Effet de la relecture d`un texte d`aide en L1 sur la compréhension et la
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Effet de la relecture d`un texte d`aide en L1 sur la compréhension et la
République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de L'enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Centre Universitaire Mustapha Stambouli - Mascara Institut des Lettres et des Langues Département de français École doctorale de français en Algérie Magistère de français Option : didactique Effet de la relecture d'un texte d'aide en L1 sur la compréhension et la réécriture d'un texte explicatif en L2 en contexte plurilingue Mémoire présenté par Fatima Zohra Benaïcha Jury MC. Fatima Zohra LALAOUI Université d'Oran Présidente Pr. Denis LEGROS Université Paris VIII Directeur de mémoire MC. Aïcha BENAMAR Université d'Oran Examinatrice Pr. Hadj MILIANI Université de Mostaganem Examinateur Année universitaire 2007/2008 REMERCIEMENTS En premier lieu, je tiens à remercier très profondément le professeur Denis Legros, mon directeur de recherche, dont la complicité, essentielle à chaque étape de ce travail, son soutien inestimable et sa générosité ont été fondamentaux pour la réalisation de cette recherche. Mes sincères remerciements à Mme Aïcha Benamar, ma co-directrice, pour sa confiance et ses encouragements. Je souhaite vivement remercier les membres du jury pour l'honneur qu'ils me font en participants à cette soutenance. Merci aux élèves qui ont accepté de participer à l'expérience. Je les remercie surtout de leur diligence et de leur patience. Je voudrais remercier Mme Mounia Sebane, dont les aides et les encouragements m'ont été essentiels pour trouver la force de surmonter les moments éprouvants de ce parcours. Finalement, à mon père, ma mère et mes sœurs, à qui je dois beaucoup pour leur affection. Ils m'ont accompagné dans ce travail avec force et tendresse. SOMMAIRE INTRODUCTION ........................................................................................... 9 PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE Chapitre 1 ........................................................................................................ 18 Approche cognitive de la compréhension de textes Chapitre 2 ........................................................................................................ 32 Compréhension de textes explicatifs/documentaires et systèmes d'aides en contexte plurilingue Chapitre 3 ........................................................................................................ 44 De la compréhension à la production : Approche cognitive de la production de textes Chapitre 4 ........................................................................................................ 55 Modèles de production en contexte plurilingue et pluriculturel et systèmes d'aides à la réécriture en langue L2 DEUXIEME PARTIE : EXPÉRIMENTATION Chapitre 5 ........................................................................................................ 62 Cadre général de l’expérimentation Chapitre 6 ....................................................................................................... 72 Expérience : Etude de l'effet des questionnaires de type Macro/micro vs modèle de situation sur le retraitement des informations au cours de la compréhension d'un texte explicatif/documentaire, et de l'effet de la relecture en langue maternelle sur la replanification et la réécriture du rappel en langue L2 (français) CONCLUSION GÉNÉRALE : BILAN ET PERSPECTIVES .................. 133 4 TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION ................................................................................................ 9 PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE Chapitre 1. Approche cognitive de la compréhension de textes ....................... 18 1.1 Modèles de Kintsch et Van Dijk (1978), Van Dijk et Kintsch (1983) .............. 18 1.2 Modèle de situation dans la modélisation de Van Dijk et Kintsch (1983) ........ 26 1.3 Modèle de Construction-Intégration de Kintsch (1988 ; 1998) ........................ 28 En résumé ................................................................................................................ 31 Chapitre 2. Compréhension de textes explicatifs/documentaires et systèmes d'aides en contexte plurilingue ............................................................................. 32 2.1 Complexité des textes explicatifs/scientifiques ............................................... 32 2.2 Activité inférentielle dans la compréhension des textes explicatifs/documentaires ....................................................................................... 35 2.3 Trois types d'aides à la compréhension des textes documentaires .................... 39 2.3.1 Aides au traitement des unités de la signification de la « surface du texte ».. 40 2.3.2 Aides au traitement des unités de signification de la « base de texte » .......... 41 2.3.3 Aides au traitement des unités de signification du « modèle de situation » du texte ................................................................................................................... 42 En résumé ................................................................................................................ 43 Chapitre 3. De la compréhension à la production : Approche cognitive de la production des textes ........................................................................................ 44 3.1 Modèle princeps de la production de textes de Hayes et Flower (1980) ........... 44 3.1.1 Présentation du modèle .................................................................................. 44 3.1.2 Limites du modèle de Hayes et Flower (1980) .............................................. 47 3.2 Rôle de la mémoire de travail dans la rédaction ............................................... 48 3.2.1 Mémoire de travail dans le modèle de Kellogg (1996)................................... 48 3.3 Modèles liés au développement de l'activité rédactionnelle ............................. 50 3.3.1 Travaux de Bereiter et Scardamalia (1987) ................................................... 50 En résumé ................................................................................................................ 53 5 Chapitre 4. Modèles de production en contexte plurilingue et pluriculturel et systèmes d'aides à la réécriture en langue L2 ................................................ 55 4.1 Production de textes explicatifs en contexte plurilingue et pluriculturel........... 55 4.2 Aides textuelles à la production d'un texte explicatif en contexte plurilingue .. 57 4.3 Relecture d'un texte en langue maternelle (L1) ............................................... 58 En résumé ............................................................................................................... 60 DEUXIEME PARTIE : EXPÉRIMENTATION Chapitre 5. Cadre général de l’expérimentation .............................................. 62 5.1 Choix du matériel expérimental ....................................................................... 64 5.2 Procédure expérimentale et consignes ............................................................. 67 5.2.1 Présentation des questionnaires .................................................................... 67 5.2.2 Activités de lecture et de relecture ................................................................ 67 5.2.3 Tâches de rappel (rappel R1 vs rappel R2) ................................................... 68 5.2.4 Participants .................................................................................................... 68 5.3 Tâches et conditions expérimentales ................................................................ 69 5.4 Méthode d'analyse des productions : l'analyse propositionnelle ...................... 70 En résumé ............................................................................................................... 71 Chapitre 6. Expérience : Etude de l'effet des questionnaires de type Macro/micro vs modèle de situation sur le retraitement des informations au cours de la compréhension d'un texte explicatif/documentaire, et de l'effet de la relecture en langue maternelle sur la replanification et la réécriture du rappel en langue L2 (français) ........................................................................ 72 6.1 Objectifs de l'expérience .................................................................................. 72 6.2 Cadre théorique de l'expérimentation ............................................................... 74 6.2.1 Rôle du contexte ............................................................................................ 74 6.2.2 Rôle de la langue maternelle (L1) dans la compréhension et la production en langue étrangère (L2) ........................................................................................ 76 6.2.3 Rôle de l'activité inférentielle dans la compréhension du texte explicatif en français langue L2 chez les élèves en contexte plurilingue .................................... 82 6.2.4 Propositions ajoutées de type T1 (Base de texte) et T2 (modèle de situation) comme traces des processus cognitifs de l'activité de replanification et de réécriture ............................................................................................................ 86 6 6.3 Hypothèses de recherche et prédictions ........................................................... 89 6.4 Méthode ............................................................................................................ 100 6.4.1 Participants .................................................................................................... 100 6.4.2 Matériel ......................................................................................................... 100 6.4.3 Procédure expérimentale et consignes .......................................................... 100 6.4.4 Analyse et unités d'analyse (variables dépendantes) .................................... 104 6.5 Présentation des principaux résultats ................................................................. 106 6.6 Interprétation .................................................................................................... 117 6.7 Discussion et conclusion .................................................................................. 129 En résumé ............................................................................................................... 132 CONCLUSION GÉNÉRALE : BILAN ET PERSPECTIVES ......................... 133 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................................... 139 ANNEXES ...................................................................................................... 150 Annexe I. Questionnaire (initial et final) « Le réchauffement climatique » . 151 Annexe II. Texte d'aide en langue française (L2) « A propos du réchauffement climatique : des causes et de grandes conséquences » ..................................... 152 Annexe III. Texte d'aide traduit en langue arabe (L1) .................................... 154 7 LISTE DES FIGURES Figure 1. Niveau de pertinence des propositions selon les groupes .............. 107 Figure 2. Différence entre les propositions (très pertinentes et moyennement pertinentes) selon les groupes ................................ 107 Figure 3. Niveau de pertinence des propositions en fonction du niveau de connaissance en L2 selon les groupes ...................................... 109 Figure 4. Niveau de pertinence d'ajouts en fonction des groupes .................. 110 Figure 5. Différence entre les types d'ajouts (issus de la base de texte vs issus du modèle mental) en fonction des groupes ......................... 111 Figure 6. Types d'ajouts en fonction du niveau de pertinence des propositions ajoutées ..................................................................... 112 Figure 7. Types d'ajouts (base de texte vs modèle mental) en fonction de la langue utilisée selon les groupes ................................................ 113 Figure 8. Niveau de pertinence des ajouts en fonction du niveau de connaissance en L2 selon les groupes ........................................... 114 Figure 9. Niveau de pertinence des informations ajoutées au questionnaire final selon les groupes ............................................. 115 Figure 10. Propositions ajoutées au questionnaire final en fonction des groupes ........................................................................................... 116 8 INTRODUCTION Depuis les années soixante-dix, la compréhension et la production écrite constituent des champs de recherches majeurs dans les domaines de la didactique du français et de la didactique de l'écrit, notamment sous l'influence de la psychologie cognitive et de la psycholinguistique textuelle qui privilégient l'étude des processus cognitifs. L’étude de ces mécanismes est incontournable si l’on veut adapter la recherche didactique et la réflexion pédagogique au fonctionnement cognitif des apprenants. En effet, la didactique de la production de l'écrit a beaucoup à gagner en s’appuyant sur les recherches conduites en psychologie cognitive du traitement du texte. Grâce aux apports de la psychologie cognitive qui permet de comprendre le fonctionnement cognitif de l’élève, la didactique peut contribuer à modifier les pratiques pédagogiques. Elle peut concevoir des activités qui favorisent par exemple l’activation des connaissances sous-jacentes nécessaires à la mise en mots d'un texte. Les résultats de ces travaux de recherche commencent à influencer les milieux didactiques et entraînent de profondes modifications des pratiques pédagogiques en classe. Notons ainsi, que la psychologie cognitive du traitement textuel permet de favoriser la conception de stratégies à mettre en place pour développer de façon efficace les compétences en rédaction et développer des procédures qui conduisent l'élève à produire des textes. Néanmoins, nous observons que l'activité cognitive de la compréhension et de la rédaction de textes n'a pas, jusqu'aux années quatre vingt, fait l'objet de travaux qui se rattachent aux modèles classiques de la cognition. Cependant, sur le plan didactique, l'activité de lecture en classe de L2 (langue étrangère) constituait un champ de réflexion et d'expérimentation considérable. Avec l'émergence de nouveaux besoins d'ordre linguistique et de nouvelles difficultés spécifiques en français pour les élèves, la didactique de l'écrit a connu un renouvellement conséquent avec la prise en compte du contexte bilingue ou plurilingue des apprenants. En effet, au moment où l'élève lit un texte en français, des informations nouvelles apparaissent, ce qui l’oblige à 9 établir un lien entre les connaissances construites dans sa langue maternelle, stockées en mémoire et les connaissances activées lors du traitement des informations en français langue étrangère. Les recherches conduites dans le domaine de la didactique du français du FLE et en FLE ont tenté de proposer des directions pédagogiques susceptibles d’améliorer la construction des compétences en compréhension et en production de textes en langue L2 (Bertucci, 2007 ; Miled, 2007). Cependant les travaux menés dans le domaine de l’apprentissage en contexte plurilingue ont montré que l’efficacité des réformes ne peut se concevoir sans la prise en compte des résultats des travaux conduits en psychologie de l’apprentissage et, plus précisément, en psychologie cognitive du traitement du texte. Ces recherches constituent une révolution paradigmatique indispensable à la refondation de la didactique à l’ère du numérique et dans le contexte de la mondialisation de la formation (Legros, 2005). La dynamique de l'apprentissage dans la construction d'une signification de textes assure le développement cognitif de l'apprenant sans mettre en retrait son environnement socioculturel. Les nombreuses recherches conduites par l’équipe « TICE, Contextes, Langages et Cognition »1 ont mis en évidence l’effet positif de la prise en compte de la langue maternelle L1 sur l'activation des connaissances mises en œuvre dans la compréhension et la production en langue étrangère L2. De cette façon, les lacunes linguistiques de l'élève sont plus facilement surmontées grâce, par exemple, aux activités favorisant le développement des capacités à activer les inférences nécessaires à la construction de la cohérence de la signification du texte. De nombreuses générations d’enseignants témoignent que la production écrite est une tâche difficile pour le scripteur. C'est une activité permanente tout au long du processus d'apprentissage. Précisons, qu'elle implique d'abord un traitement de la surface textuelle des propositions à produire (aspects lexicaux, morphologiques et syntaxiques). Ensuite, elle nécessite une mobilisation de connaissances sur le thème du texte, afin de construire de façon cohérente les 1 http://classe-numerique.cite-sciences.fr/numeral/textes/ 10 composants de la microstructure et de la macrostructure textuelles, en fonction des structures rhétoriques du texte. Bien plus, il faut tenir compte dans cette activité rédactionnelle des facteurs comme l'âge, le niveau scolaire, les connaissances qui interviennent dans l’activité de production, les connaissances sur le domaine évoquées par le contenu textuel et les connaissances linguistiques. La présente recherche s'appuie sur les travaux réalisés en psychologie cognitive. Plus précisément, sur ceux qui ont traité de l'activité de compréhension et de production en langue seconde et/ou étrangère en contexte plurilingue, mettant en œuvre le fonctionnement cognitif de l'élève (Cordier, Legros & Hoareau, 2005 ; Hoareau & Legros, 2005a ; 2005b). Nous tenterons pour ces deux activités nécessaires à la réussite des élèves de concevoir des aides didactiques plus efficaces visant à activer les processus cognitifs permettant le transfert en L2 des connaissances antérieures développées en L1. Ces connaissances contribuent ainsi à l’élaboration de la cohérence du contenu sémantique du texte. Cette recherche, conduite avec des élèves de deuxième année de cours secondaire, âgés de 15 à 20 ans, s’inscrit dans les perspectives et les développements d’un projet du programme TCAN-CNRS2 qui vise à recueillir des données dans des contextes linguistiques et culturels divers. Ce projet se rapporte à l'élaboration de façon interdisciplinaire et avec un même modèle de référence des aides et des systèmes d’aide à l’apprentissage en L2 en contextes plurilingues (Legros, Hoareau, Boudechiche, Makhlouf & Gabsi, 2007). Les élèves de filière littéraire impliqués dans notre recherche éprouvent des difficultés lors de la compréhension et de la production des textes explicatifs/documentaires. Ce type de texte véhicule en effet des informations étrangères au contexte linguistique et culturel de ces élèves. Il est plus difficile à traiter que le texte narratif en raison des difficultés pour le lecteur d'opérer les inférences nécessaires dans un domaine de connaissances moins disponible ou peu familier du lecteur (Marin, Crinon, Legros & Avel, 2007). 2 http://www.dr4.cnrs.fr/tcan/tcan/documents/appel2004/Rapports/RapportFinal_Legros.doc 11 De plus, même si l'élève parvient au cours de l'activité de planification à activer les connaissances nécessaires à la mise en mots, celui-ci éprouve des difficultés supplémentaires à verbaliser ses connaissances. En effet, il doit maîtriser non seulement le contenu sémantique du texte, mais aussi l’activité de traitement du niveau de la surface textuelle en L2. Or, les connaissances lexicales, orthographiques et syntaxiques sont souvent insuffisantes (Van Dijk & Kintsch, 1983). Ce travail permet d'identifier les types de stratégies dans lesquelles s’engagent les élèves, et ainsi de contribuer à la mise en œuvre d’une didactique de la compréhension de texte en L2 en contexte plurilingue. Il conduit à la conception d’aides à l’apprentissage en FLE. C’est pourquoi l’analyse et la validation d’un type d'aide à la compréhension et à la production de textes explicatifs/scientifiques constituent l’objet de notre recherche. Nous allons nous interroger donc sur le rôle important de la langue maternelle (L1, arabe) dans l’activation des connaissances construites dans cette langue. Les données expérimentales nous permettent de concevoir des aides en langue maternelle sur la compréhension et la production écrite en français langue étrangère L2. Notre objectif, par la prise en compte du contexte linguistique des élèves, est d'étudier l'effet de l'utilisation de la langue maternelle (L1, arabe), lors de la relecture d’un texte d'aide explicatif/documentaire sur la réécriture du rappel du premier texte et, par hypothèse sur la compréhension de son contenu sémantique en français langue étrangère (L2). La démarche expérimentale de ce travail consiste à analyser les informations ajoutées non seulement au texte source et au premier rappel du texte explicatif/documentaire, mais aussi au questionnaire final. Ce qui permet d'expliquer par la suite le résultat de l'activité inférentielle. Il s'agit en effet, de comprendre comment l'élève réécrit son premier texte explicatif en prenant en compte le contenu informationnel du texte d'aide (texte source), la complexité des liens de causalité qui l'organisent et ses connaissances antérieures. Le corpus est donc constitué des textes résultant de deux tâches de production d'un texte 12 explicatif (écriture et réécriture) en langue L2 (français) et des réponses à deux questionnaires de connaissances encyclopédiques (initial et final). À partir de l'analyse des activités proposées au cours de l'expérience, nous faisons pour notre part l'hypothèse générale, selon laquelle l'utilisation de la langue maternelle (L1, arabe) dans des aides textuelles pour le groupe G1, facilitera la réactivation des connaissances déjà construites dans le contexte linguistique et culturel de ces lecteurs lors de la lecture/compréhension. Sur le plan des activités de production écrite en langue étrangère (L2, français), nous formulons l'hypothèse que la relecture en langue L1 exercera un effet important sur la (re)planification et la réécriture d'un texte explicatif en langue L2. Nous supposons que l'élève réactive et réorganise les connaissances au cours de la relecture et la réécriture. Il arrivera ainsi à (re)planifier ses connaissances avant de les verbaliser en fonction des informations fournies par le texte d'aide à la réécriture en langue L2. Le cadre théorique comprend quatre chapitres qui représentent une synthèse des travaux antérieurs sur la compréhension et la production de textes. Ces travaux situent les objectifs de notre expérimentation. Le premier chapitre présentera les principaux modèles de compréhension de textes (Kintsch & Van Dijk, 1978). Ils rendent compte de la façon dont les lecteurs construisent progressivement la cohérence locale et globale du texte, résultant de l'intégration d'informations véhiculées par le texte aux connaissances générales et personnelles du lecteur. La description de ces modèles permettra d'expliquer la nature des processus cognitifs qui facilitent aux lecteurs d'accéder aux informations pertinentes au cours de l'activité de compréhension. Le « modèle de situation » de Van Dijk et Kintsch (1983) et le modèle « Construction-Intégration » de Kintsch (1988 ; 1998) seront discutés afin de montrer l'importance fondamentale de l'interaction entre les processus linguistiques et l'activation de connaissances des individus, variables selon leurs contextes linguistiques et culturels. Cette interaction est caractérisée par l'intégration de nouvelles informations favorisant la compréhension effective d'un texte. 13 Sur les bases de données théoriques fournies dans le premier chapitre, seront introduits les autres chapitres. Précisément, dans le deuxième chapitre, nous nous intéresserons à la compréhension de textes explicatifs/documentaires en L2. Puis, nous fournirons quelques exemples de systèmes d'aides en contexte plurilingue. Or, le texte explicatif constitue notre point d'intérêt, étant donné qu'il forme le matériel didactique/expérimental utilisé dans les activités d'apprentissage proposées aux participants. En effet, nous expliquerons pourquoi le texte explicatif/documentaire est plus difficile à comprendre que le texte narratif. C’est en raison des difficultés qui se situent à la fois au niveau de la surface textuelle et de son contenu sémantique. Ensuite, l'activité inférentielle qui joue un rôle essentiel dans le traitement du texte sera présentée, ainsi que les facteurs qui influencent la génération d'inférence au cours de l'activité de compréhension de textes explicatifs. Il est plus difficile pour un élève de lire un texte explicatif ou scientifique qui développe des savoirs sur le monde, « Les causes et conséquences du réchauffement climatique » du moment qu'il doit inférer les connaissances absentes du texte, mais évoquées par son contenu au cours de la lecture. Ce même chapitre nous conduira à nous interroger sur les types d'aides à la compréhension de textes documentaires. Ces aides textuelles facilitent la construction de la cohérence de la signification du texte et du domaine évoqué par le texte. Elles contribuent au développement d'une didactique du texte et de l'apprentissage des connaissances textuelles qui s'appuient sur le fonctionnement cognitif de l'apprenant. Dans le troisième chapitre, des modèles seront discutés comme autant de pistes théoriques potentielles à l'explication des processus cognitifs intervenant lors de la production des textes. Dans un premier temps, sera présenté le modèle princeps de la production verbale écrite de Hayes et Flower (1980). Ce modèle est élaboré à partir de l'étude des protocoles verbaux des rédacteurs experts. Il décrit les processus cognitifs de l'activité rédactionnelle, à savoir le processus de planification, le processus de mise en texte et le processus de révision. Ainsi, 14 nous présentons ses caractéristiques et les modifications apportées par Berninger et Swanson (1994) et Hayes (1996). Nous discuterons succinctement le modèle de Kellogg (1996). Ce nouveau cadre théorique s'est donné pour objectif de préciser le rôle de la mémoire de travail en production de textes chez l'adulte. Enfin, nous chercherons plus particulièrement à expliquer les deux modélisations de Bereiter et Scardamalia (1987), utilisées par des rédacteurs novices et experts. Ce modèle est relatif à la « stratégie des connaissances racontées » (Knowledge Telling Strategy), et à la « stratégie des connaissances transformées » (Knowledge Transforming Strategy). Ces auteurs décrivent les stratégies d'utilisation des connaissances en fonction du type de traitement effectué par des rédacteurs jeunes et/ou adultes. Le quatrième chapitre qui se focalise sur la prise en compte du contexte plurilingue et pluriculturel dans le processus de production de textes explicatifs, montrera l'importance des connaissances générales et spécifiques du rédacteur façonnées dans son contexte linguistique et culturel (Hoareau & Legros, 2005a ; 2006 ; Van Dijk, 1999). Les connaissances antérieures construites dans la langue maternelle et le milieu culturel de l'élève favorisent le traitement inférentiel nécessaire à la « textualisation » des informations récupérées en mémoire. Dans le cadre des aides à l'activité de réécriture de textes explicatifs/documentaires en langue L2, nous discuterons le rôle de la relecture en langue maternelle afin de montrer son effet sur l’activation des connaissances lors de la production écrite en langue L2. Les aides textuelles à la réécriture présentées dériveront un ensemble d'activités visant le développement des compétences qui sont transposables de la compréhension à la production. Pour cela, nous étudierons la réécriture comme le produit du retraitement du premier texte (1er jet). Nous nous appuierons sur les recherches menées sur les aides à la réécriture comme celles de Legros (2003 ; 2007 ; 2008) afin de mieux analyser l'effet de ces aides sur la production d'un texte explicatif en langue L2. La partie expérimentale présente l’expérience que nous avons conduite dans le but d'évaluer et d'analyser l'effet de l'utilisation de la langue arabe (L1) dans des aides textuelles à la compréhension et à la réécriture d'un texte explicatif/documentaire en français langue étrangère (L2). Elle est composée de 15 deux chapitres. Dans le cinquième chapitre, nous décrivons la méthodologie générale de la recherche : les participants, le choix du matériel expérimental, les conditions expérimentales, la procédure, les consignes et la méthode d'analyse des productions des élèves qui sera basée sur l'analyse propositionnelle. Dans le sixième chapitre, nous exposerons en détail l'expérience. Notre objectif consiste à vérifier l'hypothèse émise au cours des activités menées en classe par des élèves de deuxième année secondaire. Rappelons, que cette expérimentation repose essentiellement sur l'hypothèse selon laquelle la relecture d'un texte d'aide documentaire en langue arabe (maternelle, L1) favorisera l'activation des connaissances antérieures nécessaires à la compréhension et à la réécriture du premier rappel du texte explicatif en langue française (étrangère, L2). L'effet de la langue maternelle a été analysé à partir des données recueillies auprès de 40 lycéens du même niveau scolaire. Dans ce chapitre, nous nous sommes appuyés sur quelques travaux portant sur le rôle de la langue maternelle au cours de la compréhension et de la production de textes scientifiques en langue seconde et étrangère. Une place importance est consacrée, d'un côté, à l'analyse des productions et aux réponses aux questionnaires, d'un autre côté, à l'interprétation des résultats. Nous proposons également une discussion des résultats obtenus. Pour conclure, nous présentons un bilan de notre recherche. Des perspectives didactiques et scientifiques seront aussi exposées. À la fin de ce volume (I) figure une pochette d'annexes intégrant un questionnaire de connaissance (initial et final), un texte explicatif et l'ensemble des productions des participants, volume (II). 