La fièvre du haut de gamme s`empare des produits audio
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La fièvre du haut de gamme s`empare des produits audio
Suivez-nous aussi sur Twitter twitter.com/EchosTechMedias ÉLECTRONIQUE LUNDI 27 FÉVRIER 2012 LES ECHOS HIGH-TECH & MÉDIAS Casques, « docking stations », barres de son : sur chaque segment, ce sont les produits les plus chers qui se vendent le mieux. Une tendance facilitée par la pénétration de l’iPhone et qui révèle le nouveau poids de la mode dans l’électronique. La fièvre du haut de gamme s’empare des produits audio es Français seraient-ils plus exigeants sur le son ? Ils plébiscitent en tout cas les produits audio haut de gamme, qu’il s’agisse des casques, des chaînes hi-fi, des « docking stations » – ces enceintes qui accueillent l’iPhone – ou des barres de son des haut-parleurs qui s’ajoutent à l’écran plat et améliorent le son. Selon GfK, les ventes de chaînes hi-fi à plus de 300 euros ont bondi en 2011 de 14 % en volume, à 56.000 unités, alors même que l’ensemble du marché n’a progressé que de 2 %. Même tendance sur les ventes de « docking stations », : 40.000 produits à plus de 300 euros se sont écoulés l’an dernier, soit une hausse de… 40 % sur un an, bien au-delà du rythme de marché (+ 17 %). La tendance est la même sur les casques : les ventes de produits à plus de 200 euros ont progressé de 13 %, à 119.000 unités. Le haut de gamme pèse ainsi à lui seul 11 % du marché contre 7 % il y a un an. Quant aux barres de son, les appareils commercialisés à plus de 1.000 euros ont vu leurs ventes progresser de 2,5 % sur l’année. Cette montée en gamme est d’autant plus remarquable que, globalement, les produits hightech ont été boudés l’an dernier, avec un marché en baisse de 4,7 % en valeur, selon l’institut GfK. Seuls les marchés des smartphones et tablettes affichent une progression en chiffre d’affaires. « Il est impressionnant de voir les Français capables de mettre plus de 800 euros dans des stations d’accueil monofonctions ou 300 euros dans un simple casque », note Julien Jolivet, analyste chez GfK. Une très bonne nouvelle pour les Bose, Bowers & Wilkins, Harman Kardon (stations d’accueil et enceintes), Bang & Olufsen, Sennheiser ou Dr. Dre (casques), jusqu’ici cantonnés à des marchés de niche et de passionnés. Paradoxalement, le marché de l’audio profite du succès de l’iPhone et autres smartphones. Dotés d’une faible qualité sonore, ces produits ont rapidement nécessité de s’appuyer sur des périphériques audio dédiés et plus qualitatifs. C’est ainsi qu’a émergé le marché des « docking stations » et que le marché des casques s’est renouvelé. L’explication est la même dans la télévision, où les barres de son ont profité du développement des écrans plats, dont la finesse empêche l’intégration de systèmes audio très poussés. L Design : l’originalité d’abord Si les marques haut de gamme profitent particulièrement de cette tendance, c’est d’abord pour leur légitimité en matière de son, mais aussi parce que la généralisation des produits Apple change la donne. « L’iPhone coûte quand même quelques centaines d’euros. A côté, on a envie de mettre un produit haut de gamme », reconnaît un fabricant. En outre, alors que tous les iPhone se ressemblent, leurs propriétaires cherchent à se différencier avec des périphériques toujours plus originaux. On le voit dans les « docking stations », LE CASQUE DR DRE, un objet jusqu’ici réservé à un marché de passionnés. 11% DU MARCHÉ Le poids du haut de gamme dans les ventes, contre 7 % l’an dernier. avec le Zeppelin de Bowers & Wilkins, en forme de dirigeable, les « docking » AeroDream proposés par Jarre Technology, constitués de grandes tours en verre et acier, ou encore les « docking » vendues par le français Parrot et conçues par le designer Philippe Starck. « L’audio de salon devient un produit de décoration à part entière », résume Julien Jolivet. Un positionnement renforcé par la généralisation des solutions sans fil et notamment du standard Airplay d’Apple, qui permet de transmettre ses musiques vers les enceintes sans aucun branchement. La démarche est la même dans les barres de son (le design des home cinémas Yamaha ou BW) et surtout dans les casques, où nombre d’acteurs (Dr. Dre, 50 Cent, Skullcandy…) font actuellement une percée en misant sur une approche rap et « streetwear ». Une dose de « fashion » qui rajeunit pour de bon la bonne vieille acoustique… LES ENCEINTES « ROCHER », au baroquisme signé Harman et Kardon. LA STATION PARROT conçue par Philippe Starck. DR LE ZEPPELIN, la « docking station » en forme de dirigeable de Bowers & Wilkins. MAXIME AMIOT Le salon n’est pas le seul marché touché par la vogue de la hi-fi haut de gamme. Les constructeurs automobiles se convertissent également aux systèmes audio proposées par les marques de hi-fi. Auparavant réservés aux