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Paris, 1940
Couverture : Teresa Rebull, Huile sur toile 50 x 72 (détail)
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Teresa Rebull
Enregistrements 1969-1992
Je me suis trouvée dans la nécessité de chanter, pour prendre la
défense d’une culture et de sa langue, interdites, piétinées et persécutées.
Dans les années soixante-dix en Catalogne du Sud nous chantions les
urgences qu’imposait le dictature, à cette époque là le professionnalisme n’était
pas à l’ordre du jour.
Ma préoccupation était de trouver des textes bien écrits pour ne pas
tomber dans le pamphlet, considérant qu’un bon texte ferait passer plus
sérieusement le message à transmettre.
Même si les poètes que je chante ne figurent pas tous dans les lettres d’or officielles de la poésie, cela n’empêche pas la valeur de leur œuvre
méconnue.
J’ai sélectionné des poètes du Nord et du Sud pour démontrer que la
langue catalane écrite est la même ici, comme là-bas, même si la langue parlée
localement comporte des particularités enrichissantes.
J’ai tenté d’organiser les chansons par ordre chronologique des événements.
Teresa Rebull, Banyuls le 5 septembre 2004
Merci à Jackie Solé et à son équipe, sans qui ce projet n’aurait pu aboutir. T. R.
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A propos des poètes…
Josep Gual Llobères
Ce poète à été édité maintes fois, il est très populaire à Badalona où il résidait, il
doit sa célébrité à son poème “Paissatge de l’Ebre” qui grâce à la chanson éponyme
est devenu un poème culte.
Homme sensible, il devient amer après la guerre et ses conséquences. Il écrit dans
un langage fort et net à la rime parfaite qui nous transmet ses angoisses et ses
frustrations sans rhétorique et sans fioritures.
zzz
Enric Brufau
Exilé catalan, Brufau est un enseignant qui exprime avec “Arida” la sécheresse du
monde, peut être aussi celle des êtres humains. C’est le titre d’une feuille de journal
qui traînait par terre qui m’a intéressée.
Maria Mercé Marçal
zzz
Elle vient des terres de Tarragone, où vivent les gens endurcis par la dureté de
la vie et le travail de la terre. Poète à l’écriture sensuelle reflétant l’humour et
les réminiscences d’un passé historique, elle va trouver très tôt la reconnaissance
du grand public, qui se reconnaît dans sa peinture des luttes ouvrières du siècle
dernier.
Ce poème, de Maria-Merce Marçal, traite de l’assassinat en 1920, de Francesc Layret,
avocat qui défendait les syndicalistes de la C.N.T
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Josep Marimon
Né à Terasse, province de Barcelone, ouvrier militant dans le textile ce passionné de
littérature et de poésie est un autodidacte boulimique de lecture. Il est l’auteur de :
“Les classes sociales en Catalogne”, important travail qui présente l’origine des luttes
sociales en Catalogne pendant le développement de l’ère industrielle.
zzz
Gérard Salgas
C’est un écrivain de grand talent qui aime faire partager sa passion pour le théâtre. Salgas a
plusieurs cordes à son arc, son œuvre nous permet de nous introduire dans la carapace du
subconscient, entre abstrait et réalité.
zzz
Joan Salvat Papasseit (1894 / 1924)
Poète mort à l’âge de 30 ans. Il écrit l’amour sans tabou, ce qui à l’époque était une
révolution, il exalte le corps de l’homme et de la femme, et publie un livre magistral “Humo
de fabrica” qui traite entre autres choses de l’enfance, de la femme de l’exploitation des
miséreux…
Sujets toujours d’actualité. Ses poèmes d’amour constituent une constante invitation
à l’exaltation de la chair, à mi-chemin entre un socialisme quelque peu
messianique et un anarchisme qu’il sent passionnément et vit de manière romantique,
J.-S. Papasseit a beaucoup réfléchi à l’état et à la politique espagnole et exprime la
misère morale et matérielle de son pays. Il sera chanté par de nombreux chanteurs de la
Nova Canço.
zzz
Francesc Catala
Médecin de Vinça près de Prades en Conflent,il est très dévoué à ses malades, il soigne les
pauvres et les amoureux de poésie. Il a publié de nombreux travaux, son œuvre devient
rapidement populaire.
Francesc Catala, est un homme d’une grande bonté, il lègue, à sa disparition, son
patrimoine à une maison de retraite de son village.
zzz
Jordi Pere Cerda (Antoine Cayrol)
Est le poète contemporain le plus populaire de notre région, il a été publié maintes fois, son
talent est reconnu et honoré dans tous les pays catalans.
Jordi Pere Cerda poète, mais aussi auteur de théâtre, essayiste, a reçu, en 1995, le Prix
d’honneur des lettres catalanes.
Sa poésie solide comme le roc est virile même lorsqu’il parle de la misère des travailleurs
des champs de Vedrinyans, même quand il évoque admirablement l’eau, en décrit la beauté
ainsi que tout ce qu’elle représente, signe du temps pour évoquer un futur où elle nous
manquera.
zzz
Rosa Leveroni
Née à Barcelone en 1916, licenciée en lettre, elle devient l’élève du grand poète catalan Carles
Riba, elle est hantée par les angoisses du peuple ibérique qui résiste dans l’espoir d’un futur
heureux. La poésie de Rosa Leveroni est pleine d’un souffle lyrique et spirituel qui n’exclut
pas la rigueur, la passion et la contenance, le résultat donne des poèmes d’une grande
beauté, désolés et sereins en même temps. Elle parle d’amour d’une manière si personnelle,
si délicate, que je me suis identifiée à elle. -4-
Joan Morer
C’est mon ami, il travaille la vigne le jour et écrit la nuit. Ses comptines qui décrivent
la vie des insectes ou des animaux de la ferme sont imprégnées d’une certaine
philosophie écologique et d’un humanisme universel.
Joan Morer vit à Rivesaltes, c’est en travaillant ses vignes, contemplant au loin les
hirondelles, qu’il enregistre les événements de notre monde cruel. Dans un style aigre-doux
teinté d’ironie, il laisse filtrer son humanisme.
zzz
Simone Gay
Est la sœur de Josep-Sebastià Pons, elle a publié de nombreuses œuvres, ses poèmes
dégagent une certaine nostalgie apaisée.
zzz
Marti i Pol
Grand poète a laissé une œuvre immense qui de la fin des années soixante-dix et pendant
les années quatre-vingt a focalisé l’attention du public catalan. Il dit : “Le jeu des paroles ne
servira à rien si l’on ne s’appuie pas sur ce qui nous entoure”.
J’ai choisi les poèmes de Marti i Pol, car il dit la nécessité de dire ce qu’on tait en trouvant
l’amour.
zzz
Josep-Sebastià Pons
né à Ille sur Têt en 1886, il y décède en 1962.
Il étudie les lettres à la faculté de Montpellier et enseigne à celle de Toulouse. Il sera le plus
grand représentant des poètes roussillonnais de son époque. Il décrit les paysages et la
vie rurale,“un encant tot viu, verd i musical” (un enchantement vivant, vert et musical).
Ses recueils les plus importants sont : Canta-Perdiu (Perdrix qui chante), Cantinela i
conversa (Cantinela et conversation). Il était aussi membre de l’Institut d’Estudis Catalans.
Teresa Rebull
Teresa Rebull
“Je ne prétends pas être poète,
je réagis selon ma sensibilité
intuitive devant les faits actuels
et surtout quand la condition
humaine est en danger. J’écris
alors des textes qui parlent des
faits réels et je les chante quand on
attente aux libertés”.
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CD 1
1 - Paisatge de l’Ebre (Josep Gual Lloberes - Teresa Rebull)
Avui he tornat a la Serra de Pàndols.
l a la cova he trobat
Les sabates d’en Jaume.
Un forat a les soles
Una pinta de bales,
Dins d’un plat enfangat
Tres cascots de metralla.
Paysage de l’Ebre
Aujourd’hui je suis retourné sur la Colline de Pàndols
Et dans la grotte j’ai trouvé
Les chaussure de Jacques
Un trou aux semelles
Une poignée de balles
Dans un plat boueux
Trois casques de mitraille
Des de I’any trenta-vuit
Jo no havia tornat
A la Serra de Pàndols.
l a la cova han quedat
Les sabates d’en Jaume.
Depuis l’année trente huit
Je n’étais pas retourné
Sur la Colline de Pàndols
Et dans la grotte sont restées
Les chaussures de Jacques
Dins d’un plat enfangat
Tres cascots de metralla
A la cova han quedat
Les sabates d’en Jaume.
