Vers la disparition du droit à l`eau en France

Transcription

Vers la disparition du droit à l`eau en France
Vendredi 20 février 2015 - N°53
FRANCE
Les dessous de France
Trésor P.2
Des députés PS veulent
s’attaquer au Bon Coin. P.3
MONDE
Arrestation d’un journaliste
qui fait son travail P. 4
Vers
la disparition
du
droit à l’eau
en France ?
Pas de référendum avec
les ressources publiques P.
4
Les milliards d’euros gaspillés par l’UE P.5
La Banque centrale du Japon passe à l’attaque P.6
RELIGION
Pas de mondanité ni de vanité P.7
Rapport de l’AEd sur
les persécutions dans le
monde P.8
CULTURE
Exposition P.9
Concerts de la quinzaine
P.10
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Le 1er Hebdomadaire catholique gratuit.
« Les communicateurs catholiques doivent relever le défi de plus en plus grand de présenter la sagesse, la vérité et la beauté
de l’Evangile dans un langage capable de toucher les esprits et les coeurs des innombrables personnes en quête de sens et de
direction dans leurs vies, en tant qu’individus et membres de la société» Pape François.
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2
France
France
Vendredi 20 février 2015
Vers un retour des coupures d’eau ?
qui s’adonnent à
ce type de pratiques.
du Syndicat des eaux d’Ile-deFrance (Sedif), principal contrat
de Veolia en France.
Les
juges
donnent systématiquement
raison aux plaignants.
Son dauphin désigné à la mairie de Saint-Maurice n’est autre
que le directeur des relations
extérieures de la Lyonnaise des
Eaux (Suez) et trésorier de Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E).
Visiblement las
d’accumuler les
condamnations
et les amendes,
le lobby français
de l’eau a décidé
de réagir.
D
epuis près de deux ans,
les coupures d’eau sont interdites en France, comme c’est
le cas dans de nombreux autres
pays.
Cette simple mesure de respect de la dignité humaine risque
aujourd’hui d’être remise en
cause au Sénat, où le lobby français de l’eau a fait déposer un
amendement autorisant à nouveau ces coupures.
C’est une disposition de la loi
Brottes de 2013 (du nom du député socialiste de l’Isère François Brottes), qui consacre en
France le principe du droit à l’eau
reconnu par les Nations unies en
2010.
Elle reste peu appliquée
jusqu’à ce que deux associations, France Libertés et la Coordination Eau Ile-de-France, se
saisissent de l’affaire (lirenotre
article).
Elles lancent un appel à témoignages et identifient des dizaines de cas de coupures d’eau
illégales, majoritairement du fait
des grandes entreprises privées
de l’eau, Veolia en tête.
Elles assignent ensuite en justice Veolia, Suez environnement
et la Saur (propriété de BNP Paribas et du groupe BPCE), ainsi
que les régies publiques de l’eau
Pour exercer
leur influence au
Sénat, les multinationales n’ont pas choisi la discrétion puisqu’elles ont recours à
l’un de leurs relais favoris, Christian Cambon, le sénateur-maire
UMP de Saint-Maurice (Val-deMarne).
Lui-même est le vice-président
Christian Cambon a proposé
un amendement au projet de loi
sur la transition énergétique (sic)
autorisant de nouveau les coupures d’eau, sauf pour les bénéficiaires d’aides sociales.
Comme le soulignent les associations, cet amendement ignore
la réalité des travailleurs pauvres
et du non-recours massif aux
aides sociales.
Il cherche à réaffirmer la logique marchande en revenant
sur l’inconditionnalité du droit à
l’eau.
Les Repas de l’Institut du Monde Arabe
A priori, on mange bien à l’Institut du monde arabe. Même trop bien. Le traiteur libanais Noura, qui s’occupait jusqu’à présent du restaurant situé au dernier étage de l’immeuble de l’Institut du monde arabe
(IMA) à Paris, réclame une facture de près de 41 000 euros à Jack Lang, président de l’IMA. L’équivalent de 74 repas en deux mois, correspondant à des déjeuners de Jack Lang, sa femme et leurs invités.
Interrogé par Le Parisien, le président-fondateur de Noura, Paul Bou Antoun, assure que les problèmes
ont commencé quand Jack Lang a pris la présidence de l’IMA en 2013 : « Il a immédiatement tenu à négocier des repas pour lui-même et ses invités, au prix de 25 euros, contre 50 euros en moyenne. Prestation dans laquelle il n’hésitait pas à inclure vin et champagne. Et puis les impayés se sont accumulés
». A l’IMA, on conteste la version du traiteur : « Tout est faux », assure le secrétaire général de l’institut.
