cadavres dans le placard de Charly (7)

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cadavres dans le placard de Charly (7)
Les cadavres dans le placard de Charly
(7) le retour du Jéhan
Entre SDECE, SAC et CIA, on assiste à de belles parties de
déstabilisation mutuelles, à cette époque là : c'est à qui va
planter l'autre, ou à qui de découvrir quels moyens nouveaux
sont utilisés pour faire passer l'héroïne d'un continent à
l'autre... et parfois, c'est aussi la guerre entre services d'un
même pays, initiée par des rivalités ou des vengeances après
limogeage... c'est ainsi que va se faire coincer un agent
français, visiblement visé par un règlement de comptes, dans
lequel un grand ami de Charly est apparu...
Et ce n'est pas fini : quand Jean Venturi en personne se sentira lâché par
son soutien politique qui n'est autre que Gaston Deferre, il lâchera un
autre nom : Marcel Francisci, cité lui aussi comme membre de la French
Connection (selon lui, les américains s'étaient trompés de nom en
citant Bonaventure Francisci et non lui-même). L'homme avait été recruté
par Joe Renucci, qui mort en 1958, lui avait laissé la gestion du trafic de
l'héoïne marseillaise. Il s'était heurté alors à Antoine Guérini et un de ses
lieutenants, Jean-Baptiste Andreani. Francisci a au même moment déjà
commencé à investir... dans les casinos. Il était ainsi devenu le
propriétaire du syndicat international du jeu, et possédait des casinos à
Paris (avec le Cercle Haussman), Londres et Beyrouth... il meurt le 16
janvier 1982, assassiné dans le le parking de l'immeuble où il résidait, rue
de la Faisanderie à Paris,. Les cercles de jeu ont toujours eu la
réputation d'être des endroits sulfureux où on blanchit l'argent, et les
cercles parisiens n'échappent pas à la règle.
Dans "Histoire secrète de la corruption sous la 5e République" c'est bien
un autre lien important qui est cité, mais qui fait le pont avec le
reste : "les médias allaient encore reparler du SAC et de Charles Pasqua à
l'occasion de l'assassinat, le 15 Janvier 1982, de Marcel Franciscl. On
retrouva dans sa poche une cassette de conversations téléphoniques qu'il
avait eues avec l’avocat Paul Lombard, ami de Gaston Defferre. Marcel
Francisci, un ancien du SO du RPF qui avait participé aux combats de la
France libre, avait eu ensuite des démêlés avec la justice et la police.
Alors que le pouvoir de droite avait toujours toléré son empire, Gaston
Defferre avait fait fermer le cercle de jeux Haussmann. Pour expliquer le
meurtre, on rappela son engagement dans les activités barbouzardes
anti-OAS, on évoqua la French Connection. Dans leur biographie de
Charles Pasqua, Philippe Boggio et Alain Rollat mentionnèrent un fait que
les enquêteurs de l'époque ignoraient. Huit jours avant son assassinat,
Marcel Franciscl avait déjeuné avec un ancien résistant surnommé
Ronibus auquel il aurait confié son Intention de révéler à l'Élysée certains
chantages financiers du SAC en échange de la réouverture de son cercle
de jeux. L'avait-on assassiné pour l’empêcher de parler ?"... Le SAC, qui
n'existait plus, déjà, continuant à toucher de l'argent via les cercles de
jeux ??? Le SAC de... Pasqua, l'homme qui s'intéressait tant aux
casinos ??? Mais qui donc avait pu avoir peur à ce point des révélations
de Marcel Franciscl ?
Le SAC, mais aussi le SDECE, les deux ayant on l'a vu des frontières bien
poreuses, rappelle René Backmann : "le 5 avril 1971, un trafiquant, Roger
Delouette, 48 ans, est arrêté à Newark (New Jersey), son minibus
Volkswagen contient 43,778 kg d’héroïne pure, Interrogé, il avoue aux
policiers américains : « J’appartiens au S.D.E.C.E. et j’ai agi sur les ordres
de mon supérieur, le colonel “Fournier” ». Ouragan sur la « piscine », le
siège parisien du S.D.E.C.E., boulevard Mortier. Delouette, en effet, a
travaillé pour le S.D.E.C.E. Autre exemple : l’affaire Labay. Le 6 octobre
1971, à Marly-le-Roi, un homme est arrêté par la brigade des stupéfiants.
