L`organisation et l`entretien de la desserte au sein

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L`organisation et l`entretien de la desserte au sein
L’organisation et l’entretien de la
desserte au sein de la propriété
Dans un souci d’efficacité, la desserte d’une propriété dépend de critères techniques comme la
distance de débardage, la pente, etc. Cette fiche en présente les principaux éléments à
examiner avant la réalisation d’un réseau de desserte.
Au préalable, pour limiter les contraintes…
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Un échange ou un achat de parcelles judicieux peut considérablement modifier les
données.
Dans la mesure du possible, il faut privilégier les accès par les routes départementales,
moins susceptibles d’être limitées en tonnage que la voirie communale. L’utilisation
de cette dernière peut être soumise à dérogation et à remise en état.
Pourquoi ne pas envisager une route desservant plusieurs propriétés avec convention
d’usage et d’entretien ?
Comment implanter les pistes sur une propriété?
La disposition des pistes au sein de la propriété doit être pensée de manière à ce que la
distance de débardage soit la plus faible possible en effet, la productivité des porteurs diminue
avec la distance de débardage.
Rendement moyen d’un débardeur en fonction de la distance de débardage.
Distance de débardage
100 à 200 mètres
200 à 500 mètres
Plus de 500 mètres
Rendement moyen horaire
20 à 25 mètres cubes
15 mètres cubes
10 mètres cubes
Comme le montre ce tableau, la productivité des porteurs diminue avec la distance de
débardage. En conséquence la présence d’un réseau de débardage a une influence sur le prix
des bois, voire même sur les possibilités de les vendre pour les bois de faible valeur.
L’existence de ruisseaux implique une réflexion sur leur franchissement. Il faut une
autorisation pour tous travaux pour le franchissement d’un cours d’eau ; elle est à demander à
la MISE (située dans les bureaux de la DDT) et au Conseil Supérieur de la Pêche qui pourront
imposer des règles spécifiques.
En aucun cas, ils ne peuvent être bouchés, sous peine de procès-verbal quasiment
immédiat.
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La pente limite les possibilités de desserte.
Exemple de schéma d’organisation de la desserte dans une propriété boisée
Ce schéma résume le lien entre les routes publiques, les routes forestières, les places de dépôt,
les pistes forestières et les chemins de débardage.
Nous voyons ici que la route forestière aboutit à une place de dépôt, et qu’elle comprend une
zone de retournement des camions.
L’étang crée dans le cadre de la lutte contre l’incendie (notée DFCI sur le plan) est accessible
par deux pistes pour permettre d’assurer la sécurité des services de secours.
ROUTE PUBLIQUE
CHEMIN DE
DEBARDAGE
DEPOT
VOIE FORESTIERE EMPIERREE
PISTE FORESTIERE
DFCI
MINIMA AUX 100 HA
Débardage Routes Forestières
PLAINE
TERRAIN PORTANT
TERRAIN HUMIDE
1 KM
2,5 KM
0,4 KM
1,3 KM
DEBARDEURS (pistes)
500 m max du dépôt
(cloisonnements) largeur : 4 m
espacement
TRACTEURS (culturaux)
MONTAGNE
DFCI
3 KM
2,5 KM
0,5 KM
0,5 KM
largeur : 2,5 m
15 m
à implanter le plus vite possible
Quelques règles simples pour concevoir une desserte
Nous distinguerons les cas des routes et des pistes forestières qui ont des caractéristiques
techniques différentes. Quelques règles simples :
Pour les routes forestières
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Leur tracé doit être conçu de façon à éviter d’avoir à traîner les bois sur ces routes.
Les routes forestières sont obligatoirement empierrées (environ 30 cm avec des
matériaux calibrés et compactés) pour permettre la circulation en toute saison.
Il est préférable d’avoir une légère pente en long et en travers pour permettre
l’écoulement de l’eau (pente en long 2-7% pente en travers 2 à 3%). Dès lors qu’il y a
une pente en long supérieure à 7-8 %, il faut impérativement apposer un revêtement
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(bitume ou béton pour des raisons de ravinement), ce qui augmente considérablement
les coûts.
Attention les coûts de construction de cette voirie sont toujours importants, la densité
et l’emplacement doivent être mûrement réfléchis.
Le rayon de courbure est de l’ordre de 18 mètres, et au minimum de 12 mètres. La
largeur de la bande de roulement doit être augmentée à ce niveau.
Un bon éclairement de la route favorise l’évaporation en surface de celle-ci, et
améliore donc sa longévité.
Les fossés sont indispensables pour drainer les passages mouilleux et pour collecter
les eaux de ruissellement à l’amont de la piste. Ils doivent avoir au moins 50 cm de
profondeur. Les traversées de piste sont effectuées par des passages busés. Ces buses
doivent être adaptées à la fois au roulage (buses renforcées) et à la quantité d’eau
(diamètre suffisant adapté au bassin versant). Des têtes de buse assurent la solidité de
l’ensemble et empêchent le remblai de colmater l’avant de l’ouvrage. Attention au
respect de la réglementation des eaux !
L’entretien de la route est à prévoir. Réalisé de façon préventive, il vise notamment à
préserver la chaussée de l’humidité. Le curage des fossés permet de maintenir la voirie
au sec.
Dans le cas d’une route de plaine, le profil en travers peut être schématisé comme suite
(source crpf Ile-de-France Centre)
Dans le cas de routes situées en montagne, des terrassements sont à prévoir.
