ACTUS législation
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ACTUS législation
LAURENT LEJEUNE & DAMIEN HANQUET Statut de la faune sauvage GUYANE FRANÇAISE À la lumière des connaissances actuelles, le CDE met à disposition la liste des oiseaux réellement observés en Guyane. L’occasion de faire le point sur une réglementation toujours mal acceptée par les éleveurs. L a loi de 1976 relative à la protection de la nature représente un texte fondateur de la préservation des espèces dans le droit français. Elle a permis le renforcement des politiques publiques dans ce domaine notamment par la publication des arrêtés du 17 avril 1981 définissant les listes des oiseaux et des mammifères protégés sur l’ensemble du territoire national. Cependant, ces listes ne prenaient pas en compte la faune d’outremer, en particulier l’avifaune de Guyane française déjà concernée par d’importantes activités commerciales. Il était alors légitime d’établir un cadre légal garantissant le prélèvement à vocation alimentaire pour les populations locales et interdisant l’exploitation commerciale de la faune la plus remarquable. Les arrêtés dits « de Guyane » du 15 mai 1986 classent alors les animaux selon trois statuts de protection. I Les espèces autorisées à la chasse et à la vente localement : sont soumis à autorisation délivrée par le préfet la mise en vente, la vente et l’achat des spécimens concernés. Actuellement, 7 espèces de mammifères et 1 espèce de reptile (l’Iguane vert) peuvent faire l’objet de commerce en Guyane. Il a été estimé que ces espèces étaient en nombre suffisant et que leur taux de reproduction était satisfaisant par rapport à un prélèvement plus important. I Les espèces autorisées à la chasse mais non commercialisables : interdic- tion de vente et d’achat, de colportage, de naturalisation et d’exportation. Ce statut correspond aux espèces dont la vente est illicite. Cette mesure permet de restreindre l’impact de la chasse en la limitant à une consommation personnelle. Elle concerne les espèces dont le prélèvement raisonnable par l’homme est compensé par un taux de renouvellement jugé suffisant. I Les espèces intégralement protégées : interdiction de destruction, de capture, d’enlèvement des œufs et des nids, de mutilation, de naturalisation, de transport, de colportage, de commerce, d’utilisation, de vente et d’achat. C’est le cas des espèces qui sont naturellement peu abondantes, de celles qui ont subi une trop grosse pression de chasse et de celles qui sont considérées comme rares à l’échelle mondiale. C’est aussi le cas des espèces dont le taux de reproduction est très faible et dont la chasse ou la capture rendrait leur survie difficile sur le territoire de Guyane. Cette protection « intégrale » est prise en application des articles L411-1 et L411-2 du code de l’environnement (articles issus de la Loi de 1976) afin de préserver le patrimoine naturel guyanais. Ces arrêtés ministériels français de 1986 confèrent alors à la majorité de la faune de Guyane une plus haute protection que la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, dite « Convention de Washington ») puisque les dispositions françaises interdisent l’exportation et le commerce de la plupart des espèces à partir du moment où elles sont représentées en Guyane. Conséquences pour l’aviculture 1986.– Deux problèmes majeurs apparaissent immédiatement pour tous les détenteurs français : (a) Il n’existe aucune liste officielle des espèces représentées en Guyane française. (b) Il devient nécessaire de justifier, documents à l’appui, de l’origine licite des animaux concernés alors qu’aucun document, ou presque, n’était jusqu’alors délivré par les revendeurs. Pour obtenir une preuve de l’antériorité de la détention, il fallait alors déclarer les animaux déjà détenus auprès des douanes ou faire établir des attestations par son vétérinaire. Mais bien peu d’éleveurs amateurs étaient informés de ces formalités administratives obligatoires. De nombreux éleveurs, ainsi que les parcs zoologiques se mettent alors à réduire leur cheptel guyanais car il était interdit de vendre la progéniture et fastidieux d’obtenir l’autorisation administrative de les transporter. Dans le même temps, les oiseaux emblématiques de l’Amazonie continuaient de faire l’objet d’un important commerce en provenance du Brésil et du Surinam et demeuraient largement diffusés par les animaleries des autres pays européens. 2004.