Vers la disparition du droit à l`eau en France
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Vers la disparition du droit à l`eau en France
Vendredi 20 février 2015 - N°53 FRANCE Les dessous de France Trésor P.2 Des députés PS veulent s’attaquer au Bon Coin. P.3 MONDE Arrestation d’un journaliste qui fait son travail P. 4 Vers la disparition du droit à l’eau en France ? Pas de référendum avec les ressources publiques P. 4 Les milliards d’euros gaspillés par l’UE P.5 La Banque centrale du Japon passe à l’attaque P.6 RELIGION Pas de mondanité ni de vanité P.7 Rapport de l’AEd sur les persécutions dans le monde P.8 CULTURE Exposition P.9 Concerts de la quinzaine P.10 www.ihsnews.net Le 1er Hebdomadaire catholique gratuit. « Les communicateurs catholiques doivent relever le défi de plus en plus grand de présenter la sagesse, la vérité et la beauté de l’Evangile dans un langage capable de toucher les esprits et les coeurs des innombrables personnes en quête de sens et de direction dans leurs vies, en tant qu’individus et membres de la société» Pape François. IHS News est un service de presse en ligne indépendant s’appuyant sur un réseau de 1500 correspondants. 2 France France Vendredi 20 février 2015 Vers un retour des coupures d’eau ? qui s’adonnent à ce type de pratiques. du Syndicat des eaux d’Ile-deFrance (Sedif), principal contrat de Veolia en France. Les juges donnent systématiquement raison aux plaignants. Son dauphin désigné à la mairie de Saint-Maurice n’est autre que le directeur des relations extérieures de la Lyonnaise des Eaux (Suez) et trésorier de Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E). Visiblement las d’accumuler les condamnations et les amendes, le lobby français de l’eau a décidé de réagir. D epuis près de deux ans, les coupures d’eau sont interdites en France, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays. Cette simple mesure de respect de la dignité humaine risque aujourd’hui d’être remise en cause au Sénat, où le lobby français de l’eau a fait déposer un amendement autorisant à nouveau ces coupures. C’est une disposition de la loi Brottes de 2013 (du nom du député socialiste de l’Isère François Brottes), qui consacre en France le principe du droit à l’eau reconnu par les Nations unies en 2010. Elle reste peu appliquée jusqu’à ce que deux associations, France Libertés et la Coordination Eau Ile-de-France, se saisissent de l’affaire (lirenotre article). Elles lancent un appel à témoignages et identifient des dizaines de cas de coupures d’eau illégales, majoritairement du fait des grandes entreprises privées de l’eau, Veolia en tête. Elles assignent ensuite en justice Veolia, Suez environnement et la Saur (propriété de BNP Paribas et du groupe BPCE), ainsi que les régies publiques de l’eau Pour exercer leur influence au Sénat, les multinationales n’ont pas choisi la discrétion puisqu’elles ont recours à l’un de leurs relais favoris, Christian Cambon, le sénateur-maire UMP de Saint-Maurice (Val-deMarne). Lui-même est le vice-président Christian Cambon a proposé un amendement au projet de loi sur la transition énergétique (sic) autorisant de nouveau les coupures d’eau, sauf pour les bénéficiaires d’aides sociales. Comme le soulignent les associations, cet amendement ignore la réalité des travailleurs pauvres et du non-recours massif aux aides sociales. Il cherche à réaffirmer la logique marchande en revenant sur l’inconditionnalité du droit à l’eau. Les Repas de l’Institut du Monde Arabe A priori, on mange bien à l’Institut du monde arabe. Même trop bien. Le traiteur libanais Noura, qui s’occupait jusqu’à présent du restaurant situé au dernier étage de l’immeuble de l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, réclame une facture de près de 41 000 euros à Jack Lang, président de l’IMA. L’équivalent de 74 repas en deux mois, correspondant à des déjeuners de Jack Lang, sa femme et leurs invités. Interrogé par Le Parisien, le président-fondateur de Noura, Paul Bou Antoun, assure que les problèmes ont commencé quand Jack Lang a pris la présidence de l’IMA en 2013 : « Il a immédiatement tenu à négocier des repas pour lui-même et ses invités, au prix de 25 euros, contre 50 euros en moyenne. Prestation dans laquelle il n’hésitait pas à inclure vin et champagne. Et