Dans un plat boueux
Trois casques de mitraille
Et dans la grotte sont restées
Les chaussures de Jacques
2 - Andalusia, collarets d’ombra (Josep Gual Lloberes - Teresa Rebull)
Andalousie, Colliers d’ombre
Pels camps de Lora els servents
Poaven aigua
Portaven vestits de dril
I a l’hivern roba de pana
Dintre Sevilla els senyors
Vivien en cases amples
Dans les champs de Lora les domestiques
Puisaient de l’eau
Ils portaient des costumes en coutil
Et l’hiver un vêtement en velours côtelé
A l’intérieur de Séville les seigneurs
Vivaient dans de grandes maisons
Al Pati dels sortidors
Era ple d’aigua vessada
Poaven aigua
Poaven poaven aigua.
Dans la Cour des jets d’eau
L’eau coulait à flot
Ils puisaient de l’eau
Ils puisaient, ils puisaient de l’eau
3 - No puc cantar cançons (Josep Gual Lloberes - Teresa Rebull)
Je ne peux pas chanter de chansons
Amic no puc cantar cançons
M’han estripat
Les cordes de la barca
De la barca
On guardava tots els cants
Ara no puc lligar el timó
I el vent em porta cap al cor
Dels altres
Dels altres perseguits
I trepitjats
D’aquells que són més nets
Que tots nosaltres
Ami, je ne peux pas chanter de chansons
Ils m’ont déchiré
Les cordes de la barque
De la barque
Où je gardais tous les chants
Maintenant, je ne peux pas contrôler le gouvernail
Et le vent m’emporte jusqu’au cœur
Des autres
Des autres poursuivis
Et piétinés
De ceux qui sont plus honnêtes
Que nous tous.
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4 - Arida (Enric Brufau - Teresa Rebull)
Aride
El disc de la lluna davalla
Davalla fendint el tossal
Mireu quina entranya tan aspra
D’argila de tiure i cobalt
Mireu quina entranya tan aspra
D’argila de tiure i cobalt.
Els erms consumits pel salobre
Romanen oberts en canal
Mireu quina terra tan pobra
Sembrada de còdols i sal
Mireu quina terra tan pobra
Sembrada de còdols i sal.
I també traspassa la conca
I el llit del riu de par en par.
Ai ! que n’hi era d’aigües somortes
Sinó de vidres enllosats.
Ai ! que ni era d’aigües somortes
Sinó de vidres enllosats.
Le disque de la lune descend
Il descend en fendant le paysage
Regardez quelles entrailles si rêches
D’argile et de cobalt
Regardez quelles entrailles si rêches
D’argile et de cobalt
Les friches consumées par l’amertume
Demeurent éventrées
Regardez quelle terre si pauvre
Couverte de cailloux et de sel
Regardez quelle terre si pauvre
Couverte de cailloux et de sel
Et transperce aussi le bassin
Et le lit de la rivière de par en par.
Aïe ! Si ce n’était pas devenu des eaux blafardes
Mais plutôt des verres carrelés
Aïe ! Si ce n’était pas devenu des eaux blafardes
Mais plutôt des verres carrelés
5 - Vint bales (Maria Merce Marçal - Teresa Rebull)
Vint bales foren vint bales
Ai ! quan trencava la nit
Dia trenta de novembre
Nit d’hores decapitades !
Vingt balles
Vingt balles furent vingt balles
Aïe ! déchirure dans la nuit
Le trente novembre
Nuit d’heures décapitées
Vint bales foren vint bales !
Ai ! quan trencava la nit
Dia trenta de novembre
Nit sense alba de matí
Ai ! com moria la nit (bis)
Vingt balles furent vingt balles !
Aïe ! déchirure dans la nuit
Le trente novembre
Nuit sans aube au matin
Aïe ! comme se mourait la nuit (bis)
Caigué la crossa del poble
Segaren l’alè de l’aire
Vint bales foren vint bales !
Ai ! com moria la nit
Elle est tombée la béquille du peuple
Fauchée l’haleine de l’air
Vingt balles furent vingt balles !
Aïe ! comme se mourait la nuit
Malhaja qui no ho recorda
Vint escorpís al seu pit
Ai ! com sagnava la nit
Ai ! com moria la nit !
Malheur à celui qui l’a oublié
Vingt scorpions sur la poitrine
Aïe ! comme elle saignait la nuit
Aïe ! comme se mourait la nuit !
Vint bales foren vint bales
Ai ! quan trencava la nit
Vingt balles furent vingt balles
Aïe ! déchirure dans la nuit
6 - Cami de la fabrica (Josep Marimon - Teresa Rebull)
Encara duies a les calces
La baldufa i el mandró
El rebutxi de cartó
I aquella truca de marbre
L’alba ja no era teva
I res sabies encara
Del deler d’una alba nova
Del deler d’una alba nova.
Tot era un prémer de mans
Pel teu ofici d’home
La tan suau de la mare
Tot allisant-te els cabells
Perquè les volves de llana
Et trobessin clenxinat
I la tan aspre del pare
Conduint-te carrer avall
Vers el portal que engolia
Entre fileres d’ombra
Les teves i les altres mans.
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7 - Camp del Besós (Teresa Rebull)
Champ du Besós
Ciel balafré de printemps
Champ blessé par la laideur
Sillons et monceaux de terre sèche
Nuages âpres de poussière
Cel nafrat de primavera
Camp ferit per la lletjor
Solcats i munts de terra seca
Núvols aspres de la pols.
Un grouillement d’usines
De misère et cheminées
Crachant fumées et sueurs
Puanteurs que le ciel aspire
Escampalls de fàbriques
De misèria i xemeneies
Esputant fum i suor
Pudentor que xucla el cel.
Plage et mer de deuil et de douleur
Fagots de bois pourri
Ordures et rouille
Embruns d’immondices sur la grève
Platja i marde dol i fel
Feixos de fusta podrida
Escombraries i rovell
Sorra ambrunes d’inmundicia.
Mer gluante et noire
Gonflée de résidus
Laisse à la gorge un goût de graisse
Sur le sable, la morsure des cadavres
Mar lliscosa (llefiscosa) i negra
De residus inflada
Deixa gust de greix al coll
Ona, amb mos de cadàver.
Fumée et poussière cachent le soleil
Dans un silence de rage
Il y résonne encore les larmes
D’un coup de feu perdu dans l’aube
Fum i pols amaguen el sol
Dintre un silenci de ràbia
Hi retruny encara el plor
D’un esclat perdut a l’alba.
Et sang d’un ouvrier
Champ du Besós
Champ de la mort
I sang del treballador,
Camp del Besós
Camp de la mort
8 - L’agressio (Teresa Rebull)
L’agression
Han entrat a casa teva
Quatre homes d’aire normal
Ni tant sols t’han dit qui eren
Sens mostrar placa oficial.
Ils sont entrés dans ta maison
Quatre hommes d’apparence normale
Sans annoncer leur nom
Ni montrer un ordre officiel.
Portaven una arma al puny
A crits t’ordenaven : Alt !
“Treu les armes i els papers
dona el nom dels teus companys”.
Aux poings ils brandissaient une arme
Et criant, t’ordonnaient : halte !
“ Sors les armes et les papiers
donne le nom de tes camarades “
T’han ben regirat la casa
Com un sobtat vendaval
S’emportaren els teus llibres
I a tu lligat de mans.
Ils ont bien fouillé ta maison
Tel une tempête soudaine,
Ils ont emporté tes livres
Et à toi, attaché les mains.
No amb cordes ni cadenes
Com va fer-se a Birmingham
En el temps de la primera
Revolució industrial.
Mais pas avec des cordes ni des chaînes
Comme l’on fit à Birmingham
Lors de la première
Révolution industrielle
“Joa, joa”
“Joa, joa”
T’esperava un cotxe negre
Ells darrere, tu davant,
Que no cal pas uniforme
Quan l’il-legal és lo legal.
T’attendait une voiture noire
Eux derrière, toi devant,
Car l’uniforme n’est pas de règle
Quand l’illégalité devient légale.
El preu que avui es paga
En nom del progrés social
És l’agressió de l’home
Aquest ordre humiliant.
Le prix qu’aujourd’hui l’on paie
Au nom du progrès social
C’est l’agression de l’homme
Cet ordre humiliant.
Van robar-te tots els llibres
La misèria t’han deixat
Els bongos de les festes,
I la droga del carnaval.
Ils ont volé tes livres
T’ont laissé la misère
Les bongos de la fête
Et la drogue du carnaval.