Selon lui, il s’agit d’une « entreprise de déstabilisation orchestrée par le traiteur depuis que nous avons
résilié son contrat pour faute grave. Noura ne cesse de multiplier les procédures ». Evincé de l’IMA pour
des raisons inconnues, alors que son contrat courait jusqu’en 2017, le traiteur a porté l’affaire en justice.
Peut-être s’agit-il d’un règlement de comptes entre un prestataire et son client. Mais une chose est
sure : Jack Lang a de l’appétit. Selon Le Canard enchaîné, pour remplacer le traiteur Noura, l’IMA vient
de publier un appel d’offres, pour le moins curieux : « Le président devra bénéficier gracieusement, et
dans la limite de 1 000 couverts par an, d’une table ouverte à longueur d’année. Et le délégataire devra
assurer gracieusement un service café, thé soft, dans le bureau du président lorsque celui-ci reçoit des
personnalités », précise le document. 1 000 couverts gratuits ? On peut comprendre Jack Lang : il n’est
payé « que » 10 000 euros par mois.
Vendredi 20 février 2015
France
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Les français vont-ils devoir changer de téléviseur ?
N
ON, un quart des téléviseurs français ne finiront
pas à la poubelle en 2016. Du
moins, si les français ne cèdent
pas à la panique face aux gros
titres qui font très peur. Voici
pourquoi vous ne jetterez pas
votre « vieux » téléviseur l’année
prochaine.
De prime à bord, on est tenté
de penser, avec raison, qu’une
nouvelle norme de diffusion a
pour objectif de rendre obsolètes des millions de téléviseurs.
Ce, pour encourager la consommation en masse de nouveaux
écrans avec l’impact environnemental qu’on connait tous. Mais
est-ce réellement cette nouveauté qui poussera des millions de
consommateurs à se précipiter
dans les magasins ? Ils ne le
feront certainement pas sans
l’aide des grands médias et de
la confusion (involontaire ou non)
qu’ils entretiennent concernant
les alternatives possibles et les
personnes concernées.
» « Des millions de téléviseurs
obsolètes en 2016, peut-être le
vôtre ? »
Quelques médias discrets
sortent de cet écueil comme
Clubic qui titre : « Non, les téléviseurs ne seront pas obsolètes
en 2016″ Pour cause. 44 % des
foyers reçoivent la télévision par
Internet. Selon le dernier observatoire de l’équipement audiovisuel des foyers du CSA, seuls
8% des foyers équipés d’au
moins un téléviseur reçoivent
la télévision uniquement par
la TNT et ne sont pas équipés
Et c’est précisément pourquoi
quelques secondes d’antenne
peuvent aujourd’hui se facturer
des millions d’euros. Vous offrez
volontairement votre temps de
cerveau disponible avec la seule
liberté de choisir qui vous abreuvera d’images sélectionnées
par d’autres, interrompues ici et
là quelques minutes pour vous
dire quoi consommer pour être
dans la norme. Si évidemment
la boite à troubadours contient
aussi quelques perles culturelles
comme Arte, ces chaines adorées du public, selon les déclarations, sont aussi les moins regar-
La panique dans les gros titres
Personne n’y a échappé, pas
loin d’un français sur quatre devrait, à en croire les principaux
médias, courir, d’ici à la fin de
l’année, dans un magasin acheter un nouveau téléviseur. Il y
aurait donc une obsolescence
volontaire suite à une décision
injuste en vue de vous faire
consommer. Mais ces titres correspondent-ils à la réalité ?
Prenons l’exemple du Figaro
qui titre pratiquement en premier
« Un quart des téléviseurs seront
obsolètes en 2016 » et ajoute «
La plupart des téléviseurs de plus
de huit ans devront donc être renouvelés. » Les autres médias
suivent avec, par exemple :«
TNT : un quart des téléviseurs
deviendront obsolètes en 2016″
« Entre 3,5 millions et de 10 millions de télévisions ne pourront
plus fonctionner en France » «
Votre téléviseur bientôt obsolète
pour le MPEG-4. Pour ces 8%
qui veulent absolument abreuver leur esprit des chaines nationales, il suffit d’investir 30€ dans
un décodeur TNT HD compatible
avec la norme MPEG-4. Deux
câbles à brancher et la question
est réglée.
Tout semble indiquer que les
médias amplifient cette information. Et en amplifiant cette peur
inconsidérée, n’incitent-ils pas
eux-mêmes à une consommation tout aussi inconsidérée ?