puis les impayés se sont accumulés ». A l’IMA, on conteste la version du traiteur : « Tout est faux », assure le secrétaire général de l’institut. Selon lui, il s’agit d’une « entreprise de déstabilisation orchestrée par le traiteur depuis que nous avons résilié son contrat pour faute grave. Noura ne cesse de multiplier les procédures ». Evincé de l’IMA pour des raisons inconnues, alors que son contrat courait jusqu’en 2017, le traiteur a porté l’affaire en justice. Peut-être s’agit-il d’un règlement de comptes entre un prestataire et son client. Mais une chose est sure : Jack Lang a de l’appétit. Selon Le Canard enchaîné, pour remplacer le traiteur Noura, l’IMA vient de publier un appel d’offres, pour le moins curieux : « Le président devra bénéficier gracieusement, et dans la limite de 1 000 couverts par an, d’une table ouverte à longueur d’année. Et le délégataire devra assurer gracieusement un service café, thé soft, dans le bureau du président lorsque celui-ci reçoit des personnalités », précise le document. 1 000 couverts gratuits ? On peut comprendre Jack Lang : il n’est payé « que » 10 000 euros par mois. Vendredi 20 février 2015 France 3 Les français vont-ils devoir changer de téléviseur ? N ON, un quart des téléviseurs français ne finiront pas à la poubelle en 2016. Du moins, si les français ne cèdent pas à la panique face aux gros titres qui font très peur. Voici pourquoi vous ne jetterez pas votre « vieux » téléviseur l’année prochaine. De prime à bord, on est tenté de penser, avec raison, qu’une nouvelle norme de diffusion a pour objectif de rendre obsolètes des millions de téléviseurs. Ce, pour encourager la consommation en masse de nouveaux écrans avec l’impact environnemental qu’on connait tous. Mais est-ce réellement cette nouveauté qui poussera des millions de consommateurs à se précipiter dans les magasins ? Ils ne le feront certainement pas sans l’aide des grands médias et de la confusion (involontaire ou non) qu’ils entretiennent concernant les alternatives possibles et les personnes concernées. » « Des millions de téléviseurs obsolètes en 2016, peut-être le vôtre ? » Quelques médias discrets sortent de cet écueil comme Clubic qui titre : « Non, les téléviseurs ne seront pas obsolètes en 2016″ Pour cause. 44 % des foyers reçoivent la télévision par Internet. Selon le dernier observatoire de l’équipement audiovisuel des foyers du CSA, seuls 8% des foyers équipés d’au moins un téléviseur reçoivent la télévision uniquement par la TNT et ne sont pas équipés Et c’est précisément pourquoi quelques secondes d’antenne peuvent aujourd’hui se facturer des millions d’euros. Vous offrez volontairement votre temps de cerveau disponible avec la seule liberté de choisir qui vous abreuvera d’images sélectionnées par d’autres, interrompues ici et là quelques minutes pour vous dire quoi consommer pour être dans la norme. Si évidemment la boite à troubadours contient aussi quelques perles culturelles comme Arte, ces chaines adorées du public, selon les déclarations, sont aussi les moins regar- La panique dans les gros titres Personne n’y a échappé, pas loin d’un français sur quatre devrait, à en croire les principaux médias, courir, d’ici à la fin de l’année, dans un magasin acheter un nouveau téléviseur. Il y aurait donc une obsolescence volontaire suite à une décision injuste en vue de vous faire consommer. Mais ces titres correspondent-ils à la réalité ? Prenons l’exemple du Figaro qui titre pratiquement en premier « Un quart des téléviseurs seront obsolètes en 2016 » et ajoute « La plupart des téléviseurs de plus de huit ans devront donc être renouvelés. » Les autres médias suivent avec, par exemple :« TNT : un quart des téléviseurs deviendront obsolètes en 2016″ « Entre 3,5 millions et de 10 millions de télévisions ne pourront plus fonctionner en France » « Votre téléviseur bientôt obsolète pour le MPEG-4. Pour ces 8% qui veulent absolument abreuver leur esprit des chaines nationales, il suffit d’investir 30€ dans un décodeur TNT HD compatible avec la norme MPEG-4. Deux câbles à brancher et la question est réglée. Tout semble indiquer que les médias amplifient cette information. Et en amplifiant cette peur inconsidérée, n’incitent-ils pas eux-mêmes à une consommation tout aussi inconsidérée ? Car, de