Barrage du Mont Cenis

Transcription

Barrage du Mont Cenis
Newsletter n°12 - Mars/Avril 2016
Barrage du Mont Cenis :
Plongée à haute altitude
Dossier spécial :
La réglementation
des travaux hyperbares
«Barrage du Mont CENIS» - Diving at high altitude
« Si la plongée est devenue un loisir facilement praticable aujourd’hui, elle n’est pas
pour autant sans risque. Rappelons que les
scaphandriers professionnels et les plongeurs loisirs évoluent dans un milieu hostile ; cette discipline est donc soumise à
des règles strictes et une législation. Ces
règles s’imposent donc aux scaphandriers,
et doivent être portées à la connaissance
des Maîtres d’œuvre. La pratique d’une activité subaquatique est classée en fonction
du métier concerné (plongeur sapeur-pompier, plongeur caméraman, scaphandriers
professionnels du BTP, ….), elle ne peut donc
être pratiquée que par cette seule corporation. Le cadre législatif est d’autant plus
important, qu’il définit la mise en application de la plongée et son cadre juridique en
cas d’accident du travail. Nous profiterons
donc de ces quelques pages pour vous aider
à mieux comprendre notre métier en vous
rappelant ces quelques règles de base. »
« If diving has become a common sport today,
it stays none the less a risky activity. Let us
remember that professional and leisure divers
operate in a hostile environment; this discipline is therefore subject to strict rules governed by the law. These rules apply to divers,
and must be known by Project managers. The
practice of underwater activity is classified
according to the job in question (diver firefighter, cameraman diver, construction commercial divers…); each activity can only be practiced by the corresponding corporation. The
legislative framework is particularly important because it oversees the implementation
of diving operations and their legal framework
in case of an accident. We will therefor use
these pages to help you better understand our
profession by reminding a few basic rules. »
Marc FLAMENT
Directeur d’exploitation
Département plongée
EN BREF...
CTS réhabilite les siphons de l’émissaire
général desservant les collecteurs parisiens
CTS rehabilitates the siphons of general discharge pipe for Parisian
collectors
Texte Frédéric DA SILVA
C
TS a débuté, au mois de mars 2016,
la première phase des travaux de réhabilitation d’un émissaire général pour
le SIAAP. Cet ouvrage, d’une longueur de
28km, relie les usines de traitement des
eaux usées de Clichy-la-Garenne aux collecteurs d’assainissement parisiens.
Ces travaux traversent 7 communes et
concernent la partie aval du regard. Conditionnée par la mise en chômage de
l’émissaire, d’avril à juillet 2016, l’opération de réhabilitation doit être réalisée
sur toutes les communes en même temps. Un véritable challenge qui n’effraie
pas les équipes de CTS habituées à des plannings très tendus.
C
TS teams have begun, in March 2016, the first phase of the refurbishment of
the general discharge pipe for the SIAAP. This structure, 28km long, connects
Parisian sewerage system to the wastewater treatment plant of Clichy-la-Garenne.
The works, that concern 7 different cities downstream of the manhole number 33, are
conditioned by the temporary shutdown of the pipe, from April to July 2016. The refurbishment must be done on all 7 municipalities simultaneously, which constitutes a challenge that does not frighten CTS teams, used to very tight schedules.
Chantier d’abaissement de fibre optique
pour SFR : Obtention du label
Attitude Environnement VINCI
Fiber burial project for SFR :
Obtaining VINCI’s “Attitude Environnement” label
Texte : Frédéric DA SILVA
C
TS poursuit sa participation au label « Attitude Environnement », lancé par Vinci Construction France depuis
plusieurs années maintenant. Pour rappel, ce label, s’appuie sur 10 critères
environnementaux à respecter pour
son obtention (voir CTS News ! n°9).
Ainsi,CTS accompagné d’EMCC Ile de
France
a
pu
lever
le
drapeau
sur le chantier d’abaissement de la fibre optique SFR en rivière d’Oise,
grâce à la synergie des équipes des deux entités opérant sur le ponton « Marne » en Oise depuis Novembre 2015. Une réussite pour ce nouveau label, obtenu dans la bonne humeur, avec la motivation du personnel, malgré les contraintes de travail : horaires de jour et de nuit, crue, … !
C
TS continues its participation in the label «Attitude Environment» launched by Vinci
Construction France several years ago. Remember, this label is based on 10 environmental criteria for obtaining it (see CTS News ! n° 9).
CTS News ! - Newsletter mensuelle
Rédactrice en chef/Traduction : Adria POUBLAN
Planification/PAO/Illustration : Christophe BRAZ
Contact : [email protected]
In deed, CTS supporteded by EMCC IDF was able to raise the flag on the optical fiber burial
project, for SFR, in the river Oise, thanks to a real synergy between CTS and EMCC teams
operating on the pontoon «Marne» in Oise since November 2015 . This label is a success,
and was obtained in a good mood, thanks to the staff’s motivation, despite the constraints
of work: day schedules, night shifts, flood, ...!
