tegh Bahadur sacrifia sa vie pour qu’environ
un millier d’hindous, dont de grands sages (des « pandits »)
puissent continuer de pratiquer leur religion sans avoir à
se convertir à l’Islam. Ils en avaient reçu l’ultimatum du
tristement célèbre Aurangzeb, dernier des Grands Moghols.
Le guru des Sikhs proposa le marché suivant à Aurangzeb :
« si tu me convertis, tu convertis tous les hindous. Sinon, tu
les laisses en paix ». Arrêté à Delhi, le Guru Tegh Bahadur
et ses quelques compagnons, furent atrocement torturés
pour les obliger à embrasser la foi islamique, mais sans
succès. Tegh Bahadur fut finalement décapité. C’est ainsi
que le chef d’une religion se fit tuer pour permettre aux
pratiquants d’une autre religion que la sienne de survivre,
N o u s p o u vo n s rec o n n aît re
le p o u voir d ’u n mo n arq ue
ou d ’u n pré side n t mais
u niq ue me n t c omme
délé gué de l a c ommu n au té
demeure que la selle de leurs chevaux. À quoi le souverain
perse prophétisa que les Sikhs gouverneraient alors bientôt
le pays. En 1783, le drapeau sikh flottait effectivement sur
Delhi, après les défaites cinglantes imposées à l’empereur
Moghol Shah Alam II.
Comment expliquez-vous cet esprit de résistance ?
La religion y est pour beaucoup. En effet, nous ne reconnaissons pas d’autre souveraineté que celle de Dieu. Il la délègue
certes à la communauté humaine mais seulement en tant
40
d o s sie r DIAS P ORA INDIENNE / INVITé
ce qui est un cas unique dans les annales historiques. Parmi
les autres valeurs importantes en rapport avec votre question,
figure aussi l’obligation d’être persévérant, toujours loyal et
parfaitement honnête, ainsi que de se défaire de toute peur.
croissance et parfaitement en phase avec l’ère numérique.
Mais cette jeunesse, dont les 18-35 ans représentent 65 % de
la population, est plus pressée et pressante que ses aînés. Si
elle est très réceptive aux promesses du Premier ministre
Narendra Modi, notamment sur le développement et la lutte
contre la corruption, elle attend de lui des résultats rapides.
L’époque de la patience des castes est révolue.
Quelle fut la relation des Sikhs avec l’empire britannique ?
Les choses furent assez complexes mêlant les oppositions et
les alliances. Le maharadja Ranjît Singh (1780-1839) avait
créé un immense État tampon entre les Afghans et l’Inde
(le Pakistan n’existant bien sûr pas à l’époque). Il étendait
ainsi la souveraineté sikhe sur tout le nord de l’Inde, incluant
notamment le Cachemire et mordant sur le Tibet. Lorsqu’il
vit les Anglais commencer à conquérir l’Inde par l’Est, il
comprit qu’il devait très vite moderniser son armée. Il avait
à cet égard un demi-siècle d’avance sur la prise de conscience
japonaise de l’ère Meiji. Dès 1802, il prit en compte la formation et les tactiques britanniques et commença à engager
des déserteurs de l’East India Company pour acquérir les
méthodes anglaises. C’est en 1822 que les choses prirent un
tournant plus décisif avec l’arrivée de généraux français
des armées napoléoniennes qui avaient refusé de se rendre
après la défaite de Waterloo et arrivèrent à Lahore, capitale
Plus généralement, l’Inde, dont la lingua franca reste l’anglais,
ce qui est aussi un atout fondamental, dispose aujourd’hui
de tout le savoir-faire nécessaire pour améliorer drastiquement et satisfaire les besoins du pays notamment en matière
d’hygiène et de santé, d’éducation, d’alimentation, de production et de distribution d’énergie, de services financiers
et bancaires, etc. Ce dernier domaine a su profiter autant
de la libéralisation des années 1990, que de sa maîtrise des
nouvelles technologies (online banking). Il a aussi prouvé
sa solidité durant les dernières crises. Par ailleurs, de plus
en plus de banques étrangères s’installent en Inde derrière
les pionnières que furent : Standard Chartered (depuis
1858, sous le nom de « Chartered Bank of India »), BNP
Paribas (depuis 1860, sous le nom de « Comptoir d’escompte
de Paris ») ou encore HSBC (depuis 1853, sous le nom de
« Mercantile Bank of India »), Citibank (depuis 1902, sous le
nom de « The National City Bank of New York ») JP Morgan
(depuis 1922, via son actionnariat dans « Andrew Yule and
Co. Ltd.7 »). On commence également à voir se développer la
gestion de fortune, bien que le marché soit encore modeste.
Mais en Inde, il faut avoir de la patience, miser sur le temps
long. L’Inde n’est pas le pays du bénéfice à court terme. Je
cite toujours Nestlé comme un modèle à cet égard, dont
les premiers représentants en Inde sont arrivés à Chennai
et Kolkata en 1912, c’est-à-dire il y a plus d’un siècle ! La
première usine fut construite 50 ans plus tard, à Moga, au
Pendjab, en 1961, et aujourd’hui la compagnie de Vevey
emploie directement 6000 personnes en Inde (et en fait
travailler indirectement 500 000 autres), pour un chiffre
d’affaires de CHF 1,42 milliard en 2014 et une part de l’Inde
dans son bilan de 12 à 14 %.
Je s uis e x t rê me me n t c o nfia n t
da n s l’ave nir éc o n omiq ue de l’Inde
du Pendjab (aujourd’hui au Pakistan). Il s’agissait principalement des généraux Jean-François Allard et Jean-Baptiste
Ventura, qui amenèrent les troupes sikhes au meilleur niveau
des armées européennes et leur garantirent une suprématie
militaire absolue durant tout le règne du maharadja Ranjit
Singh. Jean-François Allard est d’ailleurs enterré à Lahore
et sa mémoire est encore largement vénérée de nos jours par
tous les Sikhs. Finalement le Pendjab aura été la dernière
province annexée par les Anglais, en 1849. Mais les Anglais
comprirent qu’on ne pouvait avoir les Sikhs pour ennemis
et réussirent à les intégrer dans les rangs de leur armée. À
partir de là, les Sikhs leur furent loyaux, qu’il s’agisse de
la prise de Delhi en 1858 qui s’est faite grâce à eux, ou de
leur participation massive et trop méconnue, à la Première,
puis à la Seconde Guerre mondiale.
Après cette évocation très intéressante de l’histoire, puis-je
vous demander comment vous voyez l’avenir de l’Inde ?
Et si vous comptez y retourner vous y établir ?
Je suis extrêmement confiant dans l’avenir économique de
l’Inde. Elle dispose de très nombreux atouts avec des infrastructures qui se modernisent6, une jeunesse très bien formée,
très active et déterminée, ainsi qu’une classe moyenne en
4)Les Sikhs sont connus pour pratiquer et encore transmettre de nos jours
la tradition du Gatka, un art de combat indien remontant à plus de 600 ans
av. J.-C. et dont le premier guru fondateur des Sikhs, Guru Nanak
(1469-1539), était un expert.
5) C’est Nadir Shah qui s’empara, à Delhi, du fameux trône orné de paons,
qui fut conservé dans le trésor des shahs d’Iran, et du diamant Koh-inoor,
lequel fut toutefois récupéré par le maharaja sikh Ranjit Singh, en 1814.
6)La construction d’une autoroute de 5845 km, reliant toutes les grandes
métropoles de l’Inde, dont le chantier fut achevé en 2013, est devenue
la métaphore de la modernisation de l’Inde sous le nom de « Golden Quadri lateral », en raison de sa forme à quatre côtés, ceinturant le subcontinent.
7)Au 31 janvier 2015, on comptait 44 succursales de banques étrangères
en Inde, dont certaines gèrent des réseaux de plusieurs dizaines d’agences.
41
d o s sie r DIAS P ORA INDIENNE / INVITé
Soit parce que son enseigne est anonyme, soit parce que la
famille fondatrice n’est plus aux commandes, de sorte que
le nom est devenu une simple marque. Ici, c’est différent. Je
le dis toujours aux jeunes qui entrent dans cette prestigieuse
maison : c’est le nom d’une famille bien vivante qui est en
J’aime l a S uis se e n ta n t
q ue ma pat rie
jeu dans leurs exigences professionnelles et c’est un privilège rare que de devoir l’assumer. Je leur rappelle toujours
d’être conscients non pas des annales désincarnées d’une
multinationale mais de la généalogie d’une famille, dans
laquelle ils entrent. \
Golden quadrilateral
Mais il reste beaucoup à faire, notamment pour sortir de
la mentalité bureaucratique héritée de l’Angleterre, avec
ses centres de pouvoirs intermédiaires en cascades. Narendra Modi en est conscient. Par exemple, du temps de Rajiv
Gandhi, pour chaque roupie destinée aux aides publiques,
seulement 15 centimes arrivaient à destination. Modi a
Maharadja Ranjit Singh
Il fau t s or tir de
l a me n talité b ure aucr atiq ue
hé ritée de l’A n gle te rre
entrepris de supprimer les intermédiaires grâce à la carte
Aadhaar (système personnel d’identification unique) qui
permet notamment de verser directement les subventions
de l’État à leurs destinataires, sans ces intermédiaires qui
se servent au passage.
Quant à votre question sur un retour en Inde, ce n’est pas
à l’ordre du jour pour moi. La Suisse est devenue mon pays,
ma famille est ici et je suis citoyen suisse à part entière.
J’aime la Suisse en tant que ma patrie, celle qui m’a donné
une seconde chance dans ma vie. J’éprouve d’ailleurs un
sentiment analogue vis-à-vis du groupe Edmond de Rothschild et de l’arbre généalogique de la famille fondatrice,
que vous voyez ici affiché sur mon mur. Habituellement
on ne peut pas parler d’arbre généalogique d’une entreprise.
Gakta, art martial des Sikhs
42
Général Jean-François Allard
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renseigner et observer ces limitations. Les souscriptions des actions de la Société ne peuvent être effectuées que sur la base du dernier prospectus en vigueur, accompagné du dernier rapport annuel audité (ainsi que de tout rapport semestriel non-audité si celui-ci a été
publié ultérieurement). Le prospectus et les informations clés pour l’investisseur pour la Suisse, les statuts, les rapports annuels et semestriels peuvent être obtenus gratuitement auprès des bureaux du représentant en Suisse, Schroder Investment Management (Switzerland)
AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021 Zurich (société agréée et contrôlée par la FINMA) et auprès de l’agent payeur en Suisse, Schroder & Co. Bank AG, Central 2, Postfach 1820, CH-8021 Zurich. La performance passée ne saurait préjuger de l’évolution de valeur
future des placements collectifs de capitaux. Celle-ci dépend de l’évolution des marchés, du revenu des placements et, le cas échéant, des taux de change, ainsi que du succès de la mise en œuvre de la politique d’investissement par le gérant
du portefeuille. Les données de performance ne tiennent pas compte des frais et commissions liés à l’émission et au rachat de parts. Les cours des actions ainsi que le revenu qui en découle peuvent évoluer à la baisse comme à la hausse et les
investisseurs peuvent ne pas récupérer le montant qu’ils ont investi initialement. Tout investissement dans la Société comporte des risques, qui sont décrits de manière détaillée dans le prospectus. La Société a son siège au Luxembourg et est sous la surveillance
de la Commission de Surveillance du Secteur Financier. Ce document est produit par Schroder Investment Management (Switzerland) AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021, Zurich. 1Source : Schroders, au 31 décembre 2014.
0215/w46595/CHFR0215
la
invité
Culture(s)
Le nOn COté a
La COte
Jérôme Lambert :
CeO de mOntbLanC
L’art de
La méChanCeté
index
pHilantHropie(s)
marCHé de l’art
10 gérants de
fOrtune
d’infLuenCe
mieux traiter
Le CanCer
des enfants
L’expansiOn
du mOyen-Orient
Géopolitique(s)
L’ineptie des sanctions
économiques
20
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DOSSIER / IMMOSCOPE / INVESTIR
patrimoine ( s )
46 DOSSIER :
Le grand retour du Private equity
Le private equity est de retour. Mode d’emploi
46
par Anne Barrat
Le co-investissement : plus qu’un modèle d’affaire,
une véritable philosophie d’investissement dans
le private equity entretien avec Adam Said, Cofondateur
48
50
54
Croissance décevante aux États-Unis (-0,7 % sur
un an au 1er trimestre 2015) et en Chine (7 %
sur la même période contre les 7,4 % attendus),
remontée soudaine des taux en Europe, qui
semble davantage résulter d’une prise de profit
que corrélée aux fondamentaux économiques,…
les signes d’une reprise solide et pérenne peinent
à voir le jour. Et ce, alors même que les banques
centrales de toutes ces économies n’hésitent
pas à recourir à des politiques monétaires ultra-accommodantes pour aider son retour. Les
marchés actions sont les premiers à en profiter,
qui continuent leur hausse depuis le début de
l’année. Les marchés européens ne sont pas en
reste, soutenus par les bonnes performances
des entreprises, liées notamment à la faiblesse
de l’euro. La Suisse, en dépit de la poursuite du
franc fort, s’inscrit dans cette tendance, à laquelle
n’est pas étrangère la vigueur de son industrie,
une des seules à ne pas avoir perdu ses parts de
marché comme le révèle l’étude Roland Berger
de mai 2015. Et, selon les analystes de market,
rien ne semble indiquer de grand retournement sur les marchés actions suisses en 2015.
Dans ce contexte, le private equity offre de belles
perspectives pour les investisseurs en quête de
diversification. Avec des taux de rentabilité que
peu de placements peuvent revendiquer, sinon
certains fonds et placements immobiliers, parole
d’experts. Bonne lecture !
ANNE BARRAT
& Director chez ACE & Company
Une « one-stop-shop » qui met en relation
entrepreneurs et investisseurs pour le bien-être
de l’économie locale entretien avec Magali Berla Geay,
Responsable Entrepreneur Office, Gonet & Cie
L’émergence de l’investissement direct
dans le private equity par Xavier Isaac et Catherine Grum,
Salamanca Group Private Office
56 DOSSIER :
Les actions suisses conservent la forme
56
Actions suisses : un potentiel qui lorgne du côté
du marché élargi entretien avec Guy Charlet, gérant
60
de fonds actions suisses chez Piguet Galland
Détention d’actions au porteur : vers plus
de transparence par Vincent Tattini
622015 sera-t-elle l’année de la Suisse ?
par Laurent Bakhtiari, Market Analyst, IG Bank
64IMMOSCOPE
Trois questions à entretien avec Arnaud de Jamblinne,
64
directeur général de la Foncière
Le rendement toujours au rendez-vous
sur un marché immobilier assaini entretien avec
68
Patrice Galland, CEO de la Régie immobilière éponyme, Galland & Cie
70INVESTIR
70La tribune de l’ISAG : Prise de risque calculée
pour les stratèges de la place genevoise par Patrice Gautry,
Chef économiste de l’UBP, Membre de l’ISAG
La chronique du BAS : ASI-Advanced Sport
Instrument par Frank Gerritzen
76 Les taux négatifs, un nouveau paradigme ? par
72
Pierre-François Donzé, Gérant discrétionnaire, Banque Bonhôte & Cie
Indices BBGI : Le franc fort impacte
les performances par Alain Freymond
82 Quels investissements préconisés en période
de déflation ? par Edouard Crestin-Billet, Head of Institutionnal
78
45
Asset Management de 1875 Finance
pat rimoine ( S )
d o s sie r / Private e q uit y
Le private equity est de retour.
Mode d’emploi.
par Anne Barrat, Rédactrice en chef – Cahier Patrimoine(s)
Le private eq uity est souvent
à tort, posi t ionné comme un
investissement alternatif. En
réalité, la vraie distinction
s e f a i t e n f o n ct i o n d e l a
l iq u i d i t é e t d e l’ h o r i z o n
d’investissement. d’un côté les
marchés financiers, de l’autre
le private eq uity, le non-coté,
et l’immobilier, moins liquides
et plus long terme. Le private
equity a pris le relais de ce que
fa isa i e n t l es bou rses et l es
marchés obligataires avant
leur déconnexion de l’économie
réelle survenue à l a fin des
a n n é e s 8 0 av e c l’a ppa r i t ion
des dérivés et leur dimension
intrinsèquement spéculative.
Pourquoi et comment investir
dans le private equity ?
Si un client fait le choix du private equity,
c’est avant tout pour une question d’image :
« je finance le développement des entreprises ».
La part du private equity dans un portefeuille
de particulier varie en général entre 10 et 30 %.
Et l’on parle de clients qui ont un patrimoine
de plusieurs dizaines de millions. À cause de
la liquidité d’abord, du timing ensuite, les
deux étant liés. Investir dans du private equity
suppose d’avoir le temps, donc de ne pas avoir
besoin de liquidité pendant plusieurs années.
Les clients des banques privées qui veulent du
private equity n’ont pas un choix infini, surtout
s’ils veulent du sur-mesure. Le private equity
est un marché d’accès, dont les acteurs sont
essentiellement les investisseurs institution-
nels et les fonds de pension. Il reste peu de place pour les particuliers.
Un portefeuille de private equity, cela représente 200 à 300 millions de
dollars pour avoir une exposition sur une vingtaine de fonds, c’est-àdire plusieurs centaines de sociétés, gages d’une diversification géographique et sectorielle satisfaisante en termes de gestion des risques. On
estime que pour créer un portefeuille diversifié, et lisser les risques de
millésime, il faut compter au moins trois ans. Toutes les stratégies sont
performantes, mais pas au même moment. Un des critères essentiels de
sélection des fonds et des entreprises concerne l’alignement d’intérêts :
comment fonctionne le management, quelle est la répartition du capital
dans le temps sont des questions fondamentales.
Depuis trois ans environ, en parallèle de la montée des actions, le
marché du private equity est devenu un marché de vendeurs. Le ratio
est de deux pour un, autrement dit pour 1$ investi le rapport est de 2$.
D u p oin t de v ue d u c o uple
re nde me n t/ ris q ue , c ’e s t l a s t r até gie
de re t o ur ne me n t d ’e n t re prise ( LBO )
q ui e s t l a pl u s re n table .
Capital risque, Leverage Buy Out (LBO),
un arbitrage entre rendement et risque
Capital risque, ou venture capital (VC) : c’est l’activité la plus noble, la
plus gratifiante du private equity. En pleine mutation, elle redevient
attractive. Parce que les multinationales financent de plus en plus leur
R&D en rachetant ou prenant une participation dans une start-up, le
modèle de capital risque a changé. Ces grands groupes préfèrent les
intégrer par la suite plutôt que de les introduire en bourse comme par
le passé. Ce transfert des charges de R&D est une manière très efficace
de gérer le coût du capital.
Autre changement dans la manière d’investir : autrefois, on investissait
dans plusieurs start-up, « pour voir ». L’affectio societatis primait dans la
décision d’investissement. Aujourd’hui, on investit en mode projet. L’allocation et la réallocation de capital se font de manière plus progressive et
discriminante. Les bons fonds de capital risque alimentent plusieurs projets
puis coupent au fur et à mesure en fonction de leur réussite et réallouent
le capital dans les meilleurs seulement afin de le rentabiliser au mieux.
46
d o s sie r / Private e q uit y
Le capital risque est soit intégré soit semi-intégré ; il représente entre 5 et 10 % de l’allocation globale de private equity. Par nature,
il ne peut absorber l’argent disponible, les
besoins des start-up étant moins importants
que ceux des LBO (de 15 à 100 millions pour
les premières, plusieurs centaines de millions
pour les secondes).
« Il ne fau t pa s
pe rd re de v ue que
le private e q uit y
re s se mble à u n c o n t r at
de mariage à di x a n s .
Il fau t pré voir
le divorce dè s l’écha n ge
de s allia nce s ! »
Représentant globalement 1,5 trillions de dollars, le LBO reste un marché étroit. Il grandit
en fonction des besoins de financement et de
transmission des entreprises. En Chine par
exemple, il commence tout juste à émerger,
parce que les premiers entrepreneurs, qui ont
une vingtaine d’années d’activité, songent à
transmettre leur activité.
Un exemple réussi de LBO à répétition :
Picard surgelés
Lion Capital a racheté l’entreprise de surgelés Picard à BC Partners en 2010.
La PME familiale n’en était pas à son premier LBO – BC Partners les avait
rachetés en 2004 à Candover, qui les avait rachetés à Carrefour en 2000. Au
cœur de la décision de Lion Capital, le potentiel de croissance organique de
Picard, et ce en dépit des restructurations que les précédents LBO avaient
menées à bien. Concrètement, avec un peu plus de 800 magasins, dont la
moitié en Île-de-France, la France métropolitaine pouvait encore en accueillir
300 à 400 supplémentaires. Sans compter que la marque, fortement reconnue, était également très rentable. D’un côté, elle est son propre distributeur, n’assume donc aucun frais de distribution. De l’autre, elle sous-traite
sa production tout en la contrôlant de très près. Autrement dit, le niveau
d’investissement est faible, le taux de conversion en cash très élevé, la marge
opérationnelle également. Reste à réaliser le développement dans les pays
limitrophes, l’Italie comptant déjà une trentaine de points de vente, défi
que relèvera le boulanger industriel zurichois Aryzta qui a racheté fin mars
2015 49 % des parts de Picard (avec une option d’achat sur les 51 % restants
exerçable d’ici trois à cinq ans). Une sortie avec fort effet de levier qui s’inscrit
dans la « success story » de l’entreprise valorisée 2,25 milliards d’euros pour
un chiffre d’affaires de 1,37 milliard d’euros.
en la matière, dans les medtech notamment. Israël n’est pas en reste,
terre de fort développement pour le venture capital.
Globalement, le private equity a de belles heures devant lui. Si le ticket
d’entrée reste élevé, il devient de plus en plus accessible à mesure que
l’univers d’investissement s‘élargit.
L’Asie s’ouvre, l’Europe présente
de belles opportunités
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DU RIRE
INDEX
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D’AVENIR SUISSE
MARCHÉ DE L’ART
ALBERTO
GIACOMETTI :
LA SCULPTURE
AU PLUS HAUT
ÉDUCATION :
15 MENTORS
D’INFLUENCE
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A S L’E X
À
Il y a encore quelques années, l’Asie ne présentait pas un couple rendement/risque
adapté. Paradoxalement, le ralentissement
de la croissance chinoise est une excellente
nouvelle pour le private equity. La transmission
des entreprises est devenue d’actualité, leur
transformation aussi afin que, de locales elles
deviennent régionales voire internationales.
Il est en train de se passer en Asie ce qui s’est
passé aux États-Unis dans les années 80, qui a
fait la fortune des KKR et Bains. Le marché est
en train d’acquérir la profondeur qui manque
encore à l’Amérique latine. Et ce, à l’heure où
les États-Unis deviennent moins intéressants,
le niveau de la dette y étant trop élevé, tout
comme les prix et valorisations. L’Europe
quant à elle bénéficie d’un arbitrage avec les
US favorable. Le capital risque y est très intéressant. La Suisse offre de belles opportunités
Anne barrat
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L’ÉQUATION ISLAMIQUE :
UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE
47
pat rimoine ( S )
d o s sie r / Private e q uit y
Le co-investissement : plus qu’un
modèle d’affaire, une véritable
philosophie d’investissement dans
le private equity
Entretien avec Adam Said, Cofondateur & Director chez ACE & Company
Aujourd’hui, les investisseurs privés manquent de conseil sur mesure
en matière de private equity. Celui des banques privées ne répond pas
toujours à ce qu’ils recherchent. Ils veulent avoir une prise directe
(« hands-on ») sur leurs investissements. Ce sont souvent des entrepreneurs
eux-mêmes, qui cherchent avant tout à diversifier leur exposition en
optant pour des solutions qui optimisent le couple rendement/risque.
Le private equity leur permet d’investir directement ou indirectement
dans des entreprises au différents stades de leur vie, que soit en phase
de lancement (« early stage », au cours de laquelle sont principalement
jugés la qualité de l’équipe et du projet), en phase de développement
(« growth », au cours de laquelle sont recherchés des gains d’efficacité,
au niveau du working capital en particulier), ou encore dans des entreprises matures (l’exit est au centre des travaux réalisés avec le management). Dans tous les cas, ce profil d’investisseurs veut avoir accès tant à
l’information qu’à l’exécution. « Ce qu’ils trouvent en venant chez des
acteurs du private equity comme ACE & Company, explique Adam
Said, cofondateur d’ACE & Company, c’est d’une part cet engagement
direct dans des entreprises dans lesquelles ils co-investissent avec nous,
d’autre part un reporting quasiment en temps réel. » Chacun investit
au même niveau. Cette opportunité de diversification leur offre des
revenus complémentaires de la banque privée. Et cette stratégie paie,
puisque on leur a offert en 2014 des rendements de l’ordre de 29 % - une
performance résultant de la sur-allocation en LBO entre 2012 et 2014.
« Nos portefeuilles diversifiés de co-investissements buyout, les plus
conséquents en terme de capital déployé, ont surperformés avec un IRR
moyen de plus de 30 % dans ces années porteuses. Notre stratégie de
Secondaires reste néanmoins la plus performante ces derniers années ».
Un modèle d’affaire différent, facteur clé de succès
La vision qu’ACE & Company a du private equity tient en quelques
mots clés : co-investissement, approche globale et transparence. Ils
ont ainsi travaillé depuis 2005 pour créer une plateforme qui ne soit
pas basée sur une taille de transactions, une région ou un secteur.
Résultat ? « Nous faisons partie des acteurs de référence en co-investissements si l’on se réfère au périmètre de co-investissement et au
nombre de transactions réalisées, se félicite Adam Saïd ». Le stade de
développement, ensuite. Il est le principal critère sur la base duquel
ils structurent leur offre. Pourquoi ? Pour mieux intégrer les fac48
Adam Said
teurs de risque, une dimension qui n’est pas
toujours au cœur de la démarche classique
des acteurs du private equity. Et de citer un
exemple, la Chine : qui achète des actifs en
Chine pour dix ans, ne peut changer qu’à la
marge, alors même que, très probablement,
la dynamique chinoise va changer. Il sera
difficile de sortir sans perte. Tout l’intérêt de
la sélection par stade est de mieux répartir le
risque. La stratégie d’investissement s’articule
principalement autour de trois axes : les opérations de LBO en premier lieu ; le soutien à
des entreprises en voie de développement ; le
capital d'amorçage en troisième lieu.
d o s sie r / Private e q uit y
ACE & Company en bref
– 5 bureaux, 32 collaborateurs
– $400m sous gestion
– 90 investissements direct
– Performance 2014 : 28.97 %
– 32 collaborateurs sur 5 centres
– Investissements :
- LBO 50 % des AuM – coinvestissement
- Growth : 20 %
- Business angel : 5 %
- Transactions secondaires : 20 %
- Special situations : 5 %
– Répartition géographique :
- US n°1 avec 40 % environ
- EU, incluant la Suisse n°2, 40 %
- Reste du monde 20 %
Cette combinaison, co-investissements et
approche globale, est un gage de différenciation par rapport au système classique, qui
favorise in fine la distribution de produits
« plain vanilla ». Ainsi en Suisse, déplore le
cofondateur d’ACE & Company, seuls quelques
acteurs sont présents et tous, s’adressent à des
investisseurs institutionnels contrairement à
ACE & Company qui s’adresse principalement
à des investisseurs privés.
« Broad in scope,
narrow in execution »
« Si notre périmètre est large, notre façon de
gérer nos investissements est très stricte », insiste
Adam Saïd. Qu’il s’agisse du choix de leurs partenaires tout d’abord. Ils s’associent avec les meilleurs experts sur leur marché. Avec Carlyle par
exemple, parce qu’ils ont accès aux transactions
avec les leviers les plus intéressants, et ont les
meilleures équipes. Leur méthode ensuite : être
extrêmement rapide. Sur les 32 personnes qui
travaillent chez ACE & Company, réparties sur
5 bureaux, 60 % sont dédiées à l’investissement,
et comparent en permanence les meilleures
transactions. Un exemple : ils reçoivent un
projet de co-investissement aux Etats-Unis,
immédiatement les experts de Hong-Kong le
comparent à ce qu’ils ont repéré sur le marché
local. La sélection finale se fait alors sur le
facteur risque. « Nous restons des allocateurs
de capital, mais exécutons nos investissements
avec des spécialistes. Cette approche flexible nous permet d’allouer notre
capital dans les régions et industries où nous percevons les meilleurs
ratios rendements/risques avec rapidité et efficacité. Le monde change,
les valorisations et opportunités évoluent au travers d’un cycle. Nous
voulons être les premiers à se positionner sur des créneaux profitables
et sortir quand les marchés deviennent pleinement valorisés. »
Faire de Genève un hub du Private Equity
Le marché suisse du private equity est peu développé : le marché est tout
petit, les transactions se comptent sur les doigts d’une main sur une
année. Pourquoi ? La réglementation est complètement inadaptée. « Né
au Caire, je me sens suisse, explique Adam Said, qui regrette le manque
de dynamisme sur le marché suisse du private equity ». La fiscalité des
stock options, qui empêche une rémunération de cadres à long-terme
basés sur la performance, ou encore celle des carried out interests 1, un
véritable must dans ce secteur d’activité, sont un véritable frein au développement du private equity. Sans parler de la lenteur de l’administration
dans ses réponses Cette insuffisance de l’écosystème suisse est regrettable,
car il y a beaucoup d’appétit pour le private equity chez les investisseurs
privés. Lesquels placent leur fortune aujourd’hui majoritairement chez
des banques privées, soit 2 trillions de dollars US dont seulement une
infime partie sera investi en private equity, regrette Adam Said. « Mais
j’ai la conviction que cela va changer, que le private equity occupera
dans les dix prochaines années une part de plus en plus importante d’un
portefeuille diversifié pour des investisseurs privés, jusqu’à 10 %, soit 200
à 300 milliards. Une nouvelle offre se dessinera, pour laquelle Genève
devrait devenir un hub incontournable. D’où l’importance de mettre en
place un écosystème adapté. Sinon, on vivra le même scenario que pour
les hedge funds, une autre niche appréciée des investisseurs privés : tout
se passe à Londres, au Luxembourg, pas à Genève. »
Et ACE & Company montrer l’exemple en lançant, le 27 mai dernier
le lancement d’une plateforme d'investissement dans l'industrie agroalimentaire suisse. Destinée à fournir à des partenaires de ce secteur le
soutien financier, stratégique et opérationnel nécessaire pour maximiser
leurs perspectives de croissance, elle offrira par la même occasion à des
investisseurs des opportunités dans des marques de qualité supérieure,
établies, avec des ambitions régionales et nationales ainsi qu’un potentiel
international. Premier investissement de la nouvelle plateforme, Luigia,
une enseigne genevoise de restaurant italien contemporain et pizzeria.