quoi parle-t-on ici si ce n’est uniquement de la fonction « réceptrice » d’un téléviseur en omettant toutes les autres options ? Remettre en question la télévision ? Devant votre téléviseur, vous êtes un consommateur passif. dées. Par ailleurs, ces contenus qualitatifs offerts par la télévision sont désormais disponibles sur… Internet ! La jeune génération sait de quoi on parle. L’écran aujourd’hui n’a plus pour vocation d’être un simple récepteur. Pour une catégorie de plus en plus importante de la population, l’écran a désormais une fonction à double sens. Films, information libre, culture, grâce à internet, le citoyen devient créateur de contenu. Il fait des échanges, sélectionne son information (avec le risque de choisir le mieux comme le pire) et jouit d’une liberté nettement plus large. Alors qu’un téléspectateur consomme ce qu’on veut bien lui donner à manger, l’internaute EST le média. De ce fait, ce n’est pas de vieux écrans qui seront bientôt obsolètes, c’est le principe même de la diffusion qui le devient. La télévision sera bientôt morte La réalité, c’est que « le net » finira probablement par manger la télévision, entièrement. Vous pensez que c’est faux ? Pensez-y à deux fois. Netflix, une des plus grandes entreprises au monde qui propose du contenu média en flux continu via internet, prédit que le modèle de la télévision traditionnelle devrait disparaître d’ici quelques années. Son estimation n’est pas tablée sur des idées, mais des observations. Internet propose déjà, aujourd’hui, 100% (et plus) de ce qu’une chaine de télévision aurait à offrir, mais en mieux. D’ici peu, il sera évident pour tout le monde que d’offrir volontairement son inconscient à une chaine de télévision n’est pas le plus intelligent des comportements. Regarder les grandes chaines, c’est une manière de faire vivre des monopoles dont la prétendue liberté semble aussi malléable que la taille de l’enveloppe offerte par les marques. Nous vivons, sans le réaliser, cette transition vers le média véritablement libre, Internet. Mais tout le monde veut-il de cette responsabilité ? C’est bien vis-à-vis de cette mauvaise compréhension de la chose par les médias que la panique semble inconsidérée. N’est-ce pas finalement une très bonne nouvelle d’apprendre qu’un quart des téléviseurs français n’auront plus de réception ? N’est-il pas temps de reprendre le contrôle sur ce que nous regardons ? De choisir et non plus subir ? N’est-ce pas le bon moment pour ces consommateurs d’investir dans un « multimédia » libre ? Cependant, Internet restera libre aussi longtemps que des individus se battront pour sa neutralité. Ce qui est aujourd’hui loin d’être gagné… 4 France Vendredi 20 février 2015 Didier Migaud, le super cumular pas si net donc… Migaud, critiqué par… la chambre régionale des comptes Plus drôle encore : celui qui aujourd’hui critique les élus… avait lui-même fait l’objet de critiques de la part de la chambre régionale des comptes. O n pourrait l’appeler Monsieur propre. Chaque année, Didier Migaud, le président de la Cour des comptes, remet son rapport annuel pour critiquer les dépenses de l’Etat : pas assez d’économies, des services publics manquant d’efficacité, des fonctionnaires trop payés en Outre-mer. Tout y passe. Didier Migaud est devenu le gardien des dépenses publiques. Mais M. propre n’a pas toujours été exemplaire… L’as du cumul des mandats avant d’entrer à la Cour des comptes Avant de devenir président de la Cour des comptes, Didier Migaud était… un as du cumul. Dans un article publié il y a quelques mois, le magazine Capital rappelait que Migaud pouvait aligner jusqu’à trois mandats et une fonction en même temps : « Conseiller général, maire de Seyssins (Isère), président de l’agglomération de Grenoble, député et rapporteur du budget à l’Assemblée nationale… entre 1995 et 2002, Migaud a fait l’homme-orchestre, jonglant avec les dossiers locaux et les questions de finances publiques ». C’était en 2010, au moment même où il devenait président de la Cour des comptes. Dans son rapport, la chambre régionale de Rhône-Alpes pointait notamment le trop grand endettement de l’agglomération de Grenoble… présidé par Migaud. « L’encours de la dette a cru de 54,5%, passant de 218 354 776 euros au 31 décembre 2004 à 337 513 615 