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Paris, 1940 Couverture : Teresa Rebull, Huile sur toile 50 x 72 (détail) -2- Teresa Rebull Enregistrements 1969-1992 Je me suis trouvée dans la nécessité de chanter, pour prendre la défense d’une culture et de sa langue, interdites, piétinées et persécutées. Dans les années soixante-dix en Catalogne du Sud nous chantions les urgences qu’imposait le dictature, à cette époque là le professionnalisme n’était pas à l’ordre du jour. Ma préoccupation était de trouver des textes bien écrits pour ne pas tomber dans le pamphlet, considérant qu’un bon texte ferait passer plus sérieusement le message à transmettre. Même si les poètes que je chante ne figurent pas tous dans les lettres d’or officielles de la poésie, cela n’empêche pas la valeur de leur œuvre méconnue. J’ai sélectionné des poètes du Nord et du Sud pour démontrer que la langue catalane écrite est la même ici, comme là-bas, même si la langue parlée localement comporte des particularités enrichissantes. J’ai tenté d’organiser les chansons par ordre chronologique des événements. Teresa Rebull, Banyuls le 5 septembre 2004 Merci à Jackie Solé et à son équipe, sans qui ce projet n’aurait pu aboutir. T. R. aaa ddd A propos des poètes… Josep Gual Llobères Ce poète à été édité maintes fois, il est très populaire à Badalona où il résidait, il doit sa célébrité à son poème “Paissatge de l’Ebre” qui grâce à la chanson éponyme est devenu un poème culte. Homme sensible, il devient amer après la guerre et ses conséquences. Il écrit dans un langage fort et net à la rime parfaite qui nous transmet ses angoisses et ses frustrations sans rhétorique et sans fioritures. zzz Enric Brufau Exilé catalan, Brufau est un enseignant qui exprime avec “Arida” la sécheresse du monde, peut être aussi celle des êtres humains. C’est le titre d’une feuille de journal qui traînait par terre qui m’a intéressée. Maria Mercé Marçal zzz Elle vient des terres de Tarragone, où vivent les gens endurcis par la dureté de la vie et le travail de la terre. Poète à l’écriture sensuelle reflétant l’humour et les réminiscences d’un passé historique, elle va trouver très tôt la reconnaissance du grand public, qui se reconnaît dans sa peinture des luttes ouvrières du siècle dernier. Ce poème, de Maria-Merce Marçal, traite de l’assassinat en 1920, de Francesc Layret, avocat qui défendait les syndicalistes de la C.N.T -3- Josep Marimon Né à Terasse, province de Barcelone, ouvrier militant dans le textile ce passionné de littérature et de poésie est un autodidacte boulimique de lecture. Il est l’auteur de : “Les classes sociales en Catalogne”, important travail qui présente l’origine des luttes sociales en Catalogne pendant le développement de l’ère industrielle. zzz Gérard Salgas C’est un écrivain de grand talent qui aime faire partager sa passion pour le théâtre. Salgas a plusieurs cordes à son arc, son œuvre nous permet de nous introduire dans la carapace du subconscient, entre abstrait et réalité. zzz Joan Salvat Papasseit (1894 / 1924) Poète mort à l’âge de 30 ans. Il écrit l’amour sans tabou, ce qui à l’époque était une révolution, il exalte le corps de l’homme et de la femme, et publie un livre magistral “Humo de fabrica” qui traite entre autres choses de l’enfance, de la femme de l’exploitation des miséreux… Sujets toujours d’actualité. Ses poèmes d’amour constituent une constante invitation à l’exaltation de la chair, à mi-chemin entre un socialisme quelque peu messianique et un anarchisme qu’il sent passionnément et vit de manière romantique, J.-S. Papasseit a beaucoup réfléchi à l’état et à la politique espagnole et exprime la misère morale et matérielle de son pays. Il sera chanté par de nombreux chanteurs de la Nova Canço. zzz Francesc Catala Médecin de Vinça près de Prades en Conflent,il est très dévoué à ses malades, il soigne les pauvres et les amoureux de poésie. Il a publié de nombreux travaux, son œuvre devient rapidement populaire. Francesc Catala, est un homme d’une grande bonté, il lègue, à sa disparition, son patrimoine à une maison de retraite de son village. zzz Jordi Pere Cerda (Antoine Cayrol) Est le poète contemporain le plus populaire de notre région, il a été publié maintes fois, son talent est reconnu et honoré dans tous les pays catalans. Jordi Pere Cerda poète, mais aussi auteur de théâtre, essayiste, a reçu, en 1995, le Prix d’honneur des lettres catalanes. Sa poésie solide comme le roc est virile même lorsqu’il parle de la misère des travailleurs des champs de Vedrinyans, même quand il évoque admirablement l’eau, en décrit la beauté ainsi que tout ce qu’elle représente, signe du temps pour évoquer un futur où elle nous manquera. zzz Rosa Leveroni Née à Barcelone en 1916, licenciée en lettre, elle devient l’élève du grand poète catalan Carles Riba, elle est hantée par les angoisses du peuple ibérique qui résiste dans l’espoir d’un futur heureux. La poésie de Rosa Leveroni est pleine d’un souffle lyrique et spirituel qui n’exclut pas la rigueur, la passion et la contenance, le résultat donne des poèmes d’une grande beauté, désolés et sereins en même temps. Elle parle d’amour d’une manière si personnelle, si délicate, que je me suis identifiée à elle. -4- Joan Morer C’est mon ami, il travaille la vigne le jour et écrit la nuit. Ses comptines qui décrivent la vie des insectes ou des animaux de la ferme sont imprégnées d’une certaine philosophie écologique et d’un humanisme universel. Joan Morer vit à Rivesaltes, c’est en travaillant ses vignes, contemplant au loin les hirondelles, qu’il enregistre les événements de notre monde cruel. Dans un style aigre-doux teinté d’ironie, il laisse filtrer son humanisme. zzz Simone Gay Est la sœur de Josep-Sebastià Pons, elle a publié de nombreuses œuvres, ses poèmes dégagent une certaine nostalgie apaisée. zzz Marti i Pol Grand poète a laissé une œuvre immense qui de la fin des années soixante-dix et pendant les années quatre-vingt a focalisé l’attention du public catalan. Il dit : “Le jeu des paroles ne servira à rien si l’on ne s’appuie pas sur ce qui nous entoure”. J’ai choisi les poèmes de Marti i Pol, car il dit la nécessité de dire ce qu’on tait en trouvant l’amour. zzz Josep-Sebastià Pons né à Ille sur Têt en 1886, il y décède en 1962. Il étudie les lettres à la faculté de Montpellier et enseigne à celle de Toulouse. Il sera le plus grand représentant des poètes roussillonnais de son époque. Il décrit les paysages et la vie rurale,“un encant tot viu, verd i musical” (un enchantement vivant, vert et musical). Ses recueils les plus importants sont : Canta-Perdiu (Perdrix qui chante), Cantinela i conversa (Cantinela et conversation). Il était aussi membre de l’Institut d’Estudis Catalans. Teresa Rebull Teresa Rebull “Je ne prétends pas être poète, je réagis selon ma sensibilité intuitive devant les faits actuels et surtout quand la condition humaine est en danger. J’écris alors des textes qui parlent des faits réels et je les chante quand on attente aux libertés”. -5- CD 1 1 - Paisatge de l’Ebre (Josep Gual Lloberes - Teresa Rebull) Avui he tornat a la Serra de Pàndols. l a la cova he trobat Les sabates d’en Jaume. Un forat a les soles Una pinta de bales, Dins d’un