A suivre de très près
Le private equity, un credo
« Nous sommes dans un modèle profondément déflationniste, notre
génération est profondément déflationniste » commente Adam Saïd.
Ce qui veut concrètement dire que nous chassons l’inefficience. Nous
croyons à l’économie réelle. Nous cherchons à faire le meilleur usage du
capital disponible. Toute l’économie subventionnée, « la paper economy »,
est appelée à souffrir. Le private equity n’est pas une recherche de profit
uniquement, c’est une façon efficace et juste de financer l’économie réelle.
1)Intérêts cumulés reportés
49
pat rimoine ( S )
d o s sie r / Private e q uit y
Une « one-stop-shop »
qui met en relation entrepreneurs
et investisseurs pour le bien-être
de l’économie locale
Entretien avec Magali Berl a Geay, Responsable Entrepreneur Office, Gonet & Cie
Adresser les besoins des entrep r e n e u r s l o c au x av e c d e s
f i na nc e m e n t s i n digè n e s ou
internationaux, qu’ils soient
apportés par un vaste réseau
ou é v e n t u e l l e m e n t pa r de s
cl ie n ts de l a ba nqu e pr i v é e ,
voil à l’idé e-force de M aga l i
Berla Geay, partagée et initiée
avec les associés de Gonet & Cie.
A près avoir passé des a nnées
ch e z L om ba r d Odi e r , no ta mment à développer le private
equ i t y, cett e a nci e n n e a nalyste financière sait de quoi
e l l e pa r l e . E l l e a de plus co dir igé penda n t sept a ns une
b o u t i q u e d e M & A ava n t d e
m ettr e e n pl ace u n conce p t
unique sur l e m a rché du pr ivate equit y et dans le monde
feutré de la banque privée.
« Les banques privées doivent se rappeler qu’à
leur origine, il y a quelque 200 ans, leur raison
d’être était de financer des grands projets, ferroviaires pour certains, routiers pour d’autres,
et en l’occurrence lacustres pour Gonet & Cie.
Cela fait finalement partie de leur ADN ». Elles
se sont depuis souvent éloignées du risque, et
donc dans une certaine mesure des entrepreneurs, au profit de la gestion de fortune, activité bien moins risquée et source de revenus
récurrents. Il est temps qu’elles reviennent
plus concrètement vers les entrepreneurs,
Magali Berla Geay
leur offrent des services et servent leurs intérêts. Le tout pour le bien
de l’économie réelle locale.
Faire la différence avec l’approche
traditionnelle du private equity
Aujourd’hui une banque privée ne peut plus proposer de manière large
à ses clients des investissements dans des sociétés non cotées sans courir
un certain risque réputationnel. En effet, si un dossier unique et direct
– situé à l’extrémité élevée de l’échelle du risque d’investissement – ne
donne pas satisfaction, il y a toujours une probabilité que le client
quitte la banque privée avec la totalité de ses actifs. Elle choisit donc
de proposer l’exposition au private equity par l’entremise de fonds de
private equity. Une tendance largement suivie par les banques privées
qui se sont ainsi légitimement détournées des investissements directs
vers les fonds, des investissements qui remplissent très bien leur rôle de
décorrélation avec les marchés boursiers dans une approche de gestion
d’actifs. Ainsi, l’optimisation de la gestion des risques passe par des fonds
de taille relativement importante, gérés par des équipes stables ayant
50
d o s sie r / Private e q uit y
déjà fait leurs preuves de bons résultats avec
leurs fonds précédents. Rares sont sélectionnés
des fonds qui viennent d’être lancés par une
nouvelle équipe.
Le private equity est bien présent dans la banque
privée mais pas de façon massive car il se conçoit
comme une classe d’actifs supplémentaire, qui
permet de diversifier l’allocation d’actifs de
grands clients – dont les fortunes dépassent
généralement les 20 millions de francs. À un
horizon d’environ dix à douze ans, les gérants des
fonds ont pour mission de revendre les sociétés
investies et redistribuer les mises de fonds aux
investisseurs avec des gains en capitaux. Il est à
noter que les investisseurs n’ont pas d’interactions
avec les sociétés investies dans les fonds.
De leur côté, les boutiques de private equity
servent des investisseurs privilégiant une approche « bottom-up ». Elles sélectionnent les
meilleurs dossiers parmi ceux auxquels elles
ont accès et recherchent des investisseurs prêts à prendre des risques
importants en investissant en direct dans le capital-actions des sociétés.
Selon le réseau des boutiques, ces investisseurs sont soit des privés, soit des
institutionnels, dont d’ailleurs… des fonds de private equity ! Dans ce cas
de figure, les investisseurs peuvent, s’ils le désirent, avoir des interactions
dans les sociétés investies, par exemple en leur ouvrant des portes côté
commercial, par le biais de conseils techniques, voire même une place
au conseil d’administration. Les approches « top-down » et « bottom-up »
du private equity, contribuent toutes deux valablement au financement
de l’économie réelle, alternatif aux systèmes bancaire ou boursier.
Une activité fondamentalement complémentaire
Voilà pourquoi, forte des années d’expérience au service du private equity,
Magali Berla Geay a pensé une plateforme virtuelle, agnostique aussi
bien en termes de secteurs que de maturité ou encore de partenaires.
Avec une seule restriction, le périmètre, délimité à la Suisse romande.
La grande majorité d’entre eux sont externes à la banque. Dans la mesure
du possible, tous les entrepreneurs et tous les investisseurs intéressés sont
reçus et écoutés. L’étape suivante consiste à les conseiller et les diriger
au mieux, les premiers vers des investisseurs directs ou indirects, telles
que des boutiques de private equity, les deuxièmes auprès de cibles qui
51
d o s sie r / Private e q uit y
satisfont leurs critères d’investissement préalablement identifiés. Les investisseurs sont
externes à la banque. Pourquoi ? Parce que, sauf
si un client en a exprimé le désir, les banques
privées ne peuvent pas se permettre de risque
réputationnel comme mentionné plus haut.
Mais il y a aussi une autre raison qui n’est que
rarement évoquée, car elle touche au mode de
rémunération des gestionnaires de clientèle.
Celle-ci étant inévitablement corrélée à la masse
des fonds activement gérée – sous mandat de
gestion ou en « advisory » – les gestionnaires
peuvent calculer que des investissements en
private equity qui sont, par définition illiquides, réduisent la rentabilité de leur masse
sous gestion, et donc leur rémunération. Cette
crainte est a priori légitime car ce calcul est
parfaitement vrai, mais c’est sans prendre en
compte d’autres paramètres.
Premièrement, le client qui souhaite investir
dans une société non cotée sait parfaitement
que s’il puise les fonds dans son portefeuille
intelligemment élaboré par son gestionnaire,
il encourt potentiellement des frais de transactions importants pour le rééquilibrer. Il aura
donc plutôt tendance à utiliser un de ses autres
comptes, celui-ci non géré, dont son banquier
n’a peut-être même pas connaissance et qui
pourrait d’ailleurs bien, un jour, grossir le
compte existant.
Deuxièmement, un client qui souhaite investir
en private equity le fera d’une manière ou
d’une autre. Il risque en fait de puiser dans
le compte suivi par le gestionnaire si c’est un
autre de ses banquiers qui discute d’opportunités et l’accompagne dans sa démarche.
En conséquence, ne pas aborder cette classe
d’actifs avec un client très fortuné par crainte
de perdre des actifs sous gestion peut même
conduire à l’effet inverse, c’est-à-dire précipiter cette situation.Ainsi, les connaissances
du banquier en private equity représentent
non seulement un gage de savoir-faire mais
peuvent même devenir une source supplémentaire de revenu.
À la banque Gonet & Cie, les gestionnaires sont
au courant des dossiers en private equity de la
plateforme, de façon anonyme, et s’ils peuvent
contribuer à faire avancer des recherches de
cibles ou de financement, ils le font sur une
base volontaire, sans aucune pression. Ils sont de plus en plus alertes
à cette classe d’actifs et à l’aise pour discuter de financement avec des
contacts entrepreneurs, clients ou pas.
Éduquer investisseurs et entrepreneurs
« Notre méthode consiste à regarder en premier lieu si la société est
prête à être financée » explique Magali Berla Geay. Indépendamment
de leur mérite, certains dossiers doivent être « retravaillés » pour être
conformes aux codes des investisseurs, afin d’éviter aux entrepreneurs
de s’exposer à des remarques très désagréables, qui vont le décourager
et allonger dangereusement les rencontres non fructueuses lors de la
recherche de financement.
D’où l’idée d’un « one-stop-shop », qui les oriente aussi bien en amont
– dans les préparations documentaires et psychologiques – qu’en aval
– dans l’identification d’investisseurs ou d’intermédiaires les mieux
adaptés au profil de leur dossier. Le principal écueil rencontré, c’est
l’absence de critères affichés clairement de la part des investisseurs. Ce
qui soulève de nombreuses zones d’ombre, un manque d’efficience, une
perte de temps pour tous, peu de transactions et des positions illiquides
trop longtemps pour attirer de nouveaux investisseurs.
Les attraits d’une plateforme
La plateforme, qui s’applique à préserver les codes de confidentialité du
private banking, est en fait un lieu idéal pour faire se rencontrer l’offre
et la demande quand, dans la vie réelle, ils n’ont quasi aucune chance
de le faire. Elle s’enrichit chaque jour de nouveaux contacts grâce à son
architecture ouverte. Laquelle repose essentiellement sur la force du
réseau qui capitalise sur des années d’expérience, une connaissance du
tissu économique local, des entités publiques de promotion économiques
et la mise en commun des réseaux des collaborateurs. Magali Berla Geay
précise : « Notre écosystème, c’est l’arc lémanique et au-delà la Suisse
romande. Les entrepreneurs que nous aidons ont une base locale, les
investisseurs peuvent eux provenir des quatre coins du monde, pour
peu qu’ils fassent connaître leurs souhaits. Et cette activité est un axe
de développement additionnel de la gestion de fortune, sans risque
bilantiel ni légal, pour un rapprochement vers les entrepreneurs, que
nous comprenons bien puisque nous sommes nous-mêmes des banquiersentrepreneurs, indépendants et sans conflits d’intérêt. Dans tous les
cas, c’est une preuve de notre confiance en l’homme car :
« Mettre les sociétés locales en contact avec des investisseurs directement
ou indirectement afin qu’elles se développent ou les rapprocher avec
des jeunes pousses locales complémentaires à leur activité qu’ils pourraient financer voire même des concurrents en phase de succession, c’est
notre façon à nous de retrouver nos racines et contribuer à l’économie
locale. Notre philosophie est de se situer en facilitateur pour le plus
grand nombre d’acteurs du private equity et non en concurrent, dans
un jeu gagnant-gagnant ».
52
pat rimoine ( S )
DOSSIER / PRIVATE EQUITY
L’ÉMERGENCE DE L’INVESTISSEMENT
DIRECT DANS LE PRIVATE EQUITY
Par Xavier Isaac et Catherine Grum, Salamanca Group Private Office
Dans un contexte de faible rendement de nombreuses cl asses d’actifs et de tau x d’in t érêt
historiquement bas, il n’est pas surprenant que les
grandes fortunes et les family offices intègrent
le private equity dans leur stratégie d’investissement.
Ces placements dans des sociétés non cotées ont gagné la réputation
de générer des revenus supérieurs à ceux obtenus sur les marchés
actions. Le capital déployé dans le private equity peut prendre plusieurs
formes. La première est celle du capital-risque et sert à financer de
jeunes sociétés (« start-up »). La seconde consiste en l’acquisition de
« Le s uccè s gr a ndis s a n t de
l’in ve s tis se me n t direc t tie n t au fait
q ue l a ma jorité de s t rè s gr a nde s
for t u ne s o n t mis e n pl ace le ur
family office à l a s uite de l a ve n te
de s ocié té s familiale s »
Xavier Isaac
ou le private equity à hauteur de 9 %. Cette
tendance est confirmée par un nombre croissant de banques privées et les gestionnaires
de fortune qui offrent des placements dans
le private equity – par le biais de fonds ou en
direct – dans la panoplie de leurs services.
Un rendement potentiellement
supérieur à celui des fonds
Étant eux-mêmes des entrepreneurs, ils comprennent les risques (liés à la concentration, à
la liquidité réduite et à la sortie notamment),
mais également les opportunités émanant
de ce type d’investissement, un rendement
(ROI) en cas de succès supérieur à celui d’un
fonds dont la performance sera diluée par les
investissements qui n’auront pas marché. En
outre, ces familles cherchent à dégager des
rendements supérieurs dans le long terme
(15 % en moyenne) et peuvent investir une
partie non négligeable de leur fortune dans
des actifs moins liquides (le ticket d’entrée est
de l’ordre de 1,5 million de dollars). De ce fait,
beaucoup de family offices ont développé une
expertise en private equity qui combine d’une
part des compétences de sélection de fonds,
mais également une capacité à identifier des
investissements directs pour les familles dont
elles gèrent le patrimoine.
Le rapport 2014 du « Global Family Office » montre qu’en moyenne,
les family offices investissent 8 % dans des fonds de private equity auxquels il faut ajouter des investissements directs dans le capital-risque
Les family offices sont idéalement positionnés
pour investir en direct dans le private equity
car ils ne sont pas soumis à la même logique
sociétés à fort potentiel de croissance, souvent combinée avec des
stratégies de consolidation dans des industries fragmentées. Enfin,
il peut prendre la forme d’une injection de capital au sein de sociétés
désireuses d’investir dans de nouveaux projets ou de nouveaux marchés.
Bien que le private equity ne soit pas une nouveauté, il s’effectue de
plus en plus souvent dans le cadre d’investissements directs alors que
traditionnellement, l’investisseur accédait au private equity par le
biais de fonds du même nom. Il est vrai que la multiplicité de l’offre
de fonds disponibles sur le marché peut vite devenir déconcertante et
qu’il est parfois difficile d’entrer dans les fonds les plus performants
si l’on n’est pas un investisseur de renom. En outre, une gestion par
fonds engendre des frais inhérents à ce type de structure.
54
DOSSIER / PRIVATE EQUITY
que les fonds du même type. Ces derniers se doivent de dégager un
rendement seulement après quelques années dans le cadre de leur
stratégie de sortie et de levée subséquente de capitaux pour la mise en
place de nouveaux fonds. Ainsi, l’horizon de l’investissement direct
est généralement plus long que celui des fonds, qui ont eux généralement un horizon de cinq ans.
Pour les family offices qui souhaitent effectuer pour la première fois
un investissement direct dans le private equity, il faut tout d’abord
pouvoir dénicher les bonnes opportunités. Hormis les contacts personnels permettant d’avoir accès à ce type de transaction avec les
risques que cela comporte, les opportunités de placement private
equity proviennent soit d’apporteurs d’affaires, soit de sociétés de
gestion spécialisées, soit enfin de banques privées qui ont accès aux
transactions de leur banque d’affaires ou ont développé en leur sein
une équipe qui se concentre sur le private equity.
La recherche d’opportunités, un métier
Typiquement, les sociétés spécialisées dans le private equity passent
en revue des dizaines de transactions avant de réaliser un investissement. Il est donc important d’avoir un choix large et de qualité.
Heureusement pour les family offices, il ne manque pas d’apporteurs
d’affaires dans ce domaine, auxquels s’ajoutent les « club deals » offerts
au sein des banques privées ou de certains gérants de fortune. En ce
« Malhe ure u se me n t, il e s t
de s t r a n s ac tio n s q ui pré se n te n t
u ne gr a nde at t r ac tivité fin a nciè re
mais d o n t ce r tain s ris que s ,
n o tamme n t ré p u tatio n nel s , s o n t tel s
qu’il s pe u ve n t à e u x se ul s a né a n tir
l a vale ur d ’u n pl ace me n t »
qui concerne les apporteurs d’affaires, il est bon de comprendre dès
le départ qui les rémunère et sur quelle base, afin d’appréhender
les conflits d’intérêts éventuels. De même, il faudra demander aux
banques privées, dont les placements private equity sont issus de leurs
banques d’affaires, les raisons pour lesquelles elles ouvrent à leur
clientèle private banking une transaction particulière. La sélection
de quelques apporteurs d’affaires intègres et professionnels est donc
une étape essentielle dans la mise en place de toute stratégie d’investissement dans le private equity.
La qualité d’un apporteur tient principalement à sa capacité d’effectuer
un bon travail préliminaire de diligence et de présélection des transactions. Comme la décision d’investir revient in fine au family office, on
peut considérer comme acquis le fait qu’il effectuera lui-même une due
55
Catherine Grum
diligence extensive sur les aspects financiers
de la proposition d’investissement. Ce que bon
nombre d’investisseurs omettent de faire est
de considérer une due diligence sur la réputation des individus qui gèrent et contrôlent la
société cible. Ces vérifications méritent une
attention toute particulière lorsque la société
cible opère dans certains marchés émergents
où les risques de corruption et de mauvaise
gouvernance sont bien réels. Et ce, d’autant plus
que, si les opportunités sont vraiment internationales, il y a un intérêt particulier pour
les marchés émergents, l’Afrique notamment,
qui a attiré 50 milliards de dollars d’investissements étrangers directs en 2014.
Une fois la due diligence terminée, il ne faut
pas sous-estimer les ressources nécessaires à
l’exécution de la transaction. Il est improbable
qu’un family office de taille moyenne ait la
capacité suffisante pour gérer tous les aspects
de celle-ci en interne et devra rechercher
l’assistance d’une société fournissant ce type
de prestations. Certaines banques sont actives
dans ce domaine. L’alternative est de recourir à
des sociétés ayant une approche de type « boutique », plus petites, moins coûteuses et avec
des équipes dédiées dans lesquelles les family
offices peuvent plus facilement se reconnaître
culturellement.
Enfin, un travail de surveillance prudentielle,
de valorisation, voire d’intervention, relatif
au placement private equity est nécessaire
durant toute la durée de l’investissement. C’est
pourquoi s’adjoindre les services de sociétés
spécialisées dans le private equity qui, par
ailleurs, souhaitent co-investir dans le projet,
peut également présenter un attrait et favoriser
un alignement des intérêts.
pat rimoine ( S )
d o s sie r / ac tio n s s uis se s
Actions suisses : un potentiel
qui lorgne du côté du marché élargi
Entretien avec Guy Charlet, gérant de fonds actions suisses chez Pig uet Galland
Pour compr endr e l e m a rché
des actions en Suisse , il faut
c om m e nc e r pa r r a ppe l e r sa
spécificité qu’est la présence
de poids lourds – les trois plus
grosses valeurs du SMI (Nestlé,
Novartis et Roche) représentent
62 % de la capitalisation boursiè r e de l’indice ph a r e de l a
bourse suisse . Second point à
souligner sur ce marché, qui
découle du premier, il n’est pas
le plus fort dans le cycle actuel,
étant pénalisé par la nature
plutôt défensive de ses valeurs.
Cela étant posé, un bref retour sur le passé
récent permettra d’illustrer la tendance du
marché helvétique des capitaux à suivre celle
des mastodontes américains et européens.
Après avoir atteint un plus bas en 2009, les
actions suisses ont connu une très bonne
année en 2011, et ce en grande partie grâce
à l’institution du taux plancher, qui a été un
puissant catalyseur. La fin de cet arrimage du
franc suisse à l’euro (« peg » en anglais) le 15
janvier dernier s’est traduite par un brusque
et fort recul des actions suisses. Depuis lors,
la baisse a été gommée.
Un miracle ? Pas vraiment. D’un côté, le franc
suisse a abandonné un peu de sa vigueur par
rapport à l’euro pour s’éloigner un peu de la
parité. De l’autre, le dollar s’est renforcé pour
tendre à la parité avec le franc suisse au cours
du premier trimestre, ce qui a été bénéfique
pour beaucoup de sociétés suisses qui ont leur
revenu en dollars (US). Rien d’étonnant dès
lors à ce que la vague de panique immédiate
provoquée par la hausse du franc suisse visà-vis du dollar et de l’euro qui a conduit à de
Guy Charlet
nombreuses révisions de bénéfices, sans anticiper que le dollar et l’euro
s’apprécient, ni que les sociétés prennent très vite des mesures correctrices,
ait cédé le pas à une reprise des esprits et des cours.
Les crises se suivent, mais ne se ressemblent pas
Car, contrairement à ce qui s’était passé en 2011, les entreprises suisses
ont été promptes à réagir, en annonçant des mesures tendant à optimiser
leurs coûts pour réduire l’impact de la politique monétaire et à corriger
l’impact sur les ventes à l’aide de hausses de prix. Parfois, les révisions ont
été trop faibles. C’est le cas de Syngenta, qui a subi d’une année sur l’autre
une baisse de 14 % de ses ventes au premier trimestre à cause des variations
de change, soit plus que ce qu’attendait le consensus des analystes. Pour
d’autres au contraire, l’impact a été inférieur aux prévisions des analystes.
Swatch par exemple : là où une baisse de 25 à 30 % du bénéfice par action
(BPA) était attendue, nous ne nous étonnerions pas de voir finalement des
bénéfices en 2015 proches de celui de l’année passée. Et ce, non seulement
parce que les ventes du Groupe sont très exposées au dollar, mais aussi
parce que le management a décidé d’augmenter les prix pour compenser
la perte de change, stratégie qui s’est avérée payante pour une activité à
faible élasticité-prix (autrement dit, la demande ne baisse pas quand les
prix augmentent), en particulier dans le haut de gamme.
56
d o s sie r / ac tio n s s uis se s
Du côté des small & mid caps, la fin du plancher, qui faisait suite à la pause de la surperformance connue en 2014, a eu aussi un
impact supportable. Si le décalage entre les
ventes et les coûts y est plus important (leurs
principaux partenaires commerciaux sont en
Europe mais une base de coûts importante
demeure en Suisse), l’impact a été limité par
les mesures précédentes et, surtout, ces valeurs
sont structurellement moins chères. Elles ont
encore beaucoup de potentiel, que l’année
2015 devrait voir s’épanouir. Le fonds Piguet
Actions Suisse de la Banque Piguet Galland,
qui est un fonds destiné à permettre une exposition complète au marché suisse, est composé
de grosses capitalisations suisses pour deux
tiers environ, mais aussi de small & mid caps
à hauteur d’un tiers (tandis qu’elles sont présentes à hauteur de 16 % dans l’indice élargi
du Swiss Performance Index).
Qu’attendre des segments grosses
capitalisations et small & mid caps en 2015 ?
Novartis, qui a tiré le segment des large caps en 2014, a plus de peine
à sur-performer cette année. Beaucoup de bonnes nouvelles sont en
effet connues et reflétées dans le cours et le risque est plutôt de voir
une déception qui viendrait à diminuer les estimations de ventes des
nouvelles molécules (surtout le LCZ696 contre l'insuffisance cardiaque).
Pour sa part, Nestlé paraît trop chère et sa croissance tend à ralentir.
Roche fait exception. Le titre a peiné en 2014 mais son pipeline oncologique attire un intérêt croissant à l’approche du congrès de l’ASCO
et les attentes, au contraire de Novartis, sont très faibles. Mais le poids
de Novartis et Nestlé suffit à pénaliser le marché si ces deux megacaps
venaient effectivement à traîner la patte.
Les valorisations sont raisonnables, en particulier par rapport aux large
caps, et les perspectives de croissance leur sont bien supérieures. Sur ce
segment de marché très dynamique, des mouvements de restructuration
sont à l’ordre du jour, qui pourraient encore renforcer leur compétitivité.
Prenons quelques exemples : Oerlikon, Lonza, ou encore Calida. Le repre-
Nos coups de cœur
Roche : championne de l’immuno-oncologie. Elle développe
plusieurs médicaments destinés à stopper/détruire certaines
cellules tumorales, notamment Avastin, Rituxan, Perjeta,
Kadcyla, parfois utilisés en association avec des chimiothérapies. Ces molécules devraient permettre d’assurer
une croissance d’ici les 5 prochaines années, tandis que le
pipeline n’est pas valorisé par les analystes. Le congrès de
l’ASCO est un catalyseur pour le sentiment après une année
2014 difficile à cause de Novartis qui lui a volé la vedette.
indiquent une progression séquentielle des commandes
supérieure aux attentes et à un niveau qui dépasse celui
des ventes (book-to-bill >1). Les marges EBITDA dans la
division textile sont dans le haut de la fourchette guidée de
16-18 % à 17,8 % tandis que l'expansion dans les revêtements
se poursuit (14,7 %). Cette bonne dynamique avec un point
d'inflexion probablement atteint dans le textile devrait aider
le titre à sur-performer, d'autant qu'il demeure bon marché
avec un multiple de 14,5 à 16 fois le bénéfice par action (EPS)
Holcim : la fusion avec Lafarge ayant été entérinée, le marché peut à présent anticiper les synergies, ce qui n’est pas
encore reflété dans le cours de l’action. Nous avons initialement estimé les synergies à un milliard d'euros. Lesquelles
synergies, valorisées à huit fois la valeur d'entreprise (EV) et
l'Ebitda, ajoutent un potentiel supérieur à 10 %
Lonza : détient un monopole de certains composants pour
la fabrication de molécules oncologiques. Leur renforcement
dans le pôle de la biopharmacie est une source de croissance durable sous-estimée du marché. En effet,
l’émergence des anticorps monoclonaux en oncologie et
la tendance de l’outsourcing des sociétés pharma procurent
de nouvelles opportunités.
Swiss Re : la surcapacité dans le secteur de la réassurance
(en l’absence de catastrophes) rend les investissements peu
rentables, ce qui milite pour une poursuite de la politique de
création de valeur actionnariale. Les ratios de capital (Swiss
Solvency Test) excèdent largement les objectifs à 223 %
(contre 185 %) et plaident pour un dividende élevé et durable.
À une fois la valeur comptable, le titre n'est pas sous-évalué,
mais l'attrait de son rendement est un cas unique.
Calida : après l’achat d’Aubade (2005), Calida a poursuivi
une stratégie de croissance externe en doublant ses ventes
avec le rachat de 60 % de Lafuma en 2013 (Millet, Eider,
Lafuma Outdoor, Lafuma Furniture, Oxbow). Calida progresse très vite dans son travail d’intégration consistant
à augmenter la rentabilité au même niveau que
Calida/Aubade, c’est-à-dire à 10 % sur l’Ebit d’ici à 2018 (6,6 %
actuellement), en améliorant le concept de vente (choix,
surface, etc.) et la gestion centralisée des stocks dans un
premier temps, puis l’expansion du nombre de boutiques
dans un second temps. Le titre est encore bon marché à
15,4X16EPS par rapport à ses pairs.
Oerlikon : une stabilisation dans la division textile devrait
permettre au marché de se concentrer sur la division des
revêtements où le potentiel d'appréciation des marges suite
à l'acquisition de Metco est très significatif. Les résultats
57
d o s sie r / ac tio n s s uis se s
neur de la marque Aubade s’est offert Lafuma en 2014. Si elle réussit
son pari de renverser la tendance en restaurant les marges de Lafuma
et des marques associées (Eider, Millet) en appliquant la savoir-faire
qu’elle a démontré avec Aubade, le titre de cette small cap s’appréciera
d’autant plus qu’il est aujourd’hui peu cher (voir encadré p.78). Autre
exemple, Lonza détient un monopole de certains composants pour la
fabrication de molécules oncologiques. Leur renforcement dans le pôle
de la biopharmacie est une source de croissance durable sous-estimée
du marché. Oerlikon enfin, qui a racheté Metco à Sulzer et devient
un acteur incontournable du marché des revêtements, a été boudée à
cause des déboires subis dans sa division textile. Une stabilisation de
cette dernière, très dépendante de la Chine, devrait toutefois permettre
une focalisation des investisseurs sur les revêtements et les importantes
synergies de ventes rendues possibles par Metco, en particulier dans
les applications pour le métier de l’automobile.
En 2015, le marché suisse devrait continuer à être un marché suiveur.
Si, en dépit du Quantitative Easing (QE) favorable à une reprise des
économies européennes, des corrections intervenaient sur les bourses
européennes, elles risqueraient d’impacter la bourse suisse.. Le paradoxe est que les investisseurs, face à ce risque de correction, favorisent
58
toujours certaines « large caps » parce que leurs
dividendes, attractifs du fait des taux négatifs,
sont plus élevés et plus sûrs. Swiss Re et Zurich
illustrent parfaitement ce propos : devenues
moins bon marché, offrant un profil de fondamentaux moins solides qu’auparavant (à
cause de la surcapacité dans le secteur de la
réassurance et de la faiblesse du rendement des
réinvestissements), elles demeurent attractives
parce qu’elles garantissent un niveau élevé
du dividende.
Une combinaison de certaines de ces valeurs,
Swiss Re, Zurich, mais aussi Roche, Givaudan,
Holcim ou UBS, avec les small & mid caps
suisses, trouvent toute leur place. Gageons qu’à
la faveur de la dynamique mondiale qui s’est
mise en place sur la base du QE, les corrections
que connaîtra peut-être l’année ne dureront
pas et permettront aux investisseurs de se
positionner sur ce marché.
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pat rimoine ( S )
DOSSIER / ACTIONS SUISSES / GOUVERNANCE
DÉTENTION D’ACTIONS AU PORTEUR :
VERS PLUS DE TRANSPARENCE
Entretien avec Vincent Tattini, Lalive
L'examen de la Suisse qui sera mené en automne par le Forum mondial sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins
fiscales n’est pas étranger à l’empressement du
Conseil fédéral. Les dispositions concernées
portent sur les modifications du Code des obligations, de la loi sur les placements collectifs
ainsi que de la loi sur les titres intermédiés.
Selon une enquête du GAFI conduite en 2005,
les actions au porteur, qui garantissent l’anonymat de l’actionnaire et dont tout porteur
est reconnu comme étant son ayant droit,
ne respectent pas ses recommandations en
matière de transparence. Consciencieux, le
Conseil fédéral s’est attelé à trouver une solution visant à régler de manière satisfaisante le
manque de transparence des sociétés émettant
des actions au porteur.
Intertitre Solution retenue
Elle prévoit une obligation d’annonce pour toute
acquisition d’actions au porteur. Tout acquéreur
d’actions au porteur sera ainsi tenu d’annoncer
son acquisition et de décliner son identité à la
société. S’il achète un nombre de titres au porteur
qui le conduit à atteindre ou dépasser le seuil
de 25 % de participation, il devra en outre communiquer l’identité de l’ayant droit économique.