euros au 31 dé- cembre 2007, ce qui place la Métro, en terme d’encours de la dette par habitant par rapport aux recettes réelles de fonctionnement, dans une situation particulièrement défavorable, comparée aux autres communautés d’agglomération de même taille », dénonçait le rapport. Plus gênant : pour faire face à cet endettement, l’agglo a eu recours à des produits toxiques (représentant près de 26% de la dette à l’époque). Et comment expliquer le dérapage des comptes ? Le rapport souligne qu’une partie de cet endettement est notamment liée à la construction du grand stade de Grenoble, dont le coût a dérapé en passant de 32 à 90 millions d’euros. Un bel exemple de bonne gestion... D’après Capital, ses adversaires assurent qu’il était bien présent à tous ces postes. Pour justifier ces cumuls, Migaud expliquait qu’il n’avait besoin que de quatre heures de sommeil. Un surhomme qui occupait plusieurs équivalents temps plein IHSnews ne peut exister que grâce aux abonnements, n’étant appuyé par aucune multinationale et ne recevant aucune subvention de la part de l’état. Vous pouvez nous aider à continuer et à développer ce média en choisissant l’un des abonnements proposés (allant des tarifs réduits aux abonnements de soutien). Cliquez sur le Lien... http://www.ihsnews.net/?page_id=69 Vendredi 20 février 2015 International 5 La dette étudiante US refait parler d’elle L a bulle de la dette étudiante prend des proportions de plus en plus inquiétantes aux États-Unis. dérives du capitalisme financier, qui avait vu le jour dans la foulée de la crise de 2008, à faire un coup d’éclat en septembre 2014. Selon les statistiques publiées, mardi 17 février, par la Réserve fédérale de New York, le total des prêts s’élève au 31 décembre 2014 à 1 160 milliards de dollars, soit plus que la dette totale des cartes de crédit américaines. Réunis au sein du collectif Strike Debt, ils avaient racheté la dette étudiante souscrite par 2 800 Américains auprès de l’université Everest College pour un montant total de 4 millions de dollars. Le montant de ces prêts souscrits dans le cadre des études a augmenté de 11,1 % au cours du dernier trimestre par rapport aux trois mois précédents et de 7,1 % sur les douze derniers mois. Une goutte d’eau par rapport aux montants annoncés mardi par la Fed. Selon le ministère de l’éducation, il y a aujourd’hui environ 40 millions d’Américains qui ont souscrit un prêt étudiant. Celui-ci s’élève en moyenne à 30 000 dollars. Du fait de l’explosion des frais de scolarité, qui ont augmenté de 440 % en 25 ans, selon le magazine Forbes, près des troisquarts des étudiants diplômés ont été obligés de contracter un crédit. Aujourd’hui, les droits peuvent aller de 6 000 et 50 000 dollars, y compris dans des établissements de milieu ou de queue de classement. Jusqu’à la crise, le remboursement était plus ou moins gérable. Mais depuis 2008, décrocher un premier emploi à la hauteur de ses diplômes est beaucoup plus compliqué. Quantité d’étudiants se retrouvent plombés par ces emprunts, ce qui commence à avoir des effets macroéconomiques. « L’accroissement des remboursements et des défaillances de prêts étudiants est préoccupant », explique Donghoon Lee, un chercheur de la Fed de New York. Celle-ci s’inquiète notamment de la moindre capacité de cette population à souscrire d’autres prêts, à commencer par des crédits immobiliers. Avant la crise, la perspective de revenus confortables incitait les jeunes diplômés à s’endetter pour acheter un logement. Mais aujourd’hui, « les problèmes de remboursement et de défaillance sur les prêts étudiants réduisent la capacité des emprunteurs à posséder leur propre foyer », souligne M.Lee. Il s’agit de l’un des facteurs explicatifs de la reprise molle observée sur le marché immobilier depuis la reprise économique. Ces trentenaires sont contraints de rester le plus longtemps possible chez leurs parents en attendant d’avoir un peu plus de visibilité sur leurs revenus et donc leur capacité de remboursement. Extension du programme « pay as you earn » Cette situation a incité des anciens d’Occupy Wall Street, le mouvement de contestation des Conscient du problème, Barack Obama a tenté de s’attaquer au problème. En janvier, il a proposé la gratuité des deux premières années dans les