“Joa, joa… joa”
“Joa, joa… joa”
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9 - Primer de Maig 1976 (Teresa Rebull)
Premier Mai 1976
El sol de la Rambla,
Aquell primer de Maig
Sense flors a les parades
Sense ocells ni cant.
Le soleil sur la Rambla
Ce premier jour de Mai
Sans fleurs aux étalages
Sans oiseaux, ni chants
Jo me la mirava
Aquella espiga alta,
Valenta i ben plantada
Estesa sobre l’asfalt.
Je la regardais
Cette fille svelte
Courageuse et bien plantée
Gisant sur l’asphalte
La gent caminava
Amunt i avall
La gent corria
Amunt i avall.
Les gens marchaient
D’un bout à l’autre
Les gens couraient
De haut en bas.
Jo me’l mirava
Aquell xicot ardent
Pell llisa espardenya blanca
Sota cops de mala rel.
Je le regardais
Ce garçon ardent
Peau lisse espadrilles blanches
Sous les coups de la haine.
Jo me’l mirava
Aquell obrer irat
Amb la raó als llavis
El puny ben aprestat.
Je le regardais
cet ouvrier révolté
la vérité aux lèvres
le poing serré
La gent caminava…
Les gens marchaient…
Cuixes rodones
De noies airoses
Com una tramuntana
D’ocells de pau.
Cuisses rondes
de filles gracieuses
comme une tramontane
d’oiseaux de paix.
Cabells al vent
Espesses barbes
Entre els “ jeeps “
I trabucaires.
Cheveux au vent
Barbes fournies
entre les jeeps
et les matraques
Per la Rambla bonys i sang !
Sur la Rambla, bosses et sang !
La gent caminava…
Les gens marchaient…
Eixugueu les llàgrimes companys de primavera !
Dies de sol i festa un dia seran.
Essuyez vos larmes compagnons de printemps !
Heures de soleil et de fête un jour viendront.
La gent caminava…
10 - Jo sé que un dia
Les gens marchaient…
(Teresa Rebull)
Jo sé que un dia
Ens trobarem tu i jo
Potser pel teu riure
Potser pel meu plor
Je sais qu’un jour…
Je sais qu’un jour
Nous nous retrouverons toi et moi
Peut être pour ton rire
Peut être pour mes pleurs
O l’escapadís gest !
D’un mot llançat al vent
Del teu cos del meu cor
El teu bes sobre el meu.
Oh, le geste farouche
D’un mot lancé au vent
De ton corps de mon cœur
Ton baiser sur le mien
Jo sé que un dia
Ens trobarem tu i jo
Nets d’hipocresia
Vençuda per l’amor
Je sais qu’un jour
Nous nous retrouverons toi et moi
Sans hypocrisie
Vaincue par l’amour
Jo sé que un dia
El teu riure, el meu plor
Del teu cos del meu cor
Ens trobaren tu i jo.
Je sais qu’un jour
Ton rire, mes pleurs
De ton corps de mon cœur
Nous nous retrouverons toi et moi.
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11 - Companys (Josep Marimon - Teresa Rebull)
Compagnons
Compagnons, de derrière les barreaux
Condamnés à tant d’années et un jour
Si aujourd’hui nous sommes tous dans la cour
Ne disons à personne,
Que dans les rangs il y a une absence
Le plus ancien reste au cachot
Il a de quoi faire pour la journée
Il doit dessiner sur le mur
Une maisonnette avec fenêtres,
Un portail de bois vieilli
Et une cheminée fumante.
Un chemin tout droit vers son foyer
Avec un arbre de chaque côté,
Un bassin d’eau avec deux oies,
Un chien ressemblant à un mouton
Et au premier plan un garçon
Avec les mains toutes grandes ouvertes.
Compagnons, compagnons
Condamnés à tant d’années et un jour
Companys, de reixes endins
Companys, de tants anys i un dia
Si avui no som tots en el pati
No hem de dir a ningú
Que en falta un en el rengle.
El més vell resta a la cel-la
Amb tasca per la jornada
Ha de dibuixar en el mur
Una caseta amb finestres
Un portal rom de cairons
I xemeneia amb bufanda
Un camí dret a la casa
Amb un arbre a cada banda
Un bassal amb dues oques
Un ca que sembli un moltó
I a primer terme un minyó
Amb les mans del tot obertes.
Companys, companys
Companys, de tants anys i un dia
12 - Perqué has vingut (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Parce que tu es venu
Perquè has vingut han florit els lilàs
I han dit llur joia
Envejosa
A les roses :
Mireu la noia que us guanya a l’esclat,
Bella i pubilla, i és bruna de rostre.
Parce que tu es venu, les lilas ont fleuri
Et ils ont dit leur joie
Envieuse
Aux roses :
Regardez la fille dont l’éclat vous fascine
Belle et unique, elle est brune de visage
De tant que és jove enamora el seu pas
Qui no la sap quan la veu s’enamora.
Elle est si jeune que tout s’éprend sur son passage
Qui ne la connaît en la voyant s’enamoure
Perquè has vingut ara torno a estimar :
Diré el teu nom
I el cantarà l’alosa.
Parce que tu es venu, je recommence à aimer :
Je dirai ton nom
Et l’alouette le chantera.
(sous entendu : le printemps est venu)
13 - Mestier d’amor (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
Si en saps el plaer no estalviis el bes
Que el goig d’amar no comporta mesura.
Deixa’t besar, i tu besa després
Que és sempre als llavis que l’amor perdura. No besis, no, com l’esclau o el creient,
Mes com vianant a la font regalada.
Deixa’t besar -sacrifici ferventCom més roent, més fidel la besada.
Qué hauries fet si mories abans ?
Sense altre goig que l’oreig en ta galta ?
Deixa’t besar, en el pit, a les mans,
Amant o amada la copa ben alta.
Quan besis beu, curi el veire el temor :
Besa al coll, la més bella contrada.
Deixa’t besar i si et quedava anyor
Besa de nou, que la vida és comptada.
Qué hauries fet si mories abans ?
Sense altre goig que l’oreig en ta galta ?
Deixa’t besar, en el pit, a les mans,
Amant o amada la copa ben alta.
Métier d’amour
Puisque tu en sais le goût, n’épargne pas le baiser
Car la joie d’aimer ne soufre pas de mesure
Reçois le baiser, et toi embrasse après
Car c’est toujours aux lèvres que l’amour perdure
N’embrasse pas non, comme l’esclave ou le dévot,
Mais comme le passant à la fontaine délicieuse.
Laisse toi embrasser, sacrifice ardent
Plus brûlant est le baiser plus fidèle est l’étreinte
Qu’aurais tu fait si tu mourais avant
Sans autre fruit que la brise sur ta joue ?
Laisse toi embrasser, et sur le sein, aux mains,
Aimé ou aimée la coupe bien haute
Bois en embrassant, que le verre apaise la crainte :
Embrasse dans le cou, la plus belle contrée
Laisse toi embrasser et s’il te restait le désir
Embrasse encore, car le vie est comptée.
Qu’aurais tu fait si tu mourais avant
Sans autre fruit que la brise sur ta joue,
Laisse toi embrasser, et sur le sein, aux mains,
Aimé ou aimée la coupe bien haute
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14 - Si la despullava (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
Si je la dénudais
Si je la dénudais, oh mon amour !
Un bouton qui tombait, déjà me réjouissait
D’abord le corsage et la ceinture toute prête,
Miel-rosé et frais
Venait la poitrine :
Au cœur du bouquet des œillets rouge sang
Si la despullava, oh, la meva amor !
Un botó que queia, ja em donava goig
Era la bruseta i el cinyell tot prés
Mel rosada i fresca
La sina després :
Al mig de la toia clavellets vermells (bis)
15 - Mocador d’olor (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
Mouchoir odorant
Mocador d’olor
Que la seva sina
Li acostava al cor :
Com que et sap l’enyor
I et sap la pell fina
Tremola d’amor.
Mouchoir odorant
Qui par sa poitrine
Lui arrivait au cœur :
Connaissant ton désir
Et sachant ta peau fine
Il tremble d’amour
Mocador d’olor
Fragant tarongina,
Com li bat el cor !
Mouchoir odorant
Capiteuse fleur d’oranger
Si fort bat son cœur !
16 - Epitelamic filme (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
(Les nuits de noces ou l’initiation)
La boca a la boca
I la parpella closa
El finestró també,
I aquella sina d’ella
Com de vellut de seda
I l’omelic amant
Amb l’omelic fragant
I aquell plor primer
Sota l’ombra del sostre !