marques les plus élitistes – Aston Martin, Audi, Ferrari, Maserati ou Porsche –, les solutions se déversent désormais sur les marques plus généralistes et touchent davantage de clients. Boston Acoustics chez Chrysler, Pioneer chez Ford, JBL chez Toyota, Bose chez Renault… Une démocratisation du son qui se mesure dans les chiffres. Selon une étude du cabinet IHS iSuppli sortie en novembre dernier, le marché des systèmes audio pour voitures devait progresser de 11 % en 2011, à 7,3 milliards de dollars. Et d’ici à 2015, le marché devrait presque doubler comparé à 2011. Une manne très ciblée Cette manne profite avant tout à deux acteurs américains : Bose et Harman Kardon, qui à eux deux dominent plus de 60 % du marché. Pour son deuxième trimestre fiscal publié début février, Harman Kardon a vu les ventes de sa division embarquée grimper de 20 %, à 600 millions de dollars, tandis que sa marge opérationnelle s’établit à 8,3 % du chiffre d’affaires. Même succès chez Bose, qui dispose de partenariats avec plus d’une quinzaine de constructeurs dans le monde et près de 150 modèles. Le groupe travaille notamment avec Renault depuis 2008, où ses solutions équipent pas moins de dix modèles, sur les marques Laguna, Scénic, Koleos, ou Mégane. Signe de l’importance du service pour la marque au losange, le partenariat a donné lieu au développement de versions baptisées « Bose Edition », qui proposent un niveau de finition spécifique tant au niveau des solutions audio (enceintes et haut-parleurs) que des caractéristiques de l’habitacle (avec l’intégration de la couleur « black piano » sur les rétroviseurs, et l’habitacle intérieur). Un succès commercial. Un marché difficile à pénétrer « Sur les gammes Mégane et Scénic, de 10 à 15 % de nos ventes intègrent les solutions Bose, et le chiffre se monte à plus de 25 % sur les Laguna et Koleos. Les clients sont de plus en sensibles à l’argument audio : la voiture constitue l’un des endroits où l’on peut le plus profiter de la musique, car on a le temps, on y est seul… », note Sandrine Jodon, chef de produit multimédia chez Renault. Quitte à payer plus cher, puisque l’intégration des systèmes Bose est facturé, suivant les modèles, entre 600 et 800 euros. Le marché est pourtant difficile à pénétrer pour les marques de hi-fi. « L’acoustique d’un véhicule est très différente de celle d’un système de salon », note Olivier Callegari, directeur marketing chez Bose. Qu’il s’agisse de la forme du véhicule, des variations de température – le système devra supporter des températures extérieures négatives en hiver, chaudes l’été –, de la position des haut-parleurs – qui ne seront pas devant le conducteur mais à côté –, les contraintes sont n o mb re u s e s. L e b o n s o n n e s’invente pas… M. AT UNE ACTIVITÉ JUTEUSE Même s’ils doivent gérer le déclin de leurs produits hi-fi traditionnels (chaînes sans « docking »…), les fabricants profitent à plein de la montée en gamme actuelle. Si nombre de sociétés (Bose, BW…) ne sont pas cotées en Bourse, d’autres affichent de solides performances financières. Harman Kardon a ainsi vu ses ventes progresser de 18 % sur les six premiers mois de son exercice fiscal, à 2,2 mil- liards de dollars, tandis que son résultat opérationnel a bondi de 51 %, à 172 millions. De même, le fabricant de casques Sennheiser avait indiqué, en juin dernier, que son chiffre d’affaires 2010 avait augmenté de 20 %, à 468 millions d’euros. Il a de nouveau enregistré une forte croissance en 2011. Mais la croissance la plus spectaculaire provient des nouveaux venus, qui sont ÉLECTRONIQUE Technicolor quadruple sa perte en 2011 echnicolor n’est pas encore sorti des difficultés. L’an dernier,legrouped’électronique et de services aux médias a vu sa perte nette multipliée par quatre par rapport à 2010, à 323 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires en recul de 3 %, à 3,45 milliards. Les charges de restructuration liées au plan social annoncé en décembre,quiconcerne600salariés, ont pesé sur les comptes. La division chargée de concevoir et de produire des « set-top box » pour le compte des opérateurs télécomsetducâbleacontinuéde poser problème, avec une perte de 43 millions en 2011. Après avoir frôlé la faillite en 2009 et malgré les difficultés qui pèsent encore sur ses activités, le groupe a décidé de montrer qu’il « étaitcapabledes’engagerdansla durée », selon les mots de son directeur général, Frédéric Rose. Vendredi,Technicoloraainsiprésenté un nouveau plan stratégique pour les quatre prochaines années. Avec un objectif principal : alléger le fardeau de la dette qui handicape le groupe depuis plusieurs années et qui s’élevait encore à 1,1 milliard d’euros (en valeurnominale)au31décembre 2011. D’ici à 2015, Technicolor compte réduire son endettement d’au moins 400 millions d’euros. « L’essentiel de la trésorerie générée au cours des