community college, des formations courtes de deux ans, en fonction de l’implication et des résultats des étudiants, qui, en échange, fourniraient un certain nombre d’heures de travail au sein de leur établissement. En juin 2014, le président américain avait également décidé par décret l’extension d’un programme d’aide au remboursement des prêts étudiants, le « pay as you earn » (remboursez en fonction de ce que vous gagnez). Ce programme permet aux jeunes diplômés de plafonner à 10 % de leur revenu mensuel les remboursements sur leurs prêts étudiants fédéraux. Jusqu’ici, le dispositif n’était destiné qu’aux personnes ayant souscrit leur emprunt après octobre 2007. À partir de décembre prochain, il sera aussi ouvert aux personnes ayant souscrit leurs dettes avant cette date. International 6 Vendredi 20 février 2015 Obama et le leadership US déclaré que le désordre généré par des États faillis et desmenaces asymétriques venant d’organisations terroristes étaient les principaux défis auxquels la communauté internationale était confrontée aujourd’hui. L e président Barack Obama a dit que le leadership américain nécessitait parfois de tordre le bras des États qui ne font pas ce que nous avons besoin qu’ils fassent et que les États-Unis utilisaient leur force militaire et d’autres moyens de pression pour atteindre leurs objectifs. Dans une longue interview qu’il a donnée à Vox, et qu’Obama luimême a qualifiée de tribune destinée à «ceux qui aiment se creuser les méninges», le président américain a nié l’efficacité d’une politique étrangère purement réaliste tout en expliquant que, parfois, les Etats-Unis, dont le budget de la défense dépasse la totalité de ceux des dix pays qui le suivent en ordre d’importance, avait besoin de s’appuyer sur sa force militaire et sur d’autres leviers du pouvoir. Saluant le système fondé sur le respect des règles qui avait émergé après la Seconde Guerre mondiale, Obama a admis qu’il n’était pas parfait, mais il a soutenu que «l’ONU, le FMI, et toute une série de traités, de règles et de normes qui ont été établies ont vraiment contribué à stabiliser le monde, ce qui n’aurait jamais pu se faire autrement.» Il a expliqué, cependant, que l’efficacité de ce système idéaliste, wilsonien, fondé sur le respect des règles avait été mis à rude épreuve par le fait «qu’il y a là-bas des gens méchants qui veulent nous faire du mal.» Selon le président, la réalité de ces menaces a contraint les Etats-Unis à avoir «la plus grande armée du monde». Obama a dit en outre: «Nous devons, à l’occasion, tordre le bras des pays qui ne feraient pas ce que nous voulons qu’ils fassent. Si nous ne disposions pas des divers moyens de pression économiques, diplomatiques ou militaires que nous avons – si nous n’avions pas cette pointe de réalisme, nous n’arriverions à rien non plus.» Obama note que les ÉtatsUnis n’ont pas de solutions militaires à tous les défis du monde moderne, mais il ajoute que nous n’avons pas d’équivalent en termes d’État qui pourrait attaquer ou provoquer les EtatsUnis. «Celui qui serait le plus en mesure de le faire, c’est évidemment la Russie avec son arsenal nucléaire, mais d’une façon générale, ils n’ont pas la capacité d’envoyer des forces miliaires partout dans le monde comme nous. La Chine non plus. Nous dépensons plus pour notre armée que les dix pays suivants ensemble», a-t-il dit. Dans ce contexte, Obama a Obama a également indiqué que pour régler ces questions et d’autres problèmes, il fallait avoir «des moyens de pression sur les autres pays et d’autres ressources» chaque fois que possible, tout en reconnaissant que Washington était «le chef de file parce que nous avons des capacités que les autres n’ont pas». Cette approche, a-t-il affirmé, a également conduit à «partager une partie du fardeau et de la responsabilité». Quand on l’a interrogé sur les limites de la puissance américaine, Obama a admis qu’il y avait des choses que son administration ne peut tout simplement pas faire en termes de projection de puissance, mais il est resté optimiste. «En fait, le leadership américain, vient en partie de notre confiance en nous, du sentiment que nous pouvons le faire*. Nous sommes le plus grand et le plus puissant pays de la Terre. Comme je l’ai déjà dit dans mes discours: lorsque des problèmes surgissent, ce n’est pas Pékin qu’on appelle, ni Moscou. C’est nous. Et nous assumons cette responsabilité. La question, je pense, est de savoir comment ce leadership est exercé. Mon administration montre beaucoup de détermination à éclaircir, prendre en charge et venir à bout des problèmes du monde entier.» Cet appel au leadership des États-Unis, qui découle de la notion de l’exceptionnalisme américain, a régulièrement été remis en question par Moscou. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est élevé, en septembre dernier, contre la partie du discours d’Obama devant l’ONU où le président américain présentait l’agression russe en Europe, l’épidémie d’Ebola et ISIS comme les menaces actuelles – et comparables entre elles – à la paix et la sécurité internationales. Lavrov a déclaré que le discours d’Obama à l’ONU était le «discours d’un artisan de paix – dans la manière dont il avait été formulé», mais il a ajouté que «les résultats sur le terrain étaient loin d’être à la hauteur des paroles». Le ministre russe des Affaires étrangères a ajouté qu’Obama avait présenté une vision du monde basée sur l’exceptionnalisme étatsunien. «C’est la façon de voir d’un pays qui s’est donné, dans sa doctrine de défense nationale, le droit d’utiliser la force de façon discrétionnaire, au mépris des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ou d’autres règles du droit international», a déclaré M. Lavrov. Dans un article de septembre 2013 dans le New York Times, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré que le concept de l’exceptionnalisme américain était problématique dans l’arène mondiale. «Il est extrêmement dangereux d’encourager les gens à se considérer comme exceptionnels, quelle qu’en soit la raison, a écrit Poutine. Il y a de grands pays et de petits pays, des pays riches et des pauvres, des pays qui ont une longue tradition démocratique et d’autres qui ont encore du chemin à faire vers la démocratie. Leurs politiques diffèrent aussi. Nous sommes tous différents, mais lorsque nous demandons au Seigneur de nous bénir, nous sommes obligés de nous rappeler que Dieu nous a créés égaux.» Vendredi 20 février 2015 Catholicisme 7 Le Pape invite a recevoir le don des larmes A lors que plus d'un milliard de catholiques sont entrés ce mercredi dans le temps du Carême, à Rome, le Pape François a présidé la célébration du Mercredi des Cendres en la basilique Sainte-Sabine, après avoir participé à une procession à pied depuis la basilique Saint-Anselme. Dans son homélie, il a insisté sur l’importance de se laisser réconcilier avec Dieu en lui demandant « le don des larmes ». C’est en revenant sur ce cri du cœur du prophète Joël, « Revenez à moi de tout votre cœur ! », présent dans la liturgie de ce jour, que le Pape François s’est appliqué à montrer que le Carême ne doit pas appréhendé avec formalisme mais avec sincérité. « Revenir au Seigneur avec tout son cœur signifie entreprendre le chemin d’une conversion qui ne soit pas superficielle et transitoire, mais un itinéraire spirituel qui concerne le cœur, le lieu le plus intime de notre personne. » Le Pape a alors appelé à lâcher prise, en laissant une place à l'émotion et aux larmes. « Cela nous fera du bien de demander le don des larmes, afin de rendre notre prière et notre chemin de conversion toujours plus authentique et sans hypocrisie. Cela nous fera du bien de nous poser cette question : est-ce que je pleure ? Est-ce que les évêques pleurent, est-ce que les cardinaux pleurent, est-ce que le pape pleure, est-ce que les prêtres pleurent, est-ce que les consacrés pleurent, est-ce que les larmes sont dans nos prières ? s’est exclamé François, sortant de son texte, comme souvent, pour se mettre lui-même au même niveau de proximité avec Dieu que tous les autres fidèles. « Les larmes du cœur, c’est ce qui distingue le fait extérieur des faits intérieurs. Vous savez que les hypocrites ne savent pas pleurer. Ils ont oublié comment pleurer, ils ne demandent pas le don des larmes. Le Pape a rappelé la colère de Jésus face aux personnes hypocrites qui se donnent en spectacle. « Soyez attentifs à ne pas pratiquer votre justice devant les hommes pour être admirés d'eux. Quand tu fais l'aumône, ne sonne pas la trompette devant toi, comme le font