plat enfangat Tres cascots de metralla. Paysage de l’Ebre Aujourd’hui je suis retourné sur la Colline de Pàndols Et dans la grotte j’ai trouvé Les chaussure de Jacques Un trou aux semelles Une poignée de balles Dans un plat boueux Trois casques de mitraille Des de I’any trenta-vuit Jo no havia tornat A la Serra de Pàndols. l a la cova han quedat Les sabates d’en Jaume. Depuis l’année trente huit Je n’étais pas retourné Sur la Colline de Pàndols Et dans la grotte sont restées Les chaussures de Jacques Dins d’un plat enfangat Tres cascots de metralla A la cova han quedat Les sabates d’en Jaume. Dans un plat boueux Trois casques de mitraille Et dans la grotte sont restées Les chaussures de Jacques 2 - Andalusia, collarets d’ombra (Josep Gual Lloberes - Teresa Rebull) Andalousie, Colliers d’ombre Pels camps de Lora els servents Poaven aigua Portaven vestits de dril I a l’hivern roba de pana Dintre Sevilla els senyors Vivien en cases amples Dans les champs de Lora les domestiques Puisaient de l’eau Ils portaient des costumes en coutil Et l’hiver un vêtement en velours côtelé A l’intérieur de Séville les seigneurs Vivaient dans de grandes maisons Al Pati dels sortidors Era ple d’aigua vessada Poaven aigua Poaven poaven aigua. Dans la Cour des jets d’eau L’eau coulait à flot Ils puisaient de l’eau Ils puisaient, ils puisaient de l’eau 3 - No puc cantar cançons (Josep Gual Lloberes - Teresa Rebull) Je ne peux pas chanter de chansons Amic no puc cantar cançons M’han estripat Les cordes de la barca De la barca On guardava tots els cants Ara no puc lligar el timó I el vent em porta cap al cor Dels altres Dels altres perseguits I trepitjats D’aquells que són més nets Que tots nosaltres Ami, je ne peux pas chanter de chansons Ils m’ont déchiré Les cordes de la barque De la barque Où je gardais tous les chants Maintenant, je ne peux pas contrôler le gouvernail Et le vent m’emporte jusqu’au cœur Des autres Des autres poursuivis Et piétinés De ceux qui sont plus honnêtes Que nous tous. -6- 4 - Arida (Enric Brufau - Teresa Rebull) Aride El disc de la lluna davalla Davalla fendint el tossal Mireu quina entranya tan aspra D’argila de tiure i cobalt Mireu quina entranya tan aspra D’argila de tiure i cobalt. Els erms consumits pel salobre Romanen oberts en canal Mireu quina terra tan pobra Sembrada de còdols i sal Mireu quina terra tan pobra Sembrada de còdols i sal. I també traspassa la conca I el llit del riu de par en par. Ai ! que n’hi era d’aigües somortes Sinó de vidres enllosats. Ai ! que ni era d’aigües somortes Sinó de vidres enllosats. Le disque de la lune descend Il descend en fendant le paysage Regardez quelles entrailles si rêches D’argile et de cobalt Regardez quelles entrailles si rêches D’argile et de cobalt Les friches consumées par l’amertume Demeurent éventrées Regardez quelle terre si pauvre Couverte de cailloux et de sel Regardez quelle terre si pauvre Couverte de cailloux et de sel Et transperce aussi le bassin Et le lit de la rivière de par en par. Aïe ! Si ce n’était pas devenu des eaux blafardes Mais plutôt des verres carrelés Aïe ! Si ce n’était pas devenu des eaux blafardes Mais plutôt des verres carrelés 5 - Vint bales (Maria Merce Marçal - Teresa Rebull) Vint bales foren vint bales Ai ! quan trencava la nit Dia trenta de novembre Nit d’hores decapitades ! Vingt balles Vingt balles furent vingt balles Aïe ! déchirure dans la nuit Le trente novembre Nuit d’heures décapitées Vint bales foren vint bales ! Ai ! quan trencava la nit Dia trenta de novembre Nit sense alba de matí Ai ! com moria la nit (bis) Vingt balles furent vingt balles ! Aïe ! déchirure dans la nuit Le trente novembre Nuit sans aube au matin Aïe ! comme se mourait la nuit (bis) Caigué la crossa del poble Segaren l’alè de l’aire Vint bales foren vint bales ! Ai ! com moria la nit Elle est tombée la béquille du peuple Fauchée l’haleine de l’air Vingt balles furent vingt balles ! Aïe ! comme se mourait la nuit Malhaja qui no ho recorda Vint escorpís al seu pit Ai ! com sagnava la nit Ai ! com moria la nit ! Malheur à celui qui l’a oublié Vingt scorpions sur la poitrine Aïe ! comme elle saignait la nuit Aïe ! comme se mourait la nuit ! Vint bales foren vint bales Ai ! quan trencava la nit Vingt balles furent vingt balles Aïe ! déchirure dans la nuit 6 - Cami de la fabrica (Josep Marimon - Teresa Rebull) Encara duies a les calces La baldufa i el mandró El rebutxi de cartó I aquella truca de marbre L’alba ja no era teva I res sabies encara Del deler d’una alba nova Del deler d’una alba nova. Tot era un prémer de mans Pel teu ofici d’home La tan suau de la mare Tot allisant-te els cabells Perquè les volves de llana Et trobessin clenxinat I la tan aspre del pare Conduint-te carrer avall Vers el portal que engolia Entre fileres d’ombra Les teves i les altres mans. -7- 7 - Camp del Besós (Teresa Rebull) Champ du Besós Ciel balafré de printemps Champ blessé par la laideur Sillons et monceaux de terre sèche Nuages âpres de poussière Cel nafrat de primavera Camp ferit per la lletjor Solcats i munts de terra seca Núvols aspres de la pols. Un grouillement d’usines De misère et cheminées Crachant fumées et sueurs Puanteurs que le ciel aspire Escampalls de fàbriques De misèria i xemeneies Esputant fum i suor Pudentor que xucla el cel. Plage et mer de deuil et de douleur Fagots de bois pourri Ordures et rouille Embruns d’immondices sur la grève Platja i marde dol i fel Feixos de fusta podrida Escombraries i rovell Sorra ambrunes d’inmundicia. Mer gluante et noire Gonflée de résidus Laisse à la gorge un goût de graisse Sur le sable, la morsure des cadavres Mar lliscosa (llefiscosa) i negra De residus inflada Deixa gust de greix al coll Ona, amb mos de cadàver. Fumée et poussière cachent le soleil Dans un silence de rage Il y résonne encore les larmes D’un coup de feu perdu dans l’aube Fum i pols amaguen el sol Dintre un silenci de ràbia Hi retruny encara el plor D’un esclat perdut a l’alba. Et sang d’un ouvrier Champ du Besós Champ de la mort I sang del treballador, Camp del Besós Camp de la mort 8 - L’agressio (Teresa Rebull) L’agression Han entrat a casa teva Quatre homes d’aire normal Ni tant sols t’han dit qui eren Sens mostrar placa oficial. Ils sont entrés dans ta maison Quatre hommes d’apparence normale Sans annoncer leur nom Ni montrer un ordre officiel. Portaven una arma al puny A crits t’ordenaven : Alt ! “Treu les armes i els papers dona el nom dels teus companys”. Aux poings ils brandissaient une arme Et criant, t’ordonnaient : halte ! “ Sors les armes et les papiers donne le nom de tes camarades “ T’han ben regirat la casa Com un sobtat vendaval S’emportaren els teus llibres I a tu lligat de mans. Ils ont bien fouillé ta maison Tel une tempête soudaine, Ils ont emporté tes livres Et à toi, attaché les mains. No amb cordes ni cadenes Com va fer-se a Birmingham En el temps de la primera Revolució industrial. Mais pas avec des cordes ni des chaînes Comme l’on fit à Birmingham Lors de la première Révolution industrielle “Joa, joa” “Joa, joa” T’esperava un cotxe negre Ells darrere, tu davant, Que no cal pas uniforme Quan l’il-legal és lo legal. T’attendait une voiture noire Eux derrière, toi devant, Car l’uniforme n’est pas de règle