Victor baltard, architecte et restaurateur

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Victor baltard, architecte et restaurateur
Victor baltard > balades
u n n o u v e a u r e g a r d s u r l e pat r i m o i n e pa r i s i e n
39 Victor Baltard, architecte et restaurateur
de la place saint-Augustin (8 ème ) au Cimetière du Père Lachaise (20 ème )
Les balades du patrimoine
>>> Victor Baltard (1805-1874) est le fils de Louis-Pierre Baltard (1764-1846),
illustre architecte néo-classique et important théoricien de l’architecture.
Professeur à l’École des beaux-arts de 1818 jusqu’à sa mort, il publie
de nombreux écrits dont l’ Architectonographie des prisons (1829)
consacrée à l’étude comparative des divers systèmes carcéraux.
>>> Victor Baltard suit les traces de son père et entre en 1824 à l’Ecole
des beaux-arts de Paris dans la section architecture où il obtient le prix
de Rome en 1833. Pensionnaire à la Villa Médicis jusqu’en 1838, sa vision
de l’architecture et du décor monumental est profondément marquée
par les exemples qui lui offre son séjour italien et par la personnalité
d’Ingres, alors directeur de l’Académie de France à Rome.
>>> Nommé inspecteur des Fêtes et des Travaux d’art de la Ville de Paris,
il est notamment chargé des travaux d’entretien, de décoration
et de restauration des églises. Architecte des Halles centrales à partir
de 1845, son projet de pavillons en fonte est retenu par le conseil
municipal en 1853 après d’âpres débats. Le Conseil des bâtiments civils
adopte son projet pour l’église Saint-Augustin en 1860, édifice phare
où il déploie toute sa science de la construction et du décor. L’année 1860
voit également sa nomination à la tête du service d’architecture
de la Ville de Paris, suivie en 1863 par son élection à l’Académie des
beaux-arts.
>>> Passionné par la question de l’ornement et du rapport entre les arts,
Baltard est aussi l’artisan des grandes cérémonies du Second Empire pour
lesquelles il conçoit de fastueux bâtiments éphémères.
>>> (8ème) >>> place
Saint-Augustin
Église Saint-Augustin
(1860-1871)
Avec les Halles centrales, il s’agit de la principale réalisation architecturale de Baltard.
La Ville de Paris lui commande en 1859
la construction d’une église à la jonction
des boulevards Haussmann et Malesherbes
dans un quartier affichant une opulence
nouvelle. Avec une grande habileté, Baltard
tire parti des difficultés posées par la forme
triangulaire et l’exiguïté du terrain. Cette
contrainte, imposée par l’ordre urbain,
détermine le plan central de l’édifice et son
mode de construction : grâce à l’emploi
d’une structure en fonte, Baltard parvient
à élever un dôme monumental à plus de
60 mètres de hauteur sans avoir recours à
des contreforts extérieurs.
L’effet grandiose annoncé par le dôme se
poursuit dans les espaces intérieurs où Baltard
apporte un soin tout particulier à la décoration. Il fait appel aux artistes les plus appréciés
du Second Empire dans le domaine de la
sculpture (pas moins de 36 sculpteurs sont
sollicités dont Bonnassieux et Ottin qui
avaient séjourné à Rome avec lui), de la
peinture (Bézard, Bouguereau, Signol…),
du décor (Denuelle, Lameire…) ou du vitrail
(Maréchal, Lafaye, Lusson, Oudinot…).
L’ampleur des volumes intérieurs conduit
Baltard à concevoir un imposant ciborium
au-dessus du maître-autel. Afin d’éviter trop
de sécheresse dans le rendu des éléments
métalliques, ces derniers sont animés par
du patrimoine
des ornements (anges surplombant les colonnettes, décor ajouré des arcs-diaphragmes)
et un traitement polychrome et doré.
De nombreuses références stylistiques se
côtoient dans l’église Saint-Augustin, parangon du style éclectique né sous le Second
Empire : une inspiration byzantine est perceptible dans le plan de l’édifice, la richesse
des matériaux, les peintures à fond d’or
des pendentifs et les figures hiératiques de
la coupole, cette dernière évoquant les grands
modèles de la Renaissance italienne tandis
que le reste de l’édifice conjugue les éléments d’influence romane ou gothique.
Si le plan ingénieux de l’église et l’effet
grandiose de son élévation sont admirés,
Baltard se heurte à des critiques au sujet
de l’emploi conjugué du métal et de la pierre.
On reproche notamment à l’architecte le
contraste entre l’effet imposant du volume
intérieur et l’apparence grêle des colonnes
en fonte qui jouent le rôle de soutien. Le fait
de laisser le métal apparent a également
été jugé inconvenant pour un édifice religieux, ce matériau étant habituellement
associé à l’architecture industrielle.
>>> (6ème) >>> 3
place Saint-Germain-des-Prés
Église Saint-Germain-des-Prés
Le premier grand chantier de Baltard dans
le cadre de ses fonctions d’architecte de la
Ville de Paris est la décoration intérieure
de l’église Saint-Germain-des-Prés. Dans
un esprit « archéologique », Baltard conçoit
en 1842 un programme pictural qu’il souhaite
cohérent avec le style de l’architecture.