De leur côté, les sociétés ayant émis des titres
de participation au porteur seront obligées de
tenir une liste des détenteurs et des ayants droit
économiques de leurs actions au porteur.
Elena Budnikova
Le 12 décembre 2014, les Chambres fédérales
ont approuvé la loi fédérale relative à la mise
en œuvre des recommandations du Groupe
d'action financière sur le blanchiment de
capitaux (GAFI), révisées en 2012. Le Conseil
fédéral a décidé, lors de sa séance du 29 avril
2015, de promulguer l’entrée en vigueur sans
délai, à savoir au 1er juillet 2015, de la première
charrette de ces modifications législatives,
notamment des dispositions afférentes à la
transparence des personnes morales.
Vincent Tattini
Ces nouvelles dispositions sont assorties
de deux types de sanctions : Palette de sanctions
La première résulte du droit des sociétés : les acquéreurs qui omettraient
de satisfaire à leur obligation d’annonce seront déchus de l’ensemble de
leurs droits sociaux (droit de vote notamment) ainsi que de l’ensemble
de leurs droits patrimoniaux (droit au dividende, notamment), ces
derniers s’éteignant ex lege un mois suivant la date d’achat des titres.
Pas question donc de capitaliser des dividendes en restant anonyme. La
seconde, pénale, prévoit une amende pour les porteurs qui violeraient
leur obligation d’annonce ainsi que pour les sociétés qui omettraient
de tenir leurs registres d’actionnaires à jour. Ces dispositions ne s’appliqueront pas qu’aux nouvelles sociétés, mais à toute société inscrite au
registre du commerce au moment de l’entrée en vigueur de ces nouvelles normes. Lesquelles disposent d’un délai de deux ans pour adapter
leurs statuts et règlements. Quant aux actionnaires détenant des titres
au porteur, ils devront s’être annoncés auprès des sociétés émettrices
60
DOSSIER / ACTIONS SUISSES / GOUVERNANCE
dans les six mois suivant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, soit
avant le 1er janvier 2016. À défaut, ils seront déchus de leurs droits
patrimoniaux. Pour le bonheur des actionnaires, le projet prévoit une
alternative. Les sociétés qui le prévoient dans leurs statuts auront la
Ré s ultat de l’a pplicatio n
de ce s n o u velle s dis p o sitio n s ,
le s au t orité s ( n o tamme n t fis cale s )
auro n t accè s à t o u s le s re gis t re s
de s ac tio n n aire s au p or te ur ...
exercent leurs droits et adoptent les modifications de statuts requises aux fins d’imposer
au Conseil d’administration l’obligation de
confier la gestion des registres d’actionnaires
à un tiers qualifié. C’est la conditio sine qua
non au maintien de leur anonymat.
possibilité de déléguer la tâche de tenir les registres des actionnaires
au porteur à un intermédiaire financier soumis à la LBA, susceptible
alors de garantir leur anonymat. Aussi, toutes les sociétés qui disposent
d’un actionnariat au porteur se doivent impérativement d’adopter cette
alternative. À défaut, elles seraient susceptibles d’exposer leurs propres
actionnaires à des risques qu’elles ne connaissent pas, ne mesurent pas,
ne maîtrisent pas. Pour les autres, il est temps que les actionnaires
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61
pat rimoine ( S )
d o s sie r / ac tio n s s uis se s
2015 sera-t-elle
l’année de la Suisse ?
la probable hausse des taux aux États-Unis, la
valeur refuge que représentent les actifs suisses…
Cette tendance va-t-elle se poursuivre ? Et est-ce
que cette année le SMI va surperformer ses pairs ?
L’impact des banques centrales
LAURENT BAKHTIARI, Market Analyst, IG Bank
L a décision de l a Ba nqu e
Nationale Suisse (BNS) d’abolir
le taux plancher EURCHF, le 15
janvier dernier, a fait perdre,
e n u n e jou r n é e , plus de 8. 5 %
au Sw iss M a r k e t I n de x (SMI )
e t pr è s de 6 % l e l e n de m a i n.
M a is de pu is , l e SMI a com bl é
cette chute et a surperformé
ses pairs a mérica ins et sousperformé ses pairs européens, à
monnaie égale. Ceci contraste
drastiquement avec 2014 où le
SMI a surperformé le DAX et sousperformé le S&P 500, en francs
suisses. Ces fortunes diverses
pe u v e n t s ’ e x pl iqu e r pa r u n
certain nombre de facteurs : le
quantitative easing européen,
Ces dernières années, comme toujours d’ailleurs, les banques centrales
ont joué un rôle clef dans l’évolution des marchés actions. Commençons
par les États-Unis. Après plusieurs programmes de quantitative easing
(ou QE, soit d’achats massifs d’obligation d’État afin d’injecter de l’argent
au sein de l’économie), dont le premier a été lancé en novembre 2008, la
situation économique du pays a donné plusieurs signes de reprise. Suite
à cette tendance, les analystes prévoyaient une hausse des taux pour juin,
ce qui aurait pour effet d’affaiblir le marché actions et de soutenir la
monnaie. Toutefois, la Réserve fédérale américaine (FED) a douché les
attentes des investisseurs en indiquant, lors de sa réunion de mi-mars,
que la situation de l’emploi ne permettait pas d’être aussi optimiste. Par
conséquent, les analystes programment désormais cette hausse pour septembre, voire décembre, 2015. L’impact a été très important car, suite à
cette annonce, un flou a été jeté sur le dollar. Nous pensons que la hausse
des taux n’est pas encore totalement intégrée au cours USD/CHF. D’ici à
la fin de l’année, nous prévoyons que la paire se situera aux alentours de
1,06, ce qui constituerait près de 10 % de hausse.
GLOBAL M&A VOLUME – 10.2015
$bn
1200
30%
VOLUME
1000
SPONSOR
25%
800
20%
600
15%
400
10%
200
5%
0
2007
2008
2009
2010
2011
20112
2013
2014
2015
0%
Source : Dealogic
En Europe, la situation est bien différente. La Banque Centrale Européenne
(BCE) a lancé en janvier dernier son programme de QE, ce qui dope les
marchés actions et affaiblit considérablement la monnaie et les taux. Lors
de cette annonce, la BCE tablait sur une durée de 18 mois. En ajoutant à
62
d o s sie r / ac tio n s s uis se s
cela les problèmes liés au remboursement de
la dette grecque et à sa potentielle sortie de la
zone euro, une frilosité s’est créée vis-à-vis de
la monnaie unique. Résultat, le marché actions
s’est artificiellement accéléré. Ainsi, il serait
logique de penser que cette tendance perdure
jusqu’à septembre 2016 au moins.
La réaction suisse
Face à ces décisions qui l’impactent par ricochet,
la Suisse a dû réagir. Afin de se protéger du QE
européen, elle a décidé d’abolir le taux plancher
face à l’EUR et d’introduire des taux négatifs. La
première décision était destinée à éviter d’accumuler trop d’euros dans les réserves de la BNS
et la seconde d’enrayer la forte appréciation du
CHF que cela allait causer. Pourtant, aujourd’hui
encore, même après une décision brutale et des
taux négatifs, le marché suisse et sa monnaie
sont vus comme des valeurs refuges par les
investisseurs. Preuve en est, le SMI a comblé, en
deux mois seulement (au 18 mars) la chute de
près de 16 % en deux jours qu’avait provoqué la
décision de la BNS, le 15 janvier dernier, et ne
sous-performe que très légèrement le marché
européen, pourtant soutenu par le QE. Ainsi, les
investisseurs se tournant vers la Suisse pour sa
sécurité, puis vers ses actions pour éviter de rester
en cash et d’obtenir des taux négatifs ont permis
de soutenir le SMI. Et étant donné la durée du
QE, la situation n’est pas prête de changer.
Conséquences sur les
rapprochements d’entreprises
Le marché suisse pourra d’autre part être soutenu
par les rapprochements d’entreprises. En effet,
la hausse du marché suisse et de sa monnaie
ont provoqué une hausse des fusions et acquisitions. Sur les dernières semaines, nous avons pu
observer une augmentation nette de l’activité de
fusions et acquisitions. En Suisse, cette tendance
est très forte avec une augmentation de 134,9 %
du Q1 2014 au Q1 2015, selon Bloomberg. Et ce,
étant rappelé que l’année dernière était la plus
élevée depuis 2007, qui constituait une année
record. De nombreuses opérations ont été menées,
parmi lesquelles on citera la fusion LafargeHolcim, l’acquisition de Sanitec par Geberit, ou
encore les efforts désespérés de Saint-Gobain
de contrôler Sika. Et nous avons des raisons de
penser que ce bond n’est pas terminé. Il n’est que
de se référer aux propos de Joe Jimenez, le CEO de Novartis, qui, en début
d’année, déclarait que son entreprise n’était pas « hors du jeu des fusions
et acquisitions ». Nous pouvons également penser que les mouvements
de devises peuvent inciter les CEO à repenser les transactions qui ont
échoué précédemment (comme Monsanto et Syngenta). En effet, tant
que les marchés actions seront orientés à la hausse, le nombre de transactions continuera probablement d’augmenter. Leurs actions (ayant atteint
des niveaux élevés de valorisation) constituent pour ces entreprises une
monnaie d’échange de choix pour acheter d’autres firmes.
long/short indice
long/short action
M&A
patte longue
indice suisse
Entreprises
suisses exposées
au dollar
Uniquement si la
nouvelle entité
crée de la valeur
patte courte
indice américain
Entreprises
suisses exposées
à l'euro
Uniquement si la
nouvelle entité ne
crée pas de valeur
Quelle stratégie utiliser ?
Si un investisseur pense que la surperformance du marché suisse sur
les marchés américains va s’accroître à monnaie égale, il pourra établir
une stratégie dite « long/short » : être long sur l’indice suisse (via des
futures ou des CFD pour davantage de levier) et être short sur l’indice
américain (via les mêmes instruments). Mais, il ne faudra pas oublier
de se prémunir contre les effets de change et de couvrir la marge
engagée et le P&L via une position négative sur le USD/CHF (les CFD
offrent une grande flexibilité pour ce type de hedge). Cette stratégie
peut également s’appliquer aux actions. Un investisseur peut se mettre
long sur les entreprises exposées en grande partie au dollar et short sur
les entreprises étant très exposées à l’euro, s’il pense que le dollar US
va se raffermir et l’euro se déprécier par rapport au franc suisse et que
la situation desdites entreprises va en profiter/pâtir.
S&P 500 INDEX
DAX INDEX
SWISS MARKET INDEX
10
5
0
-5
-10
-15
DEC.14
JAN.15
JAN.30
FEB.13
2015
FEB.27
MAR.16
MAR.31
Source : Bloomberg – Les trois indices sont calculés en CHF
Afin de profiter des opérations de fusions et acquisitions, si un investisseur
pense que de la valeur sera créée et que l’acquéreur va payer une prime,
il est intéressant d’acheter l’action de la cible (nous pouvons notamment
penser aux rumeurs sur Evonik et Clariant). Mais l’investisseur devra être
rapide car, suite à l’annonce, le marché adapte le prix de manière quasiinstantanée. Sur le long terme, l’investisseur devra analyser la nouvelle
entité créée avant de décider d’être long ou short.
63
pat rimoine ( S )
immo s c ope / e n t re tie n
Trois questions à :
Arnaud de Jamblinne, directeur
général de la Foncière
La Foncière a effectué un parcours sans faute sur soixante ans (19542014), quels sont les facteurs clés de ce succès ?
Fonds commun de placement immobilier créé en 1954, La Foncière se
distingue des 26 autres fonds du même type par la régularité de son
évolution et la constance de son rendement (voir graphiques ci-dessous).
Performance de La Foncière comparée
à celle du Swiss Bond Index (1998-2014)
••••••••
80%
••••••••
70%
••••••
60%
••••••
50%
••••••
40%
••••••
30%
••••••
20%
••••••
10%
••••••
0%
••••••
-10%
••••••
•• • • ••• •••• • • • • • • • • • • •
• • ••• •• • • •• ••• •••• •• • •• •• •••••••••••••••••••••••••••
90%
-20%
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
••••••
2014
LA FONCIERE (Pr)
SXI Real Estate Funds Price Return Index
Évolution du cours de bourse par rapport
au SIX Real Estate Funds Price Return
La Foncière, avec réinv. dividende
80%
70%
64.02%
64.33%
Swiss Bond Index AAA-BBB (SBI®) Total Return
Notre succès tient avant tout à ce que nous
nous concentrons sur notre cœur de métier : la
mise en valeur de notre parc, principalement
le locatif résidentiel qui représente 61,1 %.
Ce qui ne nous empêche pas d’être diversifié,
l’investissement dans l’immobilier commercial représentant 13,6 % de notre portefeuille.
L’avantage de ce segment est qu’il offre des
taux de rentabilité élevés lorsque la conjoncture est bonne.
Notre philosophie d’investissement est également au cœur de la réussite de modèle d’affaire.
Ainsi, on ne prévoit pas de capital frais sauf
quand on en a besoin, pour éviter la dilution.
L’émission de part ne se fait que ponctuellement : dès que le seuil d’endettement est
atteint, nous procédons à une émission de
part. Entre 1974 et 2014, aucune émission
n’a été effectuée, donc aucune dilution n’est
intervenue. Il en résulte que nous ne subissons
aucune pression sur les investissements. Ce qui
nous permet d’être très sélectifs aussi bien sur
les projets que nous choisissons que sur leur
niveau de rentabilité, lequel est très élevé par
rapport au reste du marché. Si un projet nous
plaît, c’est-à-dire si l’on attend un dividende
élevé, nous faisons appel au crédit. Et ce, afin
d’éviter la dilution.
62.25%
Rendement
60%
50%
47.04%
41.81%
40%
50.65%
50.61%
48.88%
47.21%
43.14%
41.56%
35.50%
30.11%
30%
20.91%
25.65%
24.04%
20.19%
20%
10.51%
10%
22.79%
19.10%
14.92%
17.68%
14.47%
8.49%
0%
10%
5%
6.01%
5.06%
7.59%
8.70%
5.92%
6.29%
4.91%
5.64%
3.28%
2.19%
4.44%
5.31%
0%
Différence annualisée
-5%
30.09.98 au
30.09.03
30.09.99 au
30.09.04
30.09.00 au
30.09.05
30.09.01 au
30.09.06
30.09.02 au
30.09.07
30.09.03 au
30.09.08
30.09.04 au
30.09.09
30.09.05 au
30.09.10
30.09.06 au
30.09.11
BCGE Asset Management / Advisory
30.09.07 au
30.09.08 au
30.09.09 au
30.09.12
30.09.13
30.09.14
Source : BCGE Asset Management - Advisory
64
Cette combinaison nous a permis d’afficher
une performance au 30 avril 2015 de 149 %
sur dix ans. Elle nous a par ailleurs valu des
récompenses. D’abord le prix de la NZZ Real
Estate Award en 2014, sur la base des critères de
performance des investisseurs et l’adéquation
entre ce que la gestion annonce et ce qu’elle
fait effectivement. Ensuite le CIFI Swiss Real
Estate Award, qui nous a été décerné en mars
2015. Il s’agit du 1er prix de l’immobilier fondé
sur la base des chiffres clés d’exploitation, du
immo s c ope / e n t re tie n
net cash flow notamment, qui récompense la
qualité de la gestion immobilière.
Quels conseils donneriez-vous aux investisseurs aujourd’hui ?
Si l’immobilier est une classe d’actifs qu’un
investisseur envisage, il a mieux fait d’acheter des fonds. C’est un élément stabilisateur,
incontournable, d’un portefeuille. L’alternative,
investir dans l’immobilier direct, pose des
problèmes de diversification, laquelle coûte
cher. Rappelons qu’il est de nos jours difficile
de trouver un immeuble en dessous de 5 millions de francs. Cela étant dit, les deux produits
les plus rentables sont le locatif de rendement
et les fonds de placements. L’arbitrage se fait
entre ces deux produits en fonction de trois
critères : le niveau de fortune, l’appétit pour
la liquidité, l’exposition au risque.
Arnaud de Jamblinne et Anne Barrat
65
immo s c ope / e n t re tie n
D’alternatives sur le segment de l’immobilier, il n’y en a guère d’autres :
les sociétés immobilières sont peu nombreuses et axées sur l’immobilier commercial, donc plus volatiles. Les fondations sont réservées aux
caisses de pension et sont moins performantes.
Reste à savoir pourquoi tout l’immobilier d’investissement n’est pas
dans des fonds à l’instar d’autres actifs (actions, obligations). La réponse
se trouve probablement dans le fait que les fonds immobiliers sont des
animaux à part, que chacun se croit expert et, qu’enfin, il existe une
relation sentimentale avec la pierre.
LA FONCIÈRE EN CHIFFRES
– Plus de 4000 locataires
avec un tournus de 10 à 15 % par an
– Valeur vénale des immeubles : CHF 1 168 700 000
– Loyers encaissés : CHF 75 321 000
- Résidentiel : 61,11 %
Notre recommandation va par conséquent vers les fonds de placement
immobilier, suisse de surcroît. En effet, il y a un différentiel très sensible entre la performance des fonds suisses, qui ont cru en 2008, 09
et 10 et les fonds internationaux.
- Commercial : 13,62 %
Comment voyez-vous le marché immobilier évoluer dans les prochains mois ? Quels sont vos projets dans ce contexte ?
- Vacants : 0,63 %
Aujourd’hui, on assiste à un transfert entre les risques actions et les
risques immobiliers. Et ce, alors même que le contexte est fort différent
de la flambée des prix des immeubles connue à la fin des années 80,
qui n’avait d’autre visée que spéculative. Laquelle s’est soldée par une
traversée du désert, de 1989 à 2000, une décennie noire pour l’immobilier. Fort heureusement, les conditions de marché sont aujourd’hui plus
saines, ce qui nous permet de mener à bien les projets créateurs de valeur
actionnariale pour la prochaine décade. Ils ont principalement trait à
la mise en valeur du parc immobilier, qui s’effectue de deux façons :
La Foncière versus actions suisses, obligations suisses, et concurrence
Performance comparée de La Foncière
Jan. 1992 Déc. 2014
LF
SPI
SBI Domestic
Bond Index
Indice
Concurrence
KGAST des
(Rüd Blass
fondations
Immofonds
immobilières
Index)
Performance
totale
834,42 %
741,28 %
185,43 %
204,35 %
332,04 %
Performance
annualisée
10,2 %
9,7 %
4,7 %
5,0 %
6,6 %
Volatilité
annualisée
12,90 %
14,9 %
2,91 %
1,10 %
8,22 %
Max dropdown
-29,6 %
-35,2 %
-4,2 %
-1,5 %
-18,2 %
66
- Mixtes : 25,27 %
- Cœfficient d’endettement : 19,66 %
- Nombre de parts en circulation : 1 240 140
- soit par l’entretien et la rénovation après
mutation des locataires. Nous reprenons des
appartements loués depuis plus de trente ans,
les rénovons et mettons à jour les loyers, en réalisant de substantielles plus-values, justifiées.
- soit par l’exploitation de nouvelles surfaces,
via l’aménagement des combles et la surélévation – les autorités nous ayant permis
d’augmenter le gabarit de certaines zones.
Partant du principe qu’il y a très peu de terrain libre à l’achat, que très peu de choses se
construisent et que, le peu qui se construit,
ce sont des loyers contrôlés, notre marge de
manœuvre est limitée, nous continuons à faire
ce que nous faisons déjà : rénover le parc pour
en augmenter la valeur ajoutée. Et innovons
en mettant en valeur de nouvelles surfaces :
combles, surélévations.
Cette stratégie, qui nous permet de consolider
toutes nos sources de revenus, est un gage de
dividendes en progression constante pour
nos investisseurs. Et ce, quelles que soient les
conditions de marchés et de l’économie, que le
franc soit fort et les taux obligataires négatifs.
En l'occurrence, les résultats décevnats du PIB
au 1er trimestre, qui aura probablement des
répercussions sur l'immobilier commercial, ne
devrait en revanche pas éteindre l'engouement
très élevé pour l'immobilier de rapport. Bien
au contraire.
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92 INDEX
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9 771661 934966
9 771661 934966
11
10
8 CHF
Château d’Allaman, canton de Vaud, Suisse
pat rimoine ( S )
immo s c ope / e n t re tie n
Le rendement toujours
au rendez-vous sur un marché
immobilier assaini
Entretien avec Patrice Gall and, CEO de la Régie immobilière éponyme, Galland & Cie
Forte de ses 120 ans, la plus vieille régie de Lausanne – « même les plus
vieux sont moins vieux » s’amuse Patrice Galland, est aujourd’hui une
PME de 50 collaborateurs qui gère 455 immeubles et quelque 8 200
biens. Et ce, depuis quatre générations – et la relève est prête ! Depuis
2013, « la plus petite des grosses régies » est installée au Rôtillon, le
quartier le plus coloré de Lausanne, juste à côté de la garderie que le
4e des Galland, qui siègent de père en fils à la Fondation Crèche de
Lausanne, a développée.
Comment une « petite » régie peut-elle servir au plus près les intérêts
de ses clients et investisseurs ?
La recette tient en trois ingrédients : un ancrage local ; une concentration sur le métier de base, la gestion ; une culture de la discrétion
et de la confiance. Bien profilée pendant la crise, la régie Galland
& Cie a capitalisé sur la gestion d’immeubles. La promotion est trop
cyclique, c’est un autre métier. Chez Galland & Cie, la dispersion est
une perte de temps, de ressources et d’énergie. La régie parie sur ses
cœurs de métier que sont :
Patrice Galland
- La gestion d’immeubles locatifs. Les clients sont alors
principalement des privés et quelques institutionnels.
- Le courtage de biens immobiliers confortables et de qualité
que ce soit résidentiels ou de rendement.
- La rénovation d’immeubles dont elle assure la gestion.
- L’administration de propriété par étages pour une clientèle
exclusivement privée.
Gestion immobilière, PPE, courtage, rénovation, toutes les opérations
réalisées chez Galland & Cie sont peu cycliques et régulières. Ce qui
leur permet d’avoir une vision large du marché. « Nous travaillons
d’amont, du montage du projet, en aval, la commercialisation »,
explique Patrice Galland. Leur reconnaissance locale leur ouvre les
portes des plus gros promoteurs, comme par exemple GeFIswiss SA.
La confiance est le maître mot, confiance en la souplesse et l’adaptabilité dont ces promoteurs font preuve, confiance en la souplesse des
programmes qu’ils conçoivent pour s’adapter aux besoins du marché,
confiance dans les qualités essentielles pour réaliser des produits
adaptés aux investisseurs en quête de rendement. Chez Galland, les
clients sont davantage des privés que des institutionnels. Pourquoi ?
La discrétion, le service personnalisé.
68
Comment Galland & Cie voit-elle le marché
immobilier et ses opportunités aujourd’hui ?
Si les critères ont évolué avec l’atterrissage en douceur que connaît l’immobilier, les forces de la régie
s’en trouvent renforcées. Cet atterrissage, Patrice
Galland l’attribue à la prudence des banques qui,
sous la férule de la Finma, ont évité une bulle
immobilière. Le marché immobilier s’est calmé
depuis 2013, les prix reflètent cet assainissement :
une baisse de 15 % immédiatement, dont Galland
& Cie constate les répercussions. Explication de
Patrice Galland : « la Finma a voulu ce resserrement », commente Patrice Galland, « pour ne pas
casser l’économie, donc ne pas reproduire la catastrophe économique liée à l’augmentation des taux
hypothécaires et l’éclatement de la bulle dans les
années 90, où le marché avait perdu 35 %. De fait,
les valeurs des biens avaient tellement baissé que
les 1er et 2e rang des dettes n’étaient pas couverts.
immo s c ope / e n t re tie n
Le scénario privilégié cette fois a été de freiner
l’attribution hypothécaire tout en gardant les
taux bas. En conséquence, le marché actuel
n’offre pas les mêmes opportunités que dans
les années 90 ».
Depuis 2012, la réflexion s’effectue ainsi :
les banques prêtent à 1 %, mais leur calcul se
fonde comme si le taux était de 5 %. Secundo,
l’exigence de capitaux propres s’est accrue :
un minimum de 10 % d’espèces hors actifs
du LPP. Enfin, 15 % de l’emprunt doit avoir
été remboursé avant le 65e anniversaire du
propriétaire. Avant, il était possible d’acquérir
un bien d’un million de francs sans avoir 100
000 francs sur son compte. C’est aujourd’hui
impossible. Or, à niveau de salaire égal, sortir
10 % de capital n’est pas évident pour tout le
monde. Autant de mesures qui ont arrêté la
frénésie sur le marché immobilier, le tout
sans toucher aux taux très attractifs, gage
de confiance pour les marchés. Le calcul
ne dépend pas de la région ou du bien, il est
mathématique. Si, à Genève, les prix restent
plus élevés, c’est parce que les salaires sont
plus élevés d’autant, 20 % environ. La hausse
des dernières années a été absorbée parce
que les banques n’ont jamais dépassé 80 %
d’hypothèques quand, dans les années 90,
elles avaient accepté 100 % d’endettement,
voire 105 % !
Les prix de la construction
baissent, la promotion
redevient intéressante
Le franc fort n’a eu que peu d’impact sur les
prix du marché immobilier. Depuis le 15
janvier dernier, si l’immobilier a baissé, c’est
sous l’effet de la baisse des coûts de construction d’au moins 10 %. Cette baisse a elle aussi
contribué à stabiliser le marché. D’un côté,
un particulier doit gagner plus pour acheter,
de l’autre les taux sont négatifs, qui poussent
à investir. Avec la même philosophie : à la
bourse, qui est du court terme, mieux vaut
l’immobilier, qui offre des rendements sur
le long terme. En termes de rentabilité brute
d’un immeuble, on est habitué à du 5 % par
an, selon Patrice Galland. La Suisse est un
marché de locataires : 65 % de locataires, 35 %
de propriétaires. Soit presque l’inverse de la
France voisine (80 % de propriétaires pour
20 % de locataires). Les primo-acquérants ont entre 40 et 45 ans. Les
prix sont chers, le tournus faible, la qualité suisse est peu accessible.
Le marché est prêt à absorber des affaires plus sereines, il est régénéré après l’euphorie que l’on a connue dans les années 2011 et 2012.
L’investisseur a le temps de réfléchir. Il a tout intérêt à rénover. Ou
encore à investir dans les nouveaux programmes de promotion. Tous
les critères sont réunis : les taux bas, la fiscalité intéressante, le coût de
construction plus attractif, les subventions (solaires, fenêtres, façades,
etc.) toujours bonnes à prendre. GeFIswiss SA propose ainsi des biens
de rendement clés en mains. Par rapport aux programmes 2011 et
12, les prix ont baissé, les surfaces aussi. Les nouveaux biens seront
plus faciles à louer à un loyer plus abordable. Un appartement de 4
pièces et demie de 120 m2 est aujourd’hui commercialisé sur une base
de 100 m2 . Le prix facial, transactionnel, est plus bas. Les nouveaux
programmes prennent acte de ce que l’on a constaté, à savoir que les
5 pièces et plus ne trouvent plus preneurs au même prix, les Philip
Morris, P&G, Nestlé, faisant moins faire appel à des expatriés. Ce
départ de la clientèle internationale, exigeante en termes de surface
et de type de biens, a sérieusement impacté les prix. Enfin, le facteur
démographique participe de cette baisse des prix et des surfaces, la
famille suisse étant de 1,8 enfants en moyenne. Le marché immobilier
s’en est ressenti aussi bien à Genève qu’à Lausanne. De leur côté, les
studios, 2 et 3 pièces n’ont pas bougé.
Une mine d’or
Le marché a réagi très vite, les propriétaires ont accepté de baisser
leurs prix. Aujourd’hui, un particulier qui a 100 ou 200 000 francs
préfère investir dans un appartement que dans sa LPP ou la Bourse.
Les caisses de pension ont intérêt à investir dans l’immobilier, qu’il
soit direct ou indirect. Le premier est un investissement à long terme,
avec des rendements de l’ordre de 4,5 à 5 %, le second à trois ans, avec
un rendement mais un risque aussi nettement plus fort, de l’ordre
de 8 à 18 % aujourd’hui. Depuis 2014, elles ont certes accepté une
baisse des rendements, autrefois compris dans une fourchette de 14
à 20 % – étant précisé que ce sont principalement les propriétaires de
terrains qui doivent absorber la baisse en diminuant la marge qu’ils
réalisent sur la valeur de leur bien. Les rendements restent d’autant
plus attractifs que les taux obligataires sont négatifs. Sans compter
que tant que les loyers ne baissent pas – ce qui vaut pour les petites
surfaces –, le rendement reste stable.
69
pat rimoine ( S )
in ve s tir / l a t rib u ne de l’is ag
Prise de risque calculée pour les
stratèges de la place genevoise
porter à 0,50 % au premier trimestre 2016. À cet horizon, la parité
euro-dollar devrait s’établir à 1,04 selon ce consensus, et le taux à 10
ans américain devrait remonter progressivement vers 2,25 %.
Le consensus a généralement pour défaut de réduire les analyses à
quelques faits stylisés, mais ses allocations traduisent en l’occurrence
une position tranchée par rapport aux questions qui agiteront les
marchés financiers ces prochains trimestres : faut-il craindre la hausse
des taux de la Fed ? La progression des bénéfices est-elle vraiment
plus favorable en Europe et au Japon que dans les autres régions ? Et,
enfin, les taux d’intérêt à long terme peuvent-ils remonter sans porter
préjudice aux actions ?
Les stratèges ne redoutent
pas la hausse des taux de la Fed
Patrice Gautry, Chef économiste de l’UBP,
Membre de l’ISAG
L es act ions – e n pa rt icu l ie r
celles de l a zone euro – s’imposent comme le meilleur placement depuis le début d’année.
Ainsi, le consensus des stratèges
des banques privées genevoises
a r a ison de sur pondér er l es
actions européennes dans ses
grilles d’allocation d’actifs.
Le pari des stratégistes en allocation d’actifs
genevois met en évidence une réelle confiance
envers les actifs risqués, qui amène à privilégier, en parallèle, les actions japonaises. Parmi
les placements à taux fixe, les obligations
d’entreprises sont favorisées, contrairement
aux obligations gouvernementales.