Quand l’illégalité devient légale. El preu que avui es paga En nom del progrés social És l’agressió de l’home Aquest ordre humiliant. Le prix qu’aujourd’hui l’on paie Au nom du progrès social C’est l’agression de l’homme Cet ordre humiliant. Van robar-te tots els llibres La misèria t’han deixat Els bongos de les festes, I la droga del carnaval. Ils ont volé tes livres T’ont laissé la misère Les bongos de la fête Et la drogue du carnaval. “Joa, joa… joa” “Joa, joa… joa” -8- 9 - Primer de Maig 1976 (Teresa Rebull) Premier Mai 1976 El sol de la Rambla, Aquell primer de Maig Sense flors a les parades Sense ocells ni cant. Le soleil sur la Rambla Ce premier jour de Mai Sans fleurs aux étalages Sans oiseaux, ni chants Jo me la mirava Aquella espiga alta, Valenta i ben plantada Estesa sobre l’asfalt. Je la regardais Cette fille svelte Courageuse et bien plantée Gisant sur l’asphalte La gent caminava Amunt i avall La gent corria Amunt i avall. Les gens marchaient D’un bout à l’autre Les gens couraient De haut en bas. Jo me’l mirava Aquell xicot ardent Pell llisa espardenya blanca Sota cops de mala rel. Je le regardais Ce garçon ardent Peau lisse espadrilles blanches Sous les coups de la haine. Jo me’l mirava Aquell obrer irat Amb la raó als llavis El puny ben aprestat. Je le regardais cet ouvrier révolté la vérité aux lèvres le poing serré La gent caminava… Les gens marchaient… Cuixes rodones De noies airoses Com una tramuntana D’ocells de pau. Cuisses rondes de filles gracieuses comme une tramontane d’oiseaux de paix. Cabells al vent Espesses barbes Entre els “ jeeps “ I trabucaires. Cheveux au vent Barbes fournies entre les jeeps et les matraques Per la Rambla bonys i sang ! Sur la Rambla, bosses et sang ! La gent caminava… Les gens marchaient… Eixugueu les llàgrimes companys de primavera ! Dies de sol i festa un dia seran. Essuyez vos larmes compagnons de printemps ! Heures de soleil et de fête un jour viendront. La gent caminava… 10 - Jo sé que un dia Les gens marchaient… (Teresa Rebull) Jo sé que un dia Ens trobarem tu i jo Potser pel teu riure Potser pel meu plor Je sais qu’un jour… Je sais qu’un jour Nous nous retrouverons toi et moi Peut être pour ton rire Peut être pour mes pleurs O l’escapadís gest ! D’un mot llançat al vent Del teu cos del meu cor El teu bes sobre el meu. Oh, le geste farouche D’un mot lancé au vent De ton corps de mon cœur Ton baiser sur le mien Jo sé que un dia Ens trobarem tu i jo Nets d’hipocresia Vençuda per l’amor Je sais qu’un jour Nous nous retrouverons toi et moi Sans hypocrisie Vaincue par l’amour Jo sé que un dia El teu riure, el meu plor Del teu cos del meu cor Ens trobaren tu i jo. Je sais qu’un jour Ton rire, mes pleurs De ton corps de mon cœur Nous nous retrouverons toi et moi. -9- 11 - Companys (Josep Marimon - Teresa Rebull) Compagnons Compagnons, de derrière les barreaux Condamnés à tant d’années et un jour Si aujourd’hui nous sommes tous dans la cour Ne disons à personne, Que dans les rangs il y a une absence Le plus ancien reste au cachot Il a de quoi faire pour la journée Il doit dessiner sur le mur Une maisonnette avec fenêtres, Un portail de bois vieilli Et une cheminée fumante. Un chemin tout droit vers son foyer Avec un arbre de chaque côté, Un bassin d’eau avec deux oies, Un chien ressemblant à un mouton Et au premier plan un garçon Avec les mains toutes grandes ouvertes. Compagnons, compagnons Condamnés à tant d’années et un jour Companys, de reixes endins Companys, de tants anys i un dia Si avui no som tots en el pati No hem de dir a ningú Que en falta un en el rengle. El més vell resta a la cel-la Amb tasca per la jornada Ha de dibuixar en el mur Una caseta amb finestres Un portal rom de cairons I xemeneia amb bufanda Un camí dret a la casa Amb un arbre a cada banda Un bassal amb dues oques Un ca que sembli un moltó I a primer terme un minyó Amb les mans del tot obertes. Companys, companys Companys, de tants anys i un dia 12 - Perqué has vingut (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Parce que tu es venu Perquè has vingut han florit els lilàs I han dit llur joia Envejosa A les roses : Mireu la noia que us guanya a l’esclat, Bella i pubilla, i és bruna de rostre. Parce que tu es venu, les lilas ont fleuri Et ils ont dit leur joie Envieuse Aux roses : Regardez la fille dont l’éclat vous fascine Belle et unique, elle est brune de visage De tant que és jove enamora el seu pas Qui no la sap quan la veu s’enamora. Elle est si jeune que tout s’éprend sur son passage Qui ne la connaît en la voyant s’enamoure Perquè has vingut ara torno a estimar : Diré el teu nom I el cantarà l’alosa. Parce que tu es venu, je recommence à aimer : Je dirai ton nom Et l’alouette le chantera. (sous entendu : le printemps est venu) 13 - Mestier d’amor (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Si en saps el plaer no estalviis el bes Que el goig d’amar no comporta mesura. Deixa’t besar, i tu besa després Que és sempre als llavis que l’amor perdura. No besis, no, com l’esclau o el creient, Mes com vianant a la font regalada. Deixa’t besar -sacrifici ferventCom més roent, més fidel la besada. Qué hauries fet si mories abans ? Sense altre goig que l’oreig en ta galta ? Deixa’t besar, en el pit, a les mans, Amant o amada la copa ben alta. Quan besis beu, curi el veire el temor : Besa al coll, la més bella contrada. Deixa’t besar i si et quedava anyor Besa de nou, que la vida és comptada. Qué hauries fet si mories abans ? Sense altre goig que l’oreig en ta galta ? Deixa’t besar, en el pit, a les mans, Amant o amada la copa ben alta. Métier d’amour Puisque tu en sais le goût, n’épargne pas le baiser Car la joie d’aimer ne soufre pas de mesure Reçois le baiser, et toi embrasse après Car c’est toujours aux lèvres que l’amour perdure N’embrasse pas non, comme l’esclave ou le dévot, Mais comme le passant à la fontaine délicieuse. Laisse toi embrasser, sacrifice ardent Plus brûlant est le baiser plus fidèle est l’étreinte Qu’aurais tu fait si tu mourais avant Sans autre fruit que la brise sur ta joue ? Laisse toi embrasser, et sur le sein, aux mains, Aimé ou aimée la coupe bien haute Bois en embrassant, que le verre apaise la crainte : Embrasse dans le cou, la plus belle contrée Laisse toi embrasser et s’il te restait le désir Embrasse encore, car le vie est comptée. Qu’aurais tu fait si tu mourais avant Sans autre fruit que la brise sur ta joue, Laisse toi embrasser, et sur le sein, aux mains, Aimé ou aimée la coupe bien haute - 10 - 14 - Si la despullava (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Si je la dénudais Si je la dénudais, oh mon amour ! Un bouton qui tombait, déjà me réjouissait D’abord le corsage et la ceinture toute prête, Miel-rosé et frais Venait la poitrine : Au cœur du bouquet des œillets rouge sang Si la despullava, oh, la meva amor ! Un botó que queia, ja em donava goig Era la bruseta i el cinyell tot prés Mel rosada i fresca La sina després : Al mig de la toia clavellets vermells (bis) 15 - Mocador d’olor (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Mouchoir odorant Mocador d’olor Que la seva sina Li acostava al cor : Com que et sap l’enyor I et sap la pell fina Tremola d’amor. Mouchoir odorant Qui par sa poitrine Lui arrivait au cœur : Connaissant ton désir Et sachant ta peau fine Il tremble d’amour Mocador d’olor Fragant tarongina, Com li bat el cor ! Mouchoir odorant Capiteuse fleur d’oranger Si fort bat son cœur ! 