Car, de quoi parle-t-on ici si ce
n’est uniquement de la fonction
« réceptrice » d’un téléviseur en
omettant toutes les autres options ?
Remettre en question la télévision ?
Devant votre téléviseur, vous
êtes un consommateur passif.
dées. Par ailleurs, ces contenus
qualitatifs offerts par la télévision
sont désormais disponibles sur…
Internet !
La jeune génération sait de
quoi on parle. L’écran aujourd’hui
n’a plus pour vocation d’être un
simple récepteur. Pour une catégorie de plus en plus importante
de la population, l’écran a désormais une fonction à double sens.
Films, information libre, culture,
grâce à internet, le citoyen devient créateur de contenu. Il fait
des échanges, sélectionne son
information (avec le risque de
choisir le mieux comme le pire)
et jouit d’une liberté nettement
plus large. Alors qu’un téléspectateur consomme ce qu’on veut
bien lui donner à manger, l’internaute EST le média. De ce fait,
ce n’est pas de vieux écrans qui
seront bientôt obsolètes, c’est le
principe même de la diffusion qui
le devient.
La télévision sera bientôt morte
La réalité, c’est que « le net »
finira probablement par manger
la télévision, entièrement. Vous
pensez que c’est faux ? Pensez-y
à deux fois. Netflix, une des plus
grandes entreprises au monde
qui propose du contenu média
en flux continu via internet, prédit que le modèle de la télévision
traditionnelle devrait disparaître
d’ici quelques années. Son estimation n’est pas tablée sur des
idées, mais des observations. Internet propose déjà, aujourd’hui,
100% (et plus) de ce qu’une
chaine de télévision aurait à offrir, mais en mieux. D’ici peu, il
sera évident pour tout le monde
que d’offrir volontairement son
inconscient à une chaine de télévision n’est pas le plus intelligent
des comportements. Regarder
les grandes chaines, c’est une
manière de faire vivre des monopoles dont la prétendue liberté
semble aussi malléable que la
taille de l’enveloppe offerte par
les marques. Nous vivons, sans
le réaliser, cette transition vers le
média véritablement libre, Internet. Mais tout le monde veut-il de
cette responsabilité ?
C’est bien vis-à-vis de cette
mauvaise compréhension de
la chose par les médias que la
panique semble inconsidérée.
N’est-ce pas finalement une
très bonne nouvelle d’apprendre
qu’un quart des téléviseurs français n’auront plus de réception ?
N’est-il pas temps de reprendre
le contrôle sur ce que nous regardons ? De choisir et non plus
subir ? N’est-ce pas le bon moment pour ces consommateurs
d’investir dans un « multimédia
» libre ?
Cependant, Internet restera
libre aussi longtemps que des individus se battront pour sa neutralité. Ce qui est aujourd’hui loin
d’être gagné…
4
France
Vendredi 20 février 2015
Didier Migaud, le super cumular pas si net
donc…
Migaud, critiqué par…
la chambre régionale
des comptes
Plus drôle encore :
celui qui aujourd’hui critique les élus… avait
lui-même fait l’objet de
critiques de la part de la
chambre régionale des
comptes.
O
n pourrait l’appeler Monsieur propre.
Chaque année, Didier Migaud, le président de la Cour des
comptes, remet son rapport annuel pour critiquer les dépenses
de l’Etat : pas assez d’économies, des services publics manquant d’efficacité, des fonctionnaires trop payés en Outre-mer.
Tout y passe.
Didier Migaud est devenu le
gardien des dépenses publiques.
Mais M. propre n’a pas toujours
été exemplaire…
L’as du cumul des mandats
avant d’entrer à la Cour des
comptes
Avant de devenir président de
la Cour des comptes, Didier Migaud était… un as du cumul.
Dans un article publié il y a
quelques mois, le magazine Capital rappelait que Migaud pouvait aligner jusqu’à trois mandats
et une fonction en même temps :
« Conseiller général, maire de
Seyssins (Isère), président de
l’agglomération de Grenoble,
député et rapporteur du budget à l’Assemblée nationale…
entre 1995 et 2002, Migaud a
fait l’homme-orchestre, jonglant
avec les dossiers locaux et les
questions de finances publiques
».
C’était en 2010, au
moment même où il devenait président de la Cour des
comptes.
Dans son rapport, la chambre
régionale de Rhône-Alpes pointait notamment le trop grand endettement de l’agglomération de
Grenoble… présidé par Migaud.