Newsletter n°12 - Mars/Avril 2016
Dossier spécial
La réglementation des travaux hyperbares
Special Feature - The regulation of hyperbaric work
Texte Jean François ANCELIN
La réglementation dans le cadre des travaux subaquatiques (mention A), sera complétée prochainement par
de nouveaux arrêtés afin de mieux encadrer cette pratique. Avant leur publication, et pour vous aider à mieux
comprendre, nous vous informerons régulièrement sur les principales règles qui régissent notre activité.
L
a réglementation actuelle régissant les travaux hyperbares s’appuie sur le décret n°2011-45 du 11 janvier
2011 (consultable au Journal Officiel n°0010 du 13 janvier
2011 texte n°21) et les arrêtés du 30 octobre 2012 et du 13
février 2014. A ce jour, deux autres arrêtés sont attendus pour
2016 et/ou 2017 concernant la formation des Mention A, la
certification des entreprises, la certification des centres de
formation et la certification des Conseillers à la Prévention
Hyperbare (CPH). Les travailleurs hyperbares concernés sont
des Mention A Classe 0 (jusqu’à 12 mètres), Classe 1 (jusqu’à
30 mètres), Classe 2 (jusqu’à 50 mètres) et Classe 3 (au-delà
de 50 mètres). L’hyperbarie s’applique dès que la hauteur
d’eau est égale à 1 mètre. Les travaux soumis à cette réglementation sont : l’inspection, le balisage, les
travaux en zone portuaire, les travaux de
géométrie, les travaux
sur ouvrages immergés, les travaux sur
installations
industrielles, les travaux
sur canalisations ou
câbles, la dépollution
pyrotechnique, l’utilisation d’explosifs, les
travaux sur navires.
Le détail est explicité en annexe 1 de
l’arrêté du 30/10/2012
(mention A). L’effectif minimal d’une équipe est de 3
scaphandriers. La durée maximale d’immersion est de
3h00 par homme et par jour. La seule plongée autorisée
s’effectue au narghilé (hors dérogation exceptionnelle de
l’inspection du travail pour les plongées en bouteilles).
Rappelons que la mention B concerne les interventions subaquatiques en complément d’une activité principale (photographes, archéologues…). Ces personnels
dépendent des ministères de la Défense, de l’Intérieur, de la
Culture, des Pêches et des Sports. La mention C concerne
l’accès à l’hyperbarie médicale (atmosphère sèche).
Enfin, la mention D s’applique aux personnels dits « tubistes »,
qui travaillent en atmosphère sèche dans les tunneliers.
Ce sujet n’étant pas clos, il fera l’objet d’articles complémentaires
enrichis des thèmes que vous, lecteurs, souhaiteriez voir abordés.
T
he regulations for hyperbaric works (Mention A), will soon be
completed by new decrees to better regulate this practice. Prior
to publication, and to help you understand, we will inform you regularly about the main rules that govern our activity.
Current regulations governing hyperbaric works is based on Decree
No. 2011-45 of January 11, 2011 (available in the Journal Official
No. 0010 of January 13th, 2011, text n ° 21) and the ministerial
orders of October 30th, 2012 and February 13th, 2014. To date, two
others ministerial orders are expected for 2016 and / or 2017 for
the training program for Mention A divers, corporate certification,
certification of training centers and certification of “Conseiller en
Prévention Hyperbare” (CPH : hyperbaric safety consellor). Hyperbaric employees concerned
are Mention A Class 0 (12
meters), Class 1 (up to 30 meters), Class 2 (up to 50 meters)
and Class 3 (over 50 meters).
An environment is considered
hyperbaric as soon as the water depth is 1 meter or more.
The works subject to this regulation are: inspections and
survey, marking, works in
harbors, land surveying and
topographic works, works on
submerged structures, works
on industrial plants, pipe or
cable works, pyrotechnic depollution, use of explosives,
works on ships. The detailed list is available in Appendix 1 of the
Decree of 30/10/2012 (Mention A). The minimum constitution of a
team is three divers. The maximum immersion time is 3 hours per
man and per day. The only authorized diving method is using an
umbilical (except when an exceptional derogation for scuba diving
is obtained from Labour Inspectorate).
Let us be reminded that the Mention B is for underwater interventions in addition to a main activity (photographers, archaeologists ...). These divers depend on the Ministries of Defense, Interior,
Culture, Fisheries and Sports. The Mention C concerns access to
medical hyperbarics (dry atmosphere). Finally, Mention D shall apply workers in a dry atmosphere in tunneling.
This subject is not closed, it will be completed with additional articles depending on the themes that you, readers, would like to see
discussed.