Son nom : André Labay. Il y a dans sa voiture cent six kilos d’héroïne
pure. Il s’apprête à partir pour les Etats-Unis, où il a déjà importé, en
quatre voyages, plus de cinq cents kilos de drogue. En juin 1966, André
Labay a été inculpé dans une affaire d’escroquerie : le rachat fictif d’un
hôtel parisien à l’un de ses amis collaborateur du S.D.E.C.E., Michel
Leroy, pour y installer un « club d’hommes d’affaires ». L’hôtel sert en
réalité de centre de recrutement pour les « affreux » du Katanga. En
1967, André Labay est fondé de pouvoir d’une société belge d’assurances,
au bord de la faillite : la Belfort. Parmi les administrateurs : André RivesHenrys, inculpé depuis de complicité d’escroquerie dans l’affaire de la
Garantie foncière. En janvier 1968, la Belfort a déposé son bilan :
cinquante-cinq millions de déficit. André Labay était considéré comme un
« passeur » important de la filière française. Il a été honorable
correspondant du S.D.E.C.E. à Haïti, de 1969 à 1910".
Le premier cas cité a suscité l''étonnement partout : la fameuse
cammionette Wolskwagen avait attiré l'attention d'une douanière car il
aurait manqué une vis à son tableau de bord. Il fallait avoir l'œil pour
distinguer ça. Et à l'intérieur du combi, la drogue n'était même pas
dissimulé, et il y en avait partout. Etrange, fort étrange arrestation d'un
homme qui s'est aussitôt présenté comme étant des services
secrets ! Etienne Mougeotte revient ici sur le cas Delouette... en
présentant l'émission en marchant sur de (gros) œufs, en interviewant
le Général Paul Grossin, alors responsable du SDECE. Dans l'affaire
Delouette, un autre nom est apparu : celui de . Jean-Charles Marchiani, le
grand ami d'un certain Charles Pasqua. Les services secrets français
finançaient à l'évidence leurs guerres en Afrique, notamment en
Angola, par le réseau de trafic de drogues de la "French Connection". A
New-York, Delouette accusera même Marchiani un des proches de
Pasqua, d'être à la tête de la French Connection ! Voici Charly déclaré via
son double présenté comme chef de gang !
Car il s'agît bien d'une mafia, avec toute une famille à la clé, une famille
où l'on n'hésite pas à se tirer dans les pattes... façon corse. "En réalité,
comme il allait être révélé fin février 1972, le fournisseur de la drogue
n’était pas Paul Fournier. C’était un certain Dominique Mariani, cousin
d’un ancien du SDECE limogé par de Marenches : Jean-Charles Marchiani
(le meilleur amli de Charly !) Les journalistes Jacques Follorou et Vincent
Nouzille expliquent le fin mot de cette affaire : « Les enquêteurs
découvrent ensuite que Mariani a introduit Delouette auprès des membres
du réseau Ricord, la branche latino-américaine de la Corsican Connection,
afin qu’il transporte un camping-car plein d’héroïne aux États-Unis. Un
autre maillon de ce réseau, Claude Pastou, arrêté quelques mois plus tard
au Brésil, confirmera cette version des faits. ‘‘Les Américains étaient
furieux qu’on ait trouvé la vraie filière Delouette, qui menait aux voyous’’,
se souvient Claude Chaminadas..." Furieux pourquoi, voilà qui .devient
intéressant. Pourquoi donc la CIA aurait-elle craint cette découverte ? Ou
pourquoi donc n'acceptait-elle pas de l'avoir trouvée elle-même ? C'est la
personnalité d'un des organisateurs de ce piège qui l'explique, car,
visiblement, on a cherché à faire arrêter le combi bourré d'héroïne pour
nuire au service secret qui en était à l'origine. Un règlement de comptes
interne !!! A ce moment là, le SDECE vient d'être "nettoyé" par son
nouveau patron, Alexandre de Maranches, qui a coupé à large bras dans
les effectifs les plus douteux, à savoir ceux appartenant aussi au SAC.
L'éviction de certains a fabriqué de belles rancœurs, et en même temps
de Marenches s'est fortement rapproché des américains, notamment à
propos de la drogue, que Nixon veut désormais endiguer.
Patrick Pesnot, dans son livre les morts suspectes de la Veme République
développe cette thèse, qui se tient parfaitement, pour le cas de
Deloulette. Celle d'une machination interne, d'une sorte de réglement de
comptes au sein même du SAC, dans laquelle un personnage bien connu
était apparu : " Le point essentiel dans cette affaire, ce sont ces quarante
et quelques kilos d’héroïne saisis par les Américains. Dans ses aveux,
Delouette a affirmé que, sur ordre de Fournier (son supérieur
hiérarchique), il avait rencontré dans un café un mystérieux personnage.