16 PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE 17 Chapitre 1. Approche cognitive de la compréhension de textes 1.1 Modèles de Kintsch et Van Dijk (1978), Van Dijk et Kintsch (1983) Chaque texte offre au lecteur un ensemble d'informations. L'assimilation de nouvelles connaissances nécessite la mise en relation de trois éléments, à savoir les données textuelles, la tâche à accomplir et les connaissances individuelles. Les informations apportées par le texte sont traitées et transformées en fonction des connaissances déjà stockées en mémoire et activées par le lecteur au cours de la lecture. En activant des connaissances préconstruites, ou des modèles mentaux, le lecteur met en fonctionnement ce que Fayol (1991) appelle la « base de connaissance » dans l’activité cognitive de compréhension. En effet, les textes proposés aux lecteurs favorisent l'activation des informations non explicitées dans le texte. Ils favorisent aux lecteurs la construction des connaissances (McNamara & Kintsch, 1996). Pour comprendre, l'élève élabore une représentation du contenu sémantique du texte tout au long de la lecture. En effet, il construit une représentation sémantique du texte qui n'est pas figurée dans le texte, mais présente dans sa tête. Par voie de conséquence, la compréhension vue comme une activité mentale achevée consiste à construire une représentation cohérente de la signification. Par ailleurs, la signification globale d'un texte (macrostructure) nécessite la mise en cohérence des différents éléments du texte (microstructure) pour élaborer la cohérence de l'ensemble. La construction de la cohérence de la signification est fortement liée à l'activation des connaissances générales et spécifiques du monde évoqué par le contenu du texte. En d'autres termes, le lecteur doit faire des inférences pour élaborer cette cohérence et donc parvenir à une meilleure compréhension. La capacité à construire la cohérence locale et globale du texte s'acquiert par l'adaptation d'un apprentissage explicite de la compréhension. Ainsi, il s'agit de montrer à l'élève comment identifier les mots, comment analyser les structures syntaxiques et sémantiques, comment sélectionner l'information pertinente, 18 comment construire activement la signification textuelle. C'est à partir du sens que le lecteur construit la signification globale du texte. Cela nous conduit à signaler que la compréhension d'un texte ne consiste pas en une simple projection des structures textuelles dans l'esprit du lecteur (Legros, 1988, p.198). De telle façon que le lecteur perçoit d'abord les informations apportées par le texte pour intégrer ensuite ces nouvelles informations à ses propres connaissances. D'où la nécessité de mettre en combinaison le système de connaissances/croyances du lecteur et le texte, dont la structure et le contenu sémantique résultent du milieu culturel duquel il émane (Legros & Maître Pembroke, 2002). L'activité de compréhension ne peut pas être directement extraite de la structure de surface, mais elle est toujours le résultat d'une construction et d'une interprétation du lecteur. Pour lui, le texte est un support formé d'une suite de propositions à partir de laquelle s'élabore la signification globale. D'autant plus que les informations issues du texte n'ont pas pour lui la même importance. Ce qui explique que la variabilité dans la compréhension d'un même texte dépend de plusieurs facteurs telles que l'origine culturelle du lecteur, ses motivations, ses connaissances/croyances et la valeur affective de l'information (Legros, 1988). Construire donc une signification dépend en grande partie des connaissances antérieures du lecteur et des connaissances élaborées dans sa langue et sa culture. La compréhension nécessite ainsi l'établissement d'une interaction entre, d'un côté, l'élève, possédant au préalable une série variables de connaissances en fonction des représentations construites au fil des expériences et des apprentissages précédents et, d'un autre côté le contenu du texte afin de construire un nouveau texte lorsqu'on lui demande de faire un rappel. En l'occurrence, la compréhension s'appuierait non seulement sur de nouvelles relations entre diverses connaissances, mais aussi sur les processus qui interviennent au cours de la lecture. La construction de la signification prend en compte à la fois les connaissances activées et les processus mis en œuvre dans l'élaboration de ces connaissances au cours des tâches de lecture, de compréhension et de production d'écrits. L'importance de la construction de la signification réside dans 19 l'appréhension du fonctionnement cognitif de l'apprenant dans ces tâches. C'est pourquoi, les méthodes de recherches utilisées ne se contentent donc plus d'analyser la représentation activée ou construite et mise en mots (méthode off line), mais les processus de construction de ces représentations (méthode on line) (Jamet, 2006). Le processus de lecture/compréhension nécessite l'établissement d'une connexion d'une part, entre les informations linguistiques et sémantiques véhiculées par le texte et d’autre part, les connaissances préconstruites et récupérées en mémoire. La réussite de cette interaction n'est possible que par la mise en œuvre de l’activité de construction d'une représentation mentale lors de la lecture. Pour étudier la représentation mentale, il est primordial de dire que l'apprenant construit trois niveaux de représentation du texte et de son contenu : un « niveau de surface » exprimant les informations lexicales et syntaxiques, un « niveau sémantique » représentant à la fois la signification locale et globale des phrases et du texte, et un « niveau situationnel », englobant les connaissances antérieures évoquées par le texte, ainsi que les aspects contextuels de la situation de lecture (Legros & Marin, 2008). Nous précisons que le niveau situationnel se caractérise par l'intégration des connaissances du lecteur aux informations fournies par le texte. C'est le niveau de représentation le plus élaboré. Au moment où le lecteur interprète les informations issues du texte, il fait intervenir son système de connaissances/croyances. En d'autres termes, il met en évidence la façon dont il représente le monde et non pas uniquement ses connaissances sur le monde. La signification qu'un individu établit entre une connaissance, c'est-à-dire une représentation qu'il pense être vraie et une croyance, c'est-à-dire une représentation qu'il ne peut estimer quant à sa valeur de vérité affecte les activités d’apprentissage et le traitement cognitif des textes (Legros & Baudet, 1997, voir Legros & Marin, 2008). Ce qu'il faut retenir de ces données réside dans l'importance accordée à la construction de la signification textuelle. Cette activité cognitive complexe met en œuvre les connaissances initiales du lecteur, ses buts et le type de texte traité pour pouvoir l'aborder en vue d'une compréhension et/ou d'une production d'un 20 nouveau texte lors d’un rappel ou d’un questionnaire sur le contenu du texte, à titre d'exemple. Ces considérations nous conduisent à avancer que le lecteurcompreneur modifie ses représentations antérieures pour qu'il puisse établir de nouvelles relations entre les connaissances. En effet, les connaissances antérieures permettent de comprendre le traitement des nouvelles données et la façon dont sont réinvesties les informations lues dans le texte. Plusieurs modèles théoriques sur la compréhension se sont développés durant les quinze dernières années permettant d'avoir une meilleure connaissance des processus intervenant lors de cette activité mentale complexe. Nous y évoquerons succinctement le modèle de Kintsch et Van Dijk (1978) et son prolongement (1983 ; 1988) qui nous intéressent dans les limites de notre travail et qui nous paraissent complémentaires. Nous présentons en effet une rapide synthèse des principales composantes du modèle de Van Dijk et Kintsch (1983), en insistant sur les mécanismes de la compréhension de textes (Kintsch & Van Dijk, 1978) et la prise en compte des connaissances antérieures du lecteur, à travers la notion de « modèle de situation » proposée par Van Dijk et Kintsch (1983). Puis, nous essayerons de mettre en évidence d'autres données aussi nécessaires pour expliquer les mécanismes de la compréhension que Kintsch regroupe dans le modèle de « ConstructionIntégration » (1988 ; 1998). Dans le modèle procédural de Kintsch et Van Dijk (1978), le lecteur sélectionne dans un premier temps des informations au détriment d'autres jugées moins importantes et/ou pertinentes, puis il les hiérarchise en fonction du thème général du texte. L'ensemble de ces informations est agencé et coordonné afin de construire la cohérence locale et globale du texte. La construction de cette cohérence correspond respectivement à la microstructure et à la macrostructure. L'élaboration de ces deux niveaux constitue un aspect central du processus de compréhension. Elle représente le résultat de la capacité des lecteurs à mettre en relation les éléments véhiculés par le contenu du texte. À l'opposé du traitement de la microstructure qui sert à effectuer des liens entre chacune des phrases ou des propositions du texte en respectant le principe de cohérence, le traitement de la macrostructure gère les informations 21 importantes et assure la cohérence de l'ensemble. En somme, la compréhension d'un texte selon Kintsch et Van Dijk (1978) repose sur la construction d'une « base de texte » cohérente. D'une manière précise, il existe trois processus complexes qui interviennent lors du traitement de l'information. Ils sont considérés comme très importants pour construire la signification globale : la sélection, la hiérarchisation des informations en fonction de leur niveau d’importance relative et la mise en cohérence de ces informations (Kintsch & Van Dijk, 1978 in Denhière, 1984). La sélection Ce processus permet au lecteur de prendre en compte certaines informations et d'en délaisser d'autres. Conformément au but de la lecture, l'élève ne sélectionne que les propositions importantes et/ou pertinentes, car il ne peut pas mémoriser toutes les informations contenues dans le texte. La hiérarchisation Après avoir effectué une sélection, certaines informations portant sur le thème général du texte dominent, tandis que d'autres restent secondaires. Cela résulte du processus de hiérarchisation. Il peut varier en fonction des connaissances du lecteur, de sa culture et de son origine. En organisant les informations, on peut augmenter la probabilité de les retenir. C'est-à-dire que pour devenir permanentes, les connaissances doivent être organisées. La cohérence Le lecteur organise les informations déjà sélectionnées et hiérarchisées selon l'objectif de la lecture. L'élève qui tente de comprendre un texte, doit construire une signification cohérente qui dépend de sa capacité à interpréter le contenu du texte et de la représentation de la causalité telle qu'elle est édifiée dans sa tête. Pour construire la cohérence de la représentation des informations textuelles, deux niveaux de cohérence s'opèrent : la microstructure (la cohérence locale). Elle présente un niveau sur lequel la signification est basée sur les informations qui se rattachent aux propositions du texte. D'une autre manière, la microstructure représente une structure de signification d'une information locale. 22 Elle conduit à la construction des propositions sémantiques du contenu du texte. Tout simplement, c'est la liste des propositions qui composent le texte et qui nécessitent d'être reliées les unes aux autres. En revanche, la macrostructure (la cohérence globale) correspond à une structure globale de la signification d'un texte. Elle désigne les propositions majeures et générales du texte à travers lesquelles l'élève peut organiser et hiérarchiser les informations dominantes, en s'appuyant sur les propositions du contenu textuel afin de constituer une représentation mentale définie et durable. En effet, si la cohérence globale du contenu sémantique du texte ne peut toujours pas être élaborée, il est important qu'un processus d'inférence se déclenche afin de permettre au scripteur d’activer et de mettre en mots l'ajout des propositions reliant les informations déjà traitées. Le lecteur doit alors activer ses connaissances en mémoire pour mieux appréhender le contenu sémantique du texte lu. L'activité inférentielle est essentielle dans la mesure où elle permet au lecteur d'accéder aux connaissances sous-jacentes évoquées par le texte ou au « modèle de situation ». L'importance de ce modèle de compréhension réside dans la possibilité d'analyser les processus qui interviennent lors du traitement de l'information. En effet, les deux auteurs s'attachent au traitement de l'information on line (Van Dijk & Kintsch, 1983). Selon leur conception, la représentation doit être analysée en elle-même, c'est-à-dire les processus menant à sa construction, et non pour ellemême en tant que produit fini. Or, la lecture est une activité stratégique permettant de construire une représentation cohérente d'un texte. L'élaboration de cette représentation implique l'intervention des micropropositions et des macropropositions. Notons que les secondes classent les premières de façon hiérarchique. L'élève construit conjointement à cette élaboration un modèle de la situation du monde évoqué par le texte (Van Dijk & Kintsch, 1983) dans sa mémoire de travail (MDT) qui constitue le référent du texte lu. Il s'est bâti une représentation du monde, un modèle mental, que la lecture du texte suscite et alimente (Gouraud, 2002 in Crinon & Legros, 1995). 23 Dans le prolongement de la modélisation de Van Dijk et Kintsch (1983), le processus de compréhension est étudié selon trois niveaux de représentation du texte (Legros & Marin, 2008). D'abord la « surface du texte ». Elle prend en compte les formes linguistiques rudimentaires : le lexique choisi et les structures syntaxiques utilisées. Ensuite, la « base de texte ». Elle correspond au contenu sémantique du texte. Elle est composée de propositions explicites du texte. L'ensemble des propositions textuelles s'organise en deux niveaux : le niveau local et le niveau global (la microstructure et la macrostructure). Enfin le « modèle de situation » qui englobe les connaissances et les expériences antérieures du lecteur évoquées par le texte. Le lecteur est appelé à construire un modèle sur la situation décrite par le contenu textuel. Ce modèle s'appuie sur les connaissances élaborées dans la culture du lecteur, mais détachées du contenu du texte. Pour la microstructure, il est indéniable d'avancer qu'elle nécessite un traitement propositionnel, c'est-à-dire un traitement de l'information du texte phrase par phrase. Elle correspond à la structure locale du texte. Tandis que la macrostructure réunit les informations dominantes du texte. Elle comprend un ensemble de propositions hiérarchisées représentant ainsi la structure globale du texte. C'est ainsi que la macrostructure représente le socle de la signification. Plusieurs facteurs interviennent dans la construction d'une macrostructure, comme les connaissances initiales du lecteur et le contexte. La microstructure et la macrostructure sont deux niveaux sémantiques qui forment la « base de texte ». Cette dernière est constituée d'un ensemble de propositions organisées de façon hiérarchique et d'informations sémantiques directement issues du texte. Face à l'insuffisance et à l'incohérence des éléments textuels lors de l'activité de compréhension, le lecteur doit nécessairement mettre en œuvre ses propres connaissances résultant de ses apprentissages et de ses expériences familiales et culturelles. Cela lui permet de rendre une structure cohérente, lorsque l'information qui lui est fournie ne semble pas cohérente, et de construire de ce fait un « modèle de situation » du monde évoqué par le texte. La construction d'un « modèle de situation » est le résultat d'une interaction entre ce que le lecteur a compris du texte, sans aucune relation avec la 24 structure textuelle et intégré à ses connaissances. Ainsi, ce modèle permet d'acquérir de nouvelles informations. Parallèlement, Johnson-Laird (1983) désigne le « modèle de situation » sous une autre dénomination, celle du « modèle mental ». Cette notion représente une structure mentale qui entraîne la réactivation des modèles déjà façonnés précédemment à partir de la situation décrite par le texte et les nouvelles informations traitées. Elle représente donc les informations évoquées par le texte et activées par le lecteur dans le but de construire une interprétation personnelle. Nous avons pris appui sur les notions de « base de texte » et de « modèle de situation » dans notre expérimentation afin d'analyser le type d'ajouts apportés par les participants lors de la réécriture (2ème jet) de leur premier jet. Précisons toutefois que ces propositions ajoutées sont issues du texte et du modèle de situation sous-jacent au texte activé par les élèves. Pour construire un modèle de situation selon Van Dijk et Kintsch (1983), il est essentiel de faire intervenir les différents types de connaissances : des connaissances sur le monde en général et sur le monde du lecteur en particulier, sur la spécificité de la situation de communication, sur les expériences personnelles du lecteur. En conséquence, les connaissances initiales du lecteur et ses expériences jouent un rôle important dans la l'élaboration de la signification du texte. Ces connaissances permettent en effet de transformer une structure isolée en mémoire (« base de texte ») en un réseau de connaissances plus cohérent et plus complet. Dans cette modélisation acceptée maintenant par la plupart des spécialistes de la didactique du texte et de la compréhension, les connaissances du lecteur sont d'une importance décisive. Elles assurent une compréhension profonde du texte en facilitant le passage de la base de texte au modèle mental. 25 1.2 Modèle de situation dans la modélisation de Van Dijk et Kintsch (1983) L'activité de compréhension de texte implique non seulement la construction d'une représentation mentale du contenu textuel, mais aussi l'intégration des informations apportées par le texte aux connaissances de l'apprenant. Le processus résultant de cette intégration représente une élaboration d'un modèle de la situation évoquée par le texte. Plus exactement, les « modèles de situation » (Van Dijk & Kintsch, 1983, voir Blanc & Brouillet, 2003) permettent la conceptualisation des représentations du monde que les apprenants activent lors de la lecture. Ces représentations sont construites au cours de leurs expériences et de leurs apprentissages. Elles sont activées pendant les processus de lecture et de compréhension de textes. Or, un « modèle de situation » est défini comme une représentation cognitive des évènements, actions, individus et de la situation en général qu'évoque le texte (Van Dijk & Kintsch, 1983, voir Legros & Marin, 2008, p.17). Ce modèle prend en évidence les connaissances provenant des expériences antérieures de l'apprenant. Précisément ses connaissances spécifiques et les systèmes de connaissances/croyances construits pendant ses expériences. Cependant, l'élaboration d'un modèle de situation cohérent est complexe. Elle nécessite l'intégration des informations en cours de traitement aux connaissances du lecteur déjà stockées en mémoire à long terme (MLT). De plus, elle est contrainte par les capacités limitées de la mémoire de travail (MDT). Voyons plus en détail le « modèle de situation » pour faire la distinction entre deux types de traitement. Le traitement des mots, qui concerne la signification de la surface textuelle, et le traitement du contenu, qui renvoie à la signification des informations sémantiques contenues dans le texte, renvoyant à la structure locale et globale du texte (microstructure et macrostructure). Précisons que le second traitement (traitement du contenu) met en relation les informations apportées par le texte et les connaissances antérieures du lecteur activées au cours de la construction de la signification. Réussir à comprendre un texte selon ce modèle, inclut l'élaboration en mémoire d'une représentation cohérente de la situation décrite par le texte (Legros & Marin, 2008). 26 Dans notre expérience, les participants sont en situation de faire fonctionner leurs connaissances afin de répondre à des questions portant sur le réchauffement climatique, de produire des textes explicatifs, décrivant les causes et les conséquences de ce phénomène, et de transférer les informations acquises au cours de la lecture et de la relecture d'un texte d'aide documentaire sur le même thème. Au fil de la lecture de ce texte, les élèves doivent focaliser leur attention sur un certain nombre d'informations en vue d'extraire les propositions dont ils ont besoin suivant la consigne donnée, et qui renvoient particulièrement au soulignement des informations sur les causes et des conséquences du réchauffement climatique, tout en étant capable d'abstraire les éléments qui ne sont pas pertinents. Ces données vont dans le sens de notre hypothèse selon laquelle la lecture d'un texte d'aide entraînera l'activation et/ou la réactivation des représentations antérieures. Le processus d'activation des connaissances contribue ainsi à l'interprétation d'une nouvelle proposition dans le texte lu par l'élève. En outre, les élèves doivent être capables de donner naissance à des informations nouvelles. Les données recueillies, lors d'une première lecture, indiquent que les élèves semblent avoir des difficultés à intégrer les propositions textuelles en cours de traitement à leurs connaissances préalablement construites lors d'une première production d'un texte explicatif (1er jet), vu le vocabulaire scientifique et la complexité du texte explicatif. Une relecture, plus précisément en langue maternelle (arabe), apparaît donc nécessaire afin que le lecteur puisse construire une signification qui lui permettra d'élaborer un « modèle de situation », favorisant ainsi l'écriture et la réécriture d'un texte explicatif/documentaire. Le texte ne doit être pour eux qu'une piste lexicale et sémantique à partir de laquelle ils pourront effectuer un travail de construction de la signification. Or, le « modèle de situation » rend compte de l'interaction basique entre les éléments linguistiques et l'activation des connaissances du lecteur. Cette interaction caractérise la compréhension effective et profonde d'un texte. En liaison avec les données exposées sur le « modèle de situation », nous avançons en outre que les connaissances du lecteur assurent essentiellement le passage de la base de texte au modèle de situation (Legros & Marin, 2008). Pour 27 construire un « modèle de situation » et créer ainsi une structure cohérente en mémoire, il faut l'intervention de différents types de connaissances : connaissances linguistiques, lexicales, syntaxiques, sémantiques et pragmatiques, connaissances et croyances sur le monde, connaissances sur l'organisation et la structure typique des textes. L'intégration de ces informations en un modèle de situation cohérent est conditionnée par les connaissances antérieures et leur organisation. Néanmoins la prise en compte des connaissances préalables n'est pas suffisante pour élaborer la signification des textes. Or, le rôle actif du lecteur et ses objectifs favorisent la construction des représentations tout au long de la lecture. Pour que l'élève assume sa responsabilité de lecteur, il doit développer devant le texte à lire une attitude active. Or, la fixation des buts lui permet d'enrichir et de développer un modèle de situation qui correspond à l'ensemble des tâches qu’il est appelé à accomplir ultérieurement. Dans les modèles récents, la focalisation sur le rôle du sujet dans l’activité de compréhension et l’importance de la mémoire explique les perspectives et les recherches nouvelles sur le développement des compétences cognitives, métacognitives, didactiques ainsi que sur le développement des systèmes d’aide (Legros & Marin, 2008, p. 71) 1.3 Modèle de Construction-Intégration de Kintsch (1988 ; 1998) Le modèle cognitif de « Construction-Intégration » marque un tournant dans le processus de compréhension de textes. Ce modèle proposé par Kintsch (1988 ; 1998) est un prolongement de la théorie construite par Van Dijk et Kintsch (1983). Il est guidé par les connaissances du lecteur qui permettent de construire les différents niveaux de représentation du texte : un niveau de surface, un niveau sémantique (microstructure/macrostructure) et un modèle de situation (Van Dijk & Kintsch, 1983). Toutefois la centration sur ces niveaux de représentation que le lecteur est supposé élaborer a été modifiée, vu que ce modèle vise à étudier les étapes du processus de compréhension. Afin de construire la cohérence de la signification, 28 Kintsch (1988 ; 1998) simplifie son approche en se focalisant sur les processus responsables de la sélection des informations congruentes et pertinentes (Blanc & Brouillet, 2003, p. 80). La construction de la signification modélise la représentation des textes en mémoire lors de l'activité de compréhension et la manière dont ces textes sont intégrés aux connaissances du lecteur. Elle est fortement liée à l'élaboration de la « base de texte » à partir des éléments lexicaux textuels et des connaissances du lecteur. L'activité de compréhension met en relation les informations fournies par le texte et les connaissances antérieures du lecteur. Ces connaissances permettent en effet de construire un « modèle de situation ». D'ailleurs, Kintsch (1988 ; 1998) définit la compréhension comme un processus flexible et sensible au contexte, et propose par conséquent un modèle dirigé par les données (Blanc & Brouillet, 2003, p. 80). Nous nous appuyons sur cette définition pour avancer que les propositions textuelles formant la microstructure, restent essentielles pour la compréhension de textes. En outre, les effets du contexte sont également présents dans la mesure où ils constituent une source de satisfaction des contraintes lors de la construction de la signification. Par ailleurs, le modèle de « ConstructionIntégration » implique nécessairement deux phases dans l'élaboration d'une représentation mentale du contenu textuel : La « phase de construction » repose sur l'activation des éléments corrects de la représentation. Mais, seule une partie peut être activée, ce qui rend la signification d'une proposition incomplète, instable, voire non pertinente. La construction de la « base de texte » se rattache à quatre procédés. La première étape consiste à former les propositions qui se dégagent directement du contenu linguistique du texte. Dans un deuxième temps, la microstructure du texte est élaborée par la sélection d'un certain nombre de propositions textuelles, associées à d'autres éléments issus du réseau de connaissance. Ainsi, les propositions formées lors de l'étape précédente servent d'indice de récupération des informations qui proviennent du réseau de connaissances des lecteurs (Legros & Marin, 2008). À ce niveau, le processus de construction ne permet pas la production de toutes les inférences utiles pour la compréhension. 29 C'est pourquoi, une troisième étape est destinée à la production d'inférences, permettant en effet de construire des liaisons entre les propositions et d'établir des macropropositions. Enfin, la quatrième étape consiste en une caractérisation des interrelations entre les propositions lexicales dérivées du texte, les propositions construites, ainsi que les inférences produites au niveau local et global. Il résulte de ce processus de construction, une « base de texte » initialement riche, mais incohérente et contradictoire. La « base de texte » sera par la suite assujettie à un processus d'intégration afin d'élaborer une signification cohérente. La « phase d'intégration » fait intervenir un processus d'activation plus élevé, afin d'évincer les incohérences et de former une nouvelle structure cohérente. Ce modèle est utilisé pour renforcer les informations contextuelles appropriées et désactiver les informations inappropriées ou non pertinentes. Le résultat du processus d'intégration est une structure cohérente dans laquelle le sens approprié du mot est renforcé (Blanc & Brouillet, 2003, p.84). Selon le modèle de « Construction-Intégration », l'élaboration de la signification textuelle commence par un processus d'activation qui est basé, dans un premier temps, sur les éléments lexicaux fournis par le texte. Ces éléments seront intégrés à l'ensemble des propositions du texte pour activer une nouvelle représentation. Autrement dit, il faut activer à la fin de ce processus une signification cohérente et spécifique. Les connaissances du lecteur sont placées au cœur de l'activation des éléments pertinents de la signification. Il est nécessaire de souligner que l'interaction entre les connaissances activées par le lecteur et le contexte du texte représente une signification appropriée et réservée en mémoire. Dans ce cas, Kintsch (1998) réduit la représentation du texte à deux niveaux seulement : la « base de texte » et le « modèle de situation » (Blanc & Bouillet, 2003). Cette nouvelle modélisation met en liaison les propositions du texte, ainsi que les connaissances issues du contenu sémantique (le niveau micro et le niveau macro), mais aussi les informations fournies par le texte et activées lors de la lecture. Ces informations permettent de construire une signification de la situation décrite par le texte. Dans cette activité de compréhension, la 30 représentation mentale est vue comme un tout englobant les informations directement véhiculées par le texte et le réseau de connaissances de l'individu. L'apprenant construit selon Kintsch (1998) une représentation séquentielle du texte. En d'autres termes, chaque segment textuel traité est intégré au fur et à mesure au reste du texte. Il est maintenu ainsi en mémoire de travail (MDT). Le traitement d'une nouvelle information permet d'ajouter un nouvel élément à la représentation. Cette conception primaire de la compréhension est conçue à l'égard des contraintes du modèle de « Construction-Intégration ». On ne saurait nier toutefois que ce modèle met en valeur l'interaction entre les éléments linguistiques et les connaissances construites préalablement du lecteur. En résumé Nous nous sommes intéressées, dans ce chapitre, aux modèles princeps de l'activité de compréhension de textes. Après avoir synthétisé le modèle de Kintsch et Van Dijk (1978) et son prolongement par Van Dijk et Kintsch (1983), nous avons présenté sa révision sous le nom de modèle « ConstructionIntégration » (Kintsch, 1988 ; 1998). Ces spécialistes de l'activité cognitive de la compréhension de textes se sont intéressés aux processus mis en jeu au cours de cette activité complexe. Ils expliquent comment les mécanismes cognitifs interviennent lors de la construction d'une signification cohérente des textes. 31 Chapitre 2. Compréhension de textes explicatifs/documentaires et systèmes d'aides en contexte plurilingue 2.1 Complexité des textes explicatifs/scientifiques Le lecteur construit la signification du texte en mettant en relation les informations véhiculées par le texte et son système de connaissances/croyances initiales, ainsi que ses expériences précédentes activées en mémoire. Cela permet de monter que la signification est une activité cognitive détachée du contenu textuel, mais construite par le lecteur. Le traitement cognitif d’un texte, selon la modélisation de Van Dijk et Kintsch (1983) permet d'avancer que la surface linguistique textuelle et la base de texte (la microstructure et la macrostructure) sont des niveaux fortement déterminés par le contenu développé par le texte. Or, ce que l'élève conserve en mémoire est d'une importance dominante lors de la construction d'un modèle de situation. En effet, ce modèle de la situation décrite par le texte est élaboré lors de l'intégration des connaissances préalables activées pendant la lecture. Le traitement des textes explicatifs implique de ce fait les trois niveaux de ce modèle général. Comprendre un texte explicatif, qui a pour but d'informer et d'expliquer objectivement un phénomène, est une tâche qui relève d'une activité cognitive complexe et coûteuse en ressources attentionnelles. En effet, le domaine de connaissance et le thème abordé sont souvent non familiers aux lecteurs et plus variables que celui, par exemple, des textes narratifs. De plus, ces textes sont souvent constitués d’un vocabulaire technique et de termes à la fois scientifiques, complexes et nouveaux qui peuvent être difficilement compris lorsque le lecteur ne prédispose pas de connaissances spécifiques au domaine évoqué par le texte. C'est pourquoi, la compréhension de textes explicatifs/scientifiques présente des difficultés spécifiques, contribuant ainsi à renforcer l'échec dans les milieux scolaires et universitaires. D'autant plus qu'ils « portent » des informations souvent étrangères à la culture des élèves et des étudiants. 32 Il est plus difficile pour un élève de lire un texte explicatif qui développe des savoirs sur le monde qu'un texte narratif, puisque le lecteur doit réaliser des inférences qui ne font pas partie de ses connaissances antérieures, mais qui sont nécessaires à la compréhension. L'activité de compréhension de ce type de texte suppose l'élaboration d'une signification. C'est ainsi que la signification n'est pas une partie intégrante du texte, mais un mécanisme construit par le lecteur. Elle est le résultat d'une jonction entre les informations textuelles et l'ensemble de connaissances/croyances antérieures et d’expériences activées en mémoire par le lecteur. Contrairement à l'importance des marques contextuelles lors de la compréhension des textes narratifs qui permettent de construire la signification, le contexte n'exerce pas d'effets sur la construction de la signification des textes explicatifs/scientifiques. Précisément, il n'est pas suffisant pour clarifier la signification des mots. La compréhension profonde d'un texte explicatif nécessite notamment la mise en œuvre des connaissances non évoquées par le texte, mais appartenant au modèle de situation. Ces connaissances permettront à l'élève de construire une représentation mentale cohérente du contenu du texte lu. Ainsi, la compréhension d'un texte explicatif proposé aux élèves de 2ème année de cours secondaire, décrivant « Les causes et les conséquences du réchauffement climatique », nécessite de la part des participants une activation des connaissances sur ce sujet pour saisir le contenu sémantique du texte. En d'autres termes, il est essentiel de faire intervenir leurs connaissances individuelles pour traiter un texte explicatif. Il est encore plus important de prendre en compte le fonctionnement de la mémoire et des représentations des connaissances de ces élèves. Kintsch et Van Dijk (1978) avancent d'ailleurs que le traitement de l'information fait appel à la fois à la mémoire de travail (MDT) et à la mémoire à long terme (MLT). La construction de la signification est conçue comme un processus activant les représentations sémantiques stockées en mémoire à long terme (mémoire permanente). Le rôle de la mémoire à court terme (MCT) consiste ensuite à combiner ces unités de signification en une représentation sémantique plus large. 33 Il a été remarqué effectivement que l'analyse des activités de traitement de textes s'appuie particulièrement sur les représentations des connaissances initiales de l'individu et sur les processus de traitement qui s'opèrent à partir de celles-ci. Les données expérimentales ont affirmé que le texte explicatif est plus difficile à traiter que le texte narratif, en raison des difficultés se situant au niveau de la surface du texte et de son contenu : nombre d'informations proposées, concision du lexique spécialisé, la complexité scientifique des propositions, un agencement textuel non disponible dans la mémoire à long terme du lecteur. Ce type de texte se caractérise par des mots qui ne possèdent qu'un seul sens ; c'està-dire des termes monosémiques, spécialisés et difficiles à mémoriser. C'est pourquoi, notre recherche étudie en partie l'effet de la relecture d'un texte d'aide documentaire en L1 sur la compréhension d'un texte explicatif en français (langue étrangère, L2), vu l'insuffisance des connaissances lexicales et scientifiques des élèves en L2. Nous testons encore l'effet de l'utilisation de l'arabe (langue maternelle, L1) lors de la relecture et du second rappel (réécriture) sur l'activation des connaissances nécessaires à la production des textes explicatifs décrivant précisément « Le réchauffement climatique » Des recherches expérimentales montrent que le processus de transfert des connaissances construites en langue maternelle L1 vers une langue étrangère est complexe, lors de la compréhension de texte en L2 et en contexte plurilingue. Cependant, la plupart des données indiquent que les connaissances du monde construites en L1 sont plus facilement transférées en L2 (Boudechiche & Legros, 2007a ; 2007b ; 2007c) Nous ferions l'hypothèse que le texte proposé aux élèves en langue maternelle lors de la relecture d’un texte d’abord lu en L2 (français), facilitera l'activation des connaissances et leur retraitement en L2. Dès lors, il favorisera l'activation des inférences et l'élaboration des relations de causalité entre les informations qui sont nécessaires à la construction de la signification globale et cohérente du contenu du texte. Plus précisément, nous supposions que le texte d'aide en arabe L1 permet d’accéder de façon plus efficace aux connaissances du monde évoquées par le texte. 