Ren con tres à la Ré si dence avec Son Excel lence Mgr Ter rence

Transcription

Ren con tres à la Ré si dence avec Son Excel lence Mgr Ter rence
LE ROYAUME, N° 165, Janvier-Février 2004
S. Exc. Mgr Terrence
Prendergast, s.j.,
en visite chez
les Fils de Marie
Les 12 et 13 février 2004, le Commissaire pontifical pour les Fils de Marie, Son
Excellence Mgr Terrence Prendergast, s.j.,
est venu nous rencontrer. Nous avons
donc eu la chance de pouvoir partager ensemble des moments de prière, de rencontre et de fraternité.
Dans tous ces moments, que ce soit
avec le groupe de travail composé de
S. Exc. Mgr T. Prendergast, s.j.
Mère Paul-Marie et de quelques religieux
et religieuses, ou avec les Fils de Marie, ou auprès de moi, Mgr Prendergast a
pris le temps de s’informer de notre réalité et il a écouté attentivement ce qui lui a
été mentionné pendant ces rencontres.
Il a été notamment question, dans les différents entretiens, des possibilités
qui pourront éventuellement s’ouvrir pour les Fils de Marie qui se dirigent vers le
sacerdoce. En effet, cinq Fils de Marie ont terminé la préparation académique en
vue des ordres sacrés et d’autres sont actuellement en train de poursuivre cette
formation. Plusieurs, parmi eux, ont déjà une expérience pastorale importante
qu’ils ont acquise au fil des années par leur apostolat dans les paroisses, ainsi
que par l’enseignement du catéchisme ou encore par le travail auprès de différents groupes de jeunes, etc. Aussi, la souffrance, qu’ils ont vécue et supportée
dans cette attente d’une ouverture pour exercer un ministère auquel le Seigneur
les a appelés, a été pour eux un complément important de leur formation.
Il y a plusieurs étapes à franchir et déjà une réflexion est amorcée en ce sens.
Quelques suggestions ont été faites de part et d’autre afin d’en arriver à des démarches concrètes. Les Fils de Marie ont tenu à exprimer au Commissaire l’importance de respecter non seulement l’aspect strictement «diocésain», mais
aussi l’aspect «religieux» des Fils de Marie. Il est nécessaire et vital qu’il y ait
pour eux un lien constant qui doit demeurer avec la Communauté dans les projets qui seront élaborés pour les aspirants au sacerdoce. Le Commissaire pontifical a affirmé comprendre cette préoccupation et ne voudrait pas mettre inutilement les Fils de Marie dans des situations difficiles. Des propositions seront
donc éventuellement formulées à ce sujet.
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Les Fils de Marie ont aussi mentionné à Mgr Prendergast
comment ils étaient les témoins d’un mystère qui se déroule
sous leurs yeux, mais sans toutefois être capables de traduire, saisir ou comprendre totalement cette expérience
mystique que vit leur Fondatrice, Marie-Paule. Ils sont par
contre conscients qu’ils doivent sauvegarder et vivre cet héritage spirituel de leur Fondatrice. Aussi, le Père Serge Lépine qui prêchait la retraite mentionna, à la dernière conférence – à laquelle le Commissaire pontifical assistait –,
comment nous devions explorer et demeurer fidèles au
charisme fondateur; que la fidélité à l’inspiration des fondaPère Éric Roy
teurs et des fondatrices, don de l’Esprit Saint, permet précisément de retrouver et de revivre avec ferveur les éléments essentiels de la vie
consacrée. Il citait alors le document «Vita Consecrata» de Jean-Paul II.
Parmi les sujets abordés, il a été question de sa récente visite en Jamaïque
où il a rencontré les ex-confrères ainsi que Mgr Paul Michael Boyle, leur évêque.
Il nous a dit combien Mgr Boyle avait reconnu le travail immense des Fils et Filles
de Marie dans le diocèse de Mandeville, et pour cela il est très reconnaissant.
Nous avons aussi parlé du protocole envisagé dernièrement dans le cas où
les parents et amis demandent aux Fils de Marie leur présence pour la célébration des sacrements. Il veut, en ce sens, faire sa part en étant l’intermédiaire
entre nous et les diocèses afin de permettre aux Fils de Marie d’exercer leur ministère sacerdotal.