16 - Epitelamic filme (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) (Les nuits de noces ou l’initiation) La boca a la boca I la parpella closa El finestró també, I aquella sina d’ella Com de vellut de seda I l’omelic amant Amb l’omelic fragant I aquell plor primer Sota l’ombra del sostre ! Feu-vos coixins ben flonjos Per la lluna de mel Le bouche à la bouche Et la paupière close Les volets aussi Et cette poitrine d’elle De velours de soie Et l’ombilic amoureux Avec l’ombilic d’arôme (parfumé) Et ces pleurs de la première fois A l’ombre du toit Faites-vous bien moelleux, coussins, Pour la lune de miel. 17 - Visca l’amor (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Visca l’amor Que m’ha donat l’amiga Fresca i polida Com un maig content ! Visca l’amor, l’he cridada i venia Tota era blanca com un glop de llet. Vive l’amour Vive l’amour que m’a donné l’amie Fraîche et brillante comme un mai joyeux Visca l’amor Que ella també es delia Visca l’amor La volia i l’he pres. Vive l’amour, je l’ai appelée, elle est venue, toute entière aussi blanche qu’une gorgée de lait Vive l’amour elle aussi s’abandonnait, Vive l’amour je la voulais et je l’ai prise. Teresa Rebull Pedro Soler (assis) - 11 - 18 - Mentre la roba s’eixamora (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Pendant que le linge sèche Mentre la roba s’eixamora i vola I tot reposa dins la sesta al sol, Vina manyaga on s’escau la pomera, Menjarem pomes I ens direm l’amor L’amor que ens deiem L’amor que ens diriem Ai, que et quedava el senyal i tot Pendant que le linge sèche et vole Et que tout repose dans la sieste au soleil Viens, ma mie, où se plaît le pommier, Nous croquerons des pommes Et nous nous dirons l’amour. L’amour que nous nous disions L’amour que nous nous dirions Ah ! que tu en gardais même les marques. 19 - Arquer d’amor (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Si et veia la sina Veia dos fitons ; Oh, deixa’M. amiga, Que provi el meu pols Archer d’amour Quand je vois ta poitrine Je vois deux cibles, Oh ! laisse moi faire amie Laisse moi mesurer mon doigté. Si un pit et sagnava, Beuria la sang ; Si et sagnava l’altre, Amb les dues mans. Si un de tes seins saignait Je boirais ton sang Et si l’autre saignait J’irais à deux mains Obre ben bé els braços I acluca bé els ulls : Si la carn no es bada La vida s’esmuny. Ouvre tout grand les bras Et ferme bien tes yeux, Si la chair ne s’offre elle cesse de vivre. Quan sentis ma boca Aguanta l’alè T’estremiràs tota I és quan jo et prendré. Quand tu sentiras ma bouche Retiens mon souffle Tu frémiras toute Et c’est alors que je te prendrai Amiga, la vida És una cançó. Jo canto ta sina, Arqueret d’amor. Amie, la vie Est une chanson. Je chante ta poitrine Petit archer d’amour. 20 - Sota el meu llavi (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Sota el meu llavi el seu Com el foc i la brasa, La seda dels seus rulls Com el pecat més dolç I l’espatlla ben nua Ben blanca L’ombra corba incitant De l’esguard Encara un bes, un altre, un altre Quin perfum de magnòlia El seu pit odorant ! Sous ma lèvre Sous ma lèvre la sienne, Ainsi que le feu et la braise, La soie de ses boucles Comme le péché le plus doux Et l’épaule bien nue Bien blanche L’ombre courbe incitante Du regard Encore un baiser, un autre, un autre Quel parfum de magnolia Son sein odorant ! - 12 - Remise du Grand Prix de l’Académie Charles Cros 1979 pour l’enregistrement de Mestier d’Amor (J. Salvat Papasseit) 21 - La casa que vull (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) La maison que je veux La casa que vull, Que la mar la vegi I uns arbres amb fruit Que me la festegin. La maison que je veux Que la mer la voie Et que les arbres féconds Me la courtisent Que hi dugui un camí Lluent de rosada, No molt lluny dels pins Que la pluja amainen. Qu’y conduise un chemin Scintillant de rosée, Non loin des pins Qui font cesser la pluie Per si em cal repos Que la lluna hi vingui ; I quan surti el sol El bon dia em digui. Aux heures de repos Que la lune y vienne Et quand surgit le soleil Qu’il me donne le bonjour Que al temps de l’estiu Niui l’orenella Al blanc de calç ric Del porxo amb abelles. Qu’au temps de l’été Niche l’hirondelle Sur le blanc de chaux vive Du porche plein d’abeilles. Oint la cançó Del pagés que cava, Amb la salabror De la marinada. Que lui parvienne la chanson Du paysan qui bêche, Avec le goût de sel De la brise marine. Que es guaiti ciutat Des de la finestra, I es sentin els clams De guerra o de festa : Per ser-hi tot prest Si arriba una gesta. Que l’on perçoive la ville Depuis la fenêtre, Et que l’on entende les clameurs De guerre ou de fête : Pour y être prêt Si survient un fait d’arme. 22 - Somni (Joan Salvat Papasseit - Teresa Rebull) Guardeu la terra els pagesos germans Guardeu – beseu – la amb dalit, Pam a pam Ara amb vosaltres marins i gojats Per Catalunya, els vaixells salparan Guardeu la terra els pagesos germans De cara al món altra volta, i firam ! Les gestes nostres no temen la mar Qui duu senyera els dolfins li fan pas. Per Catalunya un bell nom voleiant De cara al món altra volta, i firam ! Fornits atletes, a proa s’hi cap, Deixeu l’Estadi pels fadrins que es fan. Preneu els estris de viure en combat Per Catalunya : una passa endavant ! Fornits atletes a proa s’hi cap. Vosaltres, dones, heroiques com mai, Sigueu valentes que l’empresa és gran : Les nostres filles que aprenguin l’afany, Per Catalunya reseu català Vosaltres, dones, heroiques com mai. Rêve Gardez la terre, paysans mes frères Gardez-la, embrassez la avec désir, Morceau par morceau Avec vous marins et courageux Pour la Catalogne les bateaux s’élanceront Gardez la terre paysans mes frères A nouveau, face au monde, en avant ! Nos exploits ne craignent pas la mer À celui qui porte le drapeau, les dauphins ouvrent le pas Pour la catalogne le beau nom s’envole À nouveau face au monde, en avant ! Puissants athlètes à la proue il y a de la place, Laissez le stade aux garçons qui grandissent Prenez les outils nécessaires au combat Pour la Catalogne un pas en avant ! Puissants athlètes, à la proue il y a de la place. Vous, les femmes, héroïques comme jamais Soyez courageuses car l’entreprise est grande Enseignez à vos filles à être vaillantes Pour la Catalogne priez en catalan Vous les femmes héroïques comme jamais. - 13 - CD 2 Mon pays 1 - El meu pais (Marti I Pol - Teresa Rebull) Toutes les années que j’ai dû vivre Éloigne de mon pays Ce fut une nuit noire Un chemin rempli d’angoisse Tots els anys que he hagut de viure Allunyat del meu país Ha estat una nit fosca Un camí ple de neguit Je pense à tout ce que j’ai laissé Derrière moi quand je suis parti Et les yeux remplis d’espoir Je reviens encore à mon pays Penso en tot allò que enrere Vaig deixar quan vaig partir I amb els ulls de l’esperança Torno encara al meu país. Je n’aime rien comme la douceur Du ciel bleu de mon pays J’en suis loin à présent mais J’y pense le jour et la nuit No estimo res com la dolcesa Del cel blau del meu país Ara en sóc