Télécharger l`article complet au format PDF

Transcription

Télécharger l`article complet au format PDF
A la Loupe de
INTERCHANGE
QUELLES OPTIONS DE RECONSTITUTION DE
PNB DANS UN CONTEXTE CONTRAINT ?
APPORT DE L’ANALYSE TRANSACTIONNELLE
Nos analyses ont pour vocation de participer au débat
des grands enjeux économiques sur lesquels nous
accompagnons nos clients.
Par Jean-Baptiste Chevallier, Associé
& Gabriele Aquinardi, Consultant
SYNTHESE
Le 9 décembre 2015, était censée intervenir la mise en application du
Règlement Européen 2015/751 relatif aux commissions d’interchange.
Entre autres, ce règlement prévoyait la fixation de l’interchange à 0.20%
pour les opérations par carte de débit et 0.30% pour les opérations par
carte de crédit (contre 0.28% auparavant toutes opérations confondues).
L’analyse transactionnelle
examine l’ensemble des
comptes commerçant client
par client pour répondre à
chaque situation de la façon la
plus précise possible,
permettant ainsi une
optimisation des scénarios
envisagés. Elle permet un
contrôle fin de l’impact en
termes de revenus en
maîtrisant parfaitement les
impacts client.
Pour autant, le réseau national CB ne permettant pas de distinguer les
opérations de débit des opérations de crédit, un décret en date du 8
décembre 2015 a instauré une période d’application transitoire à 0.23%
pour toutes les cartes et ce, jusqu’au 9 décembre 2016. L’objectif cible
reste néanmoins le même.
Cette évolution, combinée avec les propositions de Michel Sapin – dont la
fin de la partie fixe des commissions commerçant – lors des Assises de
Paiement de juin dernier, crée un contexte réglementaire encadré dont
l’objet est de favoriser le paiement par carte ainsi que son innovation, sans
pour autant créer une situation de rente pour les acteurs du secteur. En
encadrant les prix, le nouveau schéma cible crée toutefois un manque à
gagner obligeant chaque acteur à revoir son modèle.
Au-delà des discussions nombreuses sur le niveau optimal d’interchange, et
maintenant que l’échiquier est connu et posé, se pose la question des
mouvements de chacune des pièces. Quels seront les écarts entre les
mouvements souhaités - notamment par le régulateur - et ceux que nous
nous apprêtons à observer ?
Dans ce contexte nouveau où chaque acteur cherchera à optimiser son
positionnement, l’analyse transactionnelle offre un regard objectif sur la
situation réelle des banques et de leurs clients. Elle apporte ainsi un
éclairage sur les options envisageables et leurs conséquences en fonction
d’un curseur à définir.
Sur cette base, il appartiendra naturellement à chaque acteur de définir
avec précision les actions / la posture qu'ils souhaitent prendre au regard
de l’interprétation de sa situation spécifique
2000
2002 : Exclusion de l’interchange
du champ d’application de l’article
81 du Traité de Rome visant les
ententes anti- concurrentielles.
L’exclusion prend fin en décembre
2007.
2005
2
2012 : Livre Vert de la CE sur la
suppression éventuelle de
l’interchange.
2010
2007 : La CE interdit l’interchange
sur les transactions
transfrontalières Mastercard qui
supprime temporairement
l'interchange.
2015
2015 : Règlement
Européen 2015/751
relatif au
plafonnement de
l’interchange.
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
2008 : Enquête CE sur les
transactions transfrontalières VISA
B
ien qu'obscure, il est souvent admis que la genèse de
l'interchange repose sur une combinaison complexe à la fois
d'incitation et de rémunération.
Incitation car les revenus générés par l'interchange représentent
une manne non négligeable de PNB pour les banques émettrices de
cartes et qui doivent en favoriser l'utilisation.