34 Il est nécessaire d'avancer que la compréhension et la production du texte explicatif requièrent une élaboration des relations causales entre les différents évènements expliquant dans notre recherche les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Le traitement et la construction de la cohérence de la signification de ce type de textes ne renvoient pas à la causalité intentionnelle découlant de l’expérience quotidienne du lecteur, mais à la causalité du monde physique (Jamet, Legros & Pudelko, 2004). La construction de la structure locale (microstructure) de chaque évènement du texte est fondamentale à l'élaboration de la signification globale (macrostructure). De ce fait découle la nécessité d'activer les connaissances du lecteur sur le domaine du monde évoqué par le texte lors de la construction de la cohérence causale et par conséquent de la signification. En revanche, le traitement du texte narratif est plus facile dans la mesure où l'élève puise dans ses expériences quotidiennes les informations nécessaires pour créer des liens explicites entre les connaissances qui servent ensuite à construire une signification globale cohérente. Le traitement du texte explicatif est complexe, en particulier, le traitement des inférences lorsque l'élève ne possède pas des informations sur le monde évoqué par le texte. Il ne peut pas en effet parvenir aux connaissances nécessaires à la construction de la signification du texte. 2.2 Activité inférentielle dans la compréhension des textes explicatifs/documentaires Le processus de compréhension le plus élaboré suppose un ensemble de traitements complexes qui va de la saisie de l'information textuelle à l'interprétation de ce qui est dit. Ces traitements proviennent généralement de deux sources : d'une part des données textuelles, d'autres part des connaissances antérieures activées par le lecteur. La plupart des propositions comportent une large part d'implicite, c'est-à-dire un système de connaissances/croyances que l'individu est censé déjà posséder. L'activation des connaissances relevant en 35 particulier d'inférences causales représente un niveau de traitement coûteux en ressources attentionnelles. Examinons à présent certaines pistes de réflexion concernant l'activité inférentielle puisqu'elle occupe une place prépondérante dans la compréhension de textes. En effet, la compréhension de texte est le résultat d'une représentation mentale, fondée sur les informations issues du texte et également sur les informations non présentes dans le texte et qui font partie des connaissances du lecteur. Ce dernier effectue des relations entre les propositions. Autrement dit, il doit inférer des liens pour interpréter le texte. Il doit allez au-delà du texte luimême tout en dépassant la compréhension littérale. La compréhension inférentielle, contrairement à la compréhension littérale qui repose spécialement sur les informations fournies par le texte, est fondée sur des connaissances supplémentaires provenant de la mémoire à long terme (MLT) du lecteur. L'élève ne doit pas se contenter d'une compréhension littérale des textes. Il faut qu'il aille au-delà des éléments du texte lu pour réaliser des inférences. Rappelons à cet égard que tout texte apporte des informations insuffisantes. Pour cela le lecteur (re)construit le sens en rapport avec ses connaissances initiales et le type de texte, du moment qu'il faut engendrer de nouvelles informations à partir d'un traitement inférentiel. Lors du traitement de l'information, l'élève active les connaissances du monde nécessaires, dans l'intention de comprendre le texte. Activer les connaissances, au cours de la compréhension, c'est produire des inférences. Une inférence se produit au cours de la lecture pendant que l'élève active des informations implicitement fournies par le texte. Elle représente un élément indispensable à la compréhension du contenu textuel. Dans le cas des textes explicatifs, le lecteur doit générer des inférences causales. Elles sont liées à la recherche des causes des événements et des relations entre ces événements. Plus précisément, elles sont relatives à la causalité du monde physique (Denhière & Baudet, 1992, voir Marin, Crinon, Legros & Avel, 2007). Si nous prenons en compte les propositions du texte explicatif sur « Le réchauffement climatique », il est possible de les relier entre elles de façon causale, vu que toutes les explications portant sur les causes et les 36 conséquences de cet évènement. Les informations du texte parlent du même thème et présentent une vérité générale. En lisant ce texte, l'élève construit des inférences par exemple à partir de la définition de ce phénomène naturel, de ses caractéristiques. Les inférences causales renvoient à des connaissances disciplinaires absentes du contenu du texte. Elles sont plus difficiles à traiter que les inférences intentionnelles. Dans le cas des textes narratifs, le lecteur doit réaliser des inférences d'intentionnalité. Ces inférences englobent des actions et des évènements de la vie quotidienne. Le texte narratif comporte une similitude entre les situations décrites et le vécu du lecteur. Particulièrement, il partage des liens situationnels avec le contexte antérieur du lecteur (Blanc & Brouillet, 2003). Selon les recherches conduites par l'équipe « TICE, Contexte, Langage et Cognition »3 les élèves ont une compréhension efficace, lorsqu'ils ont de bonnes connaissances sur le sujet évoqué par ce type de texte. L'élève se réfère souvent à ses expériences et les utilise pour mieux comprendre le contenu textuel. Ces connaissances référentielles intervenant lors de la compréhension des textes narratifs proviennent de son environnement familial et de ses pratiques culturelles. Tandis que le texte explicatif induit des vérités scientifiques. Son traitement représente des difficultés au niveau de la forme linguistique de surface (termes scientifiques) et au niveau des informations contenues dans le texte qui sont moins disponibles ou peu familières au lecteur. Le lecteur est donc amené à produire des inférences pour développer ses capacités de construction d'une macrostructure textuelle cohérente et d'un modèle de situation permanent. Des recherches empiriques ont montré que la récupération des connaissances nécessaires à la construction de la signification variait selon le contenu des textes (Legros & Baudet, 1997), leur structure (Denhière & Larget, 1989 ; Fayol, 1985) et leur valeur affective (Legros, 1988). Etant donné que l'accès de l'élève aux informations du texte explicatif est difficile pour élaborer un « modèle de situation ». Le traitement des inférences représente également des difficultés. 3 http://classe-numerique.cite-sciences.fr/numeral/textes/ 37 C'est pourquoi de nombreux élèves n'arrivent pas à produire des inférences fondées sur les connaissances du monde évoquées par le texte. Ils sont donc incapables d'élaborer la structure globale du contenu sémantique du texte explicatif. Notons, qu'il existe de ce fait plusieurs types d'inférences. Cependant il n’y a que les inférences de type causal qui attirent notre attention étant donné qu'elles constituent une des variables de notre expérimentation. Il y a les inférences nécessaires à la liaison, et les inférences d'élaboration (Marin, Crinon, Legros & Avel, 2007, p. 4). Les premières sont relatives à la construction d'un modèle propositionnel du texte. Elles s'appuient sur quelques éléments de la base de texte, tout en ajoutant ensuite d'autres propositions nouvelles, qui ne correspondent pas au modèle de situation. Elles contribuent à relier les données sémantiques implicitement mises en relation dans la base de texte. En somme, elles servent à maintenir la cohésion et la cohérence entre les propositions textuelles déjà lues. Et donc de construire en partie la cohérence de la représentation du contenu du texte. Les secondes renvoient à l'élaboration d'un modèle de la situation décrite par le texte. En effet, elles contribuent à la construction d'un « modèle de situation ». Ces énoncés inférentiels sont différents du texte, non seulement sur le plan de la structure du texte, mais aussi sur le contenu des propositions. Il s'agit d'expliciter le contenu textuel par des ajouts liés aux connaissances particulières et encyclopédiques du lecteur sur le monde évoquées par le texte. C'est-à-dire de remplacer les informations implicites du texte par des informations extraites des connaissances préalables du lecteur. De cette façon, la compréhension des textes explicatifs stipule l'élaboration des différents niveaux de la représentation du texte. Plus précisément, elle nécessite principalement la construction d'une représentation cohérente du domaine évoqué par le texte. Pour construire cette représentation, il faut que le lecteur intègre de nouvelles informations fournies par le texte. La production des inférences servant à construire des liens entre les informations proposées par le texte permet d'élaborer la cohérence de la signification du texte. 38 2.3 Trois types d'aides à la compréhension des textes explicatifs/documentaires Les travaux menés par l'équipe « TICE, Contextes, Langages et Cognition » dans le cadre du projet Numéral : Numérique et apprentissages locaux (programme TCAN-CNRS, Laboratoire CHArt4), nous permettent d'expliquer quelques systèmes d'aide à la construction de la signification d'un texte scientifique/documentaire. Les recherches expérimentales de cette équipe visent à concevoir et à valider un système d'aide à la compréhension et à la production de textes en langue seconde et en langue étrangère en contexte plurilingue. Dans le cadre de ce programme, nous nous intéressons essentiellement à trois types d'aides textuelles. En effet, favoriser la compréhension des textes explicatifs/documentaires en langue L2 chez des élèves au cours de la lecture, implique de proposer des aides en fonctions des trois niveaux de traitement du texte, tels qu'ils ont été analysés par Van Dijk et Kintsch (1983). En d'autres termes, ces aides portent sur chacun de ces niveaux. D'abord, les éléments linguistiques de surface, c'està-dire l’organisation syntaxique et les unités lexicales traduisant le contenu sémantique explicite du texte. Ensuite, la « base de texte », assurant la cohérence locale et globale des propositions textuelles. Enfin, le « modèle de situation » du texte lu renvoyant aux connaissances sur le domaine évoqué par le texte. Il met en relation le contenu du texte avec les connaissances disciplinaires du lecteur activées au cours du traitement inférentiel afin de construire une représentation cohérente du texte. La distinction entre les trois niveaux de représentation du texte - surface linguistique, base de texte et modèle de situation - met en jeu plusieurs processus cognitifs du traitement textuel au cours de la compréhension. C'est ainsi que les niveaux de difficultés des élèves peuvent être détectés et donc plusieurs types d’aides seront proposés. 4 Denis Legros : Responsable scientifique du projet Numéral (Numérique et apprentissages locaux) du programme PI–TCAN-CNRS : Programme interdisciplinaire CNRS « Traitement des connaissances, apprentissage et NTIC ». 39 Une recherche récente (Marin, Crinon, Legros & Avel, 2007) a évalué l'effet, sur des lecteurs novices du cycle 3 de l’école primaire (CM2), de trois types d'aides à la compréhension d'un texte documentaire scientifique. Le premier dispositif expérimental mis en œuvre consiste en une réécriture du texte simplifiant sa syntaxe. Le deuxième est constitué d'ajouts d'informations explicitant le contenu du texte, et le troisième présente l’ajout d’informations facilitant l’activité inférentielle pour construire la cohérence de la signification du texte. 2.3.1 Aides au traitement des unités de la signification de la « surface du texte » L'étude de l'effet du type d'aide portant sur la surface linguistique du texte consiste essentiellement à faciliter le traitement linguistique par la reformulation, l'explication et la simplification de la syntaxe. Précisons en effet, que le recours à une syntaxe simplifiée rend le traitement du texte, à ce niveau, moins coûteux en ressources cognitives. L'élève peut arriver à automatiser quelques processus de traitement de la forme linguistique et à construire seulement un niveau micro du texte. Ces aides à la compréhension sont testées lors de la production de rappel à travers la reconstitution des propositions chez les élèves. Elles permettent de maintenir seulement la cohérence de la signification locale (microstructure), mais pas le niveau global du texte (macrostructure). C'est ainsi que le rappel paraît plus riche en informations microstructurelles. L'intérêt de ce type d'aide ne porte pas sur l'amélioration de l'activation des liens causaux entre les propositions sémantiques du texte. Néanmoins, il s'inscrit dans une optique du traitement lexical et syntaxique des informations. Sur ce point, nous avançons que l'aide au traitement des unités de la surface textuelle est un processus ou opération qui vise à attribuer un sens aux mots et à identifier les structures phrastiques afin de construire une signification locale. Au cours de ce traitement microstruturel, l'élève se contente de segmenter le texte (identification des mots, mise en relation des propositions, traitement syntaxique, etc.). En effet, les éléments linguistiques, tels que la transformation 40 de phrases complexes en phrases simples, l'utilisation de phrases verbales au lieu de phrases nominales, influence l'activité de compréhension. Ils facilitent ainsi aux élèves l'accès aux informations véhiculées par le texte. Généralement, le type d'aide le plus souvent proposé aux élèves face à des textes scientifiques documentaires, consiste à traiter le niveau de représentation linguistique du texte (Van Dijk & Kintsch, 1983). Toutefois, l'une des difficultés rencontrées lors de la compréhension de textes scientifiques est d'ordre général. C'est-à-dire des connaissances non disponibles ou absentes sur le domaine évoqué par le contenu du texte, ce qui rend difficile le traitement inférentiel. Donc, il ne suffit pas de jouer sur la surface linguistique du texte pour que le lecteur surmonte ce type d'obstacle. Après avoir mis en évidence le rôle des aides au traitement de la surface textuelle, nous soulignons l'importance de proposer un second type d'aide facilitant le traitement de la « base de texte ». 2.3.2 Aides au traitement des unités de signification de la « base de texte » Pour aider l'élève à activer ses connaissances d'ordre lexical, il semble important de fournir un ensemble de notes facilitant ainsi la reconnaissance ou la compréhension du vocabulaire scientifique des textes explicatifs. Précisons que ces notes explicitant le contenu de la base de texte comportent des définitions et des éclaircissements lexicaux qui montrent et exemplifient les éléments techniques du texte explicatif/documentaire. Ces notes lexicales proposées comme une aide à l'activité de compréhension et par hypothèse à la production, correspondent à des activités de classe. Les processus cognitifs, intervenant lors du traitement des nouvelles informations véhiculées par le texte, ne sont pas testés. Au début de notre expérimentation, nous avons proposé des questionnaires d'aide. Il y a deux questions qui renvoient à la microstructure textuelle. Cette condition expérimentale permet aux élèves de produire, au cours d'une épreuve de rappel (R1 vs R2), plus de propositions de type microstructurel 41 que de propositions de type macrostructurel. L'élève peut accéder aux informations lexicales absentes du texte. Elles ne sont efficaces que pour construire le contenu des propositions, mais pas pour maintenir la cohérence de l'ensemble. Or, l'élève focalise essentiellement ses ressources attentionnelles sur le traitement des informations isolées. 2.3.3 Aides au traitement des unités de signification du « modèle de situation » du texte Lorsque les élèves rencontrent des difficultés pour accéder aux informations constituant le modèle de situation des textes scientifiques, ils éprouvent simultanément des difficultés à traiter les inférences. Nous présumons que l'aide fournie pour enrichir le modèle de situation est la plus efficace. En effet, la compréhension de textes explicatifs scientifiques dépend principalement des connaissances acquises par l'élève sur le monde évoqué par le texte. Cette aide favorise l'activation des connaissances du lecteur, de façon à faciliter la production d'inférences et la sélection des informations pertinentes. Elle explicite les relations sous-jacentes des informations du texte. Ce type d'aide facilite le développement des capacités de compréhension. Il conduit le lecteur à effectuer un ensemble d'opérations mentales complexes afin de construire une cohérence globale de la signification du texte. La lecture de textes explicatifs en vue de produire des rappels nécessite d'inférer les informations absentes du contenu textuel. Selon les objectifs de notre expérience, nous pouvons donc supposer que lorsqu'un élève de deuxième année de filière littéraire au lycée lit un texte explicatif sur « Les causes et conséquences du réchauffement climatique » en langue maternelle (arabe, L1), il met en œuvre ses connaissances personnelles sur le domaine évoqué par le texte d'aide et le contenu sémantique de celui-ci. Les informations présentées dans les deux textes d'aides (L1 vs L2) à la compréhension et la (re)planification en langue L2 (français) sont catégorisées en fonction de trois niveaux de pertinence (propositions très pertinentes, moyennement pertinentes et peu ou non pertinentes). Ces niveaux de pertinence 42 déterminent le contenu informationnel de chaque proposition textuelle. De ce fait, ce type d'aide vise par excellence à faciliter le traitement inférentiel. Il permet également aux élèves de (re)construire une relation causale entre non seulement les phrases (microstructure), mais aussi les paragraphes et le texte (macrostructure). En résumé Nous nous sommes attachés à mettre en évidence deux éléments importants : la compréhension de textes explicatifs /documentaires en contexte plurilingue et les systèmes d'aides à la compréhension de textes. Pour ce faire, nous avons traité le texte explicatif en termes de complexité. Il a été aussi question d'aborder l'activité inférentielle dans la compréhension de ce type de textes afin d’analyser les facteurs qui influencent la production d'inférences. Les données expérimentales confirment que ce type de texte est plus difficile à traiter que le texte narratif en raison des difficultés se situant au niveau de la surface textuelle et de son contenu. Notre objectif ne consiste pas à analyser l'activité inférentielle en ellemême, au contraire, nous essayons d'expliquer les facteurs favorisant l'activité inférentielle dans la construction de la cohérence de la signification d'un texte explicatif en français langue L2, en contexte plurilingue. Nous évaluons le traitement inférentiel, à travers l'analyse des informations ajoutées aux textes réécrits lors de l'utilisation de la langue maternelle. Par la suite, nous nous sommes intéressés aux trois types d'aides textuelles qui permettent de surmonter les difficultés de compréhension du texte explicatif en langue L2. 43 Chapitre 3. De la compréhension à la production : Approche cognitive de la production des textes 3.1 Modèle princeps de la production de textes de Hayes et Flower (1980) 3.1.1. Présentation du modèle La production de textes mobilise plusieurs processus complexes dont l'interaction est fondamentalement prise en compte au cours de l'écriture. En effet, l'activité de production de textes est conçue comme une activité de « textualisation » des différents niveaux - structure de surface, microstructure et macrostructure - du contenu textuel (Van Dijk & Kintsch, 1983). Dans ce cas, la compréhension et la production d'écrits sont envisagées de façon similaire (Marin & Legros, 2006). En schématisant cette conception, nous pouvons avancer que si la compréhension est considérée comme une activation des connaissances évoquées par le texte, la production ne peut être qu'une mise en mot de ces connaissances. Après avoir montré succinctement la relation d'implication entre les processus de compréhension et de production, nous prenons quelques lignes pour expliquer la typologie du modèle fondateur de Hayes et Flower (1980), servant à décrire les différents processus rédactionnels utilisés par des rédacteurs adultes. L'objectif de ces chercheurs consiste à élaborer un modèle de production à partir de l'analyse de protocoles verbaux de rédacteurs experts. Cette technique a été définie comme l'enregistrement de ce qu'a pu verbaliser un rédacteur à propos de ses pensées tout au long de sa composition par écrit, suite à une consigne incitatrice (Piolat & Roussey, 1992, p. 107). Ce modèle comporte trois dimensions différentes : l'environnement de la tâche, la mémoire à long terme (MLT) et les processus cognitifs impliqués dans l'activité rédactionnelle ; la planification, la mise en texte et la révision. Il est important de noter que ces processus cognitifs fonctionnent d'une manière itérative. Ils peuvent être imbriqués les uns aux autres, sans suivre nécessairement cette chronologie (Fayol, 2002) 44 La première de ces dimensions est relative à l'environnement de la tâche. Elle implique toutes les caractéristiques contextuelles qui peuvent influencer la réalisation de la tâche elle-même. La seconde est liée à la mémoire à long terme (MLT). Elle regroupe les informations correspondant au thème abordé, au rédacteur et au genre du texte à produire. Dès lors, le rédacteur doit récupérer les connaissances initiales stockées en mémoire à long terme (MLT) dans lesquelles il peut puiser l'information nécessaire pour construire son texte. La troisième dimension inclut les trois processus cognitifs d'écriture, gérés par une instance de contrôle. D'abord, le processus de planification qui permet d'extraire les informations issues de la mémoire à long terme (MLT). Elle sert ainsi à élaborer un plan d'écriture. En d'autres termes, au cours de cette phase de « pré-écriture », le rédacteur recherche de façon active les connaissances sur le domaine évoqué par le texte conformément à ses buts d'écriture et au niveau de pertinence des informations sélectionnées. Il s'agit donc de structurer ses informations préalables. Dans le modèle révisé de 1981, Hayes et Flower subdivisent la planification en trois sous-processus : la fixation des buts, la génération d'idée, l'organisation des connaissances (voir Legros & Marin, 2008) Ensuite, le processus de mise en texte ou de textualisation consiste à transformer les différentes informations récupérées lors de l'étape de planification en propositions (sélection des unités lexicales, représentations orthographiques des mots, construction des structures syntaxiques), tout en respectant les principes de la langue (cohérence locale et globale de l'énoncé). Il s'agit en réalité, de transformer les idées en mots, en phrases et en texte. Enfin, le processus de révision intervient afin de vérifier et d'évaluer le texte produit. Cette activité de retour sur le texte consiste à (ré)écrire, à (ré)organiser les informations textuelles dans le but d'améliorer la qualité du texte produit ou en cours de construction. Pour le scripteur, la révision permet de détecter les écarts entre le texte produit, les normes langagières et ses propres intentions (Olive & Piolat, 2003, p.2). Ce processus est divisé en deux sousprocessus : la lecture et la correction (Fayol, 2002, p. 48). 45 La lecture vise à évaluer le degré de conformité entre le texte écrit et les buts fixés durant la planification. Demander alors aux élèves de relire leurs premiers textes ne suffit pas, car il s'agit d'un objectif imprécis et vague. Il est indispensable d'expliquer clairement et précisément ce qui est attendu de la relecture lors de la révision. La correction cherche à modifier le plan formel (corrections de type lexicales, syntaxiques par exemple) et à vérifier le contenu profond du texte (corrections de type sémantiques ou pragmatiques). C'est pourquoi, la prise de recul par rapport au premier rappel du texte au cours de la (re)lecture/révision est nécessaire afin de détecter et d'identifier les erreurs au niveau de la surface du texte et de son contenu sémantique. Le retour sur les productions dépend exclusivement du but final de la révision et de la capacité à discerner les erreurs. Néanmoins, le rédacteur peut organiser les phrases de son texte tout en essayant dans le même temps, de contrôler chaque proposition au moment où elle est verbalisée. Par rapport à notre recherche, l'analyse de ces processus impliqués dans la production de textes, nous permet d'évaluer et de vérifier les stratégies rédactionnelles optées par les élèves : s'interrogent-ils sur la nature et la forme du contenu textuel à développer ? C'est-à-dire, planifient-ils leurs textes avant de verbaliser les connaissances antérieures récupérées et activées ? Comment agissent-ils sur le premier jet de façon à améliorer son contenu pour obtenir un nouveau texte cohérent ? Est-ce que le texte réécrit correspond au texte attendu? Et quelle est la qualité des informations ajoutées au second rappel du texte explicatif écrit en français langue étrangère L2 ? Le modèle canonique que nous venons d'évoquer conduit à mieux comprendre les difficultés auxquelles les élèves doivent faire face lors de la rédaction de textes. C'est ainsi nous tentons de proposer quelques réponses à nos interrogations au cours de l'expérimentation. 46 3.1.2 Limites du modèle de Hayes et Flower (1980) Il nous semble important de prendre en compte les limites de ce modèle dans la mesure où il ne peut porter que sur le fonctionnement cognitif de l'expert. Les conceptions de Hayes et Flower (1980) n'ont pas expliqué le développement des compétences rédactionnelles chez les scripteurs novices. Elles ont statué particulièrement sur les aspects fonctionnels du traitement de l'information lorsque le scripteur planifie et contrôle son écrit. Ces auteurs ont privilégié seulement le processus de planification et le processus de révision. Toutefois, les problèmes liés à la verbalisation (mise en texte) n'ont pas été explorés. Cette composante était quasi vide, car ces auteurs n'ont pas accordé une place à la mémoire de travail (MDT). Les travaux de Hayes (1996) et de Berninger et Swanson (1994) ont clairement renouvelé le modèle princeps de production de texte, notamment en se focalisant sur la composante de « mise en texte », peu spécifiée chez Hayes et Flower (1980). Pour décrire le fonctionnement de l'activité rédactionnelle, ces dernières mises à jour ont accordé une moindre importance à la planification et à la révision. Ils ont visé essentiellement à formaliser le développement des traitements de mise en texte en relation avec les capacités limités de la mémoire de travail (MDT) et de la mémoire à court terme (MCT). Leur objectif consiste alors à déterminer le rôle occupé par la mémoire de travail, comme interface avec la mémoire à long terme (MLT) lors de l'activité rédactionnelle (Legros & Marin, 2008). Vu l'utilité des travaux de Hayes et Flower (1980) dans une perspective didactique et pédagogique, les recherches actuelles sur la production d'écrits en langue L2 continuent à faire référence à cette modélisation ancienne. Ce modèle a connu un regain d'intérêt, particulièrement avec les travaux réalisés par Hayes (1996) et la construction d'un modèle développant la place décisive de la mémoire de travail lors de l'activité rédactionnelle par Kellogg (1996). 47 3.2 Rôle de la mémoire de travail dans la rédaction L'activité rédactionnelle est une activité cognitive complexe qui nécessite de conserver en mémoire à court terme (MCT) des informations pour pouvoir produire un texte. Contrairement à la mémoire à long terme (MLT), qui fournit un ensemble d'informations « stables » et « cristallisées », la mémoire de travail (MDT) stocke les informations de façon active et temporaire. La mémoire de travail maintient momentanément les connaissances nécessaires récupérées depuis la mémoire à long terme car l'élève gère ses ressources cognitives en fonction des connaissances disponibles dans la MLT et activées au cours de la rédaction. Nous jugeons nécessaire d'avancer que la mémoire de travail (MDT) est un aspect particulier du fonctionnement de la mémoire à court terme. Rappelons que la mémoire à court terme correspond à un type de mémoire limité en durée et en capacité (Legros & Marin, 2008, p.96). La MDT est une composante cognitive liée précisément à la réalisation d'une tâche d'écriture. En effet, vu sa capacité limitée lors du traitement de l'information, elle vise fondamentalement à sélectionner et à contrôler les processus cognitifs qui interviennent au cours du traitement du contenu textuel (Piolat, 2004). Il s'agit en quelque sorte d'une mémoire active, c’est-à-dire d’une mémoire qui travaille et dont la gestion des traitements contrôlés jouerait un rôle central dans le développement de l’expertise rédactionnel. 3.2.1 Mémoire de travail dans le modèle de Kellogg (1996) Les capacités limitées des systèmes cognitifs ont été envisagées comme la principale contrainte de l'activité de production de textes (voir Hayes & Flower, 1980 ; Van Dijk & Kintsch, 1983 ; Bereiter & Scardamalia, 1987). Les travaux récents évoquent communément l'interaction entre la mémoire de travail (MDT) et les processus rédactionnels afin de rendre compte du fonctionnement général de cette activité complexe chez les adultes (Kellogg, 1996). Les capacités limitées des systèmes de traitements rédactionnels et l'aspect limitatif des 48 ressources attentionnelles du rédacteur constituent l'une des contraintes majeures de l'activité de production de textes. Précisons cependant, que la mémoire de travail (MDT) occupe une place importance d'interface dans la production d'écrits. Le modèle de Kellogg (1996) qui tire bénéfice du modèle de la mémoire de travail de Baddeley (1986), aide à préciser quelle(s) composante(s) de la mémoire de travail (MDT) doit (doivent) être impliquée(s) au cours de la mise en œuvre du processus rédactionnel. Il s'agit bien d'expliquer le fonctionnement des différents processus rédactionnels, en relation avec les trois catégories de la mémoire de travail : la formulation, l’exécution et le contrôle (Chanquoy & Alamargot, 2002). Ce modèle consiste à développer les mécanismes de la production écrite à travers la description du rôle de la MDT. En effet, dans le cadre des traitements associés aux processus rédactionnels, Kellogg (1996) avance que les systèmes de production du langage impliquent nécessairement l'intervention des processus basiques. La formulation (formulation), se scinde en deux processus. Elle assure les traitements relatifs au processus de planification et au processus de mise en texte (traduction). Dans ce cas, le scripteur récupère lors de la planification les connaissances nécessaires en mémoire à long terme (MLT) sous une forme conceptuelle et qui seront converties en propositions linguistiques. Or, le choix du lexique et la prise en compte des facteurs contextuels forment des éléments indispensables au cours du processus de formulation. Pour l'exécution, il faut intégrer également deux processus à savoir la programmation et l'exécution. Elle permet de programmer les idées issues de la phase de formulation afin de les transformer en texte écrit. Le dernier système concerne le contrôle de l'activité rédactionnelle. Il se subdivise en deux processus. Le processus de lecture et le processus d'édition. Le premier permet de vérifier le texte en cours d'élaboration ou déjà élaboré en fonction des objectifs de l'écriture. Tandis que le second sert à effectuer des modifications afin de proposer une nouvelle version du texte, après avoir détecté les erreurs et ses catégorisations (voir Legros & Marin, 2008). 49 3.3 Modèles liés au développement de l'activité rédactionnelle 3.3.1 Travaux de Bereiter et Scardamalia (1987) Dans le but de rendre compte du développement de l'activité rédactionnelle chez les élèves selon les travaux de Bereiter et Scardamalia (1987), nous soulignons encore une fois que la production écrite nécessite la mise en œuvre de trois processus : la planification, la mise en texte et la révision (Hayes et al., 1980). Rappelons que le processus de planification repose à la fois sur la récupération des connaissances conservées en mémoire à long terme (MLT) et sur la sélection des informations récupérées et hiérarchisées selon le but de l'écriture. En effet, les deux stratégies rédactionnelles (Knowledge Telling Strategy vs Knowledge Transforming Strategy) distinguées par les chercheurs Bereiter et Scadamalia (1987) reposent sur la planification ou non des connaissances destinées à être verbalisées. Il est important de préciser que ces deux types de traitement sont opérés par des scripteurs âgés de 9 à 16 ans et par des scripteurs adultes (Piolat, 2004). Ces auteurs ont montré que la stratégie dite « stratégie des connaissances formulées ou racontées » procède par la transmission des connaissances retrouvées en mémoire au fur et à mesure de leur récupération (Knowledge telling strategy). Cette stratégie est utilisée par des scripteurs novices. Ils récupérèrent de manière linéaire et directe les informations sous forme de mot, sans réorganiser la surface linguistique ni le contenu sémantique textuel. C'est pourquoi, les textes produits sont le résultat d'un assemblage phrastique structuré selon les connaissances du rédacteur. La « Knowledge telling strategy » est une stratégie économique. Elle se traduit par l'utilisation à l'identique des informations prélevées, sans aucun retraitement (Legros & Marin, 2008, p. 118). Son but consiste à rédiger un texte sans reconstruire son contenu, ni réactiver les informations implicites évoquées 50 par le texte. Elle ne sert à maintenir qu'une cohérence locale et s'organise autour de trois composants5 (Hoareau, Legros, Gabsi, Makhlouf & Khebbeb, 2006). Le premier définit la représentation mentale des instructions (« Mental représentation of assignement »). Il accorde au scripteur la possibilité d'identifier le thème du texte, ainsi que sa fonction. Le second comporte deux types de connaissances : les connaissances sur le domaine (« Content Knowledge »), servant à élaborer le contenu textuel et les connaissances discursives (« Discourse Knowledge »), relatives aux connaissances linguistiques et pragmatiques du scripteur. Ces connaissances déterminent le type de texte à produire. Le troisième représente le processus d'écriture (« Knowledge Telling Process »). Il englobe les différents processus intervenant lors de planification du texte à produire. Il met en œuvre les connaissances dont dispose le scripteur et ses objectifs d'écriture. Ces trois composants indiquent que les idées produites étaient insérées dans le contenu du texte comme elles avaient été réactivées en mémoire à long terme (MLT). En revanche, la stratégie dite « stratégie des connaissances transformées » s'opère par le remaniement et la réorganisation des connaissances en fonction des objectifs assignés à l'activité rédactionnelle (Knowledge transforming strategy). Cette stratégie traite l’information au niveau sémantique et se l’approprie en effaçant les marques linguistiques du contexte où elles ont été prélevées (Legros & Marin, 2008, p.118). À la différence du rédacteur novice, le rédacteur expert parvient à réorganiser ses connaissances afin de les rendre compatibles avec les contraintes thématiques et rhétoriques liées à une intention spécifique (Legros & Marin, 2008, p. 102). Par ailleurs, les rédacteurs experts arrivent à produire des textes plus élaborés que ceux des scripteurs novices, car ils sont devenus capables de prendre en compte les contraintes rédactionnelles supplémentaires. 