Le scénario consensuel qui sous-tend ces
allocations se veut optimiste : la croissance
américaine devrait progresser à un rythme
de 2,9 %, et la Fed ne devrait relever ses taux
directeurs que très graduellement, pour les
Les politiques monétaires non conventionnelles ont alimenté le
rebond des indices actions, et les marchés européens s’inscrivent sur
une trajectoire comparable à celle observée aux États-Unis. La Fed
devrait toutefois rester pragmatique dans la mesure où elle conditionne son calendrier de relèvement des taux à la situation économique. Le cycle de resserrement qui s’annonce n’a rien de semblable
à celui de 2004, car la croissance est moins soutenue et, donc, le taux
d’équilibre de la Fed devrait vraisemblablement s’inscrire en dessous
des 3,75 % prévus par les gouverneurs de la Banque centrale. Cette
dernière ne se hasardera pas à casser la croissance, étant donné que
l’activité économique n’affiche pas d’excès en termes d’inflation, de
hausse salariale ou d’endettement. La Fed pourrait ainsi adopter une
RENDEMENTS DES CAPITAUX PROPRES DES ENTREPRISES COTÉES
AUX ETATS-UNIS, EN EUROPE ET AU JAPON
20%
20%
ETATS-UNIS
15%
15%
EUROPE
10%
JAPON
10%
5%
5%
0%
0%
-5%
-5%
Source : Thomson Financial, MSCI, UBP
70
in ve s tir / l a t rib u ne de l’is ag
stratégie de remontée des taux assez lente, ce qui affecterait peu les
marchés actions, d’autant que la BCE et la Banque centrale du Japon
(BoJ) poursuivront leurs injections de liquidités.
Fort rebond attendu des bénéfices des sociétés européennes et japonaises
La reprise de la croissance en zone euro et au Japon milite pour un
rebond des bénéfices dans chacune des régions. Sur les marchés de la
zone euro, ce sont les secteurs cycliques qui ont logiquement le plus
tiré parti de la sortie de récession et de l’action de la BCE. De plus, la
baisse de l’euro permettra aux entreprises d’accroître leurs marges
et / ou de gagner en compétitivité.
« E n ab a nd o n n a n t s a politiq ue
de tau x d ’in té rê t n ul s , l a Fe d ris q ue r ait
de prive r le s marché s fin a ncie r s de l’u n
de s mo te ur s clé s de le ur hau s se ».
Au final, le biais risqué des portefeuilles
témoigne de la vision positive du consensus
des stratèges quant à l’évolution des économies.
Il reflète par ailleurs la confiance à l’égard des
banques centrales dans la gestion de sortie de
crise, mais aussi envers les entreprises dans
leur capacité à délivrer des bénéfices en progression soutenue. Les stratégies de placement
sont assez consensuelles au premier semestre,
et s’accordent sur une nette préférence pour
les actions, mais elles pourraient évoluer
différemment au cours des prochains mois
selon les développements observés sur chacun
des thèmes évoqués plus haut.
Dans ce contexte, les profits devraient, selon le consensus des analystes financiers, progresser de près de 15 % en zone euro et de 14 %
au Japon en 2015. Leur hausse devrait en revanche se limiter à 6 %
(hors énergie) aux États-Unis, et se monter à 9 % pour les marchés
émergents dans leur ensemble.
Au-delà de cette embellie conjoncturelle, la difficulté pour l’Europe
et le Japon est d’inscrire une reprise pérenne qui permette aux actions
de voir leur rentabilité sur fonds propres rejoindre, à moyen terme,
celle des actions américaines. Cette trajectoire devra être alimentée
par une amélioration de la compétitivité et de la gouvernance des
entreprises, et probablement par de nouvelles restructurations.
La hausse des taux longs pourrait-elle
interrompre la dynamique sur les actions ?
LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET
WORTH INDIVIDUALS
UN
E
INVESTIR
PHILANTHROPIE(S)
CULTURE(S)
JAPON : CAP SUR
LE SOLEIL LEVANT
ANOUK
FOUNDATION :
POUR QUE LES MURS
S’ENSOLEILLENT
SIGNIFICATIONS
DU RIRE
INDEX
TIBÈRE ADLER,
DIRECTEUR ROMAND
D’AVENIR SUISSE
MARCHÉ DE L’ART
ALBERTO
GIACOMETTI :
LA SCULPTURE
AU PLUS HAUT
ÉDUCATION :
15 MENTORS
D’INFLUENCE
TE
AN
CE
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IS
F IN
DU E
SÉ RÊ M
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A S L’E X
À
Les politiques des banques centrales ont conduit à de fortes performances sur les marchés actions et ont également contribué à maintenir
les taux longs à des niveaux exceptionnellement bas. La normalisation
de la politique monétaire de la Fed ouvre la voie à une remontée possible des taux longs américains ces prochains mois, alors que les taux
européens et japonais resteraient faibles, du fait des achats des banques
centrales. Il est probable que, dans ce cadre, les gérants obligataires
européens se portent acheteurs de la dette publique des États-Unis au
vu des rendements plus élevés, ce qui limiterait la remontée des taux
américains, les taux du Trésor à 10 ans n’allant pas au-delà de 2,25 %.
INVESTISSEZ DANS
LE NOUVEAU MARKET.
INVITÉ
DOSSIER
8 CHF
Dès lors, cette hausse plutôt lente des taux longs ne devrait pas être
particulièrement pénalisante pour les marchés actions, notamment
en Europe et au Japon. De plus, les banques centrales devraient également veiller à ne pas déstabiliser les marchés de capitaux, afin
d’éviter que le scénario de 1994 ne se répète, ce dernier ayant généré
de fortes pertes au sein des portefeuilles obligataires.
71
L’ÉQUATION ISLAMIQUE :
UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE
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2 ans/16 éditions pour 188 chf
pat rimoine ( S )
in ve s tir / b u sine s s a n gel s s wit ze rl a nd
ASI-Advanced Sport Instrument
où sont ses camarades et, cerise sur le gâteau,
d’enregistrer tous ses vols avec leurs données
statistiques telles que temps de vol et dénivelés.
Elena Budnikova
Nous avons invité Lionel Yersin, fondateur et CEO de Advanced Sport
Instrument, à présenter son projet au BAS en août 2013. Nous l’avons
invité parce que nous sommes des grands fans de projets originaux et
différents, à l’heure où les projets de réseaux sociaux nous accablent parfois. Advanced Sport Instrument est né de la passion d’un parapentiste
qui a décelé un manque dans la pratique de son sport favori, a trouvé
une solution technologique pour pallier ce manque et s’est lancé dans
l’aventure entrepreneuriale pour commercialiser son invention. Voilà
qui méritait un regard attentif de la part du BAS.
FRANK Gerritzen, Président Suisse romande, BAS
ASI-Advanced Sport Instrument
est une société suisse de technologie sportive. Son produit
phare, celui sur lequel et pour
lequel la société a été développée, est le « FlyNet » (www.flynetvario.com). FlyNet est un boîtier
qui se met dans la poche, relié
à une tablette, permettant aux
parapentistes de connaître en
temps réel, lors d’un vol, la position d’autres parapentistes et
des cour ants ascendants du
secteur. Les avantages en sont :
la possibilité de trouver plus
facil e me n t des v en ts ascenda n t s , é l é m e n t cr i t iqu e e n
parapente ; de (ne pas) se perdre
de vue lors de vols en équipes,
m a is de savoir en t emps r éel
Mais rien n’est facile dans le monde de la start-up : après quelques séances
de due diligence, une étude plus approfondie de la technologie ASI et de
la viabilité commerciale du produit, la plupart d’entre nous en sommes
arrivés à la conclusion que le marché du parapente était quand même
extrêmement limité : non pas qu’il n’existe pas un marché suffisant
de clients potentiels, mais en tant qu’investisseur qui veut financer
une telle entreprise, la perspective d’une retour sur investissements
doit quand même avoisiner les 20 % annualisés1, jusqu’à ce qu’il puisse
sortir, c’est-à-dire vendre ses parts à un repreneur.
Une fois cette information communiquée au fondateur, un membre
du BAS (Lionel Crassier, est-ce que l’homonymie avec le fondateur a
joué un rôle, nous ne le saurons sans doute jamais…) a pourtant voulu
y croire et a initié un projet de prêt convertible, en ouvrant son portemonnaie, n’étant rejoint que par un seul autre membre. Lionel Crassier, dans son rôle non seulement de financier mais aussi de coach du
fondateur, a réussi, en presque deux ans, à convaincre le fondateur de
positionner le produit sur une utilisation plus large, modulo quelques
modifications technologiques nécessaires telles que permettre à des
capteurs de se « parler » entre eux à une certaine distance. La personne
qui a rendu cette évolution technologique possible est le nouvel associé
de Lionel Yersin, Julien Moix. Julien a rejoint le projet début 2014 et s’est
concentré sur la stratégie « produit ». C’est lui qui est arrivé avec l’idée de
développer un produit pour le football, son rôle est donc prépondérant
dans l’évolution de ASI. Son background dans la gestion informatique
et les systèmes ERP ont été un atout essentiel, ainsi que sa créativité,
son énergie et son enthousiasme. Julien et Lionel sont amis de longue
date et ont fait à plusieurs reprises la patrouille des glaciers et d’autres
courses de montagne ensemble : voilà une utilisation de ASI à laquelle
personne n’a encore pensé !
72
in ve s tir / b u sine s s a n gel s s wit ze rl a nd
De ces réflexions, de cette collaboration et de fondamentalement la
même technologie est née FieldWiz (www.fieldwiz.com). FieldWiz
est capable de faire pour les clubs de football les plus modestes ce qui,
à ce jour, était réservé à ceux de la Champions League : une analyse
en temps réel des positions des joueurs sur le terrain, des distances
parcourues par ceux-ci, des accélérations, et de données physiologiques
(grâce à un cardiofréquencemètre intégré) pendant un match ou un
entraînement. Chaque joueur porte dans son maillot un capteur qui
pèse moins de 50 grammes et à la fin du match le synchronise avec
n’importe quel support communiquant via Bluetooth. Le coût et la
simplicité de l’implémentation en font un réel produit populaire,
accessible aux équipes de ligues inférieures, donc sans budget. Et si l’on
sait ce que le football amateur représente non seulement en Europe
mais dans le monde, on est passé d’un marché de niche avec FlyNet à
un marché gigantesque avec FieldWiz : le marché mondial du parapente représente environ 300 000 pilotes, celui du football quelque 38
millions de joueurs enregistrés. Nous ne sommes pas ici en face de ce
qu’on appelle aujourd’hui dans les milieux concernés un « pivot », un
changement fondamental de paradigme : c’est bien plus une évolution
de la technologie, une extension de ligne et de gamme de produits,
couplé et rendu possible grâce à l’arrivée de nouveaux collaborateurs
et partenaires qui ont amené leur expertise.
Mais c’est aussi grâce à l’ouverture d’esprit
de Lionel Yersin qui, contrairement à pas
mal de fondateurs, ne s’est pas braqué sur son
invention et a à tout prix essayé de défendre
son idée initiale. Il s’est rendu perméable à
d’autres idées et d’autres produits, ce dont il est
somme toute le premier bénéficiaire. Puisset-il y en avoir plus de somme lui !
1)
C’est un chiffre un peu arbitraire mais basé sur
l’historique des projets : en effet, 20 %, rendement élevé
certes, mais qui doit compenser le risque, donc aussi les
projets qui n’aboutissent jamais et/ou font faillite. C’est
donc bien plus de la gestion du risque que de la cupidité.
Groupe ams,
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73
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in ve s tir / b u sine s s a n gel s s wit ze rl a nd
Comme dans toute start-up et aventure commerciale, le résultat final
ne sera connu que dans quelques années (au mieux !), mais nous avons
ici un magnifique projet qui peut s’appliquer maintenant à d’autres
sports : basket, handball, hockey sur glace et sur gazon ; tous les sports
d’équipe où le positionnement des joueurs est essentiel sont concernés. La
conséquence de cette belle évolution : un nouveau tour de financement
qui a récemment eu lieu. Un tour de financement sous les meilleurs
auspices, car un tour pour la croissance, pas pour combler les trous pro-
voqués par les erreurs du passé. De bien plus
nombreux membres du BAS se sont accrochés
au wagon de l’investissement dans Advanced
Sports Instruments. Une preuve de plus que les
entrepreneurs doivent non seulement croire en
leur projet, mais aussi convaincre leur entourage et, avant tout, savoir s’entourer.
Questions à Lionel Yersin :
Quel rôle a joué Lionel Crassier dans l’évolution de ASI entre 2013 et
2015 ?
J’ai une formation d’ingénieur et un esprit cartésien. Lionel m’a beaucoup aidé sur les aspects stratégiques et financiers. Il m’a permis de voir
certains problèmes avec plus de recul. Il a toujours montré de la motivation, ce qui m’a aidé à sortir la tête de l’eau dans les moments difficiles.
Pour quand prévoyez-vous le break-even ?
Lionel Yersin
Comment avez-vous vécu votre passage
devant les membres du BAS en août 2013,
avez-vous été surpris du feed-back ?
Le « Dinner Meeting » du BAS a été pour moi
une expérience enrichissante sur plusieurs
aspects. C’était pour moi la première fois que
je présentais mon projet devant des investisseurs. J’avais certes déjà présenté ces slides
à plusieurs reprises devant mes coachs CTI
et Platinn2 ou devant d’autres entrepreneurs
lors de cours destinés aux entrepreneurs,
mais cela n’avait rien à voir avec le regard
des membres du BAS qui doivent investir
leurs propres fonds. Suite à la présentation,
j’ai immédiatement compris qu’il y avait de
l’intérêt pour mon projet. Le feedback que j’ai
reçu quant à la taille du marché ne m’a pas
surpris, je savais que c’était un point critique.
À ce moment-là, je prévoyais d’ailleurs déjà
une extension vers d’autres sports (d’où le
nom de la société), mais c’était encore trop tôt,
ne sachant pas encore exactement vers quelle
autre discipline sportive j’allais me diriger.
Notre technologie est maintenant bien aboutie, nous avons été capables
de développer un nouveau produit pour un nouveau marché en réutilisant beaucoup notre savoir-faire et notre propriété intellectuelle. Durant
l’année qui vient, nous allons concentrer nos efforts sur les ventes
de FieldWiz dans le football et autres sports collectifs. Nos prévisions de
ventes nous permettent de prévoir des chiffres noirs pour 2016 déjà.
De combien de fonds avez-vous besoin, ou avez-vous prévu d’avoir
besoin dans les prochaines années ?
Nous sommes aujourd’hui à la recherche de CHF 300 000.- environ.
L’utilisation des fonds servira à agrandir l’équipe, surtout dans le domaine
commercial et de se permettre une présence marketing digne de ce nom.
La concurrence vous inquiète-t-elle ?
Globalement je pense que la concurrence nous oblige à maintenir
nos technologies à jour et d’être constamment à la recherche d’idées
innovantes. À mon avis, tant que nous respectons ce défi et que nous
essayons de garder une longueur d’avance, il n’y a pas de raison de
craindre la concurrence.
Que feriez-vous différemment si c’était à refaire ?
Quand on regarde en arrière il y a toujours des choses qu’on aurait fait
d’une autre façon. Mais je suis convaincu que les erreurs sont en général
constructives. Si c’était à refaire, je commencerais d’abord par le produit
destiné au football, mais c’est facile à dire après coup.
Que faites-vous quand vous ne travaillez pas ?
2)
CTI : Commission pour la Technologie et l’Industrie,
organisme fédéral de soutien aux start-ups sous forme
de certification et de coaches, permet aux start-ups
d’avoir plus de crédibilité et ainsi se faire financer plus
facilement. Platinn est une organisation un peu similaire
mais au niveau des cantons romands.
Je profite de ces moments pour passer du temps en famille. J’ai une
petite fille en bas âge et c’est toujours un plaisir de lui consacrer du
temps. J’ai malheureusement de moins en moins de temps à consacrer
à mes passions, mon dernier vol en parapente remonte à plusieurs mois.
74
and
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pat rimoine ( S )
in ve s tir / pe r s pec tive s
Les taux négatifs
un nouveau paradigme ?
Les rendements négatifs sur les emprunts obligataires sont la conséquence
de deux éléments : d’un côté des interventions des banques centrales, et
de l’autre des facteurs structurels affectant le monde occidental.
Les banques centrales se lancent tour à tour dans de nouveaux plans
d’assouplissement quantitatifs (« quantitative easing ») afin de relancer la
croissance. Elles augmentent ainsi la demande pour les emprunts obligataires puisque l’essentiel des injections de liquidités se fait techniquement
« U ne ré d uc tio n de l’offre e t u ne
augme n tatio n de l a de ma nde d ’oblig atio n s
ind uit ine xor able me n t u ne hau s se de le ur
prix , q ui, méca niq ue me n t, dimin ue le ur
re nde me n t ».
ÉVOLUTION DU TAUX À 10 ANS DE LA CONFÉRATION SUISSE
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
76
JUIN 2013
JUIN 2011
JUIN 2009
-0,5
JUIN 2007
0
JUIN 2005
0,5
JUIN 2003
Les taux négatifs interpellent
car ils mettent à mal notre
schéma habituel de pensée. Il
faut toutefois en distinguer
deux formes. Ceux appliqués par
la Banque nationale suisse (BNS)
sur les liquidités des banques
sont assimilables à une forme
de taxe visant à contenir la
montée du franc suisse, alors
que les rendements négatifs
sur les emprunts obligataires
résultent du déséquilibre entre
offre et demande d’emprunts
obligataires. Cette nouvelle
situation marque l’avènement
d’un nou v e au pa r a digme , où
i l fau t dé s or m a i s pay e r u n
emprunteur pour qu’il daigne
accepter d’être financé.
par l’achat d’obligations. Elles parviennent également à leur second
objectif : affaiblir leur monnaie dans un contexte où toute dévaluation
compétitive offre un espoir de points de croissance supplémentaires par
la stimulation des exportations.
JUIN 2001
Pierre-François Donzé , Gérant discrétionnaire,
Banque Bonhôte & Cie
in ve s tir / pe r s pec tive s
Le sauvetage du système bancaire en 2008 a
forcé les États à s’endetter, à un tel point que le
ratio Dette/PIB de certaines économies a explosé
et n’est viable à long terme que sous certaines
conditions : croissance positive, inflation, et
faibles taux. Aujourd’hui, pour ne pas détériorer
leur note de crédit, les États sont contraints de
contenir leur endettement et, de ce fait, l’offre
d’obligations d’État se raréfie. De l’autre côté, la
demande d’obligations augmente par le truchement des opérations de « quantitative easing »
opérées de concert par les banques centrales.
Certains éléments structurels ralentissent la
conjoncture en Europe et contribuent également
à faire pression sur les taux. Parmi ceux-ci nous
retiendrons : le ralentissement de la croissance
démographique lié au vieillissement de la
population ; une spécialisation marquée des
économies occidentales dans le secteur des
services dont le potentiel de gains de productivité est faible ; le ralentissement du grand
mouvement de délocalisation de la production
occidentale vers les pays émergents ; et finalement la lente érosion de la classe moyenne dont
la contribution en termes de consommation
fait aujourd’hui cruellement défaut. La croissance n’est donc plus au rendez-vous et le coût
économique pour tenter de la stimuler devient
incroyablement élevé.
Dans ce contexte, les efforts entrepris pour relancer la conjoncture sont quasiment sans effets.
Les injections de capitaux ne font que grossir
le volume de liquidités déjà très excédentaire.
Et comme l’économie réelle n’absorbe pas ces
liquidités, celles-ci se déversent en masse sur
les marchés financiers, faisant inexorablement
pression à la baisse sur le rendement du capital.
Les conséquences des taux
négatifs : multiples et
globalement délétères
Les modèles financiers permettant d’évaluer
les actifs sont aujourd’hui perturbés. La notion
de taux hors risque – définie comme le rendement obtenu après avoir renoncé à toutes
les primes de risques – est aujourd’hui mis
à mal. Ces taux servent de base à la plupart
des modèles de valorisation d’actifs. Plus les
taux sont bas, plus la valeur estimée des actifs
(actions et immobiliers par exemple) est élevée
et inversement. Aujourd’hui l’intégration de valeurs négatives génère des
résultats déconnectés de la réalité. Le rendement « hors risque » devient
une « perte hors risque ». Une vraie gymnastique intellectuelle : il s’agit
dès lors de prendre du recul par rapport aux anciens repères.
Autres conséquences : des taux durablement négatifs affecteront le financement des retraites, du côté de l’actif des caisses de pension. Désormais,
les avoirs en liquidités seront également impactés alors que le rendement
moyen de la poche obligataire (qui constitue parfois 50 % du portefeuille) est déjà proche de zéro. Des rendements négatifs signifieraient
soit une réduction des prestations vieillesse soit une augmentation du
taux d’épargne pour pallier ce manque. Pour les pouvoirs publics une
réduction des rendements des placements les privera de rentrées fiscales.
Des taux négatifs sur l’épargne laissent même entrevoir des déductions
COURBES DES TAUX À 10 ANS DE LA CONFÉRATION SUISSE
0.2
0
3M
1Y
2Y
3Y
5Y
7Y
10Y
15Y
-0.2
-0.4
-0.6
-0.8
-1
fiscales potentielles pour les contribuables ! Finalement le risque de
« l’aléa moral » – à savoir la propension à une gestion budgétaire moins
rigoureuse – augmente. En effet, difficile de résister à l’envie de s’endetter
quand l’emprunt devient gratuit voire même rémunérateur !
En imposant des taux négatifs sur les dépôts des banques, la BNS aura
cependant eu le mérite de prendre les spéculateurs à contre-pied. Cette
mesure lui offre désormais un outil à « calibration variable » pour contrer
la cherté du franc suisse. Finalement les grands gagnants à court terme
sont les actionnaires puisque les actions se sont envolées vers des nouveaux plus-hauts poussées par les flux de liquidités tentant d’échapper
aux rendements négatifs.
Comme disait Keynes : l’excès de capitaux c’est l’euthanasie des rentiers !
77
pat rimoine ( S )
in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANKING
Le franc fort impacte
les performances
et « dynamique ». Seules les actions suisses et les
matières premières enregistraient des résultats
positifs, tandis que l’immobilier international
montrait la plus forte contraction.
La légère embellie observée durant le mois de mars n’aura pas vraiment duré. Le baromètre conjoncturel du KOF reculait ainsi à 89,5
points, tandis que l’indice PMI restait toujours en dessous de la zone
de croissance (à 47,9 points). Le franc ne cesse pourtant de se renforcer,
Elena Budnikova
« Se ule s t rois cl a s se s d ’ac tif s
e nre gis t re n t e nc ore de s ré s ultat s
p o sitif s de puis le dé b u t de l’a n née :
le s oblig atio n s s uis se s (+2, 8 0 % ) ,
le s ac tio n s s uis se s (+ 3 ,9 6 % )
e t le private e q uit y (+1,10 % ) ».
Alain Freymond, Associé BBGI Group
La vigueur du franc suisse a pesé
sur les performances des indices
en avril. La stratégie « risque
fa ibl e » gl issa i t l e plus av ec
-0,78 %, contre -0,68 % et -0,58 % pour
les stratégies à risque « modéré »
provoquant un effet de change négatif pour les classes d’actifs originellement libellées en dollars (USD/CHF -4,14 %). Ainsi, l’important rebond
des matières premières en USD (+11,06 %) – expliqué par la hausse des
produits pétroliers ainsi que de certains métaux industriels – tombe
à +6,46 % en franc suisse. Les obligations suisses et internationales
Performances du mois d'avril
7%
0%
-0.1%
5%
-0.2%
3%
-0.3%
6.46%
0.78%
1%
-0.4%
-1%
-0.5%
-0.6%
-3%
-0.7%
-5%
-0.8%
-0.9%
-0.78%
PB LOW RISK
-0.68%
PB MEDIUM
RISK
-0.58%
PB DYNAMIC
RISK
-7%
-0.58%
-3.09%
OBLIGATIONS
CH
OBLIGATIONS
INT.
78
-1.90%
ACTIONS
CH
ACTIONS
INT.
-0.23%
PRIVATE
EQUITY
-3.94%
GESTION
ALTERN.
-5.60%
IMMOBILIER
INT.
MATIÈRES
PREMIÈRES
in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANKING
cèdent -0,58 % et -3,09 %. Les actions suisses parvenaient à enregistrer
des résultats positifs (+0,78 %) tandis que les actions internationales,
largement positives en dollars, cédaient -1,90 % en franc suisse. Le
private equity reculait quant à lui de -0,23 %, contre -3,94 % pour la
Le s tau x de cha n ge USD / CHF
e t EUR / CHF affiche n t re s pec tive me n t
- 6 , 2 3 % e t -13 ,0 2 % de p uis ja n vie r .
gestion alternative et -5,60 % pour l’immobilier international. Les
résultats décevants du mois d’avril auront eu raison des performances
enregistrées depuis janvier : la stratégie « risque dynamique » stagne
tout juste (+0,06 %), tandis que les stratégies « risque modéré » et « risque
faible » affichent +0,29 % et +0,47 %.
Après un mois de mars caractérisé par une
normalisation des actifs en franc suisse – qui
s’est traduite par des performances positives
pour la quasi-totalité des classes d’actifs – le
constat est nettement moins réjouissant en
avril. Et ce, principalement à cause du renforcement continu du franc qui a provoqué un
effet de change négatif pour les classes d’actifs
originellement libellées en dollars. Malgré cet
élément, les matières premières ont obtenu la
meilleure performance du mois – favorisée
par l’impressionnante remontée des cours du
pétrole. Ainsi, en raison d’une pondération plus
importante de cette classe d’actifs dans l’indice
BBGI Private Banking « risque dynamique »,
celui-ci arrive en tête en avril. Il progresse ainsi
de +3,79 %, suivi des indices « risque modéré »
(+3,72 %) et « risque dynamique » (+3,56 %).
in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANKING
Votre portefeuille le mois dernier,
depuis le début de l’année et sur dix ans
Indice BBGI Private Banking « risque faible » (ipbl)
Indice BBGI Private Banking « risque modéré » (IPBM)
Avril
IPBL
-0,78 %
Moyenne des fonds
-0,07 %
écarts en PdB
-71,03
YTD
0,47 %
0,15 %
10 ans
3,56 %
1,58 %
Avril
ipbm
-0,68 %
Moyenne des fonds
-0,21 %
écarts en PdB
-46,93
32,257
YTD
0,29 %
0,77 %
-47,89
198,04
10 ans
3,72 %
2,22 %
150,51
Avril
ipbd
-0,58 %
Moyenne des fonds
-0,20 %
Écarts en PdB
-38,20
YTD
0,06 %
0,64 %
-58,44
10 ans
3,79 %
2,46 %
132,40
Indice BBGI Private Banking « risque modéré » (IPBD)
*L’univers de fonds suisses est constitué de fonds diversifiés, regroupés
en trois catégories de risques correspondant aux indices BBGI Private
Banking. Ces trois univers ont été constitués sur la base des indications
fournies par les promoteurs des fonds et des allocations d’actifs publiées.
Relevons que, au contraire des fonds, les indices BBGI n’incluent pas
de frais de transactions.
Sans être totalement exhaustifs, ces univers sont représentatifs du marché
suisse des fonds destinés au public. Les compositions détaillées des univers
et des indices sont disponibles auprès du service de recherche de BBGI Group
(022 595 96 11).
80
Ondes
pOsitives
www.onefm.ch · www.facebook.com/onefm.ch
107.0 Genève · 107.2 Lausanne · 107.9 nord-vaudois · 99.3 riviera · 97.0 Yverdon-Les-bains, PaYerne
pat rimoine ( S )
in ve s tir / pe r s pec tive s
Quels investissements
préconisés en période
de déflation ?
les expositions sur les obligations dont les revenus sont devenus insuffisants, et d’augmenter les investissements offrant des rendements plus
élevés, soit en se diversifiant internationalement, soit en se positionnant
sur des classes d’actifs plus rémunératrices telles que l’immobilier, les
actions ou les investissements privés.
INFLATION
8
1Y % change of CPI-ALL URBAN: ITEMS: United States
1Y % change of CPI-ALL ITEMS: (HARMONISER), NSA: Euro Zone
1Y % change of CPI: Switzerland
CPI (% YOY): China ex HongKong and Macau (Country)
6
4
2
Edouard Crestin-Billet, Head of Institutionnal Asset
Management, 1875 Finance
A pr è s avoi r é t é c on fron t é s
au XX e siècle à l’inflation, les
investisseurs doivent désormais
faire face à un nouveau type de
déséquilibre, la déflation.
Baisse de la productivité, recul de la croissance,
mondialisation, désendettement du secteur
privé et public, sous-utilisation des facteurs de
production sont les forces structurelles déflationnistes auxquelles l’évolution de l’économie
mondiale ne peut plus échapper.
Pour répondre aux nouveaux défis engendrés
par la déflation, à savoir le recul séculaire des
rendements nominaux et l’accroissement de
la volatilité sur les marchés financiers, les
épargnants devront modifier leur allocation
stratégique et les gestionnaires de portefeuilles
adapter leur processus de gestion. Afin de
conserver une rentabilité équivalente, il s’agira
en conséquence de réduire structurellement
0
-2
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Source : Thomson Reuters Datastream
Diversification optimale
Afin de pouvoir effectuer ces arbitrages sans devoir accroître de façon
trop sensible les probabilités de moins-values, il faudra mettre en œuvre
une allocation dynamique permettant de gérer les fluctuations sur les
taux d’intérêt et les placements boursiers, mais aussi de minimiser les
risques de baisse sur les changes.
L’exposition sur les monnaies étrangères devra être structurellement
inférieure à la pondération déterminée pour les actifs internationaux
sous-jacents, les rendements sur les devises étant globalement inférieurs
à leurs risques. La modulation de l’allocation stratégique définie par
l’allocation tactique devra être effectuée sur la base d’un processus
intégrant le changement de paradigme caractérisant les nouveaux
comportements des marchés, tels que l’influence grandissante des
chocs systémiques, les excédents d’offre monétaire, le dysfonction82
in ve s tir / pe r s pec tive s
nement du multiplicateur bancaire et les distorsions de valorisation.
La gestion dynamique des expositions sur les marchés et les taux de
change pourra s’effectuer à travers la mise en œuvre d’overlays (gestions
superposées) permettant à la fois de réduire les coûts de transaction et
d’avoir un horizon d’investissement différentié entre les titres, détenus
« Afin d ’a s s ure r u ne dive r sificatio n
op timale , le s in ve s tis se ur s de vro n t e n
c o n sé q ue nce définir de u x t y pe s de grille s
de pl ace me n t, l’u ne p o ur le s marché s e t
l’au t re p o ur le s mo n n aie s ».
généralement pendant une longue période, et l’allocation, modifiée
plus régulièrement.