Newsletter n°12 - Mars/Avril 2016
Chantier
Barrage du Mont CENIS :
Plongée à haute altitude
Mont Cenis Dam - Diving at high altitude
Texte David DUCOURNEAU
C’est sur le plateau vertigineux du Mont Cenis en Maurienne, dans les Alpes, qu’une équipe de CTS
est intervenue en mars 2016. Une plongée hors du commun, en eau froide et à haute altitude.
C
e site, stratégique lors de la 2ème guerre mondiale, et autrefois Italien, est devenu français suite au traité de Paris de 1947,
qui a modifié le tracé de la frontière entre l’Italie et la France. Le
barrage, construit sur le site entre 1963 et 1968, avait la particularité d’appartenir à ENEL (Ente Nazionale per l’Energia Elettrica).
Il appartient désormais au Groupe d’exploitation hydraulique de la
vallée de la Maurienne. En accord avec EDF,
Maître d’Ouvrage, l’Italie exploite encore une
dérivation d’eau pour ses besoins énergétiques.
L’ouvrage, à 1880m d’altitude, avec une hauteur
de couronnement de 120m, une longueur de crête
de 1600m, une profondeur de 95m et une capacité de stockage de plus de 320 millions de m3
d’eau, est le 5ème plus grand barrage de France.
La dernière vidange, servant à expertiser les
différents organes en béton et le génie civil
situé au niveau du terrain naturel, a été réalisée en 1996. EDF a souhaité renouveler cette
opération en 2016, et a fait appel à CTS afin
de procéder à l’ouverture de la vanne de vidange et au contrôle des 10 derniers mètres
de vidange avant l’« assec » du barrage.
Cette opération ne présente pas de difficulté en soi, mais ne peut être réalisée que par
un scaphandrier, puisque le mécanisme d’ouverture se trouve noyé à quelques mètres du
fond. La vraie difficulté tient dans la mise en
œuvre de l’opération à très basse température ambiante, car au début du mois de mars,
celle-ci était en moyenne de -25°C, avec des fortes chutes de neige.
La réussite de cette opération dépend donc de la bonne préparation
du personnel et des équipements. Pour garantir le bon fonctionnement du matériel de plongée, il a fallu apporter des protections complémentaires, en privilégiant des détendeurs à bain d’huile sur la bouteille secours du scaphandrier, et des détendeurs Haute Pression sur
les bouteilles de gros volume d’air comprimé. Les parties sensibles du
matériel ont été chauffées afin d’éviter le gel des tuyaux en acier des
casques de plongée. Il faut rappeler que les conditions de travail sont
rudes pour le scaphandrier, car la température de l’eau est très basse.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’EDF a porté son choix sur une
équipe de CTS qui a réalisé des plongées dans le lac Baïkal en Sibérie
en plein hiver 2014. Cette expérience préalable a permis de tester et
valider le matériel adéquat pour des plongées dans une eau à 1°C. La
réussite de cette opération, réalisée en 2 jours seulement, est due à la
technicité des scaphandriers missionnés, aux moyens subaquatiques
mis en place sur le site et à la mobilisation assurée par hélicoptère.
I
t is on the steep plateau of Mont Cenis in Maurienne,
in the Alps, that a CTS team operated in March 2016.
An unusual dive in cold waters and at high altitude.
This strategic site during the 2nd World War, and formerly Italian,
became French thanks to the Treaty of Paris of 1947, which modified the border line between Italy and
France. The dam, built on the site between
1963 and 1968, belonged to ENEL (Ente
Nazionale per l’Energia Elettrica) at the
time. It is now operated by the operating group of the Maurienne valley. In
agreement with EDF, Italy still operates
a diversion canal for its energy supply.
The dam, at an altitude of 1880m, with
a crowning height of 120m, a crest length of 1600m, a depth of 95m and a storage capacity of over 320 million m3 of
water, is the 5th largest dam in France.
The last complete draining of the dam,
in order to control the various concrete
organs and structure located on the natural ground level, was carried out in
1996. EDF has renewed this operation
and has called on CTS for the opening
of the drain valve and control of the last
10 meters before emptying the dam.
The operation does not present any
particular difficulty in itself, but
can only be performed by a diver, since the opening mechanism is immerged, a few meters from the bottom. The real difficulty was in managing the very low temperature, since at the beginning of March, it averaged -25 Celsius degrees, with heavy snow.
The success of this operation thus depends on the proper preparation
of personnel and equipment. To ensure the proper functioning of diving
equipment, we had to provide additional protections, focusing on oil bath
regulators on the rescue diver bottles, and High pressure regulators on
large volume bottles of compressed air. Sensitive parts of the equipment
were heated to avoid freezing the steel pipes on the diving helmets. We
must remember that the working conditions were harsh for the divers,
as the water temperature was very low. It is for this reason that EDF
selected a CTS team that had dived in Lake Baikal in Siberia in winter
2014. This prior experience allowed us to test and validate the proper
equipment for dives in water at 1°C. The success of this operation, carried out in 2 days, is due to the proper equipment set up on site, the mobilization using a helicopter, and the technicity of the missioned divers.
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