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Title:
Topic:
La révolution du jasmin : est-il trop tôt pour se
prononcer sur l'avenir démocratique de la Tunisie ?
Mouvements sociaux
Author:
AMR HAMZAWY
Photo:
None
Type:
Article
Language:
Francais
Year:
19-janvier-2011
Source
None
Source Link:
None
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La révolution du jasmin : est-il trop tôt pour se
prononcer sur l'avenir démocratique de la
Tunisie ?
Democracy Digest et le Projet pour la démocratie au
Moyen-Orient ont lancé une initiative conjointe pour
recueillir l’avis d’experts mondialement connus sur des
questions clés soulevées par nombre d’activistes et
analystes. Le premier article publié sur ce symposium en
ligne est une contribution du politologue égyptien Amr
Hamzawy, actuellement directeur de recherche au Centre
Carnegie pour le Moyen-Orient basé à Beyrouth.
LA RÉVOLUTION DU JASMIN RISQUE-T-ELLE DE
DEVENIR UNE NOUVELLE RÉVOLUTION DES
TULIPES, À SAVOIR UN PSEUDO-CHANGEMENT AU
NIVEAU DE LA CLASSE DIRIGEANTE SANS RÉELLE
TRANSITION DÉMOCRATIQUE ?
Contrairement à ce qui a pu se produire au Maroc, en
Algérie, en Égypte et en Jordanie, la dictature brutale de
Ben Ali a été mal vécue non seulement par les segments
politiquement actifs de la population, mais également par
tous les citoyens ordinaires qui n’avaient aucun lien avec
l’élite dirigeante. Les autres régimes autocratiques de la
région ont créé un espace de concurrence politique et de
liberté d’expression et ont très bien su maîtriser les
choses pour empêcher que cette ouverture n’évolue en un
militantisme politique permanent. Pour sa part, Ben Ali n’a
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plus toléré l’existence d’un tel espace à partir des années
1980.
La répression sévère qui a frappé la pensée politique en
Tunisie a été à l’origine du mécontentement ayant donné
naissance à la révolution du jasmin. Mais cette répression
a également empêché la création d’une opposition
politique susceptible de mener la révolution et d’arracher
le pouvoir au régime actuel. Il sera donc probablement
difficile de trouver de nouvelles figures capables de
poursuivre le processus de démocratisation.
Cela met en exergue un problème encore plus
fondamental qui est celui de l’inexpérience des peuples
arabes face à des situations de soulèvement populaire. La
Révolution du Jasmin est en effet le premier soulèvement
du genre à avoir vu le jour dans le monde arabe moderne.
Aucun autre pays arabe n’avait auparavant connu un
changement de régime ou un quelconque processus de
démocratisation. Cette première expérience tunisienne
signifie que les réformateurs vont inévitablement faire face
à des difficultés et des obstacles inattendus sur le chemin
de la démocratie.
Il n’en demeure pas moins que la Révolution du Jasmin
bénéficie de l'appui résolu d’une grande partie de la
population. Grâce à une croissance économique
relativement forte et un système éducatif relativement
efficace, la classe moyenne en Tunisie jouit d’un niveau
d’éducation plus élevé et a des attentes économiques,
sociales et politiques plus importantes que celles des
classes moyennes des autres pays arabes. Mais
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contrairement à ce qui s’est produit dans ces pays, la
corruption du régime Ben Ali a été mal vécue par la
majorité du peuple tunisien, et les catégories pauvres et
marginalisées de la population ont souffert autant que la
classe moyenne de la corruption orchestrée par le régime
en place.
La misère des populations marginalisées et le chômage
ont été l’élément déclencheur de la révolte tunisienne, et
c’est dans un second temps que la classe moyenne s’est
jointe au mouvement pour faire part de son
mécontentement et de ses attentes. Cela explique
pourquoi les revendications d’abord axées sur la création
d’emplois et la réduction de la pauvreté ont évolué pour
inclure les questions de justice sociale et de liberté
politique. Ces deux catégories de la population participent
toujours aux manifestations et gardent un œil attentif sur
les étapes de la transition gouvernementale. Elles
revendiquent désormais un processus de démocratisation,
non un simple renouvellement des élites au pouvoir.
