La prison dans les bulles
Transcription
La prison dans les bulles
La prison dans les bulles Sélection de bd Exposition à la Médiathèque Gabriel Tarde du 28 janvier au 8 février 2008 Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi Rainbow. / George ABE ; Masasumi KAKIZAKI ; traduit par Jérôme ROY. - Cambrai : Kabuto, 2005. Résumé : On les surnomme Anchan, Joe, Mario, Suppon, Baremoto, Biceps et Chou-Fleur. Ce sont sept adolescents, qui, en cette année 1955, vont devoir apprendre à cohabiter ensemble dans la même cellule de la maison de correction de Shio. Prisonniers d'un enfer dont les barreaux sont constitués d'acier mais aussi de souffrance et d'humiliation, ils attendent qu'une lueur d'espoir apparaisse dans ce monde carcéral ténébreux, comme un arc-en-ciel qui surgirait après la pluie. Cote: BD ABE. 16 volumes édités au Japon 11 volumes édités en France 8 volumes disponibles à la Médiathèque En 1955, Le ciel aux teintes rouges du pays du soleil levant a perdu de sa superbe. L'astre lumineux est dissimulé par le grisâtre nuage atomique symbole de la défaite du Japon face aux Etats Unis. La situation économique du pays est catastrophique mais pourtant, il faut se battre et accepter de vivre cette nouvelle ère, la tête haute. C'est ce que cherchent à faire sept détenus de la maison de correction de Shio. Traités comme des animaux abandonnés, ils vont apprendre à souffrir en silence, apprendre à accepter l'injustice, mais aussi, et c'est ce qui les sauvera, apprendre à aimer et à compter sur les liens de l'amitié. Derrière leurs barreaux, Mario, Jo, Anchan, Suppon, Baremoto, Choux-fleur et Biceps vont se faire la promesse de sortir d'ici vivants et de se retrouver à l'extérieur. Un vœu qui ne serait pas si difficile à réaliser si l'un des gardiens n'était pas décidé à les faire sortir de là les pieds devants. Associé au médecin de l'établissement, il fait subir à tous les prisonniers les pires violences physiques et morales. Si certains serrent les dents et les poings en attendant de se venger, d'autres moins solides préfèrent se suicider. Dans cette atmosphère lugubre, sale et malsaine, les sept couleurs de l'âme d'Anchan et sa bande tentent de briller pour peut-être un jour connaître un semblant de bonheur. Traumatisé par sa douloureuse enfance, George Abe a retenu en lui pendant de très nombreuses années les blessures que l'après-guerre lui a laissées. Grâce à son association avec un dessinateur talentueux, il peut aujourd'hui les mettre à jour et les dévoiler à un public de Bdphiles avertis. L'histoire de Mario et de ses amis aurait put être la sienne, la limite entre le récit autobiographique et la fiction est fine mais les auteurs ont pris le parti de pousser les limites du manichéisme pour que le contraste entre les différents protagonistes soit encore plus choquant. A travers les magnifiques mais très obscures planches du jeune Kakizaki, nous sommes conviés à assister à la noirceur et à la douleur qui a traversé le Japon avant la salvatrice phase de redressement économique. Les héros apparaissent comme des victimes de la société qui, même s'ils n'ont pas eu de conduites irréprochables, cherchent à se faire une place dans les détritus de la ville quitte à voiler quelques instants leur moralité. Il ne faut que peu de temps pour que les lecteurs deviennent leurs plus fervents supporters et partagent leur malheur avec un énorme sentiment de dégoût. Rainbow est un manga qui ne laisse pas indifférent. Par son scénario original, ce titre est un poids-lourd du marché du seinen manga. http://www.mangajima.com/manga/fiches/rainbow.htm Hellblazer. Tome 1, Hard time / scénario de Brian AZZARELLO ; illustré par Richard CORBEN ; Jean-Marc LAINE. - Paris : Toth, 2007. Résumé : John Constantine est un drôle de gars, un peu magicien sur les bords, on ne sait pas trop ! Il se retrouve envoyé en taule mais ça ne l'empêche pas d'afficher le même sourire moqueur l'english ! Seulement les règles ici sont très dures, les gangs se sont organisées et si on veut être tranquilles il faut savoir faire quelques... sacrifices ! Ainsi quand le grand black, Traylor, vient le retrouver, toutes dents dehors, c'est avant tout dans l'espoir de se faire un petit nouveau. Mais il ne connaît pas Constantine, qui finit très vite par faire comprendre qui est le chef ici. Cette réaction impressionne le caïd du coin Mr Stark qui décide de s'associer avec le petit nouveau... Mais les choses vont empirer de jour en jour ! Cote: BD AZZ. "Hellblazer" est une série américaine vieille de plus de 10 ans, à ce jour près de 200 numéros sont sortis ! Cette traduction permet donc d'amener le personnage très ambigu de John Constantine enfin en France. C'est Alan Moore qui l'a créé dans Swamp Thing a la fin des années 80, très vite ce personnage a séduit un certain lectorat avide de cynisme et de nonchalance bien brittish ! Alors quant à vous dire quels sont ses pouvoirs, c'est un peu flou à ce niveau là, on sait qu'il maîtrise une Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi certaine magie noire, qu'il est en rapport avec des forces sataniques mais surtout on sait qu'il n'a aucune envie de pouvoir, juste de fumer sa clope et de siroter son demi, point barre ! Cette traduction manque donc de vraie