Les deux font la paire ! Tout commence avec les premiers frimas de l

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Les deux font la paire ! Tout commence avec les premiers frimas de l
Les deux font la paire !
Tout commence avec les premiers frimas de l'automne, quand il faut se résoudre à
vous sortir des tiroirs, bien à contre cœur !
Je cherche les plus fines et les plus basses d'entre vous ; voilà, j'ai trouvé la paire qu'il
me faut ! je l'enfile et... horreur... un trou!!! Nouvelle recherche, nouvelle paire... et là,
le choix des chaussures adaptées s'impose... vous compliquez tout !!!
Et ce n'est que le début des ennuis qui vont se succéder jusqu'à ce que l'arrivée des
beaux jours nous libère enfin de VOUS, immondes parias !
Vous porter est déjà en soi un problème : vous serrez trop, vous glissez, vous êtes trop
petites ou au contraire, trop grandes et inconfortables.
Le soir, je vous quitte, (moment d'intense bonheur!!) et vous jette dans le panier à
linge sale; toute la famille fait de même... et voilà l’épreuve de la lessive !!!
Il y a les colériques qui sont en boule, les joueuses qui se cachent dans un petit coin
au fond du panier à linge sale, ou bien encore les malignes qui tombent discrètement
entre le panier et la machine, et que je retrouverai seulement en fin de lessive !!
Que dire des rebelles qui se coincent dans le joint du tambour de la machine et qui
sont donc mal lavées et trempées...
Bref, au mieux, la lessive s'est bien passée ; vient le moment de vous accrocher sur le
fil à linge pour que vous séchiez ; c'est un travail long et fastidieux... interminable...
J'essaie de vous regrouper par paires, pour simplifier le ramassage... le pire moment !
C'est là, en essayant de reconstituer les paires, que je commence à vous haïr !
Certaines d'entre vous, les plus fantaisistes et les originales, sont faciles à repérer ; le
problème, ce sont les classiques, les unies, qui se ressemblent toutes au premier coup
d’œil et sont cependant si différentes ; identiques mais... une basse et une haute, pas
de même pointure, pas tout à fait de la même couleur, une petite fantaisie à l’élastique
que je découvre après un examen minutieux...
Arrive alors le moment fatidique ; alors que j'ai passé tant de temps à vous bichonner,
restent au fond du panier les ingrates, les pénibles, celles dont la vocation est de me
rendre la vie impossible, celles qui ne se rangent nul part puisqu'elles sont seules !
Les chaussettes orphelines !!! le fléau des familles !!
Celles qui rejoignent des tiroirs qui, comme ce mystère, restent entiers !
Mon ami
Je sais que parfois je t'oublie dans des endroits improbables tels que les toilettes de l'hôpital ou dans
le vide poche de la voiture. J'omets également de te nourrir à tel point que tu t'éteins doucement.
Mais tu sais me faire payer ces oublis. Je suis parfois en rage contre toi Surtout lorsque je suis en
panne sur le bord de la route et que tu refuses de m'aider, mais également lorsque tu joues à cachecache dans mon sac alors que je te cherche frénétiquement presque désespérément.
Tu me nargues et prends ta revanche de cette manière-là.
Mais sache, mon ami que je ne t'en tiens pas rigueur longtemps puisque tu restes quand même un
ami fidèle.
Grâce à toi je reste en contact avec ceux que j'aime.
Je finirai par te dire que j'essayerai à l'avenir de moins te négliger peut-être seras-tu plus enclin toimême à te rendre utile dans l'urgence.
Bons baisers de ta propriétaire
Madame la porte,
Je ne saurais dire ce que vous me reprochez mais je pense qu'aujourd'hui, nous pourrions essayer
de tout remettre à plat.
Puisque nous devons nous expliquer autant vous dire ce qui me chagrine.
Que vous soyez porte d'entrée, de salon ou encore de toilettes, j'ai remarqué que vous semblez me
tenir rigueur de quelque chose puisqu'à chacun de mes passages ou presque vous prenez un malin
plaisir à vous accrocher à moi au risque de déchirer ma manche, me faire tomber ou pire encore!
Parfois même vous refusez de me laisser passer, me laissant grelottant dans le froid.
Je vous avouerais que j'ai déjà pas mal réfléchi à la question, parce qu'il faut savoir se remettre en
cause avant d'accuser.
Je dois dire que je n'ai pas toujours été celle que je suis aujourd'hui et que durant cette période
TERRIBLE qu'on appelle "adolescence" il se pourrait que je me sois montrée virulente à l'égard de
vos compatriotes dans d'autres lieux que ceux que nous partageons vous et moi. Pour cela, j'en
conviens, je me dois de présenter des excuses.
Cependant, je pense que personne ne mérite le traitement que vous m'infligez, d'autant qu'il semble
sans fin.
D'ailleurs je pense que je vous ai maintes fois prouvé mon attachement, puisque vous n'êtes pas sans
savoir que je traque la moindre trace laissée par les petites mains indélicates.
En espérant que nous pourrons tourner définitivement cette page après cette explication, Bien à
vous.
L'occupante des lieux