« L’encours de la dette a cru
de 54,5%, passant de 218 354
776 euros au 31 décembre 2004
à 337 513 615 euros au 31 dé-
cembre 2007, ce qui place la
Métro, en terme d’encours de
la dette par habitant par rapport
aux recettes réelles de fonctionnement, dans une situation particulièrement défavorable, comparée aux autres communautés
d’agglomération de même taille
», dénonçait le rapport.
Plus gênant : pour faire face
à cet endettement, l’agglo a eu
recours à des produits toxiques
(représentant près de 26% de la
dette à l’époque).
Et comment expliquer le dérapage des comptes ?
Le rapport souligne qu’une
partie de cet endettement est notamment liée à la construction du
grand stade de Grenoble, dont le
coût a dérapé en passant de 32
à 90 millions d’euros.
Un bel exemple de bonne gestion...
D’après Capital, ses adversaires assurent qu’il était bien
présent à tous ces postes.
Pour justifier ces cumuls, Migaud expliquait qu’il n’avait besoin que de quatre heures de
sommeil.
Un surhomme qui occupait plusieurs équivalents temps plein
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Vendredi 20 février 2015
International
5
La dette étudiante US refait parler d’elle
L
a bulle de la dette étudiante
prend des proportions de
plus en plus inquiétantes aux
États-Unis.
dérives du capitalisme financier,
qui avait vu le jour dans la foulée de la crise de 2008, à faire un
coup d’éclat en septembre 2014.
Selon les statistiques publiées,
mardi 17 février, par la Réserve
fédérale de New York, le total des
prêts s’élève au 31 décembre
2014 à 1 160 milliards de dollars,
soit plus que la dette totale des
cartes de crédit américaines.
Réunis au sein du collectif
Strike Debt, ils avaient racheté
la dette étudiante souscrite par 2
800 Américains auprès de l’université Everest College pour un
montant total de 4 millions de
dollars.
Le montant de ces prêts souscrits dans le cadre des études a
augmenté de 11,1 % au cours du
dernier trimestre par rapport aux
trois mois précédents et de 7,1 %
sur les douze derniers mois.
Une goutte d’eau par rapport
aux montants annoncés mardi
par la Fed.
Selon le ministère de l’éducation, il y a aujourd’hui environ
40 millions d’Américains qui ont
souscrit un prêt étudiant. Celui-ci
s’élève en moyenne à 30 000
dollars.
Du fait de l’explosion des frais
de scolarité, qui ont augmenté de
440 % en 25 ans, selon le magazine Forbes, près des troisquarts des étudiants diplômés
ont été obligés de contracter un
crédit.
Aujourd’hui, les droits peuvent
aller de 6 000 et 50 000 dollars,
y compris dans des établissements de milieu ou de queue de
classement.
Jusqu’à la crise, le remboursement était plus ou moins gérable.
Mais depuis 2008, décrocher
un premier emploi à la hauteur
de ses diplômes est beaucoup
plus compliqué.
Quantité d’étudiants se retrouvent plombés par ces emprunts, ce qui commence à avoir
des effets macroéconomiques.
« L’accroissement des remboursements et des défaillances
de prêts étudiants est préoccupant », explique Donghoon Lee,
un chercheur de la Fed de New
York.
Celle-ci s’inquiète notamment
de la moindre capacité de cette
population à souscrire d’autres
prêts, à commencer par des crédits immobiliers.
Avant la crise, la perspective
de revenus confortables incitait
les jeunes diplômés à s’endetter
pour acheter un logement.
Mais aujourd’hui, « les problèmes de remboursement et
de défaillance sur les prêts étudiants réduisent la capacité des
emprunteurs à posséder leur
propre foyer », souligne M.Lee.
Il s’agit de l’un des facteurs
explicatifs de la reprise molle observée sur le marché immobilier
depuis la reprise économique.
Ces trentenaires sont contraints
de rester le plus longtemps possible chez leurs parents en attendant d’avoir un peu plus de visibilité sur leurs revenus et donc leur
capacité de remboursement.
Extension du programme « pay
as you earn »
Cette situation a incité des anciens d’Occupy Wall Street, le
mouvement de contestation des
Conscient du problème, Barack Obama a tenté de s’attaquer au problème.
En janvier, il a proposé la gratuité des deux premières années
dans les community college, des
formations courtes de deux ans,
en fonction de l’implication et des
résultats des étudiants, qui, en
échange, fourniraient un certain
nombre d’heures de travail au
sein de leur établissement.
En juin 2014, le président
américain avait également décidé par décret l’extension d’un
programme d’aide au remboursement des prêts étudiants, le «
pay as you earn » (remboursez
en fonction de ce que vous gagnez).