lluny pero me’n recordo Dia i nit Si un jour j’y reviens, le vent qui me recevra Effacera toutes mes craintes. Et j’oublierai les années vécues Si seul et si triste Si un dia hi torno el vent que em rebi Esborrarà tots els neguits I oblidaré els anys que he viscut Tant sol i trist Il n’y a rien qui ne me rappelle Chaque instant, mon pays Tout me fait penser aux jours Où j’y vécus si heureux No hi ha res que no em recordi Cada instant el meu país Tot em fa pensar en els dies Que hi vaig viure tant feliç Quand je marche le vent m’apporte Des voix que le temps n’a pas flétries, Si je m’endors, ce dont je rêve Est toujours mon pays. Quan camino el vent em porta Veus que el temps no ha pas marcit Si m’adormo el que somio És només del meu país Je n’aime rien comme la douceur… No estimo res com la dolcesa… Avant que la mort n’arrive Je veux retourner à mon pays Fouler le sol de la terre amie Marcher sur les vieux chemins Abans que la mort m’arribi Vull tornar al meu país Trepitjar la terra amiga, Caminar per vells camins Je veux écouter les voix que j’aime Je veux pleurer pour mes vieux amis Et mourir quand arrivera l’heure Sous le ciel de mon pays Vull sentir les veus que estimo, Vull plorar pels vells amics I morir quan sigui l’hora Sota el cel del meu pais Je n’aime rien comme la douceur Du ciel bleu de mon pays ! No estimo res com la dolcesa Del cel blau del meu país ! 2 - Un dia viuvre (Gérard Salgas - Teresa Rebull) Un dia viuré més enllà de l’embranzida L’espai incert de l’oblit, No portaré l’empremta pesada del granit Ni el ceptre gravat Vorejaré la pal. lidesa del estanys I els remors encalmades d’antigues tebiors Vida sense ales ni mirall Al ras llis de les aigües Amb brogits entreposats Com és el temps que fa llanguir ? Com és l’espessor del nom Que ja no arriba a travessar la nit ? Viuré el llast ignorant el solc de les carenes M’endinsaré dintre els camps de les fredors Acolliré la blancor dels vents Que abandona la tempesta L’ànima rodolarà com inútil fruit sec Viuré en fi la claror nevada de les fulles Saludaré l’esplendor del vent I la llum d’on brolla tota vida L’esclat de vidre trencat i l’amor Cantarà la bravada dels migdies Puig cada ona, com l’ànima reneix Dintre el blau esperat d’un naufragi Un jour, j’habiterai… J’habiterai un jour, par delà les élans, Les zones indécises de l’oubli Je ne porterai plus l’empreinte pesante du granit Ni le sceptre gravé Je longerai la pâleur des étangs Et les bruits assoupis des anciennes tiédeurs. C’est une vie sans aile ni miroir, Au plat niveau des eaux Aux murmures entreposés. Quel est ce temps qui fait langueur… Quel nom épais ne parvient plus À traverser la nuit… J’habiterai les sables, ignorant le sillon des carènes. J’entrerai dans le champ des froideurs J’accueillerai la blancheur des vents Que l’orage abandonne. L’âme tombera comme un fruit inutile. J’habiterai enfin l’enneigeante clarté des feuilles Je saluerai la splendeur du vent Et la lampe d’où surgit toute vie L’éclat de verre brisé et l’amour La bouffée des midis chantera. Car chaque vague, comme l’âme renaît Dans le bleu attendu d’un naufrage. - 14 - 3 - Aquesta Lluna (Teresa Rebull) Cette lune Aquesta lluna tan blanca Coronada d’un vel suau Porta secrets en sa falda - davantal tivat i blau Me la miro amb ulls d’ombra Que la nit em va guixant Si li parlo no m’escolta El meu terrat no és prou alt. Cette lune si blanche Couronnée d’un voile si fin Garde des secrets sous ses jupons Tablier lisse et bleu Je la regarde avec des yeux d’ombre Que me dessine la nuit Si je lui parle, elle ne m’écoute pas Mon balcon n’est pas assez haut Em segueix amb sa lluor I una nit trista i deserta Fent-me mofes de fredor Perquè estic sola i ho està ella. Si en canta una cançó Que s’escolta a cau d’orella Jo no en sento gens el só L’han recollida les estrelles Elle me suit avec sa lueur Par une nuit triste et déserte Elle se moque de moi avec froideur Parce que je suis seule autant qu’elle. Si elle chante une chanson, Qui s’écoute au creux de l’oreille Je n’en aperçois pas le son Car les étoiles me l’ont dérobé. Aquesta lluna tan blanca Ja no em parla del que veu Li han sortit tascas al rostre I encara l’envejo, vegeu ! 4 - Camí dins l’argilada (Francesc Catala - Teresa Rebull) Cette lune si blanche Ne me parle plus de ce quelle voit Son visage est rempli de tâches Et je l’envie, pourtant ! Tallant el cor de l’argilada Sagna el llavi del camí vell Com una ferida badada En sa carn de tiure vermell. Taillée au cœur de l’argile Saigne la lèvre du vieux chemin Comme une plaie ouverte Dans sa chair de terre rouge Vena seca on un xic de vida De tant en tant se’n ve a passar Seguint l’antiga balancida D’un feix d’alfa pel bestiar. Veine sèche où un peu de vie De temps à autre vient à passer Suivant l’antique balancement D’un faix de trèfle pour le bétail S’ou a vegades una burra Que baixa garbes del serrat Picant sobre la terra dura El cansament d’un pas trencat. On entend parfois une ânesse Descendant des gerbes de la colline Heurtant la terre dure de la fatigue d’un pas cassé El foc de l’estiu es replega En el cau del camí desert Només llavors s’hi arrossega La pols mandrosa d’un lluert. Le feu de l’été se replie Au creux du chemin désert Alors s’y traîne seule La poussière paresseuse d’un lézard vert L’hivern, les urpes de la pluja Desencarnen son cos leprós I els camps hi escupen l’aigua roja Tornant-lo córrec furiós. L’hiver, les serres de la pluie Décharnent son corps lépreux Et les champs crachant leur eau rouge En font un torrent furieux El camí vell de l’argilada Obre la terra fins al moll Rastre d’una ganivetada En la crosta horre del rostoll. Le vieux chemin dans l’argile Ouvre la terre jusqu’à la moelle Marque un coup de couteau Dans la croûte rêche (rêche) des chaumes 5 - El Rei de Vedrinyans (J. Pere Cerda - Teresa Rebull) El Rei de Vedrinyans Es rei de sa pobresa La reina al seu costat Tremola com la branca Que penja del pollano. El seu fill és carter Dins París la gran vila No coneix els llaurats On sangueja l’argila Que es pasta com el blat Llaura terra cerdana El capot trossejat D’un estol de pedaços Et fa semblar a la plana Amb sos quadrats de blat No té el seu cos blegat A seguir el pas l’arada Fusta de pi als esclops I el ceptre d’agullada Empunyat per la mà. I la reina cabdella En el llumet de foc Les madeixes burelles D’un petit escamot Que a l’establia bela. El Rei de Vedrinyans Es rei de sa pobresa La reina tremolant Sembla una branca seca Que penja del fullam. - 15 - Le roi de Vedrinyans Le roi de Vedrinyans Est roi de sa pauvreté La reine à ses côtés Tremble comme un rameau Pendu au peuplier Leur fils est facteur Dedans Paris la grand ville ; Il ne foule pas les labours Où saigne l’argile Qui se pétrit comme le blé. Il laboure la terre cerdane Avec sa capote morcelée D’un régiment de pièces Il ressemble à la plaine Et ses carrés de blé Son corps n’est pas courbé De suivre la charrue De porter le pin aux sabots Et de brandir au poing Le sceptre de l’aiguillon. Et la reine fille A la lueur du feu Les écheveaux de laine brute Du petit troupeau Qui bêle à l’étable. Le roi de Vedrinyans Est roi de sa pauvreté La reine tremblante Semble une branche sèche Pendue au peuplier. 