Deux approches opposées
pour déterminer le niveau
optimal d’interchange :
L’approche dite de service
public reposant sur une
logique de coût. L’interchange
doit ainsi être « raisonnable et
proportionnel aux coûts subis
par l’émetteur dans le cadre
de la transaction ». Cette
logique est celle retenue par le
régulateur américain dans le
cadre du Dodd-Franck Act.
L’approche dite du test
d’indifférence ou test du
touriste. Ce raisonnement par
la demande consiste à
déterminer le niveau
d’interchange (suffisamment
bas) auquel le paiement par
carte ou par espèce soit
indifférent pour le marchand.
Autrement dit, le coût de
l’interchange est
intégralement compensé par
les bénéfices qualitatifs du
paiement carte. Cette
méthode retenue par le
régulateur européen a permis
de fixer ce niveau au 0.20% 0.30 proposés actuellement.
Rémunération car la facilité de paiement ainsi que sa sécurisation
(garantie de paiement même en cas d'insuffisance de solde voire en
cas de fraude) représentent une véritable valeur ajoutée pour le
marchand.
Par ailleurs, les frais des réseaux, frais directement versés aux réseaux
de paiement (tels Visa et MasterCard) et distincts de l'interchange
rémunèrent les coûts d’investissement et de gestion de
l’infrastructure ainsi que l'innovation des moyens de paiement.
Se pose alors la question du bon niveau d'interchange qui
encouragera la promotion de ces produits par les banques émettrices
et ne dissuadera pas les consommateurs d'utiliser ce moyen de
paiement tout en permettant le maintien opérationnel d'une
plateforme à la pointe.
UN NIVEAU D’INTERCHANGE TOUJOURS DIFFICILE A EVALUER MAIS DESORMAIS POSE
Aujourd'hui, il est toujours délicat de quantifier précisément le niveau
permettant d’atteindre l'ensemble des objectifs. Les différents
travaux dérivés des recherches de Jean Tirole et de Jean-Charles
Rochet ont cependant permis d'identifier une méthode de
détermination du niveau optimal d'interchange à travers le test dit
d'indifférence. Naturellement, nombreux sont ceux qui ont soulevé
les limites d'une telle démarche théorique lorsqu'elle est confrontée
à la réalité. Néanmoins, c'est cette méthodologie qu'a retenu le
régulateur européen dans le cadre de ses recommandations.
En admettant la nécessaire imperfection de toute démarche
intellectuelle lorsque transposée dans la réalité, on peut cependant
s'interroger sur l'issue réelle des évolutions que souhaite amorcer le
régulateur - de tout niveau - à travers son action réglementaire.
DES COMPORTEMENTS POUR CHAQUE PARTIE PRENANTE : ENTRE ANTICIPATIONS…
Pour chaque acteur économique, les anticipations souhaitées sont,
fondamentalement :
Pour le réseau de paiement : réduire sa marge à des niveaux plus
acceptables politiquement sans compromettre sa capacité
d'innovation et d'investissement.
3
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
Pour le consommateur final : retrouver du pouvoir d'achat
Pour la banque émettrice : maintenir sa marge à un niveau encore
acceptable et poursuivre la promotion du paiement par carte.
Pour la banque acquéreur : réduire sa commission commerçant
proportionnellement à la réduction du montant d’interchange
déboursé
PLATEFORME
Commission
plateforme
(scheme fees)
Paye l’interchange
EMETTEUR
ACQUEREUR
Paye la
cotisation carte
Paye la
commission carte
CONSOMMATEUR
COMMERCANT
Paye le prix du bien ou
service
Représentation classique du système quadripartite
On entrevoit ainsi les tendances et les enjeux macroéconomiques
pour les différentes parties prenantes. Pour autant, l'essentiel se
cachant dans les détails, c'est la traduction en termes d'alternatives
opérationnelles que nous nous proposons de détailler dans le cadre
de cette analyse.
…ET REALITES
Dans un exercice d'application de la théorie des jeux, il est ainsi
légitime de se demander quels seront concrètement les
comportements qui seront amenés à être observés.