introduction à l'univers de ce gars, on entre directement dans le tas et du coup c'est un peu déstabilisent pour un lecteur non initié ! Secundo, les dialogues d'Azzarello sont très bruts, c'est la crasse de la taule, des "enculé !", des "bites dans le cul" il y en a à chaque page, c'est rigolo un moment puis très vite ça devient un peu lourd, néanmoins l'histoire se dévore littéralement d'un bout à l'autre sans lever les yeux, c'est très prenant ! Mais le vrai point bien positif c'est Richard Corben, ce prince de l'underground américain revient en force depuis quelques années dans les comics et vraiment c'est le bonheur des pupilles ! Il a une telle maîtrise des ombres, des clairs-obscurs, des expressions que finalement on se dit: "personne d'autre que lui n'aurait pu..." ! Si vous voulez découvrir un personnage fascinant incroyablement bien mis en valeur, jetez vous sur cet album passé un peu inaperçu, c'est dommage ! FredGri (25 Septembre 2003) http://www.sceneario.com/bd_2187_hellblazer.html Haute sécurité. Cycle 1, Les gardiens du temple. Tome 1 / scénario de Joël CALLEDE ; illustré par GIHEF. - Charleroi : Dupuis, 2007. - (Repérages). Résumé : Aleks Wojda est la plus jeune recrue des gardiens de la prison de Templeton Bay (Oregon, USA). Son inexpérience et sa belle gueule en font le souffre-douleur de son supérieur direct, Skinner. Aussi, lorsqu'un meurtre est commis dans l'enceinte même de la prison, et qu'un objet appartenant à Aleks est retrouvé sur les lieux du crime, celui-ci a tôt fait de penser que Skinner a poussé là le bouchon un peu trop loin... Cote: BD CAL. Haute sécurité. Cycle 1, Les gardiens du temple. Tome 2 / scénario de Joël CALLEDE ; illustré par GIHEF. - Charleroi : Dupuis, 2007. - (Repérages). Résumé : Alors que deux meurtres ont eu lieu dans la prison de Haute Sécurité de Templeton Bay (Oregon, USA), le FBI débarque pour mener l'enquête. Tout laisse penser que la jeune recrue fraîchement débarquée dans la prison, Aleks Wojda, est directement impliquée dans les meurtres des deux prisonniers. Son chef Skinner l'aurait poussé à bout... Cote: BD CAL. Une nouvelle série réaliste pour Dupuis, avec cette plongée dans le milieu carcéral américain. D’un côté, les gardiens qui doivent faire régner la Loi dans un univers qui possède les siennes propres, mais aussi se protéger face à une agressivité latente d’hommes qui n’ont pas grand chose à perdre. Avec cette pression, comment rester du bon côté de la barrière ? De l’autre, les prisonniers qui n’ont plus foi en rien, et qui se raccrochent à des règles qu’ils se sont eux-mêmes fixées et que la jungle ne leur renierait pas. Ce premier cycle en 2 tomes (les deux albums sortent ensemble) retrace donc les premiers temps de Wojda dans ce monde impitoyable avec une intrigue fil rouge traitée comme un thriller de tueur psychopathe. Pour le monde, il est difficile d’échapper à la comparaison avec la première saison télévisée de Prison Break. Mais essayons de nous détacher. Le dessin est de l’école réaliste à la Michel Vaillant ou Alpha pour le plus récent, ce qui donne des traits parfois très durs aux personnages. Les amateurs de XIII devraient s’y retrouver, mais ici avec des couleurs beaucoup plus sombres et contrastées, tout à fait dans le ton de l’histoire. Pour ce qui est du scénario, on reste un peu distant avec des ficelles un peu érodées par le temps. On n’échappe pas au personnage féminin qui se cherche dans un monde masculin à outrance, au vieux gardien épuisé qui a bien trop d’années dans le métier pour rester complètement honnête, ou encore au bon fonctionnaire qui espère suivre une ligne droite et sans faille. Quant à notre héros, il est baladé au milieu de cet imbroglio comme un bleu et la fin de ce premier cycle lui ouvre d’autres perspectives de problèmes à venir. HAUTE SECURITE n’est donc pas une révolution mais reste une BD sympathique et bien rythmée sur le monde de la prison. Du thriller noir hyperréaliste habilement construit et agréable à suivre. Michael Espinosa http://www.yozone.fr/article.php3?id_article=3908 Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi Chaînes / scénario de Jorge GARCIA ; illustré par Fidel MARTINEZ ; traduit par Alejandra CARASCO. - Montreuil : Rackham, 2007. Résumé : Chaînes raconte l'odyssée des prisonnières politiques espagnoles détenues dans les geôles franquistes : l'action se situe dans l'une des prisons dans lesquelles le régime fasciste a enfermé les opposants politiques à la fin de la guerre civile. A travers un scénario solide, et un dessin fortement teinté d'expressionnisme, Martinez et Garcia rendent à l'histoire la mémoire de celles des victimes de Franco qu'on a peut-être le plus oubliées. Au-delà de proposer un témoignage exemplaire sur l'une des périodes les plus obscures de l'histoire espagnole, Chaînes revêt un intérêt plus universel : dans leur approche, les auteurs mettent en exergue la condition humaine des prisonnières, dans un monde où la rage et la douleur sont les seuls sentiments autorisés. De là, émergent violemment, des portraits douloureux qui jettent une lumière crue sur les thèmes, ô combien d'actualité, liés à la condition carcérale. Cote: BD GAR. Première bande dessinée traitant du sort des femmes dans les geôles franquistes, Chaînes