6 - El que m’agrada de l’aigua (J. Pere Cerda - Teresa Rebull) Ce qui me plaît de l’eau El que m’agrada de l’aigua És que totes coses veu Les mira i les enmiralla Té l’esguard com un parany On van caient les imatges I se les emporta avall. Ce qui me plaît de l’eau C’est qu’elle voit toutes choses Elle les regarde et les réfléchit Son regard est comme un piège Où tombent les images Et elle les emporte El que m’estranya de l’aigua Que segueix corrent avall És que per dintre la terra Pot pujar fins dalt del cau On sura la font novella En el rocadís més alt. Ce qui m’étonne de l’eau Qui court et court C’est que dans la terre Elle peut monter jusqu’au creux Où flotte la source nouvelle Dans la haute rocaille. El que m’agrada de l’aigua Dins la pica de la font És que en cada gota S’hi quedi tancat el món. Ce qui me plaît de l’eau Dans le bassin de la fontaine C’est qu’en une seule goutte Se referme le monde. Quin buit tan gran deixa en plaça El cel enter que hi fa un tomb Quel grand vide laisse en place Le ciel tout entier qui l’entoure ! 7 - Llaurador que Llaures (J. Sebastià Pons - Teresa Rebull) Laboureur, toi qui laboures Rosa colorada, la rosa a la mà Mes ai, que a la tarde ja se amoixarà ! Llaurador que llaures, quin enyorament ! S’esfulla la rosa amb el sol i el vent. Rose pourprée, la rose à la main Mais las, dès le soir elle se flétrira ! Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur ! La rose s’effeuille au soleil et au vent. L’amor bé m’enganya quan feia un somris Com el vent de l’horta, es esfulladis Llaurador que llaures, quin enyorament ! Més bona és la terra que dona el forment ! Certes l’amour me trompe avec son sourire Tel le vent du jardin il s’éparpille Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur ! La meilleure terre donne le froment. D’on me naixiries, oh ! la meva amor, Fossis rica i plena com l’espiga d’or ! Llaurador que llaures, quin enyorament ? D’on me naixiries, l’amor somrient ? D’où me viendrais-tu, oh mon amour, Si tu étais riche et pleine comme l’épi d’or ! Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur ! D’où me viendrais tu amour souriant ? Passant la muntanya, hom davalla al pla. Porprada és la rosa a tot l’Empordà Llaurador que llaures, quin enyorament ! Mes ai, com s’esfulla la flor del jovent ! Passé la montagne, on dévale dans la plaine Elle est de pourpre, la rose d’Empordà Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur ! Mais las, comme s’effeuille la fleur du jeune Ocell pidolaire, va a la caritat Portant la tristesa d’un ram esfullat Llaurador que llaures, quin enyorament ! Alçà l’agullada, deixa córrer el vent. Oiseau mendiant, va chercher la charité En portant la tristesse d’un rameau effeuillé Laboureur, toi qui laboures, quelle langueur ! Lève l’aiguillon, laisse courir le vent. - 16 - 8 - Pluja (J. Sebastià Pons - Teresa Rebull) Mare, mentres ploineja M’estic sola a m’enyorar. Pluie Ma mère, alors qu’il pleut Je suis seule et je m’ennuie. M’estic sola a la finestra Mare meva, per plorar Je suis seule à la fenêtre Ma mère pour pleurer Un misteri gris rodeja La pineda i el penyatar. Un mystère gris rôde autour De la pinède et des rochers El còrrec fressós se’n baixa I la llebre passa el blat. Le torrent dévale en bruissant Et le lièvre passe les blés Ara hom veu entre les fulles La reineta verdejar On peut voir entre les feuilles La reinette verdoyer Diuen que ixen de les coves Encantades a ballar Les fées sortent, dit-on des grottes Pour danser Teixiran alguna dansa Silenciosa, cap al tard Elles tisseront quelque danse Silencieuse, vers le soir. 9 - Dona d’aigua (J. Sebastià Pons - Teresa Rebull) Femme d’eau Clar de lluna en l’alta nit La dona d’aigua que ha eixit Amb ses fines estisores, Tot vagant ha repetit Paraules encisadores : “La ribera del Cadí, la que de vespre i matí va seguint la comalada, en tot salt fa resplendir una escuma platejada”. Clair de lune dans la haute nuit La femme d’eau venue Avec ses fins ciseaux A répété à l’envi Des paroles enchanteresses : La rivière du Cadí celle qui soir et matin va suivant le vallon en sautant, fait resplendir son écume argentée”. “A sa vora dormireu, vós, dels nostres cants l’hereu, i jo, vestida amb roselles coronada amb flocs de neu, us clucaré les parpelles”. “Auprès d’elle vous dormirez Vous l’héritier de nos chants Et moi, vêtue de coquelicots Couronnée de flocons de neige Je fermerai vos yeux”. “I per prova de l’amor, vos deixaré com record ma mirada d’esmaragda i les estisores d’or que perlegen dins ma falda”. “Et pour preuve d’amour Je vous laisserai en gage Mon regard d’émeraude Et les ciseaux d’or Qui luisent à mon giron”. Clar de lluna en l’alta nit La dona d’aigua que ha eixit Clair de lune dans la haute nuit La femme d’eau venue 10 - Jo per tu (J. Sebastià Pons - Teresa Rebull) Moi, pour toi Jo per tu vull cisellar Una copa, l’amor mia Moi, pour toi je veux ciseler Une coupe, oh mon amour. La voldría entrelliçar D’una rica pedreria, Com argenter català La dolça amor, obraria. Je la voudrais entrelacer D’une riche pierrerie Et comme un orfèvre catalan Douce amour, faire mon ouvrage. Fent una plat de blau turquí, Amb esmalt, oh l’amor mia, Seré potser mallorquí O moro de moreria. Al palau, el rei Martí, Si el vegés l’admiraria. Pour un plat d’émail D’un bleu turquoise, oh mon amour, Je serai peut-être majorquin Ou maure de barbarie. Si en son palais, le roi Martin Le voyait il l’admirerait. I el meu cor embalsamat, La dolça amor, l’amor mia, I el meu cor embalsamat, Com un ram de satalia, Dins la copa i dins el plat, Allavors s’esfullaria. Et mon cœur tout parfumé Douce amour, oh mon amour, Et mon cœur tout parfumé Comme un rameau d’églantier Dans la coupe et dans le plat S’effeuillerait alors. - 17 - 11 - L’oreneta (Joan Morer - Teresa Rebull) L’hirondelle Hirondelle de printemps Tu viens agrandir ma chanson Assoupie de tristesse Tant elle est de l’hiver prisonnière Oreneta de primavera Véns eixemplar meva cançó Que s’ensonyia de tristor Tan és de l’hivern presonera Hirondelle de printemps Souviens toi de ma chanson Quand mes yeux seront obscurs Dans l’hiver en toute saison Oreneta de primavera Recordaràs meva cançó Quan seran meus ulls de foscor Dins l’hivern en tota saó Pleurant le temps des cerises D’un coup d’aile ensorceleur Efface le ciel de ma douleur Hirondelle de printemps. Plorant el temps de les cireres D’un alateig encisador Esborra el cel de ma tristor Oreneta de primavera 12 - Amor de la marenda (Joan Morer - Teresa Rebull) Amour du bord de mer Miralls de la mirada Clares fonts de l’esguard La sal de les llàgrimes Les fa semblar al mar Miroirs des yeux Claires fontaines du regard Le sel des larmes Ressemblent à la mer Encís de la marenda Que fa més dens la sal Dels meus ulls i de l’aire Sota el cel, sota el sol Enchantement de la mer qui fait plus dense le sel de mes yeux et de l’air sous le ciel, sous le soleil. La sal sobre els meus llavis Per quin bes d’amargor Quan sobtosament savis Els teus em fan tristor. Le sel sur mes lèvres Pour le baiser amer Quand soudainement savants Les tiens font ma tristesse. De la platja als pendissos Vaig buscant mon amor Però per una escletxa Fuig la sang del meu cor De la plage aux montagnes Je cherche mon amour