Au niveau des classes d’actifs, les véhicules d’investissement offrant
des revenus fixes devront être privilégiés en période de récession ou
de ralentissement économique. Nous pouvons mentionner les obligations, gouvernementales plus particulièrement, et l’immobilier. En
période d’évaluation excessive des marchés
domestiques, une augmentation des placements internationaux devra être envisagée.
La réduction des revenus liés au recul sensible
des coupons sur certains débiteurs gouvernementaux pourra être compensée par une
diversification accrue sur les emprunts émis
par les sociétés lorsque la santé financière des
entreprises s’améliore.
Placements privés
versus titres boursiers
En raison de l’augmentation du rendement
sur leurs dividendes, les actions doivent être
sélectivement surpondérées en période de
hausse des multiples induite par un risque
systémique réduit et lors de l’amélioration
des perspectives bénéficiaires. Les performances relatives entre les différents pays
dépendront sensiblement de l’évolution des
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83
in ve s tir / pe r s pec tive s
termes de l’échange dépendante à fois du degré de compétitivité des
entreprises nationales et de l’évolution inverse des taux de change. Sur
le plan sectoriel, les sociétés dont l’élasticité du prix de leurs produits
est rendue faible ou bénéficiant d’un « pricing power » élevé devront
être favorisées. Les titres issus de la technologie, de la consommation
discrétionnaire de biens exclusifs, la santé et les entreprises de services
à forte valeur ajoutée devront être privilégiés. A contrario, les entreprises actives dans les secteurs des matériaux de base et de l’énergie ne
devront être sélectionnées qu’en période de haute conjoncture. Au sein
des investissements alternatifs, les fonds de « hedge funds » doivent être
sous-pondérés en raison de leurs coûts trop élevés.
RENDEMENT 10Y GOUVERNEMENTAL
5
rées comme des positions stratégiques, mais
uniquement tactiques qui doivent être prises
en considération pendant les périodes d’utilisation intensive des facteurs de production.
Malgré les défis représentés par la déflation,
les rendements réalisés par les investissements
ne devraient pas être sensiblement amoindris à la condition d’adapter les processus de
placement et d’élargir la diversification des
portefeuilles vers des actifs offrant des rentabilités espérées plus élevées tout en gérant
activement à la fois les risques de marché et
de liquidité..
GOVERNMENT BOND YELD 10 YEAR: Euro Zone
US TREAS. BENCHMARK BOND 10 YR (DS)
SWITZERLAND BNCHMRK BOND 10YR (DS)
CPI (% YOY): China ex HongKong and Macau (Country)
4
3
2
1
0
-1
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Source : Thomson Reuters Datastream
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S’ENSOLEILLENT
SIGNIFICATIONS
DU RIRE
INDEX
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DIRECTEUR ROMAND
D’AVENIR SUISSE
MARCHÉ DE L’ART
ALBERTO
GIACOMETTI :
LA SCULPTURE
AU PLUS HAUT
ÉDUCATION :
15 MENTORS
D’INFLUENCE
TE
AN
CE
AN
IS
F IN
DU E
SÉ RÊ M
IE T
A S L’E X
À
En revanche, les placements privés représentent en période de déflation
une diversification intéressante à la condition de prendre en considération les contraintes de liquidité dont ils sont grevés. Le « private equity »
ou le « private debt » à travers les stratégies basées sur les « corporate
loans » génèrent en effet des rendements largement supérieurs aux
actifs côtés. Le deuxième avantage de cette classe d’actifs est d’offrir par
rapport aux engagements traditionnels une véritable diversification,
les premiers étant grevés avant tout de risques spécifiques (alpha) et
les seconds de risques systématiques (bêta). En raison de la réduction
des effets de levier au sein du système financier et des nouvelles règlementations définies par « Bâle 3 » et « Solvency 2 », les primes de risque
sur les investissements privés ont en outre structurellement augmenté,
tandis que les titres boursiers sont rendus onéreux sous l’influence de
l’assouplissement des politiques monétaires, justifiant l’attrait relatif
des premiers par rapport aux seconds.
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L’ÉQUATION ISLAMIQUE :
UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE
Quid des matières premières ?
Alors que l’or demeure une diversification intéressante aux placements
financiers lors des chocs systémiques et d’expansion monétaire excessive,
les matières énergétiques et industrielles ne doivent plus être considé84
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mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Arts et culture :
15 acteurs
d’influence
« L’art ne reproduit pas le visible,
il le rend visible »
Paul Klee
Ars (est) celare artem autrement
dit « l’art consiste à dissimuler
l’art » : c’est-à-dire l’artifice. C’est
l’une des questions que nous avons
posée aux acteurs de notre 8 e
« market influence index ».
Exercice difficile pour certains,
source d’inspiration pour d’autres,
les réponses sont éloquentes…
nous vous laissons les découvrir.
86
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Charles Méla
Président du Centre européen de la culture
Ancien élève de l’École normale supérieure,
agrégé de lettres classiques et docteur d’État,
Charles Méla est professeur honoraire à l’Université de Genève, où il a enseigné de 1981 à
2007 et a été doyen de la Faculté des lettres de
1992 à 1999. Jusqu’en 2003, il fut président de la
Fondation Martin Bodmer à Cologny-Genève,
où il a fait créer le nouveau musée conçu par
l’architecte Mario Botta. Puis en 2004, il est
devenu directeur de la Fondation et a organisé
31 expositions. Depuis 2008, il est président
du Centre européen de la culture fondé par
Denis de Rougemont en 1950.
quelque chose d’essentiel a peut-être été touché,
qu’un monde inaperçu s’est soudain découvert,
que quelque part on en est, chacun, ressorti
meilleur, plus pleinement humain. Effet de
résonance et d’harmonie. N’est-ce pas aussi
le cas des acteurs qui ont tout donné d’euxmêmes au terme d’une représentation quand
leur bonheur éclate à la vue d’un public saisi
d’émotion ? Mais ce qui se joue là se préserve
au secret des cœurs et je serai bien incapable
de mesurer ni de qualifier ni de quantifier
ce que fut mon influence au fil des 26 années
de mon enseignement en Faculté des lettres à
Genève, devant des parterres d’étudiants ou
des petits groupes en séminaires. Mais il est sûr que de longues
heures solitaires ou inquiètes quant au résultat du travail
mené avaient à chaque fois préparé la flamme d’une parole
en devenir. Dans ce registre, Rabelais avait déjà tout résumé
d’un mot : « Je ne bastis que pierres vives, ce sont hommes »
(Tiers Livre, chap. VI).
« Influence : le mot lui-même a quelque chose de fluide qui
renvoie à son étymologie, du latin fluere, « couler » comme
l’eau du fleuve qui s’insinue et se répand. Influer, c’est entrer
dans, pénétrer dans la conscience d’autrui, déterminer en lui
une modification intérieure, lui faire acquérir un autre regard
L’infl ue nce (… ) elle che mine
da n s le secre t de s c œ ur s ou
de s e s prit s ava n t de se ré véle r .
J’ai connu une autre expérience de même richesse, le jour où,
comprenant enfin quel joyau le génie de Martin Bodmer avait
enserré à Cologny, je demandai à Mario Botta de créer un écrin
à la hauteur d’un tel patrimoine de l’humanité. J’obéissais alors
à l’injonction des grands clercs du Moyen Âge : « Offre à tous
en partage le trésor de savoir qu’il t’a été donné de recevoir ! ».
J’ai porté ce projet vingt ans durant avec la joie de constater
que dans la vie des Genevois, ce nouveau musée gagnait les
habitudes, mettant à la portée d’un chacun, sans distinction,
mais dans la beauté, l’inépuisable richesse immatérielle des
œuvres de l’esprit. Tel fut en tout cas le cours de ma vie. D’autres
fonctions y ont aussi tenu leur part, comme d’avoir contribué
au cours de mon décanat à relancer les études européennes à
l’Université de Genève, dans la fidélité à l’héritage de Denis
de Rougemont, ou d’avoir fait créer en Faculté des lettres, la
chaire de latin médiéval, unique dans le monde francophone,
ou d’y avoir introduit les études portugaises. Et puis il y a
encore les livres ou les écrits qu’on laisse après soi, en attente de
lecteurs inconnus, d’un autre temps ou d’autres lieux, auprès
de qui, sans rien en savoir, on revivra peut-être un jour, quand
ils reprendront en silence le chemin où l’on s’était soi-même
engagé, celui, dans mon cas, des Variations sur l’amour et le Graal,
de La Reine et le Graal, d’Alexandrie la divine ou de « la grande
nuit impénétrée de l’âme » dans la Recherche du Temps perdu ». \
sur le monde comme sur soi-même. L’influence s’exerce d’une
façon qui n’est pas toujours perceptible, elle chemine dans le
secret des cœurs ou des esprits avant de se révéler. On parlait
autrefois de l’influence des astres… Comment la mesurer ? À
grande échelle, la fameuse règle de Saint Benoît qui, au VIe
siècle organisa la vie spirituelle et le travail manuel autour
des sept heures canoniques, tandis que les pays de l’Europe se
couvraient de monastères bénédictins, fut l’événement qui
modifia le comportement des hommes, créa la civilisation
et changea la face de la Chrétienté. D’autres réformes, voire
révolutions, y compris techniques et matérielles, comme la « fée
électricité », ont modelé en profondeur nos comportements et
nos modes de vie.
Mais qu’en est-il à la modeste mesure d’un Magister qui a passé
sa vie à enseigner ? Quoi de plus beau pourtant que l’instant
d’un éveil ou d’un émerveillement qu’on entrevoit parfois,
fugitif, dans le regard ou le visage de jeunes présences ? La
qualité d’une écoute, l’éclair d’un regard, autant de signes que
87
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Caroline Murat
Présidente et directrice artistique du New Year Music Festival
in Gstaad
l'œuvre et ne peut exister que grâce à
un invisible –mais audible – artifice
qu'est la technique. Pas seulement celle
de la virtuosité, mais aussi celle du son.
L'inspiration a un guide, qui est le style
de l'œuvre. Un cadre qui est la partition.
Et à partir de là, elle peut varier en effet
d'un moment à l'autre, mais toujours
encadrée par ces deux piliers, et soutenue
par la technique. L'inspiration donne
parfois une impression voulue « d'improvisation », mais cela seulement si la partition le nécessite.
Nous avons tous une Vita Brevis ; seuls les grands artistes
laissent une trace... L'Art anonyme survit par sa seule essence,
sans artifice, et est la preuve du génie humain à travers les
siècles. Les archéologues en retrouvent les traces troublantes
pour les artistes actuels, surmédiatisés et confrontés ainsi à
l'essence de l'art – éternelle – en dépit de l'artiste, son média.
Elena Budnikova
Formée au Conservatoire national supérieur de musique de Paris (CNSM), à
l’École normale de musique de Paris,
Caroline Murat poursuit ses études à
Vienne et à Moscou, et commence sa
carrière de pianiste dès l’adolescence.
En parallèle, elle est à l’origine de deux
festivals à Gstaad : Les sommets musicaux
et le New Year Music Festival in Gstaad.
« Je pense avoir eu une certaine influence
auprès des jeunes musiciens que j'ai pu aider, que ce soit
avec des bourses d'études, le choix de leur professeur ou des
contacts dans le monde des agents – auditions. Ceci étant, le
côté pratique de mon influence s'apparente plus à de l'aide
et du soutien, ainsi que par la transmission de mon amour
profond, sincère et désintéressé pour la musique, à travers
mon affection admirative pour ces jeunes. Comme l'avaient
fait avant pour moi les grands professeurs et artistes que j'ai
pu côtoyer dans ma jeunesse. Plusieurs de ces jeunes musiciens m'ont d'ailleurs « attribué » de manière bouleversante
leur désir de carrière au service de la musique. Dès lors, comment mesurer cette influence de cœur et psychologique ? Pas
forcément par l’enseignement, mais grâce à la dédication
que je leur porte et à ma disponibilité pour les conseiller, les
encourager, mais aussi à travers mon parcours. Et mon rêve est
d'entendre toujours la plus belle des musiques à travers leurs
doigts, comme je l'entendais sous les doigts de leurs aînés...
L'Ar t a n o n y me s urvit par
s a se ule e s se nce , s a n s ar tifice , e t
e s t l a pre u ve d u gé nie humain
à t r ave r s le s siècle s .
En musique, l'essentiel, la véritable influence est la « chaîne »
créée par la transmission d'élève à professeur. Cela marche
ainsi depuis des siècles, avec pour fondement le respect pour
le savoir transmis. La création anonyme revient dans notre
société à travers la commercialisation – le fameux concept
du « bankable » géant aux pieds d'argile – et la consommation
immédiate et jetable de l'Art comme un « bien matériel ». La
musique en souffre aussi, puisque aujourd’hui un musicien
classique – si son look le permet – peut devenir bankable à
travers des contrats publicitaires et des sponsorings. La qualité
musicale n'étant plus le critère numéro un, ils deviennent
des produits de consommation marketés, avec le risque de
disparaître, dépendants des modes... Le virage a été entamé
avec Karajan – businessman brillant – et complété par les
3 Ténors. Là heureusement, il y avait des talents uniques,
fruits d'un travail acharné. Aujourd'hui les communicants
n'ayant souvent eux-mêmes aucune culture musicale sont
trop pressés par le retour sur investissement, pour même
écouter le produit qu'ils vendent. \
Le grand Art consiste à dissimuler, faire disparaître l'artifice,
qui n'est qu'un pauvre média entre la pensée, l'inspiration
et l'œuvre finale. Pour un instrumentiste « faire de l'art » ou
simplement de la musique – dans son sens le plus intégral
– consiste tout d'abord à se débarrasser des contingences
techniques : de l'artifice ! Une fois que les 10 petits soldats que
sont les doigts obéissent au doigt et à l'œil, alors cet artifice
peut être oublié. Et c'est ainsi – après des heures de laborieux
travail – qu'ils accomplissent leur devoir avec perfection, ne
pouvant plus entraver l'inspiration du musicien. Car c'est
seulement lorsque l'on peut les commander chacun individuellement en leur donnant à chacun une couleur, une
fonction définie, qu'ils disparaissent complètement et laissent
place à l'œuvre composée, et enfin permettre à l'artiste d'interpréter. L'inspiration n'est pas le fruit du hasard. Elle résulte
en fait d'un long processus de réflexion et de maturation de
88
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Edward Mitterrand
Associé de Mitterrand + Cramer, Bureau de conseil
en art contemporain
Après une formation à l’École du Louvre
et dans une école de commerce, Edward
Mitterrand devient marchand indépendant en 1997. Puis avec son associée
Stéphanie Cramer, il ouvre au début des
années 2000 la galerie Mitterrand+Cramer,
devenue aujourd’hui Bureau de conseil
en art contemporain. Il est également
directeur artistique du Domaine du Muy,
un parc de sculptures qui ouvre dans le
sud de la France, en juillet 2015.
artistique ont toujours fasciné. Déterminer
des règles permettrait de comprendre et
surtout de déterminer qui sont les vrais
artistes. Ici ceux qui seraient dépassés par
leur propre « force créatrice ». Je crois peu
au mythe de l’artiste inné dont le travail,
le courage, l’intelligence… sont en quelque
sorte ignorés par la présence mystique et
aléatoire d’un talent parvenu là comme
il aurait pu le faire ailleurs. Encore une
règle pour essayer de comprendre comment maîtriser les ressorts de l’universalité.
L’art, contrairement au design, n’a pas
de fonction, il n’est fait pour rien, il doit
être, c’est tout. L’art n’est pas un jeu, c’est
une chose universelle donc essentielle
à notre existence, à notre condition. Il
faut prendre l’art et ses acteurs au sérieux ; les artistes, leurs
œuvres, les galeries, les collectionneurs, les intellectuels….
L’idée que les artistes deviennent chers simplement parce
que le « marché » en a décidé m’insupporte, cela ramène à en
faire un produit dont la qualité du marketing détermine la
valeur. En réalité 99 % des artistes de la foire de Bâle sont là
grâce à la qualité de leur travail et au dévouement, peu ou pas
rémunérateur, de leur galerie qui permet la reconnaissance
de ce travail par les commissaires d’expositions, comme par
les directeurs d’institutions, les collectionneurs et les critiques.
Le concept de mœurs était une forme de liberté, il impliquait
qu’elles pouvaient être multiples et même les « mauvaises »
« À mes yeux « avoir de l’influence » est un
qualificatif que l’on ne peut qu’attribuer à
quelqu’un, on ne peut pas s’en enorgueillir
soi-même au risque de polluer cette prétendue influence par l’égo qui aveugle plus
qu’il n’éclaire. Or l’influence est bien une clarté, une lueur qui
donne envie de la suivre. Cette lueur ne peut donc pas être autoproclamée, celui qui la porte ne peut la voir, uniquement ceux
qui ont l’humilité de la reconnaître chez l’autre en sont capables.
L’exception est sans doute l’influence que l’on porte comme
une responsabilité vis-à-vis de nos enfants. Oui, je pense avoir
de l’influence sur eux mais laquelle ? C’est la terrible question
qui taraude tous les parents. L’autorité se décide et se distille,
pas l’influence qui est la somme abstraite et incalculable des
actes, des mots et des situations que mes enfants vont associer à
moi. Cette somme représente une vision, parfois injuste, de ce
que je suis et en partie de ce qu’ils vont être. Alors j’essaie de les
éloigner de la morale et de leur présenter la culture qui contient
tout. J’espère avoir cette influence-là. Ai-je de l’influence sur
les collectionneurs qui sollicitent mon conseil, comme celui
de mon associée Stéphanie Cramer, pour les aider à constituer
ou compléter leur collection ? Je ne sais pas, il faudrait leur
demander. J’espère que la direction que j’essaie de donner à l’une
ou l’autre des collections que j’anime est comprise et partagée
par mes clients, qu’elle reflète la relation qu’ils entretiennent à
l’art après les moments passés ensemble à voir, discuter, choisir….
et peut-être aussi un peu la relation qu’ils entretiennent avec
moi, qu’ils n’obéissent pas simplement à l’autorité de celui qui
se proclame « conseiller ». L’influence que l’on a malgré soi, sur
les autres et par l’humilité des autres, est certainement une
forme de pouvoir et si ce pouvoir m’est confié et que je suis
capable de l’utiliser à un projet qui compte pour moi, alors oui,
j’en aimerai toujours d’avantage ! Les mystères de la création
L’ar t n ’e s t pa s u n je u,
c ’e s t u ne cho se u nive r selle d o nc
e s se n tielle à n o t re e x is te nce ,
à n o t re c o nditio n.
avaient leurs valeurs. Aujourd’hui j’ai le sentiment que tout
ça a pris un tournant moralisateur dans une société occidentale qui considère l’homogénéité des mœurs comme garante
de valeurs « universelles ». C’est assez effrayant et la culture
est certainement le dernier rempart contre les dangers de la
morale, comme à leurs époques Molière, Orson Welles, Pierre
Boulez, Yves Klein, Samuel Beckett, Marcel Duchamp, Andy
Warhol ou Chris Burden qui vient de nous quitter. » \
90
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Daryoush
Artiste peintre
Daryoush est né en 1976 à Téhéran. Initié à la peinture par Jafar Rouhbakhsh, ses principales
influences artistiques sont Paul
Klee, Jackson Pollock et Alexander Calder. Régulièrement exposé
en France et aux États-Unis, ses
œuvres se trouvent principalement dans des collections privées.
À la frontière de l’Orient et de
l’Occident, de l’ésotérisme, de
l’ornementalisme et de l’expressionnisme, l’œuvre de Daryoush
– sorte d’impressionnisme mystique – conjugue spiritualité et
maîtrise formelle.
c’est-à-dire quand est-ce qu’un
objet peut devenir un référent ou
quelque chose nous permettant
plus largement d’appréhender et
de comprendre la réalité ? Car l’art
est toujours affaire de symboles.
Aussi j’aime considérer mon travail comme une forme d’éclectisme assumé, non pas pensé
comme une difficulté à asseoir
u ne personnalité ar tistique
définie, mais conçu avant tout
comme un art de choisir et de travailler des sujets différents dans
des systèmes symboliques variés.
Superficiel en profondeur : toute
l’histoire de l’art réside dans ce
paradoxe. C’est dans cette même
logique d’ouverture que je me suis
passionné pour l’histoire de l’art et
que je suis devenu collectionneur.
« L’artiste ne crée jamais pour
accroître son influence. La création est toujours une expression
spontanée, par opposition à une
action mue par un désir, et donc
intéressée. Cependant l’influence
est bien souvent le marqueur du
talent et de la valeur d’une œuvre.
L’univers de l’art est fondé sur des contradictions et, par
un effet de miroir, l’artiste, dans sa personnalité et donc
dans son travail, cultive le jeu de l’antinomie et des ambivalences : c’est là son véritable terrain de prédilection.
Nietzsche ne disait-il pas que les hommes véritablement
Je crois que la qualité et le rayonnement d’une œuvre ne se mesurent jamais seulement en termes de valeur marchande.
Cependant c’est le soutien des grands mécènes historiques
qui a donné une impulsion décisive à la propagation et à
l’évolution de l’art. L’art a avant tout une valeur sociale
et intersubjective : plus qu’à son créateur, l’œuvre d’art
n’appartient qu’aux spectateurs qui la contemplent… car
c’est eux et eux seuls qui lui confèrent un sens. Réciproquement, c’est en lui donnant un éclairage insolite que
le créateur participe au monde. Par conséquent le degré
d’engagement de l’artiste est toujours le marqueur de sa
personnalité, par extension de son style.
« L’ar t d oit ê t re t o u jo ur s fait
p our d ure r pl u s q ue l a vie ».
profonds sont semblables aux artistes qui avancent toujours avec des masques ? Je pense souvent à cette formule
de Max Jacob : « donner de la réalité à l’illusion ». Car l’art
est fondamentalement un désir de falsification, mais en
vue d’établir une nouvelle norme ou une vérité supérieure.
La grande victoire de la modernité est d’avoir émancipé
l’art en évacuant le traditionnel et désuet « Qu’est-ce que
l’art ? » pour lui substituer un type de questionnement nouveau et salvateur ; par exemple : « Quand y a-t-il de l’art ? »,
Avec le temps on finit par comprendre que les vrais amateurs
d’art recherchent avant tout des œuvres qui leur plaisent.
Et le collectionneur authentique, sorte de trait d’union
entre l’art et le temps, est finalement semblable à l’artiste
quand il met tout son talent au service de sa passion : ici
réside peut-être le sens profond du mot « génie ». « Ars longa,
vita brebis » disait Hippocrate. Oui, l’art doit être toujours
fait pour durer plus que la vie ». \
91
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Pascal Besson
Artiste peintre
Issu de l’École des BeauxA r ts à L au sa n ne, et de
l’Académie de la Grande
Chaumière à Paris, Pascal Besson, artiste peintre
suisse, a également été en
parallèle, chargé de cours
à l’École d’arts appliqués
de Vevey, pendant 30 ans.
Il présente ses œuvres pour
la première fois en 1962,
au Château de Cressier à
Neuchâtel, dans le cadre de
l’exposition collective « Les
graphistes et le vin », puis
dès 1977, dans la galerie du Château d’Avenches de façon
plus personnelle. Il a régulièrement exposé à la Galerie
Valotton à Lausane, et on retrouve nombre de ses œuvres
dans des collections d’art publiques et privées comme
celles de l’UBS à Bâle, de Nestlé à Vevey, BCV à Lausanne
ou encore à Bruxelles, Amsterdam, Londres et New-York.
Je ne sais pas pour quelle
raison après le graphisme,
je suis entré en peinture. Je
travaille de cette manière
parce que je ne sais pas faire
autrement. Il n’y a pas, dans
ma démarche, d’intentions
intellectuelles, mais peutêtre le souci de voler des
instants à l’éternité. D’où
une attirance pour ce qui
demeure et non pour les
éléments fugitifs. Lorsque
je peins en Bretagne, il y a
des gens qui passent, des
canots qui coupent la vague en vrombissant, mais je
me concentre sur l’océan qui lui, ne passe pas. Ma vie
est influencée par mon art dans ses horaires, dans ses
rythmes, dans l’activité inhérente aux expositions et son
cortège d’agréables servitudes. Je ne sais pas si l’art est
toujours fait pour durer plus que la vie, mais c’est le cas
des arts plastiques. Nos chefs-d’œuvre finissent dans les
musées, mais je regarde toujours avec émotion les œuvres
anonymes dans les brocantes.
« Je ne travaille pas pour avoir de l’influence, mais, sans
doute, mon travail peut-il en avoir. Les tableaux parlent,
ils voyagent, ils sont sujets à commentaires et jugements
de valeur. Ils jouent un rôle dans les lieux qu’ils occupent.
Ils s’installent dans un univers public ou privé, qu’ils
finissent par caractériser non seulement par leur fonction
décorative, mais par leur relation avec la sensibilité de
Dans un curriculum vitae, il y a des phases d’influences
(dans mon cas bien sûr, l’enseignement) et la succession
des expériences, qui conduit à une lente évolution dont
l’artiste lui-même n’est pas maître et souvent pas vraiment
conscient. Rien n’est plus mystérieux que l’entrée dans la
culture ou le marché : charme, hasard, rencontres, acharnement dans la durée, soutien de personnes influentes.
Mais dans cette liste, je choisis sans hésiter le hasard. Le
grand peintre flamand Hugo Van de Goes a été inconnu
pendant des siècles. On croyait que ses œuvres étaient de
Memling… Découvertes dans les archives du couvent qui
l’avait recueilli, son existence et son œuvre ont retrouvé
soudain la lumière.
Il n ’ y a pa s , da n s ma dé marche ,
d ’in te n tio n s in tellec t uelle s ,
mais pe u t-ê t re le s o uci de vole r
de s in s ta n t s à l’é te r nité .
celui qui les a choisis parmi d’autres, pour des raisons que
souvent le raisonnement ignore, mais que le cœur connaît.
Je ne possède pas « d’influensomètre électronique » mais ce
qu’on me dit de mes œuvres, ce que l’on veut bien y trouver,
prouve qu’elles jouent un rôle dans le petit monde de ceux
qui les adoptent et qui me font l’honneur de les aimer. Ma
technique est lisible. Elle ne se cache pas, elle se montre,
mais son « pourquoi » reste mystérieux en tout cas pour moi.
Le concept des mœurs suit le rythme d’une évolution
dominée par le flux des découvertes technologiques. Cela
provoque un doute généralisé qui est à la fois richesse et
pauvreté… La liberté bienvenue accordée à la création
permet tout et n’importe quoi. Souvent n’importe quoi.
Le temps choisira entre l’ivraie et le bon grain ». \
92
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Igor Ustinov
Sculpteur
Né à Londres en 1956, Igor
Ustinov est un artiste sculpteur. Il entre à l’École Nationale des Beaux-Arts de
Paris en 1975, dans l’atelier
de César. Mais il est également diplômé en biologie et
du Conservatoire de chant
de Paris. Il expose pour la
première fois en 1980, à
New-York et est aujourd’hui
reconnu dans de nombreux
pays et on le retrouve même
répertorié comme sculpteur
dans plusieurs dictionnaires.
qui l’a faite et pas uniquement dans l’intérêt que l’un
ou l’autre peut avoir de la
posséder ou de la revendre
un jour avec une plus-value. Les marchés sont des
chasses gardées, même
celui de l’archéologie. Trop
d’artistes sont hors marché
par protection du prosélytisme.
L a comé d ie ch ât ie le s
mœurs en riant. On disserte beaucoup à propos des
valeurs, mais l’influence du
concept de mœurs semble aujourd’hui tomber en désuétude.
Quel est son lien avec la culture ? Dans un monde globalisé
comme le nôtre comment pouvons-nous encore utiliser le
terme « Culture » comme un ordre établi ? Notre monde
est multiculturel, il tendra de plus en plus vers un monde
multipolaire, qui refuse les hégémonies. L’art est mondial
et chacun peut choisir ses modèles culturels ou même de
croyances. La comédie ou de la dérision s’érige en valeurs
et c’est sain, mais elle ne devrait pas outrepasser le respect
de l’autre au risque de contribuer au totalitarisme qu’il
semble vouloir combattre. La culture est désormais ouverte
sur les autres cultures, diversifiée comme le reflet de notre
destin commun. \
« Avoir de l’influence pour moi, c’est de se sentir vivre,
contribuer et être accepté. Être influent n’est pas un état
statique ni une fin pour moi, bien que ce soit agréable.
Mon influence, si influence il y a, se transmet par mes
sculptures ! En particulier celles dans l’espace public, qui
ont su se faire aimer ou pas ; elles ont été créées aussi pour
P o ur le s c ul p te ur , l’ar t
n’e s t e n rie n d û au Ha s ard
UN
interpeller, influencer. La matière est la première chose
sur laquelle j’influe de façon tangible, en la modelant. Cela
dit, cette influence je ne la mesure pas, car elle ne dépend
pas de moi, mais de l’appréciation et de la compréhension
de l’autre. Le sculpteur fait rentrer son rêve dans la réalité
de la matière, d’autres arts se contentent d’extraire le rêve
du réel. Pour le sculpteur, l’art n’est en rien dû au Hasard.
Il traduit des expressions qui s’imposent à leur créateur,
comme pour toute une langue vivante. L’artiste est le premier de ses spectateurs et probablement le moins indifférent.
L’art c’est d’abord une façon de vivre plus ! « Exister », c’est
marquer son chemin et laisser sa trace.
E
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LA SCULPTURE
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Tout artiste fait en soi partie de la culture par son expression. C’est la compétence, les préjugés ou les intérêts du
milieu culturel qui l’établissent au Panthéon. Pour moi la
valeur d’une œuvre d’art est dans la motivation de celui
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mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Monique Deul
Directrice de Taste Contemporary Craft
Monique Deul a commencé sa carrière
en tant qu’artiste manager avec Concertdirectie Samama. En 1996, elle rejoint
le Wigmore Hall de Londres en tant que
directrice artistique. Elle revient ensuite
en Suisse, entre 2009 et 2011, où elle officie au Festival de Verbier, puis en 2012 elle
décide de poursuivre sa passion pour les
Arts appliqués en créant le Taste Contemporary Craft.
vent le résultat d’une succession de nobles
échecs – jusqu’à 10 000 pour un tour de
potier ! – qui sont parfois nécessaires
pour affiner une technique et atteindre
l’expression impulsive voulue. Par conséquent, les artistes en particulier doivent
être influencés par leur propre travail.