5 Recherche conduite dans le cadre du projet Numéral (Numérique et apprentissages locaux), Programme TCAN-CNRS (Technologies de la Connaissance et Apprentissages Numériques, 2004-2007). 51 Dans cette stratégie, le processus de planification se complexifie graduellement et les compétences se développent afin d'accéder aux buts les plus complexes de l'activité de production d'écrits. D'ailleurs, la « Knowledge transforming strategy » permet au scripteur d'effectuer les modifications nécessaires sur l'organisation de ses connaissances pour engendrer de nouvelles idées, et donc produire un texte cohérent et riche en informations. Les trois composants de la « stratégie des connaissances racontées » (la représentation mentale des instructions, les connaissances sur le domaine, les connaissances discursives et enfin le processus d'écriture) sont présents dans la « stratégie des connaissances transformées ». De surcroît, cette dernière accorde une place importante à un système de « résolution de problèmes » (Hoareau et al., 2006), qui contribue à la reconstruction des connaissances du rédacteur selon les deux premiers composants (mental representation of assignment, content knowledge et discourse knowledge), avant la mise en œuvre du processus d'écriture par le troisième composant (knowledge telling process). Ces deux stratégies d'utilisation de connaissances concernent deux aspects, d'un côté, la planification et, d'un autre côté, l'impact de cette composante sur la qualité et la quantité des informations produites. L'ensemble des données (McCutchen, 2000 ; Bereiter et al., 1987) renforce l'idée selon laquelle le type et la qualité des propositions textuelles résultent des connaissances antérieures sur le thème et la structure du texte. La production de textes sur un sujet peu familier conduit les élèves à utiliser des stratégies de bas niveau. Dans ce cas, nous pouvons nous interroger sur le degré d'expertise rédactionnel : l'élève se limite-t-il au traitement de la forme linguistique du texte ? Ou réactive-t-il ses connaissances antérieures en rapport avec le texte proposé à la lecture, forme d'une stratégie rédactionnelle plus élaborée ? Notre ambition dans ce travail vise à mettre en interaction les trois processus de production de textes (planification, mise en texte et révision) modélisés selon Hayes et Flower (1980), ainsi que les stratégies liées au développement de l’expertise de l'activité rédactionnelle (stratégie des connaissances rapportées vs stratégie des connaissances transformées) analysées par Bereiter et Scardamalia (1987) avec la contribution des principaux résultats 52 des recherches conduites en psychologie cognitive du traitement du contenu textuel (Van Dijk & Kintsch, 1983 ; 1998). En fonction des objectifs de notre recherche, la prise en compte simultanée de ces travaux théoriques (processus de planification, stratégie de rédaction et les mécanismes du traitement de l'information) nous facilite la compréhension de l'activité rédactionnelle. Il nous est alors possible d'évaluer le rôle du contexte linguistique du rédacteur et d'analyser les processus cognitifs mis en jeu au cours des activités de lecture/compréhension et de réécriture de rappel du texte explicatif en français langue étrangère L2. En nous appuyant sur les stratégies de production adoptées par les élèves (Knowledge telling strategy vs Knowledge transforming strategy) dans le but de valider particulièrement l'apport des textes d'aides proposés en langue maternelle à la compréhension et à la réécriture du premier rappel en langue L2. Pour ce faire, nous prenons en compte un ensemble de facteurs tels que la complexité du texte explicatif, la langue utilisée dans les aides et la relecture en L1 vs L2. Ces facteurs nous permettent de proposer des aides favorisant ainsi la construction de connaissances et par inférence le développement des capacités rédactionnelles en langue L2. Le développement de la maîtrise rédactionnelle est envisagé comme un passage qui s'effectue de façon continue et progressive de la telling strategy à la transforming strategy via des stratégies intermédiaires (voir Chanquoy & Alamargot, 2002). En résumé En vue de comprendre la conception cognitiviste de la production de textes, nous avons étudié le modèle canonique de Hayes et Flower (1980) qui est basé essentiellement sur la mobilisation des processus cognitifs au cours de l'activité rédactionnelle. Il s'intéresse précisément à la description des processus de la production écrite, en les décomposant en trois processus : planification, mise en texte et révision. Ensuite, nous avons présenté les limites de ce modèle en évoquant quelques grandes lignes des travaux de Hayes (1996) et Berninger et Swanson (1994). Leur démarche consiste à expliciter la relation entre le 53 processus de « mise en texte » et le développement de l'activité de production écrite chez les scripteurs novices et experts. Nous avons essayé d'illustrer le rôle de la mémoire de travail, en tant qu'une composante cognitive nécessaire à l'activité rédactionnelle et par inférence à l'apprentissage. D'ailleurs, le modèle récent de Kellogg (1996) a été discuté afin de montrer le rôle de la mémoire de travail en production de textes. Kellogg (1996) décrit la relation entre le processus de production et les six composantes de la MDT : planifier, traduire / programmer, exécuter / lire, éditer. Le modèle de Bereiter et Scardamalia (1987) décrivant les deux types de stratégies rédactionnelles (knowledge telling strategy vs knowledge transforming strategy) a été proposé. La « knowledge telling strategy » consiste à récupérer les informations de la mémoire à long terme (MLT) sans retraiter le contenu textuel. En revanche, la « knowledge transforming strategy » est une stratégie plus élaborée qui contribue à réorganiser le texte, en fonction des buts de la production. Il s'agit dès lors de mieux comprendre comment l'apprenti scripteur ou adulte procèdent lors d'une tâche d'écriture à utiliser ses connaissances en fonction de son développement. 54 Chapitre 4. Modèles de production en contexte plurilingue et pluriculturel et systèmes d'aides à la réécriture en langue L2 4.1 Production de textes explicatifs en contexte plurilingue et pluriculturel Les recherches expérimentales menées en psychologie cognitive sur la production de textes en situation plurilingue sont plus spécifiquement orientées sur les processus cognitifs impliqués dans la rédaction de textes en langue L2 (Hoareau & Legros, 2005 ; 2006). Ces travaux visent à favoriser l'apprentissage et à développer les compétences des élèves en compréhension et en production de textes en langue étrangère L2. Dans le cadre de cette recherche, nous nous interrogeons sur les processus cognitifs mis en jeu au cours des activités de relecture et de réécriture de textes explicatifs. Nos analyses permettront de déceler les écarts entre le premier rappel du texte explicatif (écriture) et le second texte retraité (réécriture). Pour construire un texte cohérent, l'élève doit, d'une part, maîtriser les processus généraux de la production de textes écrits (planification, mise en texte et révision) et d'autre part, mobiliser et coordonner ses connaissances construites dans son contexte linguistique et culturel. En effet, l'activité de production de textes scientifiques ne peut être étudiée en dehors du contexte linguistique et culturel de l'élève. Ces contextes influencent les processus cognitifs du scripteur. C'est pourquoi, ils doivent être pris en compte dans les processus d'apprentissage/enseignement en langue L2. En contexte plurilingue, l'apprenant traite les informations véhiculées par le texte en fonction des connaissances façonnées dans son contexte linguistique et culturel. Il est appelé à adapter ses stratégies d'apprentissages selon les différents contextes et leurs effets sur le traitement du texte (Van Dijk, 1999). La relation maintenue entre la production d'écrits et le développement des compétences rédactionnelles en L2 des élèves sont complexes. Elle implique ainsi le recours à des aides spécifiques qui facilitent pour les élèves l'exploitation des ressources liées aux connaissances linguistiques, discursives et pragmatique du domaine. 55 Le contexte linguistique est nécessaire au traitement du contenu phrastique et informationnel du texte. L'utilisation de la langue L1 favorise la récupération et l'activation des connaissances antérieures construites dans la langue maternelle et stockées en mémoire à long terme (MLT). Adopter donc des aides à la production de textes basées sur ces facteurs permet d'expliquer l'amélioration des capacités rédactionnelles du scripteur. La relation entre production d'écrits et mémoire de travail (MDT) souligne l'importance accordée à la mémoire à long terme (McCutchen, 2000) qui sert à stocker les différentes connaissances impliquées dans le traitement textuel. D'où la nécessité de placer en amont les caractéristiques culturelles/linguistiques des lecteurs-scripteurs. Il est essentiel également de prendre en compte la capacité limité de la mémoire, pour proposer en aval des types aides potentielles à mettre en place afin de favoriser le développement des stratégies rédactionnelles du texte explicatif en langue L2. Au total, les modèles de production de textes en contexte plurilingue suggèrent que les scripteurs soient capables d’activer des processus de hauts niveaux, même dans la condition où ils éprouvent certaines difficultés à traiter les processus de bas niveaux tels que la formulation et la transcription (Barbier, 1998a). Les résultats empiriques et expérimentaux recueillis ont fourni les éléments nécessaires à la compréhension des difficultés éprouvées par les élèves lors de la production de textes en langue L2. Il serait possible de concevoir à partir de ces données un matériel didactique de travail permettant aux enseignants de cours secondaire d'enseigner plus efficacement la production de textes explicatifs/documentaires en français langue étrangère L2. 56 4.2 Aides textuelles à la production d'un texte explicatif en contexte plurilingue Sur le plan de l'explication des aides à la réécriture, les informations ajoutées et le scripteur constituent les éléments primordiaux impliqués dans cette activité. L'élève éprouve des difficultés à retraiter son premier texte, dans le cas où ses connaissances sur le domaine ne sont pas disponibles ou suffisantes (Scardamalia & Bereiter, 1986). Si le scripteur dispose de peu d'informations en mémoire, la relecture d'un texte d'aide en langue L2 ne peut activer suffisamment de connaissances. Les trois niveaux de représentation de textes : niveau de surface linguistique, niveau microstructurel et macrostructurel et modèle de situation (Van Dijk & Kintsch, 1983) peuvent être, par hypothèse transposables à l'activité rédactionnelle. Dans notre recherche, les aides proposées à la réécriture en langue L2 consistent à fournir aux participants des textes d'aide en langue maternelle (L1) afin d'activer leurs connaissances sur le thème du « Réchauffement climatique ». Ce type d'aide peut permettre l'activation simultanée de processus de compréhension et de production en français langue L2. Il peut faciliter ainsi l'analyse des processus cognitifs qui contribuent au retraitement du premier jet. C'est pourquoi, l'élève transforme son texte en fonction du but final de la réécriture. Mais l'enjeu porte plutôt sur la validation des aides permettant de créer des progrès de rédaction en langue L2. Dans cette perspective, nous prêtons plus d’attention à ce qui se passe au niveau cognitif lorsque les élèves produisent leurs rappels du texte explicatif en français langue L2. En effet, la langue d'origine, le niveau de connaissances linguistiques en L2, voire aussi le contexte linguistique et culturel de l'élève sont des composants qui définissent le degré d'expertise en langue L2 de chaque élève. Or, l'identification du niveau de connaissances linguistiques des élèves en L2 est nécessaire pour déterminer soigneusement les facteurs à étudier dans le cadre de notre expérience. 57 4.3 Relecture d'un texte en langue maternelle (L1) Les travaux conduits récemment sur l'activité rédactionnelle en L2 (Barbier, 2003 ; Wang & Wen, 2002) portent sur l'analyse des liens entre le traitement en L1 et en L2, au cours de la production de textes en langue L2. Le fonctionnement cognitif des rédacteurs dans ces deux langues permet de comparer ces deux systèmes différents au cours des activités de compréhension et de production de textes. Le rédacteur éprouve des difficultés à relier le niveau local (microstructure) et global (macrostructure) du contenu sémantique du texte en langue L2 et à maintenir la cohérence de l'ensemble. Le but de notre recherche ne porte pas sur le contrôle des processus rédactionnels en temps réel (Barbier, 2003, p. 8), mais sur l'analyse via l'utilisation de la langue maternelle au cours de la relecture, des transformations du contenu propositionnel du texte. Et par inférence, les effets sur le retraitement du premier rappel du texte en L2 et la réactivation des connaissances antérieures construites en langue maternelle (L1). En contexte plurilingue et pluriculturel, les résultats d'une étude comparative menée par Legros, Maître de Pembroke et Makhlouf (2003), contribuent à la construction d'une didactique qui favorise la prise en compte du contexte linguistique, culturel et familial de l'apprenant. Ces auteurs n'évitent pas de souligner les nombreuses difficultés de compréhension et de production en langue L2. L'objectif de cette recherche consiste à co-construire à distance, via le net, des documents encyclopédiques à visée explicative concernant « Les causes et les conséquences de la pollution des eaux douces » par des élèves de deux classesi: (1) une classe de CM2, de l’école Henri Barbusse II, de Clichy-SousBois et (2) une classe de 6è année primaire d’une école d’un village de Kabylie. Les processus cognitifs intervenant lors de l'écriture et la réécriture sont influencés par des facteurs linguistiques, culturels et géographiques (voir Legros, Hoareau, Boudechiche, Makhlouf & Gabsi, 2007). L'aide consiste à proposer à ces élèves des textes encyclopédiques à lire. Ces textes sont écrits dans leur langue d'origine (L1, français vs kabyle) afin de 58 les aider à réécrire et réviser le contenu conceptuel et sémantique de leur premier rappel du texte. L'activité de réécriture s'applique ici à la verbalisation des différents niveaux activés ou construits de la représentation du domaine. En effet, lors de la tâche de réécriture, les structures de rappel construites pendant la lecture du texte d’aide sont réactivées (Kellogg 2001 ; McCutchen, 2000, voir Legros & Marin, 2008). La lecture d'un texte en langue maternelle permet d'activer les connaissances emmagasinées en mémoire à long terme (MLT). D'un coté, elle met en œuvre le système de connaissances/croyance implicite au domaine (Johnson-Laird, 1983) déjà construit dans la culture et la langue des élèves et d'un autre côté, elle fournit de nouvelles informations. Ce type d'aide facilite le traitement du niveau macrostructurel aussi bien que le niveau de la surface textuelle. Il incite le rédacteur à mobiliser davantage ses connaissances. Les textes d'aide en langue L1 qui fournissent un accès aux informations implicites du texte, constituent un facteur explicatif de la valeur de l’activité inférentielle. Ils s'appuient essentiellement sur des aspects sémantiques à travers les connaissances (ré)activées par le rédacteur. De ce fait, ces dispositifs ont un effet sur l'amélioration des textes en situation d'écriture et de réécriture. Le traitement du contenu sémantique du texte implique nécessairement la mise en œuvre des processus d'activation de connaissances issues d'informations en langue L1. La différence entre « le scripteur expert » et « l'apprenti scripteur » au cours de la réécriture repose sur la mobilisation des processus généraux de la rédaction de textes. En effet, à l'opposé du scripteur expert qui utilise d'une manière récursive et permanente les différentes composantes de la réécriture, l'apprenti scripteur ne peut maintenir l'aspect récurrent de ces processus. Il doit passer d'abord par un apprentissage de chacune de ces composantes. La révision peut être considérée pour les apprentis scripteurs comme une simple correction des fautes au niveau de l'orthographe et de la syntaxe. Le recours à des aides en langue L1 au cours de la révision d'un texte explicatif en langue L2 favorise la réactivation des connaissances générales et spécifiques en mémoire à long terme (MTL) du scripteur réviseur (Legros & Marin, 2008). Or, la qualité de fonctionnement de la mémoire de travail à long 59 terme (MTLT) semble être déterminée par l'utilisation de la langue native pendant la construction des niveaux de représentations du texte (Kintsch, 1998). Ces recherches engagées dans l'analyse des relations entre l'utilisation de la langue maternelle et la production de texte en L2, contribuent absolument à expliquer certains résultats que nous avons obtenus dans le cadre d'expérience de ce travail, sur l'effet du facteur « Langue » L1. Ainsi, la langue maternelle utilisée dans des aides à la réécriture est considérée comme une meilleure aide à l’activation de connaissances. Les élèves qui relisent le texte d'aide en langue L1 produisent des textes de bonne qualité au niveau de la pertinence des propositions et des inférences (Gabsi, 2004, voir Olive & Piolat, 2003). Dans le cadre du modèle de développement des compétences en production de Bereiter et Scardamalia (1987), ces élèves optent pour un traitement de type knowledge transforming strategy. La langue L1 permet ainsi au scripteur réviseur de structurer les informations activées sous forme de structures de rappel en MTLT (McCutchen, 2000). En résumé Dans ce chapitre, nous nous sommes intéressés aux travaux (Hoareau & Legros, 2005 ; 2006 ; Van Dijk, 1999) qui prennent en compte le rôle du contexte plurilingue et pluriculturel dans l'activité de production de textes. Ils ont montré que les connaissances du rédacteur construites dans sa langue et dans sa culture sont indispensables à l'activité rédactionnelle. Nous avons abordé par la suite l'importance du recours à des bases de données textuelles servant à aider les scripteurs à réécrire des textes explicatifs/documentaires en langue L2. Le rôle de la relecture en langue maternelle est présenté également afin de montrer son effet sur l’activation des connaissances nécessaires à la production écrite en langue L2. 60 DEUXIÈME PARTIE : EXPÉRIMENTATION 61 Chapitre 5. Cadre général de l’expérimentation Les recherches en psychologie et en didactique cognitive basées essentiellement sur l’étude des processus cognitifs, (« modèle de situation » et « Construction-Intégration ») (Kintsch & Van Dijk, 1978 ; Van Dijk & Kintsch, 1983 ; Kintsch, 1988 ; 1998), ont montré que l'apprenant construit trois niveaux de représentation du texte et de son contenu au cours de la lecture : Un niveau de surface exprimant l’information lexicale et syntaxique, un niveau sémantique représentant à la fois la signification locale et globale (microstructure et macrostructure) des phrases et du texte, et un niveau situationnel, englobant les connaissances antérieures évoquées par le texte, ainsi que les aspects contextuels de la situation de lecture (Boudechiche, 2007 ; Marin & Legros, 2008, voir Hoareau & Legros, 2006). La microstructure et la macrostructure sont deux niveaux sémantiques qui représentent la « base de texte ». Cette dernière est constituée d'un ensemble de propositions organisées de façon hiérarchique et d'informations sémantiques directement issues du texte. Ces représentations renvoient respectivement à la signification locale et globale du contenu textuel. Cependant, le « modèle de situation » représente les informations évoquées par le texte et activées par le lecteur, mais détachées de la base de texte. Ces connaissances sont nécessaires à la construction de la cohérence de la signification. Le modèle de « Construction-Intégration » (CI) est basé dans un premier temps sur les éléments lexicaux fournis par le texte. Ces éléments seront intégrés aux connaissances antérieures du sujet afin d'activer une nouvelle représentation. Tous les modèles récents sur l'activité de compréhension et qui s'inspirent de Kintsch (1998) se réfèrent au rôle de la mémoire et des activités mnémoniques mises en œuvre lors de la production d'inférences (Blanc & Brouillet, 2003 ; Hoareau & Legros, 2008). Le texte explicatif/documentaire, que nous avons proposé aux élèves de 2ème année de cours secondaire, décrivant « Les causes et les conséquences du réchauffement climatique », nécessite de leur part une activation des connaissances sur ce sujet pour saisir le contenu du texte. Comprendre donc un 62 texte explicatif est une tâche qui relève d'une activité cognitive complexe. En effet, non seulement le domaine de connaissance est non familier aux lecteurs, mais aussi il comprend souvent un vocabulaire technique et des termes à la fois scientifiques, complexes et nouveaux qui peuvent être difficilement compris, lorsque le lecteur ne dispose pas de connaissances spécifiques sur le domaine évoqué par le texte. De manière identique, nous avançons que sur le plan linguistique, le texte explicatif contient souvent des mots nouveaux que le lecteur peut ne pas savoir les interpréter. En outre, le contenu sémantique entraîne également des difficultés de compréhension et de production, en raison de la complexité et du degré d'abstraction des idées véhiculées par le texte (Otero, Leon & Graesser, 2002). Pour que ces élèves de deux filières différentes (2LL1 vs 2LP1) arrivent à construire une représentation globale des idées contenues dans le texte, il faut d’une part qu’ils possèdent des connaissances conceptuelles minimales sur le domaine, et d’autre part, qu’ils puissent établir de nombreux liens entre les propositions. En d'autres termes, chaque élève doit produire, la plupart du temps, des inférences pour accéder au sens du texte et pouvoir réécrire par la suite des textes explicatifs intéressants en langue L2. S'interroger ainsi, en reprenant au niveau méthodologique le paradigme de Millis et de ses collaborateurs (1998), nous conduit à orienter notre problématique générale autour de trois axes fondamentaux représentés dans trois tâches proposées aux élèves au cours de trois séances. 1. Effet de la tâche de soulignement des propositions importantes sur l'activité de hiérarchisation de l'information (l’un des processus à la base de l’activité de compréhension), et sur la production du premier rappel du texte documentaire/explicatif en langue L2, français, (Séance 1) ; 2. Effet de la relecture d'un texte d'aide en langue maternelle (L1, arabe) sur la réécriture et le retraitement du premier jet (écriture) en français (L2), (Séance 2) ; 3. Effet des tâches de lecture et de production sur les transformations apportées aux réponses au questionnaire de connaissance final et sur la réorganisation des connaissances en mémoire, (Séance 3). 63 Dans la tâche 1, nous émettons l'hypothèse que l’activité de soulignement comme aide à la hiérarchisation et à la sélection de l'information proposée au groupe (G1) aurait plus d'effet sur le rappel de texte en L2. Les participants de ce groupe se souviendront mieux des informations du texte lu. Nous prédisons que l'aide à la hiérarchisation se manifeste surtout pour les élèves d'un niveau de connaissance moins bons en français, L2, (G1N2) lors de la production du rappel (R2). Dans la tâche 2, nous formulons l'hypothèse selon laquelle la relecture d'un texte d'aide en langue maternelle (arabe, L1) favorise l'activation des connaissances du monde évoquées par le texte, et donc joue le rôle d’aide à la compréhension et la réécriture en L2. Nous prédisons que les élèves qui ont lu le texte d'aide en langue L1 (G1) produisent davantage d’informations pertinentes qui expliquent précisément « Les causes et les conséquences du réchauffement climatique ». Dans la tâche 3, nous formulons l'hypothèse selon laquelle la relecture en L1 et les premiers rappels en L2 (R1) ont un effet sur les réponses des élèves au questionnaire final. Les réponses des participants comportent des transformations par rapport au questionnaire initial. Nous prédisons que les élèves qui ont relu le texte d'aide en L1 (G1), produisent plus de réponses pertinentes que le groupe qui a relu le texte d'aide en L2 (G2). C'est à partir de ces trois étapes de l'expérimentation que nous fondons les hypothèses de notre étude. 5.1 Choix du matériel expérimental En nous attachant à la production d'un texte explicatif en L2, nous avons opté pour un sujet brûlant d'actualité qui explique les causes du réchauffement climatique et développe ainsi les conséquences néfastes pour la planète. Nous avons donc élaboré un questionnaire encyclopédique de connaissance qui interroge les élèves sur les causes et les conséquences de ce phénomène et un texte sur ce même thème. Le questionnaire comprend six 64 questions qui permettent d'activer trois types de représentations telles quelles sont modélisées selon Van Dijk et Kintsch (1983). Les questions 1 et 2 renvoient à des réponses qui portent sur la microstructure textuelle (significations locales). En effet, les réponses à ces questions sont des informations qui constituent des détails du contenu sémantique du texte. La réponse nécessite un simple rappel du texte sans aucun traitement inférentiel. Les questions 3 et 4 correspondent à des réponses qui s'appuient sur la macrostructure textuelle (signification globale). Ces réponses renvoient à la signification globale du texte à laquelle les informations sont attachées par des liens de causalités. Elles nécessitent un traitement inférentiel. En répondant à ce type de question, l'apprenant passe de la surface des mots au contenu sémantique et à la sélection des informations les plus pertinentes. Les questions 5 et 6 mettent en jeu des réponses qui renvoient au modèle de situation sous jacent au texte. Les réponses ont une relation directe avec les connaissances générales ou spécifiques du monde évoquées par le texte et activées par l'élève. (voir questionnaire annexe I, p. 151) Le texte proposé comme aide à la réécriture est un texte explicatif évoquant un sujet scientifique qui concerne toute la planète. Cet écrit aborde le « Réchauffement climatique ». Il décrit les causes principales de ce phénomène brutal et développe l’analyse de ses conséquences sur les écosystèmes de l'environnement naturel et la population. L'ensemble de causes et de conséquences développées dans ce texte, représente une suite d'informations enchaînées de manière causale. Nous utilisons deux versions du texte. La première a été proposée en arabe6 (L1) pour les élèves du groupe G1. La deuxième a été proposée en français (L2) pour les participants du groupe G2. Précisons que dans la traduction 6 Nous remercions M. Mustapha Aouimer, enseignant au CEM de Cheikh Abde el-Hamid Ben Badis de Mascara, pour la traduction de ce texte. 65 du texte d'aide proposé en arabe, nous avons respecté la même structure sémantique que celle du texte proposé en L2. (voir textes annexes II, III pp. 152-154) Dans le cadre de cette expérience, nous avons décomposé le texte en propositions sémantiques (Kintsch, 1998). Ces propositions permettent de construire et de décrire la signification du texte (Le Ny, 1989). En effet, le contenu sémantique du texte, c’est-à-dire sa représentation en mémoire est formé d’un ensemble de propositions constituées d’un prédicat et de plusieurs arguments qui sont les correspondants mentaux des informations textuelles. Les différentes catégories d'informations font l'objet d'un traitement différent. Elles sont analysées et catégorisées comme suit : Informations suivant le niveau de pertinence : - informations très pertinentes ; - informations moyennement pertinentes ; - informations peu ou non pertinentes. Informations renvoyant au contenu sémantique du texte « base de texte » : - informations microstructurelles ; - informations macrostructurelles ; - informations inférentielles « modèle de situation » (Van Dijk & Kintsch, 1983). Informations renvoyant à un traitement de type : - « Knowledge telling strategy » ; - « Knowledge transforming strategy » (Bereiter & Scardamalia, 1987) 66 5.2 Procédure expérimentale et consignes La mise en œuvre de l'expérimentation a nécessité lors de la première rencontre avec les participants, de justifier notre présence et de mettre au clair les objectifs de cette expérience. 5.2.1 Présentation des questionnaires Conformément aux étapes de cette expérimentation, les questionnaires (initial et final) sont identiques. Ils ont été distribués sans être lu par l'expérimentateur. En effet, les mêmes questions ont été présentées pour les deux groupes, avec la même consigne : « Essayez de vous concentrer au maximum pour répondre le plus précisément possible aux questions » (Temps accordé 30 minutes). 5.2.2 Activités de lecture et de relecture Pour la lecture, nous distribuons un texte explicatif en langue L2 (français) aux deux groupes expérimentaux afin qu'ils lisent cette première version. La consigne est la suivante : « Lisez bien et suivez attentivement ce texte de façon à comprendre son contenu, lors de la lecture ». En revanche, nous demandons à un seul groupe (G1) de souligner les informations importantes du texte lu. C'est ainsi que nous avançons à ces participants : « Concentrez-vous pour souligner les idées importantes de ce texte ». (Temps accordé 10 minutes). Pour la relecture, nous distribuons deux versions du texte explicatif. La première est une version en arabe (L1) et la deuxième en français, identique au premier texte proposé lors de la lecture (L2). La consigne est la suivante : « Vous allez relire très attentivement ce texte. Vous le lisez une fois et doucement, car la semaine prochaine, vous êtes appelés à réécrire un texte explicatif en étant le plus précis possible ». (Temps accordé 10 minutes). Cette consigne a été donnée à tous les participants. 67 5.2.3 Tâches de rappel (rappel R1 vs rappel R2) La réalisation de ces tâches nécessite la distribution de feuilles blanches aux élèves. Chaque élève remplit d'abord sa copie suivant ces entrées : Nom, Prénom, Âge et Classe. La consigne pour la première production du rappel (R1) est la suivante : « Nous vous demandons de vous souvenir du texte lu et de rédiger à votre tour un texte qui explique d'une manière claire et précise les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Donnez suffisamment d’informations et essayez d'être précis de manière à ce que vos rédactions soient claires, simples et faciles à lire. Utilisez les idées que vous avez déjà recueillies la séance passée. Vous devez rendre les textes à la fin de cette séance ». (Temps accordé 30 minutes). Une deuxième tâche de production du rappel (R2) est effectuée, après sept jours. Nous présentons pour cette tâche de réécriture la consigne suivante : « Vous allez relire votre premier texte afin de réécrire un nouveau texte plus précis et plus détaillé. Essayez à nouveau de réécrire le texte, le plus précisément possible, en étant le plus proche possible du thème. Essayez de développer vos idées. Rédigez avec soin. Nous vous demandons d'être le plus précis possible et le plus complet ». (Temps accordé 30 minutes). 5.2.4 Participants L'expérience a été effectuée en mai 2007 dans deux classes situées dans le même lycée de « Djamel Eddine El Afghani » de la wilaya de Mascara. L'épreuve a été effectuée auprès d'élèves de niveau 2LP1 et 2LL1. Ces deux niveaux correspondent à la deuxième année secondaire. Ils représentent respectivement deux filières : « Lettres et sciences humaines » et « Lettres et langues étrangères ». Par ailleurs, la classe (2LL1) a attiré notre attention, vu qu'elle a pour particularité d’avoir un enseignement des matières à la fois en langue maternelle (arabe, L1), mais aussi en langues vivantes (français, anglais et allemand). 