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Poursuivant l’association qu’il avait entreprise à Saint-Séverin, il confie le décor de
l’avant-chœur (1842-1846) puis de la nef
(1856) à son ami Hippolyte Flandrin, le plus
fidèle des disciples d’Ingres et artisan majeur
du renouveau de la peinture religieuse en
France au xixe siècle. Sous la conduite de
Baltard, Flandrin réalise à Saint-Germaindes-Prés un ambitieux décor mural peint
à la cire dans un style volontairement archaïsant (fond d’or, compositions en frise…).
L’ambiguïté cultivée à dessein entre campagne de décoration et restauration
d’un décor ancien est désapprouvée par
Delacroix qui écrit dans son Journal en 1852 :
« […] j’ai vu les barbouillages gothiques
dont on cerne les murs de cette magnifique
église […] j’aime mieux les imaginations de
Lehman que les contrefaçons de Baltard,
Flandrin et Cie. »
Hippolyte Flandrin meurt en 1864 et les
peintures de la nef sont achevées par son
frère Paul. Baltard fait élever un monument
en hommage au peintre dans le bas-côté
gauche de l’église.
>>> (2ème) >>> 9-13,
rue de la Banque
Nouvel hôtel du Timbre
(1845-1852)
Cette réalisation correspond aux débuts
parisiens de Baltard qui se voit confier l’exécution d’un projet initialement conçu par
l’architecte Paul Lelong, mort en 1846.
La façade sur rue, sobre et majestueuse,
est encadrée par deux pilastres corinthiens
monumentaux et couronnée d’un fronton
du patrimoine
sculpté de deux lions entourant un écusson.
Les contemporains de Baltard ont cru déceler dans cette façade des « réminiscences »
du long séjour italien de l’architecte.
>>> (1er) >>> rue
du Jour
Église Saint-Eustache
(1849-1858)
Le 16 décembre 1844, un incendie détruit
les grandes orgues de l’église Saint-Eustache
et détériore les trois premières travées de
la nef et des bas-côtés. A la suite de cet
accident, Baltard se voit confier la restauration entière de l’édifice. En 1849, en cours
de chantier, un décor peint du xviie siècle
est découvert sous le badigeon de la chapelle des Saints-Anges. Cette découverte,
commémorée par une inscription peinte
sur la paroi de droite de la chapelle, et celle
d’autres traces de décors anciens dans
l’église inspirent à Baltard le programme
de décoration de l’ensemble des chapelles
suivant un dispositif assez semblable : de
grandes scènes figurées ornent les parois
est et ouest, des peintures décoratives
(motifs architecturaux, géométriques ou
végétaux) soulignent la modénature tandis
que deux anges assis peints sur fond d’or
occupent les écoinçons des grandes arcades
ouvrant sur le bas-côté. D’éminents artistes
du Second Empire participent à ce vaste
chantier tels les peintres Cornu, Pils, Glaize,
Signol, Vauchelet, Barrias ou Couture et les
sculpteurs Chatrousse, Etex ou Triqueti.
Baltard conçoit lui-même les dessins du mobilier détruit lors de l’incendie soit le buffet
du grand orgue, le maître-autel et la chaire
à prêcher.
Aux portes de Saint-Eustache, Baltard
mène dans le même temps son chantier
le plus important qui l’occupe depuis 1844 :
la construction des Halles de Paris auxquelles son nom demeurera associé. Le projet
retenu se compose d’une dizaine de pavillons, modèles d’une architecture moderne,
spacieuse et aérée obtenue grâce à l’emploi
de différents matériaux issus de l’industrie :
fonte (charpente et ossature), brique et
verre. L’unique pavillon ayant échappé à
la destruction des Halles en 1971 a été
remonté en 1977 à Nogent-sur-Marne.
poursuite de l’alignement, se développe
la façade du presbytère pourvue d’un balcon
et de deux niches abritant des anges sous
un dais.
Baltard explore de nouvelles possibilités
techniques à l’intérieur de l’édifice et emploie le ciment pour construire d’un seul jet
les minces arcs diaphragmes de la chapelle
de la Vierge.