Feu-vos coixins ben flonjos
Per la lluna de mel
Le bouche à la bouche
Et la paupière close
Les volets aussi
Et cette poitrine d’elle
De velours de soie
Et l’ombilic amoureux
Avec l’ombilic d’arôme (parfumé)
Et ces pleurs de la première fois
A l’ombre du toit
Faites-vous bien moelleux, coussins,
Pour la lune de miel.
17 - Visca l’amor (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
Visca l’amor
Que m’ha donat l’amiga
Fresca i polida
Com un maig content !
Visca l’amor, l’he cridada i venia
Tota era blanca com un glop de llet.
Vive l’amour
Vive l’amour
que m’a donné l’amie
Fraîche et brillante
comme un mai joyeux
Visca l’amor
Que ella també es delia
Visca l’amor
La volia i l’he pres.
Vive l’amour, je l’ai appelée, elle est venue,
toute entière aussi blanche qu’une gorgée de lait
Vive l’amour
elle aussi s’abandonnait,
Vive l’amour
je la voulais et je l’ai prise.
Teresa Rebull
Pedro Soler (assis)
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18 - Mentre la roba s’eixamora (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
Pendant que le linge sèche
Mentre la roba s’eixamora i vola
I tot reposa dins la sesta al sol,
Vina manyaga on s’escau la pomera,
Menjarem pomes
I ens direm l’amor
L’amor que ens deiem
L’amor que ens diriem
Ai, que et quedava el senyal i tot
Pendant que le linge sèche et vole
Et que tout repose dans la sieste au soleil
Viens, ma mie, où se plaît le pommier,
Nous croquerons des pommes
Et nous nous dirons l’amour.
L’amour que nous nous disions
L’amour que nous nous dirions
Ah ! que tu en gardais même les marques.
19 - Arquer d’amor (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
Si et veia la sina
Veia dos fitons ;
Oh, deixa’M. amiga,
Que provi el meu pols
Archer d’amour
Quand je vois ta poitrine
Je vois deux cibles,
Oh ! laisse moi faire amie
Laisse moi mesurer mon doigté.
Si un pit et sagnava,
Beuria la sang ;
Si et sagnava l’altre,
Amb les dues mans.
Si un de tes seins saignait
Je boirais ton sang
Et si l’autre saignait
J’irais à deux mains
Obre ben bé els braços
I acluca bé els ulls :
Si la carn no es bada
La vida s’esmuny.
Ouvre tout grand les bras
Et ferme bien tes yeux,
Si la chair ne s’offre
elle cesse de vivre.
Quan sentis ma boca
Aguanta l’alè
T’estremiràs tota
I és quan jo et prendré.
Quand tu sentiras ma bouche
Retiens mon souffle
Tu frémiras toute
Et c’est alors que je te prendrai
Amiga, la vida
És una cançó.
Jo canto ta sina,
Arqueret d’amor.
Amie, la vie
Est une chanson.
Je chante ta poitrine
Petit archer d’amour.
20 - Sota el meu llavi (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
Sota el meu llavi el seu
Com el foc i la brasa,
La seda dels seus rulls
Com el pecat més dolç
I l’espatlla ben nua
Ben blanca
L’ombra corba incitant
De l’esguard
Encara un bes, un altre, un altre
Quin perfum de magnòlia
El seu pit odorant !
Sous ma lèvre
Sous ma lèvre la sienne,
Ainsi que le feu et la braise,
La soie de ses boucles
Comme le péché le plus doux
Et l’épaule bien nue
Bien blanche
L’ombre courbe incitante
Du regard
Encore un baiser, un autre, un autre
Quel parfum de magnolia
Son sein odorant !
- 12 -
Remise du Grand Prix de
l’Académie Charles Cros 1979
pour l’enregistrement de
Mestier d’Amor (J. Salvat Papasseit)
21 - La casa que vull (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
La maison que je veux
La casa que vull,
Que la mar la vegi
I uns arbres amb fruit
Que me la festegin.
La maison que je veux
Que la mer la voie
Et que les arbres féconds
Me la courtisent
Que hi dugui un camí
Lluent de rosada,
No molt lluny dels pins
Que la pluja amainen.
Qu’y conduise un chemin
Scintillant de rosée,
Non loin des pins
Qui font cesser la pluie
Per si em cal repos
Que la lluna hi vingui ;
I quan surti el sol
El bon dia em digui.
Aux heures de repos
Que la lune y vienne
Et quand surgit le soleil
Qu’il me donne le bonjour
Que al temps de l’estiu
Niui l’orenella
Al blanc de calç ric
Del porxo amb abelles.
Qu’au temps de l’été
Niche l’hirondelle
Sur le blanc de chaux vive
Du porche plein d’abeilles.
Oint la cançó
Del pagés que cava,
Amb la salabror
De la marinada.
Que lui parvienne la chanson
Du paysan qui bêche,
Avec le goût de sel
De la brise marine.
Que es guaiti ciutat
Des de la finestra,
I es sentin els clams
De guerra o de festa :
Per ser-hi tot prest
Si arriba una gesta.
Que l’on perçoive la ville
Depuis la fenêtre,
Et que l’on entende les clameurs
De guerre ou de fête :
Pour y être prêt
Si survient un fait d’arme.
22 - Somni (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull)
Guardeu la terra els pagesos germans
Guardeu – beseu – la amb dalit,
Pam a pam
Ara amb vosaltres marins i gojats
Per Catalunya, els vaixells salparan
Guardeu la terra els pagesos germans
De cara al món altra volta, i firam !
Les gestes nostres no temen la mar
Qui duu senyera els dolfins li fan pas.
Per Catalunya un bell nom voleiant
De cara al món altra volta, i firam !
Fornits atletes, a proa s’hi cap,
Deixeu l’Estadi pels fadrins que es fan.
Preneu els estris de viure en combat
Per Catalunya : una passa endavant !
Fornits atletes a proa s’hi cap.
Vosaltres, dones, heroiques com mai,
Sigueu valentes que l’empresa és gran :
Les nostres filles que aprenguin l’afany,
Per Catalunya reseu català
Vosaltres, dones, heroiques com mai.
Rêve
Gardez la terre, paysans mes frères
Gardez-la, embrassez la avec désir,
Morceau par morceau
Avec vous marins et courageux
Pour la Catalogne les bateaux s’élanceront
Gardez la terre paysans mes frères
A nouveau, face au monde, en avant !
Nos exploits ne craignent pas la mer
À celui qui porte le drapeau, les dauphins ouvrent le pas
Pour la catalogne le beau nom s’envole
À nouveau face au monde, en avant !
Puissants athlètes à la proue il y a de la place,
Laissez le stade aux garçons qui grandissent
Prenez les outils nécessaires au combat
Pour la Catalogne un pas en avant !
Puissants athlètes, à la proue il y a de la place.
Vous, les femmes, héroïques comme jamais
Soyez courageuses car l’entreprise est grande
Enseignez à vos filles à être vaillantes
Pour la Catalogne priez en catalan
Vous les femmes héroïques comme jamais.
- 13 -
CD 2
Mon pays
1 - El meu pais (Marti I Pol - Teresa Rebull)
Toutes les années que j’ai dû vivre
Éloigne de mon pays
Ce fut une nuit noire
Un chemin rempli d’angoisse
Tots els anys que he hagut de viure
Allunyat del meu país
Ha estat una nit fosca
Un camí ple de neguit
Je pense à tout ce que j’ai laissé
Derrière moi quand je suis parti
Et les yeux remplis d’espoir
Je reviens encore à mon pays
Penso en tot allò que enrere
Vaig deixar quan vaig partir
I amb els ulls de l’esperança
Torno encara al meu país.
Je n’aime rien comme la douceur
Du ciel bleu de mon pays
J’en suis loin à présent mais
J’y pense le jour et la nuit
No estimo res com la dolcesa
Del cel blau del meu país
Ara en sóc lluny pero me’n recordo
Dia i nit
Si un jour j’y reviens, le vent qui me recevra
Effacera toutes mes craintes.
Et j’oublierai les années vécues
Si seul et si triste
Si un dia hi torno el vent que em rebi
Esborrarà tots els neguits
I oblidaré els anys que he viscut
Tant sol i trist
Il n’y a rien qui ne me rappelle
Chaque instant, mon pays
Tout me fait penser aux jours
Où j’y vécus si heureux
No hi ha res que no em recordi
Cada instant el meu país
Tot em fa pensar en els dies
Que hi vaig viure tant feliç
Quand je marche le vent m’apporte
Des voix que le temps n’a pas flétries,
Si je m’endors, ce dont je rêve
Est toujours mon pays.