68 Contrairement à la classe (2LP1) dont l'enseignement se base sur la langue maternelle (arabe, L1). Néanmoins, le français et l'anglais figurent dans deux matières. En revanche, il est important de noter que les groupes ont été choisis sans sélection préalable des élèves. Le choix a été fait de façon aléatoire, conformément aux principes de la recherche expérimentale. Cette expérience a été menée dans ces deux classes où plusieurs langues coexistent tout au long de l'année scolaire. Les pratiques linguistiques sont plus diversifiées, puisqu'il y a plusieurs langues et plusieurs contextes dans la même classe. Cette situation plurilingue peut enrichir non seulement la conception des invariants cognitive mise en jeu dans les activités d'apprentissage/enseignement, mais aussi ils contribuent à la conception de systèmes d'aides qui tiennent compte du contexte linguistique et culturel de l'élève. Les élèves concernés sont âgés de 15 à 20 ans. Deux groupes de 20 participants issus de deux classes composent nos deux groupes expérimentaux. Le premier groupe d'élève est divisé en deux sous-groupes selon le niveau de connaissance en L2 (bons et moins bons). Ces niveaux sont définis en fonction des résultats scolaires obtenus au cours de l'année scolaire. 5.3 Tâches et conditions expérimentales Les deux groupes expérimentaux sont soumis à six tâches au cours de trois séances, espacées d'une semaine. Nous avons pris comme point de départ le même questionnaire pour les deux groupes. Dans chaque classe est distribué un questionnaire de connaissances initial comprenant six questions sur le thème du réchauffement climatique. Les participants vont répondre à ce questionnaire suivi de la lecture d'un texte explicatif d'une quarantaine de lignes sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique (première séance : 40 minutes) ; Suite à cette lecture, et après la production d'un premier rappel (R1) d'un texte explicatif, les élèves sont invités à une relecture du même texte sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique (deuxième séance : 40 minutes) ; 69 Lorsque les élèves ont terminé de relire le texte proposé, les premières productions (rappel 1) sont distribuées à l'ensemble des participants. À ce moment, ils produisent un second rappel (R2) du texte explicatif. Enfin, ils répondent à un questionnaire final qui présente les mêmes questions que celles données aux élèves au début de l'expérience. (troisième séance : 60 minutes). Les tâches sont présentées dans quatre conditions expérimentales correspondant aux groupes d'élèves suivants : - G1: groupe lisant le premier texte, avec tâche de soulignement des informations textuelles importantes et/ou pertinentes ; - G2 : groupe lisant le même texte, sans tâche de soulignement ; - G1 : relecture d'un texte d'aide en langue maternelle (arabe, L1) ; - G2 : relecture d'un texte d'aide en langue étrangère (français, L2). 5.4 Méthode d'analyse des productions : l'analyse propositionnelle L'analyse propositionnelle inspirée par les travaux menés en psychologie cognitive (Denhière, 1984 ; Kintsch, 1974 ; Le Ny, 1979 ; 1989), sert à effectuer des analyses de la production des élèves lors d'un rappel écrit d'un texte qu'ils ont déjà lu. Précisément, il faut analyser la signification du contenu textuel en se basant sur les propositions sémantiques. En effet, celles-ci représentent le contenu microstructurel, c’est-à-dire, le support de la signification globale du texte. Elles contribuent ainsi à donner la cohérence de la signification du texte (niveau cognitif) et la cohésion du texte (niveau de la surface textuelle). La suite des propositions du contenu textuel constitue la microstructure. Ces propositions sont formées d'unités linguistiques minimales qui correspondent à des « micropropositions ». Elles sont composées essentiellement d'un prédicat et de un ou de plusieurs arguments. Tout ce qui est attribué à une chose ou à un objet comme qualité ou action représente un prédicat, alors que l'argument est la chose ou l'objet auquel le prédicat s'applique. Par ailleurs, chaque proposition permet d'expliquer le contenu sémantique textuel afin de pouvoir construire la signification du texte. 70 Pour analyser le texte en propositions, il faut calculer les prédicats qui sont suivis d'un ou de plusieurs arguments. Au cours de l'analyse du texte, il est indispensable d'attribuer à chacune des propositions qu'il comporte un niveau d'importance par rapport à l'ensemble du texte et/ou un niveau de pertinence par rapport à la thématique exposée. Cela nécessite de découper le texte en termes de distinction des différents niveaux d'importance et/ou pertinence. D'ailleurs, les propositions très importantes et/ou pertinentes sont celles qui amorcent les arguments nouveaux. Dans cette recherche, nous avons opté pour l'analyse propositionnelle, vu que les textes produits par les élèves lors des deux rappels (rappel 1 et rappel 2), sont des structures cognitives construites lors de l'activité de lecture et de relecture, sous forme d'une suite propositionnelle. Appliquer dès lors une analyse propositionnelle permet de décrire le contenu sémantique non seulement des productions, mais aussi des réponses aux questionnaires par les deux groupes de participants. Elle permet aussi de prédire quelles propositions ou informations ont le plus de chance d'être rappelées. L'analyse propositionnelle consiste à décomposer les textes et les réponses produites par les élèves de l'expérimentation en propositions sémantiques pour en analyser le nombre d'informations traitées et présentées. En résumé Nous avons décrit dans le cinquième chapitre, la méthodologie générale de notre expérimentation menée auprès des élèves de cours secondaire : le choix du matériel expérimental, les participants, la procédure, les conditions expérimentales et la méthode d'analyse des productions des élèves fondées sur l'analyse propositionnelle. 71 Chapitre 6. Expérience : Etude de l'effet des questionnaires de type (Micro/macro vs modèle de situation) sur le retraitement des informations au cours de la compréhension d'un texte explicatif/documentaire, et l'effet de la relecture en langue maternelle sur la replanification et la réécriture du rappel en langue L2 (français). 6.1 Objectifs de l'expérience À partir de l'analyse des informations ajoutées lors de la réécriture du premier jet et les réponses au questionnaire final, nous visons à évaluer l'effet de la langue (arabe, L1 vs français, L2) et l'effet des types de questions sur la relecture et le retraitement du premier rappel. Notre démarche consiste alors à analyser l'effet des aides proposées sur l'activation des connaissances construites par l'apprenant dans son contexte linguistique et culturel et sur la réécriture en français L2 de textes explicatifs. Le premier objectif de cette recherche sur les activités de compréhension et de réécriture d'un texte explicatif est d'étudier chez des élèves de filières différentes, âgés de 15 à 20 ans, l'effet des questionnaires sur la compréhension d'un texte explicatif/documentaire et le rappel en langue L2, français (Hoareau, Legros, Gabsi, Makhlouf & Khebbeb, 2006). Précisément, nous visons à analyser, à partir des informations ajoutées au questionnaire final et au premier rappel, l'effet des questions sur l'activation de connaissances construites dans le contexte linguistique et culturel de l'élève et sur la replanification lors de la réécriture en L2 (Sawadogo & Legros, 2007). Les deux questionnaires (initial et final) sont identiques. En effet, il y a des questions qui portent sur les éléments textuels, renvoyant au contenu de la base de texte (questions sur la micro vs questions sur la macro). De plus, des questions portant sur les connaissances évoquées par le texte, et qui renvoient au modèle mental. Il s'agit, de comparer les réponses des deux questionnaires (initial et final), pour distinguer les différences qui ont surgi, et d'analyser précisément les ajouts, en supposant qu'ils constituent l'indice de nouvelles connaissances construites. 72 Le second objectif est d'étudier l'effet de la tâche de soulignement et le rôle du niveau de connaissance en L2 sur la hiérarchisation des informations importantes et sur la replanification en L2. Le troisième objectif est d'évaluer l'effet de la langue utilisée dans les textes d'aides (L1, arabe vs L2, français) sur la compréhension et la réécriture de textes en français langue L2, en contexte plurilingue. Notre étude prend en compte les propositions ajoutées au texte source et celles au rappel (R1). Ce qui permet d'expliquer par la suite l'activité inférentielle. Il s'agit de comprendre comment l'élève réécrit un texte explicatif en prenant en compte le contenu informationnel du texte d'aide (texte source), la complexité des liens de causalité qui l'organisent et ses connaissances antérieures. Ces objectifs nous offrent la possibilité de comprendre comment l'élève pourra traiter les informations lors de la compréhension et de la réécriture en L2 d'un texte explicatif/documentaire. Le but final est de proposer quelques aides textuelles facilitant ainsi la production en L2, pour des élèves de classe secondaire, et plus précisément en contexte plurilingue. Autrement dit, l'ensemble des analyses nous permettra de concevoir des aides efficaces à la production des textes documentaires/explicatifs en langue L2. Nous optons pour une démarche expérimentale qui se décompose en trois séances. Les élèves des deux groupes (G1 et G2) répondent, au cours de la première séance, à un questionnaire de connaissances. Le questionnaire proposé renvoie à des réponses qui portent, d'abord sur la microstructure textuelle, c'est-àdire les réponses sont des informations qui constituent les détails explicites du contenu sémantique du texte. Ensuite, des questions qui correspondent à la macrostructure textuelle. Les réponses représentent ainsi des informations attachées par des liens de causalité et nécessitent un traitement inférentiel. Enfin, des questions mettant en jeu des réponses qui renvoient aux modèle de situation. C'est-à-dire, aux connaissances du monde évoquées par le texte, mais absentes de son contenu, et cependant nécessaires à la compréhension. Puis, tous les élèves lisent un texte explicatif en français (L2) sur « Les causes et les conséquences du réchauffement climatique » afin de souligner les informations importantes du texte. Cette tâche de soulignement est proposée seulement pour le groupe (G1). 73 Lors de la seconde séance, quelques jours plus tard (une semaine), l'ensemble des participants produit une première version du texte explicatif en français (rappel 1) sur le même thème. Ils se servent d'informations qu'ils ont pu recueillir et comprendre pendant la première lecture. Une relecture du même texte, une version en langue maternelle (arabe, L1) pour le groupe G1 et une version en langue étrangère (français, L2) pour le groupe G2, est proposée. Une semaine après, suite à la distribution du premier rappel du texte, les participants révisent ce premier jet et réécrivent un nouveau texte en vue d'améliorer et d'enrichir la première production du texte explicatif. Enfin, ils répondent à un questionnaire final, identique au questionnaire initial, afin de pouvoir évaluer l’effet des tâches de lecture et de production sur la réorganisation des connaissances en mémoire. Notre corpus est donc constitué des textes résultant de deux tâches de production d'un texte explicatif (écriture et réécriture) en langue L2 (français) et des réponses à deux questionnaires de connaissances (initial et final). 6.2 Cadre théorique de l'expérimentation 6.2.1 Rôle du contexte Dans le paradigme classique du traitement cognitif du texte, les connaissances relatives au contexte ne sont pas fréquemment étudiées. Van Dijk (1999) constate que la plupart des modèles cognitivistes récents de traitement du texte ont réduit le contexte à de simples variables indépendantes, comme l’âge, le but de lecteur ou le niveau de connaissance antérieur (voir Legros & Maître de Pembroke, 2002). Toutefois, une nouvelle génération de recherche prend en compte l'effet des contextes sur la lecture, la compréhension et la production de textes (Daguet, Ghiglione, Legros & Denhière, 1999). De ce fait, la mise en valeur du contexte linguistique et culturel de l'apprenant est nécessaire dans le paradigme de traitement de texte, étant donné que ces contextes sont des composantes centrales dans le fonctionnement cognitif de l'individu, et particulièrement dans celui du 74 traitement cognitif des informations textuelles. Autrement dit, le contexte est considéré comme un composant indispensable à l'analyse d'un texte. La compréhension et la production de textes dans cette perspective ne sont plus seulement le résultat d’une interaction entre les connaissances initiales du lecteur et les informations véhiculées par un texte, mais aussi le résultat d’une interaction entre deux facteurs : le contexte culturel et le contexte linguistique (Legros, Maître de Pembroke & Talbi, 2002 ; Legros, Maître de Pembroke, Makhlouf & Talbi, 2001 ; 2002). La recherche actuelle qui met en jeu les processus cognitifs intervenant lors de la compréhension et la production en français langue L2 de textes documentaires/explicatifs en contexte plurilingue, nous conduit à nous intéresser au contexte linguistique des élèves. En effet, notre étude se limite à l'effet de la langue maternelle sur la compréhension et la réécriture en L2. Dans ce cas, il convient d'avancer que la signification d'un texte est le produit de rencontre entre les informations véhiculées par le texte et qui résulte d'une interaction entre le texte et ses unités d'une part, et d'autre part entre la base de connaissances du lecteur-compreneur, constituée par son système de connaissances/croyances sur le domaine évoqué par le texte (Legros & Baudet, 1997). L'importance du contexte linguistique, perceptible dans l'analyse du texte en tant que produit d'un processus cognitif de l'élève, est au moment de l'activité de compréhension et de production de textes en contexte plurilingue et pluriculturel un fait incontestable (Boudechiche, 2007 ; Boudechiche & Legros, 2007b ; Legros, Hoareau, Boudechiche, Makhlouf & Gabsi, 2007). Les connaissances acquises dans le contexte linguistique dans lequel grandit le lecteur influencent la production de textes. Par ailleurs, l'utilisation de la langue maternelle dans des textes d'aide représente une composante cognitive qui rend explicites les conditions du rôle des contextes linguistiques et culturels dans une activité de compréhension de textes et de production des rappels en L2. Pour toutes ces raisons, ces activités doivent être décrites en termes explicitement cognitifs. Notre cadre théorique de référence s'appuie essentiellement sur les travaux réalisés en psychologie cognitive du traitement du texte (Denhière & Baudet, 75 1992 ; Van Dijk et Kintsch, 1983 ; Kintsch, 1988 ; 1998 ; Van Dijk, 1999 ; Scardamalia & Bereiter, 1987). Plus précisément, sur ceux qui ont traité de l'activité de compréhension et de production en langue seconde ou étrangère en contexte plurilingue mettant en œuvre le fonctionnement cognitif de l'élève (Legros, 2005 ; 2006b ; Makhlouf, Legros et al., 2005 ; Cordier, Legros & Hoareau, 2005 ; Hoareau & Legros, 2006 ; Marin, Crinon, Legros & Avel, 2007 ; Legros & Marin, 2008). Bien plus, nous prenons appuie sur les recherches expérimentales qui ont pris en compte le rôle de la langue maternelle sur la compréhension et la production en langue L2 (français) des textes scientifiques/documentaires en contexte plurilingue (Makhlouf, Legros & Marin, 2006 ; Legros, Hoareau, Boudechiche, Makhlouf & Gabsi, 2007 ; Ammari & Legros, 2007 ; Boudechiche & Legros, 2007a ; 2007b). 6.2.2 Rôle de la langue maternelle (L1) dans la compréhension et la production en langue étrangère (L2) Le lecteur possède déjà des connaissances, des valeurs, une culture et une langue. Le recours à la langue maternelle (L1) dans les activités de lecture/compréhension ou de lecture/production en langue L2 peut favoriser chez les élèves l’activation des connaissances construites dans leur langue, leur milieu familial et l'école. En effet, la langue maternelle qui permet à l'apprenant de former ses idées, sert essentiellement à constituer et à structurer ses savoirs. Dans l'apprentissage/enseignement en L2, les connaissances antérieures (linguistiques ou disciplinaires) doivent servir de point de référence pour s'approprier d'autres informations. Elles sont une piste d'accueil qui permet d'associer de nouvelles informations. Cela signifie que les connaissances construites dans la langue et la culture de l'élève jouent un rôle primordial dans la construction de la signification du contenu textuel. À ce stade, nous essayerons de présenter certains travaux de référence sur l'effet de la langue maternelle (L1) et le rôle des connaissances antérieures dans la compréhension et le rappel de textes en langue étrangère (L2). Les recherches en psychologie cognitive du traitement du texte ont montré que pour comprendre 76 et produire un texte, il faut mettre en avant le rôle fondamental des connaissances antérieures préconstruites en langue maternelle (Legros et al., 2002 ; Legros, Maître de Pembroke & Acuna, 2003 ; Gabsi, 2004). Ainsi, les connaissances personnelles et générales de l'apprenant se rattachent à la nouvelle information véhiculée par le texte. Pour ce faire, l'élève est appelé à mettre en relation les entrées linguistiques du texte et ses connaissances antérieures. Tout au long de la lecture/compréhension, l'élève fait appel à son vécu et réutilise ses connaissances façonnées au cours de ses expériences et ses apprentissages précédents dans son environnement proche et dans un contexte propre à sa langue, afin d'orienter sa lecture. C'est dans cette logique et rejoignant la perspective d'une didactique interculturelle, que Legros, Acuna et Maître de Pembroke (2006) soulignent la nécessité de prendre en compte les contextes linguistiques et culturels. Ces contextes déterminent ou influencent la construction des connaissances en langue étrangère (français, L2). Or, l'élève ne peut pas comprendre d'une manière profonde un texte sans mettre en pratique ce qu'il sait déjà. Ces connaissances désignent un « modèle de situation » décrit par le texte. Malgré cela, il n'est pas suffisant d'avoir un ensemble de connaissances. L'élève doit en outre mettre en œuvre un processus cognitif qui conduit à l'activation de connaissances lors de la lecture. C'est ce processus qui favorise la compréhension et le rappel en langue L2. Ceci consolide notre intérêt à mener une étude sur le rôle de la langue maternelle (arabe, L1) versus langue étrangère (français, L2) sur la compréhension et la production de textes en L2. Précisément, notre but est de nous intéresser à la langue maternelle en tant que moyen d'aide à la compréhension et à la réécriture de textes explicatifs/documentaires en français langue étrangère L2. Une aide qui met en œuvre les processus cognitifs responsables du traitement de la surface du texte et de son contenu. Ces processus portent également sur le traitement des informations textuelles sous-jacentes et sur la mise en cohérence des connaissances antérieures activées avec celles extraites du texte proposé en français (L2) au cours de la lecture. Ces tâches, grâce aux processus qu’elles 77 mettent en œuvre, permettent de construire efficacement de nouvelles connaissances en contexte plurilingue. Selon les spécialistes de la didactique du texte, il est important donc de concevoir et de proposer des aides aux élèves afin de favoriser l’activation des connaissances qu'ils possèdent sur le texte et son contenu sémantique. De ce fait, ils saisissent ce qu'ils savent déjà sur le contenu textuel. Ils arrivent à activer ou à élaborer une structure mentale qui leur permettra d'intégrer le contenu du texte et de réaliser les inférences nécessaires pour combler les « trous sémantiques » laissés par le texte. C'est-à-dire, il est important d'établir un lien entre le texte et les connaissances antérieures du lecteur afin que celui-ci puisse se faire une représentation de ce qui est dit. La question du rôle de la langue maternelle dans la compréhension et la production en L2 en contexte plurilingue a été abordée par plusieurs chercheurs. Des travaux ont montré son rôle pour rendre compte de l'interaction entre le texte et les structures mémorielles du sujet dans le cas de la compréhension (Hoareau & Legros, 2006) ou de la production (Hoareau et al., 2006) de textes explicatifs ou de textes de spécialité (Legros et al., 2006) en L2 en contextes plurilingues et pluriculturels. C'est ainsi que nous avons jugé utile de citer quelques études engagées dans ce même cadre de recherche. Les résultats de ces travaux ont été fondés sur des démarches expérimentales, et qui vont dans le sens de notre objectif. Nawal Boudechiche7(2007) a étudié chez des apprenants universitaires de tronc commun, sciences agronomiques inscrits au Centre Universitaire d’El Tarf (Algérie), l’effet de deux types de questionnement d’aide à la compréhension de texte explicatif en L2 (français). Ces aides renvoient dans le premier cas (G1), aux connaissances implicites évoquées par le texte et indispensables à la compréhension de ce dernier, et dans le second cas (G2) aux informations explicites contenues dans le texte. Ces deux types d’aide renvoyant respectivement soit au modèle de situation (aide macro) soit à la base de texte 7 Expérience conduite dans le cadre de la thèse de Mme Nawal Boudéchiche (Ecole doctorale, Université d’El Tarf) 78 (micro) sont également proposés aux apprenants soit en langue maternelle L1 soit en langue étrangère (L2). L'expérience s'est déroulée en deux séances. Les apprenants lisent le texte. Après une tâche distractive, ils produisent un rappel des informations retenues et comprises du texte. Quelques jours plus tard, les apprenants du groupe expérimental G1 répondent aux questions « macro » renvoyant au modèle de situation du texte (L1 vs L2). Ceux du groupe G2 répondent, dans les mêmes conditions (L1 vs L2) aux questions « micro » renvoyant au contenu de la base du texte. Quant aux participants du groupe G3, le groupe témoin, ils ne bénéficient d’aucun type de questions. Suite à la relecture du texte, et à la distribution de leur premier rappel du texte, les étudiants rédigent en langue étrangère un second rappel (rappel différé) afin d’enrichir et de préciser le premier rappel. Les résultats indiquent que le type de question (question macro vs question micro) et de la langue utilisée dans ces questions (langue maternelle L1 vs langue étrangère L2) exerce un effet sur le retraitement du rappel. Les sujets qui utilisent la langue L1 produisent plus d’ajouts. Ils activent davantage de connaissances lors d’une relecture du texte consécutive aux réponses aux questionnaires. Les réponses aux questions en langue maternelle portant sur le modèle de situation favoriseraient l’activation des structures mémorielles et donc faciliteraient l’activation des connaissances lors de la relecture, du retraitement et du rappel du texte. En résumé, les aides proposées, sans distinction de type (Macro vs Micro), permettent non seulement un ajout d’informations plus important lors du second rappel. Mais elles permettent, plus précisément, une compréhension plus « fine » du texte grâce à l’ajout d’inférences renvoyant à une interaction entre les informations du texte et les modèles mentaux du lecteur. Conformément aux données issues des travaux inspirés du modèle de Kintsch (1988 ; 1998), les apprenants construisent une représentation cohérente du texte à laquelle ils intègrent leurs expériences préalables, leurs connaissances en mémoire à long terme (MLT). Les questionnaires constituent une aide à l’activation des connaissances dans l’activité de compréhension de texte chez des étudiants 79 bilingues quel que soit leur niveau d’expertise en L1 et en L2. Ainsi, les aides proposées sont très utiles à la compréhension du texte explicatif et la réécriture en langue étrangère (L2). Ainsi, une série de recherches conduites au Burkina Faso8 (Sawadogo & Legros, 2005 ; 2007), porte non sur les aides à la réécriture, mais sur les aides à la production de textes explicatifs en L2 en contexte diglossique. Elle vise à tester l’effet de questionnements à distance via Internet élaborés par des élèves (en L1 vs L2) sur l’activité de planification. Elle s’inscrit dans les travaux sur la conception du co-apprentissage à distance en contexte plurilingue avec des systèmes d’aide dits ouverts ou « open-ended Internet environments » (Legros et al., 2006). Au niveau de l’effet de l’utilisation de la langue L1 lors de la phase de questionnements et de discussions sur la production, les résultats de ces expériences montrent que l’utilisation de la langue maternelle lors de questionnements préalables à la production produit un effet favorisant du point de vue du processus de planification en termes d’activation des connaissances, d’organisation et de restructuration des idées. Particulièrement, la langue maternelle L1 conformément aux résultats antérieurs active davantage les connaissances construites dans le contexte culturel de l’élève et favorise le retraitement, l’activité inférentielle et la planification. Une autre expérience a été menée par Gabsi (2004)9 dans le but d’analyser les effets du contexte linguistique des élèves apprentis scripteurs. Elle a conduit une recherche sur la production, la co-révision à distance de texte par des élèves d’une classe de collège de la banlieue parisienne et une classe de la Wilaya de Tizi Ouzou. L’objectif était d’étudier le rôle de la langue maternelle (tamazigh) utilisée dans un texte d’aide sur la révision et la co-révision à distance d’un texte explicatif en L2 (français) et sur la (co)construction des connaissances, en situation multilingue et pluriculturelle. Les élèves révisaient leur propre texte et le texte d’un partenaire distant via Internet. 8 Recherches conduites au Burkina Faso par François Sawadogo dans le cadre de sa thèse Recherche de DEA conduite par Amel Gabsi (2004) dans le cadre du projet GdR CNRS 2657 « Approche Pluridisciplinaire de la Production Verbale Ecrite » (Responsable, Denis Alamargot, LaCo, Poitiers) et dans le cadre du projet Numéral (TCAN-CNRS). 9 80 Deux classes de 4e d’un collège de Meudon et deux classes de 9e année de la wilaya de Tizi Ouzou ont produit en français un premier jet d’un texte explicatif sur les causes et les conséquences de la pollution des eaux douces. Ce premier jet a été suivi d’une tâche de lecture d’un texte scientifique en vue d’aider les élèves à réviser, à réécrire et à enrichir le contenu sémantique et la forme de leur premier jet. Le texte d’aide était présenté aux élèves d’une des classes de la wilaya de Tizi Ouzou dans leur langue maternelle, le tamazigh (groupe G1), et dans l’autre classe en français (groupe G2). Les élèves des quatre classes effectuaient ensuite une tâche de réécriture de leur propre texte (réécriture 1), puis, quelques jours plus tard, du texte d’un élève de l’autre pays (réécriture 2) envoyé par Internet. Un questionnaire de connaissances initial et un questionnaire final encadraient les tâches d’écriture afin d’étudier l’effet de celles-ci sur la construction des connaissances. Dans le domaine des aides à la production de textes, ces travaux ont utilisé le paradigme de la révision ou de la réécriture de texte en vue d’étudier les effets de l’interaction de la langue maternelle L1 et de la langue seconde L2 lors de la production de texte en contexte plurilingue. Ces travaux ont mis en évidence le rôle de la langue maternelle utilisée dans les textes d’aide sur la révision et la réécriture à distance d’un texte explicatif en langue L2 (Hoareau et al., 2006). Les résultats obtenus par ces recherches expérimentales sont compatibles avec notre hypothèse générale selon laquelle l’utilisation de la langue maternelle L1 dans les textes d’aide favorise l’activation des connaissances et par conséquent elle facilite l’activité de réécriture en français L2. Le groupe expérimental (G1) lisant le texte d'aide en langue L1 auront une production meilleure au niveau quantitatif (nombre de propositions ajoutées) et qualitatif (informations issues du modèle de situation sous-jacent au texte) que les participants (G2) qui utilisent uniquement la langue L2 Nos résultats qui vont dans le sens de ceux obtenus par des travaux récents sur la co-révision à distance (Hoareau, Legros, Gabsi, Makhlouf, & Khebbeb, 2006) ouvrent des perspectives quant à la compréhension du rôle que pourrait jouer la langue L1 dans les situations de co-construction à distance et aux 81 fondements de nouvelles approches didactiques qui prennent en compte les contextes linguistiques. 6.2.3 Rôle de l'activité inférentielle dans la compréhension du texte explicatif en français langue L2 chez les élèves en contexte plurilingue Compte tenu du contexte linguistique et culturel dans lesquels grandissent les élèves, nous pouvons comprendre l’intérêt de la notion de modèles de situation développés par Van Dijk et Kintsch (1983) qui considèrent la compréhension comme un processus constructif. Selon Bransford et ses collaborateurs (1972), ce processus constructif représente une mise en œuvre d'une activité inférentielle. En effet, au cours de la lecture, l'élève tente de construire la signification du texte par un ensemble d’opérations complexes : identifier des mots, saisir l’organisation syntaxique et morphosyntaxique des phrases, mémoriser et mettre en relation les informations issues du texte avec les connaissances activées (Van Dijk & Kintsch, 1983 ; Kintsch, 1998 ; Kintsch & Van Dijk, 1988). Or, il est nécessaire de mettre en œuvre les connaissances du lecteur construites dans sa langue maternelle et dans son contexte culturel et mises à sa disposition face à une nouvelle connaissance (Hoareau & Legros, 2006). C'est à ce stade que se manifeste l'importance de l'activité inférentielle. Lorsque le lecteur traite le contenu sémantique textuel, il infère l'ensemble des connaissances évoquées par le texte et activées lors de la lecture. Des recherches ont montré que les contextes linguistiques et culturels des élèves constituaient des facteurs indispensables pour rendre compte des processus cognitifs mis en jeu lors de l'activité de compréhension et de production en langue L2. Ainsi, l'élève va être amené à produire des inférences relatives à un ensemble de connaissances, dont certaines informations ne sont pas exprimées dans le texte, mais qui doivent nécessairement être évoquées dans la situation décrite par le texte, alors qu'elles n'y sont pas citées. L'inférence peut être facilement produite si elle reçoit de l'activation de plusieurs sources (L1 vs L2). L'activité inférentielle met en œuvre au cours de la compréhension des 82 connaissances linguistiques et des connaissances sur le type de texte proposé à la lecture, mais aussi les connaissances sur le monde, la tâche à accomplir et les buts de la lecture. Pour vérifier que les participants possèdent un minimum de connaissances sur le sujet abordé, il faut au préalable s'en assurer grâce à des pré-expériences ou à des questionnaires de connaissances. Dans notre expérience, nous optons, en premier lieu, pour des questionnaires de connaissances et, en second lieu pour une activité de lecture suivie d'une tâche de soulignement des propositions pertinentes. D'abord, les questionnaires proposés, comprenant des questions inférentielles, amélioreraient - dans la mesure où elles activent les connaissances du lecteur - la compréhension et le rappel du texte explicatif en L2. Ensuite, si le lecteur lit le texte avec un but précis (le repérage et le soulignement des informations pertinentes), il est possible qu'il produise des inférences qui sont en relation avec ce but. Les élèves s'engageraient alors dans l'activité inférentielle. Des inférences sont fortement activées également au cours de la relecture en langue maternelle (L1). Cette activation est facilitée par l'utilisation de la langue L1 (arabe) dans les textes d'aide à la réécriture en langue L2 (français). Les inférences, dans ce cas, ont une possibilité d'autant plus élevée d'être produites qu'elles sont activées à partir de textes relus en langue maternelle (L1). Les connaissances sous-jacentes au texte et activées lors de la lecture de ce texte jouent un rôle considérable dans la compréhension de textes et, plus précisément, dans l'activité inférentielle. D'ailleurs, la production d'inférences permet d'activer des informations implicites, absentes du texte, grâce aux « connaissances du monde » stockées dans la mémoire à long terme (MLT) du lecteur (Le Ny, 1989). L’inférence consiste d'un côté, à mettre en relation le contenu textuel explicite et les connaissances activées par le lecteur, et d'un autre côté, elle fait intervenir le contexte linguistique et culturel à travers les connaissances antérieures de l'élève qui seront repérables au cours du deuxième rappel du texte explicatif en langue L2, au niveau des propositions ajoutées aux textes réécrits. 83 L'activité de production d'inférences est particulièrement importante lors de la compréhension de textes explicatifs et la production écrite en langue étrangère (L2). C’est la raison pour laquelle, comprendre et produire des textes explicatifs, développant des savoirs sur le monde, sont plus difficiles à traiter que les textes narratifs (Graesser, McNamara & Louwerse, 2003) Des travaux conduits antérieurement (Legros, 1997) montrent que la compréhension d'un récit reste une activité relativement facile cognitivement, dans la mesure où le texte suffit. En général, le lecteur n'a pas besoin de faire appel à des connaissances particulières sur le monde. Il faut en effet rappeler que le contenu du texte narratif est généralement plus proche du vécu des lecteurs et de leurs expériences. Il évoque souvent des formes stéréotypées de connaissances. Contrairement au texte explicatif qui développe des vérités scientifiques généralement « révélées » au cours de la scolarisation de l'élève. Le contenu proposé dans les textes explicatifs exige des connaissances minimales sur le domaine et, par conséquent, une activité inférentielle plus complexe pour construire la cohérence de la signification du texte. Comprendre donc un texte explicatif/scientifique en langue L2 par des élèves, dont la langue arabe représente la langue maternelle, revient à activer les connaissances antérieures afin de les mettre en cohérence avec celles véhiculées par le texte. Ce type de lecteur tente d’élaborer une représentation mentale associée aux connaissances construites en langue maternelle et stockées en mémoire à long terme (MLT) (Kinstch, 1998). L'activation des connaissances des élèves est une phase essentielle dans la construction de connaissances vu qu’elle s'attache à une compréhension plus fine des informations issues du texte. Elle met en avant les connaissances personnelles et générales du lecteur au cours de la lecture. Par ailleurs, le lecteur est amené lors de la génération d'inférences à sélectionner les informations textuelles en fonction de leur importance relative (Baudet, 1989). Dans cette étape, l'élève doit distinguer l'information pertinente de celle qui est moins ou non pertinente, suivant le but final de la lecture et de la production de textes en langue L2. 