Mgr Prendergast espère que la situation actuelle pourra être résolue. Il veut
continuer à travailler en toute confiance avec Son Éminence le Cardinal Marc
Ouellet, parce qu’il connaît son désir d’Unité de l’Église et des Églises. Sa devise
en est l’expression: «Ut Unum Sint».
Le Commissaire nous mentionne aussi l’intérêt que porte le Nonce apostolique à notre cause. Il le tient au courant en lui communiquant un suivi de son travail avec nous. Mgr Prendergast nous mentionne également qu’il veut que nous
soyons aussi au courant s’il y a des rencontres avec la CIVCSVA (Congrégation
pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique), évoquant même
une possibilité que le Supérieur général l’accompagne lors d’une visite à Rome.
Mgr Prendergast, à la suite d’une discussion qu’il a eue avec une autorité,
croit qu’il serait bon qu’il y ait une déclaration de soumission de notre part à l’autorité de l’Église. Il nous laisse libres quant à la forme que pourrait prendre cette
déclaration. Il mentionna la même chose au groupe de travail, tout juste avant de
partir pour Québec où je l’ai accompagné.
Il est clair que Mgr Prendergast veut encourager les religieux en formation et
qu’il veut aussi continuer à tisser des liens de confiance mutuelle. De notre côté,
nous voulons continuer à avancer selon la Volonté de Dieu, sachant que c’est
Son Oeuvre et qu’Il continuera à la guider comme Il l’a toujours fait.
Père Éric Roy, o.ff.m.
Rencontres à la Résidence avec Son Excellence Mgr Terrence Prendergast, s.j.,
Archevêque de Halifax et Commissaire pontifical pour les Fils de Marie
Les jeudi 12 et vendredi 13 février 2004, Monseigneur Terrence Prendergast,
Commissaire pontifical pour les Fils de Marie, est venu à Lac-Etchemin pour une
quatrième visite qui coïncidait avec la fin de la retraite annuelle du deuxième
groupe des Fils de Marie, à Spiri-Maria.
Dès son arrivée à Lac-Etchemin, et accompagné du Père Éric Roy, Supérieur
général des Fils de Marie, le Commissaire s’est rendu à la Résidence où a eu
lieu une première rencontre avec Mère Paul-Marie, les Pères Victor Rizzi, Denis
Laprise et Pierre Mastropietro. Étaient aussi présentes les Soeurs Jeanne d’Arc
Demers et Chantal Buyse.
Revenant d’un séjour en Jamaïque en janvier dernier, Monseigneur a brièvement commenté ses rencontres fructueuses avec Monseigneur Boyle, Évêque
de Mandeville, où sont incardinés quelques prêtres Fils de Marie. Le Commissaire fut aussi chaleureusement accueilli à Bull Savannah et à Black River où
oeuvrent quelques Pères et Frères qui, en 2001, ont quitté les rangs de la Communauté des Fils de Marie.
Après avoir très brièvement décrit son séjour, Monseigneur aborde les sujets
qui le préoccupent, car il veut faire avancer la cause des Fils de Marie et l’ordination des cinq candidats qui ont complété leurs études et souhaitent accéder aux
Ordres, ainsi que celle des étudiants en formation.