4
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
(i) sur les réseaux de paiement
UN RESEAU JOUANT LA CARTE DE LA NEUTRALITE
La position des réseaux de paiement va naturellement dépendre du
degré de présence (ou d'omniprésence) du réseau en question. Dans
le collimateur principalement, le duopole Visa / Mastercard dont
l'emprise au niveau mondial peut légitimement soulever des
interrogations quant à la distorsion des prix de marchés. Il est donc
ainsi dans l'intérêt de chacun de ces acteurs de pratiquer des prix
attractifs sans pour autant créer une distorsion des comportements
économiques faute d'alternative viable.
Emetteur :
Marge Emetteur = Cotisation carte + Interchange – Coûts Emetteur
 Cotisation Carte = Marge Emetteur - Interchange + Coûts Emetteur
1
Acquéreur :
Marge Acquéreur = Commission Carte – Interchange – Coûts Acquéreur
 Commission Carte = Marge Acquéreur +Interchange + Coûts Acquéreur 2
Détermination du coût
total du système pour le
consommateur
(adapté de Fédération
des Banques Françaises)
Commerçant :
3
Marge Commerçant = Prix Vente – Commission Carte – Coûts Commerçant
 Prix Vente = Marge Commerçant + Coûts Commerçant + Commission Carte
Coût Consommateur :
Coût Total = Cotisation Carte + Prix Vente 1 3
Coût Total = Marge Emetteur – Interchange + Coûts Emetteur + Marge Commerçant + Coûts Commerçant
+Commission Carte
Coût Total = Marge Emetteur – Interchange + Coûts Emetteur + Marge Commerçant + Coûts Commerçant
+ Marge Acquéreur + Interchange + Coûts Acquéreur
Coût Total = Marge Emetteur – Interchange + Coûts Emetteur + Marge Commerçant + Coûts Commerçant
+ Marge Acquéreur + Interchange + Coûts Acquéreur
Coût Total = (Marge + Coûts)Emetteur +(Marge + Coûts)Acquéreur +(Marge + Coûts)Commerçant
2
Pour autant, au sens strict, le niveau d’interchange n’impacte
aucunement le chiffre d’affaires du réseau de paiement qui ne se
rémunère qu’à travers ses frais directs auprès des banques.
Mathématiquement, le consommateur ne paye pas l’interchange
mais la succession de marges pratiquées par les différents
intermédiaires : Marchand, Acquéreur et Emetteur. Tel est donc le
raisonnement soutenu par ces réseaux de paiement pour
revendiquer leur « neutralité » vis-à-vis du sujet.
Ceci n’est naturellement que partiellement vrai car un taux élevé
d’interchange légitime, comme nous l’avions vu, une marge plus
élevée qui est – elle – facturée au consommateur. Par ailleurs, notons
que si le niveau d’interchange est théoriquement une convention
libre entre les établissements financiers, la réalité est que, par défaut,
le niveau standard par défaut est celui proposé par les réseaux de
paiement.
5
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
(ii) sur le consommateur final
UN BENEFICE POUR LE CONSOMMATEUR RESTANT A DETERMINER
La question centrale qui intéresse le régulateur sera donc la suivante :
Va-t-on aboutir à une augmentation du pouvoir d'achat du
consommateur ?
Les retours sont mixtes quant à l’effectivité de l’impact. En fonction
des études, il est décrit des impacts positifs comme des impacts
inexistants.
Les critères de comparaison retenus portent notamment sur :
La diminution du prix des biens et services achetés
A prix équivalent, l’amélioration du bien ou service acheté
« Les retours sont
mixtes quant à
l’effectivité de
l’impact. En fonction
des études, il est décrit
des impacts positifs
comme des impacts
inexistants. »
L’amélioration des programmes de fidélité
La stagnation des niveaux de tarifs bancaires
Des universitaires ont ainsi analysé les effets de la réduction de
l'interchange sur le pouvoir d'achat des consommateurs.