les hypocrites. hortation de Jésus, « convertissez-vous et croyez en l’Évangile », prononcée lors de l’imposition des Cendres, François a rappelé que l’invitation à la conversion est « une invitation à revenir, comme pour le fils prodigue, entre les bras de Dieu, un Père tendre et miséricordieux, et à se confier à lui. » Et quand vous jeûnez, ne devenez pas mélancoliques comme les hypocrites. » (Mt 6) « Le Seigneur ne se fatigue jamais d'avoir miséricorde de nous, et veut nous offrir encore un fois son pardon - nous en avons tous besoin, en nous invitant à nous tourner à Lui avec un coeur nouveau, purifié du mal, purifié par les larmes, pour prendre part à sa joie » a répété François, qui a repris les propos tenus par Saint-Paul dans la lettre aux Corinthiens : Et le Pape a rappelé la nature pécheresse de tout être humain : « Nous vous supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu ». « Quand s'accomplit quelque chose de bien, presque instinctivement naît en nous le désir d'être estimés et admirés pour cette bonne action, pour en recevoir une satisfaction. » Le Pape a redit que cette invitation concerne tous les chrétiens, au Vatican comme partout dans le monde : Quand vous priez, ne soyez pas similaires aux hypocrites, qui aiment prier en se tenant droit, pour être vus de la population. En évoquant l’ex- « Nous sommes des créatures pécheresses, toujours en besoin de conversion, alors, s’il-vous plaît, arrêtons-nous un peu, et réconcilions-nous avec Dieu. » 8 Catholicisme Vendredi 20 février 2015 Disparition du P. Pedro Meca, O.P. « Le pape François a dit qu’il voulait une Église qui soit dans la rue. années dans le centre "Le Cloître", avant de créer en 1992 le foyer "La Moquette". C’est ce que j’ai essayé de vivre… De plus, de multiples associations,notamment le Collectif des Morts de la rue, ont bénéficié de son compagnonnage chaleureux. Au Ciel, personne ne nous demandera le nombre de prières que nous avons récitées ni combien de cierges nous avons brûlés. « Ma foi me dit que Dieu aime chacun. On sera jugé sur nos rapports avec les autres. La question sera : “Qu’as-tu fait de ton frère ?” » Ces propos du père Pedro Meca, décédé mardi dans sa 80e année, résument l'engagement de ce prêtre dominicain au service des plus pauvres durant toute sa vie. Né en 1935 à Pampelune en Espagne, il vécut une enfance de S’il aime chacun, c’est qu’il voit en lui quelque chose de beau et d’aimable. misère et de délinquance. nicain en 1956 éveille en lui la quête d'une vocation religieuse. Une fois exilé en France, son activité dans les réseaux anti-franquistes lui vaudront une condamnation par contumace à 70 ans de prison, avant qu'il ne soit amnistié en 1978. Et c'est auprès des personnes les plus pauvres qu'il vivra l'essentiel de son ministère, notamment à travers l'association les Compagnons de la nuit. La rencontre d'un frère domi- Il a travaillé de nombreuses Alors j’essaie de voir ce qu’il y a de beau en celui qui est en face de moi, démoli par l’alcool, la drogue, les échecs », déclarait-il au quotidien La Croix en 2009. Ses obsèques seront célébrées ce samedi 21 février à 10 heures en la chapelle du couvent Saint-Jacques, à Paris. 3.000 confirmations en RDC E nviron trois milliers de jeunes et d’adultes ont reçu le sacrement de confirmation des mains de l’évêque de Molegbe, dans la province de l’Equateur, Mgr Dominique Bulamatari. L’évêque clôturait ainsi, le 5 février, une tournée pastorale dans le doyenné de Yakoma, avec les paroisses saint Fidèle d’Abuzi, saint Joseph de Wapinda, saint Jean et saint Léon le Grand de Yakoma ainsi que saint Joseph de Kota-Koli. Mgr Bulamatari a échangé avec les curés des paroisses, les communautés de base et les responsables de gestion du patrimoine. Ils ont parlé de l’éducation chrétienne dans les écoles catholiques et de la pastorale des familles. L’évêque de Molegbe est surtout revenu sur la bonne gestion du patrimoine légué par les premiers missionnaires. Il a déploré le délabrement des églises, presbytères et couvents, écoles et hôpitaux, parfois vieux de 105 ans. Vendredi 20 février 2015 Catholicisme 9 Nous sommes capables de faire le bien et de détruire femme de notre temps ». « Mais ils ne comprenaient, poursuit François, car leur cœur était endurcit par cette