Il est par ailleurs important de préciser que les syndicats
et les associations professionnelles en Tunisie ont joué un
rôle clé dans la poursuite des révoltes ; ils ont également
fortement aidé à étendre les manifestations pour faire en
sorte qu’elles ne se concentrent pas dans les régions
reculées où elles ont commencé. Même si les syndicats
tunisiens étaient vraisemblablement sous contrôle du
régime de Ben Ali, beaucoup d’entre eux ont participé aux
révoltes malgré l’emprise du régime répressif. Nous
pouvons ainsi déduire que l’héritage laissé par les
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syndicats et les associations professionnelles relativement
libéraux et indépendants qui étaient en place à l’époque
de la libération nationale et sous le régime du président
Bourguiba n’a jamais vraiment disparu.
PEUT-ON S’ATTENDRE À UN RAZ DE MARÉE
DÉMOCRATIQUE SEMBLABLE À CELUI DE 1989 ?
La Tunisie de Ben Ali ressemble fortement à plusieurs
pays arabes qui pourraient connaître une transition
démocratique grâce à une révolution. La progression
alarmante de la pauvreté, du chômage, de la corruption
du gouvernement et de la répression exercée par les
responsables gouvernementaux contre l’opposition
politique sont des points communs que la Tunisie partage
avec l’Algérie, l’Égypte, la Syrie et d’autres pays arabes.
C’est cependant par l’ampleur de ces problèmes que la
Tunisie se distingue de tous les pays mentionnés. Le
mécontentement face aux conditions économiques, la
corruption du gouvernement et la répression exercée par
celui-ci ont en effet été d’une telle ampleur que la Tunisie
s’est démarquée de tous les autres pays arabes en
donnant naissance à la Révolution du Jasmin.
Le développement économique qu’a connu la Tunisie au
cours de la dernière décennie a permis une montée en
puissance de la classe moyenne émergente. Il faut
d’ailleurs rappeler que cette classe jouit d’un niveau
d’éducation plus élevé et a des attentes économiques,
sociales et politiques plus importantes que celles des
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classes moyennes des autres pays arabes. Mais en dépit
de l’essor de cette classe moyenne et l'évolution de ses
attentes, le gouvernement Ben Ali n’a pas hésité à
imposer de plus grandes restrictions. Ceci a eu pour
résultat d’alimenter le mécontentement ressenti par la
classe moyenne dont les attentes grandissantes se sont
heurtées aux contraintes imposées par le régime tunisien.
La corruption est un outil de mainmise sociale qu’utilisent
les gouvernements de nombreux pays arabes pour
répartir les avantages et les richesses de manière à
préserver la stabilité du régime. La corruption du
gouvernement Ben Ali reste toutefois inégalée tant au
niveau de l’ampleur du phénomène qu’au niveau du
nombre restreint de personnes qui en profitent. Les gains
de corruption qui parvenaient à la société étaient si limités
que très peu de gens se préoccupaient de la stabilité du
régime.
La répression était d’une telle ampleur qu’il était
impossible aux citoyens d’exprimer leur mécontentement
face aux pratiques d’oppression et de corruption exercées
par le gouvernement. Dans d’autres pays arabes, ce
mécontentement aurait pu être canalisé vers une société
civile impuissante ne représentant aucun danger réel pour
le régime. Mais en Tunisie, les contraintes imposées par
le régime autocratique afin de faire taire toute expression
politique ont empêché l’apparition de formes d’opposition
« inoffensives » semblables à celles existantes dans les
autres pays de la région.
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Enfin, l’armée tunisienne ne s’est guère impliquée dans
les affaires politiques internes depuis l’indépendance du
pays et ne dispose donc pas de l’expérience nécessaire
pour défendre le régime autocratique dans un contexte de
soulèvement populaire ou pour maintenir l’ordre en temps
de crise. Mais les forces armées en Algérie, en Égypte et
en Syrie ont eu la possibilité d’acquérir ce genre
d’expérience au cours des trois dernières décennies, et
ceci n’est pas prêt de s’achever de sitôt. Il est donc très
probable que les forces armées faisant partie des autres
régimes autocratiques de la région décident d’intervenir
fermement pour soutenir l’élite dirigeante lors de troubles
sociaux ou de soulèvements populaires.
LA
RÉVOLUTION
TUNISIENNE
RISQUE-T-ELLE
D’INCITER LES RÉGIMES DE LA RÉGION À
DAVANTAGE DE RÉPRESSION ?
Si l’on adopte le raisonnement habituel d’un dictateur, Ben
Ali a certainement commis une erreur en n’optant pas
pour une répression immédiate des manifestations. Si
l’armée était intervenue assez tôt, et avec suffisamment
de force, la révolution n’aurait jamais pris forme. Les
armées égyptienne et algérienne ont choisi dans le passé
d’intervenir directement et n’hésiteraient pas à le refaire.