Les études effectuées montrent qu'en règle générale, aucun de ces
points n'ont fait l'objet d'une amélioration significative.
En Espagne, suite à une réduction du taux d'interchange, des études
ont permis d'exprimer des doutes sur l'effectivité de la restitution du
pouvoir d'achat.
En Australie et en Nouvelle-Zélande, les retours sont également
mixtes en fonction de la source retenue.
De manière générale, la répercussion de la baisse de l'interchange sur
les prix pratiqués par les commerçants dépendra du degré de
concurrence requise par son propre secteur. A titre illustratif, dans le
secteur des compagnies aériennes low cost, il était fréquent
d’observer des différences tarifaires en fonction de l’option de
paiement. Sur ces cas particuliers, une baisse tarifaire pourrait avoir
lieu.
A contrario – et c’est pour nous la comparaison la plus probable - sur
le secteur de la restauration, la baisse de la TVA de 2009 ne fut que
partiellement répercutée sur les cartes. Pourtant, les enjeux relatifs
étaient - proportionnellement - bien plus impactant sur le chiffre
d’affaires (-15% de coûts en moins pour les restaurateurs contre 0.08% dans le cas de l’interchange).
6
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
Quid des retraits ?
Les retraits ne sont pas concernés par les récentes évolutions
réglementaires. Par ailleurs, en France, les commissions
interbancaires de retrait ont déjà fait l’objet d’un abaissement de 20%
suite à une négociation de l’Autorité de la Concurrence avec le
Groupement des Cartes Bancaires. Pour reprendre les termes du
communiqué de l’époque : « Au terme d'une procédure négociée
avec le Groupement des Cartes Bancaires (GIE CB), qui regroupe plus
de 130 acteurs bancaires, l'Autorité de la concurrence rend publique
une décision par laquelle elle rend obligatoires les engagements du
GIE CB tendant à faire baisser de manière substantielle la plupart des
commissions interbancaires liées aux transactions par carte. Ces
dernières n'avaient pas bougé depuis plus de vingt ans. ». Effective
depuis le 1 octobre 2011, la commission interbancaire de retrait
passa alors de 0.72€ à 0.57€ par transaction. La date de 2011 est
intéressante car elle représente l’apogée du parc de DAB sur le
territoire français. Depuis, renforcé par l’avènement du sans contact
et les nombreuses possibilités de paiement à partir du 1er euro, le
recours même aux espèces diminue sans cesse. Au final, certaines
banques ont vu le nombre de retraits en léger recul (jusqu’à -3% des
volumes) alors que le coût de maintenance ne cesse d’augmenter,
notamment du fait des exigences réglementaires (+ 20%). En
conséquence, le nombre de DAB diminue régulièrement depuis
quelques années.
Avec 4 ans de recul, on constatera cependant qu’en dépit de
l’intervention de l’Autorité de la Concurrence pour redonner du
pouvoir d’achat au consommateur en imposant un plafond de la CIR,
les objectifs initiaux restent complexes à attendre. Au final, depuis la
mise en place de la décision, le nombre de DAB a diminué,
l’utilisation des espèces diminue et les frais bancaires de retrait ont
augmenté, soit une baisse du pouvoir d’achat.
7
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
(iii) sur le métier Emetteur.
UN IMPACT FORT NECESSITANT UNE REVUE INTEGRALE DU COUPLE OFFRE / CLIENT
Les réflexions devront a fortiori se porter sur la composition du
portefeuille de cartes cibles. En effet, la nouvelle distinction
d'application entre le débit immédiat et le débit différé amèneront
celles-ci sur une optimisation rationnelle de la structure du
portefeuille.