Ce programme permet aux
jeunes diplômés de plafonner à
10 % de leur revenu mensuel les
remboursements sur leurs prêts
étudiants fédéraux.
Jusqu’ici, le dispositif n’était
destiné qu’aux personnes ayant
souscrit leur emprunt après octobre 2007.
À partir de décembre prochain, il sera aussi ouvert aux
personnes ayant souscrit leurs
dettes avant cette date.
International
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Vendredi 20 février 2015
Obama et le leadership US
déclaré que le désordre généré
par des États faillis et desmenaces asymétriques venant d’organisations terroristes étaient
les principaux défis auxquels la
communauté internationale était
confrontée aujourd’hui.
L
e président Barack Obama a dit que le leadership
américain nécessitait parfois
de tordre le bras des États qui
ne font pas ce que nous avons
besoin qu’ils fassent et que les
États-Unis utilisaient leur force
militaire et d’autres moyens de
pression pour atteindre leurs objectifs.
Dans une longue interview qu’il
a donnée à Vox, et qu’Obama luimême a qualifiée de tribune destinée à «ceux qui aiment se creuser les méninges», le président
américain a nié l’efficacité d’une
politique étrangère purement
réaliste tout en expliquant que,
parfois, les Etats-Unis, dont le
budget de la défense dépasse la
totalité de ceux des dix pays qui
le suivent en ordre d’importance,
avait besoin de s’appuyer sur sa
force militaire et sur d’autres leviers du pouvoir.
Saluant le système fondé sur
le respect des règles qui avait
émergé après la Seconde Guerre
mondiale, Obama a admis qu’il
n’était pas parfait, mais il a soutenu que «l’ONU, le FMI, et toute
une série de traités, de règles et
de normes qui ont été établies
ont vraiment contribué à stabiliser le monde, ce qui n’aurait jamais pu se faire autrement.»
Il a expliqué, cependant, que
l’efficacité de ce système idéaliste, wilsonien, fondé sur le respect des règles avait été mis à
rude épreuve par le fait «qu’il y
a là-bas des gens méchants qui
veulent nous faire du mal.»
Selon le président, la réalité de ces menaces a contraint
les Etats-Unis à avoir «la plus
grande armée du monde». Obama a dit en outre: «Nous devons,
à l’occasion, tordre le bras des
pays qui ne feraient pas ce que
nous voulons qu’ils fassent. Si
nous ne disposions pas des divers moyens de pression économiques, diplomatiques ou militaires que nous avons – si nous
n’avions pas cette pointe de réalisme, nous n’arriverions à rien
non plus.»
Obama note que les ÉtatsUnis n’ont pas de solutions militaires à tous les défis du monde
moderne, mais il ajoute que
nous n’avons pas d’équivalent
en termes d’État qui pourrait attaquer ou provoquer les EtatsUnis.
«Celui qui serait le plus en
mesure de le faire, c’est évidemment la Russie avec son arsenal
nucléaire, mais d’une façon générale, ils n’ont pas la capacité
d’envoyer des forces miliaires
partout dans le monde comme
nous. La Chine non plus. Nous
dépensons plus pour notre armée que les dix pays suivants
ensemble», a-t-il dit.
Dans ce contexte, Obama a
Obama a également indiqué
que pour régler ces questions et
d’autres problèmes, il fallait avoir
«des moyens de pression sur
les autres pays et d’autres ressources» chaque fois que possible, tout en reconnaissant que
Washington était «le chef de file
parce que nous avons des capacités que les autres n’ont pas».
Cette approche, a-t-il affirmé,
a également conduit à «partager
une partie du fardeau et de la
responsabilité».
Quand on l’a interrogé sur les
limites de la puissance américaine, Obama a admis qu’il y
avait des choses que son administration ne peut tout simplement pas faire en termes de projection de puissance, mais il est
resté optimiste.
«En fait, le leadership américain, vient en partie de notre
confiance en nous, du sentiment que nous pouvons le faire*.
Nous sommes le plus grand et le
plus puissant pays de la Terre.
Comme je l’ai déjà dit dans mes
discours: lorsque des problèmes
surgissent, ce n’est pas Pékin
qu’on appelle, ni Moscou. C’est
nous. Et nous assumons cette
responsabilité. La question, je
pense, est de savoir comment ce
leadership est exercé. Mon administration montre beaucoup de
détermination à éclaircir, prendre
en charge et venir à bout des
problèmes du monde entier.»
Cet appel au leadership des
États-Unis, qui découle de la notion de l’exceptionnalisme américain, a régulièrement été remis
en question par Moscou.