Elles pourraient d’ailleurs considérer que le renversement
de Ben Ali prouve l’importance du rôle qu’elles ont à jouer
pour dompter la société civile et pourraient ainsi se
préparer pour agir plus rapidement et avec davantage de
force.
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Cependant, tout semble indiquer que la plupart des
régimes ont choisi le chemin inverse en tentant d’apaiser
les tensions socio-économiques pour que l’opposition ne
puisse instrumentaliser ces tensions à des fins politiques.
En effet, après avoir tenté d’empêcher les manifestations,
le gouvernement algérien a finalement changé son fusil
d'épaule en s’engageant à accorder davantage de
subventions publiques et à mettre en œuvre des mesures
pour la réduction de la pauvreté. Il en a été de même pour
le gouvernement égyptien qui s’est engagé à réduire la
pauvreté et le chômage. Le gouvernement du Koweït a
également pris l’engagement d’investir 4 milliards de
dollars pour combattre la pauvreté. Reste à savoir à quel
point ces régimes seraient prêts à accommoder le
mécontentement exprimé par les citoyens. Si des
revendications pour combattre la corruption venaient se
joindre aux demandes de création d'emplois et de
subvention du pain, les gouvernements se targueraient-ils
de lancer des programmes anti-corruption ? Et si
l’opposition politique et la société civile réclament leur voix
au chapitre, quelle marge de manœuvre politique le
gouvernement sera-t-il prêt à accorder pour apaiser les
tensions politiques ?
QUELLES MESURES DEVRAIENT ÊTRE PRISES - PAR
L’ADMINISTRATION OBAMA, LES DÉMOCRATIES
OCCIDENTALES ET LES GROUPES DE PROMOTION
DE LA DÉMOCRATIE - POUR PERMETTRE AUX
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FORCES DÉMOCRATIQUES ET À LA SOCIÉTÉ CIVILE
EN TUNISIE D’ENGAGER UNE RÉELLE TRANSITION ?
Les gouvernements occidentaux ont une fois encore
commis l’erreur d’attendre trop longtemps pour critiquer
les politiques répressives d’un régime autocratique. Les
gouvernements aux États-Unis et en Europe se sont
contentés de garder le silence face aux mesures
répressives prises par Ben Ali pour contenir les
protestations. Il s’en suit que toute nouvelle prise de
position en faveur du processus de démocratisation et des
droits de l’Homme ne sera certainement pas prise au
sérieux par nombre de figures tunisiennes.
Néanmoins, les gouvernements occidentaux ont toujours
un rôle à jouer. Les liens forts entre la France et le régime
Ben Ali, aussi surprenants qu’ils puissent actuellement
paraître, doivent être utilisés de manière positive pour
influencer les orientations du gouvernement transitoire
dans les jours et les semaines à venir. Les barons de
l’ancien régime, toujours actifs sur la scène politique,
devraient se conformer aux attentes de la communauté
internationale, qui souhaite que l’on adopte un processus
démocratique pleinement transparent dans le cadre du
remaniement gouvernemental. Il faudrait également revoir
les cadres constitutionnels et légaux de l’État pour
permettre aux différents acteurs de participer sans
entraves à la vie politique. Les organisations de la société
civile et les médias en Tunisie devraient aussi jouir d’une
autonomie totale durant la période transitoire et après la
création du nouveau gouvernement.
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Par ailleurs, les gouvernements occidentaux devraient
faire pression sur les responsables tunisiens pour prendre
les mesures nécessaires afin d’accélérer cette ouverture
politique. L’Occident devrait également exiger que la
transition gouvernementale et les élections se déroulent
en fonction d’un calendrier concret et en temps opportun,
et ne devrait pas permettre que la période transitoire dure
indéfiniment. Il faudrait de même imposer des conditions
sur l’aide au développement promise par les pays
occidentaux à la Tunisie pour faire en sorte que ce
calendrier soit respecté et que des élections libres soient
organisées rapidement pour former un nouveau
gouvernement.
Les groupes d’aide à la démocratie et autres
organisations non gouvernementales devraient également
participer au processus de transition. Les groupes
internationaux de contrôle devraient pouvoir surveiller la
période transitoire et les élections qui conduiront à la
formation du nouveau gouvernement librement et sans
restrictions. L’opposition politique encore trop jeune en
Tunisie devrait bénéficier de l’aide et des conseils qui lui
seront nécessaires pour remplir le nouvel espace politique
qui s’offre à elle. Il faudrait enfin encourager et développer
la société civile tunisienne pour garantir la poursuite des
réformes démocratiques et des mesures de contrôle du
pouvoir politique.
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