Bien sûr, la sérépendité peut conduire à
un art percutant, mais c’est une exception.
Le temps fait partie intégrante de la façon
dont vous allez considérer et approcher
l’art. Il y a plein d’ennuyeuses pierres et de
marbres sculptés, qui seront là pour des
siècles. Tout comme il existe également
de superbes esquisses qui sont plus éphémères. La nature temporaire, inévitable
d’une installation Cristo ne sape en rien
sa beauté… mais ajoute à son attrait. Le
temps joue son rôle. Il est bien connu qu’il a fallu 10 ans de
vie à Michelangelo pour terminer son chef d’œuvre dans la
Chapelle Sixtine. La regarder pour la première fois, c’est une
expérience bouleversante. Cependant, apprécier sa splendeur
ne requiert pas de connaître le temps que l’artiste a investi
dans sa création. Toutefois, cela peut améliorer l’appréciation
du caractère monumental de l’œuvre et renforcer le facteur
« waou ». Mais ce même plaisir enivrant peut être expérimenté
avec un simple portrait bien exécuté par un talentueux artiste
« Je ne commence jamais en pensant que
je vais avoir de l’influence. Pour moi, la
chose la plus importante est d’être passionnée par ce que je fais. Parce que quand je
me passionne, j’ai envie de le partager avec
les autres, en cela c’est peut-être une forme
d’influence. Cela dit, en étant très selective en ce qui concerne les artistes que je choisis, et soigneuse
dans la manière dont je les présente lors d’une exposition je
l’espère, je peux influencer la façon dont les Arts appliqués
sont perçus. Juste le mot « artisanat » peut induire des réactions
négatives dans certains milieux artistiques. Je souhaite qu’en
présentant des expositions de très haute qualité, et des artistes
importants, qui travaillent dans l’art traditionnel, cela puisse
modifier les a priori négatifs. Basé sur les énormes feedback
positifs que nous avons reçus lors de la dernière « Taste exhibition », je pense que nous avons réussi à faire quelque chose
de bien. Je cherche à montrer que les Arts appliqués peuvent
susciter de la surprise et de l’excitation. Il y a également les
avantages que l’on peut acquérir : un travail de très grande
qualité à des prix très abordables. Je ne suis pas sûre que l’idée :
« l’art véritable cache les moyens de sa création » s’applique ou
soit pertinente dans les Arts appliqués. Je réagis souvent de
manière instinctive lorsque je vois des œuvres nouvelles. Si
je les aime, je serai attirée dès le premier coup d’œil. Avec les
Arts appliqués, une partie de cette réponse positive peut être
« comment a-t-il/elle créé cela ? ». L’appréciation de la technique, de la manipulation et l’interaction de l’artiste avec des
matériaux, peut influencer l’appréciation d’un objet… ce qui
je crois ne diminue en rien l’attraction, mais favorise plutôt
mon appréciation. Relativement aux beaux-arts et les Arts
appliqués, le succès découle de la connaissance et de l’expérience cumulatives avec le matériel. Dans les Arts appliqués,
un travail qui apparaît comme spontané et improvisé est sou-
Avec le s Ar t s a ppliq ué s ,
je c o n sidè re l’infl ue nce c omme
u n fo nde me n t de l’e x pé rie nce .
de rue. La réalisation d’un bon artiste d’Art appliqué nécessite
à la fois l’influence d’autres artistes et la profonde expérience
durement gagnée, ainsi que la compréhension et le développement des techniques interactives du materiau qu’il a choisi.
Les Arts appliqués, que ce soit avec du verre, de la céramique,
du métal, du papier, reposent sur une longue et riche histoire
de développement. Et d’un point de vue pratique, les artisans
ont donc tendance à travailler en équipe, sur la base d’un
système d’apprentissage qui était déjà en place il y a 500 ans.
Avec les Arts appliqués, je considère l’influence comme un
fondement de l’expérience ». \
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mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Pascale Méla
Directrice du festival « Autour de Mme de Staël »
quitté Paris pour le suivre à Genève il
y a 30 ans. Nous recevions à la maison
Michel Butor, Jean Starobinski, qui pour
la jeune étudiante que j'étais, étaient des
dieux...et après les avoir lus, je pouvais les
écouter et leur parler ! Aujourd'hui, le
festival me permet d'avoir de nouveaux
compagnons : cette année Malesherbes,
Musset, Victor Hugo, Goethe... Les années
précédentes Marivaux, Rousseau, Diderot,
Voltaire, Shakespeare.... Je les retrouve
après mes années d'études de littérature
et de philosophie à La Sorbonne. Ils me
guident, tout comme m'ont guidé Balzac,
Flaubert, le grand Barbey d'Aurevilly
ou Tennessee Williams, que je dévorais
adolescente ainsi que Virginia Woolf, et aujourd'hui Murakami ou Houellebecq... Leur vision du monde m'influence, et
je la transmets certainement imperceptiblement. Le choix des
spectacles est influencé par ces lectures, ces rencontres, et à mon
tour je les partage et quel bonheur quand un spectateur me
dit qu'il n'est plus tout à fait le même après une soirée à Coppet
pendant le festival ! Pour être influent, je crois qu'il faut être
écouté. Moi-même, par ma profession – je suis psychanalyste
– j'écoute... J'ai toujours préféré les personnes que je pouvais
écouter, admirer, à celles à qui je devais parler ! J'aime que
l'on me comprenne à demi-mot... Mais depuis la création du
festival, je suis contrainte à la communication, et je vois cela
comme un partage. Suis-je écoutée ? Je ne sais pas. Ma parole
porte un peu oui, ne serait-ce qu'au sein de l'Association qui
organise le festival avec moi et qui, je dois l'avouer, adhère
rapidement à mes choix, reconnaît mon travail, l'énergie, la
volonté, les exigences et la passion qui sont inhérents à toute
réussite. La réussite c'est aussi ce qui résiste au temps. Oui, l'art
nous rend immortel, Oui l'art nous fait durer... Parce que l'art
nous parle d'éternité. Écoutez Roméo et Juliette, Ruy Blas, Werther... Ils nous disent ce que nous sommes. L'art est artifice, mais
c'est plus une forme de magie qu'un artifice. Voyez L'illusion
comique de Corneille, pièce qui met le théâtre et ses artifices
en abyme. Le théâtre est un lieu incroyable où les armes ne
blessent pas, où les morts se relèvent, où les larmes et les rires
sont communicatifs, où la neige ne fond pas, le feu ne brûle
pas... « Tout y est faux, et pourtant tout y est vrai, parce qu'il
nous montre ce que nous sommes dans ce que nous avons de
plus grand ou de plus mesquin » Castigat Ridendo Mores ».\
Elena Budnikova
Parisienne d’origine, Pascale Méla a fait
des études dans le domaine de la littérature et de la philosophie notamment,
puis une formation à l’École de la Cause
freudienne de Paris. Psychanalyste de
métier, elle a organisé pendant plusieurs
années des colloques de psychanalyse et
de littérature à l’Université de Genève et
a participé à de nombreuses publications
psychanalytiques. Passionnée de théâtre
et de cinéma, elle a créé en 2011, le festival
« Autour de Mme de Staël », qui se tient
dans la cour d’honneur du Château de
Coppet et dont la marraine est Carole
Bouquet. « Je pense avoir de l’influence,
dans la mesure où j'ai réussi à créer et à
imposer un événement qui n'existait pas dans le paysage culturel valdo-genevois. C'est toujours très excitant, très stimulant
d'être à l'origine d'un projet et de le voir se développer, d'être
attentive et à l'écoute de ce qui peut ou non faire plaisir : car
que faisons-nous d'autre avec les artistes, que de donner du
plaisir, éveiller, faire réfléchir, surprendre... Ce festival a surpris, car rares sont les personnes qui savaient que Germaine de
Staël avait vécu à Coppet, dans le château acheté par son père,
Jacques Necker en 1784 et dans lequel elle passa les dix années
d'exil imposées par Napoléon. Surpris aussi d'apprendre qu'elle
écrivait et jouait des pièces de théâtre avec ses amis Byron, Chateaubriand, Sismondi, Juliette Récamier dans la bibliothèque
du château. Le festival, en faisant revivre depuis 5 ans ce lieu
exceptionnel, cette femme – qui fut d'après Victor Hugo une
femme de génie –, influence certainement les responsables
culturels de la région qui m'apportent leur soutien et l'ont élu
avec deux autres festivals, meilleur événement culturel de la
région ! Alors oui, en ce sens, j'influence le paysage culturel !
Mais je crois surtout que pour être une personne influente, il
faut avoir été sous influence, et j'ai moi-même été influencée
par des personnalités très riches que j'ai eu la chance de côtoyer
pendant mon enfance jusqu'à aujourd'hui. Je pense à ma famille
qui m'a donné très tôt le goût des idées, des belles lettres et de
l'art. J'allais très jeune au théâtre, à l'opéra, au concert. Adolescente, puis étudiante, j'ai rencontré des gens merveilleux,
intelligents, cultivés, des artistes, des gens de cinéma, de théâtre
qui me fascinaient et m'ont fait abandonner les études de droit
que j'avais commencées pour faire plaisir à mes parents. La
rencontre avec mon mari, grand érudit, a changé ma vie. J'ai
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mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Thomas Hug
Initiateur et directeur du salon artgenève
En 2006, Thomas Hug ouvre une
galerie d’art à Berlin. Quelques
années plus tard – en 2011 – de
retour à Genève, il a l’opportunité de reprendre le salon d’art à
Palexpo et devient directeur d’artgenève, et aujourd’hui d’artgenève
et artmonte-carlo.
mai. En 2013, j’ai organisé pour
faire connaître artgenève au large
public du monde de l’art berlinois,
un « concert-exposition » original
à la Philharmonie de Berlin. Mais
c’est avant tout notre second salon
d’art artmonte-carlo, au Grimaldi
Forum de Monaco (inauguration
fin avril 2016), qui est le meilleur
exemple de l’influence grandissante de notre activité hors région.
« D’une manière générale, avoir
de l’influence veut dire pour moi,
agir sur le cours des événements
et sur les personnes proches ou
éloignées d’un domaine d’activité.
Permettre de développer des projets et de fédérer les acteurs du
domaine de l’activité concernée, et de créer des synergies avec
les acteurs d’autres secteurs. Je crois pouvoir dire qu'artgenève
est influent, dans le sens où cette plateforme artistique commerciale et non commerciale semble agir sur le cours de l’activité culturelle et plus précisément artistique de notre région :
de par le réseau global d’activités qui trouvent directement
ou indirectement place dans le salon, à savoir les galeries, les
institutions, les artistes, la presse, les amateurs d’art, les collectionneurs, etc., cette plateforme diversifiée est, par nature,
destinée à opérer sur un large champ dans le milieu culturel
J’ai parlé jusque là d’une population locale et internationale
relativement niche et intéressée à l’art. Je pense cela dit que
le grand public aussi est touché par nos activités. Un bon
exemple est le parcours de sculptures (artgenève/sculptures)
que nous organisons depuis la dernière édition du salon dans
l’espace public. Ces dernières sont visibles et appréciables de
tous et en tout temps pendant quelques semaines. Il est d’ailleurs imaginable que certaines d’entre elles prennent racine
d’une manière « définitive » dans l’espace public genevois.
Ainsi, notre activité aura influencé le paysage urbain de la
région. Finalement, je suis très heureux du fait que notre
concept singulier de « salon d’art » à taille humaine, d’une
intéressante mixité et d’une qualité exigeante est en train de
se faire une réputation solide à l’international. Les exposants
que nous accueillons sont clients des meilleures foires d’art
comme Art Basel ou encore la Fiac.
l’ar tis te d oit p o u voir s’a pp u ye r
s ur u ne techniq ue s olide , afin de
p ou voir faire e x is te r se s idée s e t
é mo tio n s s a n s c o n t r ain te .
Il est vrai qu’a priori, un artiste conceptuel voudra mettre
en avant l’idée plutôt que la technique à son service. Mais
d’autres courants donnent une belle visibilité et parfois aussi
la primauté à l’artisanat. À un autre niveau, nous remarquons
que l’artiste doit généralement pouvoir s’appuyer sur une
technique solide, afin de pouvoir faire exister ses idées et
émotions sans contrainte. Je crois que l’artiste doit trouver un
équilibre entre le langage qu’il développe et qui s’alimente
de manière intrinsèque et l’apport d’influences extérieures.
Au niveau de sa notoriété, tout dépend de la qualité et de la
portée de l’œuvre d’art. Techniquement parlant, il est effectivement plus facile de faire battre des records de longévité
à un tableau qu’à un être vivant. L’art performatif est un cas
différent qui peut avoir son attrait dans son côté éphémère,
comme un concert de musique ». \
de notre région. En plus d’être diversifiée, mon activité est
aussi clairement internationale : nous faisons chaque année
venir plus de galeries, d’artistes et des collectionneurs étrangers à Genève. Cet apport enrichit et complète le panorama
artistique et culturel local avec des œuvres et des acteurs qui
ne se retrouveraient autrement je pense, que plus discrètement
en Suisse romande. Ces commentaires peuvent sembler aller
de soi, mais je me réjouis quand ils me sont confirmés par
les galeries participantes. Nous revenons de la Biennale de
Venise où j’ai organisé un événement artgenève à l’image de
notre salon, à savoir concentré, convivial et très qualitatif.
Un événement similaire aura lieu à New-York, ce mois de
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mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Thomas Tournemine
Directeur de la Galerie Tournemine
Depuis son plus jeune âge, Thomas Tournemine a fréquenté les musées et les expositions. Pour lui, il s’agit d’une affaire de
famille, qui commence avec sa mère en
1987, puis lui-même en 2006, et enfin
sa femme depuis 2012. Après une École
Supérieure de Commerce à Angers, un
passage chez Christie’s Paris en 2005 et
quelques années comme galériste à Paris,
c’est en 2013 qu’il ouvre sa galerie à Gstaad,
avec son épouse.
je pe n se q ue ce q ue l’o n re g arde
ne d oit pa s cache r ce q ue l’o n
ne voit pa s .
se voit pas. Il est clair également que la
déformation professionnelle me pousse
souvent à trop analyser les matières, les
compositions, les rapports de couleurs,
etc. Mais le profane, le simple spectateur,
finalement le véritable destinataire de
l’œuvre, lui, ne doit pas être « dérangé »
dans sa contemplation. L’analyse peut
venir dans un second temps, mais la puissance, l’influence d’un tableau, d’une
sculpture, d’une réalisation artistique
en général, n’agit que si cette dernière est
appréhendée dans sa totalité. La formule
peut paraître ésotérique mais je pense que
ce que l’on regarde ne doit pas cacher ce
que l’on ne voit pas. « C’est ce que je fais qui m’apprend ce
que je cherche », la citation de Pierre Soulages est parlante.
J’affectionne particulièrement un mot que l’on emploie peu,
mais qui pourtant fait partie du destin des Hommes depuis
l’origine des Temps : la sérendipité, ou le hasard heureux.
L’art de trouver ce que l’on ne cherchait pas. C’est Alexander Flemming et la pénicilline. C’est Christophe Colomb
qui, en route pour les Indes, découvre l’Amérique. Il en va
des scientifiques et des explorateurs comme des artistes :
les écueils, les errances et les détours ouvrent de nouveaux
horizons. Les évolutions ne sont jamais linéaires, les progrès
jamais là où on les attend.
prêtent, c’est cela mon influence. Celle-ci est naturellement
corrélée à mon âge, encore jeune - 33 ans, et je ne prétends
donc pas emporter avec moi tous les avis. Mais si je peux
simplement transmettre à mes clients un peu de ma vision,
orienter leurs choix, et par là même aider mes artistes à se
forger un nom et une réputation dans le milieu de l’art, le
pari est gagné. Si l’influence n’est pas une fin en soi, elle
est en revanche nécessaire afin de garder sa liberté de choix.
Je ne peux prétendre diffuser le travail de tel ou tel artiste
si les collectionneurs ou les organes institutionnels ne me
font pas confiance. Je dois pouvoir prendre des risques
dans la ligne artistique de ma galerie, découvrir des jeunes
artistes sur lesquels personne n’a encore misé, car c’est ce
qui fait le sel de notre métier. Par conséquent, l’influence
est une notion incontournable. La virtuosité doit revêtir les
atours de la simplicité. Ou plutôt de la fluidité. Il est clair
que la technique est véritablement maîtrisée lorsqu’elle ne
Il est communément admis qu’un artiste, quel qu’il soit,
nourrisse le désir que son œuvre lui survive. L’art, qui cherche
à tendre vers l’absolu et l’universel, ne devrait théoriquement pas intégrer la notion de temporalité, même si elle lui
est fatalement imposée par son support. Mais l’émergence,
depuis plusieurs décennies déjà, de formes d’art éphémère happening, land art, street art (la Tour 13 à Paris en est un
bon exemple) - vient mettre à mal ce précepte. La notion de
culture est indissociable de celle de mœurs. Si les valeurs,
largement invoquées dans nos débats politiques, sont l’étendard, la lumière qu’une nation doit suivre dans son destin
collectif, les mœurs, elles, sont le liant du quotidien, relevant
plus de l’ordre de l’intime et de la transmission informelle
entre les individus. La culture - ce qu’un peuple a en commun
- a besoin autant de grandes notions fédératrices, comme la
liberté ou la fraternité, que de minuscules rituels et consensus
qui structurent la vie banale des gens ». \
« L’influence me semble être la capacité
que peut avoir un individu à modifier par
son action le cours des choses, des opinions,
de l’Histoire. Les échelles sont variables évidemment. À
mon niveau, je jauge mon influence à l’écoute que les collectionneurs accordent à mes conseils, lorsque je les guide
vers des acquisitions que je considère intéressantes pour
eux. La confiance qu’ils placent en moi, s’appuyant sur les
30 années d’existence de la galerie, l’expertise qu’ils me
97
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Doryan-Emmanuel Rappaz
Pianiste-compositeur
À l’aube de ses 15 ans, DoryanEmmanuel Rappaz entame l’apprentissage du piano et après un
bref passage dans les classes du
conservatoire de Genève, il décide
de se consacrer entièrement à la
composition, de façon autodidacte.
Il écrit ses premières pièces alors
qu’il n’a que 17 ans. Son parrain
musical, Bogdan Zvorastenau,
premier violon à l'OSR, ouvre au
jeune compositeur les portes de
l'orchestration. Doryan-Emmanuel entreprend alors l'écriture de
son premier concerto pour piano
qui sera donné en concert quelques
années plus tard par l'Orchestre
Symphonique de Dubrovnik en
Croatie. En 2011, il dirige luimême sa Sérénade pour orchestre à cordes, lors d'une tournée
en Suisse au Kulturcasino de Berne, au Stadtcasino de Bâle
et au Victoria Hall de Genève. En avril 2013, sa Sonate pour
piano et violon est donnée en première lors de la finale du
concours « Note sul mare » à Rome. En octobre 2014, la Camerata Armin Jordan composée intégralement des musiciens
de l'Orchestre de la Suisse romande, dédie une soirée entière
au jeune compositeur en interprétant quatre de ses œuvres
symphoniques, dans la prestigieuse salle du Victoria Hall.
rité à la qualité de ses amis, mais
aussi au nombre de ses ennemis, je
dirais donc que mon influence fait
preuve d’une très bonne croissance.
Ma composition est pulsionnelle
et ma technique d’écriture progresse grâce à la pratique et aux
années que j’ai investies pour perfectionner mon art. J’évite de me
poser trop de questions à ce sujet,
par peur de mettre en pièces mon
processus créatif et de ne savoir le
reconstruire. Le rôle de l’artiste, s’il
peut être défini, est de produire
et matérialiser ses idées afin de
permettre au public de se poser ses
propres questions. Pour que l’art
ait sa part de « casus » - hasard - il
faut lui laisser sa part de mystère,
trop de réflexion peut nous en éloigner. L’art est-il éternel ?
C’est probablement l’une des raisons qui m’a poussé à commencer à écrire de la musique classique. C’était une façon de
survivre à soi-même, de laisser l’empreinte de son énergie
P o ur que l’ar t ait s a par t
de « ca s u s » - ha s ard - il fau t
l ui l ais se r s a par t de m y s tè re ,
t rop de réfle x io n pe u t
n o u s e n él oig ne r .
Désireux de faire connaitre la musique classique au plus
grand nombre, Doryan-Emmanuel a créé GenevArte, une
association musicale reconnue d’intérêt public, active depuis
2008. Son but est de promouvoir la musique classique, en
soutenant de jeunes artistes, interprètes et compositeurs, avec
des concerts les mettant en valeur, et ouvrir les portes de ses
concerts gratuitement afin de rendre la musique accessible
à tous et de créer un événement tant social que culturel. « De
mon point de vue, avoir de l’influence c’est inspirer les autres,
pousser au développement et à l’évolution. Selon Watson
Emerson, philosophe américain, « toute personne que je rencontre m’est supérieure en quelque chose » : c’est une phrase
qui ne me quitte jamais. C’est la qualité de mon travail qui
doit m’offrir de l’influence auprès de mon public. L’influence
est un outil et non un but en soi. Je ne m’en préoccupe donc
pas vraiment. De plus, il est dit que l’on mesure sa popula-
des centaines d’années après sa mort. Le « cours de la vie » ou
Curriculum Vitae, comme tout résumé, ne peut qu’être faux.
On peut s’y intéresser, mais on ne doit pas le prendre comme
argent comptant. N’oublions pas qu’il est souvent relaté par
des personnes tierces qui transforment, romancent et modifient la réalité. Je dirais qu’il est un condensé d’expériences
uniquement destiné à faire naître de l’intérêt pour un artiste
auprès du public. Si l’on veut avoir la chance d’inscrire son
nom dans les grandes pages de la culture, il faut soigner tous
les aspects de son travail, faire preuve d’excellence dans les
moindres détails, et provoquer le destin afin de mettre toutes
les chances de son côté ». \
98
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Vinc
Artiste et éditeur d’art contemporain
Artiste gipsy-chic, Vinc naît à
Genève en 1961. C’est lors d’un
déplacement en Californie qu’il
développe un goût profond pour
le voyage, ainsi qu’une fascination
pour l’American Dream. Fidèle à ses
ambitions, il commence rapidement une carrière dans la peinture
à Los Angeles à la fin des années
1980.
un connaisseur averti et ai transformé ma façon de vivre, à travers
mon travail et mon réseau.
C’est en côtoyant le milieu artistique que j’ai eu l’envie de créer
un lien entre les créateurs et
moi-même. J’ai réalisé une série
d’estampes en sérigraphie présentant 45 artistes suisses les plus en
vue du marché, durant ces deux
dernières décennies. Et si l’on veut
parler d’influence, c’est à travers
cette édition qu’elle s’est le plus
exprimée. Mon but étant de proposer des œuvres originales pour
de jeunes collectionneurs.
« Cela fait 30 ans que je côtoie
le monde de l’art contemporain.
Moi-même artiste, je suis parti
à l’âge de 21 ans à Los Angeles
pour réaliser mon rêve californien.
L’époque était tout autre – c’était
avant internet – les contacts se
nouaient au hasard des rencontres.
Mais surtout, c’était l’époque où
beaucoup de Francais richissimes
se sont expatriés en Californie.
C’est durant ces années-là que j’ai
commencé à étoffer mon réseau. Je viens d’une famille
d’entrepreneurs et j’ai voulu, moi aussi, lancer ma brand.
J’ai donc élaboré une ligne de vêtements casual, ce qui m’a
permis de découvrir le monde.
Dans mes tableaux, on retrouve
cette influence américaine – très
marquée – à l’image des panneaux
publicitaires qui m’ont guidé dans
l’immensité de L.A., tels des repères. Mon travail n’est pas dissimulé, la seule chose que
je cache, ce sont les coups de pinceaux en créant des aplats,
pour donner une impression de photo-réalisme : c’est le
propre du Pop Art. Je réalise toujours un travail prélimi-
Ce n’est que dans les années 90, que je suis revenu en Suisse,
avec dans mes bagages, cet énorme réseau de connaissances,
d’artistes et de people. J’avais ce feu intérieur qui brûlait en
moi et que j’avais envie d’extérioriser. J’aime profondément
Los Angeles, que je considère comme MA ville. Je l’ai donc
peinte de mémoire, et c’est en 1991 qu’un ami journaliste,
Didier Dana m’a conseillé d’en faire une exposition. Conseil
que j’ai suivi et qui fut un déclic naturel pour la suite de
ma carrière.
Je c o n sidè re me s œ u vre s
c omme me s e nfa n t s
naire sur une œuvre, il n’y a pas de hasard, c’est un travail
de construction méthodique. Cependant, d’heureuses
coïncidences m’ont dérouté du plan initial, comme par
exemple une grossière erreur sur un tableau, qui a donné
naissance à une série nommée « puzzle ».
Avide de connaissances, autodidacte, je me suis éduqué
sur l’art contemporain au gré de mes découvertes, dans la
plupart des grandes foires d’Art. À l’époque, les acheteurs
avaient une sensibilité plus artistique que d’investissement,
comme aujourd’hui. C’est en exposant mes tableaux dans
plusieurs galeries que je suis rentré dans ce cercle d’initiés
aux côtés d’artistes suisses réputés. Dès lors, je suis devenu
Je considère mes œuvres comme mes enfants. Et à chaque
fois que je les (re)découvre dans des contextes différents,
l’émotion est vive. Mes tableaux me survivront et perdureront grâce à la transmission d’une génération à une autre…
Est-ce cela l’immortalité ? \
99
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Thierry Barbier-Mueller
Promoteur-régisseur, éditeur et collectionneur d’art contemporain
Thierry Barbier-Mueller est diplômé de la Faculté de droit de l’Université de Genève. En 1984, il rejoint
la Société Privée de Gérance (SPG)
en tant que Secrétaire général et
éditeur de la revue L’Information
Immobilière, puis il en devient
Administrateur et Administrateur
délégué dans les années 1990. En
2013, afin de soutenir la création
littéraire suisse romande, il crée le
Prix littéraire SPG qui récompense
chaque année une première œuvre littéraire (roman, nouvelles)
écrite par un auteur romand et publié par une maison d’édition
suisse. Il a été président de la Chambre genevoise immobilière
et de l’Association APGCI. Il est également membre, depuis
1994, de l’Association suisse des collectionneurs et du Swiss
Advisory Board de Christies’s Fine Art.
constructeur pour mon compte
propre, j'ai la faculté merveilleuse
de réfléchir comment, au-delà des
exigences fonctionnelles, je vais
pouvoir réaliser une construction
qui aura une qualité et une identité esthétiques, artistiques. Mon
premier champ d'expérimentation
aura été l'immeuble sis 30 Route
de Chêne, qui abrite un certain
nombre d'installations d'artistes
contemporains : James Turrell,
Nam June Paik, Günther Förg, Giulio Paolini, Michelangelo
Pistoletto notamment, et dont le jardin de l'Amandolier est le
fruit d'un concours d'architecture international. Le résultat a
été reconnu dans le monde de l'architecture paysagère, puisque
ce jardin a fait partie des trois finalistes de l’European Garden
Award. Mais là également, il ne s'agit pas d'influencer quiconque mais plutôt de proposer, aux locataires, aux passants,
une option esthétique qui n'est pas une vérité, mais une tentative de faire mieux, plus que répondre à un simple besoin
fonctionnel : interpeller, inspirer, faire rêver peut-être... Et
aussi montrer que la liberté n'est pas un danger qui nécessite
un corset réglementaire, mais bien une condition nécessaire
« La thématique de « l'influence » en tant que telle ne m'intéresse
absolument pas. Car ce mot semble indiquer qu'il est question
de peser sur les autres pour les amener à adhérer à votre opinion,
dans une démarche assez égocentrique qui m'est étrangère.
Ce qui m'intéresse c'est le débat d'idées, la confrontation de
points de vue et d'expériences de vie différents pour arriver à la
meilleure synthèse dans chaque problématique distincte. Si j'ai
des connaissances utiles dans un domaine, je suis simplement
intéressé à les partager ou à les confronter à celles d'autres
personnes car l'effet est double : cela m'enrichit moi-même
tout en me permettant peut-être de contribuer utilement à
une solution optimale. Exprimé autrement, l'influence per
se n'a pas d'intérêt, sauf pour les adeptes de la pensée unique
dont je ne suis pas ! Je n'aime pas les discours sur l'art et vous
réponds donc par deux « contre-citations » qui me sont chères.
La première est de Jean Dubuffet : « L'art ne vient pas se coucher
dans les lits qu'on a faits pour lui ; il se sauve aussitôt qu'on prononce
son nom : ce qu'il aime c'est l'incognito. Ses meilleurs moments sont
quand il oublie comment il s'appelle ». La seconde est d'Anselm
Kiefer : « Je crains que la Beauté qui se réalise dans l’art ne devienne
cendre une fois remontée au niveau du discours ». C'est magnifique.
Tout est dit ! L'art concerne les sens et l'intime, pas le discours
ou le raisonnement. En ce qui me concerne, j'ai la chance de
pouvoir marier une activité professionnelle – qui pour d'autres
ne serait qu'un gagne-pain – avec un goût personnel pour
l'art, l'architecture et la création artistique. Lorsque je suis
L a libe r té n'e s t pa s u n
da n ge r q ui néce s site u n c or se t
ré gle me n taire , mais bie n
u ne c o nditio n néce s s aire p our
q ue s'e x prime l'ar t de crée r.
pour que s'exprime l'art de créer. Alors quelle est mon influence ?
Là où je peux, en tant que constructeur ou citoyen, j'essaie de
faire en sorte que l'on n'aille pas au plus simple, par paresse,
conformisme ou copinage, mais qu'une construction ait de
l'ambition esthétique, artistique, architecturale. Un bâtiment
n'a pas qu'une fonction, il doit aussi avoir un sens, il doit parler
à nos sens. Ce qui est important c'est de rester ouvert et de ne
pas avoir des a priori qui vous amènent à décider d'avance
quelle est la bonne solution. En conclusion, n'est-il pas aussi
important d'être capable de se laisser influencer que de vouloir
influencer ? \
10 0
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Pierre Amoyal
Violoniste
À l’âge de 17 ans,
Pierre Amoyal part
étudier le violon
durant 5 ans avec
Jascha Heifetz aux
États-Unis. Il commence alors à faire
de la musique de
chambre en public
et des enregistrements avec Heifetz
et Piatigorsky. À 22
ans, il débute une
carrière européenne
qui le conduit dans
les principaux pays
musicaux d’Europe,
ainsi qu’au Japon. Il
est depuis invité par
les plus prestigieux orchestres : l’Orchestre philharmonique de Berlin, le London Symphony, l’Orchestre Symphonique de Vienne entre autres. Il a été nommé très
jeune, professeur au Conservatoire National de Paris et se
consacre aujourd’hui à l’enseignement au Conservatoire
de Lausanne. Il possède l’un des plus célèbres violons
du monde, le Kochansky Stradivarius de 1717, qui a été
miraculeusement retrouvé en 1991, après le vol de 1987.
nistes – viennent se
confronter devant
un jury. Jury qui, en
faisant un choix, va
influer sur ce que le
public écoutera dans
les années à venir.