quatre prochaines années sera alloué au remboursement de la dette. De cette façon, nous pourrons présenter en 2015 un bilan financier normal », espère Frédéric Rose. En 2011, le groupe a dégagé une trésorerie positive (81 millions) pour la première fois depuis 2007. T bilan au plus vite, Technicolor veut mettre l’accent sur les activités capables de générer une part croissante de trésorerie. Il compte notamment développer son activitédelicencesetdebrevets(13 % du chiffre d’affaires) dans les pays émergents. Le groupe accélérera également le développement de nouvelles applications pour aider à la monétisation des contenus numériques. L’activité plus classique et plus mature de duplication de DVD (+ 22 % en volume en 2011), fortement génératrice de cash, participera aussi à l’amélioration de la situation financière. En2015,Technicolorprévoitainsi d’élever son excédent brut d’exploitation (ou Ebitda) à 600 millions d’euros contre 475 millions en 2011. Le groupe reste à la recherche d’une solution de reconversion pour son usine d’Angers et ses 330 salariés. Les syndicats de l’entreprise ont rappelé, vendredi, leurs inquiétudes quant à l’avenir decesite.Aprèslaprésentationdu nouveau plan stratégique, ils redoutent la suppression d’environ 800 postes au total en France chez Technicolor. Ces nouvelles ambitions n’ont toutefois pas séduit la Bourse : vendredi, l’action– traditionnellementvolatile – a reculé de 1,9 %. ROMAIN GUEUGNEAU Lire également « Crible » page 34 Sanction boursière Conformémentauplandesauvegarde adopté en 2009, des échéances annuelles de remboursement ont déjà été fixées.. Les excédents de cash qui pourrontêtreréalisésdanslefuturiront directement alléger la dette. Ce sera le cas cette année, le surplus de trésorerie de 25 millions d’euros dégagé en 2011 s’ajoutera au remboursement prévu de 60 millions. Pour assainir son EN BREF GANNETT. Le groupe de presse américain a décidé de faire passer au payant, avec un système « au compteur » les sites internet de ses 80 quotidiens régionaux, « USA Today » étant exclu de ce péage. Le groupe espère ainsi générer 100 millions d’euros. NOKIA SIEMENS. Le groupe a indiqué hier au Congrès mobile à Barcelone être en négociation avec des investisseurs pour vendre des actifs non stratégiques. Il veut se spécialiser dans les réseaux mobiles Les voitures aussi montent le son Les systèmes proposés par Bose, Harman Kardon et autres, autrefois limités aux voitures très haut de gamme, s’intègrent désormais dans les habitacles de voitures généralistes. 23 nombreux sur le marché des casques. En 2011, Dr. Dre devait ainsi générer un chiffre d’affaires de près de 500 millions de dollars, alors que son activité ne date que de 2008. De même, son concurrent Skullcandy, qui vient de s’introduire en Bourse à l’été, s’attend à voir ses ventes progresser de 44 % en 2011, à 231 millions de dollars. De vraies « success stories »… AOL. Le fonds Starboard Value qui revendique 5,2 % du capital du portail Internet, va présenter cinq candidats au conseil d’administration. Il juge l’inaction d’AOL « alarmante » et estime que la société devrait monétiser les quelque 800 brevets qu’elle détient en portefeuille. Après la Chine, le taïwanais Proview dépose plainte contre Apple en Californie Proview poursuit son combat juridique contre la firme à la pomme. Le fabricant taïwanais d’électronique a confirmé, vendredi, avoir déposé plainte le 17 février contre Apple aux EtatsUnis, devant un tribunal californien. Il accuse le géant américain de « fraude et pratiques inéquitables » concernant l’usage de la marque iPad, qu’il avait déposée au début des années 2000 avant d’en revendre les droits en 2009. Selon Proview, Apple n’avait pas été clair quant à l’utilisation qu’il ferait de cette marque. La société taïwanaise, en difficulté financière, réclame le versement de dommages et intérêts. Jeudi, un tribunal de Shanghai avait donné raison à Apple dans le combat qui l’oppose à Proview. D’autres actions judiciaires restent engagées en Chine. Un nouveau « pure player » d’information économique sera lancé mi-mars Economiematin.fr, site d’actualités économiques, sera mis en ligne vers la mi-mars selon la lettre professionnelle « Satellinet ». Les fondateurs du site sont Jean-Baptiste Giraud (ex-BFM et exAtlantico.fr), Jean Gagneraud, son associé au sein des Éditions Digitales, ainsi que le journaliste Michel Garibal (ex-France Inter, « Les Echos », « Le Figaro »). Le site, gratuit et positionné sur l’économie grand public, est le prolongement de l’hebdomadaire papier gratuit éponyme fondé par Jean-Baptiste Giraud en 2004, qui a cessé de paraître en 2008. Economiematin.fr, qui veut parler de l’économie « de façon pratique, pédagogique et ludique », disposera d’une rédaction de 4 à 5 journalistes. L’investissement initial s’élèverait à quelques dizaines de milliers d’euros.