s’annonce comme un travail extrêmement pointu et poussé, narré à la manière de Maus, comme un recueil de témoignages de victimes du régime. Le trait est torturé, travaillé dans le trauma évoqué, et restitue avec virtuosité le contenu de l’itinéraire de ces femmes, majoritairement anciennes "rouges", livrées aux vicissitudes du clergé espagnol, dans des couvents-mouroirs, appareils sordides de l’état franquiste. Le sort également bouleversant des enfants de ces ouvrières syndiquées, arrachés à leurs familles souvent décimées par la répression fasciste et placés dans des orphelinats sous l’égide de l’église et de la phalange est longuement détaillé par les auteurs, brillant duo de créateurs espagnols enfin décidés à affronter l’histoire de ce pays dans ce qu’elle a de plus écoeurant. David REY Publié le 9 mai 2007 http://www.atoutlivre.com/Chaines.html Le Dernier jour d'un condamné / scénario de et illustré par Stanislas GROS ; adapté de Victor HUGO. - Paris : Delcourt, 2007. Résumé : Condamné à mort !... Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée. Toujours seul avec elle...Toujours glacé par sa présence...Elle m’obsède éveillé, épie mon sommeil... Et reparaît dans mes rêves... Je viens de m’éveiller en sursaut... en me disant ‘ce n’est pas en rêve... Eh bien avant même d’avoir entr’ouvert les yeux pour vérifier que ce n’en était pas un, je l’ai entendue : condamné à mort !... Cote: BD GRO. La collection Ex-libris de chez Delcourt s'est spécialisée dans l'adaptation d'œuvres littéraires reconnues en bandes dessinées. Cette collection dirigée par Jean David Morvan a l'avantage de regrouper tout un panel de jeunes auteurs aux styles totalement différents de façon à rendre celle-ci très hétéroclite. Sont déjà sortis sous ce couvert "Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas", "Robinson Crusoé de Daniel Defoe", "Oliver Twist de Charles Dickens", "Frankenstein, de Mary Shelley" et "les Aventures de Tom Sawyer, de Mark Twain". Stanislas Gros, jeune dessinateur de 32 ans, se lance dans la bande dessinée grâce à cet album très largement inspiré du roman de Victor Hugo paru en 1829 représentant un véritable plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort. Il produit un dessin atypique au trait grossier, légèrement naïf et d'une noirceur qui convient parfaitement au contexte du récit. On sent à la lecture et au visionnage des planches parsemées de textes que l'auteur s'est accaparé l'histoire de façon à la restituer brutalement en jouant sur les passages colorisés et en noir et blanc. Les scènes de cauchemars sont envoûtantes et reflètent absolument la détresse du condamné. Celle-ci est grassement alimentée par le noir, couleur dominante symbolisant la peur, le désespoir, la mort. La représentation du condamné interpelle. En effet, son apparence graphique en fait un homme « ressemblant à monsieur tout le monde » contrarié par une sentence inique, contrastant avec l’aspect hideux des autres détenus. Les expressions picturales traduisent à la perfection la souffrance physique et morale dans laquelle baigne le détenu entretenue par la menace omniprésente du spectre de la mort. Sans nul doute, le dernier jour du condamné reste une réflexion d’actualité dont l’adaptation talentueuse de Stanislas Gros marquera plus d’un lecteur. Phibes (29 Juin 2007) http://www.sceneario.com/bd_7690_dernier_jour_d_un_condamne_(le).html Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi Dans la prison / Kazuichi HANAWA. - Ego comme X, 2003. Résumé : "Dans la Prison" (titre original Keimusho no naka) de Kazuichi Hanawa a été publié en 2000 au Japon. Cet ouvrage constitue un remarquable témoignage sur les trois années que l'auteur a passé dans une prison de l'île nord d'Hokkaidô, où il avait été incarcéré le 8 décembre 1994 pour détention illégale d'arme à feu. Dans cet habile pamphlet contre le système carcéral nippon, Kazuichi Hanawa rend compte de la vie de cette "communauté" d'une manière extrêment scrupuleuse où une foule de détails prennent une importance qu'ils n'auraient pas à l'extérieur et élabore une réflexion originale sur sa condition de détenu. Cote: BD HAN. Décidément, la bande dessinée japonaise n'en finit pas de nous révéler toute la richesse de son univers et la diversité de son inspiration. Comme le titre le laisse deviner, " Dans la prison " est le compte-rendu de la vie de tous les jours de détenus au Japon. Kazuichi Hanawa raconte par le menu les différents aspects du quotidien avec un luxe de détails qui, loin d'alourdir le récit, lui donnent au contraire toute son épaisseur et tout son intérêt. Fonctionnant comme un véritable documentaire sur papier, " Dans la prison " est une sorte de journal de bord qui passe en revue le déroulement de la journée, les règles qui régissent la vie des détenus et leurs déplacements, les normes s'appliquant à la toilette ou à la tenue vestimentaire, le rituel à suivre lorsque l'on demande une autorisation quelconque, l'enchaînement des différents repas, etc. Très important, les repas ! Le narrateur a même l'impression qu'il passe sa journée à manger, " comme si le fait de manger correctement en respectant les règles établies était notre travail ". Il détaille les menus (chaque plat est dessiné avec