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James TURRELL
Œuvres entrées dans la collection en
1990 et en 1992 à l’issue de l’exposition
James Turrell (1992) :
The Wait, 1989
2
Dimensions variables : environ 50 m
Œuvre acquise en 1990, n° d’inventaire :
990.3.1
Abduction, 1989
Dimensions : 20,5 x 27,5 cm
Don de la Galerie Froment & Putman,
Paris, et de l’artiste en 1992, n°
d’inventaire : 992.3.1
Bullet Head, 1989
Dimensions : 20,5 x 27,5 cm
Don de la Galerie Froment & Putman,
Paris, et de l’artiste en 1992, n°
d’inventaire : 992.3.2
Missed Approach, 1989
Dimensions : 20,5 x 27,5 cm
Don de la Galerie Froment & Putman,
Paris, et de l’artiste en 1992, n°
d’inventaire : 992.3.3
Red Eye, 1992
2
Dimensions variables : environ 90 m
Œuvre acquise en 1992, n° d’inventaire :
992.4.1
Dessin préparatoire pour « Red Eye »,
1992
Dimensions : 27,4 x 21,1 cm
Don de la Galerie Froment & Putman,
Paris, et de l’artiste en 1992, n°
d’inventaire : 992.4.2
The Wait est acquise en 1990
immédiatement après l’exposition
de Nîmes organisée par Jean de
er
Loisy du 8 juillet au 1 octobre
1
1989.
L’œuvre appartient à la série des
Dark Pieces, sur laquelle se
concentre
l’artiste
dans
les
années 80.
Les Dark Pieces, œuvres en lumière
basse, à la limite de l’obscurité
totale, ont leur origine dans la
dixième
phase
des
Mendota
Stoppages, vues en vision nocturne
(1969-1974), au cours de laquelle
l’atelier-exposition de l’artiste est
James Turrell, Plan pour The Wait, 1989. © Blaise Adilon
entièrement clos. L’observateur ne
peut plus faire distinctement la différence entre l’obscurité complète et la très basse luminosité.
Il lui est difficile de distinguer véritablement la lumière intrinsèque du système visuel et la
lumière ambiante. Les Dark Pieces dévoilent une réalité de la perception extrêmement
complexe, qui semble, selon James Turrell, « faire se révéler la vision provenant de l’extérieur
à une vision générée de l’intérieur ». Elles sont à la limite de ce qu’on imagine que sont les
lumières du rêve mais sans que jamais la présence de l’espace, c’est-à-dire le présent de
l’expérience ne disparaisse.
Plongé dans le noir, l’observateur, assis (qui ainsi oublie son propre poids) a, peu à peu, dans
le déroulement de l’expérience, conscience de l’élaboration par ses propres sens de la
conscience qu’il a de ce qui se déroule. Comme si le réel ne pouvait exister qu’au présent,
comme s’il n’y avait pas de monde préalable à l’expérience sensorielle. James Turrell parle
« d’objectiver la perception », c’est, dit-il, « l’acte de sentir sa propre sensation qui devient
important. Le matériau, c’est la lumière, le médium c’est la perception ». Cela peut se dire
aussi : « L’expérience de voir se donne à elle-même comme sa propre expérience révélante. »
Curieusement, cela se passe dans le noir, et dans le temps, car il faut douze minutes au moins
avant de discerner une forme dont on n’a aucune certitude quant à la couleur, la configuration,
le lieu et l’amplitude. Pourtant, James Turrell donne pour chacune de ses œuvres et pour
1
James Turrell, Installations, Musée des beaux-arts.
© Musée d’art contemporain de Lyon - 2010
1
toutes les expositions qu’il réalise une description extrêmement précise, qui ne cache ni
mesure, ni revêtement, ni technologie. Il n’y a pas de magie et moins encore de masque dans
leur élaboration. Il les décrit en pouces ou centimètres, en angles droits et pentes, axes
médians et obscurités, projecteurs et lumières basses ou hautes, ouvertures et convexités,
rouges, verts, bleus, ou blanc de titane et lumières de tungstène, elles n’ont rien de
métaphysique.
En 1966, James Turrell loue un ancien hôtel, Le Mendota à Ocean Park (Californie) pour en
faire son atelier. C’est là qu’il expérimente ses premières projections, travaille avec la lumière
naturelle qu’il manipule et transforme en pratiquant des ouvertures et en créant des interactions
lumineuses entre l’intérieur et l’extérieur. Il y conçoit ses premiers Sky Spaces (ouvertures sur
le ciel) en 1972 et anticipe les Dark Spaces.
En 1968, avec Robert Irwin, et Edward Wortz, psychologue, il participe au programme Art &
Technologie soutenu par l’Université de Californie et le County Museum. Irwin et Turrell
travaillent avec la firme Garrett Aerospace Corporation et s’intéressent de très près aux
modifications perceptives des astronautes en vol extérieur, ainsi qu’au développement des
champs lumineux homogènes et au manque de lumière (« mist of light »), les Ganzfeld. Peu
après, James Turrell crée des Ganzfeld de couleur, dans lesquels la lumière apparaît comme
une substance générant l’espace.
En 1997, Turrell acquiert le Roden Crater, un volcan éteint au nord-est de Flagstaff (Arizona),
qu’il aménage. C’est là, durant l’été 1989, que nous décidons d’un projet d’exposition pour le
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Musée, qui fasse part égale aux Ganzfeld et aux Dark Spaces , pièces qui, de la couleur la
plus saturée à l’obscurité totale, dévoilent toute l’amplitude de l’œuvre. Sur le volcan, depuis le
cratère, allongés, nous discernons la courbe parfaite du ciel et, à la tombée de la nuit, les
faibles lumières scintillantes du territoire Hopi, tout autour, à l’infini.
À l’issue de l’exposition, le Musée
acquiert un Wedgework, créé
dans l’année, intitulé Red Eye
(1992). L’œuvre est un prisme de
lumière
coloré,
à
base
triangulaire, qui semble tenir seul
dans l’espace, comme une masse
translucide. Ce volume coloré
oscille
imperceptiblement
du
rouge
au
bleu
et
donne
l’impression que la salle est
divisée
en
deux
sections
diagonales par un mur de lumière.
Red Eye, un volume non frontal
de lumière contenue, s’affiche
comme le contrepoint visuel de
The
Wait
à
l’enveloppante
obscurité immaculée. Les deux
œuvres se tiennent chacune à
l’extrémité du spectre et exigent
deux modes perceptuels opposés James Turrell, Red Eye, 1992. © Blaise Adilon
d’appropriation. Associées, ces
deux pièces constituent un moment Turrell (voir notice Abramović/Ulay et Joseph Kosuth, pour
la définition du moment, composante muséographique caractéristique du Projet scientifique et
culturel du Musée).
À l’issue de l’acquisition, l’artiste et la galerie Froment & Putman donne au Musée trois
dessins : Bullet Head (1989), Abduction (1989) et Missed Approach (1989). Le Musée
conserve également les dessins préparatoires de Red Eye et de The Wait.
James Turrell
Né en 1943 à Los Angeles (États-Unis), vit et travaille à Flagstaff (États-Unis)
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L’exposition s’intitule James Turrell et présente 4 pièces : deux Ganzfeld, Alien Exam (1989) et St
Elmo’s Breath (1992), deux Dark Spaces, Behind my Eyes (1992) et The Wait (1989), 8 janvier-8 mars
1992.
© Musée d’art contemporain de Lyon - 2010
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