Au cours de la conversation, Mère Paul-Marie a eu l’occasion de parler à Son
Excellence de l’expérience mystique qui a été la trame de toute sa vie et que l’on
découvre dans Vie d’Amour, une expérience mystique de plus de 70 ans, forgée
au creuset de la souffrance et enracinée dans une vie toute livrée à Dieu. Sans
s’attarder à la longue formation qui a précédé, notre fondatrice a succinctement
informé Son Excellence des cours de spiritualité que la Sainte Vierge lui avait
donnés en 1958, l’initiant au charisme de «l’image, du désir et de l’ordre», la préparant ainsi à sa mission pour l’Église et le monde. Mère Paul-Marie donna ensuite quelques exemples d’application concrète de ces cours et de la réalisation
de la Parole du Seigneur:
– Rencontre du Père Veilleux chez le Cardinal Léger
Mère Paul-Marie fit la relation de la demande du Seigneur, en mars 1958, afin
que le Père J.-Armand Veilleux rencontre le Cardinal Léger pour lui transmettre, de la part de la Sainte Vierge, un «message au monde». Or, le Cardinal Léger refusa ce message. Le soir même de la rencontre, Marie-Paule
«voyait» à distance le Cardinal Léger longeant un couloir et qui, se souvenant
de la rencontre avec le Père Veilleux, pensa: «Peuh!... cette femme!». Aussitôt, Marie-Paule entendit la Vierge lui dire: «PUISQUE LE CARDINAL N’A PAS
VOULU ACCEPTER, DES SCANDALES POLITIQUES, CIVILS ET RELIGIEUX
ÉCLATERONT, DES TÊTES TOMBERONT ET LE SANG COULERA.» Trois jours
plus tard, Marie-Paule recevait une lettre du Père Veilleux confirmant le refus
du Cardinal. Peu après, une «épidémie» de scandales s’étalaient dans les
journaux, scandales qui n’ont cessé depuis d’éclabousser le monde politique,
civil et religieux... (Cf. Vie d’Amour, volume I, chapitre 51, pp. 311-316, 1958)
– La disparition des dossiers de l’Armée de Marie
Il fut aussi question des «visiteurs nocturnes» aux bureaux
du Cardinal Maurice Roy, parti pour Rome, et dont MariePaule avait été «informée» par le Seigneur le 21 juin 1973.
Cette «visite nocturne» avait pour but de prendre certains
documents concernant l’Armée de Marie. Dans la nuit du 25
au 26 juin, Marie-Paule a «vus» ces mêmes visiteurs remettre les documents en place, après en avoir pris
connaissance.
Ces faits se reproduiront par la suite, expliquant la disparition des rapports financiers qui, pourtant, étaient adressés
Sr Chantal Buyse chaque année par lettre recommandée ou déposés directement à l’Archevêché par le Père Denis Laprise qui faisait signer le ou la réceptionniste, lui présentant un accusé de réception.
Quelle surprise, en effet, lorsque les responsables de l’Oeuvre reçoivent, en
1984, une lettre de S. Exc. Mgr Louis-Albert Vachon leur réclamant ces rapports qu’il n’aurait jamais reçus!... Aussitôt, le Père Denis se rend à l’Archevêché pour lui remettre une seconde copie de ces rapports qu’ils avaient reçus,
puisque le Vicaire général avait téléphoné à Marie-Paule parce qu’il désirait
une information à ce sujet (Vie d’Amour, volume VIII, chapitre 75, p. 392; brochure
n° 5, La Purification, Québec, 1985, pp. 65-66). Chaque fois, Marie-Paule informait, selon les circonstances, les Pères Victor Rizzi, Denis Laprise et Philippe
Roy, de regrettée mémoire, ou Soeur Jeanne d’Arc Demers de ce qu’elle
«voyait» ou de l’indication qu’elle «recevait» du Seigneur. Lors de la réalisation de ces indications, ils purent en confirmer l’authenticité...
– «Une lettre qui nuirait au dernier moment»...
Mère Paul-Marie fit part aussi à S. Exc. Mgr Prendergast de quelques faits
survenus lors du pèlerinage de 1975, notamment au sujet de l’audience générale, afin de montrer d’où viennent depuis le début les difficultés. Empruntant de larges extraits de Vie d’Amour et des écrits de Mère Paul-Marie dans
les journaux Le Royaume, en voici la relation:
En janvier 1972, le Seigneur indiquait à Marie-Paule celui qui serait
«L’ENNEMI N° 1» de Son Oeuvre d’Amour, soit un membre de l’épiscopat de
l’Archevêché de Québec. Peu après, cet Évêque entra en action et les preuves nous furent données.
Un pèlerinage de l’Armée de Marie était prévu pour mai-juin 1975, en Italie.
Le 3 février précédent, S. Exc. Mgr Jean-Pierre van Lierde, Vicaire général
pour la Cité du Vatican, en audience privée auprès du Pape Paul VI, lui avait
parlé de l’Oeuvre mariale. Aussitôt, le Pape avait exprimé le désir de rencontrer les Dirigeants de l’Armée de Marie: «Je veux les recevoir en audience
privée», avait-il dit à S. Exc. Mgr van Lierde qui en informa aussitôt Son Éminence le Cardinal Roy, Archevêque de Québec, alors en séjour à Rome. Par
la suite, S. Exc. Mgr van Lierde indiqua à Marie-Paule la manière de procé-
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LE ROYAUME, N° 165, Janvier-Février 2004
bles paroles prononcées sur la Place Saint-Pierre, en cette Année Sainte de
la Réconciliation: «Dehors, les Canadiens!» Paroles répétées avec force et
rudesse.