précision), s'angoisse à l'idée de grossir et se demande s'il ne va pas finir par ressembler à un autre détenu qui lui rappelle un porc géant qu'il avait vu, un jour, en voyage... Il raconte le déroulement de la journée : le réveil, l'inspection, le petit déjeuner, le travail, le déjeuner, la fin du travail, l'inspection suivie du dîner, du couchage et enfin du sommeil. Rien n'est caché au lecteur, qu'il s'agisse de la vie à l'atelier, de l'interdiction de faire les mots croisés, de la manière de s'adresser aux gardiens pour demander l'autorisation de ramasser une gomme (" c'est incroyable ce que ramasser une simple gomme peut être fatigant psychiquement ", note le narrateur). Les déplacements sont méticuleusement organisés et le nombre de pas à effectuer scrupuleusement compté. La prison japonaise décrite par Hanawa apparaît à la fois comme terriblement oppressante - rien n'est laissé au hasard, chaque geste doit obéir à des règles d'une précision extrême - et rassurante, car le détenu évolue dans un cadre d'où l'arbitraire est banni. Les journées sont " bien remplies et agréables ", et le narrateur en vient à se demander quelle serait sa réaction si on lui apprenait qu'il restera enfermé toute sa vie. " Je pleurerais sûrement les trois premiers jours et puis je me résignerais ", finit-il par conclure. Et l'un de ses compagnons de cellule observe que " dans la prison, la vie quotidienne est faite de restrictions, mais il y a une libération que l'on ne peut obtenir qu'ici ". Car les prisonniers sont libérés des factures à payer et des contraintes administratives qui corsètent la vie quotidienne de ceux qui sont dehors et libres. Dans la prison révèle un univers carcéral qui semble être aux antipodes de la prison française, reflet d'une organisation sociale très éloignée de celle qui a cours en Occident. Un témoignage passionnant. http://www4.fnac.com/Shelf/Article.aspx?PRID=1539689 Détenu 042. / scénario de et illustré par Yua KOTEGAWA ; traduit par Guillaume ABADIE. Bruxelles : Kana, 2006. - (Big Kana). Résumé : Ryôhei Tajima, alias "détenu 042" (car "les prisonniers n'ont pas besoin d'un nom"), croupit depuis 9 ans, dans le couloir de la mort en l'attente de son exécution pour de multiples meurtres. Un jour, pourtant, le gouvernement désirant abolir la peine de mort et rendre les détenus utiles, fait une étrange proposition à Ryôhei. Le Docteur Shiina, lance en effet un programme expérimental destiné à déterminer si un criminel peut se réhabiliter dans la société. Le "détenu 042" sera le premier cobaye ! Sa peine sera commuée en travaux d'intérêt général dans un lycée où il vivra en liberté ! Néanmoins, comme seule mais efficace garantie contre la récidive, une puce lui sera implantée dans le cerveau et elle sera programmée pour exploser si Ryôhei s'énerve trop ou est pris d'une envie de meurtre. Et bien sûr, le "détenu" est également muni d'un traceur pouvant le localiser et analyser ses réactions à tout moment ! Que fera Ryôhei en découvrant cette nouvelle forme de "liberté" ?! Un criminel peut-il être tout à fait réhabilité dans la société ? Une question intéressante comme trame de fond de ce thriller habile, efficace et percutant pour une série seinen courte en 5 tomes. Cote: BD KOT. Traiter d’un sujet aussi délicat que la peine de mort dans un manga peut laisser perplexe. Même si on sait que la BD japonaise ose de plus en plus s’aventurer sur des sujets engagés comme la prison ou Hiroshima. D’ailleurs, Détenu 042 devait être à l’origine un manga beaucoup plus hardcore, visant uniquement des majeurs. Mais à quoi bon s’adresser Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi aux adultes d’aujourd’hui quand on peut aussi s’adresser à ceux de demain ? Voilà pourquoi l’auteur a décidé d’édulcorer le verbe et l’image de son œuvre pour l’ouvrir à un public bien plus large. Jeunes demoiselles et damoiseaux sont donc aussi les bienvenus ! La particularité de Détenu 042, c’est de présenter la peine de mort en filigrane. L’auteur cherche avant tout à faire partager la vie du détenu à travers cette fameuse expérience. Cet homme, auteur d’une série de meurtres indescriptibles, doit prouver qu’il peut redevenir un citoyen parmi tant d’autres. Suivi dans ses moindres déplacements (il ne peut même pas se masturber…), il intègre un lycée en tant que jardinier. Une équipe médicale va l’observer et s’assurer du bon déroulement des opérations. A la clé de l’expérience : la liberté et un programme de rééducation des prisonniers viable. Emouvant et simple, Détenu 042 ne fait pas dans la dramaturgie ni dans le scandale. Tajima Ryôhei va faire connaissance avec les élèves du lycée, réapprendre les règles de vie sociale et découvrir les vertus de la vie simple. Mais n’allez pas imaginer que Rome s’est faite en un jour. Même si dans ce premier tome il rencontre de véritables amis, il fait aussi très vite connaissance avec l’adversité. Des événements a priori sans grande gravité, qui le menacent pourtant d’une mort certaine. Car s’il a le malheur de s’énerver, une bombe située dans son cerveau se chargera instantanément de le calmer… Détenu 042 n’en rajoute pas. Ni du côté du héros, ni du côté des élèves. Vous ne connaîtrez donc pas le passé du détenu, tout comme le corps lycéen ne vire jamais