84 De ce fait, le lecteur a compris le texte quand il a sélectionné les informations pertinentes. Par conséquent, il a activé les connaissances qui correspondent aux informations développées par le texte. La compréhension de texte dépend ainsi des connaissances antérieures de l'élève, des informations fournies par le texte et des inférences que la langue maternelle pourrait favoriser. La procédure expérimentale utilisée pour détecter et analyser le mécanisme de l'activité inférentielle, dans notre recherche, consiste à analyser les informations ajoutées au premier rappel. C'est-à-dire, nous nous intéressons à la production d'inférences lors de la réécriture du premier jet du texte explicatif en langue L2, dans lesquelles les propositions ajoutées relevant du « modèle mentali» ou du « modèle de situation » et de la « base de texte ». C'est pourquoi, nous nous attachons à l'activité inférentielle en tant que processus permettant la construction ou le transfert des connaissances. Précisons cependant, que notre intérêt ne se dirige pas vers le transfert des compétences acquises en langue maternelle (L1) vers la langue étrangère (L2), au contraire, nous visons à étudier les processus cognitifs qui favorisent la récupération de ces connaissances construites préalablement vers une situation de compréhension et de production en langue L2. La langue et la culture de l'élève restent des éléments de base nécessaires pour analyser les processus cognitifs intervenant à la fois dans le domaine de la compréhension et de la production de textes en L2 lors des rappels (Hoareau & Legros, 2005 ; 2008). Nous finirons cette partie par la remarque suivante. Dans la suite de l'étude des rappels, nous avons analysé le produit de l'activité de compréhension et de réécriture de textes explicatifs à partir des propositions ajoutées issues du « modèle mental » et de la « base du texte ». Les inférences relatives au modèle de la situation décrite par le texte servent à enrichir et à compléter la représentation propositionnelle. Le modèle mental est favorisé particulièrement par l'utilisation de la langue arabe dans les textes proposés aux élèves au cours de la relecture. Tandis que les inférences issues de la base du texte interviennent au niveau des propositions textuelles. Elles assurent la cohérence locale du texte (mots, phrases, paragraphes) et globale. 85 6.2.4 Propositions ajoutées de type T1 (Base de texte) et T2 (modèle mental) comme traces des processus cognitifs de l'activité de replanification et de réécriture Nous nous intéressons à étudier via l'utilisation de la langue L1 lors de la relecture, les transformations du contenu propositionnel et sémantique du texte explicatif réécrit, et par conséquent son effet sur le retraitement du premier jet en langue L2. Pour pouvoir analyser les types de propositions ajoutées au deuxième rappel, nous nous référons essentiellement aux travaux de Bereiter et Scardamalia (1987). Plus précisément, notre attention porte sur les informations ajoutées issues du contenu de la base de texte, qui renvoient à une stratégie adoptée par les élèves de type « knowledge telling ». Mais aussi sur les informations qui renvoient à une stratégie plus riche et plus élaborée de type « knowledge transforming ». La première stratégie permet à l'élève de récupérer les informations stockées dans sa mémoire à long terme sans effectuer un retraitement linguistique ou sémantique. Si l'élève adopte cette stratégie, il ne peut construire lors de son rappel qu'une cohérence locale du contenu sémantique du texte. Cependant, la seconde stratégie est plus coûteuse en ressources cognitives. Certes, l'élève récupère également les informations, mais contrairement au premier traitement, il réorganise l'ensemble de ces informations activées en fonction du but de la tâche et de la consigne de travail, le but final de la réécriture, la différence entre la première production (1er jet) et la seconde (2ème jet), les connaissances du scripteur. La mise en œuvre de ces facteurs permet la production d'un texte explicatif cohérent qui décrit mieux le thème du « Réchauffement climatique ». Dans notre travail, le rappel de ces deux types de propositions a été catégorisé soit en informations de type T1, soit en informations de type T2. Ces deux modalités de rappel sont relatives, par hypothèse, à des traitements différents. La première catégorie (T1) est liée aux propositions ajoutées non retraitées, c'est-à-dire copiées du texte source (la surface textuelle) et rappelées sans modification lors de la réécriture. La seconde catégorie (T2) concerne les 86 informations ajoutées retraitées, renvoyant au modèle mental, absentes du contenu textuel, mais activées lors de la relecture. Les deuxièmes rappels ont été analysés en distinguant les propositions T1 et T2. En effet, ces types d'informations ajoutées lors de la réécriture sont la trace de l'activité cognitive effectuée par les élèves au cours de la replanification et le retraitement de leurs premiers jets. Dans la mesure où les élèves rajoutent davantage de propositions de type T2, ce résultat nous offre la possibilité d'avancer qu'il y a une capacité de réécrire en langue L2 (français), et donc, d'évaluer la différence qui existe entre le premier rappel produit par les participants une semaine auparavant et le texte à produire lors d'une séance de réécriture du texte explicatif en langue L2. Ainsi, ce type d'informations ajoutées (T2) suppose que les participants ont activé un ensemble de connaissances qui ne se limite pas à la récupération des informations mémorisées au cours de la lecture en L2 et la relecture en L1, mais qu'ils sont capables de mettre en œuvre ces informations en fonction du contexte locale et globale du texte. Nous supposons donc que les élèves mettent en jeu toutes leurs ressources cognitives les plus coûteuses, afin de tenter d'associer les informations textuelles entre elles et à leurs connaissances antérieures activées au cours de l'activité de lecture. Dans notre recherche, les propositions (T1), provenant du texte source, sont des informations identiques à celle du texte. L'élève reproduit lors du second rappel les mêmes informations que celles du texte initial sans retraitement de son contenu. En effet, il traite les propositions assurant seulement la cohérence locale et globale. Nous pouvons même parler d'un traitement « mot à mot ». Lorsque les élèves rappellent les mêmes phrases que celles du texte lu, le traitement ne peut être effectué qu'au niveau de la surface textuelle. Par ailleurs, les propositions (T1) dépendent généralement de la microstructure et de la macrostructure du premier texte. Ce type d’information ajoutée n’est pas l’indice d’un retraitement sémantique et le type de stratégie auquel il renvoie n’est donc pas favorable à la restructuration des connaissances en mémoire et donc à l’apprentissage. En revanche, les propositions (T2) englobent l'ensemble des informations du contenu sémantique du texte source. Ces propositions sont retraitées 87 sémantiquement. L'élève tente alors de modifier son premier texte en adoptant un traitement sémantique plus profond. Au moment où le lecteur produit le premier jet (rappel R1), il fait appel aux phrases et aux propositions du texte explicatif proposé au cours de la lecture en langue L2 (français). Il cherche à se rappeler davantage des mots textuels. Tandis que lors du deuxième jet (rappel 2), il retraite son premier texte produit en français en fonction de nouvelles connaissances activées au cours de la relecture en langue maternelle (L1). C'est ainsi qu'il se souvient de la signification du texte et non de ses éléments linguistiques de surface. Dans notre expérimentation, les propositions analysées dans les productions des participants étaient soit en rapport avec la base du texte, au niveau de la microstructure et la macrostructure (T1), soit en rapport avec le modèle de situation évoqué par le texte (T2). Les résultats ont montré qu'au cours des deux rappels, les élèves du groupe G2 (relecture en L2) produisaient davantage de propositions renvoyant à la base de texte (T1), c'est-à-dire à une « stratégie des connaissances racontées », que les élèves du groupe G1. En revanche, les participants du groupe G1 (relecture en L1) produisaient plus de propositions de type T2, et moins de propositions de type T1. Selon notre hypothèse générale, le contexte linguistique, via la langue maternelle (arabe), favoriserait chez les élèves l'activation de connaissances évoquées par le contenu sémantique du texte. En revanche, le groupe G2, à qui nous avons proposé une relecture en français (L2), traiterait davantage la surface textuelle. Nous prédisions que compte tenu de la langue maternelle, les élèves comprennent mieux le contenu sémantique du texte explicatif, dans la mesure où elle facilite l'activation des connaissances déjà construites dans leurs contextes linguistiques et culturels. Ainsi, nous avançons que les deux groupes expérimentaux mettent en jeu deux niveaux de traitement : soit en rapport avec le niveau de la surface textuelle et le niveau sémantique chez les élèves du groupe G2, soit en rapport avec le modèle mental implicite du texte et les connaissances de l'élève sur le domaine chez les participants du groupe G1. Les propositions ajoutées (T2) correspondent au « modèle de situation » (Van Dijk & Kintsch, 1983), c'est-à-dire des 88 connaissances évoquées par le texte et activées par le lecteur au cours de l'activité de lecture-compréhension. Elles sont compatibles avec un traitement de type « knowledge transforming strategy » (Bereiter & Scardamalia, 1987). 6.3 Hypothèses de recherche et prédictions Nous visons l’analyse des deux versants du traitement du texte : la compréhension de textes et la production de deux rappels (écriture/réécriture). Nous analysons les activités proposées au cours de cette expérience en formulant quatre séries d'hypothèses. La première série d'hypothèses concerne l'effet du soulignement sur l’activité de hiérarchisation des informations en fonction de leur importance relative et sur les propositions rappelées lors du premier jet (écriture). Nous essayerons en effet de montrer que la lecture suivie d'une tâche de soulignement contrairement à la lecture sans tâche de soulignement facilite la hiérarchisation des informations et l'activation des connaissances. La deuxième hypothèse est liée au rôle du niveau de connaissances en français L2 des élèves : N1, élèves qui ont un bon niveau de connaissances en langue L2 ; N2, élèves ayant un niveau moins bon ou faible en langue L2. La troisième concerne l'effet des questionnaires (initial et final) sur la compréhension et le rappel en L2. Enfin, la quatrième série d'hypothèses est relative au rôle de la langue (maternelle vs étrangère) utilisée dans les textes d'aide à la replanification et à la réécriture. La première série d'hypothèses La première série d'hypothèses concerne l'effet du soulignement comme système d'aide à la hiérarchisation, à la sélection des informations importantes, et à l'activation des connaissances et à leur réorganisation en mémoire via la lecture/compréhension et la lecture/production. 89 Hypothèse 1. Effet de la tâche de soulignement sur l'activité de compréhension Nous émettons l'hypothèse que le soulignement des propositions pertinentes favoriserait la hiérarchisation des informations du texte. Le groupe G1 qui a souligné les informations arriverait à activer les connaissances préconstruites en MLT en fonction du contenu du texte proposé à la lecture de façon plus efficace que les élèves du groupe G2 à qui nous n'avons pas demandé de souligner les informations du texte. La tâche de soulignement effectuée par le groupe G1, contrairement au groupe G2, faciliterait la construction de la cohérence globale du texte (la macrostructure) au cours de la compréhension et la production en L2. Hypothèse 2. Effet de la tâche de soulignement sur le rappel de textes Parlons des élèves du groupe G1, nous émettons l'hypothèse que l'ensemble de ce groupe, produirait au cours de la tâche du premier rappel du texte explicatif en L2, un nombre plus important et plus riche en informations de type « micro » et « macro » que les élèves du groupe G2. Nous supposons en effet que le soulignement comme aide se manifesterait ultérieurement (réécriture) pour les élèves d'un niveau moins bon en L2 (G1N2). Ainsi, nous supposons que les élèves moins bons en français (G1N2) produiraient lors du deuxième rappel (réécriture) un nombre d'ajouts similaires aux informations ajoutées par les élèves d'un bon niveau en français (G1N1). La deuxième série d'hypothèses La deuxième série d'hypothèses correspond à la compréhension et au rappel du texte en français (L2), en fonction du niveau de connaissances des élèves dans cette langue (N1 vs N2). Selon l'objectif de l'analyse, nous avons 90 divisé le groupe G1 en deux sous-groupes, en fonction des résultats obtenus au cours de l'année scolaire en langues étrangères. Nous faisons deux hypothèses. Hypothèse 3. Effet du niveau des élèves en français langue étrangère L2 sur le nombre d’informations rappelées lors du premier rappel du texte explicatif Nous prédisons que les élèves de niveau N1 rappelleraient davantage, en français (L2), un nombre plus élevé de propositions que les élèves de niveau N2. Nous supposons que les élèves qui parviendraient à traiter le niveau de la surface textuelle (Van Dijk & Kintsch, 1978 ; 1983), produiront au cours du deuxième rappel (réécriture) plus de propositions en langue L2. Hypothèse 4. Effet des connaissances des élèves (L1 vs L2) sur l’activité inférentielle en langue étrangère. L'hypothèse que nous formulons est que les élèves de niveau N1 produiraient un nombre d'inférences plus important que ceux de niveau N2. Nous supposons dès lors que le nombre d'informations ajoutées de type T2 ne varie pas en fonction du niveau faible en français des élèves du sous-groupe G1N2. Nous supposons que les informations véhiculées par le texte en rapport avec la langue et la culture de l'élève favoriseraient la production d'inférences en rapport avec le contenu du texte et de propositions rappelées en liaison avec les connaissances liées au contexte linguistique et culturel du lecteur. Ainsi, plus les connaissances des élèves sur le sujet abordé sont activées et riches, et plus leurs stratégies de compréhension et de production sont variées, plus il sera facile de comprendre le contenu du texte. La troisième série d'hypothèses Au cours de la troisième série d'hypothèses, nous émettons l'hypothèse générale que le recours à la langue maternelle dans des aides (G1) facilitera la 91 réactivation des connaissances déjà construites dans le contexte linguistique et culturel du lecteur et l’interaction avec les informations du contenu du texte explicatif proposé en langue L2 (français). Nous visons à mettre en évidence les stratégies de production utilisées par les élèves lors de la réécriture du texte explicatif en L2. Cette dernière série d'hypothèses est liée également aux connaissances antérieures de l'élève construites dans sa langue maternelle. Précisément, c'est le contexte linguistique des élèves qui nous intéresse aussi. Hypothèse 5. Effet de la relecture (langue maternelle vs langue étrangère) sur l'activité de replanification Sur le plan des activités de production en langue étrangère (L2, français), nous formulons l'hypothèse que la relecture en langue maternelle (L1, arabe) exercerait un effet important sur la replanification en langue L2. Nous supposons que l'élève réactiverait et réorganiserait les connaissances au cours de la relecture et la réécriture. Il arrive ainsi à (re)planifier ses connaissances avant de les verbaliser en fonction du texte d'aide proposé à la replanification. Nous émettons l'hypothèse que les élèves du groupe expérimental G1, qui ont bénéficié de la relecture d'un texte d'aide en langue L1, produiront lors de la tâche de réécriture du texte explicatif, un meilleur rappel sur le plan quantitatif et qualitatif que le groupe expérimental G2, qui ont relu le même texte proposé en langue L2 lors de la première séance de lecture. Pour plus de précision, nous avançons que les participants du groupe G1, produiront au cours du rappel R2, un texte plus riche en informations, que celui des participants du groupe G2, aidés par un texte d'aide en français (L2). Hypothèse 6. Effet de la langue maternelle utilisée sur l'activité inférentielle des élèves et sur le niveau de pertinences des propositions produites. Nous prédisons que les élèves du groupe G1, produiraient lors du rappel R2, un nombre plus important d'inférences que les élèves du groupe G2. Ainsi, nous supposons que les participants qui ont bénéficié d'un texte d'aide en langue 92 maternelle (G1) lors de la relecture, réviseraient et retraiteraient mieux leurs premiers jets (écriture), ce qui conduit les élèves à activer les connaissances du monde et à produire davantage d’informations à la fois pertinentes et renvoyant au modèle de situation évoqué par le texte. Le recours à la langue maternelle faciliterait ainsi la réactivation des connaissances et, par conséquent, favoriserait la production d'inférences nécessaires au maintien de la cohérence locale et globale du texte explicatif à réécrire en langue L2. Les élèves, dans ce cas, produiraient des inférences plus fines et de meilleure qualité. Nous supposons en effet que l'activité inférentielle des deux groupes G1 et G2 varie en fonction de la langue utilisée dans le texte d'aide proposé à la production en L2. Or, les participants du groupe G1 qui ont bénéficié d'une aide en langue maternelle, produiraient davantage d'inférences, au cours de la réécriture en L2 du premier rappel, que ceux du groupe G2 qui ont bénéficié d'un texte d’aide en langue étrangère. Hypothèse 7. Effet de la langue maternelle utilisée dans les textes d'aide sur le type des propositions ajoutées lors de la réécriture Nous émettons l’hypothèse que les élèves du groupe G1 qui ont bénéficié d'un texte d'aide en langue maternelle (L1), produiraient lors de la réécriture du premier jet des ajouts plus pertinents, correspondant ainsi au but final de l'écriture que ceux du groupe G2. Les participants du groupe G1 utiliseraient davantage une stratégie de type (T2) « knowledge transforming strategy » ou « stratégie de connaissances transformées » (Bereiter & Scadamalia, 1987). Les participants du groupe G1 qui ont relu le texte explicatif d'aide en arabe produiraient des propositions plus pertinentes que les autres participants du groupe G2. En revanche, les élèves (G2) qui ont lu et relu seulement le texte d'aide en français L2, sans une aide en langue maternelle (L1) tendraient à activer moins de connaissances en rapport avec l'importance du contenu sémantique textuel. Ils produiraient des propositions portant sur les informations issues du contenu de la base de texte. 93 De plus, les participants du groupe G2 utiliseraient lors de la réécriture en L2 une stratégie de type (T1) « knowledge telling strategy » ou « stratégie de connaissances racontées » qui consiste lors de la replanification à « copier » des informations issues du texte en L2 et à les « coller » sans les retraiter et sans les intégrer de façon cohérente au contenu sémantique du 1er jet de leur texte. Nous supposons donc une différence entre les groupes du nombre de propositions ajoutées de type (T2), lors de la réécriture, renvoyant au modèle de situation évoqué par le texte, c'est-à-dire à l'activité inférentielle des élèves. Nous prédisons de la part des élèves du groupe expérimental G1 une production d’inférences supérieure à celle du groupe G2 qui produirait davantage de propositions de type (T1), renvoyant à la surface textuelle et au contenu local du texte. Les élèves du groupe G2 traiteraient donc plus les mots du texte ; c'est-àdire la surface du texte que son contenu sémantique. De ce fait, nous prédisons que les ajouts de type (T2) seront supérieurs à ceux de type (T1), renvoyant au contenu de la base de texte. Nous supposons en effet, que les élèves de niveau N2 produiraient des ajouts similaires à ceux de niveau N1 lors du traitement de leur premier jet. Hypothèse 8. Effet du contexte linguistique des élèves sur l’activité inférentielle en langue étrangère Nous supposons que les textes d'aides proposés en langue maternelle (L1) favoriseraient l'activité inférentielle des élèves. L’hypothèse que nous formulons est que, grâce à l’intervention de la langue maternelle, lors des activités de compréhension et de production en L2, les élèves du groupe G1, contrairement à ceux du groupe G2 vont davantage activer de connaissances stockées en Mémoire à Long Terme (MLT) en cohérence avec les informations véhiculées par le texte et qui vont être récupérées par la Mémoire de Travail à Long Terme (MTLT) au cours de l'activation et la structuration de connaissances en MLT (Eriksson et Kintsch, 1995 ; Kintsch, 1998). La MTLT, en tant que structure responsable de l'activation et de la réorganisation des connaissances en mémoire 94 via la lecture/production permet la construction des connaissances à l’aide de textes. Nous prédisons en effet, que le groupe G1 bénéficiant d'une aide textuelle en langue maternelle (L1) ajouterait plus de propositions de type (T2), renvoyant au modèle mental sous-jacent au texte et moins de propositions de type (T1) renvoyant au contenu de la surface textuelle, que les élèves du groupe G2 bénéficiant de ces textes en langue étrangère (L2). Les participants du groupe G1 vont développer un mode de traitement des informations - en vue de la replanification - différent de celui développé chez les élèves du groupe G2. Le contexte linguistique des élèves leur permet de réactiver en mémoire les informations absentes du contenu textuel. Nous pensons que les connaissances antérieures de l'élève construites dans son contexte linguistique faciliteraient le retraitement sémantique des propositions fournies par le texte. La quatrième série d'hypothèses La quatrième série d'hypothèses est relative aux questionnaires proposés comme aide à la compréhension et à la production de texte explicatif/documentaire en langue L2. Ces questionnaires (initial et final) renvoient, non seulement à la microstructure et à la macrostructure ; c'est-à-dire aux informations explicites de la base de texte, mais aussi au modèle de situation sous-jacent au texte ; c'est-à-dire au contenu implicite textuel. Nous émettons trois hypothèses. Hypothèse 9. Effet des questionnaires sur l'activité inférentielle des élèves Nous supposons que l'activité inférentielle des élèves des groupes G1 et G2 varie en fonction de type de questions (micro/macro vs modèle de situation) proposées comme aide à la compréhension et à la construction de connaissances en langue L2. Ainsi, les questionnaires portant sur le « modèle mental » ou le « modèle de situation » favoriseraient l'activation des connaissances en rapport avec les connaissances antérieures des élèves construites dans leur contexte 95 linguistique et culturel. Nous faisons l'hypothèse que les réponses des élèves du groupe G1 au questionnaire final sur les inférences tendent à produire un nombre de propositions plus important que ceux du groupe G2, vu qu'ils ont déjà bénéficié d'une aide en langue maternelle. Hypothèse 10. Effet des questionnaires sur le type d’information ajoutée (Q1, Q2, Q3) Nous formulons l'hypothèse que les questionnaires d'aide à la compréhension permettraient de produire un nombre important d'ajouts de propositions de type (Q3), renvoyant au modèle de situation évoqué par le texte. Concernant les informations ajoutées par le groupe G2, nous supposons que ces élèves produiront plus d'informations ajoutées de type (Q1, Q2), renvoyant respectivement au niveau micro/macro du texte que de propositions de type (Q3). En revanche, les élèves du groupe G1 produiraient plus d'ajouts de type (Q3) et moins de propositions de type (Q1, Q2). Hypothèse 11. Effet de la langue maternelle sur le nombre et la pertinence des propositions ajoutées au questionnaire final Nous émettons l'hypothèse que l'ensemble des élèves, sans mettre en évidence leur niveau de connaissance en français (L2), produirait un grand nombre de propositions ajoutées très pertinentes au questionnaire final dans le cas où ils ont bénéficié d'aide en langue maternelle (arabe, L1). Nous supposons en effet, que la langue maternelle favoriserait davantage la production d’ajouts de propositions que la langue étrangère (français, L2). 96 En résumé, nous attendons les résultats suivants : Prédictions sur l'effet de la tâche de soulignement Prédiction 1. Effet de la tâche de soulignement sur l'activité de compréhension G1 > G2 pour le nombre et la pertinence des propositions hiérarchisées et sélectionnées (P3, propositions très pertinentes) Prédiction 2. Effet de la tâche de soulignement sur le rappel de textes G1 > G2 pour le nombre de propositions rappelées (micro + macro) G1N1 = G1N2 pour le nombre de propositions ajoutées (T1 + T2, base de texte + modèle de situation) Prédictions sur l'effet du niveau de connaissances des élèves en langue L2 Prédiction 3. Effet du niveau des élèves en français langue étrangère L2 sur le nombre d’informations rappelées lors premier rappel R1 du texte explicatif N1 (G1) > G2 (G1) pour le nombre de propositions produites (T1 + T2, base de texte + modèle de situation) Prédiction 4. Effet des connaissances des élèves en (L1 vs L2) sur l’activité inférentielle en langue étrangère. G1N1 = G1N2 pour le nombre d'inférences ajoutées (T2, propositions renvoyant au modèle de situation) G1 > G2 pour le nombre d'inférences (T2, propositions renvoyant au modèle de situation) au rappel du texte explicatif en français langue étrangère (L2) 97 Prédiction sur l'effet de la langue maternelle (arabe, L1) Prédiction 5. Effet de la langue utilisée lors de la relecture (L1 langue maternelle vs L2 langue étrangère) sur l'activité de replanification L1 (G1) > L2 (G2) pour le nombre et la pertinence des propositions ajoutées lors de la réécriture (T2 + P3, propositions renvoyant au modèle de situation, propositions très pertinentes). Prédiction 6. Effet de la langue maternelle utilisée sur l'activité inférentielle des élèves et sur le niveau de pertinence des propositions produites lors du second rappel. L1 (G1) > L2 (G2) pour le nombre d'inférences (T2) ajoutées au rappel 2 du texte explicatif en langue L2. Prédiction 7. Effet de la langue maternelle utilisée dans les textes d'aide sur le type des propositions ajoutées lors de la réécriture T2 > T1 pour les informations ajoutées au rappel R2 du texte explicatif (knowledge transforming strategy vs knowledge telling strategy) L1 T2 (G1) > L2 T2 (G2) pour le nombre de propositions ajoutées (T2, knowledge transforming strategy). G1N1 = G1N2 pour le nombre de propositions ajoutées (T2 + T1, knowledge transforming strategy + knowledge telling strategy). Prédiction 8. Effet du contexte linguistique des élèves sur l’activité inférentielle en langue étrangère L1 (G1) > L2 (G2) pour le nombre d'inférences (T2, propositions renvoyant au modèle de situation) au rappel R2 du texte explicatif en français langue étrangère (L2). 98 Prédictions sur l'effet des questionnaires Prédiction 9. Effet des questionnaires sur l'activité inférentielle des élèves G1 > G2 pour le nombre d'inférences ajoutées (Q3, propositions renvoyant au modèle de situation) Prédiction 10. Effet des questionnaires sur le type d’information ajoutée (Q1, Q2, Q3) G2 > G1 pour le nombre de propositions ajoutées (Q1, Q2, micro + macro) G1 > G2 pour le nombre de propositions ajoutées (Q3, propositions revoyant au modèle de situation) Prédiction 11. Effet de la langue maternelle sur le nombre et la pertinence des propositions ajoutées au questionnaire final L1 (G1) > L2 (G2) pour le nombre d’informations ajoutées au questionnaire final (Q3, propositions revoyant au modèle de situation) 99 6.4 Méthode 6.4.1 Participants La mise en œuvre de cette expérimentation a nécessité la participation de deux classes de deuxième année secondaire du lycée « Djamel Eddine El Afghani » de la wilaya de Mascara. Les analyses conduites dans cette recherche ont été réalisées à partir des protocoles de 40 élèves. Nous avons proposé à deux groupes d'élèves, deux versions d'un texte explicatif d'aide à la compréhension et à la réécriture en L2. La première en langue L2 (français), la seconde en langue L1 (arabe). Les groupes expérimentaux ont été choisis de façon aléatoire. 20 élèves de la classe 2LL1 ont formé le groupe G1 et 20 élèves de la classe 2LP1 ont composé le groupe G2. Les participants du groupe expérimental G1 bénéficiant d'un texte d'aide en langue maternelle ont été répartis en deux sous-groupes (G1N1 vs G1N2) en fonction de leur niveau de connaissances en français (L2). Les élèves étaient âgés de 15 à 20 ans. 6.4.2 Matériel Le matériel expérimental que nous avons utilisé pour cette expérience est constitué de deux questionnaires de connaissances (initial et final) et d'un texte explicatif dont l'intitulé est : « A propos du réchauffement climatique : des causes et de grandes conséquences » (voir texte annexe II, pp. 152-153) 6.4.3 Procédure expérimentale et consignes Séance n° 1 Cette première séance se déroule en trois temps 1. Dès le début de la séance, nous présentons d'une manière claire et précise l'objectif des activités proposées aux élèves qui vont être menées en trois séances 100 afin de produire des textes explicatifs sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Consigne générale « Vous allez participer à une expérience sur un sujet d'actualité et qui concerne toute la planète. Nous avons choisi ce sujet, car il nous concerne tous et vous en avez tous entendu parlé. Vous avez tous vu des images à la télévision. Le but de cette expérience est de rédiger des textes explicatifs qui expliquent les causes et les conséquences du réchauffement climatique. L'objectif est d'étudier la façon dont nous comprenons les choses, et ainsi d'arriver à écrire des textes explicatifs, compréhensibles, clairs, intéressants et accessibles aux lecteurs. Soyez attentifs durant cette expérience. Nous comptons sur votre précieuse collaboration ». 2. Questionnaire initial À ce stade, nous proposons aux élèves le questionnaire Consigne questionnaire initial « Nous allons vous distribuer un questionnaire qui va vous interroger sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Nous vous demandons de bien le lire, car ensuite vous allez répondre aux questions. Essayez de vous concentrer au maximum pour répondre le plus précisément possible » (Le temps imparti pour répondre au questionnaire initial était de 30 minutes). 3. Lecture initiale d'un texte sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Consigne « Vous avez un texte sous les yeux sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Lisez le bien et en entier. Suivez attentivement ce texte de façon à comprendre son contenu. Vous devez essayer de le comprendre par vous-même autant que possible. Concentrez-vous pour souligner les idées qui 101 vous paraissent importantes ou essentielles » (Le temps imparti pour la lecture du texte explicatif était de 10 minutes). Une semaine plus tard, une première tâche de rappel sur le texte explicatif est proposée Séance n° 2 1. Écriture 1 (Rappel R1) Pour préparer la séance, nous expliquons aux élèves qu'ils vont devoir utiliser toutes les informations qu'ils ont discernées lors de la dernière séance pour écrire un texte sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique.. Consigne « À ce stade, nous vous demandons de rédiger un texte qui explique d'une manière claire et précise les diverses causes du réchauffement climatique et ses conséquences. Donnez suffisamment d’informations et essayez d'être précis de manière à ce que vos rédactions soient claires, simples et faciles à lire. Utilisez les idées que vous avez déjà recueillies la séance passée. Vous devez rendre les textes à la fin de cette séance » (Le temps imparti pour la production du premier jet était de 30 minutes) 2. Lecture d'un texte d'aide sur les causes et les conséquences du réchauffement. Pour cette troisième tâche, nous proposons la relecture d'un texte d'aide en langue française pour le groupe G1 et en langue arabe pour G2. Il y a seulement le facteur de langue qui change. Consigne « Vous allez relire très attentivement un texte qui indique les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Vous le lisez une fois et lentement, car vous êtes appelés à réécrire le texte explicatif en étant le plus précis 102 possible, la semaine prochaine » (Le temps imparti pour la relecture du texte d'aide était de 10 minutes) Une semaine plus tard une deuxième tâche de rappel est proposée sur le texte explicatif. Séance n° 3 1. Réécriture (Rappel R2) Les élèves produisent une seconde version du texte explicatif. Cela implique un retour au texte du rappel R1. La réécriture consiste alors à retravailler le contenu sémantique du texte existant pour l'améliorer, l'enrichir et le clarifier en vue d'apporter plus d'informations. Dès lors, une véritable tâche de réécriture est proposée à la classe. Consigne « Vous allez être invité à relire votre premier texte afin de réécrire un nouveau texte précis et plus détaillé. Essayez à nouveau de réécrire le texte, le plus précisément possible, en étant le plus proche du thème. Essayez de développer vos idées les plus précises pour expliquer les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Rédigez avec soin. Je vous demande d'être le plus précis possible et le plus complet » (Le temps imparti pour la production du second jet était de 30 minutes). 