Celui-ci, au cours d’un autre rendez-vous à la campagne, lui aurait remis
la drogue et l’aurait aidé à la dissimuler dans le minibus qu’il venait
d’acheter. Mais il s’est bien gardé de donner des détails qui auraient
permis d’identifier ce mystérieux personnage. Saisie, la justice française
s’est, elle aussi, intéressée à ce livreur de drogue. Et la police a fini par
mettre un nom sur cet individu. Celui d’un truand d’origine corse et par
ailleurs cousin d’un agent de la base Bison (la base du SDECE). Un
homme qui a trempé dans l’affaire Markovic et a dû quitter le SDECE à
cause de cette affaire. Le lecteur n’aura aucun mal à l’identifier. Quoi qu’il
en soit, cette découverte permet de mieux comprendre le scénario de la
machination. Tous ces agents virés du SDECE aspirent à se venger. Grâce
à ce truand corse qui est en rapport avec les réseaux de stupéfiants, des
réseaux dont les cerveaux sont alors français, ils se procurent de la
drogue. Et ils persuadent Delouette qu’en transportant cette héroïne aux
États-Unis il agira pour les besoins du service dont il possède toujours la
carte. On lui précise que c’est le colonel Fournier en personne qui lui
confie cette mission outre-Atlantique. Le naïf Delouette gobe l’histoire ! La
suite est un jeu d’enfant. Dès que Delouette s’embarque pour les ÉtatsUnis, ces agents révoqués préviennent de bons amis de la CIA qui, à leur
tour, informent les douanes. La CIA avait au moins deux bonnes raisons
de se mêler de cette affaire. D’une part, elle avait un compte à régler
avec Fournier à cause de cette histoire de drogue au Vietnam. Et d’autre
part, la centrale américaine n’a pas dû résister à la tentation de semer
une nouvelle fois le trouble dans nos services. Ainsi le tour était joué. Dès
son arrestation, Delouette, en toute bonne foi, met en cause Fournier et
le SDECE. Et pour en rajouter un peu, quelque temps plus tard, on agite
un chiffon rouge devant le colonel Barberot qui s’enflamme aussitôt !
L’objectif est atteint : notre service de renseignement est déstabilisé.
Quant aux vrais responsables de ce scandale, ils ne seront jamais
inquiétés, même si leur identification ne fait aujourd’hui nul doute. Un
homme a au moins eu le mérite de tout comprendre rapidement : le
colonel Beaumont lui-même ! Gravement mis en cause, il s’interroge dans
le journal Le Monde : « Qui se trouve derrière le colonel Barberot ? » Les
mêmes, sans doute, qui ont persuadé Delouette de transporter quarante
kilos d’héroïne aux États-Unis !" L'homme cité à demi-mot étant le plus
proche confident de Charles Pasqua !!!
Ricord étant un sacré gabarit lui aussi : "Quittant son quartier général de
Buenos Aires, il élut domicile à Ascenciôn, au Paraguay. L’ambiance lui
paraissait plus chaleureuse : il aimait le contact de ces vieux chefs nazis
auxquels le dictateur-président Alfredo Strœssner avait accordé plus que
l’asile. Mais Ricord se déplaçait beaucoup. En Bolivie, quel plaisir ce fut de
retrouver ce brave Klaus Barbie, l’ancien cadre de la Gestapo, le
« bourreau de Lyon », l’assassin de Jean Moulin. Barbie, alias Klaus
Altmann, et lui n’avaient-ils pas des souvenirs en commun à évoquer ?
Les résistants qu’on noyait dans les baignoires, les Juifs qu’on traquait
sans cesse... Jusqu’en 1968, Ricord passait la moitié de son temps à
Asunciôn et l’autre à Buenos Aires. Mais à la fin de cette année-là, le
gouvernement argentin demanda à Ricord et à son complice Lucien Sarti
de plier bagage, au moins pour quelque temps. Sarti et un autre truand,
François Chiappe étaient soupçonnés d’avoir cambriolé un bureau de
change argentin, et au cours de l’enquête, la police avait découvert une
énorme quantité d’armes dans un des restaurants de Ricord. Entretemps, dès 1966, le « Vieux » Ricord avait élargi son vaste trafic de
drogue, après avoir compris combien il était aisé d’introduire de l’héroïne
aux États-Unis en passant par l'Amérique latine. Curieusement, jusque
dans les années 1970, le service américain chargé de traquer les
trafiquants, le Bureau of Narcotics and Dangerous Drugs (BNDD) sousestima le danger venant du sud. Devenu plus perspicace, il estima par la
suite que 50 à 60 % de l’héroïne produite à Marseille et introduite sur le
marché américain transitait par l’Amérique latine, principalement par la
filière Ricord.