– Les arrêtés du 10 août 2004 relatifs à l’élevage d’agrément imposent des autorisations administratives telles que l’autorisation préfectorale de détention (APD) ou l’autorisation d’ouverture d’établissement d’élevage (AOE) pour la détention « des espèces figurant sur les listes établies pour l’application des articles L4111 et L411-2 du code de l’environnement » et interdisent leur présence dans les établissements de vente (animaleries). 2006.– Ces restrictions françaises à la commercialisation provoquent une réaction de la commission européenne qui ne remet pas en cause le principe des arrêtés de Guyane, mais demande une exception pour les spécimens nés et élevés en captivité en Europe ou importés dans le respect du droit européen. L’arrêté du 24 juillet 2006 est publié afin de satisfaire cette exigence en modifiant les arrêtés pris pour application des articles L411-1 et L411-2 du code de l’environnement. Pour les animaux nés et élevés en captivité ou importés légalement, il lève les interdictions de transport, achat, vente… et impose le marquage des spécimens concernés afin d’en garantir la traçabilité. Cependant les arrêtés du 10 août 2004 demeurent inchangés ce qui maintient les autorisations administratives requises pour la détention et l’interdiction de vente en animalerie. La liste des espèces de Guyane A ce jour, la réglementation française ne dispose toujours pas de liste officielle des espèces « représentées » en Guyane française. La liste que nous diffusons dans la revue, notamment à l’occasion de la publication des valeurs d’échanges, précise qu’une espèce doit être considérée guyanaise car il s’agit d’une interprétation couramment établie par l’administration. Cependant, il existe des données scientifiques concernant les oiseaux observés ou non en Guyane française. Vous trouverez sur le site internet du CDE (http://www.lecde.com) la liste actualisée des oiseaux de Guyane et les liens vers les sites officiels du groupe d’étude et de protection des oiseaux en Guyane (GEPOG) et du comité d’homologation des oiseaux en Guyane (CHG). Mise à jour en mars 2013, cette liste remet clairement en cause la présence de certains oiseaux pourtant considérés guyanais par les autorités françaises i.e. Amazona ochrocephala et Brotogeris versicolurus. cession précisant l’origine de l’animal (né en captivité dans l’union européenne ou importé). – Pour les oiseaux acquis après le 10 septembre 2010 : un certificat de cession sur le modèle CERFA n° 14367*01 établi en deux exemplaires (Cédant/Acquéreur). Une déclaration de marquage sur le modèle CERFA n° 12446*01. Elle doit être établie par l’éleveur qui a bagué l’oiseau ou le vétérinaire qui a implanté un transpondeur électronique. Vous trouverez sur le site du CDE (http://www.le-cde.com) tous les modèles de documents imposés par la réglementation. En résumé Le statut réglementaire particulier de la faune guyanaise demeure à l’origine de fortes contraintes pour des éleveurs qui peinent aujourd’hui à en comprendre le sens, leurs volières étant désormais peuplées d’oiseaux nés en captivité G Dura lex sed lex ! (La loi est sévère mais c'est la loi) < législation PEDRO BERNARDO - COQ-DE-ROCHE ORANGE ACTUS 1997.– Un cadre légal européen apparaît enfin, il s’agit du règlement (CE) n° 338/97 du Conseil relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages par la réglementation de leur commerce. Il met en cohérence les listes de la Convention de Washington (annexes I, II et III) avec les mesures de protection européennes comme les directives dites « Habitats naturels » et « Oiseaux ». Dès lors apparaissent les fameuses listes ou annexes A, B, C… et les certificats intra-communautaires (CIC). Mais les interdictions françaises prises en application du L411 du code de l’environnement, comme les arrêtés de Guyane, continuent de s’appliquer strictement aux « animaux d’espèces représentées en Guyane » et non aux « animaux provenant de Guyane ». Amazone à tête jaune (Amazona ochrocephala) ; statut ambigu. Nous vous recommandons la plus grande prudence en cas de doute sur le statut réglementaire d’une espèce. Demandez toujours une confirmation écrite auprès de votre DDPP ou DREAL afin d’éviter tout litige ! Les documents justificatifs Quelle que soit l’autorisation dont vous bénéficiez (APD ou AOE), vous devez être en mesure de présenter : Une facture ou un bon de cession prouvant l’origine licite de l’oiseau. – Pour les oiseaux acquis avant le 10 septembre 2010: une facture ou un bon de PRIAM PARROT BREEDING CENTRE 10 La Revue des Oiseaux Exotiques La Revue des Oiseaux Exotiques 11