Quan camino el vent em porta
Veus que el temps no ha pas marcit
Si m’adormo el que somio
És només del meu país
Je n’aime rien comme la douceur…
No estimo res com la dolcesa…
Avant que la mort n’arrive
Je veux retourner à mon pays
Fouler le sol de la terre amie
Marcher sur les vieux chemins
Abans que la mort m’arribi
Vull tornar al meu país
Trepitjar la terra amiga,
Caminar per vells camins
Je veux écouter les voix que j’aime
Je veux pleurer pour mes vieux amis
Et mourir quand arrivera l’heure
Sous le ciel de mon pays
Vull sentir les veus que estimo,
Vull plorar pels vells amics
I morir quan sigui l’hora
Sota el cel del meu pais
Je n’aime rien comme la douceur
Du ciel bleu de mon pays !
No estimo res com la dolcesa
Del cel blau del meu país !
2 - Un dia viuvre (Gérard Salgas - Teresa Rebull)
Un dia viuré més enllà de l’embranzida
L’espai incert de l’oblit,
No portaré l’empremta pesada del granit
Ni el ceptre gravat
Vorejaré la pal. lidesa del estanys
I els remors encalmades d’antigues tebiors
Vida sense ales ni mirall
Al ras llis de les aigües
Amb brogits entreposats
Com és el temps que fa llanguir ?
Com és l’espessor del nom
Que ja no arriba a travessar la nit ?
Viuré el llast ignorant el solc de les carenes
M’endinsaré dintre els camps de les fredors
Acolliré la blancor dels vents
Que abandona la tempesta
L’ànima rodolarà com inútil fruit sec
Viuré en fi la claror nevada de les fulles
Saludaré l’esplendor del vent
I la llum d’on brolla tota vida
L’esclat de vidre trencat i l’amor
Cantarà la bravada dels migdies
Puig cada ona, com l’ànima reneix
Dintre el blau esperat d’un naufragi
Un jour, j’habiterai…
J’habiterai un jour, par delà les élans,
Les zones indécises de l’oubli
Je ne porterai plus l’empreinte pesante du granit
Ni le sceptre gravé
Je longerai la pâleur des étangs
Et les bruits assoupis des anciennes tiédeurs.
C’est une vie sans aile ni miroir,
Au plat niveau des eaux
Aux murmures entreposés.
Quel est ce temps qui fait langueur…
Quel nom épais ne parvient plus
À traverser la nuit…
J’habiterai les sables, ignorant le sillon des carènes.
J’entrerai dans le champ des froideurs
J’accueillerai la blancheur des vents
Que l’orage abandonne.
L’âme tombera comme un fruit inutile.
J’habiterai enfin l’enneigeante clarté des feuilles
Je saluerai la splendeur du vent
Et la lampe d’où surgit toute vie
L’éclat de verre brisé et l’amour
La bouffée des midis chantera.
Car chaque vague, comme l’âme renaît
Dans le bleu attendu d’un naufrage.
- 14 -
3 - Aquesta Lluna (Teresa Rebull)
Cette lune
Aquesta lluna tan blanca
Coronada d’un vel suau
Porta secrets en sa falda
- davantal tivat i blau Me la miro amb ulls d’ombra
Que la nit em va guixant
Si li parlo no m’escolta
El meu terrat no és prou alt.
Cette lune si blanche
Couronnée d’un voile si fin
Garde des secrets sous ses jupons
Tablier lisse et bleu
Je la regarde avec des yeux d’ombre
Que me dessine la nuit
Si je lui parle, elle ne m’écoute pas
Mon balcon n’est pas assez haut
Em segueix amb sa lluor
I una nit trista i deserta
Fent-me mofes de fredor
Perquè estic sola i ho està ella.
Si en canta una cançó
Que s’escolta a cau d’orella
Jo no en sento gens el só
L’han recollida les estrelles
Elle me suit avec sa lueur
Par une nuit triste et déserte
Elle se moque de moi avec froideur
Parce que je suis seule autant qu’elle.
Si elle chante une chanson,
Qui s’écoute au creux de l’oreille
Je n’en aperçois pas le son
Car les étoiles me l’ont dérobé.
Aquesta lluna tan blanca
Ja no em parla del que veu
Li han sortit tascas al rostre
I encara l’envejo, vegeu !
4 - Camí dins l’argilada (Francesc Catala - Teresa Rebull)
Cette lune si blanche
Ne me parle plus de ce quelle voit
Son visage est rempli de tâches
Et je l’envie, pourtant !
Tallant el cor de l’argilada
Sagna el llavi del camí vell
Com una ferida badada
En sa carn de tiure vermell.
Taillée au cœur de l’argile
Saigne la lèvre du vieux chemin
Comme une plaie ouverte
Dans sa chair de terre rouge
Vena seca on un xic de vida
De tant en tant se’n ve a passar
Seguint l’antiga balancida
D’un feix d’alfa pel bestiar.
Veine sèche où un peu de vie
De temps à autre vient à passer
Suivant l’antique balancement
D’un faix de trèfle pour le bétail
S’ou a vegades una burra
Que baixa garbes del serrat
Picant sobre la terra dura
El cansament d’un pas trencat.
On entend parfois une ânesse
Descendant des gerbes de la colline
Heurtant la terre dure
de la fatigue d’un pas cassé
El foc de l’estiu es replega
En el cau del camí desert
Només llavors s’hi arrossega
La pols mandrosa d’un lluert.
Le feu de l’été se replie
Au creux du chemin désert
Alors s’y traîne seule
La poussière paresseuse d’un lézard vert
L’hivern, les urpes de la pluja
Desencarnen son cos leprós
I els camps hi escupen l’aigua roja
Tornant-lo córrec furiós.
L’hiver, les serres de la pluie
Décharnent son corps lépreux
Et les champs crachant leur eau rouge
En font un torrent furieux
El camí vell de l’argilada
Obre la terra fins al moll
Rastre d’una ganivetada
En la crosta horre del rostoll.
Le vieux chemin dans l’argile
Ouvre la terre jusqu’à la moelle
Marque un coup de couteau
Dans la croûte rêche (rêche) des chaumes
5 - El Rei de Vedrinyans (J. Pere Cerda - Teresa Rebull)
El Rei de Vedrinyans
Es rei de sa pobresa
La reina al seu costat
Tremola com la branca
Que penja del pollano.
El seu fill és carter
Dins París la gran vila
No coneix els llaurats
On sangueja l’argila
Que es pasta com el blat
Llaura terra cerdana
El capot trossejat
D’un estol de pedaços
Et fa semblar a la plana
Amb sos quadrats de blat
No té el seu cos blegat
A seguir el pas l’arada
Fusta de pi als esclops
I el ceptre d’agullada
Empunyat per la mà.
I la reina cabdella
En el llumet de foc
Les madeixes burelles
D’un petit escamot
Que a l’establia bela.
El Rei de Vedrinyans
Es rei de sa pobresa
La reina tremolant
Sembla una branca seca
Que penja del fullam.
- 15 -
Le roi de Vedrinyans
Le roi de Vedrinyans
Est roi de sa pauvreté
La reine à ses côtés
Tremble comme un rameau
Pendu au peuplier
Leur fils est facteur
Dedans Paris la grand ville ;
Il ne foule pas les labours
Où saigne l’argile
Qui se pétrit comme le blé.
Il laboure la terre cerdane
Avec sa capote morcelée
D’un régiment de pièces
Il ressemble à la plaine
Et ses carrés de blé
Son corps n’est pas courbé
De suivre la charrue
De porter le pin aux sabots
Et de brandir au poing
Le sceptre de l’aiguillon.
Et la reine fille
A la lueur du feu
Les écheveaux de laine brute
Du petit troupeau
Qui bêle à l’étable.
Le roi de Vedrinyans
Est roi de sa pauvreté
La reine tremblante
Semble une branche sèche
Pendue au peuplier.
6 - El que m’agrada de l’aigua (J. Pere Cerda - Teresa Rebull)
Ce qui me plaît de l’eau
El que m’agrada de l’aigua
És que totes coses veu
Les mira i les enmiralla
Té l’esguard com un parany
On van caient les imatges
I se les emporta avall.
Ce qui me plaît de l’eau
C’est qu’elle voit toutes choses
Elle les regarde et les réfléchit
Son regard est comme un piège
Où tombent les images
Et elle les emporte
El que m’estranya de l’aigua
Que segueix corrent avall
És que per dintre la terra
Pot pujar fins dalt del cau
On sura la font novella
En el rocadís més alt.
Ce qui m’étonne de l’eau
Qui court et court
C’est que dans la terre
Elle peut monter jusqu’au creux
Où flotte la source nouvelle
Dans la haute rocaille.