Le « Vieux » s’était entouré de vrais durs... Épluchons la liste des
membres du gang en 1970 : Ricord donc, condamné à mort pour ses
activités aux côtés de la Gestapo en France ; Lucien Sarti, recherché pour
le meurtre d’un policier belge ; Christian David condamné à mort par
contumace ; André Condemine, recherché, lui aussi, pour le meurtre d’un
policier ; Jean Leonardi, recherché pour homicide ; François Chiappe,
recherché pour deux assassinats, et Michel Nicoli, un truand français
ancien membre du SAC. Naturellement, dans toutes les grandes villes
d’Amérique latine, la vaste toile d’araignée tissée avec patience qu’était le
réseau Ricord possédait ses correspondants. Affluant de tous côtés,
l’argent était investi dans les restaurants et night-clubs de Buenos Aires,
Sâo Paulo ou Caracas. Mais peu à peu, Ricord, succombant à l’alcoolisme
laissa le trio, David, Condemine et Sarti, prendre son affaire en
mains. L’héroïne marseillaise était transportée au Paraguay à partir de
toute l’Europe, Barcelone, Lisbonne et Bruxelles. Condemine supervisait le
transport, tandis que Chiappe faisait la navette entre Buenos Aires et
Barcelone, contactant les fournisseurs, les frères Orsini et la Mafia corse.
"On transportait l’héroïne par mer ou par air. Une partie passait par le
Brésil avant d’être acheminée sur le Paraguay, parfois même directement
vers les USA. Certains chargements remontaient tranquillement la rivière
Parana en bateau jusqu’à Asuncion. Toutefois la plus grande partie de
l’héroïne expédiée sur le nord était transférée par de petits avions,
nommés « Mau-Mau », qui refaisaient le plein à Panama avant de
s’envoler vers la Floride ou le Mexique. Le Paraguay fut longtemps un des
plus grands centres du trafic mondial de la drogue grâce à ses quelques
deux cents pistes d’atterrissage privées éparpillées dans les haciendas.
Comment dans ses conditions contrôler le nombre et le chargement de
tous ces vols privés ? D’ailleurs personne ne voulait ni n’essayait
vraiment, d’autant moins que nombre de hauts fonctionnaires du
gouvernement empochaient des dividendes. D’après le fameux journaliste
nord-américain Jack Anderson, les complicités de Ricord atteignaient le
sommet de la hiérarchie militaire. Pour ne nommer que les plus
prestigieux : Pastor Coronel, patron des services secrets ; le général
Andres Rodrigues, chef des commandos d’élite, environ 3 000 hommes,
entraînés par les Américains, ou encore le général Vincete Quinonez, chef
d’état-major de l’armée de l’air, qui, justement contrôlait tous les
aéroports, dont bien sûr celui d’Asunciôn".
Et ce n'était pas un mythe, puisqu'on retrouve vite la coupure de presse
qui évoque ces circuits d'avions, celle du Miami News du 5 décembre
1988 qui décrit un crash d'avion, dans les Andes un petit Piper Aztec
bourré de cocaïne cette fois, piloté par un certain Roberto Magalhães
Gallucci qui avait été mêlé au transfert aérien de coke au North Perry
Airport, en 1970, un transfert d'héroîne de 94 livres sur un monomoteur
du Paraguay à la Floride, effectué au nom de la French Connection. Le
pilote s'appelait Robert Mendici Bianchi, qui avait écopé de 5 années de
prison aux USA. Sa peine avait été en fait réduite, car il avait alors tour
déballé, accusant alors Auguste Ricord. Or Bianchi était le faux nom de
Galluci.
Ce dernier avait gagné la course de voitures des 500 km d'Interlagos en
1985, sur la Corvette-Maserati, nº 11 - 4.500 cm3 course où figurait
Emerson Fitttipaldi. Au Paraguay, il avait même rédigé un livre racontant
ses exploits, "Invasao Branca," l'Invasion Blanche, dans lequel il
expliquait son passage de coureur automobile à pilote d'avion de
trafiquants. Les enquêteurs avaient découvert qu'il était un proche du
dictateur Stroessner, via sa maîtresse Maria Inez Fragnaud de
Rodriguez, qui protégeait ses activités !