La scène disgracieuse, qui attire l’attention de centaines de pèlerins, est vite
apaisée par le calme et la docilité des Chevaliers de Marie qui s’éloignent, attristés, parce que frustrés dans leurs droits.
Et les trois cent cinquante places restent libres jusqu’au dernier moment.
D’OÙ VIENNENT CES DIFFICULTÉS?
1975 - «Le succès de
l’Année Sainte dépendra
de Marie.»
- S.S. Paul VI
1975 - S. Exc. Mgr
Jean-Pierre van Lierde, Vicaire général pour
la Cité du Vatican.
1975 - S. Ém. le Card.
Maurice Roy, Archevêque de Québec et Primat
de l’Église du Canada.
der, ce qui fut fait dans la discrétion. Mais le Malin avait flairé la nouvelle de
l’audience souhaitée par le Saint-Père, et, par ses «ambassadeurs» à Rome
et à Québec, fourbissait ses armes.
Or, le 10 mars suivant, Son Éminence le Cardinal Maurice Roy approuve
l’Armée de Marie, lui accordant le statut d’Association pieuse, aux termes du
canon 708 du Code de Droit canonique alors en vigueur. Il n’en fallait pas davantage pour que les adversaires, tant du Cardinal Roy que de l’Armée de
Marie, travaillent avec plus d’ardeur en vue d’anéantir cette Armée qui, déjà,
faisait beaucoup de bien dans l’Église.
Le 25 mars suivant, Marie-Paule «reçoit» cette indication: «Une lettre de
l’Archevêché de Québec, contre l’Armée de Marie, est déjà rendue à Rome
pour nuire au dernier moment.» Elle en informe aussitôt Monseigneur van
Lierde qui lui répond:
«C’est le Pape qui a demandé à vous voir et le Cardinal a recommandé
l’Armée de Marie. Cela sera fait.
– Vous aurez été prévenu, Monseigneur», répondit Marie-Paule.
Comme ce fut demandé par Rome, des lettres de recommandation, en vue du
pèlerinage marial et de l’audience privée, furent adressées au Préfet de la
Maison pontificale, S. Exc. Mgr Jacques Martin, par Son Éminence le Cardinal Maurice Roy (Québec) et par les Vicaires généraux de Trois-Rivières et
de Rimouski. Tout semble en bonne voie, et pourtant Marie-Paule «sait» que
rien de tout cela n’aura lieu, à cause d’une action sournoise menée par deux
adversaires contre les actes posés par le Cardinal Roy, deux adversaires qui
ont juré la mort de l’Armée de Marie.
LE PÈLERINAGE
La veille du départ
pour l’Europe, Marie-Paule reçoit, le 20
mai 1975, un télégramme en provenance de Rome:
«ASSURÉE BELLE PRÉSENCE ARMÉE
DE MARIE
AUDIENCE PONTIFICALE
28 MAI ET CÉRÉMONIE MARIALE JARDINS VATICAN 31 MAI
REJOIGNEZ
ABSOLUMENT ROME MERCREDI MATIN
28 MAI
SAINTE VIERGE BÉNISSANTE
MONSEIGNEUR JEAN-PIERRE
Plus de trois cents pèlerins de l’Armée de Marie arrivent à Rome, après un séjour à Lourdes. Le jour de l’audience, il arriva exactement ce que le Seigneur
avait «indiqué» à Marie-Paule...
Le 28 mai 1975, S. Exc. Mgr Martin, digne et honnête, expliqua tout à Monseigneur van Lierde quelques heures avant l’audience de 18 heures: Très tard,
la veille au soir, S. Exc. Mgr Giovanni Benelli, Substitut à la Secrétairerie d’État, téléphone à Monseigneur Dino Monduzzi, Régent de la Préfecture de la
Maison pontificale, pour lui dire, en réclamant le dossier de l’Armée de Marie:
«L’Armée de Marie ne doit pas être nommée demain à l’audience.
– C’est impossible, reprend Monseigneur Monduzzi, car Son Éminence le
Cardinal Roy, de Québec, a recommandé l’Armée de Marie.