à l’abus. Du coup, on savoure l’histoire sans prendre réellement parti. On reste à la fois réservé sur les actions du détenu 042, tout comme on comprend les réactions parfois sans pitié des élèves. Peut-être léger mais finalement très sympathique, Détenu 042 se laisse volontiers lire. Certes, certains reprocheront le manque d’engagement de l’auteur quant au débat qui habite son manga. D’un autre côté, on comprend au fil de sa lecture que le plus important n’est pas la peine de mort en soi mais plutôt les attitudes et les réactions de ses acteurs. Ce premier opus pose des bases motivantes sans pour autant être accrocheuses. On attend donc le prochain volume pour connaître la suite des événements, tout en se disant que pour le moment, le débat n’a pas lieu dans le roman mais bel et bien dans la réalité… Série en 5 volumes http://www.animanga.fr/manga-5165-detenu-042.html L'Homme qui s'évada / Laurent MAFFRE ; Albert LONDRES. - Arles : Actes Sud, 2006. - (Actes sud BD). Résumé : L'Homme qui s'Evada d'après Albert Londres. Quand le bagnard Dieudonné, condamné pour avoir connu la bande à Bonnot, s'évada de Cayenne, le grand reporter Albert Londres vint aussitôt lui prêter main forte. Cote: BD MAF. Nouvel album du jeune label Actes Sud Bd traitant d’un fait de société grave et méconnu. Il s’agit ici des conditions de vie au bagne et, dans un deuxième temps, des erreurs judiciaires et du travail d’enquête réalisé par le grand journaliste Albert Londres. L’homme qui s’évada est en effet l’adaptation d’un roman documentaire au titre éponyme paru en 1928, et découlant directement de son voyage en Guyane, en investigateur de terrain concerné et épris de justice. Sa plume, lui permettant de témoigner, servira à Dieudonné, injustement accusé d’être un membre de la bande à Bonnot et qui s’est toujours battu en clamant son innocence, d’obtenir la révision du procès. Il sera finalement gracié à son retour en France. La narration est lente mais intense et semble monter en puissance au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Du point du vue du découpage, pas de gaufrier pour ce roman mais au contraire une irrégularité de la mise en page avec des dialogues et des textes placés un peu partout, invitant ainsi le lecteur vers de nouveaux horizons. La lecture de cet album demande des efforts y compris au niveau du dessin qui, mettant la misère en exergue, dresse des portraits d’hommes aux regards hagards, intérieurs, désespérés, barbes non rasées, les pieds nus, des hommes en vrac. Quelques planches descriptives frisent le pédagogique et, telles des fiches sortant tout droit d’un manuel de sciences naturelles, nous apprennent la nouvelle anatomie du corps humain après être passé dans l’environnement du bagne. C’est terrifiant ! Sans faire dans le spectacle, le récit détaille les dures réalités des conditions de détention et tente de les dénoncer. Le livre terminé laisse un malaise certain. Comme souvent, l’histoire donne tort aux hommes. Comme souvent, la nature humaine se surpasse dans la bêtise et la cruauté. Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi Autant j’ai aimé ce roman pour sa puissance et l’émotion qu’il provoque, autant je ne l’ai pas aimé parce qu’il en ressort une fois de plus du dégoût pour le genre humain et que je rêve du contraire. Cette lecture est un excellent moyen de se confronter aux affres des dures réalités de la vie et pour se documenter. Bravo à l’auteur dont c’est le premier roman, d’avoir su rendre les hommages aux bagnards concernés ainsi qu’à l’extraordinaire travail d’Albert Londres. MARIE (13 Juillet 2006) http://www.sceneario.com/bd_5737_homme_qui_s_evada_(l_).html On affame bien les rats ! / Abdelaziz MOURIDE. - Casablanca : Paris : TARIK, 2000. Résumé : Cette une bande dessinée « conçue et amorcée en prison, opère un retour détaché et goguenard sur son sinistre passé de cobaye des tortures. Il appelle cela "une expérience humaine". L'humour et la dérision sont des armes terribles pour conjurer l'insoutenable. Abdelaziz est pudique, il ne fait pas de son terrible voyage un étalage complaisant de sa lutte contre l'iniquité. Il a lutté comme tant d'autres. " Il faut parler de ces années terribles pour qu'on ne vive plus jamais d'années terribles " » (Amale Samie, Maroc Hebdo) « Dans la pénombre de sa cellule de Derb Moulay Cherif (Casablanca), Mouride a croqué son histoire. Jour après jour. Planche après planche. Il dessine tout : les simulacres de procès, l'isolement, les humiliations, la torture, la grève de la faim... l'ignominie des années les plus sinistres qu'a connu le Maroc sous le règne de Hassan II. » (extrait d'un article de Yann Barte). Cote: BD MOU. Cette une bande dessinée « conçue et amorcée en prison, opère un retour détaché et goguenard sur son sinistre passé de cobaye des tortures. Il appelle cela "une expérience humaine". L'humour et la dérision sont des armes terribles pour conjurer l'insoutenable. Abdelaziz est pudique, il ne fait pas de son terrible voyage un étalage complaisant de sa lutte contre l'iniquité. Il a lutté comme tant d'autres. " Il faut parler de ces années terribles pour qu'on ne vive plus jamais d'années terribles " » (Amale Samie, Maroc Hebdo) « Dans la pénombre de sa cellule de Derb Moulay Cherif (Casablanca), Mouride a croqué son histoire. Jour après jour. Planche après planche. Il dessine tout : les simulacres de procès, l'isolement, les humiliations, la torture, la grève de la faim... l'ignominie des années les plus sinistres qu'a connu le Maroc sous le règne de Hassan II. » (extrait d'un article de Yann Barte) http://www.bibliomonde.com/livre/affame-bien-les-rats-48.html Paroles de taulards / scénario de Eric CORBEYRAN. - Paris : Delcourt, 1999. - (Encrages). Résumé : Une porte s'ouvre sur le monde pénitentiaire : des détenus se sont livrés à des auteurs de bandes dessinées, donnant naissance à quatorze récits de taulards qui expriment leurs illusions, leurs obsessions, leur impuissance. Cote: BD PAR. Décidément, depuis quelques mois, Eric Corbeyran s’illustre dans tous les genres de la BD. Dernier album en date : Le Réseau Bombyce aux Humanoïdes Associés, et à présent Paroles de taulards aux éditions Delcourt. A partir d’idées et de témoignages fournis par des détenus de la maison d’arrêt de Blois, Corbeyran imagine quatorze scénarii reflétant l’univers carcéral. Chaque histoire est illustrée par un dessinateur différent. Ainsi, Etienne Davodeau, Régis Lejonc, Jean-Michel Lemaire, Marc-Antoine Mathieu, Matthys, Olivier Berlion, Christopher, Michel Crespin, Bézian, JeanPhilippe Peyraud, Richard Guérineau, Alfred, Edmond Baudoin se sont prêtés au jeu, avec talent et humilité. On sent dans cette initiative une vraie générosité, un travail d’équipe, fait d’écoute et du souci de restituer le plus fidèlement possible des expériences douloureuses. Chaque histoire est le résultat d’une rencontre entre trois personnes venant d’univers différents : Corbeyran, qui a su écouter les détenus et "scénariser" leur pensée, et le dessinateur qui propose une certaine vision de la galère. Ces condamnés ont droit à la parole, et ne cherchent pas à justifier les raisons pour lesquelles ils se sont trouvés, à un moment donné, dans une cellule à purger leur peine. Seize mois de travail ont permis à ces hommes de mieux se connaître et de faire tomber des barrières d’incompréhension. Ce que l’on retient le plus, c’est l’impression d’enfermement constant, même lorsque la personne sort de prison. Le thème de la récidive est abordé sans complaisance. L’objectif a été atteint puisque l’album obéit à un besoin de liberté, d’évasion, une sorte de fenêtre ouverte sur l’imaginaire. Les angoisses sont diverses, les frustrations aussi. Mais ce qui est constant, c’est le besoin que ce ces hommes éprouvent à trouver un sens à leur parcours. Ils prennent Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi conscience qu’ils ont le droit d’espérer des jours meilleurs. Une part d’eux-mêmes reste inexplorée et ne demande qu’à s’épanouir. Cet album tente de s’arrêter sur des destins et de briser une certaine logique de fatalité. Une passerelle entre des "anonymes" et nous, reste possible. Ils s’appellent Patrick, Philippe, Gianni, Jean-Luc, Dominique et André. Manuelle Calmat http://www.chronicart.com/bd/chronique.php?id=3382 Paroles de taule / scénario de Eric CORBEYRAN. - Paris : Delcourt, 2000. - (Encrages). Résumé : Avec Corbeyran, des détenus et des surveillants ont conçu des récits où se reflètent leurs histoires personnelles, leurs angoisses, leurs aspirations, leur vie quotidienne. Ainsi sont nées vingt-cinq histoires, réalisées par des dessinateurs de premier plan, qui laissent entrer dans le monde obscur de la prison un peu de lumière. Scénario : Corbeyran et collectif Dessin : Aris, Balez, Bézian, Bouillez, Cabanes, Carrère, J.-L. Coudray, Ph. Coudray, Davodeau, Édith, Garrigue, Guérineau, Janvier, Kang, Lejonc, Lemaire, Margerin, Pic, Portet, Sattouf, Toshy. Cote: BD PAR. Fin 1999, l’association BD Boum , organisatrice du Festival de Blois, associée pour l’occasion aux éditions Delcourt, créait l’événement en publiant « Paroles de Taulards ». Eric Corbeyran, dans le cadre de l’action sociale menée par Bd boum auprès des détenus de la maison d’arrêt de Blois, avait alors recueilli divers témoignages de « taulards » sur leur vécu avant et leur pendant l’incarcération. L’ensemble, illustré par un collectif de 13 dessinateurs, donnait une vision grave et sensible « de l’intérieur » de l’univers carcéral. Deux ans après, sur un principe identique pour les détenus mais élargi au point de vue des surveillants de la maison d’arrêt de Blois, « Paroles de Taule » explore le quotidien de l’univers carcéral, de l’attente du parloir et du blues qui suit ce moment toujours fort aux relations entre co-détenus en passant par les conditions matérielles de vie, comme la douche, la promenade ou l’argent. Une nouvelle fois Corbeyran a proposé son savoir-faire scénaristique aux courts-récits des détenus et surveillants, mis en images par différents auteurs (Margerin, Cabanes, Guérineau, Janvier, Bézian, Sattouf, Edith,… : 21 en tout). L’ensemble est homogène et intelligent. L’évocation réaliste et sans complaisance a le mérite de couper court à certaines idées reçues véhiculées par les uns ou les autres sur la prison. « Paroles de Taule » est un ouvrage aussi rare que fondamental, qui prouve une nouvelle fois (si besoin était) que le neuvième art est un formidable vecteur de témoignage et