Le ministre russe des Affaires
étrangères, Sergueï Lavrov,
s’est élevé, en septembre dernier, contre la partie du discours
d’Obama devant l’ONU où le
président américain présentait
l’agression russe en Europe,
l’épidémie d’Ebola et ISIS comme
les menaces actuelles – et comparables entre elles – à la paix et
la sécurité internationales.
Lavrov a déclaré que le discours d’Obama à l’ONU était le
«discours d’un artisan de paix
– dans la manière dont il avait
été formulé», mais il a ajouté
que «les résultats sur le terrain
étaient loin d’être à la hauteur
des paroles».
Le ministre russe des Affaires
étrangères a ajouté qu’Obama
avait présenté une vision du
monde basée sur l’exceptionnalisme étatsunien.
«C’est la façon de voir d’un
pays qui s’est donné, dans sa
doctrine de défense nationale, le
droit d’utiliser la force de façon
discrétionnaire, au mépris des
résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ou d’autres règles
du droit international», a déclaré
M. Lavrov.
Dans un article de septembre
2013 dans le New York Times,
le président russe Vladimir Poutine avait déclaré que le concept
de l’exceptionnalisme américain
était problématique dans l’arène
mondiale.
«Il est extrêmement dangereux d’encourager les gens à se
considérer comme exceptionnels, quelle qu’en soit la raison,
a écrit Poutine. Il y a de grands
pays et de petits pays, des pays
riches et des pauvres, des pays
qui ont une longue tradition démocratique et d’autres qui ont
encore du chemin à faire vers la
démocratie. Leurs politiques diffèrent aussi. Nous sommes tous
différents, mais lorsque nous demandons au Seigneur de nous
bénir, nous sommes obligés de
nous rappeler que Dieu nous a
créés égaux.»
Vendredi 20 février 2015
Catholicisme
7
Le Pape invite a recevoir le don des larmes
A
lors que plus d'un milliard
de catholiques sont entrés
ce mercredi dans le temps du
Carême, à Rome, le Pape François a présidé la célébration du
Mercredi des Cendres en la basilique Sainte-Sabine, après avoir
participé à une procession à pied
depuis la basilique Saint-Anselme.
Dans son homélie, il a insisté
sur l’importance de se laisser réconcilier avec Dieu en lui demandant « le don des larmes ».
C’est en revenant sur ce cri du
cœur du prophète Joël, « Revenez à moi de tout votre cœur ! »,
présent dans la liturgie de ce jour,
que le Pape François s’est appliqué à montrer que le Carême ne
doit pas appréhendé avec formalisme mais avec sincérité.
« Revenir au Seigneur avec
tout son cœur signifie entreprendre le chemin d’une conversion qui ne soit pas superficielle
et transitoire, mais un itinéraire
spirituel qui concerne le cœur, le
lieu le plus intime de notre personne. »
Le Pape a alors appelé à lâcher prise, en laissant une place
à l'émotion et aux larmes.
« Cela nous fera du bien de demander le don des larmes, afin
de rendre notre prière et notre
chemin de conversion toujours
plus authentique et sans hypocrisie.
Cela nous fera du bien de nous
poser cette question : est-ce que
je pleure ?
Est-ce que les évêques
pleurent, est-ce que les cardinaux pleurent, est-ce que le
pape pleure, est-ce que les
prêtres pleurent, est-ce que les
consacrés pleurent, est-ce que
les larmes sont dans nos prières
? s’est exclamé François, sortant de son texte, comme souvent, pour se mettre lui-même au
même niveau de proximité avec
Dieu que tous les autres fidèles.
« Les larmes du cœur, c’est ce
qui distingue le fait extérieur des
faits intérieurs.
Vous savez que les hypocrites
ne savent pas pleurer.
Ils ont oublié comment pleurer,
ils ne demandent pas le don des
larmes.
Le Pape a rappelé la colère de
Jésus face aux personnes hypocrites qui se donnent en spectacle.
« Soyez attentifs à ne pas
pratiquer votre justice devant
les hommes pour être admirés
d'eux.