Les matériaux terrassés en déblai peuvent être utilisés à l’aval pour l’assise. Ils ne permettent
le roulement que sur des pentes en travers faibles. Plus la pente en travers du terrain naturel
augmente, moins il est possible de réutiliser les déblais pour l’assise en remblai :
- pour une pente en travers de moins de 25 %, la moitié de la route doit être creusée
(déblai), l’autre moitié utilise les matériaux ainsi extraits (remblais),
- au-delà de 70 % de pente, toute l’assise doit être creusée en déblai, ce qui explique
notamment les surcoûts en montagne. Si un minage est nécessaire pour passer une
zone rocheuse, les coûts peuvent rapidement “exploser” !
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Pour les pistes forestières
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Les pistes situées à l’intérieur d’une propriété ne sont pas faites pour circuler à grande
vitesse (5 à 15 km/h).
La largeur minimale de la chaussée (qui est ici la zone où passent les engins) est de 3 m,
avec une largeur d’emprise minimale de 4 m.
Le rayon de courbure est de 8 m minimum
La pente est de 25 % maximum pour éviter un ravinement trop important
Le profil en travers doit avoir un dévers vers l‘aval modéré (2 à 3 % maximum)
Les renvois d’eau qui servent à évacuer l’eau d’une piste en cas de pente sont
indispensables pour se prémunir contre l’érosion. Ils peuvent être en rondins.
Le débardeur doit prendre les précautions nécessaires afin d’éviter toute dégradations, ceci
est à préciser dans le contrat de vente des bois.
Entretien de la voirie
Les routes et pistes nécessitent un entretien pour éviter qu’elles soient :
- Couvertes par la végétation arbustive, les ronces ou les genêts,
- Noyées dans les points bas,
- Dégradées par les ravinements à la suite des orages.
Les principales causes de dégradation des chaussées pour les routes forestières sont :
- Le trafic. Même bien conçue au départ, la chaussée s’endommage au fur et à mesure
du passage des véhicules. Cet effet dépend essentiellement du poids des essieux : ainsi
il faut plus de 11 000 passages d’essieux de 2 tonnes pour causer un endommagement
équivalent à celui d’un seul essieu de 13 tonnes (limite actuelle autorisée pour un
essieu simple). Ceci se traduit par un orniérage progressif de la chaussée, c’est-à-dire
un affaissement longitudinal suivant les bandes de roulement.
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Par ailleurs, tous les véhicules exercent des efforts horizontaux sur la surface de la
chaussée : ceux-ci peuvent entraîner une désagrégation et un départ de matériaux par
endroits, causant progressivement l’apparition d’un trou (nid-de-poule). Ceux-ci se
développent en général d’autant plus que la route est plate (profil en long avec une
pente faible).
Les conditions climatiques : eau, gel-dégel essentiellement. L’eau joue un rôle
néfaste à un double titre :
o par infiltration (à travers la chaussée et par les accotements), elle amoindrit les
propriétés mécaniques des matériaux de chaussée et surtout du sol sous-jacent :
un sol humide entraîne une déformation beaucoup plus importante au passage
d’un véhicule qu’un sol sec ;
o par ruissellement sur la surface de la chaussée, elle entraîne les matériaux et
provoque un ravinement progressif ; ceci peut être accentué en cas d’orniérage.
La présence d’eau sur la chaussée accélère également l’évolution des nids de poules.
En période de gel, lorsque celui-ci atteint le sol sous-jacent, certains types de sols
voient leur teneur en eau augmenter fortement : au moment du dégel, cet excès d’eau
fait chuter considérablement la portance du sol rendant la chaussée particulièrement
fragile en cas de passage de charges lourdes. Pour des routes forestières, la seule
possibilité de se prémunir contre ce risque est d’interdire tout trafic lourd en période
de dégel ; sinon en effet il faudrait construire une chaussée beaucoup plus épaisse,
avec des matériaux non gélifs, ce qui n’est pas viable économiquement.
PLANIFICATION DES TRAVAUX D'ENTRETIEN DE LA VOIRIE
RENFORCEMENT GENERALISE
5 à 7 ans
ARRASEMENT
COMPACTAGE
3 à 5 ans
CURAGE
3 à 5 ans
DESHERBAGE
& FAUCHAGE
annuels
EPAREUSE
2 à 3 ans
Pour les places de dépôt
La dimension d’une place de dépôt tient compte de celle des camions actuels. Elle tient
compte aussi de la quantité de bois à exploiter, en sachant qu’il faut de la place pour
manœuvrer avec les engins, et que la hauteur des tas peut difficilement dépasser quatre
mètres. Elle peut aussi servir à installer des scieries mobiles.
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Il faut prévoir une dimension minimale de 40 m sur 20 à cause de la dimension des camions.
Dans la pratique, un massif géré nécessite une place de dépôt pour 30 à 50 hectares, en
fonction des peuplements concernés.
Ne pas oublier que le côté où le camion charge le bois doit être empierré pour supporter son
poids en charge (il peut pleuvoir au moment où il emporte le bois), et permettre au camion
chargé de rejoindre aisément la route.
EXEMPLE: AIRE DE MANŒUVRE SUR PLACE DE DEPOT ET CHARGEMENT
AIRE DE MANŒUVRE DU DEBARDEUR
4à5m
B
5m
7à8m
largeur :7 à 8 m
et 4 à 5 m pour manœuvre du débardeur ,
et 5 m empierrés ( grumier)
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- Voirie et exploitation forestières- Généralités
Voir aussi :
- Les impacts des infrastructures forestières
- Exploitation forestière en zone de forte pente
- La scierie mobile, un outil pour valoriser ses bois
- Les principes de franchissement des cours d’eau
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