Nathalie Kosciusko

Transcription

Nathalie Kosciusko
Nathalie Kosciusko-Morizet
Ministre de l'Écologie, du Développement
durable, des Transports et du Logement
Grande Arche
Tour Pascal A et B
92055 La Défense CEDEX
Le 25 novembre 2011.
Objet: pour une desserte multi-modale du Chablais
Madame la Ministre,
Le Président du Conseil Général de la Haute-Savoie, Christian Monteil, vient de vous écrire afin de
plaider en faveur d'une solution autoroutière pour la réalisation du premier et du troisième des trois
tronçons routiers, dits du "désenclavement du Chablais".
Contrairement au Conseil Général de notre département, nous sommes fortement opposés à la
construction de nouveaux barreaux autoroutiers pour plusieurs raisons :
I.
La solution autoroutière serait consommatrice d'espaces agricoles et naturels. De
nombreux hectares agricoles disparaissent chaque année en Haute-Savoie à la faveur
d'infrastructures ou de logements. Il est indispensable de freiner cette hémorragie, pour la
santé de notre secteur agricole.
II. Toute nouvelle route ou autoroute serait génératrice de nouveaux trafics et favoriserait
l'effet de "métropolisation", incitant davantage de personnes à parcourir des kilomètres
supplémentaires pour accéder aux grandes villes régionales, particulièrement pour aller
travailler à Genève ou pousser plus de genevois à s'installer dans le Chablais, où
l'immobilier reste abordable.
III. Une autoroute sur l'itinéraire existant conduirait à l'enclavement de communes riveraines,
puisqu'elle restreindrait le nombre d'entrées et de sorties par rapport à l'itinéraire existant,
engendrant des trafics importants sur les routes secondaires, sans résoudre les problèmes
actuels de congestion aux heures de pointe. Les différents villages enclavés devront alors
être reliés, avec un rallongement inévitable des itinéraires de dessertes et en impliquant la
construction de nouveaux ouvrages et itinéraires.
IV. La pollution de l'air est déjà préoccupante dans notre région et tout accroissement de la
circulation routière aurait des impacts directs sur l'aggravation de la situation. La qualité de
l'air du bassin genevois, ainsi que de la vallée de l'Arve ne respecte pas les normes en
vigueur (PM10, NOx). Un Plan de Protection de l'Atmosphère est d'ailleurs en cours de
définition dans la vallée de l'Arve et devrait être mis en place début 2012, afin de réduire les
émissions polluantes de ce territoire.
V. Le maillon ferroviaire du CEVA (Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse), devrait relier le réseau
ferroviaire français au réseau suisse en 2017, en offrant une liaison de grande qualité entre
la Haute-Savoie et Genève. Une étude à l'initiative de la Région Rhône-Alpes appelle par
ailleurs à un doublement partiel de la ligne Evian - Annemasse et le désenclavement par
l'est est également à l'étude afin de relier Evian au réseau ferroviaire suisse, côté Valais.
Dans ces conditions, il serait contradictoire de créer une nouvelle autoroute qui mettrait
en péril le développement du ferroviaire.
VI. Tout doit être mis en place afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Depuis
30 ans, le réchauffement climatique dans les Alpes est trois fois plus rapide que le
réchauffement moyen mondial. La contribution des transports aux émissions de GES est
déjà excessivement élevée en Rhône-Alpes : 33%, soit 23% plus élevée que la moyenne
nationale et tout accroissement du trafic routier par une nouvelle voie serait en opposition
totale avec lʼobjectif du Grenelle de réduction de 20% des émissions du transport.
Nous ne sommes pas opposés à l'amélioration de l'accès de la région du Chablais, mais peut-on
parler d'enclavement lorsqu'un territoire est en forte croissance démographique et que son activité
touristique est en expansion, tel est le cas aujourd'hui dans le Chablais?
Le terme de "desserte" est beaucoup plus approprié et nous souhaitons que cette question soit
repensée dans son ensemble, avec la prise en compte de nombreux facteurs, tels que les
politiques publiques côté français, comme côté suisse, et l'examen de tous les modes de
déplacements alternatifs à la route : ferroviaire, bus, lacustre, modes doux. Le département de la
Haute-Savoie est déjà outrageusement "routier" et il serait prévoyant, face aux enjeux
environnementaux, mais aussi économiques liés au renchérissement du prix du pétrole, de
diversifier l'offre de mobilité dans notre département.
La fréquentation du service ferroviaire, bien qu'insuffisant, entre Evian et Genève augmente de
25% chaque année depuis 2004. Les navettes lacustres entre la rive française du lac Léman et
Lausanne connaissent une popularité croissante. Les habitants du Chablais semblent prêts à
adopter les modes alternatifs à la voiture, encore faudrait-il que ces alternatives soient disponibles
et développées par les pouvoirs public.
Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions de bien vouloir agréer, Madame la Ministre,
l'expression de notre haute considération.
Fabien Perriollat - Président - FRAPNA Haute-Savoie
Samuel Fischer - Président - Association pour la Protection du Plateau de Loëx
Benoit Grandcollot - Président - Sauvons le Tonkin
Anne Lassman-Trappier - Présidente - EnvironnʼMontBlanc
Elisabeth Charmot - Déléguée Départementale - Association pour la Protection des Animaux Sauvages
Yves Cheminal - Maire de Bonne
Frédérique Meynet - élue de Cranves-Sales
c/o FRAPNA Haute-Savoie, 84 route du Viéran, PAE de Pré Mairy, 74370 PRINGY

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