El que m’agrada de l’aigua
Dins la pica de la font
És que en cada gota
S’hi quedi tancat el món.
Ce qui me plaît de l’eau
Dans le bassin de la fontaine
C’est qu’en une seule goutte
Se referme le monde.
Quin buit tan gran deixa en plaça
El cel enter que hi fa un tomb
Quel grand vide laisse en place
Le ciel tout entier qui l’entoure !
7 - Llaurador que Llaures (J. Sebastià Pons - Teresa Rebull)
Laboureur, toi qui laboures
Rosa colorada, la rosa a la mà
Mes ai, que a la tarde ja se amoixarà !
Llaurador que llaures, quin enyorament !
S’esfulla la rosa amb el sol i el vent.
Rose pourprée, la rose à la main
Mais las, dès le soir elle se flétrira !
Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur !
La rose s’effeuille au soleil et au vent.
L’amor bé m’enganya quan feia un somris
Com el vent de l’horta, es esfulladis
Llaurador que llaures, quin enyorament !
Més bona és la terra que dona el forment !
Certes l’amour me trompe avec son sourire
Tel le vent du jardin il s’éparpille
Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur !
La meilleure terre donne le froment.
D’on me naixiries, oh ! la meva amor,
Fossis rica i plena com l’espiga d’or !
Llaurador que llaures, quin enyorament ?
D’on me naixiries, l’amor somrient ?
D’où me viendrais-tu, oh mon amour,
Si tu étais riche et pleine comme l’épi d’or !
Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur !
D’où me viendrais tu amour souriant ?
Passant la muntanya, hom davalla al pla.
Porprada és la rosa a tot l’Empordà
Llaurador que llaures, quin enyorament !
Mes ai, com s’esfulla la flor del jovent !
Passé la montagne, on dévale dans la plaine
Elle est de pourpre, la rose d’Empordà
Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur !
Mais las, comme s’effeuille la fleur du jeune
Ocell pidolaire, va a la caritat
Portant la tristesa d’un ram esfullat
Llaurador que llaures, quin enyorament !
Alçà l’agullada, deixa córrer el vent.
Oiseau mendiant, va chercher la charité
En portant la tristesse d’un rameau effeuillé
Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur !
Lève l’aiguillon, laisse courir le vent.
- 16 -
8 - Pluja (J. Sebastià Pons - Teresa Rebull)
Mare, mentres ploineja
M’estic sola a m’enyorar.
Pluie
Ma mère, alors qu’il pleut
Je suis seule et je m’ennuie.
M’estic sola a la finestra
Mare meva, per plorar
Je suis seule à la fenêtre
Ma mère pour pleurer
Un misteri gris rodeja
La pineda i el penyatar.
Un mystère gris rôde autour
De la pinède et des rochers
El còrrec fressós se’n baixa
I la llebre passa el blat.
Le torrent dévale en bruissant
Et le lièvre passe les blés
Ara hom veu entre les fulles
La reineta verdejar
On peut voir entre les feuilles
La reinette verdoyer
Diuen que ixen de les coves
Encantades a ballar
Les fées sortent, dit-on des grottes
Pour danser
Teixiran alguna dansa
Silenciosa, cap al tard
Elles tisseront quelque danse
Silencieuse, vers le soir.
9 - Dona d’aigua (J. Sebastià Pons - Teresa Rebull)
Femme d’eau
Clar de lluna en l’alta nit
La dona d’aigua que ha eixit
Amb ses fines estisores,
Tot vagant ha repetit
Paraules encisadores :
“La ribera del Cadí,
la que de vespre i matí
va seguint la comalada,
en tot salt fa resplendir
una escuma platejada”.
Clair de lune dans la haute nuit
La femme d’eau venue
Avec ses fins ciseaux
A répété à l’envi
Des paroles enchanteresses :
La rivière du Cadí
celle qui soir et matin
va suivant le vallon
en sautant, fait resplendir
son écume argentée”.
“A sa vora dormireu,
vós, dels nostres cants l’hereu,
i jo, vestida amb roselles
coronada amb flocs de neu,
us clucaré les parpelles”.
“Auprès d’elle vous dormirez
Vous l’héritier de nos chants
Et moi, vêtue de coquelicots
Couronnée de flocons de neige
Je fermerai vos yeux”.
“I per prova de l’amor,
vos deixaré com record
ma mirada d’esmaragda
i les estisores d’or
que perlegen dins ma falda”.
“Et pour preuve d’amour
Je vous laisserai en gage
Mon regard d’émeraude
Et les ciseaux d’or
Qui luisent à mon giron”.
Clar de lluna en l’alta nit
La dona d’aigua que ha eixit
Clair de lune dans la haute nuit
La femme d’eau venue
10 - Jo per tu (J. Sebastià Pons - Teresa Rebull)
Moi, pour toi
Jo per tu vull cisellar
Una copa, l’amor mia
Moi, pour toi je veux ciseler
Une coupe, oh mon amour.
La voldría entrelliçar
D’una rica pedreria,
Com argenter català
La dolça amor, obraria.
Je la voudrais entrelacer
D’une riche pierrerie
Et comme un orfèvre catalan
Douce amour, faire mon ouvrage.
Fent una plat de blau turquí,
Amb esmalt, oh l’amor mia,
Seré potser mallorquí
O moro de moreria.
Al palau, el rei Martí,
Si el vegés l’admiraria.
Pour un plat d’émail
D’un bleu turquoise, oh mon amour,
Je serai peut-être majorquin
Ou maure de barbarie.
Si en son palais, le roi Martin
Le voyait il l’admirerait.
I el meu cor embalsamat,
La dolça amor, l’amor mia,
I el meu cor embalsamat,
Com un ram de satalia,
Dins la copa i dins el plat,
Allavors s’esfullaria.
Et mon cœur tout parfumé
Douce amour, oh mon amour,
Et mon cœur tout parfumé
Comme un rameau d’églantier
Dans la coupe et dans le plat
S’effeuillerait alors.
- 17 -
11 - L’oreneta (Joan Morer - Teresa
Rebull)
L’hirondelle
Hirondelle de printemps
Tu viens agrandir ma chanson
Assoupie de tristesse
Tant elle est de l’hiver prisonnière
Oreneta de primavera
Véns eixemplar meva cançó
Que s’ensonyia de tristor
Tan és de l’hivern presonera
Hirondelle de printemps
Souviens toi de ma chanson
Quand mes yeux seront obscurs
Dans l’hiver en toute saison
Oreneta de primavera
Recordaràs meva cançó
Quan seran meus ulls de foscor
Dins l’hivern en tota saó
Pleurant le temps des cerises
D’un coup d’aile ensorceleur
Efface le ciel de ma douleur
Hirondelle de printemps.
Plorant el temps de les cireres
D’un alateig encisador
Esborra el cel de ma tristor
Oreneta de primavera
12 - Amor de la marenda (Joan Morer - Teresa Rebull)
Amour du bord de mer
Miralls de la mirada
Clares fonts de l’esguard
La sal de les llàgrimes
Les fa semblar al mar
Miroirs des yeux
Claires fontaines du regard
Le sel des larmes
Ressemblent à la mer
Encís de la marenda
Que fa més dens la sal
Dels meus ulls i de l’aire
Sota el cel, sota el sol
Enchantement de la mer
qui fait plus dense le sel
de mes yeux et de l’air
sous le ciel, sous le soleil.
La sal sobre els meus llavis
Per quin bes d’amargor
Quan sobtosament savis
Els teus em fan tristor.
Le sel sur mes lèvres
Pour le baiser amer
Quand soudainement savants
Les tiens font ma tristesse.
De la platja als pendissos
Vaig buscant mon amor
Però per una escletxa
Fuig la sang del meu cor
De la plage aux montagnes
Je cherche mon amour
Mais par une fente
Saigne mon cœur.
De les vinyes pentjades
Un regalim de mel
Dins ma boca enfebrada
Es barreja amb el fel
Des vignes accrochées
Un filet de miel
Dans ma bouche en feu
Se mélange avec le fiel.
Perquè la meva aimada tant fonedissa es fa
Que el vi d’embriaguesa
Torna verí mortal
És metzina mesclada
Teu vi i meva sal
Car ma bien aimée se fait invisible
Et le vin qui m’enivre
Devient vin mortel
C’est poison ensemble
Ton vin, mon sel.
- 18 -
13 - Paral-lels (Joan Morer - Teresa Rebull)
Les plis du vent
Et les replis de la vague
Sont comme ma robe
Et mon angoisse.
Les cris du vent
Et le bruit de la mer
Sont mon propre chant
Le même soupir.