Même le commissaire Lucien-Aimé Blanc se souvient de la
période : "quand j'étais aux stups, un indic me dit : « Vous m'aidez à
passer 25 kilos d'héroïne aux USA et je vous balance tout le réseau à
Marseille. » Alors, on a pris la came. On l'a amené dans l'avion. On avait
prévenu la police américaine de le laisser entrer et vendre. Il a fait ça
deux fois. 50 kilos répandus dans les rues de New York. Il est revenu
avec 250 000 dollars. On allait le chercher à son retour à Orly avec
l'accord de la PAF. Aujourd'hui, on demanderait ça... Le troisième coup,
on a arrêté huit trafiquants".
Cette idée de mêler grande entreprise et espionnage a paru folle à
certains. Jusqu'en 2003, ou dans un court billet, Guillaume Dasquié, le
rédacteur en chef, d'Intelligence Online que l'ancien directeur commercial
de Ricard, et patron de Jacobs Suchard-France, puis de l'ULN (avec
les marques Coeur de lion, Mamie Nova, Elle & Vire...), de France
Champignon, et de Marks & Spencer... autrement dit Alain Juillet
travaillait aussi depuis toujours pour la Direction générale de la sécurité
extérieure (DGSE). Or Juillet était entré chez Ricard en 1969... en
somme, Juillet était l'hériter d'un système, ayant commencé lui aussi chez
Ricard. Tput est imbriqué : "Marcel Francisi, un des quatre grands
trafiquants cité par le rapport Steele et Murphy de 1971 et surnommé à
ce titre « Mr Heroin » dans la presse américaine, appartenait quant à lui
directement à l’Union pour la défense de la république (UDR) en tant que
conseiller municipal de Zicavo (Corse du Sud). Le garde du corps de
Gaston Defferre, Dominique Venturi, créa en 1953 une entreprise de
bâtiment et obtenait pendant plus de trente ans des marchés publics via
la mairie de Marseille. Les diverses « officines » politiques de l’époque
apparaissaient donc indéniablement pénétrées par les réseaux de la
French Connection."
On croit tout ça terminé ; et en 1980, un nom connu réapparait. Les
policiers retrouvent un laboratoire complet de transformation de l'héroïne,
sur le plateau du Vivarais dans une maison fort discrète du hameau de la
Suchère dans la commune de Chambon-sur-Lignon, la propriété de
Pedros Vartanyan, originaire de Martigues comme Fernand Chaffard, qui
lui est un ancien de la French Connection... en cavale depuis 1977 (arrété
et condmané en 1974, il s'était évadé de la prison de Melun !!!). Il avait
amené aux USA 93 kilos d'héroïne dans une voiture, lu aussi !! Le labo où
l'on trouve aussi Mitzigar Nazarian a été découvert par l'enquête serrée
d'un juge, le juge Michel. Parmi les participants au trafic, il y a aussi...
Jean Jéhan, revenu du Maroc où il se terrait, dont le nom réapparu a été
révélé grâce aux écoutes téléphoniques. Le juge Michel a aussi trouvé
deux autres labos, dans la région milanaise, et Jean Jéhan et Robert
Kéchichian ont été interpellés... à Marseille, Christian Simonpieri,
soupçonné d’être le chimiste a été aussi interpellé, il avait déjà été arrêté
en 1974.. Le procès est prévu le 30 novembre 1981 devant la septième
chambre correctionnelle du TGI de Marseille. Le juge Michel est déjà
mort, assassiné le 21 octobre qui précède de trois balles de 9 mm
Parabellum. Qu'avait donc trouvé le juge qui pouvait lui avoir valu cet
arrêt de mort ? Beaucoup pensent que ça ne concernait pas que
l'héroïne... et que ce n'était pas du côté de "Charly" que ça penchait
nécessairement : Mitzigar Nazarian (dit “Georges”) est "un homme qui
intriguait le juge Michel, car, comme le rappelle Gilbert Thiel
dans Mafias, son frère, Ralfi, est conseiller municipal de Marseille depuis
1977, et proche de Gaston Defferre, alors maire de la ville et ministre de
l’Intérieur de François Mitterrand. Pour Pierre Michel, il y avait là un lien
entre la French Connection et la politique". Autre point intéressant, le
juge aurait contacté les américains pour un des personnages concernés,