Un bon musicien a
besoin de la technique ; cependant
moins elle est perceptible, mieux c’est.
Nous travaillons
tous énormément
nos instruments –
tous les jours – pour
que justement la
technique s’efface
devant la créativité, et jouer du violon est un art particulièrement difficile. La musique comporte une part de
hasard, c’est-à-dire qu’un musicien essaye souvent de ne
pas faire en concert, ce qu’il avait prévu, et le résultat est
souvent suprenant et réussi.
L’art est bien sûr toujours fait pour durer plus que la vie.
La vie est éphémère, alors qu’un tableau de Rembrandt
est immortel. Pour la musique c’est un peu différent,
elle est gravée et heureusement grâce à cela on peut entendre comment Toscanini dirigeait les symphonies de
Beethoven. Son immortalité est transcendée grâce à la
technique, cette fois-ci. Je crois que l’expérience de la vie
est transformée en signes qui nous permettent de nous
exprimer artistiquement. C’est ma vie qui me fait jouer,
c’est l’expérience de la vie.
« Dans mon domaine, il existe différentes formes d’influence. On peut parler d’une influence artistique : nous
influençons le goût du public par des concerts que nous
organisons. Selon ce que l’on propose dans les salles, le
public va pouvoir évoluer de manière favorable ou non. Ce
que je remarque, c’est que les mélomanes sont apparemment
plus attirés par le style des anciens, c’est-à-dire que les enregistrements des grandes stars de la musique : ils reviennent
toujours vers les années 1950, 1960 et 1970. Ce sont les Karajan, Toscanini, Horovitz, Heifetz – qui était mon professeur.
Ces valeurs sont considérées comme étant des références.
Alors si j’ai une quelconque influence, ce serait de diriger le
goût des mélomanes vers des valeurs auxquelles je crois. En
ce moment, par exemple, je suis jury au Concours musical
international Reine-Élisabeth-de-Belgique, à Bruxelles.
C’est là que les meilleurs jeunes intrumentistes, chanteurs ou compositeurs du monde – cette année, les violo-
L’humour est un facteur indispensable dans la musique.
Beethoven et Mozart ont écrit des musiques pleines d’humour et de sarcasmes. Il est important qu’un artiste ne se
prenne pas au sérieux. Nous sommes tous anonymes au
départ de notre carrière, puis petit à petit la personnalité
se dessine autour de la création et on le devient de moins
en moins. La reconnaissance est la seule récompense qui
vaille la peine, et c’est pour cela que ce qui m’attriste, ce
sont les artistes qui n’ont pas été reconnus de leur vivant ». \
10 1
mark e t infl ue nce inde x / Ar t s e t c ult ure
Hervé Loichemol
Comédien, metteur en scène et directeur de la Comédie de Genève
Hervé Loichemol a suivi des études
d’art dramatique à l’École du
Théâtre National de Strasbourg.
Comédien pendant quelques années, il fait ses premières mises
en scène au Théâtre de Carouge
et présente plusieurs pièces au
Festival d’Avignon dont Hamletmachine de Heiner Müller. Dans
le cadre du Comité Sarajevo qu’il
fonde avec plusieurs autres professionnels de Genève, il met en
scène des pièces de Müller et de
Koltès en Bosnie. Il passe de nombreuses commandes de textes à des
écrivains, en particulier à Yves
Laplace, Michel Beretti et Denis
Guénoun. Ses dernières mises en
scène sont Le Roi Lear de William
Shakespeare et Français, encore un
effort si vous voulez être républicains du Marquis de Sade.
Il présentera Cassandre de Michael Jarrell au prochain
Festival d’Avignon. Depuis juillet 2011, il est directeur
de la Comédie de Genève.
sa présence scintille, qu’elle apparaisse et disparaisse. L’art n’est pas
le hasard, il comporte une part de
hasard. Préparer, par exemple, une
mise en scène pendant des mois,
voire des années, peut aboutir à
une réussite ou au contraire à un
fiasco. Or on ne sait pas toujours
pourquoi. La limite est parfois
extrêmement ténue entre le succès ou l’échec. Est-il fait pour durer toute la vie ? Pour un artiste
peintre, un sculpteur, un musicien,
probablement oui. Au théâtre –
dans les arts vivants – nous ne
pouvons pas confier le jugement
à la postérité. Nous jouons avec
des vivants qui sont différents à
chaque représentation. L’avenir
d’un spectacle dépend du plaisir ou
de l’ennui éprouvé par le public, s’il sera oublié ou laissera
quelques traces. Le présent de la représentation est donc
important. Je ne me considère pas comme un créateur –
faisons preuve d’un minimum d’humilité – mais plutôt
comme un passeur d’idées. Nous faisons avec ce que nous
avons reçu, et nous le transmettons à notre tour. Nous
avons donc des obligations. Être « l’obligé » de quelqu’un
est une belle idée. Dépendre d’une personne signifie que
nous entretenons avec elle une relation d’altérité. Cette
ouverture est une hygiène de vie dans une époque d’individualisme triomphant.
« Il est difficile d’évaluer l’influence que nous exerçons.
Si j’ai de l’influence, je n’ai pas cherché à en avoir. Par
contre, j’ai des convictions, que je défends, et quelques
principes auxquels j’obéis : quand je dis quelque chose, par
exemple, je donne ma parole, je m’engage. Ce qui peut me
faire apparaître comme une espèce de moraliste doublé
d’« une grande gueule », alors que je suis plutôt timide.
Ce mélange de réserve et de conviction peut surprendre,
dérouter ou attirer.
La comédie châtie les mœurs. Il y a humour et humour,
celui qui élève, et celui qui abaisse. Une histoire peut être
racontée de mille façons différentes. À chaque fois la
relation tissée entre celui qui raconte et celui qui écoute
est différente : elle peut être de reconnaissance ou d’avilissement. Rire aux dépens des gens peut corriger les
mœurs, mais il peut aussi les aggraver. L’important est
qu’il n’y ait pas de mépris, d’envie de détruire. L’humour
doit être fondé sur la reconnaissance d’une humanité
commune avec autrui et inciter à jouer ensemble. Il faut
savoir se moquer de soi pour se moquer d’autrui. Desproges disait : « on peut rire de tout, mais pas avec n’importe
qui ». Tout est dit ». \
Une œuvre d’art est toujours artificielle, par définition.
Une des propriétés du théâtre n’est- elle pas qu’on y fait
semblant ? Le comédien fait semblant d’être Hamlet ou
Agnès. Pour que l’artifice ne soit pas perçu comme un
simple effet technique, il faut qu’il acquiert une forme
d’évidence, de naturel. L’art consiste à dissimuler une
part de son artifice, comme un jeu de cache-cache, une
oscillation perpétuelle entre l’apparition et la disparition.
Au théâtre, un comédien ne doit pas s’évertuer à être
présent en permanence : il faut qu’il sache s’absenter, que
10 2
atelier-zuppinger.ch
Ancre
Amarrage ou pièce
de haute horlogerie ?
Découvrez l’univers de l’horlogerie d’exception,
sur www.hautehorlogerie.org
Ancre | Organe, en acier ou en laiton, composant l’échappement d’une montre ou d’une
pendule. L’ancre, dont la forme rappelle celle d’une ancre de marine, a un double rôle :
d’une part transmettre la force du ressort par l’intermédiaire du rouage au balancier afin
de faire perdurer les oscillations et, d’autre part, empêcher le déroulement incontrôlé
du rouage remonté.
PARTENAIRES DE LA FONDATION | A. LANGE & SÖHNE | AUDEMARS PIGUET | BAUME & MERCIER | BOVET 1822 | CARTIER | CHANEL | CHOPARD | CHRISTOPHE CLARET
DE BETHUNE | GIRARD-PERREGAUX | GREUBEL FORSEY | HARRY WINSTON | HERMÈS | IWC | JAEGER-LECOULTRE | LOUIS VUITTON | MONTBLANC | OFFICINE PANERAI
PARMIGIANI FLEURIER | PIAGET | RALPH LAUREN | RICHARD MILLE | ROGER DUBUIS | TAG HEUER | VACHERON CONSTANTIN | VAN CLEEF & ARPELS
hau te horl o ge rie / be s t of 2 0 15
Haute
horlogerie
le meilleur des montres en 2015
les coups de cœur de market
Les intemporelles
BREGUET
Tradition Répétition Minute Tourbillon 7087
La répétition minute figure parmi les complications les
plus séduisantes de l’horlogerie. La maison Breguet a fait
table rase des méthodes habituelles en concevant son gardetemps autour du son. La construction s’est ensuite effectuée
en visant la transcription mécanique du son désiré. Cette
démarche inédite a défini le choix de chaque aspect du gardetemps, des innovations intégrées à la forme des composants,
matériaux et à l’esthétique. On y retrouve toutefois les codes
chers à la manufacture, comme les aiguilles en acier bleui à
la pomme évidée. Ce modèle se décline dans un boîtier en or
rose ou blanc avec un timbre réalisé dans la même matière.
www.breguet.com
VULCAIN
50s Presidents’ Watch
« Vulcain for Heiner Lauterbach »
Cette année, Vulcain a développé un modèle spécial en
collaboration avec son ambassadeur, l’acteur allemand
Heiner Lauterbach. Puisant donc son aspect visuel sur le
légendaire modèle Cricket de 1947, ce garde-temps mêle
subtilement aspect vintage et précision contemporaine.
Avec son mouvement manufacture à remontage manuel,
son cadran nacre, sa boîte 42 mm bicolore or rose/acier et
son bracelet alligator miel, cette 50s Presidents’ Cricket
rappelle les codes esthétiques des années cinquante.
www.vulcain-watches.ch
10 4
hau te horl o ge rie / be s t of 2 0 15
LUDOVIC BALLOUARD
Half Time Platinum
Ne dit-on pas que seul compte l’instant présent ? C’est ce
que nous rappelle Ballouard, à travers cette complication
inédite, brevetée et manufacturée dans son petit atelier
situé à Genève. Un garde-temps où toutes les heures sont
brouillées et illisibles, sauf une seule…l’heure en cours !
Elle se reconstitue instantanément dans son guichet situé
à midi. Très fine et élégante, entièrement mécanique,
entièrement en platine et gravée à la main, elle se décline
aussi en version or rouge ou bien sertie. Elle est réalisée
artisanalement : seules moins de 20 pièces sont assemblées
par année.
www.ballouard.com
JAQUET DROZ
Grande Seconde Morte
La Seconde Morte connut son temps de gloire au XVIIIe
siècle. Jaquet Droz remet cette complication à l’honneur sur
son modèle iconique revisité, équipé d’un nouveau calibre.
Le visage de la Grande Seconde a été subtilement refaçonné
par les designers de la Marque. Historiquement décentrée,
l’aiguille des secondes s’invite désormais au cœur même du
cadran, tandis que le quantième rétrograde, indiquant la
date du jour, occupe l’espace qui lui est traditionnellement
réservé sur ce modèle. À la fois immédiatement reconnaissable et pourtant différente, familière, mais surprenante,
cette Grande Seconde Morte fascine par ce jeu hypnotisant
d’aiguilles et de chiffres « sautants ».
www.jaquet-droz.com
BLANCPAIN
Villeret, Grande Date
La pureté des lignes et l’esthétique sobre de cette pièce
incarnent les valeurs de la collection Villeret. Cette première Grande Date de la collection permet une lisibilité
optimale de la date grâce à deux larges guichets avec un
changement instantané à minuit. Une complication aussi
élégante qu’utile, qui abrite les deux barillets du calibre
automatique 6950, doté d’une protection contre les chocs.
Avec son balancier à inertie variable, son spiral en silicium
et ses vis réglantes en or, le ton est donné pour faire de ce
nouveau garde-temps un modèle intemporel.
www.blancpain.com
10 5
hau te horl o ge rie / be s t of 2 0 15
En immersion
HYSEK
Abyss 44MM tourbillon automatique
La nouvelle Abyss offre un cadran entièrement fini à la
main, laissant apparaître un mouvement manufacture
terminé avec la même exigence que le cadran lui-même.
L’harmonie de l’ensemble est réalisée grâce à un boîtier
en or rose de 44 mm de diamètre. Il est équipé des cornes
pivotantes propres à Hysek. Ce système unique permet à
l’Abyss d’épouser naturellement chaque poignet, au plus
juste de ses mensurations sans jamais le contraindre. Ce
boîtier est surmonté d’une lunette en saphir dont les index
sont de couleur or. L’Abyss offre un verre saphir qui laisse
apprécier les finitions réalisées à la main de chacun des 467
composants. La carrure sera prémunie des chocs du quotidien par une large protection latérale gauche, complétée
de deux protège-couronne sur le flanc droit. Une Rose des
Vents, finition des plus emblématiques, est entièrement
réalisée à la main sur le cadran. Au final, l’Abyss Tourbillon Automatique brille d’une lumière sombre et profonde.
www.hysek.com
OFFICINE PANERAI
Luminor 1950 Submersible en Carbotech
Le boîtier est constitué de carbotech, un matériau composite
réalisé à partir de fibre de carbone. Il est employé pour le
boîtier, la lunette tournante et le pont protège- couronne.
La lunette tourne uniquement dans le sens antihoraire et
permet de mesurer les durées d’immersion : un must pour
les plongeurs professionnels. À cela s’ajoute une étanchéité
à 30 bars (environ 300 mètres). La montre est montée sur
un bracelet en caoutchouc noir, personnalisé avec le logo
OP bleu Panerai.
www.panerai.com
« L a vale ur de l’horl o ge rie ,
c ’e s t s o n his t oire
e t l a q ualité de s mé tie r s
q ui l a c omp o se n t »
Antonio Calce , CEO de Girard-Perregeaux
10 6
hau te horl o ge rie / be s t of 2 0 15
OMEGA
Globemaster Co-Axial Master Chronometer
Globemaster est la toute première montre à être soumise au
test METAS, qui en plus de mesurer les performances d’un
garde-temps dans des conditions d’utilisation quotidienne,
teste également son fonctionnement lorsqu’il est exposé à
d’intenses champs magnétiques (15 000 gauss) : la rencontre
d’un design classique et d’une technologie à la pointe du
progrès. Elle est équipée du mouvement mécanique le plus
abouti de la marque et propose un design inspiré par les
tout premiers modèles Constellation. Deux caractéristiques
définissent tout particulièrement la Globemaster : son
cadran, longtemps appelé par les collectionneurs « cadran
12 pans », et la lunette cannelée.
www.omegawatches.com
« L a prochaine e t « IMMENSE »
n o u vau té se r a s a n s auc u n d o u te l a mo n t re
c o n nec tée ava n t l a fin de l’a n née .
Jean-Cl aude Biver, Président de la Divison Montres du Groupe LVMH et CEO de TAG Heuer.
La bonne pointure pour l’aventure
HARRY WINSTON
Project Z9
Cette montre est fabriquée en Zalium, un alliage exclusif
qui possède des qualités techniques et esthétiques qui en
font un matériau unique. Il est ultraléger, anallergique et
possède des propriétés de dureté et de résistance à l’oxydation exceptionnelles. La project Z9 intègre un mouvement
de haute fréquence. Le nouveau calibre de chronographe
HW3304 est animé par un spiral en silicium qui bat en
permanence à la fréquence de 5 Hz. Avec un mouvement exceptionnel et une boîte en Zalium aux propriétés
remarquables, de par son cadran complexe, la Project Z9
s’affirme comme un chronographe technique, pratique et
exclusif. Elle est éditée en série limitée à 300 exemplaires.
www.harrywinston.com
10 8
hau te horl o ge rie / be s t of 2 0 15
REBELLION
540 Magnum Tourbillon
Inspiré de la course automobile, le 540 Magnum Tourbillon
excelle en endurance horlogère. Avec un mouvement en
magnésium, aluminium, titane et fibre de carbone, elle
a 14 jours de réserve de marche et un boîtier en fibre de
carbone à l’esprit de compétition. L'imposante structure,
presque carrée modulaire en fibre de carbone de haute
technologie est complétée par un bracelet « prêt pour
la course » en caoutchouc naturel et une boucle double
déployante faite sur mesure. C’est une série limitée de 10
pièces, au boîtier en fibre de carbone.
www.rebellion-timepieces.com
PATEK PHILIPPE
Calatrava Pilot Travel Time 5524
Patek Philippe rend hommage aux pionniers de l’aviation
et aux grandes heures de la conquête des airs avec sa montre
« Calatrava Pilot Travel Time ». Résolument masculine, elle
est dotée d’un second fuseau horaire, utile lors des voyages
aériens. Le mouvement de 294 composants se cache sous
un cadran habillé d’un élégant bleu verni qui rappelle
les avions de chasse américains des années 1930, avec un
boîtier en or gris. L’harmonie parfaite entre la technique
pure et l’élégance contemporaine.
www.patekphilippe.com
TAG HEUER
CARRERA – Calibre Heuer 01
Nouvelle boîte, nouvelle construction, nouvelle conception
et nouveau calibre. C’est la TAG Heuer Carrera - Heuer 01.
Totalement épuré, son nouveau design permet de voir les
commandes du chronographe Manufacture côté cadran.
La boîte nouvelle génération chez TAG Heuer est en titane,
léger et plus résistant, et comporte 12 éléments différents.
Cette conception ouvre un champ énorme de possibilités,
en combinant matières, couleurs, traitements et finitions
à l’infini. Au final, la Carrera Heuer 01 est le symbole de
la continuité des investissements et de la créativité de TAG
Heuer qui est, depuis son origine en 1860, une marque
avant-garde et qui souhaite absolument le rester !
www.tagheuer.com
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Ladies first
HUBLOT
Big Bang Broderie
Sexy et glamour, c’est une ode à l’ultra-féminité. En hommage à la mémoire des travaux d’aiguilles de nos aïeules,
avec de la fine broderie de Saint-Gall, Hublot revisite les
Métiers d’Art à sa manière. Les maisons Bischoff et Hublot
ont développé ensemble un motif qui puisse fusionner
avec le design iconique de la Big Bang. Esprit rebelle avec
le motif tête de mort, pour un cadran rehaussé de 11 diamants et douces arabesques pour la lunette et le bracelet.
L’ensemble est complété par un mouvement mécanique
automatique HUB1110 de 63 composants et 21 rubis. Elle
se décline en 3 références qui viennent dans les tons d’or,
d’argent et de All Black serti de diamants noirs.
www.hublot.com
« N o s de sig ne r s e t horl o ge r s o n t c o nç u
ce s upe rbe g arde-te mp s s péciale me n t
p o ur le s fe mme s . Ce t te pièce rehau s se
le ur s t yle s a n s jamais le s éclip se r . »
Francois-Henry Bennahmias, CEO d’Audemars Pig uet
AUDEMARS PIGUET
Millenary 5201
Cette montre de luxe est adaptée au style de la femme indépendante contemporaine. Montre emblématique depuis
20 ans, le nouveau calibre Millenary 5201 à remontage
manuel est un mouvement à la forme svelte et élégante
qui consacre l’équilibre esthétique résultant de l’union
entre artisanat traditionnel et design contemporain. Le
design ergonomique suit les courbes du poignet à la perfection pour sublimer le style de la femme Audemars. Sa
délicatesse apparente dissimule l’atout maître de cette ligne
résolument féminine : leur complexité.
www.audemarspiguet.com
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hau te horl o ge rie / be s t of 2 0 15
BAUME ET MERCIER
Promesse 10160
Montre classique et précieuse, empreinte d’une forte charge
émotionnelle, Promesse s’inscrit comme l’héritière d’une
référence des seventies. Différente en raison de ses formes
non conventionnelles, elle affiche un design au tempo
léger, jouant avec une lunette ovale lovée dans un boîtier
rond et doux. Élégante, sobre et raffinée, cette montre
est animée par un calibre à quartz ou un mouvement
mécanique à remontage automatique de facture suisse. La
montre Promesse s’expose au poignet, comme le miroir de
l’âme de sa propriétaire.
www.baume-et-mercier.com
CARTIER
Montre Clé
L’innovation est par essence liée à l’histoire de Cartier,
horloger créatif. Il s’agissait de créer une nouvelle forme à
partir du rond : le résultat est un exploit tout en retenue et
en finesse. Les lignes sont fluides, élégantes et harmonieuses.
Tout est question de précision, d’équilibre et de proportion.
La montre Clé est d’une simplicité apparente, mais révèle
un esprit moderne où l’esthétique est réduit à l’essentiel…
www.cartier.com
CHANEL
J12 Tourbillon Volant Squelette
Le tourbillon stylisé en comète précieuse tournoie avec
légèreté, comme libéré de l’apesanteur. Complication noble
par excellence, ce tourbillon dépourvu de pont supérieur
est le fruit d’une collaboration étroite entre CHANEL et
les maîtres-horlogers suisses de Renaud & Papi (APRP SA).
D’une beauté singulière, le cadran finement ajouré laisse
entrevoir la mécanique de son mouvement squeletté de
Haute Horlogerie, qui joue sur les variations de noirs – mat,
poli, brillant – et sur mille lumières diamantées.
www.chanel.com
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hau te horl o ge rie / be s t of 2 0 15
Les superlatives
PILO WATCHES
Métiers d’art
Cette réalisation artistique, protégée par une glace saphir est
l’œuvre d’André Martinez du Locle, un peintre en miniature
réputé dans l’univers de l’horlogerie d’excellence et des arts
de l’émaillage. L’œuvre prend place sur un disque cadran
dépouillé en nacre polynésienne originelle, libre d’index,
volontairement laissé vierge de tout repère horaire afin de
donner aux traits fins et aux riches couleurs leur maximum
d’espace. Une lunette sertie de diamants purs encercle en
le transcendant le travail de l’émailleur. Au centre, à 6h00,
chaque petit disque tournant relié au calibre mécanique
effectue ce que l’œil voyageur et initié associera à une forme
d’expression spirituelle bouddhiste : six prières écrites en
tibétain, s’adressant à leur divinité spécifique dont la personnalité et la représentation terrestre ont été minutieusement
reproduites sur le reste de la surface cadranière. La boîte en
or blanc 18 carats, ronde et épurée, abrite un calibre horloger mécanique automatique swiss made de belle naissance.
www.pilo-watches.com
« Le te mp s e s t p o ur moi l a se ule vale ur q u’il e s t imp o s sible
d ’avoir e n s uffis a nce . L’horl o ge rie a cel a d ’e xce p tio n nel ,
q u’elle pe rme t d ’org a nise r le te mp s
de fac o n à e n profite r efficace me n t. »
Marc A. Hayek, Président et CEO et Breguet, Bl ancpain et Jaquet Droz
les chiffres clés de Baselworld 2015
– 1 500 marques représentées.
– 150 000 participants : exposants, visiteurs et représentants
de la presse en provenance de plus de 70 pays.
– 1 625 m2 le plus grand stand et 6 m2 le plus petit.
– 141 000 m2 de surface d’exposition.
– 2,4 milliards de francs générés de retombées économiques
par an pour la Suisse, dont 1,2 milliards pour la région
de Bâle.
– 13 000 emplois créés en Suisse dont 6'500 pour la région
de Bâle.
– 70 % du chiffre d’affaires annuel réalisé par les marques
pendant les 10 jours.
– 40 millions de francs, le prix de la montre « Fascination »
du joallier Graff, la montre la plus chère, exposée lors
de Baseworld.
112
hau te horl o ge rie / be s t of 2 0 15
GIRARD-PERREGAUX
Répétition minute Tourbillon sous Ponts d’Or
La mécanique de cette Répétition Minute Tourbillon sous
Ponts d’Or offre de façon originale la possibilité d’observer
simultanément côté cadran les éléments constitutifs de la
sonnerie et des marteaux produisant le son en heurtant les
timbres fils. La structure mécanique, totalement originale,
permet de rendre visible l’invisible. Pour abriter cet exceptionnel mécanisme, Girard-Perregaux a choisi le boîtier rond
à la carrure bombée et prolongée par des cornes élancées
caractéristiques de ses collections Haute Horlogerie. Les
emblématiques ponts et porte-marques Girard-Perregaux en
or et en forme de flèche signent le pedigree de ce mécanisme
aux finitions irréprochables dans le respect de la grande
tradition de la Maison. Le calibre se dévoile également côté
fond avec un troisième pont en or et le logo de la Manufacture
gravé sur la platine.
www.girard-perregaux.com
BOVET
Amadeo Fleurier Braveheart
Cette montre-bracelet, montre de poche et horloge de bureau
convertible conjugue tous les savoir-faire de la Maison et fait
l’objet de plusieurs innovations brevetées telles que le boîtier
convertible, le mécanisme Bovet de double affichage coaxial
des secondes. Une des particularités du boîtier réside dans le
fait qu’il affiche un cadran avec les indications des heures,
des minutes et des secondes des deux côtés. C’est une édition
limitée à 30 pièces en or rouge 18 carats ou en or blanc, en
édition limitée à 20 pièces en platine.
www.bovet.com
les chiffres clés du SIHH 2015
– 25 e édition du Salon.
– 16 Maisons exposées dont 13 du groupe Richemont,
contre 5 lors de la première édition.
– 30 000 m2 de surface d’exposition contre 4 500 m2 en 1991
– 14 500 visiteurs, soit une augmentation de 9 %.
– 1 200 journalistes.
– Entre 250 m2 et 2 300 m2 la taille des stands en fonction de
la taille du marché des marques.
– 52,2 % de la part en valeur des exportations de montres
suisses dans le monde en 2013 (2,3 % du volume
des exportations de montres dans le monde en volume).
113
hau te horl o ge rie / be s t of 2 0 15
KRIVIA
Tourbillon heure minute
Finesse, élégance et sobriété sont les maîtres mots de cette
collection. La Tourbillon Heure Minute se distingue par
la pureté de ses lignes et par ses exceptionnels cadrans.
Mécanique à remontage manuel, cette montre possède 100
heures de réserve de marche, un seul barillet. Elle affiche
heures, minutes ; les secondes sont comptabilisées grâce à
un tourbillon qui effectue une révolution en une minute.
La décoration du mouvement est réalisée à la main, ainsi
que le cadran dont l’aspect poli mat est obtenu grâce à une
technique de pression sur verre pilé. Elle est disponible
avec boîtier en acier, or 18 ct ou platine et bracelet alligator
cousu main avec boucle.
www.akrivia.com
U ne gr a nde mo n t re ne se r t pa s
se ule me n t à vo u s d o n ne r l’he ure , elle
t r a n s ce nde ce t te fo nc tio n pr atique : c ’e s t
u n prol o n ge me n t d ’u ne pe r s o n n alité ,
u ne œ u vre q ui s’a pprécie avec le te mp s . »
Stanislas de Quercize, CEO de Cartier
rolex
Oyster Perpetual Day-Date
L’Oyster Perpetual Day-Date est dotée d’un design modernisé dans un boîtier de 40 mm et d’un nouveau mouvement
mécanique, le calibre 3255, qui définit un nouveau standard de performance chronométrique. Avec des critères de
précision au porté deux fois plus exigeants que ceux d’un
chronomètre officiellement certifié, la nouvelle Day-Date
réinvente le statut de chronomètre superlatif institué par
Rolex dès la fin des années 1950. Elle se décline en platine
950 et en or jaune, gris ou Everose 18 ct, avec une large
sélection de nouveaux cadrans.
www.rolex.com
114
communiqué
WnG Solutions : un savoir-faire digital
Qu’est-ce que le e-marketing ?
Le e-marketing ou marketing digital regroupe l’ensemble
des méthodes et pratiques marketing sur Internet. Notamment, la communication en ligne, les réseaux sociaux,
l’optimisation du référencement et la création de trafic
sur les supports numériques (ordinateurs, téléphones
mobiles, tablettes, etc.). Ces nouvelles techniques
de marketing changent de façon radicale la manière
d’appréhender la relation avec le consommateur, en
élevant celle-ci à un niveau jamais atteint auparavant.
L’interaction permanente permet d’optimiser la relation
avec ses consommateurs et d’avoir pour objectif avoué
la transformation de leur visite en achat et la fidélisation
à tout prix.
Quid des procédés utilisés ?
Le marketing digital utilise des outils à son image : référencement, lettre d’information, publipostage, publicité
électronique et médias sociaux, mais également des
moyens plus subtils comme les cookies, iptrackers,
géolocalisation. Ces techniques peuvent se résumer
en un acronyme : SoLoMo soit Social, Local, Mobile,
à l’image du réseau So(cial) Facebook, qui est utilisé
le plus souvent sur des téléphones Mo(biles) et qui
utilise la géo-Lo(calisation). L’avenir du e-marketing
se trouverait-il dans ces trois mots ?
La façon de consommer en ligne des clients a fondamentalement changé. C’est pourquoi, les entreprises
sont obligées de faire évoluer leurs stratégies marketing
en ciblant les consommateurs non plus seulement sur
Internet, mais sur l’ensemble des médias numériques.
Il n’est pas évident aujourd’hui de s’y retrouver parmi
toutes ces nouvelles possibilités. En cela, l’agence de
communication digitale WnG Solutions, basée à Genève,
Lausanne, et Martigny, peut vous accompagner grâce
à son expertise dans le marketing digital.
Avec des clients aussi variés que La Halle, l’Opéra de
Lausanne, le Beau-Rivage Palace, les montres Valbray ou
encore Moët&Chandon, l’agence se positionne comme
un leader sur le marché du e-marketing avec de très
bons résultats pour ses clients.
La société propose aux entreprises trois axes pour
entrer dans l’ère du e-marketing. Premièrement, le
« social media » ou l’art d’intégrer les réseaux sociaux
dans la stratégie d’entreprise. En créant un dialogue
avec sa cible, la marque rassemble et engage ses fans.
À l’instar de Facebook, Twitter vient d’étendre son service de publicité - Twitter Ads - à la Suisse. Il permet de
sponsoriser des tweets, afin d’accroître leur diffusion
et leur impact sur les personnes cibles. Aujourd’hui,
ce sont plus de 600 000 Helvètes qui utilisent chaque
mois ce réseau. Une vraie bonne raison d’utiliser cet
outil très prometteur.