La stratégie de prime abord sera la recherche d'une compensation de
la diminution des revenus issus de l'interchange due à la baisse des
taux. Ces compensations pourront provenir de plusieurs sources :
« …En fonction du
profil comportemental
du client, la somme
nette de l'opération
peut être
significativement
déficitaire pour la
banque émettrice. »
L’augmentation de la tarification directe liée aux cotisations
cartes. La réflexion portera ainsi sur l'opportunité d'accroître le
montant moyen des cotisations annuelles. Toutefois, dans un
contexte de démocratisation de la carte gratuite initié notamment
par les banques en ligne, on peut s'interroger sur la pertinence d'une
telle stratégie qui va à l'encontre des attentes du consommateur
actuel. De plus, notons que ces attentes ne prennent pas en
considération la valeur des services et des contraintes indirectes
d'une telle politique de tarification que ce soit sous la forme d'un
salaire minimum à domicilier ou de l'existence d'un réseau de
proximité. En effet, ces politiques de gratuité incluent a fortiori une
stratégie de report tarifaire, soit en encourageant la montée en
gamme payante vis-à-vis de la gratuité de l’offre de base, soit en
trouvant des alternatives de PNB (comme les revenus domiciliés
précédents) vis-à-vis des gratuités de l’offre premium.
Impact négatif
Impact positif
Evolutions possibles du mix de portefeuille cartes et impacts PNB –
Analyse Querya Partners
8
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
La révision de la structure de rémunération indirecte à travers
l’identification d’alternatives de PNB. A titre d’illustration, on
observe, depuis quelques temps, une généralisation des frais de
tenue de compte sur l'ensemble du territoire français. D’autres lignes
de tarification peuvent ainsi voir le jour. Certains établissements
prévoient ainsi d’augmenter le niveau de l’interchange à 0.9% pour
les cartes professionnelles (Total, AccorHotels…) actuellement hors
périmètre de la future réglementation.
Revoir la composition du portefeuille de cartes en circulation.
L’écart de taux d’interchange entre les cartes à débit immédiat et
celle à débit différé aboutit inexorablement à une réflexion sur
l'orientation à donner à ce portefeuille. D'un côté, l'attrait du débit
différé sur le plan de la rémunération interchange (+0.1%) ainsi que
sur celui de la cotisation annuelle. De l'autre, le manque à gagner
substantiel sur les avantages induits par l'utilisation de cette nature
de carte qui bénéficie au consommateur d'un financement quasigratuit, lequel échappe aux intérêts débiteurs et aux commissions
d'intervention (voir schéma de la page précédente). Un des avantages
de cette approche réside dans la conversion partielle de la forme du
PNB. Originellement sous la forme d'agios et associés, elle prendrait
désormais la forme de cotisation supplémentaire plus visible et plus
compréhensible par le client. En revanche, en fonction du profil
comportemental du client, la somme nette de l'opération peut être
significativement déficitaire pour la banque émettrice.
Sans dépassement de découvert
dans le mois
Les titulaires de Cartes
à Débit Différées ont
une probabilité 2 fois
moindre d’être
débiteurs et en
dépassement…
Avec dépassement
de découvert
Sans carte
15%
4%
Carte DI
45%
9%
Carte DD
25%
2%
Illustration de la ventilation comportementale d'un portefeuille
Cartes (100% DAV Actifs) – Analyse Querya Partners
9
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
…en revanche, une fois
en dépassement, leur
utilisation du
découvert dépasse
celle des titulaires de
Cartes à Débit
Immédiat.
Illustration d’analyse
comparative comportemental
Titulaires Carte Débit
Immédiat Vs Carte Débit
Différé (1 mois)
- Analyse Querya Partners
(iv) sur le métier Acquéreur.
UN TRANSFERT DELICAT A REPERCUTER
Théoriquement, il ne devrait s'agir que d'un transfert puisque la
baisse de commission devrait être équivalente à celle du coût
d'interchange actuellement subi et payé, laissant de facto la marge
intacte. Dans la réalité, trois aspects viennent nuancer ce propos :
Une légitimité amoindrie de la commission commerçant dans un
contexte d'interchange plus faible. Cette commission d'interchange
étant, jusqu'à présent, l’un des fondements de cette commission
commerçant, la marge incorporée verra sa propre légitimité
amoindrie dans le nouvel environnement.