passion, par cette méchanceté de discuter entre eux et de chercher le coupable, celui qui avait oublié le pain ». « Tous sommes capables de faire le bien, mais aussi de détruire ce que Dieu a créé ». Ce sont les parole du Pape lors de la messe matinale mardi dans la chapelle de la maison Sainte-Marthe, au Vatican. François, s’arrêtant sur la première lecture du jour qui raconte le déluge universel, observe que l’Homme est même capable de détruire la fraternité, de faire naître guerres et divisions. Il condamne donc fermement les « entrepreneurs de morts » qui vendent des armes aux pays en conflit pour que la guerre puisse continuer. « L’Homme semble être plus puissant que Dieu, regrette le Souverain Pontife, et capable de détruire les bonnes choses qu’Il a faites ». Et de se référer alors aux « nombreux exemples dans les premiers chapitres de la Bible, de Sodome et Gomorrhe à la Tour de Babel, dans lesquels l’Homme démontre toute sa méchanceté ». Un point de vue certes négatif, mais « réaliste », répond François, causé par les jalousies, les envies, beaucoup de cupidité, la volonté d’avoir plus de pouvoir. « Mais que se passe-t-il dans le cœur de l’Homme ? », questionne le Pape, et répond : « notre cœur faible est blessé ». Et de condamner cette « envie d’autonomie : “je fais ce que je veux. Si je veux faire une guerre, je la fais” ». De la guerre aux commérages Les jalousies et les envies mènent aussi aux commérages, jusque dans les paroisses. Cela aussi « est de la méchanceté, cette capacité de détruire que nous avons tous », condamne le Saint-Père, qui se tourne alors vers l’Evangile d’aujourd’hui, lorsque Jésus réprimande les disciples qui se disputent car ils ont oublié de prendre le pain. Le Seigneur leur demande de faire « attention », de prendre « garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ». Nous devons prendre « au sérieux » le message du Seigneur, explique le Pape, « ce n’est pas une chose étrangère, ce n’est pas le discours d’un Martien, l’Homme est capable de faire de bonnes choses », en citant l’exemple de mère Teresa, « une « Nous tous sommes capables de faire beaucoup de bien, mais aussi de détruire, conclut le Souverain Pontife. Dans la famille même, détruire les enfants, ne les laissant pas grandir avec liberté, ne les aidant pas à bien grandir ». Pour cela, « sont nécessaires une médiation continue, la prière, la confrontation entre nous, pour ne pas tomber dans la méchanceté qui détruit ». Le Patriarche catholique d’Alexandrie estime que les coptes tués sont des martyrs de la foi. Face au massacre des 21 Égyptiens coptes décapités en Libye par les djihadistes de l’État Islamique, le patriarche d’Alexandrie des coptes catholiques, Ibrahim Isaac Sidrak, « présente ses excuses à toutes les familles des martyrs qui ont donné leur vie à cause de leur foi et remercie dans un même temps le président Abdel Fattah al-Sisi et toutes les institutions du gouvernement égyptien pour la réponse rapide qu’ils ont donné à un tel attentat terroriste ». Dans une déclaration confiée à l’agence Fides par l’intermédiaire de se collaborateurs, le primat de l’Église copte catholique invite à considérer la mort tragique des frères coptes orthodoxes avec un regard éclairé par la foi tandis qu’il considère comme important le fait que, face à la barbarie sanguinaire des djihadistes, un mouvement de réaction unitaire soit enregistré dans tout le pays. « Cette tragique affaire, a déclaré le père Hani Bakhoum Kiroulos, secrétaire du patriarcat copte catholique, à l’agence Fides, unit tout le pays, aussi bien les chrétiens que les musulmans. S’ils comptaient nous diviser, leur projet est un échec. La dure condamnation de l’université d’Al Azhar [le plus grand centre théologique de l’Islam sunnite] a été immédiate et sans appel, tout en parlant “d’une action barbare qui n’a rien à voir avec quelconque religion ou les valeurs humaines” ». « Et l’opération militaire de l’aviation égyptienne contre les bases de l’État islamique en Libye démontre également que pour le gouvernement, les citoyens égyptiens sont tous égaux et que l’Égypte se sent touchée, en tant que nation, par le délire sanguinaire des terroristes ». La présidence égyptienne a décrété sept jours de deuil national pour le massacre des 21 coptes.