Quand tu fais l'aumône, ne
sonne pas la trompette devant
toi, comme le font les hypocrites.
hortation de Jésus, « convertissez-vous et croyez en l’Évangile
», prononcée lors de l’imposition
des Cendres, François a rappelé que l’invitation à la conversion
est « une invitation à revenir,
comme pour le fils prodigue,
entre les bras de Dieu, un Père
tendre et miséricordieux, et à se
confier à lui. »
Et quand vous jeûnez, ne devenez pas mélancoliques comme
les hypocrites. » (Mt 6)
« Le Seigneur ne se fatigue jamais d'avoir miséricorde de nous,
et veut nous offrir encore un fois
son pardon - nous en avons tous
besoin, en nous invitant à nous
tourner à Lui avec un coeur nouveau, purifié du mal, purifié par
les larmes, pour prendre part à
sa joie » a répété François, qui
a repris les propos tenus par
Saint-Paul dans la lettre aux Corinthiens :
Et le Pape a rappelé
la nature pécheresse
de tout être humain :
« Nous vous supplions au nom
du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu ».
« Quand s'accomplit
quelque chose de bien,
presque instinctivement
naît en nous le désir
d'être estimés et admirés pour cette bonne
action, pour en recevoir
une satisfaction. »
Le Pape a redit que cette invitation concerne tous les chrétiens, au Vatican comme partout
dans le monde :
Quand vous priez, ne soyez
pas similaires aux hypocrites, qui
aiment prier en se tenant droit,
pour être vus de la population.
En
évoquant
l’ex-
« Nous sommes des créatures
pécheresses, toujours en besoin
de conversion, alors, s’il-vous
plaît, arrêtons-nous un peu, et
réconcilions-nous avec Dieu. »
8
Catholicisme
Vendredi 20 février 2015
Disparition du P. Pedro Meca, O.P.
«
Le pape François a dit qu’il
voulait une Église qui
soit dans la rue.
années dans le centre
"Le Cloître", avant de
créer en 1992 le foyer
"La Moquette".
C’est ce que j’ai essayé de vivre…
De plus, de multiples associations,notamment le Collectif
des Morts de la rue,
ont bénéficié de son
compagnonnage chaleureux.
Au Ciel, personne
ne nous demandera
le nombre de prières
que nous avons récitées ni combien de
cierges nous avons
brûlés.
« Ma foi me dit que
Dieu aime chacun.
On sera jugé sur
nos rapports avec les
autres.
La question sera :
“Qu’as-tu fait de ton
frère ?” »
Ces propos du père Pedro
Meca, décédé mardi dans sa
80e année, résument l'engagement de ce prêtre dominicain au
service des plus pauvres durant
toute sa vie.
Né en 1935 à Pampelune en
Espagne, il vécut une enfance de
S’il aime chacun,
c’est qu’il voit en lui
quelque chose de
beau et d’aimable.
misère et de délinquance.
nicain en 1956 éveille en lui la
quête d'une vocation religieuse.
Une fois exilé en France, son
activité dans les réseaux anti-franquistes lui vaudront une
condamnation par contumace à
70 ans de prison, avant qu'il ne
soit amnistié en 1978.
Et c'est auprès des personnes
les plus pauvres qu'il vivra l'essentiel de son ministère, notamment à travers l'association les
Compagnons de la nuit.
La rencontre d'un frère domi-
Il a travaillé de nombreuses
Alors j’essaie de voir
ce qu’il y a de beau en
celui qui est en face de moi, démoli par l’alcool, la drogue, les
échecs », déclarait-il au quotidien La Croix en 2009.
Ses obsèques seront célébrées ce samedi 21 février à 10
heures en la chapelle du couvent
Saint-Jacques, à Paris.
3.000 confirmations en RDC
E
nviron trois milliers de
jeunes et d’adultes ont reçu
le sacrement de confirmation des
mains de l’évêque de Molegbe,
dans la province de l’Equateur,
Mgr Dominique Bulamatari.
L’évêque clôturait ainsi, le 5 février, une tournée pastorale dans
le doyenné de Yakoma, avec les
paroisses saint Fidèle d’Abuzi,
saint Joseph de Wapinda, saint
Jean et saint Léon le Grand de
Yakoma ainsi que saint Joseph
de Kota-Koli.
Mgr Bulamatari a échangé
avec les curés des paroisses,
les communautés de base et les
responsables de gestion du patrimoine.
Ils ont parlé de l’éducation
chrétienne dans les écoles catholiques et de la pastorale des
familles.
L’évêque de Molegbe est surtout revenu sur la bonne gestion
du patrimoine légué par les premiers missionnaires.
Il a déploré le délabrement des
églises, presbytères et couvents,
écoles et hôpitaux, parfois vieux
de 105 ans.
Vendredi 20 février 2015
Catholicisme
9
Nous sommes capables de faire le bien et de détruire
femme de notre temps ».
« Mais ils ne comprenaient,
poursuit François, car leur cœur
était endurcit par cette passion,
par cette méchanceté de discuter entre eux et de chercher le
coupable, celui qui avait oublié le
pain ».