Mais par une fente Saigne mon cœur. De les vinyes pentjades Un regalim de mel Dins ma boca enfebrada Es barreja amb el fel Des vignes accrochées Un filet de miel Dans ma bouche en feu Se mélange avec le fiel. Perquè la meva aimada tant fonedissa es fa Que el vi d’embriaguesa Torna verí mortal És metzina mesclada Teu vi i meva sal Car ma bien aimée se fait invisible Et le vin qui m’enivre Devient vin mortel C’est poison ensemble Ton vin, mon sel. - 18 - 13 - Paral-lels (Joan Morer - Teresa Rebull) Les plis du vent Et les replis de la vague Sont comme ma robe Et mon angoisse. Les cris du vent Et le bruit de la mer Sont mon propre chant Le même soupir. La fin du vent Et la mer apaisée Sont ma propre mort La même fin. Le même destin Et la mer apaisée Sont ma propre mort Le même destin La même fin. Els plecs del vent I els replecs de l’ona Son el meu mateix vestit El mateix neguit Els crits del vent I el soroll del mar Son el meu mateix cant El mateix sospir La fi del vent I la mar aplanada Son el meu mateix morir La mateixa fi El mateix desti I la mar aplanada Son el meu mateix morir El mateix desti La mateixa fi 14 - Poble Perdut (Simone Gay - Teresa Rebull) Bon camí via segura Els vells feren l’enllosat Ho creuria, sols perdura Per l’amor que hi han posat (bis) El camí de pagesia Ara envolta la masia Dona pas al camp i al prat Bon chemin, voie sûre. Les vieux en ont fait le pavage Je croirais bien qu’il ne dure encore Que par l’amour qu’ils y ont mis (bis) Le chemin du paysan Entoure maintenant le mas Donne accès au champ et au pré. Camí vell on se destrena Una vida de treball Avui goig, i demà pena El camí ajunta les valls (bis) Quan les valls són avorrides I seguint tots els comalls Va cercant perdudes vides Vieux chemin où se défait La tresse d’une vie de labeurs, Aujourd’hui la joie et demain la peine : Le chemin joint les vallées (bis) Quand les vallées se sont tues, Et suivant tous les ravins Il cherche des vies perdues. Sols l’arbreda l’acompanya Pintant l’ombra i son vellut Puja al cim de la muntanya On s’estén la solitud De la terra abandonada El repic que fa el cucut N’assabenta la contrada Seul le bosquet l’accompagne, Il peint l’ombre et son velours ; Grimpe en haut de la montagne Où s’étend la solitude De la terre abandonnée ; Le rappel que fait le coucou En informe la contrée El camí se descabdella En un vilatge enrunat Guarda oberta la parpella Del cloquer dalt del serrat (bis) En rodona capelleta Un tresor haurà servat La garbera més ben feta Dels que foren camps de blat (bis). Le chemin se déroule. Dans un village ruiné Reste ouverte la paupière Du clocher sur la crête (bis) En ronde chapelle, Il aura gardé un trésor, La javelle la mieux faite De ce qui fut un champ de blé (bis). en famille… - 19 - 15 - El seu nom et diré (Joan Morer - Teresa Rebull) Je te dirai son nom J’ai en moi une chose précieuse Qui n’a ni corps ni voix J’ai en moi la beauté d’un amour Frais comme une source Son nom je te le dirai… ! Je vis en grand retrait pour une étrange amie Avec fièvre, faim et soif Je vis en grand retrait dehors croît l’épi Dans des étroites prisons Son nom je te le dirai… ! Je défie la mort Pour cette compagne qu’ignore mon malheur Je défie la mort ! Et dans mes entrailles se renforce l’amour Son nom je te le dirai… ! Je l’ai en moi malgré des chaînes lourdes Qui m’en séparent Je l’ai en moi malgré la misère et la peine D’un monde sacrifié Son nom tu le devines ! Son nom : liberté. Jo porto a dintre meu una cosa preciosa Que no té cos ni veu Jo porto a dintre meu un amor tant xamosa Fresca com una deu El seu nom et diré… ! Jo visc en gran destret per una estranya amiga Amb fevre fam i set Jo visc en gran destret de fora creix l’espiga Lluny dels carcers estrets El seu nom et diré… ! Desafio la mort Per aquesta companya que no sap ma disort Desafio la mort ! Sentint dins les entranyes reforçar-se l’amor El seu nom et diré… ! La porto endins malgrat carregoses cadenes Que m’en fan separar La porto endins malgrat la miséria i la pena D’un món sacrificat El seu nom l’endevines ! El seu nom : llibertat. 16 - Un infant (Teresa Rebull - Thierry Parcé) Un infant canta amb el sol Una estel escalfa el seu cor Un infant dolç carmeu, Un amor, dolç amor De l’amor Un enfant Un enfant chante avec le soleil Une étoile réchauffe son cœur Un enfant tendre cœur Un amour, tendre amour, De l’amour. Un enfant parle aux oiseaux Un enfant pleure et rie tout seul Un enfant, tendre cœur Un amour, tendre amour, De l’amour. Un infant parla amb els ocells Un infant plora i riu tot sol Un infant dolç carmeu Un amor, dolç amor, De l’amor. Toi qui danse avec la lune Courant libre vers la mer Avec ton doux sourire Et une larme cachée… Tu que danses amb la lluna Corrent, lliure cap al mar Amb ton dolç somriure I un plor amagat. Un enfant dans un monde cloîtré Un enfant se perd dans un bois D’innocence et de désir Sent battre son cœur, son corps. Les étoiles te contemplent Les chants d’oiseau te festoient Et tes yeux brillent avec les mots d’amour. Un infant dintre el món reclús Un infant es perd dintre un bosc D’inocència i desig Sent batecs al seu cor, al seu cos Els estels et contemplen Els cants d’ocells et festegen I els teus ulls brillen amb els mots d’amor ! Un enfant a le soleil au cœur Un enfant chante et rit tout seul Un enfant, tendre enfant Un amour, tendre amour De l’amour. Un infant té el sol al cor Un infant canta i riu tot sol Un infant, dolç infant Un amor, dolç amor De l’amor. Tu t’endors toujours avec un sourire Sans mensonges ni égoïsmes Sans deuils à ton cœur Ainsi tu es fils… T’adorms sempre amb un somriure Sense enganys ni egoismes Sense dols al teu cor, Així, ets tu fill. Un enfant, tendre enfant Un amour, tendre amour De l’amour. Un infant, dolç infant Un amor, dolç amor De l’amor. - 20 - 17 - Angélina (Teresa Rebull) Je me souviens de tes yeux Angélina, Comme une lueur d’étoiles Je me souviens de ton rire Angélina, Comme les oiseaux Je me souviens de ta peau, Angélina Comme la gelée du miel Si transparente et pure Angélina Comme la soie du ciel Je me souviens de la douceur Angélina Laissée sur ma poitrine Te berçant avec la joie D’un autonome prolongé. Sois Angélina Aube d’amour et d’espoir. Recordo els teus ulls Angélina Com estels de llum ; Recordo el teu riure Angélina Com un vol d’ocells ; Recordo ta pell Angélina Com bresca de mel Tant pura i tant fina Angélina Com la seda del cel ; Recordo la tebior Angélina Que em deixares al pit, Bressolan-te amb l’alegria D’una tardor sense fi. Sigues tu Angélina Alba d’amor i d’encís. 