>>> (3ème) >>> Musée
Carnavalet,
23 rue de Sévigné, salle 128
Berceau du prince impérial
(1856)
>>> (1er) >>> 57
bd de Sébastopol
Église Saint-LeuSaint-Gilles
(1857-1862)
Baltard est chargé de concevoir un nouveau
chevet pour l’église Saint-Leu-Saint-Gilles
au moment du percement par Haussmann
du boulevard de Sébastopol. De façon très
ingénieuse, l’architecte tire parti de la parcelle réduite dont il dispose en imaginant
une nouvelle façade pour l’église, visible
depuis le boulevard. Derrière un mur de soubassement assurant l’alignement se dégage
la forme arrondie de l’abside. Dans ce mur
sont percées deux entrées ornées dans
un style Renaissance. Les extrémités sont
ponctuées par deux terrasses surmontées
de combles à lucarnes. A gauche, dans la
Ce berceau d’apparat, offert par la Ville de
Paris à Napoléon III et l’impératrice Eugénie
à l’occasion de la naissance du Prince
Impérial en 1856, a été dessiné par Baltard
qui en a également dirigé l’exécution. Le décor
fastueux témoigne du degré de maîtrise
technique atteint par les arts décoratifs
sous le Second Empire : la figure de la Ville
de Paris en argent ciselé est due à Simart,
les émaux représentant les vertus cardinales
ont été exécutés par la manufacture de
Sèvres sur des cartons d’Hippolyte Flandrin,
et les bronzes ont été fondus par la maison
Froment-Meurice.
Baltard put également développer son
goût pour l’ornement dans la réalisation
de décors éphémères pour les cérémonies
officielles organisées sous le Second Empire
à l’Hôtel-de-Ville, telles les fêtes du mariage
de l’Empereur en 1853, du baptême du prince
Victor baltard > balades
du patrimoine
impérial en 1856, ou les réceptions de la
reine d’Angleterre en 1855 et des souverains
lors de l’Exposition universelle de 1867.
rue du Perche
Porche de l’église
Saint-Jean-Saint-François
(1853-1855)
Cette réalisation est un exemple des adjonctions réalisées par Baltard sur des édifices
plus anciens à la demande de la Ville de Paris.
L’architecte conçoit une nouvelle entrée
pour l’église Saint-Jean-Saint-François sous
la forme d’un porche monumental plaqué
sur l’élévation antérieure de l’église, ancienne
chapelle des Capucins du Marais. L’harmonie
des proportions ne rend pas immédiatement perceptible l’aspect éclectique de
cette façade où Baltard mélange savamment les inspirations puisées dans l’art
roman ou de la Renaissance.
>>> (20ème) >>> 16,
rue du Repos
Cimetière du Père Lachaise
Baltard a dessiné de nombreuses tombes,
dix-sept en tout dont la majorité se trouve
dans des cimetières parisiens. Les tombeaux
antiques qu’il étudie durant son séjour en
Italie constituent sa principale source
d’inspiration. A la mort de son ami Hippolyte
Flandrin en 1864, il conçoit un monument
à sa mémoire dans l’église Saint-Germaindes-Prés et dessine sa tombe au cimetière
du Père-Lachaise (division 57) suivant un
dispositif assez sobre : le buste de l’artiste
sculpté par Oudiné à la manière d’un philosophe antique est placé dans une niche
sur une simple stèle. La tombe d’Ingres
(division 23) réalisée en 1868 suivant un
modèle assez semblable reçoit toutefois
un traitement architectural et ornemental
plus développé. Baltard rend ainsi un ultime
hommage à celui qui fut non seulement
un mentor mais aussi un proche (Ingres
dessina les portraits de Baltard et de son
épouse Adeline avec leur fille Paule).
toutes les balades sont disponibles sur le site
www.culture.paris.fr
:
D’autres réalisations de Baltard sont visibles à Paris
Baltard est intervenu dans de nombreuses autres églises parisiennes,
qu’il s’agisse de travaux de décoration et de restauration (églises
Saint-Séverin, Saint-Merri, Saint-Germain-l’Auxerrois, Saint-Gervais,
Saint-Thomas-d’Aquin, Saint-Denis-du-Saint-Sacrement…) ou d’adjonctions
aux édifices existants (salles des catéchismes des églises Saint-Jacquesdu-Haut-Pas, Saint-Philippe-du-Roule et Saint-Etienne-du Mont).
Baltard s’est également vu confier la transformation de l’église de l’abbaye
de Pentemont en temple protestant (lui-même est, rappelons-le,
de confession protestante). Il fut l’auteur d’un escalier monumental
dans la cour d’honneur de l’Hôtel-de-Ville disparu dans l’incendie de 1871.
Les tombes qu’il a dessinées sont visibles aux cimetières du Père-Lachaise
(Artaud, Bernheim, Madame Boulanger, Lefébure-Wély) de Montparnasse
(tombe de son père Louis-Pierre Baltard, de sa sœur Lucile et de
sa belle-mère Debrasseur) de Montmartre (Rostan, Prosper Baltard),
et de Bagneux (Huillard).
Pierre Pinon, Louis-Pierre et Victor Baltard, Paris,
Éditions du Patrimoine, 2005
Bibliographie :
Retrouvez tous les points Vélib’
sur www.velib.paris.fr
Mairie de Paris / Direction des affaires culturelles – Conception graphique :
, www.montag-design.com –
Crédits photographiques : Ville de Paris / photographes : J. M. Moser sauf étape 8 : Maire de Paris – Service des cimetières
>>> (3ème) >>> 13
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Église Saint-Leu-Saint-Gilles
de Lyon
Musée Carnavalet
Église Saint-Jean-Saint-François
Cimetière du Père Lachaise
Station Vélib’
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Montparnasse
d'Austerlitz