– J’en prends la responsabilité», reprend S. Exc. Mgr Benelli.
Devant l’insistance de Monseigneur Monduzzi à défendre la cause de
l’Armée de Marie, S. Exc. Mgr Benelli fait un appel téléphonique au Préfet de
la Maison pontificale, S. Exc. Mgr Jacques Martin, en répétant les mêmes paroles qu’à Monseigneur Monduzzi.
La réponse de S. Exc. Mgr Jacques Martin est identique:
«C’est impossible, Son Éminence le Cardinal Maurice Roy a approuvé
l’Armée de Marie;
- S. Exc. Mgr van Lierde a fait sa recommandation;
- le Saint-Père a demandé à les voir.
– Non, faites ce que je vous dis. Je prends la responsabilité de la chose», reprend S. Exc. Mgr Benelli.
Mais les pèlerins en avaient été informés avant l’audience.
Ce n’est pas tout. Le billet collectif réservé pour l’Armée de Marie par Monseigneur van Lierde, et à qui il devait être remis, avait été réclamé faussement,
au nom de l’Oeuvre, par une certaine dame rattachée à l’agence de voyages
qui avait été recommandée aux dirigeants. Heureusement, Monseigneur
Martin leur avait remis une copie de ce document nécessaire à l’entrée de la
section B.
AUDIENCE GÉNÉRALE (28 mai 1975)
Munis de la copie du billet collectif, les membres de l’Armée de Marie se présentent sur la Place Saint-Pierre afin d’assister à l’audience générale.
Après avoir regardé le billet, un garde suisse fait aussitôt entrer le groupe
dans la section «B», places assises, près de la statue de saint Paul.
À ce moment, les pèlerins sont témoins de la plus grande confusion entre les
préposés au service d’ordre et les employés de la préfecture. Le billet permet
aux pèlerins d’occuper une place de choix, mais un contrordre de dernière
heure les fait expulser...
Une discussion très animée s’engage parmi le personnel qui ne s’entend pas.
Finalement, les responsables font appel à Monseigneur Dino Monduzzi qui
tranche la question selon l’ordre reçu. C’est alors qu’on entend ces incroya-
En expliquant ce qui s’était passé à Mgr van Lierde, Monseigneur Martin avait
ajouté: «Dites aux dirigeants de l’Armée de Marie d’aller au fond des choses.
Jamais ces choses ne se sont faites ici, et c’est devenu intolérable.» Et Monseigneur Dino Monduzzi avait ajouté: «Il faut que les Évêques canadiens
soient unis. C’est de là que sont venues les difficultés.»
Alors que notre demande d’audience, exprimée dans un esprit de filiale dévotion, était hautement et explicitement recommandée par une lettre spéciale
de notre Supérieur ecclésiastique, S. Ém. le Card. Maurice Roy, de Québec,
voici que «L’ENNEMI N° 1», aussi de l’Archevêché de Québec, n’a pas hésité,
une fois encore, à diriger ses flèches contre l’Oeuvre et, par le fait même,
contre les Autorités qui la soutiennent. Tout a été bloqué par les adversaires
de Québec et ceux qui sont de connivence avec eux à Rome.
Ainsi se réalise l’information divine, donnée en mars, et aussitôt transmise à
S. Exc. Mgr van Lierde: «Une lettre de l’Archevêché de Québec, contre
l’Armée de Marie, est déjà rendue à Rome pour nuire au dernier moment.»
Comment douter de l’intervention de Dieu qui prévient et veut protéger Son
Oeuvre?
Pourquoi rappeler ces faits si décevants? C’était en 1975. Plus de vingt ans
ont passé; cette lutte infernale aurait-elle fait place à la vérité? Au contraire,
elle a toujours augmenté, atteignant même ceux et celles qui ont le courage et
la loyauté de soutenir cette Oeuvre dont ils voient les fruits savoureux. (Cf.
Mère Paul-Marie, Le Royaume, n° 111, mai-juin 1996, p. 13)
– Les dons acceptés ou refusés
Afin de montrer d’où viennent en réalité les difficultés, Mère Paul-Marie
aborde un autre exemple: celui des dons acceptés ou refusés.
