Marie-Aimée Dalloz (34 ans)

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Marie-Aimée Dalloz (34 ans)
Marie-Aimée Dalloz (34 ans)
On n’attrape pas Marie-Aimée Dalloz en quelques lignes, préviennent sa sœur et ses amis avant
d’évoquer un tourbillon de vie qui parle anglais, allemand, italien, espagnol, arabe et chinois. Qui
dessine, joue de la guitare, chante tout le répertoire de Bizet, revient du Laos, du Portugal, de
Thaïlande ou du Tibet, les bras chargés de petits cadeaux pour ses amis, oui, les bras parce qu’elle a
« bien évidemment » perdu sa valise, sa carte bleue et oublié son passeport. Qui lit passionnément, rit
tout autant, connaît par cœur certaines répliques des Visiteurs, organise les soirées et les vacances en
bande, convainc la banque qui l’emploie de l’aider à reprendre ses études en lui finançant un master
de marketing à l’Essec, réussit chaque concours interne auquel elle se présente, et ne manque jamais
un anniversaire. Comme ce 13 novembre, à la Belle Equipe, où elle est venue avec son compagnon
Thierry Hardouin, fêter celui de son amie d’enfance, Hodda. Elle était en terrasse avec elle quand la
berline noire des terroristes a surgi dans la nuit.
À son fils unique, âgé de 13 ans, il n’a pas fallu annoncer seulement la mort d’une mère. Ce jour-là, il a
perdu l’homme qui, depuis trois ans, l’élevait comme son propre enfant. Et aussi Justine, sa marraine.
Et Hyacinthe, qui trouvait toujours chez eux un coin de canapé. Le garçon a été élevé dans cet îlot
d’amitié farouche, absolu, qui s’était constitué autour de sa mère à l’école primaire, s’était enrichi au
collège et au lycée Montaigne à Paris, dans le 6e arrondissement, et avait survécu aux années de
maturité.
Du groupe de copains qui a été décimé à la Belle Equipe, Marie était « le pilier », raconte son amie
Camille Gardesse. Celle qui recevait le plus souvent chez elle parce que, à 21 ans, elle avait été la plus
jeune mère de famille de la bande. Et aussi parce que chez elle, on était sûr que le dîner serait bon.
Marie-Aimée préparait pour quinze des plats de cuisine asiatique – sa passion –, Thierry était préposé
aux desserts. Elle aimait la vodka et le chocolat, reprenait du fromage et riait de ses rondeurs parce
qu’elle trouvait qu’elles lui allaient très bien, surtout lorsque chaque année, devant le gâteau
d’anniversaire de son père, elle entonnait en riant le tube de Marilyn : « I wanna be loved (...) by you
alone. Pooh pooh bee doo ! »
Pascale Robert-Diard
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