18 - Gelosia (Rosa Leveroni - Teresa Rebull) Aquelles albes amor En que els somnis et florien Amb rostres inconeguts Ai ! quina lleu gelosia Aquelles terres 1er mars Que tu tant sols coneixies Aquells ignorats camins Ai ! quina greu gelosia Aquell amor sobirà Que se’t enduia la vida I jo per tu no era res, Ai !, quina ardent gelosia Em pren la calma dels camps Quan l’hora esdevé rogenca I la quietut del mar Quan els vents dormen la sesta I mentre vola l’ocell L’ànima esdevé lleugera Saber-te lluny sense dol Em fa resso de miracle Ara, però veig el món Amb la claror que m’encanta De tenir-te dintre meu Que fa que no em cal pensar-te Ces aubes là amour Où fleurissaient les rêves En des images inconnues Ah, quelle légère jalousie Ces terres et ces mers là Que seul tu connaissais. Ces chemins ignorés Ah, quelle grave jalousie Cet amour souverain Qui emportait ta vie Et pour toi je n’étais rien Ah, quelle ardente jalousie Le calme des champs me prend Quand l’heure devient rougeâtre Et la quiétude de la mer A l’heure paisible des vents Pendant que vole l’oiseau L’âme devient légère Te savoir loin de moi sans deuil M’éclaire comme un prodige Maintenant je vois le monde Avec une lumière qui m’enchante Te savoir en moi, Jusqu’à ne plus penser à toi. En concert avec Pedro Soler à Banyuls sur Mer 15 septembre 1995 - 21 - 19 - Absencia (Rosa Leveroni - Teresa Rebull) Rose brûlante de désir Tu me blesses les lèvres Je suis si loin de l’amant Je n’ai que la mer pour compagne Elle seule me sourit Bien blottie dans la cale (bis) Les étoiles me souriant Et la lune toute blanche Le clocher émergeant Et la voile bien gonflée La mouette en plein vol Le poisson s’échappant du filet Rose brûlante de désir Tu me blesses les lèvres Je suis si loin de l’amant En moi plus rien ne chante Passent les heures amour Constellées de regrets Te savoir loin de moi Et de ton étreinte Tu m’as laissé si seule, amour Remplie d’une tristesse étrange De mes rêves tu t’es enfui Qui m’ont peuplée de regrets Passent les heures amour. Rosa encesa de desig Com m’esgarrinxes els llavis Si sóc tant lluny de l’amat (bis) Sols tinc la mar per companya Ella bé prou que em somriu Dins la cala arredossada (bis) Em somriuen els estels I la lluna niquelada El campanar cimejant I la vela ben inflada La gavina en ple vol I el peix fugint de la xarxa Rosa encesa de desig Com m’esgarrinxes els llavis Si sóc tant lluny de l’amat Res dintre meu ja no canta Passen les hores amor Constel-lades de recances En sentir-te lluny de mi I de la meva abraçada M’has deixat més sola amor Plena de tristesa estranya Dels meus somnis has fugit I ells m’han poblat de recança Passen les hores amor. 20 - A l’horitzó (Teresa Rebull - Thierry Parcé) A l’horitzó un núvol passa Passa l’estiu, passa la tardor Els ocells volen a ran de terra Van allunyant-se del cel i del foc Vent vetijol ! com la rosada ! Besa els fruits d’aquesta branca ! A l’horizon passe un nuage Passe l’été, passe l’automne, Les oiseaux rasant le sol S’éloignent du ciel et du feu Vent ! petit vent ! comme la rosée Berce les fruits de cette branche. A l’horitzó un núvol passa Passa l’estiu passa la tardor Tots els bells somnis van allunyant-se Com pluja encesa de pètals de flors A l’horizon passe un nuage Passe l’été, passe l’automne, Tous les bons rêves s’effeuillent Comme pluie embrasée de pétales de fleurs Vent ventijol ! del llarg dels meus dies Si tu em deixessis jo et seguiria Portada sempre pel teu encís Vent ventijol del llarg dels meus dies Vent ! petit vent ! du long de mes jours Si tu m’abandonnais, je te suivrais Portée toujours par ton enchantement Vent ! petit vent ! du long de mes jours - 22 - 21 - Sota una canço (F. Font Ferrando - Teresa Rebull) Avec une chanson Sota una cançó El crit ofegat Un clam tel-lúric Que dorm soterrat. Avec une chanson Le cri étouffé Une clameur tellurique Qui dort enterrée Sota una cançó La mà que s’estén L’ofegat desig El petit anhel. Avec une chanson La main qui s’étend Le désir étouffé La petite envie Sota una cançó Ara us vull dir Que llarga és la ruta Dur el camí. Avec une chanson Maintenant je veux vous dire Que longue est la route Dur le chemin Sota una cançó Us vinc a cridar Que s’acaba el somni Que cal despertar. Avec une chanson Je viens vous appeler Car le rêve s’arrête Et qu’il faut se réveiller 22 - Malgrat (Emili Vallas - Teresa Rebull) Malgrat l’hivern esmalt glaçat davant la porta Malgrat el vent que empeny furiós les fulles mortes Jo sé que en algun lloc d’arreu del món que no conec Neix una rosa Malgré Malgré l’hiver émail glacé devant la porte Malgré le vent qui pousse furieux les feuilles mortes Je sais qu’en un lieu du monde que je ne connais pas Naît une rose Malgrat la nit horfe de llum impenetrable Malgrat un cel teixit d’estels que l’alba apaga Jo sé que en algun lloc d’arreu del món que no conec Neix una flama Malgré la nuit de lumière impénétrable Malgré un ciel tissé d’étoiles que l’aube éteint Je sais qu’en un lieu du monde que je connais pas Naît une flamme Malgrat el fang sobre els camins de la tempesta Malgrat la pols de tots els grans combats que es perden Jo sé que en un lloc d’arreu del món que no conec, Neix un poeta Malgré la boue sur les chemins des tempêtes Malgré la poussière de tous les grands combats Qui se perdent. Je sais qu’en un lieu du monde que je ne connais pas Naît un poète. Malgrat l’horror d’un món de sang i de follia Malgrat la mort omnipresent de cada dia Jo sé que en algun lloc d’arreu del món que no conec Reneix la vida ! Malgré l’horreur d’un monde de sang et de folie Malgré la mort omniprésente de chaque instant Je sais qu’en un lieu du monde que je ne connais pas Renaît la vie. Teresa Rebull et Thierry Parcé (1991) - Photo Pierre Parcé - 23 - 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 - Paisatge de l’Ebre Andalusia, collarets d’ombra No puc cantar cançons Àrida Vint bales Camí de la fàbrica Camp del besós L’agressió Primer de Maig 1976 Jo sé que un dia Companys Perquè has vingut Mestier d’amor Si la despullava Mocador d’olor Epitalamic filme Visca l’amor Mentra la roba s’eixamora Arquer d’amor Sota el meu llavi La casa que vull Somni 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 - El meu pais Un dia viuvre Aquesta lluna Camí dins l’argilada El rei de Vedrinyans El que m’agrada de l’aigua Llaurador que llaures Pluja Dona d’aigua Jo per tu L’oreneta Amor de la marenda Parallels Poble Perdut El seu nom et diré Un infant Angélina Gelosia Absencia A l’horitzó Sota una cançó Malgrat CD 1 1’ 39” 1’ 31” 2’ 23” 3’ 07” 2’ 45” 2’ 37” 3’ 55” 4’ 17” 2’ 29” 3’ 04” 2’ 50” 3’ 23” 4’ 53” 2’ 19” 3’ 13” 2’ 48” 1’ 34” 2’ 01” 2’ 12” 3’ 45” 3’ 42” 2’ 48” CD 2 3’ 01” 2’ 53” 2’ 31” 3’ 35” 2’ 24” 2’ 00” 3’ 58” 3’ 39” 2’ 15” 2’ 19” 2’ 06” 2’ 35” 2’ 37” 4’ 35” 2’ 52” 4’ 03” 2’ 23” 2’ 45” 4’ 13” 3’ 26” 2’ 33” 3’ 08” Musiciens (pour l’ensemble des titres) Guitares : Olivier Bensa, Jean-Pierre Grau, Jean-Claude Raucoules, Jean-Marc Jousse, Teresa Rebull, Philippe Beautes, Thomas Grave, Marti Soler, Elmer, Gérard Méloux, Laura Almerich, Henri Birembaut ~ Violons : Frédéric Montargues, Didier Olivier, Violoncelle : Aurora Feliu ~ Flûtes : Montserrat Soler, Didier Olivier, Mandoline : Salvador Boix ~ “Teclat” : Enric Colomer ~ “Oboè” : Jordi Colomer, Trompette : Nestor ~ Piano : Thierry Parcé piano fender : Pipo Iglesias, Contrebasse : Ferran Cubedo, Jean Michel Valot, Eduard Altaba, Michel Maldonado, Percussions : T. Rebull et Enric Colomer ~ Tumbas : Ramón Farran, Arrangeurs : Olivier Bensa, H. Passaquet et la collaboration de J.-M. Martí, Lluis Llach. Textes, Peinture : Teresa Rebull ~ Photos : Archives Teresa Rebull Producteur des enregistrements originaux : Teresa Rebull Coordination : Jackie Solè Coordination pour nordsud music : Annie Leborgne-Queffélec Montage, conception graphique : Michel Pagiras Producteur exécutif pour nordsud music : Michel Pagiras - 24 - (D. R.)