d’émotion. http://www.bdzoom.com/index.cfm?page=album&choix=auteurs&auteurs=AUTA20010613175405 Paroles de parloirs / scénario de Eric CORBEYRAN. - Paris : Delcourt, 2003. - (Encrages). Résumé : 22 nouveaux récits de détenus sont relatés en BD dans cet album. Autant de fenêtres ouvertes sur l’univers carcéral, mises en scènes en image. Un univers malheureusement plus que jamais au coeur de notre actualité... Ce nouveau tome donne cette fois la parole aux familles. (Les 22 auteurs qui soutiennent ce 3e volet du projet coordonné par Corbeyran sont : Andreas, Balez, Bodin, Cornette, Davodeau, Duprat, Edith, Espé, Fournier, Guérineau, Joub, Julliard, Hyuna, Larcenet, Lejonc, Lemaire, Mézières, Moreno, Murat, Notamy, Sternis et Troub´s.). Cote: BD COR "Ne plus pouvoir toucher, embrasser, serrer dans ses bras un papa, un mari, un ami, un frère parce qu'il est sous les verrous. Et vivre avec le manque, la frustration, la détresse, le découragement. Cela peut arriver à chacun d'entre nous." Blois, septembre 2003, Pour bd BOUM, Anita et Maryse. A travers une vingtaine de récits, mis en images par des dessinateurs aussi talentueux qu'Andreas, Manu Larcenet, Joub, ou Marc Moreno, pour ne citer qu'eux, le scénariste Corbeyran nous raconte une réalité. Celle des familles de détenus, partagées entre espoir, solitude, et découragement. Une réalité, parce que "Paroles de Parloirs" n'a pu voir le jour que grâce au long travail d'Anita et Maryse, membres de l'association bd BOUM, qui ont rencontré pendant cinq ans de nombreuses familles, à l'intérieur de la Maison d'Arrêt de Blois. La tristesse que nous racontent les auteurs, il faut avoir été en Maison d'Arrêt pour la lire en vrai sur le visage des familles, qui attendent aux portiques des parloirs. Silencieux et dignes. L'odeur de la prison, âcre mélange d'odeurs de tabac froid, de transpiration et d'angoisse, il faut avoir visité les cellules Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi pour s'en prendre plein le nez, et plein les sens. Mais la force de cet album, et de l'ensemble de cette série, est de les faire découvrir tels quels aux lecteurs, sans misérabilisme, ni clichés, avec pudeur et talent. Un bon tome donc. A ne pas lire, toutefois, en cas de déprime passagère. http://bulledair.com/index.php?rubrique=album&album=paroles_parloirs Dans la colonie pénitentiaire / scénario de Sylvain RICARD ; adapté de Franz KAFKA ; illustré par MAEL. - Paris : Delcourt, 2007. - (Ex-libris). Résumé : Un voyageur, qui visite une colonie pénitentiaire, est appelé à donner son avis sur le système judiciaire qui y est appliqué. Un officier, fervent défenseur de l’idéologie de l’ancien commandant, le reçoit et lui explique le fonctionnement de la machine infernale conçue par son mentor. La sentence, appliquée sans jugement, est l’inscription du commandement enfreint dans la chair jusqu’à ce que mort s’ensuive... Cote: BD RIC. Dans cette colonie pénitentiaire, un homme est reçu par un officier. Celui-ci a la lourde tâche de lui expliquer comment fonctionne une machine conçue par son ancien commandant. Même si ce dernier était plus à même de fournir ces explications, l'officier, qui est très attaché à cette machine et à son ancien commandant - pas au nouveau, ça non, estime la connaître aussi très bien et pouvoir relever cette tâche ô combien importante. Le visiteur ne semble pas trop savoir à quoi s'attendre et reste donc là, à patienter. L'officier lui explique alors le principe de la machine. Une personne déclarée coupable, mais non jugée et qui ne connaît donc pas la sentence, va être attachée à la machine. Et celle-ci va lui imprimer sa sentence sur le corps à l'aide d'aiguilles qui vont la pénétrer de plus en plus profondément, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le processus est long, en général douze heures. Mais le coupable ne commence à comprendre le pourquoi il est ainsi torturé qu'au bout de six heures environ. Et l'officier regrette amèrement l'époque où les gens venaient assister à cette mise à mort hors du commun. Surtout lorsque son ancien commandant, paix à son âme, autorisait les enfants à approcher pour mieux voir le visage du torturé… Cette adaptation de Kafka retranscrit vraiment très bien toute l'horreur, l'absurdité et le malaise qui transpirait déjà par le texte de Franz. Bien entendu, je ne saurais trop conseiller ceux qui ont apprécié cette bande dessinée et qui ne connaissent pas le texte original de se jeter dessus. C'est un petit bijou. Le propos est noir et sombre, mais le texte retranscrit bien le monde absurde que Kafka se plait à nous décrire. Absurde, mais pourtant tellement proche de notre propre réalité. Ricard et Maël ont en tous cas effectué un fabuleux travail tant la tâche n'était pas aisée. Le lieu est toujours le même, il n'y a pas vraiment d'action. Et pourtant, toutes les pages se dévorent littéralement pour ne pas en perdre une seule miette. On est happé par ce personnage horrible de l'officier, mais pourtant tellement attachant dans sa conviction que la machine est une œuvre d'art et que son ancien commandant un homme de bien. Et on est aussi mortifié devant l'absence de réactions du visiteur, qui pourrait s'apparenter à presque toute la population quand des horreurs sont commises devant ses yeux. Des