La fin du vent
Et la mer apaisée
Sont ma propre mort
La même fin.
Le même destin
Et la mer apaisée
Sont ma propre mort
Le même destin
La même fin.
Els plecs del vent
I els replecs de l’ona
Son el meu mateix vestit
El mateix neguit
Els crits del vent
I el soroll del mar
Son el meu mateix cant
El mateix sospir
La fi del vent
I la mar aplanada
Son el meu mateix morir
La mateixa fi
El mateix desti
I la mar aplanada
Son el meu mateix morir
El mateix desti
La mateixa fi
14 - Poble Perdut (Simone Gay - Teresa Rebull)
Bon camí via segura
Els vells feren l’enllosat
Ho creuria, sols perdura
Per l’amor que hi han posat (bis)
El camí de pagesia
Ara envolta la masia
Dona pas al camp i al prat
Bon chemin, voie sûre.
Les vieux en ont fait le pavage
Je croirais bien qu’il ne dure encore
Que par l’amour qu’ils y ont mis (bis)
Le chemin du paysan
Entoure maintenant le mas
Donne accès au champ et au pré.
Camí vell on se destrena
Una vida de treball
Avui goig, i demà pena
El camí ajunta les valls (bis)
Quan les valls són avorrides
I seguint tots els comalls
Va cercant perdudes vides
Vieux chemin où se défait
La tresse d’une vie de labeurs,
Aujourd’hui la joie et demain la peine :
Le chemin joint les vallées (bis)
Quand les vallées se sont tues,
Et suivant tous les ravins
Il cherche des vies perdues.
Sols l’arbreda l’acompanya
Pintant l’ombra i son vellut
Puja al cim de la muntanya
On s’estén la solitud
De la terra abandonada
El repic que fa el cucut
N’assabenta la contrada
Seul le bosquet l’accompagne,
Il peint l’ombre et son velours ;
Grimpe en haut de la montagne
Où s’étend la solitude
De la terre abandonnée ;
Le rappel que fait le coucou
En informe la contrée
El camí se descabdella
En un vilatge enrunat
Guarda oberta la parpella
Del cloquer dalt del serrat (bis)
En rodona capelleta
Un tresor haurà servat
La garbera més ben feta
Dels que foren camps de blat (bis).
Le chemin se déroule.
Dans un village ruiné
Reste ouverte la paupière
Du clocher sur la crête (bis)
En ronde chapelle,
Il aura gardé un trésor,
La javelle la mieux faite
De ce qui fut un champ de blé (bis).
en famille…
- 19 -
15 - El seu nom et diré (Joan Morer - Teresa Rebull)
Je te dirai son nom
J’ai en moi une chose précieuse
Qui n’a ni corps ni voix
J’ai en moi la beauté d’un amour
Frais comme une source
Son nom je te le dirai… !
Je vis en grand retrait pour une étrange amie
Avec fièvre, faim et soif
Je vis en grand retrait dehors croît l’épi
Dans des étroites prisons
Son nom je te le dirai… !
Je défie la mort
Pour cette compagne qu’ignore mon malheur
Je défie la mort !
Et dans mes entrailles se renforce l’amour
Son nom je te le dirai… !
Je l’ai en moi malgré des chaînes lourdes
Qui m’en séparent
Je l’ai en moi malgré la misère et la peine
D’un monde sacrifié
Son nom tu le devines !
Son nom : liberté.
Jo porto a dintre meu una cosa preciosa
Que no té cos ni veu
Jo porto a dintre meu un amor tant xamosa
Fresca com una deu
El seu nom et diré… !
Jo visc en gran destret per una estranya amiga
Amb fevre fam i set
Jo visc en gran destret de fora creix l’espiga
Lluny dels carcers estrets
El seu nom et diré… !
Desafio la mort
Per aquesta companya que no sap ma disort
Desafio la mort !
Sentint dins les entranyes reforçar-se l’amor
El seu nom et diré… !
La porto endins malgrat carregoses cadenes
Que m’en fan separar
La porto endins malgrat la miséria i la pena
D’un món sacrificat
El seu nom l’endevines !
El seu nom : llibertat.
16 - Un infant (Teresa Rebull - Thierry Parcé)
Un infant canta amb el sol
Una estel escalfa el seu cor
Un infant dolç carmeu,
Un amor, dolç amor
De l’amor
Un enfant
Un enfant chante avec le soleil
Une étoile réchauffe son cœur
Un enfant tendre cœur
Un amour, tendre amour,
De l’amour.
Un enfant parle aux oiseaux
Un enfant pleure et rie tout seul
Un enfant, tendre cœur
Un amour, tendre amour,
De l’amour.
Un infant parla amb els ocells
Un infant plora i riu tot sol
Un infant dolç carmeu
Un amor, dolç amor,
De l’amor.
Toi qui danse avec la lune
Courant libre vers la mer
Avec ton doux sourire
Et une larme cachée…
Tu que danses amb la lluna
Corrent, lliure cap al mar
Amb ton dolç somriure
I un plor amagat.
Un enfant dans un monde cloîtré
Un enfant se perd dans un bois
D’innocence et de désir
Sent battre son cœur, son corps.
Les étoiles te contemplent
Les chants d’oiseau te festoient
Et tes yeux brillent avec les mots d’amour.
Un infant dintre el món reclús
Un infant es perd dintre un bosc
D’inocència i desig
Sent batecs al seu cor, al seu cos
Els estels et contemplen
Els cants d’ocells et festegen
I els teus ulls brillen amb els mots d’amor !
Un enfant a le soleil au cœur
Un enfant chante et rit tout seul
Un enfant, tendre enfant
Un amour, tendre amour
De l’amour.
Un infant té el sol al cor
Un infant canta i riu tot sol
Un infant, dolç infant
Un amor, dolç amor
De l’amor.
Tu t’endors toujours avec un sourire
Sans mensonges ni égoïsmes
Sans deuils à ton cœur
Ainsi tu es fils…
T’adorms sempre amb un somriure
Sense enganys ni egoismes
Sense dols al teu cor,
Així, ets tu fill.
Un enfant, tendre enfant
Un amour, tendre amour
De l’amour.
Un infant, dolç infant
Un amor, dolç amor
De l’amor.
- 20 -
17 - Angélina (Teresa Rebull)
Je me souviens de tes yeux
Angélina,
Comme une lueur d’étoiles
Je me souviens de ton rire
Angélina,
Comme les oiseaux
Je me souviens de ta peau,
Angélina
Comme la gelée du miel
Si transparente et pure
Angélina
Comme la soie du ciel
Je me souviens de la douceur
Angélina
Laissée sur ma poitrine
Te berçant avec la joie
D’un autonome prolongé.
Sois Angélina
Aube d’amour et d’espoir.
Recordo els teus ulls
Angélina
Com estels de llum ;
Recordo el teu riure
Angélina
Com un vol d’ocells ;
Recordo ta pell
Angélina
Com bresca de mel
Tant pura i tant fina
Angélina
Com la seda del cel ;
Recordo la tebior
Angélina
Que em deixares al pit,
Bressolan-te amb l’alegria
D’una tardor sense fi.
Sigues tu Angélina
Alba d’amor i d’encís.
18 - Gelosia (Rosa Leveroni - Teresa Rebull)
Aquelles albes amor
En que els somnis et florien
Amb rostres inconeguts
Ai ! quina lleu gelosia
Aquelles terres 1er mars
Que tu tant sols coneixies
Aquells ignorats camins
Ai ! quina greu gelosia
Aquell amor sobirà
Que se’t enduia la vida
I jo per tu no era res,
Ai !, quina ardent gelosia
Em pren la calma dels camps
Quan l’hora esdevé rogenca
I la quietut del mar
Quan els vents dormen la sesta
I mentre vola l’ocell
L’ànima esdevé lleugera
Saber-te lluny sense dol
Em fa resso de miracle
Ara, però veig el món
Amb la claror que m’encanta
De tenir-te dintre meu
Que fa que no em cal pensar-te
Ces aubes là amour
Où fleurissaient les rêves
En des images inconnues
Ah, quelle légère jalousie
Ces terres et ces mers là
Que seul tu connaissais.
Ces chemins ignorés
Ah, quelle grave jalousie
Cet amour souverain
Qui emportait ta vie
Et pour toi je n’étais rien
Ah, quelle ardente jalousie
Le calme des champs me prend
Quand l’heure devient rougeâtre
Et la quiétude de la mer
A l’heure paisible des vents
Pendant que vole l’oiseau
L’âme devient légère
Te savoir loin de moi sans deuil
M’éclaire comme un prodige
Maintenant je vois le monde
Avec une lumière qui m’enchante
Te savoir en moi,
Jusqu’à ne plus penser à toi.