qui se faisait appeler Da Costa : (....) "Marc Chambault, autre personne
arrêtée au labo de Saint-Maximin. Carnet qui contient les
coordonnées d’un certain Gaëtan Zampa. Pierre Michel touche au but. Il
décide d’entendre Marc Chambault. Un premier temps, l’homme refuse de
parler. Mais le juge Michel sait y faire. Et d’après plusieurs témoins, le
truand aurait finalement décidé de “balancer” Zampa. L’aboutissement
d’une longue traque menée par le juge. Selon toute vraisemblance, le
marché aurait été conclu contre un accord avec la DEA pour que
Chambault et sa compagne puissent se refaire une virginité aux ÉtatsUnis." Selon certaines sources, Chambault était en contact avec Zampa,
et il déjeûnait aussi souvent avec les gens du SAC à l’auberge « Chez
Grand-Mère » à Nans-les-Pins, dans le Var. Le juge le soupçonnait d'en
savoir davantage sur la tuerie d’Auriol, du 18 juillet 1981. Zampa sera
retrouvé pendu dans sa cellule en 1984. Il avait entretemps innové : pour
faire venir sa morphine base de Turquie, il utilisait désormais les voies
ferrées... La drogue était en effet placée dans de petits caissons, fixés
sous les wagons d’un train, et qui pouvaient être largués à
distance, grâce à une télécommande !!!
Un autre personnage a repointé le museau au même moment : "Michel
Régnier, fils du pilier toulonnais Louis Régnier, chargé de transporter la
marchandise fait passer 300 kilos de morphine-base, cachés sur un yatch,
de Turquie à Marseille, puis de Marseille aux Antilles et enfin des Antilles
en Floride, la drogue étant ensuite acheminée jusqu'à Phœnix. Là, dans
une villa des Benevento, deux chimiste français, François
Scapula et Charles Altieri, transforment la morphine-base en 148 kilos
d'héroïne vendus ensuite à New-York par l'intermédiaire des Benevento.
L'opération rapporte 240 millions de francs, dont au moins la moitié est
revenu aux truands français, dont 15 millions pour chaque chimiste, 20
millions pour Mondoloni, et un total de 40 millions pour les RégnierFargette-Lothoz. En cette année 1984, Mondoloni a parrainé une autre
grosse affaire, tournant cette fois-ci autour d'un marseillais d'origine
arménienne, André Manoukian dit le "Panzone", en association avec des
passeurs italiens et israéliens, montée sur les filières déjà existantes de la
"Pizza-Connection". Mais la "retraite" de ce père tranquille qu'est
Mondoloni va prendre fin en 1985. Le 29 juillet de cette année-là, âgé de
69 ans, Paul Mondoloni se rend vers 18 heures à la brasserie "les
Danaïdes", en haut de la Cannebière, où il a ses habitudes.
Soudainement, plusieurs hommes planqués dans une voiture font feu sur
lui et l'abattent sur place. Le garde du corps de "Monsieur Paul" aura à
peine eu le temps de riposter, en vain. Les obsèques de Mondoloni, dans
sa ville natale de Sartène, seront grandioses."
Pour ce qui est de Jean Jéhan et de ses complices, Chaffard prendra 25
ans, Simonpieri 22, mais Jean Jéhan, condamné à 3 ans avait été libéré
en septembre "pour raisons de santé" : il avait alors 83 ans (il avait été
requis 18 ans contre lui). Cinq ans plus tard, le gangsterchimiste François Scapula (ici à gauche), surnommé « le Brun », en
échange de remise de peine, dénonce les asssassins et y gagne le surnom
peu flatteur de « Scapu la Balance ». En 2000, il s'est évadé de sa
prison Suisse... on parle de complicités, le visage refait, la routine, quoi...
dans le milieu de Charly !
sources :
http://gangstersinc.ning.com/profiles/blogs/the-man-who-stole-thefrench
http://www.sciencespo-rennes.fr/mediastore/fckEditor/file/Benichou.pdf
http://www.algerie-francaise.org/barbouzes/foccart-pasqua.shtml
http://www.memoiresvivantes.com/projets/partie.php?id=5
https://medium.com/@lenyyoann/sur-les-pas-du-juge-pierre-michelf2e376c870f8
http://www.dea.gov/about/history/1970-1975.pdf&#8203 ;
https://criminocorpus.org/fr/musee/les-vrais-tontons-flingueurs/