2. Questionnaire final Même questionnaire que le questionnaire initial Consigne questionnaire final « Nous allons vous distribuer le même questionnaire que celui du début de l’expérience et qui va vous interroger encore une fois sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Essayez de vous concentrer au maximum pour répondre aux questions le plus précisément possible » (Le temps imparti pour répondre au questionnaire final était de 30 minutes). 103 6.4.4 Analyse et unités d'analyse (variables dépendantes) Dans le cadre de ce travail, trois premières analyses des données ont été effectuées. La première vise à évaluer l'effet de l'activité de soulignement, et donc d’aide à la hiérarchisation de l’information sur la production du premier rappel du texte explicatif en français L2, en fonction des deux groupes (G1 vs G2) et en fonction du niveau de connaissance en langue L2 du Groupe (G1 : G1N1 vs G1N2). Cette première tâche permet en effet de faire des hypothèses sur l'effet du soulignement sur l'activité de hiérarchisation et de sélection des informations en fonction de leur niveau de pertinence relative, correspondant ainsi au but de l'écriture (production des textes expliquant les causes et les conséquences du réchauffement climatique). Nous analysons les premiers jets (écriture) des élèves d'abord en fonction de leur niveau de pertinence par rapport au texte à produire. Les propositions peuvent être très pertinentes (P3), moyennement pertinentes (P2) ou non pertinentes (P1). Autrement dit, des propositions apportant des informations qui correspondent directement à la consigne donnée, et donc au but de l'écriture (P3), ou peu ou pas pertinentes (P2, P1), c'est-à-dire qu’elles apportent des informations sans une relation directe avec la consigne donnée et le but d’écriture. Ensuite, l’analyse porte sur l’effet du niveau de connaissances en français (L2, langue étrangère) des participants. Plus précisément pour un seul Groupe (G1), afin de tester l'effet du soulignement des informations d'un sous groupe moins bon en L2 (G1N2) sur, non seulement le niveau de compréhension, mais aussi sur le nombre et la pertinence des propositions produites lors des rappels, c’est-à-dire sur l’aspect quantitatif et qualitatif du rappel. La seconde analyse concerne les deuxièmes jets produits lors de la réécriture. Le but est d’évaluer l'effet de la relecture d'un texte d'aide en langue maternelle (L1, arabe) sur la réécriture et le retraitement du premier jet (écriture) en français (L2). Les propositions ajoutées au 1er jet sont analysées selon leur 104 niveau de pertinence (P3, P2, P1) et leur type de traitement (T1, T2). Le traitement des ajouts correspond aux propositions renvoyant soit au contenu sémantique du texte, c’est-à-dire à la base de texte (Kintsch, 1998) (T1, ajouts issus du texte), soit aux connaissances antérieures évoquées par le texte et activées par le lecteur-scripteur (T2, ajouts issus du modèle mental) lors de la réécriture. Les premières (T1) sont des informations qui renvoient à la signification locale et qui ne sont pas nécessaires à l'élaboration de la signification globale du texte (Van Dijk & Kintsch, 1983). Les secondes sont des informations importantes qui servent à intégrer les connaissances du lecteur aux informations issues du texte (Van Dijk & Kintsch, 1983) afin de construire une signification cohérente du contenu textuel. C'est à l'issue du mode d'utilisation des connaissances, lors de la production des textes, variables selon le niveau de développement des compétences rédactionnelles tel qu’il est conçu par Bereiter et Scardamalia (1987), que les premiers ajouts (T1) peuvent être considérés comme compatibles avec « la stratégie des connaissances racontées ou rapportées » (knowledge telling strategy), les second (T2) avec « la stratégie des connaissances transformées » (knowledge transforming strategy). Dans la troisième analyse, nous cherchons à étudier les transformations apportées aux réponses au questionnaire de connaissance final, par rapport à celles du questionnaire initial. Nous comparons donc les réponses à ces deux questionnaires. Les ajouts apportés aux réponses ont été analysés, selon les questions en propositions de types « microstructurelles » (Q1), « macrostructurelles » (Q2), et aux informations renvoyant au « modèle de situation » évoquées par le texte (Q3). Pour répondre à la question Q1, il suffit d'un simple retour au texte proposé. Les ajouts produits font appel au traitement de type « knowledge telling strategy ». En revanche, la réponse aux questions Q2 et Q3 nécessite la mise en œuvre d'un traitement de type « knowledge transforming strategy ». 105 6.5 Présentation des principaux résultats 1er Analyse (A) : Écriture (1er jet) Les données ont été analysées selon le plan d'expérience S < G2 > *P3 dans lequel les lettres S, G, P renvoient respectivement aux facteurs Sujet, Groupe (G1 = lecture avec tâche de soulignement ; G2 = lecture sans tâche de soulignement), Pertinence (P3 = propositions très pertinentes ; P2 = propositions moyennement pertinentes ; P1 = propositions non pertinentes). En tâche de rappel, après une première lecture en L2 (français) suivie d'une tâche de soulignement, le premier résultat qui apparait important est le nombre et la pertinence des propositions rappelées par les élèves et qui varient d'un groupe à l'autre. Le facteur Groupe indique que les participants du Groupe G1 rappellent plus de propositions (23,45) que ceux du groupe G2 (18). Le facteur Pertinence indique que la supériorité des propositions (très) pertinentes rappelées sur les propositions moyennement ou non pertinentes varie selon les groupes L'interaction des facteurs Groupe et Pertinence est manifestée. Elle indique que le groupe G1 a produit lors du premier rappel plus de propositions moyennement pertinentes et très pertinentes (18,75) que de propositions non pertinentes (4,7). En revanche, le groupe G2 à qui, nous n'avons pas demandé de souligner, a rappelé plus de propositions peu et non pertinentes (12,4) que de propositions très pertinentes (5,6) (voir Figure 1). 106 20 18 16 14 12 10 G1 G2 8 6 4 2 0 Très / Moyennement Pertinentes Non pertinentes Figure 1. Niveau de pertinence des propositions selon les groupes Le nombre d'informations très pertinentes du groupe G1 est supérieur à celui du groupe G2 (13,3 vs 5,6). En revanche, nous n'observons pas de différence entre le nombre des propositions moyennement pertinentes chez les élèves des deux groupes (G1 = 5,45 vs G2 = 4,05) (voir Figure 2). 14 12 10 8 G1 6 G2 4 2 0 Très pertinentes Moyennement pertinentes Figure 2. Différence entre les propositions (très pertinentes et moyennement pertinentes) selon les groupes 107 1er Analyse (B) : Écriture (1er jet) Les données ont été analysées selon le plan d'expérience S < G1 *N2 > *P3 dans lequel les lettres S, G, N, P renvoient respectivement aux facteurs Sujet, Groupe (G1 = lecture avec tâche de soulignement), Niveau en L2 (N1 = niveau bon ; N2 = niveau moins bon ou faible), Pertinence (P3 = propositions très pertinentes ; P2 = propositions moyennement pertinentes ; P1 = propositions non pertinentes). Le facteur Niveau de connaissance en L2 est important. En effet, les participants qui ont un bon niveau en L2 (G1N1) soulignent en général davantage les informations importantes renvoyant à chaque information nouvelle fournie par le texte que les élèves moins bons en L2 (G1N2). Le nombre et la pertinence des propositions produites varient dans le même groupe (G1) en fonction du niveau de connaissance en L2 (français). Le nombre de propositions produites par le sous-groupe (G1N1) est supérieur à celui du sous-groupe (G1N2). L'interaction entre les facteurs Groupe et Niveau de connaissances en L2 indique que les élèves d'un bon niveau en langue française (G1N1) produisent plus de propositions (26,6) que ceux d'un niveau moins bon en L2 (G1N2) (17,9). L'interaction des facteurs Groupe, Niveau de connaissance en L2 et Pertinence indique que les participants du groupe (G1N1) rappellent plus de propositions très pertinentes (13,2) que ceux du groupe (G1N2) (6). En revanche, le groupe (G1N2) produit moins de propositions moyennement pertinentes (4,2) que le groupe (G1N1) (8) (voir Figure 3). 108 14 12 10 8 6 G1N1 4 G1N2 2 0 Très pertinentes Moyennement pertinentes Figure 3. Niveau de pertinence des propositions en fonction du niveau de connaissance en L2 selon les groupes 2er analyse : Réécriture (2er jet) La réécriture a été analysée selon le plan d'expérience S < G2 > *P3 *T2 dans lequel les lettres S, G, P, T renvoient respectivement aux facteurs Sujet, Groupe (G1 = groupe ayant bénéficié du texte d'aide en langue arabe ; G2 = groupe ayant bénéficié du texte d'aide en langue française), Pertinence (P3 = propositions ajoutées très pertinentes ; P2 = propositions ajoutées moyennement pertinentes ; P1 = propositions ajoutées non pertinentes), Type d'ajouts (T1 = ajouts issus du contenu du texte ; T2 = ajouts issus du modèle mental). Le facteur Groupe indique globalement que le nombre total d’ajouts varie peu d'un groupe à l'autre (G1 27,15 ; G2 = 25,35). Le facteur Pertinence montre que les élèves produisent plus d'ajouts très pertinents que d'ajouts non pertinents (30,65 vs 19). C'est-à-dire que les informations ajoutées par les deux groupes sont davantage des propositions très pertinentes cohérentes avec l'ensemble du texte, correspondant ainsi à l'objectif de l'écriture que de propositions non pertinentes. 109 Les élèves du groupe G1 produisent plus d'ajouts très pertinents (18,15) que les élèves du groupe G2 (10,6). Le nombre d'ajouts non pertinents du Groupe G2 est supérieur à celui du Groupe G1 (10,5 vs 3,8). En revanche, nous n’observons pas de différences évidentes (sensibles) entre les groupes (G1 vs G2) lors de la production d'ajouts moyennement pertinents (5,2 vs 4,25). L'interaction des facteurs Groupe et Pertinence montre que la supériorité des ajouts très pertinents sur les ajouts moyennement ou non pertinents varie en fonction des groupes (28,75 vs 23,75) (voir Figure 4). 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 G1 G2 Très pertinents Moyennement pertinents Non pertinents Figure 4. Niveau de pertinence d'ajouts en fonction des groupes Les types d'ajouts issus du « modèle mental» sont largement supérieurs à ceux des ajouts issus du « contenu du texte». Le nombre des ajouts produit par l'ensemble des participants et renvoyant au traitement de type «Knowledge 110 transforming strategy» (34,55) est supérieur à celui des ajouts appartenant au contenu textuel «traitement de type Knowledge telling strategy» (18,05). L'interaction des facteurs Groupe et types d'ajouts montre cependant que la différence entre les ajouts de type (T1 vs T2) varie d'un groupe à l'autre. Le nombre d'ajouts issus du « modèle mental» du groupe G1 est supérieur à celui du groupe G2 (21,85 vs 12,7). En revanche, les ajouts issus de la « base de texte» du groupe G2 sont supérieurs à ceux du groupe G1 (12,65 vs 5,3) (voir Figure 5). 25 20 15 G1 10 G2 5 0 Base de texte Modèle mental Figure 5. Différence entre les types d'ajouts (issus de la base de texte vs issus du modèle mental) en fonction des groupes L'interaction des facteurs Pertinence et Types d'ajouts indique que les propositions ajoutées très pertinentes (28,75) – plus nombreuses que les propositions moyennement pertinentes (9,45) – sont plus des informations issues des connaissances des participants (22,65) que des propositions issues du contenu du texte (15,55) (voir Figure 6). 111 25 20 15 BT 10 MM 5 0 Très pertinents Moyennement pertinents Figure 6. Types d'ajouts en fonction du niveau de pertinence des propositions ajoutées La double interaction des facteurs Groupe, Pertinence et types d'ajouts indique que les élèves (G1) qui ont lu le texte d'aide en langue maternelle (L1, arabe) rajoutent plus de propositions très pertinentes et appartenant au modèle mental (13,8) que d'ajouts très pertinents et appartenant à la base de texte (4,35). À l'opposé des élèves du groupe G1 qui ont lu le texte d'aide en langue maternelle (L1, arabe) et rajoutant plus d'informations très pertinentes de type modèle mental (13,8) que de propositions très pertinentes de type base de texte (4,53), les élèves du groupe G2 tendent à rajouter des informations très pertinentes et renvoyant au contenu du texte (9,45) que d'ajouts très pertinents et renvoyant au modèle mental (1,15) (voir Figure. 7). 112 14 12 10 8 G1 L1 6 G2 L2 4 2 0 Base de texte Modèle mental Figure 7. Types d'ajouts (base de texte vs modèle mental) en fonction de la langue utilisée selon les groupes. Les élèves du groupe G1, contrairement à ceux du groupe G2, ajoutent davantage d’informations issues du modèle mental très pertinentes. Le nombre de propositions ajoutées par les participants d'un niveau moins bon en L2 (G1N2) tend à s'approcher lors du rappel 2 du nombre de propositions ajoutées par le groupe d'un bon niveau en L2 (G1N1) (22 vs 25,9). En revanche, il n' y a pas de différence entre les ajouts moyennement ou non pertinents entre les sous-groupes (G1N1 = 9,8 vs G1N2 = 9,4) (voir Figure 8). 113 30 25 20 15 G1N1 10 G1N2 5 0 Très pertinents Moyennement/Non pertinents Figure 8. Niveau de pertinence des ajouts en fonction du niveau de connaissance en L2 selon les groupes 3er analyse : Questionnaires Les réponses aux questions finales ont été analysées selon le plan d'expérience S < G2 > *P3 *Q3 dans lequel la lettre Q renvoie au facteur Questions (Q1 = réponses renvoyant à la microstructure, Q2 = réponses renvoyant à la macrostructure ; Q3 = réponses renvoyant au modèle de situation). Le facteur Groupe indique globalement, qu'il n'y a pas de différence sensible entre le nombre de propositions ajoutées au questionnaire final selon les deux groupes (G1 = 6.533 vs G2 = 7,208). Le facteur Question montre que les participants ajoutent plus d'informations à la question Q1 (9.583) par rapport aux questions Q2 (9,461) et Q3 (8,483). Vu la nuance entre les ajouts, nous ne pouvons pas déterminer le rapport entre les propositions ajoutées et le processus d'activation de connaissances 114 mises en œuvre par les élèves lors des réponses au questionnaire final. C'est pourquoi, nous avons analysé les ajouts en fonction de leur niveau de pertinence. Cette analyse nous permet de constater une différence entre les trois questions proposées : Q1 P3 vs Q2 P3 vs Q3 P3 (6,8 vs 5,275 vs 5,25) Q1 P2 vs Q2 P2 vs Q3 P2 (5,35 vs 4,15 vs 5,175) Q1 P1 vs Q2 P1 vs Q3 P1 (2,225 vs 4,7 vs 4,6) Partons de ces résultats pour avancer que l'interaction des facteurs Groupe et Pertinence indique que les élèves du groupe G1 font plus d'ajouts très pertinents (7,65) que ceux du groupe G2 (3,9). En revanche, le groupe G2 ajoute plus d'informations moyennement et non pertinentes (5,258), contrairement au groupe G1 (2,705) (voir Figure 9). 8 7 6 5 4 G1 3 G2 2 1 0 Très pertinentes Moyennement pertinents Figure 9. Niveau de pertinence des informations ajoutées au questionnaire final selon les groupes L'interaction entre les facteurs Question et Groupe montre que les réponses varient en fonction des questions et des groupes. Pour ce qui est des trois types de questions (Q1, Q2, Q3), les élèves du groupe G1 font plus d'ajouts très pertinents à la question Q3 (8,75) par rapport aux questions Q1 (7,35) et Q2 115 (6,86). Concernant le groupe G2, les informations ajoutées très pertinentes renvoient à la question Q1 (6,25), contrairement aux questions Q2 (3,7) et Q3 (1,75) (voir Figure 10). 9 8 7 6 5 4 G1 3 G2 2 1 0 Q1 Q2 Q3 Figure 10. Propositions ajoutées au questionnaire final en fonction des groupes 116 6.6 Interprétation Nous interprétons à présent les résultats de notre expérience réalisée auprès des lycéens de deuxième année secondaire éprouvant des difficultés lors de la production des textes documentaires/explicatifs en français langue étrangère L2. Cette expérience porte sur l'effet de la langue maternelle (L1) utilisée dans les textes d'aide sur la compréhension et la réécriture d'un texte explicatif en langue étrangère (L2). L'interprétation des résultats sera précédée d'un rappel des principales hypothèses mises à l'épreuve dans cette expérimentation. La première série d'hypothèses concerne l'effet du soulignement comme système d'aide à la hiérarchisation et à la sélection des informations pertinentes via la lecture/compréhension. Aider en effet, les élèves à anticiper en soulignant, dans le texte explicatif proposé en L2 au cours de la lecture, les informations pertinentes semble intéressant pour faciliter la construction de la cohérence globale (une macrostructure) du texte produit au premier rappel (R1). De plus, cette technique d’aide à la hiérarchisation permet aux élèves d’être attentifs aux détails du texte et de pouvoir repérer les propositions importantes et/ou pertinentes lors de l'activité de lecture. Nous formulions l'hypothèse (H.1) que le groupe G1 produirait au cours du premier jet du texte explicatif en L2, un nombre plus important et plus riche en informations de type « micro » et « macro » que les élèves du groupe G2. Cette hypothèse n'est pas validée. Les résultats indiquent que les élèves du groupe G2 (sans tâche de soulignement), ont également rappelé des propositions renvoyant au niveau « micro » et « macro » du texte. La deuxième série d'hypothèses établie correspond à la compréhension et au premier rappel (R1) du texte explicatif, en fonction du niveau de connaissances des élèves en français langue L2 (N1 vs N2, Niveau bon vs Niveau moins bon ou faible). Nous faisions l'hypothèse (H.2) que les élèves de niveau N1 rappelleraient davantage, en français (L2), un nombre plus élevé de propositions que les élèves de niveau N2 lors de la première tâche de rappel (R1). Nous constatons que le 117 facteur « Niveau » de connaissances des élèves en français (L2) marque une importance au cours du traitement du contenu du texte explicatif/documentaire « réchauffement climatique ». L'hypothèse émise sur l'importance du niveau de connaissances des élèves en français langue L2 sur la production d'un nombre pertinent des informations lors du premier jet est validée. Le résultat est compatible avec l’hypothèse que le niveau de connaissances en langue L2 exerce un effet sur le nombre et la pertinence d'informations rappelées au cours de la première tâche de rappel (R1). Donc, les participants d'un bon niveau en langue L2 traitent plus les informations textuelles lors du premier rappel du texte explicatif (R2). Le niveau de connaissances en L2 semble avoir un effet sur le traitement des données du texte explicatif et, par hypothèse, sur l'activité inférentielle. En effet c'est grâce à leur niveau de connaissances en L2 que les élèves peuvent traiter la surface textuelle. Ce facteur peut faciliter ultérieurement (rappel R2) l'ajout de propositions renvoyant à la base de texte (T1). Il faut donc un bon traitement de la surface textuelle pour pouvoir engager un bon traitement sémantique. Néanmoins, ce résultat semble valable plus tard, pour les participants de niveau N2 qui bénéficient d'une aide textuelle en langue maternelle lors de la réécriture en langue L2 en contexte plurilingue. Cela nous permet d'avancer que les connaissances en français sont essentielles, mais elles ne sont pas suffisantes pour traiter le contenu sémantique du texte explicatif. Ainsi, la production d'inférences exige la présence des aides à la compréhension et à la réécriture afin que les élèves puissent récupérer leurs connaissances stockées en mémoire. Suite à ces données, on peut supposer que le traitement sémantique profond du texte explicatif en français ne se base pas sur les connaissances des élèves plus ou moins stabilisées et permanentes en langue L2, c'est pourquoi, nous pouvons conclure que des aides didactiques et pédagogiques à la compréhension et à la production sont indispensables. La troisième série d'hypothèse formulée est relative au recours à la langue maternelle. Précisément, à son effet non seulement sur l'activité inférentielle, mais aussi sur la replanification et le type d'informations ajoutées lors de la réécriture, au premier rappel en français langue L2. 118 Concernant l'effet de l'utilisation de la langue maternelle sur l'activité inférentielle des élèves en contexte plurilingue, nous faisions l'hypothèse (H.3) que les participants qui ont bénéficié d'un texte d'aide en langue maternelle (G1) lors de la relecture, réviseraient et retraiteraient mieux leurs premiers jets (écriture). En revanche, les élèves du groupe G2, à qui nous avons proposé une aide en français langue L2, produiraient lors du deuxième rappel R2, un nombre moins important d'inférence par rapport au groupe G1. Nous supposions que le texte d'aide proposé en langue maternelle L1, favoriserait l'activation des connaissances et donc permettrait une meilleure production des inférences que le texte d'aide en langue étrangère L2. Nous prédisions que les élèves du groupe G1 activeraient les connaissances du monde et produiraient davantage d’informations renvoyant au modèle de situation évoqué par le texte. L'hypothèse (H.3) émise dans ce cadre est validée. Ces données peuvent s'interpréter par le fait que la langue maternelle facilite chez les lecteurs l’extraction des informations implicites du texte, qui sont nécessaires à la compréhension et à la production en langue L2. Ce résultat nous permet de conclure que le texte proposé en arabe (L1) permet davantage aux élèves de comprendre les informations sous-jacentes fournies par le texte. Dans ce cas, l'activité de compréhension du monde évoqué par le contenu du texte permet de mettre en cohérence les informations véhiculées par le texte explicatif en français (L2) avec celles construites dans le contexte linguistique et culturel des élèves et stockées ainsi dans leur mémoire à long terme. Nous constatons que la génération d'inférences apparaît comme une activité liée aux aides textuelles proposées en langue maternelle (L1) qui favorisent davantage l'activation des connaissances évoquées par le contenu textuel. Etant donné que l'aide en L1 vise à développer un modèle mental de la situation décrite par le contenu du texte explicatif, les élèves appréhendent parallèlement la signification des informations de la surface du texte, du contenu sémantique textuel et les informations sous-jacentes évoquées par le texte. Par ailleurs, ils activent davantage leurs connaissances personnelles et générales relatives au domaine abordé. En d'autres termes, la langue maternelle utilisée 119 dans les aides à la replanification et à la réécriture de textes explicatifs/scientifiques en langue L2, favorise l'activation des connaissances construites dans le contexte linguistique et culturel de l'élève correspondant en effet, au domaine évoqué par le texte. Nous pouvons expliquer l'ajout d'un nombre plus élevé de propositions au second rappel (R2), renvoyant aux informations sous-jacentes au texte proposé, exclusivement par l'utilisation de la langue maternelle au cours de la relecture. Ce qui peut permettre une compréhension profonde du texte proposé et une bonne production de rappel en langue L2. Rappelons que les élèves traitent un texte qui est particulièrement difficile, vu le nombre de termes techniques, la concision du lexique et la complexité scientifique des informations. Face à ce type de texte, le recours à la langue maternelle dans des aides semble avoir pour ces élèves un effet important sur le traitement des informations. Notons ainsi que les lecteurs se focalisent globalement sur le lexique employé dans le texte. De telle façon, ils déploient plus de ressources cognitives au cours de l'identification des mots. Cependant, les lacunes linguistiques des élèves sont plus facilement surmontées grâce à l'utilisation de la langue maternelle favorisant ainsi le développement des capacités à activer les inférences nécessaires lors de la compréhension et le retraitement du second rappel (R2). Avec l'aide en langue L1 à la compréhension et à la réécriture en langue L2, le groupe expérimental G1 retraite davantage le contenu sémantique du premier rappel, en ajoutant des propositions de type T2 au cours du second rappel R2, que d'ajouts de type T1 renvoyant aux informations issues de la base de texte. Nous pouvons interpréter ce résultat, en notant que l'aide textuelle en langue L1 lors de la relecture, conduit les élèves à inférer davantage les informations absentes du contenu textuel et à réactiver les informations mémorisées de ce même contenu. Alors que les élèves du groupe G2 produisent moins de propositions renvoyant au modèle mental (T2) que de propositions renvoyant à la base du contenu textuel (T1). Les élèves du groupe G1 produisent beaucoup plus de propositions de type T2 que de propositions de type T1 120 On peut conclure que la langue maternelle facilite l’activation des processus cognitifs intervenant lors de l'activité de compréhension et de production du contenu sémantique explicite et implicite du texte. Selon les résultats obtenus, les élèves bénéficiant d'une relecture en langue maternelle ajoutent davantage de propositions issues de leurs connaissances antérieures. En revanche, les élèves bénéficiant d'une relecture en langue étrangère ajoutent davantage d'informations issues du contenu de la base de texte. Le résultat nous permet de conclure que la langue maternelle favorise l'activité inférentielle chez les élèves. Dans le cadre de l'effet de la langue maternelle utilisée dans les textes d'aide sur le type de propositions ajoutées lors de la réécriture en langue L2, nous formulions l'hypothèse (H.4) selon laquelle les élèves du groupe G1 produiraient lors du retraitement du premier jet un nombre supérieur d'ajouts renvoyant au modèle de situation (T2) et moins de propositions renvoyant à la base de texte (T1). En revanche, les élèves du groupe expérimental G2, ajouteraient un nombre important de propositions portant sur les informations issues du contenu de la base de texte (T1) et moins de propositions portant sur le modèle de situation sous-jacent évoqué par le contenu textuel (T2). Conformément à notre hypothèse et prédiction sur la production en langue L2 (R2) du rappel d'un nombre important d'informations de type T2, nous constatons que le facteur « Type d'ajouts » exerce un effet important lors de la réécriture en français langue L2. Avec la distinction du type d'aide proposées à la compréhension et à la réécriture en L2 (langue maternelle versus langue étrangère) lors de la relecture du texte explicatif, les élèves ajoutent davantage de propositions de type T2. Ce résultat confirme l'effet de l'utilisation de la langue maternelle dans les aides à la replanification en langue L2 sur le type de traitement adopté par les participants au cours de la relecture. L'importance du type d'informations ajoutées par les élèves lors de la réécriture de leur premier rappel, permet de valider l’hypothèse que le groupe expérimental lisant le texte d'aide en langue maternelle ajoute un nombre supérieur d'informations issues du modèle mental, c'est-à-dire que les élèves sont arrivés à activer davantage leurs connaissances antérieures sur le domaine évoqué par le contenu textuel. C'est 121 pourquoi la langue maternelle peut intervenir largement pour faciliter le processus de compréhension et de production en langue L2. Elle représente une préparation immédiate qui favorise l'activation et la mobilisation des connaissances personnelles de l'élève. Nous supposions que le texte d'aide à la replanification proposé en langue arabe au groupe expérimental G1 aurait plus d'effet qu'un texte proposé en langue française pour les élèves du groupe G2 sur la réécriture en français langue L2 de leurs premiers rappels du texte explicatif. Le résultat de l'interaction des facteurs « Groupe * Types d'ajouts » au niveau du second rappel (R2), nous permet de constater que, les élèves du groupe G1 traitent non seulement le niveau de la surface textuel en reformulant les informations du texte avec leurs propres mots, mais aussi le niveau sémantique en ajoutant des informations nouvelles renvoyant à leurs connaissances personnelles activées lors de la relecture du texte d'aide en langue maternelle. Nous pouvons conclure, dans ce cas, que les connaissances stockées dans la mémoire des élèves facilitent le traitement du niveau sémantique du texte explicatif en langue L2. Contrairement aux élèves du groupe G2, ils reproduisent les mêmes mots du texte proposé lors de la relecture en langue L2. Ce groupe garde en mémoire les mots du texte d'aide en français (L2). Cependant les élèves du groupe G1 retraitent le contenu de leurs premiers jets en fonction des informations stockées dans leur mémoire et mise en œuvre au cours de la relecture en langue L1 et de la réécriture en langue L2. Ce sont les stratégies de traitement qui varient en fonction de l'aide textuelle proposée. Lorsque nous avons analysé l'effet de la langue maternelle utilisée dans les textes d'aide à la replanification et à la réécriture en français, la double interaction des facteurs « Groupe * Types d'ajouts et Pertinence » semble exercer un effet lors du traitement du contenu du texte explicatif. Nous faisions l'hypothèse (H.5) que les élèves du groupe G1 bénéficiant d'un texte d'aide en langue maternelle (L1, arabe) rajoutent un nombre plus important de propositions de type T2 et très pertinent que celui du groupe G2. Concernant les ajouts de type T1, nous remarquons que ce type d'informations copiées sans un traitement est largement utilisé par les élèves du groupe G2. Ils sont davantage 122 capables de traiter le niveau de la surface textuelle que le niveau sous-jacent du domaine évoqué par le contenu textuel. Le résultat obtenu indique une différence entre les informations ajoutées par les deux groupes d'élèves. L'utilisation de la langue maternelle renvoie en effet, à des différences de nombre et de type d'informations ajoutées par l'ensemble des deux groupes expérimentaux. Ainsi, nous pouvons constater que l'activité de compréhension et de production du texte explicatif en contexte plurilingue, est fortement liée aux aides proposées lors de la relecture. L'ensemble des élèves des deux groupes produit plus d'ajouts pertinents que d'ajouts non pertinents. Toutefois, le nombre d'informations ajoutées moyennement pertinentes ne varie pas, quel que soit le groupe. En revanche, le nombre d'informations ajoutées au premier jet, renvoyant au modèle mental est supérieur au nombre d'ajouts correspondant à la base de texte. Nous constatons que cette différence est plus importante chez les élèves du groupe G1. Nous observons des différences dans les propositions ajoutées. L'interaction des facteurs « Groupe * Pertinence » montre que la supériorité des ajouts très pertinents sur les ajouts moyennement ou non pertinents varie en fonction des groupes. Les élèves du groupe G1, contrairement à ceux du groupe G2, produisent un nombre plus important d'informations très pertinentes que d'informations moyennement ou non pertinentes. Nous pouvons avancer que la lecture d'un texte d'aide en langue maternelle favorise la réécriture en L2. Les résultats sont compatibles avec l'hypothèse selon laquelle la relecture du texte d'aide en langue maternelle (arabe, L1) favorise le retraitement du premier rappel (R1). Lorsque les élèves réécrivent leur premier texte (R1), les propositions qu'ils ajoutent sont surtout des informations pertinentes et qui correspondent directement au thème abordé « Réchauffement climatique : causes et conséquences ». Nous remarquons que les textes explicatifs produits lors du second rappel (R2) par les élèves du groupe G1 sont retraités et renvoient au modèle de situation. Les informations qu'ils ajoutent sont cohérentes et pertinentes. Le type de propositions ajoutées représente un indice qui nous permet de comprendre les processus cognitifs intervenant au cours de l'activité de 123 retraitement des informations du premier texte produit. Nous remarquons ainsi, une différence de traitement des informations via la langue utilisée dans les aides chez les participants du groupe G1 et G2. Lorsque, le texte d'aide est proposé en langue maternelle (L1, arabe), les participants quel que soit leur niveau en langue étrangère (L2, français) rajoutent plus de propositions (macro et modèle mental). Néanmoins lorsqu'il est présenté en langue L2 (français), les participants tendent à ajouter un nombre moins important de propositions et qui renvoient essentiellement à la base de texte (micro et macro). Concernant l'effet de la langue maternelle sur le type de stratégie utilisée lors de la réécriture du texte explicatif en langue L2, nous émettions l'hypothèse (H.6) que les participants du groupe G1 utiliseraient une stratégie de type (T2) « knowledge transforming strategy » ou « stratégie de connaissances transformées » (Bereiter & Scadamalia, 1987). En revanche, les participants du groupe G2 utiliseraient lors de la réécriture en L2 une stratégie de type (T1) « knowledge telling strategy » ou « stratégie de connaissances racontées » qui consiste lors de la replanification à « copier » des informations issues du texte en L2 et à les « coller » sans les retraiter et sans les intégrer de façon cohérente au contenu sémantique du 1er jet de leurs textes. Si nous supposons que les deux types de propositions ajoutées (T1 vs T2) peuvent résulter de processus de traitement différent, nous constatons que les élèves du groupe G1, bénéficiant d'une aide en langue maternelle, mettent en jeu ces deux types de processus correspondant ainsi à deux stratégies de traitement de l'information (knowledge telling vs knowledge transforming). Cependant, nous remarquons que les élèves du groupe G1 ont développé une stratégie qui relève d'un traitement sémantique ou d'une « stratégie de connaissances transformées » (knowledge transforming