touches ça et là augmente encore le côté malsain et dégoûtant de cette histoire, comme lorsque le prisonnier vomi après avoir mis le coton dans sa bouche. Faute de budget alloué par le nouveau commandant, celui-ci n'a pas été changé depuis quelques exécutions déjà. Et son goût est pour le moins affreux. Une bande dessinée à lire. Un texte à lire. Ecrite par WongLi, le 05 Décembre 2007 à 14:12 dans la rubrique BD. http://climaginaire.joueb.com/news/dans-la-colonie-penitentiaire-2 Alive. Tome 1 / Tsutomu TAKAHASHI ; traduit par Alice LACROIX. - Marvel Pannini France, 2005. (Génération comics). Résumé : Deux condamnés à mort reçoivent une proposition singulière : on supprimera leur peine s'ils acceptent de se soumettre à une étrange expérience. Ils acceptent et se retrouvent dans une pièce totalement hermétique. Peu après, une paroi s'ouvre et laisse apparaître une étrange et superbe jeune femme. Et là, tout bascule. Un mystérieux virus ajoutera encore au malaise ambiant... Une incursion dans l'esprit humain et une étude des comportements les plus tortueux... Cote: BD TAK. Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi Derrière le choix qui parait évident entre la vie et la mort se cache de plus lourds enjeux. En effet, vivre sans savoir ce qui nous attend, est-ce vraiment une bonne chose ? A priori oui, mais le manga nous dira vraiment ce qu'il en est. Ce one shot est noir, glauque, et la terreur psychologique y est omniprésente, que ce soit par l'univers carcéral dans lequel se déroule l'histoire, ou bien dans les flash-back continuels qui reviennent dans l'esprit du condamné à mort. Du point de vue du scénario, on pourrait dire que l'idée de base est intéressante, mais a vrai dire, nombres de thèmes ne sont qu'esquissés, pour cause de volume unique. On regrettera donc l'aspect un peu rapide de ce one shot, qui parvient tout de même à se centrer sur la détresse psychologique du personnage principal, en proie aux doutes et aux remords. Graphiquement, l'équilibre est de mise, les émotions des personnages sont bien ressenties, alors que les décors ne sont souvent que des mises en places sommaires. On sent bien que le travail de l'auteur ne s'est pas centré sur ce qu'il y autour de l'intrigue principale, mais bien sur les personnages et leurs émotions. Ce n'est alors qu'une question de goût, on peut aimer ou détester ce traitement, mais pour ma part j'accroche assez à cette immersion dans l'esprit du protagoniste principal. Bref Alive est une oeuvre courte mais relativement bien rythmée, sans temps mort du fait de son nombre de pages réduits, et qui laisse une bonne impression au final. Cependant, son seul défaut sera de ne pas marquer outre mesure les mémoires par son manque de profondeur sur certains points. Siam l'Archiviste (22 Mars 2006) http://www.sceneario.com/bd_5287_alive.html Coq de combat. Tome 1 / illustré par Akio TANAKA ; scénario de Izo HASHIMOTO ; traduit par Sahé CIBOT. - Paris : Delcourt, 2003. Résumé : Ryô Narushima est un adolescent mal dans sa peau. Pression familiale, inhibitions, faiblesse... tant de choses qui détruisent la personnalité d’un enfant en phase de devenir un adulte. Mais l’été de ses 16 ans, Ryô a commis la chose la plus abominable que l’ont puisse commettre, la plus impardonnable: Il a assassiné ses propres parents. Comme le prévoit la loi, il est envoyé dans une maison de correction pour mineur. Et comme ne semble pas le prévoir la justice, il y est victime de tous les sévices imaginables. Violences, discriminations, viols. A bout de nerfs et à bout de forces, Ryô veut en finir. Mais un matin, un cours de karaté est organisé par l’établissement. Il découvre une discipline qu’il ne connaissait pas. Un sport qui, non seulement lui fournira une occupation et un but, mais lui permettra de devenir plus fort dans sa tête et dans son corps. Il doit tenir. Au moins deux ans. Car dans deux ans, il sera libre... Cote: BD TAN. 24 volumes édités au Japon 19 volumes en France 2 volumes à la Médiathèque Si l’histoire en elle-même paraît de prime abord peu originale, elle est en revanche traitée d’une manière très efficace. Quelque peu crue également, de par la violence mais aussi les scènes de viol, qui ont valu à cet album la mention « pour public averti ». Cependant ce premier tome montre ce qu’il y a à montrer, ni plus ni moins, et la violence présente n’est pas gratuite. De fait, l’histoire tourne en partie autour de l’aspect psychologique de Ryô : les raisons qui l’ont poussées à commettre ce crime affreux, raisons que personne ne pense à lui demander, cette éspèce de « démon » qui lui fait pêter les plombs, et la réponse que – peut-être – le Karaté pourra lui apporter. Apparemment concernée par l’aspect de l’évolution d’un personnage humain, il est encore un peu tôt pour se prononcer sur ce que donnera cette série dans l’avenir, mais pour l’instant c’est à la limite de l’excellent. Et puis très bon point à Delcourt/Akata, non seulement pour une adaptation qui me paraît réussie, mais aussi pour les explications en fin d’album ainsi que le lexique de termes de Karaté. http://www.coinbd.com/bd/albums/resume/1309/coq-de-combat/tome-1-tome-1.html Expo BD « La prison dans les bulles » ENAP – DRD – Médiathèque Gabriel Tarde – Serge Di Blasi