En 1985, les autorités religieuses réclamaient des dons pour couvrir les frais
de la visite du Saint-Père au Canada. Le 9 juin 1985, les membres de l’Armée
de Marie du diocèse de Saint-Boniface, au Manitoba, s’empressèrent d’offrir
à leur évêque la somme de 3000 $ pour la circonstance. Le 14 juin 1985, le Vicaire général retournait ce chèque au responsable de l’Armée de Marie avec
ces quelques mots: «Étant fidèle à ma promesse d’obéissance..., je ne peux
accepter ce magnifique don de votre part (...)», sans aucune autre raison indiquée. Et pourtant des prêtres de ce diocèse disaient que «les membres de
l’Armée de Marie étaient leurs meilleurs paroissiens». Des ordres leur étaient
parvenus de Québec... (Le Royaume, n° 41, mai 1986, p. 8)
L’année suivante, lors d’un voyage à Rome, habitués à ce régime, les dirigeants de l’Armée de Marie avaient acheminé les dons par deux voies différentes. Or, la Secrétairerie d’État retourna le don, remis aux dirigeants de
l’Oeuvre par l’intermédiaire de S. Ém. le Cardinal Vachon, le 19 mars 1986,
alors que, le 5 mars 1986, ceux-ci avaient déjà reçu les remerciements
d’usage, de la seconde voie empruntée discrètement (Vie d’Amour, Appendice,
volume III, pp. 210-212).
Ainsi s’affrontent au Vatican deux groupes qui travaillent en direction opposée: ceux qui sont fidèles au Pape et ceux qui obéissent aux ordres de
Québec. Ces faits se sont répétés, permettant aux responsables de toujours
mieux voir l’opposition officielle dans l’Église, qui dépasse le pouvoir financier
pour s’infiltrer jusque dans la doctrine de l’Église catholique.
Tout en relatant ces faits à S. Exc. Mgr Prendergast, Mère Paul-Marie est bien
consciente que ces retours sur le passé pourront déranger certaines personnes,
mais pour l’Histoire, tout doit être transparent, surtout lorsqu’il s’agit d’une
Oeuvre de Dieu,
– pour discerner la véritable origine des difficultés et agir en conséquence,
– pour montrer à quel point le Seigneur prévient Son Oeuvre et la protège,
– pour prouver l’authenticité du charisme de Marie-Paule, dont les collaborateurs peuvent encore témoigner aujourd’hui...
Le Commissaire a écouté avec une attention bienveillante, une patience
éprouvée et une ouverture d’autant plus exigeante que l’expérience mystique de
Marie-Paule, nouvelle et unique pour une grande part, est bien différente de la
formation en théologie mystique pourtant exceptionnelle des Jésuites dont il est
lui-même, et de la spiritualité ignatienne en général.
Le lendemain après-midi, le vendredi 13 février, le Commissaire pontifical est
revenu, soulignant la satisfaction de ses différentes rencontres.
Avant de prendre congé, et pour répondre à une exigence de certaines autorités à Rome, il a exprimé le désir que les Fils de Marie rédigent une lettre dans laquelle ils réitèrent leur soumission à la hiérarchie catholique: au Pape et aux
évêques. Cette demande sera respectée par les Fils de Marie, en toute obéissance et par respect à l’égard de S. Exc. Mgr Prendergast, mais aussi comme
une simple formalité, car il s’agit là d’un témoignage de fidélité qu’ils ne cessent
d’exprimer et de vivre en union avec tous les Chevaliers de Marie, depuis près
de 33 ans.
En effet, dès la fondation de l’Armée de Marie, le témoignage de fidélité au
Saint-Père est inscrit dans le programme des cérémonies; par la suite, avec le
développement des Oeuvres connexes, ce témoignage se répétera lors des
réunions nationales et internationales, en des occasions particulières et lors des
nombreux pèlerinages organisés par l’Oeuvre. Ainsi, voilà plusieurs centaines
de fois que l’Armée de Marie professe solennellement cette fidélité à Rome et au
Pape! Quel autre mouvement dans l’Église catholique l’a autant de fois
prouvée?
Et pourtant se réalise par ce témoignage maintes fois répété une autre parole
donnée par le Seigneur à Marie-Paule, notée dans la première revue L’Armée
de Marie et paraissant sous le même titre le 14 septembre 1971:
«L’Armée de Marie se reconnaîtra à ce seul signe:
sa fidélité à Rome et au Pape!»
Soeur Chantal Buyse, o.ff.m.