strategy). Cette stratégie est plus utilisée dans les seconds rappels (R2) par le groupe expérimental G1. Ce traitement repose essentiellement sur la modification de la base de texte sous forme de propositions renvoyant aux connaissances de l'élève activées par le texte d'aide, mais absentes de son contenu. Ainsi, les élèves du groupe G1 bénéficient d'une meilleure activation de connaissances du fait que les textes d'aide sont en langue maternelle (arabe). Le recours aux connaissances relatives 124 au contexte linguistique des élèves permet de construire un modèle de situation en rapport avec le texte. De ce fait, le modèle de situation facilite l'intégration des informations véhiculées par le texte et les connaissances que l'élève dispose sur le monde. Concernant l'effet du contexte linguistique des élèves sur l’activité inférentielle en langue étrangère, nous faisions l'hypothèse (H.7) que le groupe G1 ajouterait plus de propositions de type T2, renvoyant au modèle mental sousjacent au texte et moins de propositions de type T1 renvoyant au contenu de la surface textuelle. En revanche, les élèves du groupe G2 bénéficiant de ces textes en langue étrangère (L2) produiraient plus de propositions de type T1 et moins de propositions ajoutées de type T2. Nous prédisions en effet, que grâce à l’intervention de la langue arabe lors des activités de compréhension et de production en langue L2, les élèves du groupe G1, contrairement à ceux du groupe G2 activeraient davantage les connaissances stockées en Mémoire à Long Terme (MLT) en cohérence avec les informations véhiculées par le texte. Les résultats indiquent dans l'ensemble que la langue maternelle exerce visiblement un effet sur l'activité de compréhension et sur la production d'informations ajoutées de type T1 et T2 chez les élèves des groupes G1. L'utilisation de la langue L1 a favorisé la production de propositions ajoutées en rapport avec les connaissances liées au contexte linguistique et culturel de l'élève (T2). Nous supposons que les 40 participants ont déjà un bagage linguistique et des compétences disciplinaires en français langue L2 sur le thème abordé, vu que ces deux groupes expérimentaux ont déjà suivi un cours sur « l'effet de serre » lors du deuxième trimestre de l'année scolaire 2007-2008. Nous prédisions que lorsque ces compétences sont associées à la relecture d'un texte d'aide en langue maternelle (arabe, L1) sur « Les causes et les conséquences du réchauffement climatique », ces participants ajouteraient davantage d'informations lors de la réécriture en langue L2, renvoyant à la base de texte et surtout à leurs connaissances personnelles. Précisément, nous prédisions qu'il n' y aurait pas de différence sensible entre les élèves de bon niveau (N1) et de niveau moins bon en 125 langue L2 (N2) lors de la production du second rappel (R2) vu qu'ils ont bénéficié du même texte d'aide. Les résultats obtenus au cours des analyses valident ainsi cette hypothèse. Nous constatons que, le nombre de propositions ajoutées par les participants d'un niveau moins bon en L2 (G1N2, 10/20) tend à s'approcher lors du rappel (R2) du nombre de propositions ajoutées par le groupe d'un niveau bon en L2 (G1N1, 10/20). De ce fait, grâce à l'aide proposée en langue maternelle, les élèves du groupe G1 bons et moins bons infèrent des connaissances antérieures construites en général dans leur contexte linguistique et culturel. Les élèves de niveau moins bon en langue L2, à qui nous avons proposé également de relire le texte d'aide en langue maternelle, font un nombre similaire d'inférences lors de la réécriture et ajoutent par conséquent de propositions très pertinentes. Ainsi le texte proposé lors de la relecture en langue L1 a produit un effet positif sur l'activité inférentielle et le rappel d'ajouts, permettant ainsi aux élèves de niveau N2 de produire un second rappel (R2) en langue L2 plus riche en propositions renvoyant au modèle de situation du texte explicatif. Les résultats obtenus nous permettent de constater que les participants de niveau N2 infèrent également leurs connaissances antérieures construites en langue maternelle. Enfin la quatrième série d'hypothèse est relative aux questionnaires de connaissances en tant qu'aides à la compréhension et au traitement des textes explicatifs/documentaires en français langue L2. L'ensemble des questions d'aide à la compréhension de type micro (Q1), macro (Q2) et modèle de situation (Q3) peut faciliter la construction des connaissances en langue L2 dans un contexte d'apprentissage plurilingue. Concernant l'effet des questionnaires sur l'activité inférentielle des élèves, nous formulions l'hypothèse (H.8) que les participants du groupe expérimental G1 ajouteraient un nombre supérieur de réponses au cours du questionnaire final, que les participants du groupe G2. Notre hypothèse n'est pas validée. Les résultats obtenus nous indiquent qu'il n'y a pas de différence sensible entre le nombre de propositions ajoutées au questionnaire final selon les deux groupes. Pour ce qui est des trois types de questions (Q1, Q2, Q3), les élèves du groupe G1 ajouteraient plus d'informations très pertinentes à la question Q3 par 126 rapport aux questions Q1 et Q2. Concernant les élèves du groupe G2, les informations ajoutées très pertinentes renvoient à la question Q1, contrairement aux questions Q2 et Q3. Nous constatons que l'interaction des facteurs « Groupe * Pertinence » indique que les élèves du groupe G1 font plus d'ajouts très pertinents que ceux du groupe G2. En revanche, les participants du groupe G2 ajoutent plus d'informations moyennement et non pertinentes, contrairement à ceux du groupe G1. Concernant l'effet de la langue maternelle sur le nombre et la pertinence des propositions ajoutées au questionnaire final. Nous faisions l'hypothèse (H.9) que l'ensemble des élèves, sans mettre en évidence leur niveau de connaissance en français (L2), produirait un grand nombre de propositions ajoutées très pertinentes au questionnaire final dans la mesure où ils ont bénéficié d'une aide en langue maternelle (arabe, L1). Les résultats montrent que les élèves bénéficiant auparavant d'une aide en langue L1 produiront plus d'ajouts renvoyant au modèle de situation (Q3) et moins de propositions renvoyant au niveau micro et macro du texte (Q1 et Q2). Nous constatons que les questions d'aide portant sur le « modèle de situation » favorisent l'activation des connaissances en rapport avec les connaissances antérieures des élèves construites dans leur langue maternelle et activées par le texte d'aide. De même, ce texte d'aide proposé en langue L1 à la réécriture en français permet l'ajout d'un nombre important de propositions lors du questionnaire final, nous pensons que les élèves du groupe G1 traiteraient efficacement les six questions proposées. Ces questions ont permis aux élèves de traiter profondément le contenu du texte explicatif lors des tâches de rappels (R1 et R2). Les questionnaires (initial et final) facilitent chez les participants le traitement des propositions au niveau syntaxique et sémantique, mais aussi l'activation des connaissances construites dans leur langue d'origine (L1, arabe). C'est en générant via les inférences que les élèves peuvent rappeler plus d'informations pertinentes lors des rappels. Notre interprétation consiste à avancer que les questions proposées aux participants renvoyant au modèle de situation évoqué par le texte favoriseraient la production des inférences et par conséquent l'ajout d'un nombre important de propositions. 127 Nous constatons également à travers l’analyse de l’effet du facteur « Groupe », un nombre similaire d'ajouts lors du questionnaire final entre les deux sous-groupes expérimentaux d'un niveau de connaissances bon (N1) et moins bon ou faible (N2) en français (L2). Rappelons encore qu'ils ont bénéficié préalablement du même texte d'aide en langue maternelle (L1). De ce fait, nous ne remarquons pas une différence entre le nombre d'informations ajoutées aux réponses des élèves du premier sous-groupe G1N1 par rapport à celui des élèves du second sous-groupe G1N2. C'est-à-dire qu’il ne semble pas y avoir de différence du nombre d'informations ajoutées entre les sous-groupes en fonction des trois types de questions proposées (micro, macro et modèle de situation) et de leur niveau de connaissances en langue L2. Pour conclure, nous pouvons avancer que, dans le cadre de l'utilisation de la langue maternelle lors de la compréhension et la réécriture des textes explicatifs/scientifiques en français langue L2, en contexte plurilingue, l'ensemble des résultats sur l’effet de l’aide de la langue maternelle montrent que bénéficier d'une aide en langue L1 favorise une compréhension profonde du contenu du texte en L2, et une fois de plus, une réécriture en langue L2 (français) riche en informations très pertinentes. Ce type d'aide permet d'améliorer les premiers rappels du texte explicatif et les réponses au questionnaire final. Ainsi, la mise en cohérence des informations textuelles avec les connaissances construites dans la langue maternelle des élèves est particulièrement liée aux types d'aides proposés. Nos résultats renforcent donc ceux obtenus par des travaux antérieurs sur la compréhension et la production de texte conduits en contexte plurilingue (Legros, Maître de Pembroke & Makhlouf, 2003 ; Hoareau, Legros, Gabsi, Makhlouf & Khebbeb, 2006 ; Boudechiche & Legros, 2007) qui témoignent d’un effet de la langue maternelle des apprenants sur la compréhension des textes explicatifs en langue L2. 128 6.7 Discussion et conclusion Cette recherche conduite avec des élèves de deuxième année de cours secondaire, âgés de 15 à 20 ans s’inscrit dans un paradigme en émergence qui vise à recueillir des données dans des contextes linguistiques divers et à élaborer de façon interdisciplinaire un modèle intégrateur de référence (Legros, Hoareau, Boudechiche, Makhlouf & Gabsi, 2007). Nous présentons une recherche qui a pour objectif d'étudier l'effet de l'utilisation de la langue maternelle (L1), lors de la relecture d’un texte explicatif proposé aux élèves en français langue étrangère (L2), sur la réécriture du rappel d’un texte et par hypothèse sur la compréhension. Précisons que les résultats ont été recueillis dans le cas des élèves éprouvant des difficultés de compréhension et de production d'écrits documentaires en langue L2. Notre recherche a mis en évidence l'importance de la démarche didactique consistant à aider les élèves à comprendre et à réécrire des textes explicatifs pertinents et cohérents, en leur fournissant des aides en langue maternelle. Les résultats nous permettent d’étudier l'effet de la réactivation des connaissances antérieures construites dans le contexte linguistique et culturel de l'élève sur la compréhension et plus précisément sur la production des inférences nécessaires à la compréhension. Les résultats sont compatibles avec l’hypothèse selon laquelle le recours à la langue d'origine des élèves (arabes, L1) facilite la réactivation et la récupération des connaissances en mémoire et favorise ainsi le rappel en langue étrangère L2 (Hoareau & Legros, 2005 ; 2006 ; 2008). Notre démarche a permis de tester l'effet du contexte linguistique et culturel des participants sur les processus d'activation de connaissances stockées en mémoire à long terme lors de l'activité de compréhension et de rappels de textes explicatifs en langue L2 et par hypothèse sur l'apprentissage en français langue étrangère. Les résultats de notre recherche valident nos principales hypothèses. Ils montrent en effet que les propositions ajoutées lors du second rappel (réécriture du premier jet) renvoient davantage au modèle de situation (Van Dijk & Kintsch, 1983) sous-jacent au texte, et contribuent à maintenir la cohérence du contenu sémantique du texte. Cette recherche permet d'identifier les types de stratégies dans lesquelles s’engagent les élèves et ainsi de contribuer à la 129 mise en œuvre d’une didactique de la compréhension de texte en L2 en contexte plurilingue. C'est en fonction de l'activité inférentielle que nous avons traité les niveaux de compréhension du texte : base de texte (micro/macro) et modèle de situation (ajouts de type T1 et T2). Les productions des élèves ont été analysées en fonction du contenu sémantique du texte rappelé et par hypothèse compris afin d'identifier les types de stratégies dans lesquelles s'étaient engagés les élèves des deux groupes G1 et G2. Les deux groupes d'élèves ont mis en œuvre deux stratégies rédactionnelles d'activation de processus implicites qui se rapprochent de la stratégie dite « stratégie des connaissances transformées » (knowledge transforming strategy) ou la stratégie dite « stratégie des connaissances racontées ou rapportées » (knowledge telling strategy) (Bereiter & Scardamalia, 1987). Il ressort qu'en fonction de la pertinence et du type d'informations rappelées ou ajoutées, nous reconnaissons la qualité du traitement inférentiel des informations. Cela nous conduit à faire l'hypothèse que la relecture en langue maternelle exerce un effet non seulement sur la compréhension de textes explicatifs/scientifiques, mais aussi le rappel des propositions pertinentes correspondant au but final de la réécriture en français langue L2. De plus, elle favorise l'activation de connaissances renvoyant au modèle de situation, et donc aux informations sousjacentes évoquées par le contenu textuel. Il est important d'avancer que l'utilisation de la langue maternelle dans des aides textuelles facilite le traitement inférentiel des informations. Cette activité inférentielle résulte de la capacité de la Mémoire de Travail à Long Terme (MTLT). En effet, la théorie de la MTLT permet d'évaluer l'effet de la culture du lecteur sur l'activation de ses connaissances stockées en Mémoire à Long Terme (MLT), lors de l'activité de compréhension et de rappel en langue L1 vs L2 (Hoareau, 2005). Pour plus d'illustration, nous citons les travaux de Hoareau et Legros (2006) qui ont réanalysé les données de l'étude conduite par Gabsi (2004) à partir du modèle de Construction-Intégration de Kintsch (1988 ; 1998). Ces auteurs ont mis en évidence le rôle de la Mémoire de Travail à Long Terme (MTLT) d'Erickson & Kintsch (1995) dans l'activation de connaissances. Ils ont 130 montré que lorsque le sujet possède des connaissances sur le domaine évoqué par le texte, et notamment lorsque ces connaissances construites dans la langue maternelle sont activées, les structures de rappel élaborées et/ou activées permettent un fonctionnement optimal de la MTLT et donc une meilleure compréhension et une meilleure production de textes. Ils concluent que la langue avait un effet sur la qualité du traitement inférentiel qui dépend de la qualité de fonctionnement des structures de rappels de la MTLT. La compréhension et le rappel des textes documentaires/explicatifs présentent des obstacles si les connaissances de l'élève sur le domaine évoqué par le texte sont absentes ou moins disponibles, ce qui rend difficile l'activité inférentielle. Dans ce cas, le traitement de la surface linguistique du texte ne peut pas être efficace, et l’aide unique à ce type de traitement ne suffit pas. Le lecteur doit être capable d’inférer les informations manquantes afin de construire une base de texte cohérente (localement et globalement). Il est donc nécessaire pour les élèves de mettre en œuvre leurs connaissances. En effet, pour traiter les informations du texte, l'élève est appelé à combiner les propositions fournies par le texte, les informations contextuelles et ses connaissances antérieures. Ces informations aident à élaborer une représentation cohérente du texte. Il en résulte qu'en contexte plurilingue et pluriculturel, la compréhension et le rappel de textes prennent en compte les connaissances liées au contexte culturel du sujet. Les connaissances améliorent la qualité du texte produit et permettent une meilleure réécriture en langue L2. Les données sur le rôle du contexte linguistique et culturel de l'élève dans la compréhension et la réécriture de textes en langue L2, nous permettent de mesurer l'effet de la langue maternelle du lecteur et de son importance dans les activités d'apprentissage/enseignement. L'ensemble des recherches expérimentales (Hoareau & Legros, 2005 ; 2006 ; 2008 ; Boudechiche & Legros, 2007a) liées aux modèles de compréhension et de rappel en langue étrangère L2 envisage ainsi de concevoir une didactique cognitive de l'apprentissage/ enseignement en milieu plurilingue et pluriculturel. 131 En résumé Dans le sixième chapitre, nous avons exposé notre recherche dans le but de rendre compte d'un côté, de l'effet des questionnaires sur le (re)traitement de l'information textuelle, d’un autre côté, de l'effet de l'utilisation de la langue maternelle (L1, arabe) dans des aides à la compréhension et à la réécriture de textes explicatifs/documentaires en langue étrangère (L2, français). Ces effets ont été analysés à partir des données recueillies à la suite d'un travail mené auprès de 40 lycéens du même niveau scolaire. Dans ce chapitre, nous nous sommes appuyés sur quelques travaux portant sur le rôle de la langue maternelle au cours de la compréhension et la production de textes scientifiques en langue seconde et étrangère. Une place importance a été consacrée à l'analyse et à l'interprétation des résultats de l'expérimentation. Nous avons également proposé une discussion des résultats obtenus. 132 CONCLUSION GÉNÉRALE : BILAN ET PERSPECTIVES Les résultats de cette recherche sur l'effet de la relecture d'un texte d'aide en L1 sur la compréhension et la production d'un texte explicatif en L2 en contexte plurilingue, nous ont permis de faire des avancées sur l'appréhension du rôle de la langue maternelle (arabe, L1), lors de l'activité de compréhension et au cours de la réécriture du rappel de texte explicatif/documentaire en langue étrangère (L2, français). En effet, le contexte linguistique et culturel des élèves, qui rendait compte des processus d'activation des connaissances stockées en Mémoire à Long Terme (MLT), montre particulièrement que le recours à la langue maternelle (L1) des élèves exerce un effet sur la qualité des informations ajoutées en langue L2. Les effets que nous avons constatés sur l'utilisation des aides textuelles en langue arabe L1, apportent des éléments exploitables relatifs à la phase d'activation des connaissances et au type de stratégies adoptées par l'ensemble des élèves. Ces effets indiquent que relire un texte d'aide en langue maternelle (L1) influence les mécanismes cognitifs impliqués au cours du traitement inférentiel des informations textuelles et du retraitement de la première production du texte explicatif en langue L2. Dans cette perspective, nous avançons que la langue maternelle facilite la production d'inférences que le lecteur produit pour ajouter des éléments d’informations complémentaires à ceux présentés dans le texte. Ce qui permet d'établir une interaction entre les informations du texte et les connaissances activées en lien avec le sujet abordé par le texte d'aide. Ce travail, qui étudie et analyse l'effet de l'aide en langue L1 montre que ce type d'aide favorise la construction de nouvelles connaissances linguistiques et thématiques en langue L2. La prise en compte du contexte linguistique et culturel de l'élève est donc essentielle pour activer les connaissances construites en L1, conformément aux données antérieures de l’élève (Hoareau & Legros, 2005 ; 2006 ; 2008). À partir de ces conceptions, il est important de souligner encore une fois, que la langue d'origine des élèves développe les capacités à générer des inférences de qualités lors du traitement du contenu textuel. 133 Les aides que nous avons proposées à la réécriture de texte explicatif en langue L2 ont montré que la lecture de texte d’aide en L1 facilite la réactivation des connaissances construites en langue L1 et donc favorise lors de la relecture du premier jet du texte produit en L2 la replanification et la révision/réécriture du texte explicatif/documentaire. Les résultats de l’analyse des ajouts d’informations produits lors de la réécriture ont montré que les élèves (G1) qui ont lu le texte d’aide en langue maternelle produisent des ajouts plus pertinents et relevant d’un retraitement sémantique, alors que les élèves (G2) qui ont lu le texte d’aide en langue L2 se contentent le plus souvent de reproduire dans leurs ajouts des informations issues du texte d’aide sans tenir compte de la pertinence de ces informations par rapport au contenu du premier rappel du texte écrit (Legros & Gabsi, 2004 ; Legros, Makhlouf, Gabsi, Hoareau, 2006 ; Makhlouf, Legros, Marin, Lecompte, Makhlouf & Friscera, 2005). L'un des résultats se rapporte à l'ajout de propositions de type T1 (base de texte) et T2 (modèle de situation), lors de la réécriture du premier rappel du texte explicatif en langue L2. L'observation de ces résultats permet de constater que la relecture en langue maternelle exerce un effet sur le type de stratégie rédactionnelle utilisé pour l'activation des connaissances sous-jacentes évoqué par le texte. Il ressort qu'en fonction de la pertinence et du type d'informations ajoutées, nous reconnaissons les deux types de stratégies de connaissances utilisées par les deux groupes d'élèves. Cela nous conduit à préciser que la stratégie dite « stratégie des connaissances transformées » (knowledge transforming strategy) est favorisée par le recours à la langue arabe (L1). En revanche, la relecture en langue L2, a facilité seulement l'utilisation de la stratégie dite « stratégie des connaissances racontées ou rapportées » (knowledge telling strategy) (Bereiter & Scardamalia, 1987). L'analyse des informations ajoutées au premier jet du texte explicatif en français L2 - ajouts de propositions renvoyant au contenu explicite du texte (T1) ou ajouts renvoyant aux informations implicites activées par l'élève (T2) - varie en fonction de la langue utilisée dans les textes d'aides. Les élèves du groupe G1 134 à qui nous avons proposé de relire le texte d'aide documentaire en langue maternelle (L1), ajoutent davantage, lors du second rappel (réécriture), des propositions issues du modèle mental sous-jacent au contenu textuel (T2). En revanche, les élèves du groupe G2 à qui la relecture est proposée en français langue étrangère (L2), produisent davantage d'ajouts fournis par le contenu explicite du texte (T1). Par ailleurs, les résultats du questionnaire final ayant montré des effets sur l'ajout d'informations de type (Q3, modèle de situation) que d'ajouts de type (Q1/Q2, micro/macro) vu l'aide bénéficiée préalablement en langue maternelle pour les élèves du groupe G1. Ils indiquent une différence de traitement au niveau du type de propositions ajoutées. Dans l'ensemble, ces données nous conduisent à supposer que bénéficier d'aides en langue L1 favorise, d'une part, une compréhension profonde du contenu du texte en L2, et d'autre part, une mise en mot d'informations pertinentes lors de la réécriture et lors des réponses à des questionnaires de connaissances. Toutefois, cette recherche présente un certain nombre de limites, si nous considérons que le recueil de données n'était pas en totalité contrôlé. De plus, les procédures expérimentales mises en œuvre lors de l'analyse de l'activité de compréhension et de production de textes explicatifs/documentaires en français langue étrangère L2 devront être révisées et affinées. Les analyses des productions des élèves demeurent donc partielles, étant donné que notre but était de mettre en évidence l'effet de l'utilisation de la langue maternelle dans des aides textuelles à la compréhension et à la production en langue L2 en contexte plurilingue. Le défi que doit relever la recherche sur l'enseignement/apprentissage en contexte plurilingue et pluriculturel est de préparer les élèves et les enseignants à la mondialisation de la formation. Ceci présuppose en effet d'accepter de se former à la connaissance et à la pratique de sa propre culture et de la culture de l'autre. Toutefois, le recours à la langue L1 lors de l'apprentissage « potentialise » les acquisitions. C'est ainsi que nous pouvons parler en parallèle d'une décentration permettant de prendre en compte des contextes linguistiques et 135 culturels sur une base de connaissances diversifiée et d'ouvrir de nouvelles perspectives à la recherche. La mondialisation de la formation augmente la rapidité, le dynamisme et l'importance de la recherche. Bien plus, elle est essentielle pour accéder au bassin mondial des connaissances. Or nous retrouvons des étudiants diplômés et des chercheurs hautement qualifiés, flexibles du point de vue culturel et qui sont capables de tenir compte dans le cadre de leurs travaux de la nature indépendante du monde intellectuel et culturel. La construction des connaissances à l'école en situation plurilingue et pluriculturelle nécessite le développement d'une didactique cognitive qui ouvre des perspectives nouvelles et particulièrement fécondes sur la compréhension des mécanismes d'acquisition et d'apprentissage des langues. À partir des situations de classes et de pratiques réelles ou expérimentales, la didactique basée sur des fondements cognitifs se propose d'être attentive aux méthodologies d'analyse en vue d'obtenir des résultats observables sur un des paramètres de la situation didactique définis au préalable (notion de variable). De cette façon, l’élève est appréhendé dans sa dimension cognitive. Il sera intéressant et nécessaire d'étudier la compréhension et la production à l'ère du numérique. Les travaux menés sur le rôle des nouvelles technologies dans ces activités engendrent un rapprochement des disciplines (Legros, Maître de Pembroke & Talbi, 2002). C'est pourquoi, le contexte numérique met en usage des outils cognitifs internes (la langue, l'écriture et les textes) et des outils externes (NTIC, Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) lors du processus de lecture, de compréhension, de production de textes et de construction de connaissances (Hoareau, Legros, Boudechiche, Makhlouf & Gabsi, 2007). Ces outils cognitifs internes placent l'analyse linguistique et le contexte culturel au cœur de toute démarche en didactique cognitive, mais aussi des outils externes (NTIC). Les NTIC mettent en pratique des éléments d’analyse permettant de modifier la façon d'apprendre et d'enseigner les activités de compréhension et de production d'écrits en langue L2. Elles imposent de prendre en compte les caractéristiques culturelles et linguistiques de l'apprenant. Elles 136 favorisent, en classe, la mise en œuvre de nouvelles situations d'apprentissage qui permettent d'enrichir et d'améliorer les activités de co-compréhension, de coécriture et de co-apprentissage à distance. Pour qu'une didactique de la compréhension et de la production de textes en contexte plurilingue et pluriculturel soit effectivement féconde, elle doit décrire les processus cognitifs des systèmes de connaissances/croyances des différents élèves. Perspectives pour la recherche Nous poursuivrons nos recherches sur l’étude des mouvements oculaires en temps réel (on line) des rédacteurs au cours de la réécriture d’un texte scientifique en français langue étrangère (L2) en milieu universitaire. Précisément, il s'agit d'analyser les pauses et les débits de réflexion au moment où le scripteur planifie le contenu de son document écrit. Dans ce cas, comment cette capacité à lire et à réécrire peut-elle être observée et analysée ? Les données recueillies sur ces activités (stylo électronique vs techniques oculométriques), permettent de comprendre les transformations et les effets sur le traitement et sur l’apprentissage (Baccino, 2004). Par ailleurs, les mouvements oculaires du scripteur peuvent refléter les processus cognitifs mis en œuvre lors de l'activité de lecture/compréhension ou de lecture/production. Cependant, nous utiliserons le stylo électronique, d'une part comme un moyen d'observation et d'enregistrement des pauses et des débits, traces de l'activité rédactionnelle, et d'autre part comme un procédé de vérification des mécanismes cognitifs mis en jeu par le rédacteur dans la construction du sens et de connaissances. Il est nécessaire d'avancer que ces objectifs dépendent essentiellement du type de texte proposé à la lecture. Ainsi, l'identification de la nature des informations regardées pendant l'écriture fournit aux chercheurs des explications importantes sur le déroulement des stratégies impliquées dans la production. En effet, l'analyse des modifications des processus de la production verbale devrait avoir des effets sur la gestion et les rythmes de la production. 137 Du point de vue de l'utilisation des NTIC et la prise en compte des processus cognitifs dans des situations d'enseignement/apprentissage en français langue étrangère (L2), ces recherches récentes sur l'étude de la gestion on line de la production verbale à l'aide du stylo électronique constitueront donc le cadre général d'une recherche ultérieure. 138 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Alamargot, D., & Chanquoy, L. (2002). Les modèles de rédaction de textes. In M. Fayol (Ed.), Production du langage (pp. 45-65). Paris : Hermès Science Publications. Ammari A. L., & Legros, D. (2007). 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Quels sont les gestes au quotidien qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique ? 6. Comment la température du climat peut-elle augmenter ? 151 Annexe II Texte d'aide en langue française (L2) « A propos du réchauffement climatique : des causes et de grandes conséquences » Il est pratiquement certain que les causes du réchauffement sont attribuables essentiellement à l'activité humaine : industrie, agriculture, transports, commerce, chauffage…et en particulier à ses consommations d'énergie ou les émissions d'autres gaz. Le principal gaz à effet de serre est le dioxyde de carbone, ou CO2, ou gaz carbonique. Lorsque nous utilisons des énergies fossiles, telles que le charbon, le pétrole ou le gaz, nous brûlons du carbone, ajoutant ainsi du CO2 à l'air : environ 20 milliards de tonnes par an dans le monde. Ainsi, depuis 1850, la centration des gaz à effet de serre a augmenté. Notre couette s'est épaissie: au lieu de nous protéger du froid, elle commence à nous donner trop chaud. C'est pourquoi la lutte contre le changement climatique engage tous les niveaux de responsabilité. Le réchauffement climatique, également appelé réchauffement planétaire est un phénomène brutal. Il pourrait entraîner des dommages importants, tant pour les écosystèmes de notre environnement naturel que pour l'humanité. La fonte des neiges et des glaciers et le réchauffement des océans pourraient entraîner une élévation du niveau des mers, que les hypothèses moyennes évaluent à 50 cm, menaçant 92 millions de personnes vivant dans les zones côtières. Par ailleurs, l'accentuation des "événements climatiques extrêmes" (sécheresses, inondations, raz de marrée violent, cyclones, pluies torrentielles, canicules) peut s'accroître dans certaines régions de la planète. En outre, une disparition est à prévoir de certaines espèces animales, et aussi un changement de comportement migratoire chez les oiseaux et les poissons. Le réchauffement climatique qui engendre une baisse des rendements de récoltes pourrait conduire également à des situations de famine. Or, les risques pourraient menacer les ressources d'eau douce surtout dans la plupart des régions sèches tropicales et subtropicales. Il est très probable (de 90 à 99 % de probabilité) que ce phénomène provoquera une élévation particulière des 152 températures nocturnes. C'est ainsi que les vagues de chaleur (augmentation des températures) seront intenses et plus longues: on prévoit donc un accroissement consécutif des maladies cardio-vasculaires ; indirectement, un certain nombre de maladies se transmettront plus facilement (paludisme, dengue, fièvre jaune, encéphalites). Le réchauffement climatique implique tous les aspects de la vie humaine et, plus particulièrement, nos modes de production et d'utilisation de l'énergie. 153 Annexe III )Texte d'aide traduit en langue arabe (L1 ﻓﻴﻤﺎ ﳜﺺ ﺍﻻﺣﺘﺒﺎﺱ ﺍﳊﺮﺍﺭﻱ -ﺍﻹﺳﺘﺪﻓﺎﺀ ﺍﳌﻨﺎﺧﻲ -ﺍﻷﺳﺒﺎﺏ ﻭ ﺍﻟﻨﺘﺎﺋﺞ ﺍﻟﻜﺒﲑﺓ ﻟﻘﺪ ﺛﺒﺖ ﻭ ﺑﺎﻟﺘﺄﻛﻴﺪ ﺃﻥ ﺃﺳﺒﺎﺏ ﺍﻻﺣﺘﺒﺎﺱ ﺍﳊﺮﺍﺭﻱ ﺗﻨﺴﺐ ﰲ ﺟﻮﻫﺮﻫﺎ ﺇﱃ ﺍﻟﻨﺸﺎﻁ ﺍﻹﻧﺴﺎﱐ: ﺯﺭﺍﻋﺔ -ﺻﻨﺎﻋﺔ -ﻧﻘﻞ -ﲡﺎﺭﺓ -ﺃﻓﺮﺍﻥ ﻭ ﺑﺎﳋﺼﻮﺹ ﺇﱃ ﻋﻤﻠﻴﺎﺕ ﺍﺳﺘﱰﺍﻑ ﺍﻟﻄﺎﻗﺔ ﺃﻭ ﺍﻧﺒﻌﺎﺙ ﻏﺎﺯﺍﺕ ﺃﺧﺮﻯ ﺍﻟﻐﺎﺯ ﺍﻟﻄﺒﻴﻌﻲ ﺫﺍ ﺍﳌﻔﻌﻮﻝ ﺍﻟﺪﺍﻓﺊ ﻫﻮ ﺛﺎﱐ ﺃﻛﺴﻴﺪ ﺍﻟﻜﺮﺑﻮﻥ ﺃﻭ - CO2-ﺃﻭ ﺍﻟﻐﺎﺯ ﺍﻟﻜﺮﺑـﻮﱐ .ﻓﻌﻨﺪﻣﺎ ﻧﺴﺘﻌﻤﻞ ﻫﺬﻩ ﺍﻟﻄﺎﻗﺎﺕ ﺍﳌﺘﺤﺠﺮﺓ ﺍﻟﻜﺮﺑﻮﻧﻴﺔ ﻣﺜﻞ ﺍﻟﻔﺤﻢ ﻭ ﺍﻟﺒﺘﺮﻭﻝ ﺃﻭ ﺍﻟﻐﺎﺯ ,ﻓﺈﻧﻨـﺎ ﻧﻘـﻮﻡ ﺑﺈﺷﻌﺎﻝ ﺍﻟﻜﺮﺑﻮﻥ ,ﻭ ﺑﺎﻟﺘﺎﱄ ﺗﺰﻳﺪ ﻭ ﺗﻀﺎﻋﻒ ﻧﺴﺒﺔ CO2ﰲ ﺍﳍﻮﺍﺀ,ﺣﻮﺍﱄ 20ﻣﻠﻴﺎﺭ ﻃﻦ ﺳـﻨﻮﻳﺎ ﰲ ﺍﻟﻌﺎﱂ .ﻫﺬﺍ ﻭ ﻣﻨﺬ ﺳﻨﺔ 1850ﻓﺈﻥ ﺍﻹﻓﺮﺍﻁ ﰲ ﺍﻟﻐﺎﺯﺍﺕ ﺫﺍﺕ ﺍﳌﻔﻌﻮﻝ ﺍﻟﺪﺍﻓﺊ ﻗﺪ ﺍﺭﺗﻔﻌﺖ .ﻓﺎﻟﻐﻼﻑ ﺷﻬﺪ ﲰﻜﺎ ﻭ ﻛﺜﺎﻓﺔ ﻓﺒﺪﻻ ﻣﻦ ﺃﻥ ﳛﻤﻴﻨﺎ ﻣﻦ ﺍﻟﱪﻭﺩﺓ ،ﻓﻘﺪ ﺑﺪﺃﺕ ﰲ ﺇﻋﻄﺎﺋﻨﺎ ﺣﺮﺍﺭﺓ ﺷﺪﻳﺪﺓ .ﻟﺬﻟﻚ ﻭ ﳍﺬﻩ ﺍﻷﺳﺒﺎﺏ ,ﻓﺈﻥ ﺍﻟﺘﺼﺪﻱ ﻭ ﻣﻘﺎﻭﻣﺔ ﺍﻟﺘﻐﲑ ﺍﳌﻨﺎﺧﻲ ﻳﻠﺰﻡ ﻭ ﳚﻨﺪ ﻛﻞ ﺍﳌﺴﺘﻮﻳﺎﺕ ﻛـﻞ ﺣﺴـﺐ ﻣﺴﺆﻭﻟﻴﺎﺗﻪ. ﺍﻻﺣﺘﺒﺎﺱ ﺍﳊﺮﺍﺭﻱ ﻭ ﺍﳌﺴﻤﻰ ﻛﺬﻟﻚ ﺑﺎﻻﺣﺘﺒﺎﺱ ﺍﻟﻜﻮﻛﱯ ﳝﺜﻞ ﻇﺎﻫﺮﺓ ﻋﻨﻴﻔـﺔ ,ﳝﻜـﻦ ﺃﻥ ﻳﺴﺒﺐ ﺃﺿﺮﺍﺭﺍ ﺟﺴﻴﻤﺔ ﺳﻮﺍﺀ ﺇﱃ ﺃﻧﻈﻤﺔ ﺑﻴﺌﺘﻨﺎ ﺍﻟﻄﺒﻴﻌﻴﺔ ﺃﻭ ﺇﱃ ﺍﻹﻧﺴﺎﻧﻴﺔ ﰲ ﺣﺪ ﺫﺍﺎ .ﻓﺬﻭﺑﺎﻥ ﺍﻟﺜﻠﻮﺝ ﻭ ﺍﻟﻄﺒﻘﺎﺕ ﺍﳉﻠﻴﺪﻳﺔ ﻭ ﺍﺭﺗﻔﺎﻉ ﺩﺭﺟﺔ ﺣﺮﺍﺭﺓ ﺍﶈﻴﻄﺎﺕ ﳝﻜﻨﻬﺎ ﺃﻥ ﺗﺴﺒﺐ ﺍﺭﺗﻔﺎﻉ ﻣﺴﺘﻮﻯ ﺍﻟﺒﺤـﺎﺭ، ﺣﻴﺚ ﻗﺪﺭﺎ ﺍﻟﻔﺮﺿﻴﺎﺕ ﺍﳌﺘﻮﺳﻄﺔ ﺏ 50ﺳﻨﺘﻴﻤﺘﺮ ,ﻭ ﺍﻟﱵ ﺳﺘﻬﺪﺩ ﺣﻮﺍﱄ 92ﻣﻠﻴﻮﻥ ﺷﺨﺺ ﻳﻌﻴﺸﻮﻥ ﻋﻠﻰ ﺍﳌﻨﺎﻃﻖ ﺍﻟﺴﺎﺣﻠﻴﺔ .ﻣﻦ ﺟﻬﺔ ﺃﺧﺮﻯ ,ﻓﺈﻥ ﺗﺸﻜﻞ ﺑﻌﺾ ﺍﳌﻈـﺎﻫﺮ ﺍﳌﻨﺎﺧﻴـﺔ ﺍﻟﺸـﺪﻳﺪﺓ ﻣﺜـﻞ :ﺍﳉﻔﺎﻑ،ﺍﻟﻔﻴﻀﺎﻧﺎﺕ ،ﺍﳌﻮﺟﺎﺕ ﺍﻟﻌﻨﻴﻔﺔ ﺍﻟﻨﺎﲨﺔ ﻋﻦ ﺍﻟﺰﻻﺯﻝ ,ﻭ ﺍﻷﻋﺎﺻﲑ ﺍﻟﺸﺪﻳﺪﺓ ﻭ ﺍﳊﻠﺰﻭﻧﻴـﺔ ﻭ ﺍﻷﻣﻄﺎﺭ ﺍﻟﺴﻴﻠﻴﺔ ﻭ ﺻﻴﻒ ﺷﺪﻳﺪ ﺍﳊﺮﺍﺭﺓ ﳝﻜﻦ ﺃﻥ ﺗﺘﻀﺎﻋﻒ ﻭ ﺗﻜﺜﺮ ﰲ ﺑﻌﺾ ﻣﻨﺎﻃﻖ ﺍﻷﺭﺽ. ﺑﺎﻹﺿﺎﻓﺔ ﺇﱃ ﺫﻟﻚ ،ﳝﻜﻦ ﺃﻥ ﳛﺪﺙ ﻓﻘﺪﺍﻥ ﻟﺒﻌﺾ ﺍﻷﻧﻮﺍﻉ ﺍﳊﻴﻮﺍﻧﻴـﺔ ﻭ ﻛـﺬﻟﻚ ﺗـﺘﻐﲑ ﻣﺴﺎﺭﺍﺕ ﺍﳍﺠﺮﺓ ﻟﺪﻯ ﺑﻌﺾ ﺍﻟﻄﻴﻮﺭ ﻭ ﺍﻷﲰﺎﻙ .ﻓﺎﻻﺣﺘﺒﺎﺱ ﺍﳊﺮﺍﺭﻱ ﺍﻟﺬﻱ ﻳﺴﺒﺐ ﺍﳔﻔﺎﺿﺎ ﰲ ﻣـﺮﺩ ﻭﺩﻳﺔ ﺍﻹﻧﺘﺎﺝ ,ﳝﻜﻦ ﺃﻥ ﻳﻘﻮﺩ ﺇﱃ ﻭﺿﻌﻴﺎﺕ ﻣﻦ ﺍﺎﻋﺔ .ﰲ ﺣﲔ ،ﺃﻥ ﺍﻷﺧﻄﺎﺭ ﳝﻜﻦ ﺃﻥ ﺪﺩ ﻣﻨﺎﺑﻊ ﻭ ﻣﺼﺎﺩﺭ ﺍﳌﺎﺀ ﺍﻟﻌﺬﺏ ,ﺧﺎﺻﺔ ﰲ ﺃﻏﻠﺐ ﺍﳌﻨﺎﻃﻖ ﺍﳉﺎﻓﺔ ﺍﻻﺳﺘﻮﺍﺋﻴﺔ ﻭ ﺍﻟﻘﺮﻳﺒﺔ ﻣﻨﻬﺎ .ﻣﻦ ﺍﶈﺘﻤﻞ ﺑﻨﺴـﺒﺔ %90ﺇﱃ %99ﺇﻥ ﻫﺬﻩ ﺍﻟﻈﺎﻫﺮﺓ ﳝﻜﻦ ﺃﻥ ﺗﺆﺩﻱ ﺇﱃ ﺍﺭﺗﻔﺎﻉ ﺧﺎﺹ ﻟﺪﺭﺟﺎﺕ ﺍﳊﺮﺍﺭﺓ ﺍﻟﻠﻴﻠﻴﺔ ،ﻫﻜﺬﺍ ﻓﺈﻥ ﻣﻮﺟﺎﺕ ﺍﳊﺮﺍﺭﺓ ﺗﻜﻮﻥ ﺷﺪﻳﺪﺓ ﻭ ﻃﻮﻳﻠﺔ :ﻓﺈﻧﻨﺎ ﻧﺘﻮﻗﻊ ﺇﺫﻥ ﺗﻜﺎﺛﺮ ﻣﺘﺘـﺎﺑﻊ ﻟﻸﻣـﺮﺍﺽ ﺍﻟﻘﻠﺒﻴـﺔ ﺍﻟﻮﻋﺎﺋﻴﺔ ،ﻓﺒﻄﺮﻳﻘﺔ ﻏﲑ ﻣﺒﺎﺷﺮﺓ ﻋﺪﺩ ﻣﻦ ﺍﻷﻣﺮﺍﺽ ﳝﻜﻦ ﺃﻥ ﺗﻨﺘﻘﻞ ﺑﻜﻞ ﺳﻬﻮﻟﺔ ﻣﺜﻞ :ﺍﳌﻼ ﺭﻳﺎ ,ﲪـﻰ ﺍﻟﻀﻨﻚ ,ﲪﻰ ﺍﳌﺴﺘﻨﻘﻌﺎﺕ،ﺍﻟﺘﻬﺎﺏ ﺍﻟﺪﻣﺎﻍ .ﻓﺎﻻﺣﺘﺒﺎﺱ ﺍﳊﺮﺍﺭﻱ ﻳﺸـﻤﻞ ﻛـﻞ ﻣﻈـﺎﻫﺮ ﺣﻴﺎﺗﻨـﺎ ﺍﻹﻧﺴﺎﻧﻴﺔ,ﻭ ﺑﺎﳋﺼﻮﺹ ﻃﺮﻕ ﺇﻧﺘﺎﺟﻨﺎ ﻭ ﺍﺳﺘﻌﻤﺎﻻﺗﻨﺎ ﻟﻠﻄﺎﻗﺔ. 154