En concert avec Pedro Soler à Banyuls sur Mer 15 septembre 1995
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19 - Absencia (Rosa Leveroni - Teresa Rebull)
Rose brûlante de désir
Tu me blesses les lèvres
Je suis si loin de l’amant
Je n’ai que la mer pour compagne
Elle seule me sourit
Bien blottie dans la cale (bis)
Les étoiles me souriant
Et la lune toute blanche
Le clocher émergeant
Et la voile bien gonflée
La mouette en plein vol
Le poisson s’échappant du filet
Rose brûlante de désir
Tu me blesses les lèvres
Je suis si loin de l’amant
En moi plus rien ne chante
Passent les heures amour
Constellées de regrets
Te savoir loin de moi
Et de ton étreinte
Tu m’as laissé si seule, amour
Remplie d’une tristesse étrange
De mes rêves tu t’es enfui
Qui m’ont peuplée de regrets
Passent les heures amour.
Rosa encesa de desig
Com m’esgarrinxes els llavis
Si sóc tant lluny de l’amat (bis)
Sols tinc la mar per companya
Ella bé prou que em somriu
Dins la cala arredossada (bis)
Em somriuen els estels
I la lluna niquelada
El campanar cimejant
I la vela ben inflada
La gavina en ple vol
I el peix fugint de la xarxa
Rosa encesa de desig
Com m’esgarrinxes els llavis
Si sóc tant lluny de l’amat
Res dintre meu ja no canta
Passen les hores amor
Constel-lades de recances
En sentir-te lluny de mi
I de la meva abraçada
M’has deixat més sola amor
Plena de tristesa estranya
Dels meus somnis has fugit
I ells m’han poblat de recança
Passen les hores amor.
20 - A l’horitzó (Teresa Rebull - Thierry Parcé)
A l’horitzó un núvol passa
Passa l’estiu, passa la tardor
Els ocells volen a ran de terra
Van allunyant-se del cel i del foc
Vent vetijol ! com la rosada !
Besa els fruits d’aquesta branca !
A l’horizon passe un nuage
Passe l’été, passe l’automne,
Les oiseaux rasant le sol
S’éloignent du ciel et du feu
Vent ! petit vent ! comme la rosée
Berce les fruits de cette branche.
A l’horitzó un núvol passa
Passa l’estiu passa la tardor
Tots els bells somnis van allunyant-se
Com pluja encesa de pètals de flors
A l’horizon passe un nuage
Passe l’été, passe l’automne,
Tous les bons rêves s’effeuillent
Comme pluie embrasée de pétales de fleurs
Vent ventijol ! del llarg dels meus dies
Si tu em deixessis jo et seguiria
Portada sempre pel teu encís
Vent ventijol del llarg dels meus dies
Vent ! petit vent ! du long de mes jours
Si tu m’abandonnais, je te suivrais
Portée toujours par ton enchantement
Vent ! petit vent ! du long de mes jours
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21 - Sota una canço (F. Font Ferrando - Teresa Rebull)
Avec une chanson
Sota una cançó
El crit ofegat
Un clam tel-lúric
Que dorm soterrat.
Avec une chanson
Le cri étouffé
Une clameur tellurique
Qui dort enterrée
Sota una cançó
La mà que s’estén
L’ofegat desig
El petit anhel.
Avec une chanson
La main qui s’étend
Le désir étouffé
La petite envie
Sota una cançó
Ara us vull dir
Que llarga és la ruta
Dur el camí.
Avec une chanson
Maintenant je veux vous dire
Que longue est la route
Dur le chemin
Sota una cançó
Us vinc a cridar
Que s’acaba el somni
Que cal despertar.
Avec une chanson
Je viens vous appeler
Car le rêve s’arrête
Et qu’il faut se réveiller
22 - Malgrat (Emili Vallas - Teresa Rebull)
Malgrat l’hivern esmalt glaçat davant la porta
Malgrat el vent que empeny furiós les fulles mortes
Jo sé que en algun lloc d’arreu del món que no conec
Neix una rosa
Malgré
Malgré l’hiver émail glacé devant la porte
Malgré le vent qui pousse furieux les feuilles mortes
Je sais qu’en un lieu du monde que je ne connais pas
Naît une rose
Malgrat la nit horfe de llum impenetrable
Malgrat un cel teixit d’estels que l’alba apaga
Jo sé que en algun lloc d’arreu del món que no conec
Neix una flama
Malgré la nuit de lumière impénétrable
Malgré un ciel tissé d’étoiles que l’aube éteint
Je sais qu’en un lieu du monde que je connais pas
Naît une flamme
Malgrat el fang sobre els camins de la tempesta
Malgrat la pols de tots els grans combats que es perden
Jo sé que en un lloc d’arreu del món que no conec,
Neix un poeta
Malgré la boue sur les chemins des tempêtes
Malgré la poussière de tous les grands combats
Qui se perdent.
Je sais qu’en un lieu du monde que je ne connais pas
Naît un poète.
Malgrat l’horror d’un món de sang i de follia
Malgrat la mort omnipresent de cada dia
Jo sé que en algun lloc d’arreu del món que no conec
Reneix la vida !
Malgré l’horreur d’un monde de sang et de folie
Malgré la mort omniprésente de chaque instant
Je sais qu’en un lieu du monde que je ne connais pas
Renaît la vie.
Teresa Rebull et Thierry Parcé (1991) - Photo Pierre Parcé
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Paisatge de l’Ebre
Andalusia, collarets d’ombra
No puc cantar cançons
Àrida
Vint bales
Camí de la fàbrica
Camp del besós
L’agressió
Primer de Maig 1976
Jo sé que un dia
Companys
Perquè has vingut Mestier d’amor Si la despullava
Mocador d’olor
Epitalamic filme
Visca l’amor
Mentra la roba s’eixamora
Arquer d’amor Sota el meu llavi
La casa que vull
Somni
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El meu pais
Un dia viuvre
Aquesta lluna
Camí dins l’argilada
El rei de Vedrinyans
El que m’agrada de l’aigua
Llaurador que llaures
Pluja
Dona d’aigua
Jo per tu
L’oreneta
Amor de la marenda
Parallels
Poble Perdut
El seu nom et diré
Un infant
Angélina
Gelosia
Absencia
A l’horitzó
Sota una cançó
Malgrat
CD 1
1’ 39”
1’ 31”
2’ 23”
3’ 07”
2’ 45”
2’ 37”
3’ 55”
4’ 17”
2’ 29”
3’ 04”
2’ 50”
3’ 23”
4’ 53”
2’ 19”
3’ 13”
2’ 48”
1’ 34”
2’ 01”
2’ 12”
3’ 45”
3’ 42”
2’ 48”
CD 2
3’ 01”
2’ 53”
2’ 31”
3’ 35”
2’ 24”
2’ 00”
3’ 58”
3’ 39”
2’ 15”
2’ 19”
2’ 06”
2’ 35”
2’ 37”
4’ 35”
2’ 52”
4’ 03”
2’ 23”
2’ 45”
4’ 13”
3’ 26”
2’ 33”
3’ 08”
Musiciens (pour l’ensemble des titres)
Guitares : Olivier Bensa, Jean-Pierre Grau, Jean-Claude Raucoules, Jean-Marc Jousse,
Teresa Rebull, Philippe Beautes, Thomas Grave, Marti Soler, Elmer, Gérard Méloux,
Laura Almerich, Henri Birembaut ~ Violons : Frédéric Montargues, Didier Olivier,
Violoncelle : Aurora Feliu ~ Flûtes : Montserrat Soler, Didier Olivier,
Mandoline : Salvador Boix ~ “Teclat” : Enric Colomer ~ “Oboè” : Jordi Colomer,
Trompette : Nestor ~ Piano : Thierry Parcé piano fender : Pipo Iglesias,
Contrebasse : Ferran Cubedo, Jean Michel Valot, Eduard Altaba, Michel Maldonado,
Percussions : T. Rebull et Enric Colomer ~ Tumbas : Ramón Farran,
Arrangeurs : Olivier Bensa, H. Passaquet et la collaboration de J.-M. Martí, Lluis Llach.
Textes, Peinture : Teresa Rebull ~ Photos : Archives Teresa Rebull
Producteur des enregistrements originaux : Teresa Rebull
Coordination : Jackie Solè
Coordination pour nordsud music : Annie Leborgne-Queffélec
Montage, conception graphique : Michel Pagiras
Producteur exécutif pour nordsud music : Michel Pagiras
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(D. R.)

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