Une difficile appréciation du coût réel de l’interchange au regard
de la transactionnalité spécifique du commerçant considéré (quelle
est la part des opérations on-us / not on-us ? quelle est la part des
opérations à débit immédiat / débit différé). Dès lors, il est difficile
d’appréhender la rentabilité réelle de la commission commerçant
induite.
Enfin, dans les faits, une fixation du niveau de la commission
commerçant davantage dictée par la capacité de négociation de
l’entreprise cliente que par les coûts. Cela peut aboutir, dans certains
cas, à une rentabilité négative.
10
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
Le cas particulier des banques universelles
En France, la plupart des banques exercent les 2 activités selon une
gestion - in fine commune. En ce cas, la notion d'interchange est prise
dans son intégralité Emetteur / Acquéreur. Pour un acteur majoritaire
en parts de marché sur un territoire donné, c'est à dire à la fois en
tant qu'émetteur et en tant qu'acquéreur, le coût réel d'interchange
sera statistiquement moindre. Plus précisément, dans un contexte où
la banque émettrice et la banque acquéreur est la même - cela sera le
cas si la banque est majoritaire sur son marché - le paiement de
l'interchange n'est essentiellement qu'un transfert interne d'une
entité à une autre. Dès lors, elle peut se permettre de proposer des
taux de commissions commerçant inférieurs à ceux de son marché.
Un contexte d'interchange amoindri peut réduire cet écart. Il faut
cependant bien l'intégrer dans la réflexion stratégique autour de ce
sujet.
11
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?
CONCLUSIONS :
« …il appartient à
chaque acteur de
définir avec précision
les actions / la posture
qu'ils souhaitent
prendre au regard de
l’interprétation de sa
situation spécifique. »
Si les intentions du régulateur sont compréhensibles sur le plan de la
théorie, il faudra cependant observer, dans les faits, la matérialisation
de ces actions dans les comportements des différents acteurs.
L'expérience passée dans des pays ayant connu des situations
similaires est, certes, un indicateur mais ne peut, à lui seul préjuger
des faits à venir compte tenu de la spécificité de chaque marché
bancaire et des habitudes de consommation des utilisateurs
bancaires. Dans ce contexte nouveau où chaque acteur cherchera à
optimiser sa position, l’analyse transactionnelle offre un regard
objectif sur la situation spécifique de chaque banque en fonction de
sa typologie de clients. Elle apporte ainsi un éclairage sur les options
envisageables et leurs conséquences en fonction d’un curseur à
définir. Quelle le comportement de mon portefeuille de clients
porteurs de cartes ? Quel le coût réel de mon interchange compte
tenu de ma proportion de transactions intragroupes ? Quelle est la
rentabilité réelle de ma commission commerçant ?
En définitive, il appartient à chaque acteur de définir avec précision
les actions / la posture qu'ils souhaitent prendre au regard de
l’interprétation de sa situation spécifique.
Ces actions pouvant, en définitive, avoir une incidence non
négligeable sur les décisions et comportements des autres parties
prenantes en réaction.
ABOUT QUERYA
Nous sommes un cabinet de conseil spécialisé dans l'analyse des
comportements bancaires à partir de techniques quantitatives. Notre
double compétence Analyse de Données et Expérience du Métier
Bancaire nous permet d'accompagner les Directions Générales des
banques dans leur réflexion stratégique grâce à nos modélisations
permettant d'anticiper les comportements spécifiques à leurs clients
et prendre ainsi les meilleures décisions de gestion.
Pour savoir comment nos équipes peuvent vous accompagner dans
votre problématique interchange, merci de nous adresser un courriel
à l'adresse suivante : [email protected].
12
INTERCHANGE : Quelles options de reconstitution de PNB dans un contexte contraint ?