Le second axe est le « search marketing » ou SEO/SEA,
ayant pour objectif la visibilité de l’entreprise grâce à un
référencement naturel ou payant, optimisé grâce à l’aide
de spécialistes agréés par Google. Finalement, WnG
Solutions met à disposition de ses clients un logiciel
d’e-mailing novateur, ainsi que ses connaissances
techniques et stratégiques pour gérer des campagnes
de grande envergure.
www.wng.ch
c ult ure ( S ) / marché de l’ar t
La Chine
et l'Occident
par artmarketinsight
Artprice .com
Zhang Daqian (1899-1983), Lotus
Il y a dix ans, 80 % du marché
de l'a rt se concentrait autour
de Londres et de New-York.
Il a élargi ses frontières de
manière exponentielle depuis :
Pékin, Hong Kong, Shanghai,
mais aussi Séoul, Singapour,
Jakarta, Taipei, Tokyo, Hangzhou sont devenus quelques
piliers du marché de l'a rt
aux enchères.
L'année dernière, la puissance du marché de
l'art chinois a devancé une fois encore celle des
Américains, et ce malgré une année record à
New-York. Première puissance mondiale, la
Chine se trouve pourtant dans une période d'ajustements et vise à se
renouveler dans les années à venir. Le marché chinois se cherche après
les excès spéculatifs des années 2005-2008 et nous assistons clairement à
un repositionnement des acheteurs sur des propositions plus en lien avec
la tradition de l’encre (la peinture traditionnelle et la calligraphie représentant 84,3 % du marché chinois). L'ajustement passe également par une
volonté de sécuriser le marché interne (la politique anti-corruption tente de
lutter contre les pots de vin) et de pallier le problème des impayés, qui fut
lourd à porter ces dernières années pour les sociétés de ventes étrangères
installées sur place. Les acteurs du marché et le gouvernement chinois
travaillent pour régulariser et normaliser leurs ventes aux enchères et
prennent modèle sur les sociétés de ventes occidentales plus anciennes.
Sur place, Pékin, Shanghai et Hong Kong sont les principaux poids lourds.
Pékin est le cœur du premier comme du second marché chinois. C'est là
que se trouve la plus grande concentration de galeries (plus d'un millier),
et que se joue près de la moitié du résultat chinois en salles de ventes (2,647
M$ sur l'année 2014). Il s'y vend trois fois plus d'œuvres qu’à Hong Kong, et
116
c ult ure ( S ) / marché de l’ar t
ce sont généralement les œuvres les plus chères.
La grande société de ventes américaine Sotheby's
a d'ailleurs choisi Pékin (après Hong Kong) pour
frapper le marteau. Son activité stimule le marché asiatique et éduque les acheteurs sur place à
l’art occidental. Il permet par ailleurs d’ouvrir
les amateurs d’art occidentaux aux signatures
asiatiques. Une ouverture importante puisque
deux artistes chinois reviennent régulièrement
sur le podium des 10 artistes les plus cotés du
monde : Qi Baishi (7e mondial, avec 206 m$
de produit de ventes annuel) et Zhang Daqian
(9e mondial, avec 193 m$ de résultat). Pour les
Chinois, Qi Baishi et Zhang Daqian sont aussi
importants que l'est Picasso pour les Occidentaux.
Pablo Picasso, Qi Baishi
et Zhang Daqian
Si les noms de Qi Baishi et de Zhang Daqian
ne sont pas encore familiers aux Occidentaux
non initiés, ces deux artistes sont pourtant
les plus respectés, célèbres et cotés en Chine.
À tel point qu'un record mondial est attendu
pour Qi Baishi (1864-1957) cette année, un
record mondial qui détrônerait ceux de Pablo
Picasso et de Francis Bacon. La maison de
ventes pékinoise Poly International Auction a
en effet annoncé la mise en vente d'un lot de
douze paysages à l'encre sur rouleaux (mesurant près de deux mètres de longueur chacun).
L'ensemble est véritablement muséal et les
premières enchères sont attendues autour de
L'a n née de r niè re ,
l a p uis s a nce d u marché
de l'ar t chin ois a
de va ncé u ne fois e nc ore
celle de s Amé ricain s
160 m$ ! Qi Baishi – artiste chinois le plus
coté - battrait alors son propre record de plus
de 100 m$. Une telle performance n'est pas
improbable vu l'envergure de la pièce mise
a l'encan. Si Qi Baishi est méconnu des Occidentaux, ce ne fut pas toujours le cas. Il fut
l'un des artistes les plus respectés du grand
Pablo Picasso. On rapporte même que Picasso
disait ne pas vouloir se rendre en Chine pour
ne pas se confronter au plus grand peintre
Qi Baishi, Eagle Standing on Pine Tree. L’œuvre s’est vendue l'équivalent de 57 m$
en 2011 à Pékin
chinois du XXe siècle, Qi Baishi. Le révolutionnaire de la peinture
occidentale, qui créa l'une des plus grandes ruptures de l'histoire
de l'art avec Les Demoiselles d'Avignon (1907), accepta néanmoins de
recevoir Zhang Daqian dans son atelier parisien. Il lui dévoila alors
quelques-uns de ses dessins à l'encre inspirés par l'art de Qi Baishi.
Zhang Daqian se laissa aller à critiquer ces dessins de Picasso, loin
d'afficher le raffinement du trait et la maîtrise requise des teintes
de l'encre propres à l'art chinois. Loin de se piquer de cette critique
directe, Picasso s'inclina en disant : « La peinture chinoise est vraiment
fantastique ! Quand Qi Baishi peint des poissons en train de nager, il
n'y a aucune couleur, il ne peint même pas l'eau et pourtant, on voit
la rivière, on peut même en sentir les odeurs ! Il n'y a presque rien
et pourtant tout y est. Même votre écriture est de l'art ! (…) Ce que je
ne comprends pas, c'est pourquoi vous, les peintres chinois, accourez
tous à Paris pour étudier l'A rt ? » (propos rapportés par l'écrivain Wang
Zengqi, présent lors de la rencontre des deux artistes).
Les peintres chinois ayant étudié et fait carrière en France au XXe
siècle (Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun, T'ang Haywen, Sanyue, Wang
Keping, etc.) sont de plus en plus recherchés aujourd'hui. Leurs cotes
explosent, car la demande vient autant de l'Europe et des États-Unis,
que de l'A sie. Il est temps que les Occidentaux considèrent aussi les
grands maîtres anciens et modernes chinois. \
117
CULTURE ( S ) / PHILANTHROPIE ( S )
The Russian
Imperial Foundation
for Cancer Research
Elena Budnikova
Entretien avec le Grand-Duc Georges Mikhaïlovitch de Russie
Georges Romanov
118
CULTURE ( S ) / PHILANTHROPIE ( S )
La philanthropie, du grec ancien philos « amoureux » et anthrôpos « homme »
et par extension « genre humain » est
une doctrine de vie qui met l’humanité au premier plan. Un philanthrope
serait donc « un amoureux du genre
humain » ? Le Grand-Duc Georges,
héritier d’une longue tradition
philanthropique, l’est assurément,
notamment au travers de sa Fondation,
fondée par sa mère la Grande-Duchesse
Maria Vladimirovna, créée afin de
recueillir des fonds pour la recherche
et le développement des traitements
contre le cancer, une des principa
les causes de mortalité en Russie. Rencontre, donc, avec un homme de cœur.
Pourquoi avoir choisi cette « cause » : le cancer ?
J’ai voulu constituer cette Fondation sur l’élan des célébrations du 400e anniversaire du premier tsar Romanoff,
qui se sont déroulées en 2013. Ce fut une période très
chargée pour moi, car j’ai effectué un grand nombre de
voyages et de visites en Russie, et c’est là que j’ai moi-même
pu constater les grandes différences entre l’avancement
médical européen et russe.
Malheureusement en Russie, l’accès aux soins reste très
difficile et certains protocoles médicaux qui s’appliquent
normalement en Europe, ne le sont guère là-bas. J’ai été
particulièrement touché par cette maladie, lors d'une
visite dans un centre pour enfants atteints du cancer. Ce
jour-là, je me suis dit que le temps était venu d’agir et que
si je pouvais mettre mon nom au service d’une cause, je
le ferais. Aujourd’hui nous en sommes là : la Fondation
a été créée, elle est enregistrée à Londres, a un bureau à
Bruxelles et a été admise dans le « Institute Fundraising »
et le « Fundraising Standart Board », deux institutions
garantes du sérieux de notre entreprise. Nous collaborons
avec des professeurs mondialement connus comme Philippe Salem – que je tiens à remercier pour sa généreuse
disponibilité. Nous sommes sur le point de concrétiser
une collaboration et de contribuer à financer un projet
concernant le cancer du côlon avec un centre réputé.
Pouvez-vous nous présenter votre Fondation ?
La Russian Imperial Foundation for Cancer Research (RIFCR)
est une organisation de bienfaisance que j’ai voulu établir
pour aider à la recherche, contre le plus grand fléau de notre
temps. Notre mission est de recueillir des fonds avec lesquels
nous soutenons des projets et des initiatives liés à la recherche
contre le cancer. Parmi les différents projets qui nous sont
soumis, notre Comité scientifique (composé d’experts internationalement reconnus dans le domaine de la recherche et
du traitement du cancer) en sélectionne certains en vue de
leur financement. Nous essayons de focaliser nos actions
vers des projets concrets et novateurs, en collaborant avec des
centres de recherche réputés tel que le Luxembourg Centre for
Systems Biomedecine.
Comment faites-vous pour inciter les donateurs ?
Les gens sont très sensibles à la cause du cancer, car malheureusement cette maladie nous touche tous, de près ou de
loin, et personne n’est à l’abri. Ma première préoccupation
est de montrer aux donateurs que la Fondation est 100 %
transparente, et que mon équipe et moi-même sommes
totalement engagés dans ce projet, car nous y croyons.
Je précise également qu’il existe deux Fondations jumelles
actuellement opérationnelles : une enregistrée à Londres –
The Russian Imperial Foundation for Cancer Research – et une
en Russie – The Russian Imperial foundation for Oncological
Diseases. Pour des raisons de transparence, la branche russe
opère indépendamment de la branche européenne : elle est
plus active sur le terrain, notamment dans les hôpitaux ou
structures oncologiques. Elle forme des médecins en Russie
et facilite l’accès aux connaissances.
Nous nous efforçons de leur expliquer nos projets, nous les
invitons à se renseigner sur nous et nos strictes procédures
de contrôle. Ensuite, j’ai la chance de pouvoir compter sur
un comité d’honneur et des ambassadeurs exceptionnels,
que je tiens à remercier, et qui nous soutiennent activement
pour répandre l’information sur la Fondation, mais aussi
dans le cadre d’événement promotionnels ou caritatifs
tels que des bals de charité, des dîners de galas, déjeuners
d’affaires et autres conférences au profit de la Fondation.
La Fondation européenne quant à elle, s’occupe principalement de financer des projets de recherche innovants. Je suis
par ailleurs convaincu que l’avancement de la recherche est
crucial pour permettre la progressive éradication de cette
maladie. Il y a quelques années encore, un cancer du sein était
fatal, mais aujourd'hui l’espoir de guérison est de plus de 80 %.
Nous travaillons sur le développement d’une ligne de
merchandising de produits qui seront commercialisés sur
notre site très bientôt et dont les bénéfices seront reversés
à la Fondation. Il s’agit de produits à la mode, que nous
avons réussi à créer, grâce à l’aimable collaboration de
professionnels tels qu’Alessandra Gucci et Grégory Breuer.
119
CULTURE ( S ) / PHILANTHROPIE ( S )
Quels sont vos objectifs ?
cités de recherche et de financement. Au quotidien c’est
finalement l’espoir des malades qui nous stimule et qui
nous motive à nous aligner sur les meilleurs standards
de recherche et de thérapies possibles, permettant ainsi à
notre fondation de devenir une référence et un modèle en
Russie et partout ailleurs dans le monde. \
Contribuer activement à la lutte contre le cancer. Bien sûr,
je suis réaliste sur le fait qu'il sera difficile d’éradiquer
totalement la maladie à court-terme, cependant je reste
Il y a q uel q ue s a n née s e nc ore ,
u n ca nce r d u sein é tait fatal , mais
au jo urd'hui l’e s p oir de g ué ris o n
e s t de pl u s de 8 0 %
The Russian Imperial Foundation
for Cancer Research
Rue de Pascale, 36
1040 Bruxelles
BELGIQUE
www.imperialfoundation.com
persuadé que face à un défi cette ampleur, chaque petit
succès que nous remportons est non seulement une victoire pour notre génération, mais aussi un héritage pour
nos descendants.
La Fondation est inscrite dans les registres de la UK Charity
Commission sous le n°1149511, ainsi qu'auprès de l'Institute
of Fundraising et du Fundraising Standards Board.
Dans le même temps, notre objectif doit rester le plus
large possible en termes de malades à traiter, raison pour
laquelle nous poursuivons l’accroissement de nos capa12 0
Club desLeaders
GENEVA
GSTAAD
MONACO
LUXEMBOURG
LONDON
www.clubdesleaders.com
hé d o nisme ( S ) / age nda
GTG / Carole Parodi
Hédonisme(S)
FIDELIO
Opéra en 2 actes de Ludwig van Beethoven
Mise en scène : Matthias Hartmann
Direction musicale : Pinchas Steinberg
Grand Théâtre de Genève
Du 10 au 25 juin 2015
DADDY ! WHY
DID YOU LEAVE ME ?
PAPA ! POURQUOI
M’AS-TU ABANDONNÉ ?
Opéra-ballet en 2 actes
Compositeur : Éric Digaud
Mise en scène : Mario Broccoli
Le Reflet, Théâtre de Vevey
Dimanche 14 juin 2015
Enfermement, soif de liberté et détermination aveugle de
la passion amoureuse. Léonore est prête à tout pour secourir
son époux Florestan, emprisonné par le cruel gouverneur
Don Pizarro dont il avait dénoncé les méfaits. Des ténèbres,
elle parviendra à ramener Florestan à la lueur du jour. Seul
et unique opéra de Beethoven, Fidelio possède une aura
dont très peu d’ouvrages du répertoire lyrique peuvent
se prévaloir. À l’instar de la 9e Symphonie, cette œuvre
rayonne de l’idéalisme beethovenien. Cette musique, qui
occupa le compositeur pendant plus de dix ans, tend aux
valeurs universelles et véhicule un message fort : dans
les plus grandes détresses où règne la tyrannie, l’homme
ne doit cesser de cultiver l’espoir qui est son seul moyen
d’accéder à la liberté. Empruntant des éléments à l’oratorio, au Singspiel, à l’opéra de sauvetage et au grand opéra,
Fidelio transcende les catégories de genre habituelles pour
former une œuvre grandiose et profondément ancrée dans
le patrimoine culturel mondial.
1er acte : Un homme dans la cinquantaine en pleine crise
existentielle supporte difficilement la solitude. Il envisage de mettre un terme à sa vie alors qu’il a réussi dans
sa carrière artistique. Il a des souvenirs précis de sa petite
enfance, là où tout a basculé. Ce passé, aussi pesant que flou,
nourrit un grand ressentiment contre son destin. Né d’une
jeune Vietnamienne et d’un père américain toujours en
mouvement, la vie de l’enfant a basculé définitivement en
1974, moment où le père quitte le Vietnam en les laissant.
2e acte : Après la mort de ses parents adoptifs, cet homme
découvre des correspondances qui remettent en question ses
croyances sur son passé. Il part au Vietnam pour trouver
la vérité. Cette quête plus ou moins fructueuse d’un passé
fuyant trouvera-t-elle une issue heureuse ?
Grand Théâtre de Genève
5, Place Neuve/1204 Genève
Billetterie : + 41 (0) 22 322 50 50/[email protected]
Le Reflet, Théâtre de Vevey
4, rue du Théâtre/1800 Vevey
Billetterie : + 41 (0) 21 925 94 94
WWW.GENEVEOPERA.CH
WWW.LEREFLET.CH
12 2
hé d o nisme ( S ) / age nda
FESTIVAL AUTOUR
DE MME DE STAËL
Théâtre
Château de Coppet
Du 15 au 19 juin 2015
La machine à remonter le temps existe bel et bien et elle
se trouve au Château de Coppet. Plongez dans l’univers de
Germaine de Staël ! Dans le décor réel où la célèbre femme
écrivain rédigea ses plus grands textes, vivez des soirées
de théâtre comme vous n’en avez jamais vécu. Un cadre
enchanteur où l’Histoire s’est jouée, où Chateaubriand,
Juliette Récamier, Sismondi, Lord Byron, Goethe, Benjamin Constant ont séjourné : venez assister aux plus belles
pages de la littérature française dans un décor féerique.
Sous les étoiles, à l’aube des longues soirées d’été, revivez les
grandes heures du théâtre français portées par des artistes
d’exception. Cette saison, le festival vous propose cinq
soirées : Une plaidoirie offerte par le plus grand orateur
genevois, Maître Marc Bonnant. Une soirée historique
avec Marie-Antoinette. Une soirée romantique avec le
philosophe Raphaël Enthoven et le spectacle La Confession
d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset. Une soirée grand
public avec Ruy Blas de Victor Hugo revisité par un metteur
en scène inspiré par un cinéaste populaire (Gérard Oury,
La Folie des Grandeurs). Et une soirée musicale et littéraire
avec Liszt et Goethe.
Billetterie : + 41 (0) 79 451 64 06/www.ticketcorner.com
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iConseil.ch va vous aider à développer votre
stratégie de communication en améliorant votre
image, à vous présenter de manière à convaincre.
Adapter votre image à votre mode de vie, aborder
certains changements avec un nouvel élan et
un dynamisme. C’est un investissement dans
la réussite professionnelle et personnelle.
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ACCOMPAGNEMENT SHOPPING
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gamme à votre disposition. Le coaching en relooking abordera, selon vos besoins, les différents
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(test de vos couleurs, harmonies colorées,
symbolique des couleurs)
• Conseils coupe cheveux, barbe, lunettes
• Tri de la garde-robe
• Accompagnement shopping et chez l’opticien
12 3
hé d o nisme ( S ) / age nda
VARIATIONS MUSICALES
DE TANNAY
Concerts
Château de Tannay
Du 22 au 30 août 2015
Chaque été, les Variations Musicales de Tannay proposent des
concerts de qualité dans un lieu d’exception : le château de
Tannay et son parc dominant le lac. Une programmation
soignée avec des artistes de haut niveau répond à l’attente
d’un large public, qui accède ainsi aux plus belles œuvres du
répertoire classique. À quoi s’ajoutent une grande proximité
avec les musiciens et une ambiance conviviale. Initier les
jeunes à la musique classique est également une priorité du
festival en leur offrant notamment un concert didactique et
gratuit le samedi après-midi. La promotion de jeunes artistes
est aussi l’un de ses objectifs. Les Variations Musicales de Tannay s’assurent d’année en année la présence de musiciens de
très grande renommée. On peut citer ainsi parmi beaucoup
d’autres les sœurs Labèque, Gvantsa et Khatia Buniatishvili,
Nicholas Angelich, Alexandre Tharaud, Ophélie Gaillard
ou encore le trio Wanderer, Renaud Capuçon, Alexandra
Conunova et Boris Beresovsky. Le festival accorde aussi
une place importante à de jeunes interprètes ayant déjà fait
montre d’un talent rare comme Louis Schwizgebel, Mélodie
Zhao, Béatrice Berrut, Camille Thomas, Rachel Kolly d’Alba
et Edgard Moreau. Au programme cette année : Camille
Thomas, violoncelliste, Renaud Capuçon, violoniste, Laure
Favre-Kahn, pianiste, Alexandra Conuva, violon, Boris
Berovsky, piano et Anne Gastinel, violoncelle.
CONCERTS D’ÉTÉ
À ST GERMAIN
Direction musicale : Arié Van Beek
Récitant : Alain Carré
Solistes de l’OCG
Orchestre de Chambre de Genève
Dimanche 9 et lundi 10 août 2015
Igor Stravinsky (1882-1971). L’Histoire du Soldat sur un
texte de Charles-Ferdinand Ramuz
L’Orchestre de Chambre de Genève
1, rue Gourgas/1205 Genève
Billetterie : + 41 (0) 22 807 17 90/[email protected]
WWW.CONCERTS-ST-GERMAIN.CH
Chateau de Tannay
6, route F-L-Duvillard/1295 Tannay
Billetterie : www.ticketcorner.com/
[email protected]
WWW.MUSICALES-TANNAY.CH
12 4
hé d o nisme ( S ) / age nda
EXPÉRIENCES DE VÉRITÉ :
GANDHI ET L’ART
DE LA NON-VIOLENCE
Exposition
Musée international de la Croix-Rouge
et du Croissant-Rouge
Du 15 avril 2015 au 3 janvier 2016
La non-violence évoque d’abord un visage, un sourire, une
silhouette reconnaissable entre toutes : celle du Mahatma
Gandhi. Dès 1927, Gandhi publie un récit autobiographique qu’il intitule « Mes expériences de vérité ». Ce titre
fait référence au satyagraha, cette « force de la vérité » qui
constitue la pierre angulaire de la résistance civile telle
qu’il l’a défendue et illustrée tout au long de sa vie. Jalon
de la pensée et de l’action non-violente, la biographie de
Gandhi s’imposait donc comme fil conducteur et comme
titre d’une exposition sur l’art et la non-violence. Le parcours personnel, spirituel, éthique et politique de Gandhi
se dessine dans toute sa complexité à travers de multiples
documents, dont une remarquable série de photographies
d’Henri Cartier-Bresson. Mais l’exposition évoque aussi
l’ampleur de son héritage : Expériences de vérité révèle la
non-violence comme une force d’inspiration puissante
des arts visuels. En une centaine de pièces, l’exposition fait
dialoguer les cultures, les arts et les techniques : peintures
tantriques, parchemins du Coran, sculptures jaïn, icônes
grecques. Des artistes contemporains comme Marlene
Dumas, Dan Flavin, Amar Kanwar, Kimsooja, Yves Klein,
Robert Rauschenberg ou Ai Weiwei renouvellent à leur
tour les messages de non-violence. Expériences de vérité :
Gandhi et l'art de la non-violence est organisée par The
Menil Collection, Houston.
GSTAAD MENUHIN
FESTIVAL & ACADEMY
Concerts
Du 16 juillet au 5 septembre 2015
L’été, à Gstaad, la vie locale est rythmée par la musique :
concerts, académie de musique, classes données par des
maestro. Une succession de stars internationales, de jeunes
artistes en séjour et de mélomanes réjouis partagent leur
passion dans la nature grandiose de l’Oberland bernois. Cet
été, c’est le pianiste français Jean-Yves Thibaudet qui, invité
en résidence, ouvrira les feux le jeudi 16 juillet en l’église
de Saanen. Sa deuxième performance le fera rencontrer
l’enfant chérie du festival, la violoncelliste Sol Gabetta dans
un programme puissant et pétri de caractère, mettant en
valeur ce que l’âme russe peut avoir à la fois de plus sauvage
et de plus langoureux… Au milieu de la kyrielle de concerts
aux programmes dits classiques – où le violon, le piano, les
orchestres se taillent certes une place privilégiée – le jazz ne
saurait être absent (Stefano Bollani, le 23 juillet à Lauenen).
Souvenir du père Yehudi Menuhin qui, jouant avec Stéphane
Grappelli et Ravi Shankar, a été le premier artiste classique
à rapprocher des cultures qui s’ignoraient. Dès le 15 août,
fidèle à une tradition qui chaque année prend de l'ampleur,
c’est autour de trois chanteurs dans le vent que le Gstaad
Menuhin Festival proposera un fantastique éventail de
grandes voix : Jonas Kaufmann le 21 août, Erwin Schrott
le 29 août dans Don Giovanni et Franco Fagioli, le contreténor baroque, le 9 août en l’église de Saanen. Difficile de
citer tous les chefs qui se succéderont : Kristjan Jarvi, Ivan
Fischer, Philippe Jordan, Zubin Mehta, Neeme Jarvi… les
pianistes Daniil Trifonov, Katia Buniatishvili, Fazil Say,
Andràs Schiff pour n’en citer que quelques-uns.
Billetterie : + 41 (0) 22 748 95 95/[email protected]
WWW.REDCROSSMUSEUM.CH
Billetterie : + 41 (0) 33 748 83 38
WWW.MENUHINFESTIVALGSTAAD.CH
12 5
hé d o nisme ( S ) / jolis fl ac o n s
8 vins genevois
à l’honneur
La sélection de market
3.Domaine Château du Crest
Château rouge AOC 2012
Type : Vin rouge
(60 % Gamaret, 40 % Pinot noir)
Les cépages sont élevés en foudre de chêne pendant 11 mois,
ce qui permet de favoriser la micro-oxygénation du vin. Le
nez est très expressif, avec des notes poivrées et de fruits des
bois. La bouche est structurée, avec des tanins souples, qui la
rendent ample. Il est parfait avec de la viande rouge grillée,
des fromages corsés ou encore une salade de fruits rouges.
4.Domaine du Château du Crest
Premium rouge AOC Genève 2012
Type : Vin rouge (70 % Merlot, 30 % Gamaret)
Ce vin est un assemblage de nobles cépages. Élevé en fût
de chêne durant 11 mois, on y retrouve l’équilibre entre
les tanins du bois et la puissance du vin. Le nez est très
aromatique, avec des arômes de fruits confits, de myrtille
et d’épices. La bouche est veloutée, avec des tanins fins et
soyeux. Un accompagnement idéal pour un carré d’agneau,
de champignons des bois ou encore d’un fromage bleu.
4.
3.
5.Domaine des balisiers
5.
1.Domaine de La vigne Blanche
Sauvignon blanc 2011
Type : Vin blanc (Sauvignon)
Une robe jaune pâle et lumineuse, qui ne laisse pas présager une
telle explosion exotique au nez. Ce Sauvignon très aromatique
est marqué par la mangue, les fruits exotiques et le citron vert.
En bouche, il est toujours aussi intense avec des agrumes et
bourgeons de cassis et se termine par une note finale acidulée.
Assemblage de cépages nobles 2010
Type : Vin rouge
(50 % Garanoir, 50 % Merlot)
Une robe rouge et intense. Un nez épicé et fruité, avec un
parfum de toast vanillé. La bouche est ronde, charpentée
et bien équilibrée avec une très longue persistance aromatique. C’est un vin typique des assemblages rouges réalisés
à Genève. Il est à la fois très puissant et très fruité. Le vin
parfait pour les viandes rouges corsées et le gibier.
2.Domaine de la Vigne Blanche
Esprit de Genève 2010
Type : Vin rouge (50 % Gamay,
30 % Gamaret, 20 % Cabernet sauvignon)
Le nez libère des arômes légèrement boisés, puis laisse
apparaître le caractère fruité du vin. La bouche est tout en
rondeur avec une belle structure tanique, et l’on y retrouve
des notes de fruits rouges et de cassis. L’accompagnement
idéal des plats épicés.
1.
12 6
2.
hé d o nisme ( S ) / jolis fl ac o n s
6. Cave de Genève
Intuition Genève AOC 2014
Type : Vin blanc
(Sauvignon gris et Muscat)
Cet assemblage de Sauvignon gris et de Muscat est d’une
douceur remarquable et d’une grande pureté. Le nez se
distingue par des arômes puissants de rose et de violette. En
bouche, il est mœlleux, ample, avec une finale propre aux
grands vins. C’est le compagnon idéal des fromages à pâte
persillée, des desserts au chocolat amer et des marrons glacés.
La suggestion
de nos spécialistes:
Mousseux Chardonnay
Blanc de Blancs
Baccarat, brut, 75 cl
14.50
6.
7.
8.
7. Cave de Genève
Un mousseux élégant
élaboré à partir
de raisins suisses.
La clé du temps Genève AOC 2014
Type : Vin blanc (Viognier)
Le Viognier est un cépage qui donne un vin sec et exubérant.
Ce cru offre une puissante trame aromatique basée sur la
pêche blanche, la poire et l’abricot. La robe est jaune pâle,
limpide. Sa bouche a une attaque souple, avec une structure
basée sur la fraîcheur. Il se sert volontiers à l’apéritif, avec
un fromage de chèvre.
Ce grand mousseux genevois est produit à partir de
chardonnay. Une merveille
de rafnement à l’apéritif
ou avec les entrées!
D’autres suggestions de
vins vous attendent sur
mondovino.ch
8. Cave de Genève
La Nomade 2014
Type : Vin blanc (Chardonnay)
Coop ne vend pas d’alcool aux jeunes de moins de
18 ans. En vente dans les grands supermarchés Coop et
sur www.mondovino.ch
Ce Chardonnay a une robe jaune aux reflets dorés, un nez
puissant avec d’agréables arômes typiques tels que fleurs
blanches et agrume. La bouche est ample et élégante, qui
se traduit par un bel équilibre entre fraîcheur et rondeur.
À déguster avec des poissons, viandes blanches et fromages
comme l’Appenzeller et le chèvre frais. La Nomade rend
hommage à Ella Maillard, exploratrice, photographe et
écrivain suisse, amoureuse des grands espaces.
12 7
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14.04.15 15:43
pho to GRA PHE d u mois
Michel Lagarde*
Q uand la mer monte, Michel Lagarde. Extrait de « Dramagraphies » aux Editions Ankama
« Je ne suis pas un photographe au sens classique
du terme. Je ne photographie pas une réalité
présente. Je me sers des outils de prise de vue
et de retouche informatique pour inventer,
tel un peintre, une « vision photographique ».
Dans mon travail, la photographie, le théâtre,
le cinéma, la peinture se rejoignent pour créer
une image épique. Je raconte des histoires,
j’illustre et photographie mon inconscient.
Un processus de travail long et complexe
puisque je pars d’une feuille blanche. Ce n’est
pas vraiment moi que je mets en scène dans
les Dramagraphies, ce sont plutôt des rôles que
j’interprète comme acteur ; La distanciation
est importante, elle me permet de « projeter »
les images plutôt que de les intérioriser. Je ne
raconte pas ma vie, je m’amuse à l’interpréter. »
Michel Lagarde
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*Michel Lagarde vit et
travaille à Paris. Décorateur, scénographe
et photographe, il dessine
et peint depuis l'enfance.
L'idée de la série « Dramagraphies » lui est venue
il y a une dizaine d’année,
lorsqu'il se mit à mélanger dessins par ordinateur
et photographies.
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Fifty Fathoms Bathyscaphe
©Photograph: Aaron Wong
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