«
Tous sommes capables de
faire le bien, mais aussi de
détruire ce que Dieu a créé ».
Ce sont les parole du Pape
lors de la messe matinale mardi dans la chapelle de la maison
Sainte-Marthe, au Vatican.
François, s’arrêtant sur la première lecture du jour qui raconte
le déluge universel, observe que
l’Homme est même capable de
détruire la fraternité, de faire
naître guerres et divisions.
Il condamne donc fermement
les « entrepreneurs de morts »
qui vendent des armes aux pays
en conflit pour que la guerre
puisse continuer.
« L’Homme semble être plus
puissant que Dieu, regrette le
Souverain Pontife, et capable de
détruire les bonnes choses qu’Il
a faites ».
Et de se référer alors aux «
nombreux exemples dans les
premiers chapitres de la Bible,
de Sodome et Gomorrhe à la
Tour de Babel, dans lesquels
l’Homme démontre toute sa méchanceté ».
Un point de vue certes négatif,
mais « réaliste », répond François, causé par les jalousies, les
envies, beaucoup de cupidité, la
volonté d’avoir plus de pouvoir.
« Mais que se passe-t-il dans
le cœur de l’Homme ? », questionne le Pape, et répond : «
notre cœur faible est blessé ».
Et de condamner cette « envie
d’autonomie : “je fais ce que je
veux. Si je veux faire une guerre,
je la fais” ».
De la guerre aux commérages
Les jalousies et les envies
mènent aussi aux commérages,
jusque dans les paroisses.
Cela aussi « est de la méchanceté, cette capacité de détruire que nous avons tous »,
condamne le Saint-Père, qui
se tourne alors vers l’Evangile
d’aujourd’hui, lorsque Jésus réprimande les disciples qui se
disputent car ils ont oublié de
prendre le pain.
Le Seigneur leur demande de
faire « attention », de prendre «
garde au levain des pharisiens et
au levain d’Hérode ».
Nous devons prendre « au sérieux » le message du Seigneur,
explique le Pape, « ce n’est pas
une chose étrangère, ce n’est
pas le discours d’un Martien,
l’Homme est capable de faire
de bonnes choses », en citant
l’exemple de mère Teresa, « une
« Nous tous sommes capables
de faire beaucoup de bien, mais
aussi de détruire, conclut le Souverain Pontife.
Dans la famille même, détruire
les enfants, ne les laissant pas
grandir avec liberté, ne les aidant
pas à bien grandir ».
Pour cela, « sont nécessaires
une médiation continue, la prière,
la confrontation entre nous, pour
ne pas tomber dans la méchanceté qui détruit ».
Le Patriarche catholique
d’Alexandrie estime que les
coptes tués sont des martyrs de
la foi.
Face au massacre des 21 Égyptiens coptes décapités en Libye par
les djihadistes de l’État Islamique, le patriarche d’Alexandrie des
coptes catholiques, Ibrahim Isaac Sidrak, « présente ses excuses
à toutes les familles des martyrs qui ont donné leur vie à cause de
leur foi et remercie dans un même temps le président Abdel Fattah
al-Sisi et toutes les institutions du gouvernement égyptien pour la
réponse rapide qu’ils ont donné à un tel attentat terroriste ».
Dans une déclaration confiée à l’agence Fides par l’intermédiaire
de se collaborateurs, le primat de l’Église copte catholique invite à
considérer la mort tragique des frères coptes orthodoxes avec un
regard éclairé par la foi tandis qu’il considère comme important le
fait que, face à la barbarie sanguinaire des djihadistes, un mouvement de réaction unitaire soit enregistré dans tout le pays.
« Cette tragique affaire, a déclaré le père Hani Bakhoum Kiroulos, secrétaire du patriarcat copte catholique, à l’agence Fides,
unit tout le pays, aussi bien les chrétiens que les musulmans. S’ils
comptaient nous diviser, leur projet est un échec. La dure condamnation de l’université d’Al Azhar [le plus grand centre théologique
de l’Islam sunnite] a été immédiate et sans appel, tout en parlant
“d’une action barbare qui n’a rien à voir avec quelconque religion
ou les valeurs humaines” ».
« Et l’opération militaire de l’aviation égyptienne contre les bases
de l’État islamique en Libye démontre également que pour le gouvernement, les citoyens égyptiens sont tous égaux et que l’Égypte
se sent touchée, en tant que nation, par le délire sanguinaire des
terroristes ». La présidence égyptienne a décrété sept jours de
deuil national pour le massacre des 21 coptes.

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