Qui-vive (samedi 9 janvier)
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Qui-vive (samedi 9 janvier)
De : François Nicolas <[email protected]> Objet : Qui-vive (samedi 9 janvier) Date : 9 janvier 2010 23:21:25 HNEC 2 pièces jointes, 33,2 Ko Enregistrer Diaporama I. Points du jour - Italie : "Ratonnade" beaucoup plus grave que précédemment compris ! - Guadeloupe : Reculade? - L'argent n'a pas d'odeur, ou la drogue au service des banques… II. Égypte-Jordanie-Israël-Palestine-Liban - Il paraît qu'on a été des "héros" (sic!) - Israël : tournant en vue? III. (Reste du) Proche & Moyen-Orient + Maghreb - Algérie : Une gréve (inhabituelle?) http://www.egalite68.fr/Qui-vive/09-01-10.pdf Rappel des thèmes hebdomadaires Lundi : Amérique Latine Mardi : ÉU / Chine Mercredi : Afrique Jeudi : Asie (sauf Chine) Vendredi : Europe Samedi : (Reste du) Proche & Moyen Orient Dimanche : La Crise du capitalisme ********* I. POINTS DU JOUR Italie Apparemment la "ratonnade" a été beaucoup plus grave que je ne l'avais compris hier… Les violences anti-immigrés en Calabre ont fait 67 blessés Plusieurs centaines d'immigrés ont été évacués de la ville de Rosarno, dans le Sud de l'Italie, après les exactions de la population à leur encontre. Des immigrés attendent d'être évacués, samedi, dans un bus de la ville de Rosarno (Italie) après des affrontements avec le population locale. (© AFP Carlo Hermann) La situation s'apaisait samedi à Rosarno après des violences, notamment une "chasse à l'homme" contre des immigrés, qui ont fait 67 blessés dans cette localité de Calabre (sud de l'Italie) où des renforts de police ont été dépêchés et des centaines d'étrangers évacués. Signes du retour au calme, certaines des barricades érigées par la population ont été levées, l'occupation de la mairie par des habitants a pris fin et les magasins ont ouvert dans la matinée. Quelque 320 immigrés ont été transférés dans la nuit vers un centre d'accueil à Crotone, à 170 km de Rosarno, et l'évacuation de 300 autres était en préparation samedi, tandis qu'une centaine d'étrangers sont partis par leurs propres moyens. Rosarno a été le théâtre jeudi de violentes manifestations d'immigrés protestant contre des agressions dont certains d'entre eux avaient été la cible: elles avaient été marquées par des heurts avec la police, et suivies, le lendemain, d'exactions de la population à leur encontre. Pour faire face à ces tensions, le chef de la police italienne Antonio Manganelli avait annoncé dès vendredi soir l'envoi d'un "important contingent de policiers" en renfort. "Envoyer plus de 200 hommes en renfort aux policiers et carabiniers qui quadrillent Rosarno depuis deux jours a un double objectif : renforcer le contrôle du territoire et préparer la possible évacuation des immigrés", écrit le Corriere della Sera. Selon le quotidien, 48 heures seront nécessaires pour transférer les immigrés, pour la plupart clandestins, vers des centres d'accueil dans le sud de l'Italie. Le dernier bilan des violences à Rosarno et dans ses environs depuis jeudi est de 67 blessés, à savoir 31 étrangers, 19 policiers et 17 habitants italiens de cette petite ville de 15.000 âmes. La majorité n'ont subi que des contusions ou des blessures légères. Mais six immigrés sont encore hospitalisés, parmi lesquels deux grièvement blessés vendredi soir à coups de barres de fer. Les incidents ont débuté à Rosarno après une manifestation jeudi soir de plusieurs centaines d'ouvriers agricoles immigrés -pour la plupart employés illégalement dans la région- qui protestaient contre des tirs de fusil à air comprimé ayant visé plusieurs d'entre eux. Les manifestants ont incendié des voitures et brisé des vitrines à coups de bâton et des affrontements se sont produits avec la police. Vendredi, la population locale a cherché à se venger en procédant à une "chasse aux immigrés" au cours de laquelle plusieurs étrangers ont été blessés. Dans un éditorial provocant, le journal de droite Il Giornale, propriété de la famille Berlusconi, affirme: "Mais cette fois-ci ce sont les nègres qui ont raison". "Les immigrés clandestins ne devraient pas entrer en Italie. Mais une fois qu'ils y sont, on ne peut pas les exploiter de manière honteuse et leur tirer dessus pendant qu'ils font les travaux que nos chômeurs dédaignent", écrit-il. Selon la presse, au moins 4.000 immigrés sont employés, en général illégalement, chaque année à Rosarno pendant deux mois pour récolter clémentines et mandarines. Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés et le principal syndicat italien, la Cgil, ont dénoncé leurs "conditions de vie inhumaines : cabanes insalubres, sans eau, sans hygiène" et des "salaires de misère" (25 euros par jour). Le rôle de la mafia a été montré du doigt. "La mafia qui contrôle le territoire, exploite les immigrés avec cynisme et une détermination impitoyable. Les cerveaux criminels savent que les immigrés clandestins ne peuvent même pas tenter de se rebeller car ils sont privés de documents d'identité et donc de la protection de l'Etat", a déclaré à La Stampa don Luigi Ciotti, un prêtre ayant fondé l'association antimafia Libera. (Source AFP) Guadeloupe Guadeloupe: Elie Domota dément avoir appelé à la grève générale Le leader du LKP évoque maintenant une simple «mobilisation» pour la journée du 20 janvier. Elie Domota, leader du LKP, un collectif à l’origine de la grève générale ayant paralysé la Guadeloupe 44 jours l’an dernier, a revu à la baisse ses ambitions de grève générale pour le 20 janvier, après un appel en ce sens la veille, en évoquant seulement une «mobilisation». Alors que dans le Parisien vendredi, il avait appelé à la grève générale le 20 janvier - «Nous appelons la population à la grève générale, à partir du 20 janvier, pour une durée indéterminée» - samedi, le leader du LKP a affirmé sur Europe 1 n’avoir «jamais lancé d’appel» à la grève générale le 20 janvier. «Nous restons mobilisés», a-t-il dit. Ce qui s’apparente à une volte-face intervient alors que la classe politique et le gouvernement ont marqué vendredi leur scepticisme sur la capacité du LKP à déclencher une grève générale, même si tous s’attendent à plusieurs milliers de manifestants ce samedi dans les rues de Pointe-à-Pitre. La manifestation samedi devrait servir de test au LKP, qui pourra mesurer peu ou prou sa capacité à enclencher un mouvement de contestation comparable à celui de l’an dernier. L’élément déclencheur de l’appel du LKP à manifester samedi a été la réunion, le 30 décembre dernier, de l’Observatoire départemental des prix à l’issue de laquelle le préfet a augmenté le prix des carburants de 4 centimes. Aussitôt, le LKP avait lancé un appel à la grève générale mais sans fixer de date. Comme on lui demandait s’il comptait sur une forte mobilisation, M. Domota a répondu: «le mouvement a commencé le 16 décembre 2008. Les journalistes, les politiques, le gouvernement ont dit que le LKP était mort, et il est toujours là». Elie Domota, également secrétaire général de l’UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe), a prévenu la classe politique et le gouvernement que ce n’était «pas en faisant de l’intimidation, en ne répondant pas aux revendications et en passant leur temps à discréditer et diaboliser (le LKP), que le peuple guadeloupéen (allait) rentrer dans le rang». «Nous avons foi en l’avenir, nous demandons justice, vérité et respect des engagements» pris il y a un an pour mettre fin à la grève générale. Il s’est indigné de la présence de «près de 800 gendarmes en Guadeloupe depuis septembre», relevant que depuis le 1er décembre, ceux-ci étaient «postés aux carrefours». «On se croirait dans un pays occupé», s’est-il exclamé. L'argent n'a pas d'odeur, ou la drogue au service des banques… Le trafic de drogue a sauvé l'économie mondiale, selon l'ONU http://www.guardian.co.uk/global/2009/dec/13/drug-money-banks-saved-un-cfief-claims Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), des dizaines de milliards de dollars provenant du trafic de drogue ont permis au système financier mondial de se maintenir à flots au plus fort de la crise financière en 2008, rapporte The Observer. Antonio Maria Costa, directeur de l'ONUDC, a déclaré le mois dernier que le plus gros des 352 milliards de dollars issus du trafic de drogue a été sciemment blanchi par les institutions financières. Courant 2008, il a ainsi reçu la preuve que les profits de la criminalité organisée ont été "la seule source de liquidités" pour certaines banques au bord de la faillite. S'exprimant depuis son bureau de Vienne en Autriche, Costa a déclaré que cette preuve lui a été fournie par des agences de renseignement et des procureurs 18 mois plus tôt. "Dans de nombreux cas, l'argent de la drogue a été la seule source de liquidités disponibles. Dans la seconde moitié de 2008, le manque de liquidités a été le principal problème du système bancaire" a-t-il dit. "Les prêts interbancaires ont été financés par l'argent du trafic de drogue et d'autres activités illégales... Il y a des signes qui indiquent que certaines banques ont été sauvées de cette façon". Costa a néanmoins refusé de nommer les pays ou les banques impliquées, affirmant que son activité se limite à répertorier les problèmes, pas de distribuer les blâmes. La preuve avancée par Costa proviendrait d'informations issues de banques et d'officiels britanniques, suisses, italiens et américains. Les experts en tombent de leur chaise... (on ne s'en lasse pas) : Drug money saved banks in global crisis, claims UN advisor Drugs money worth billions of dollars kept the financial system afloat at the height of the global crisis, the United Nations' drugs and crime tsar has told the Observer. Antonio Maria Costa, head of the UN Office on Drugs and Crime, said he has seen evidence that the proceeds of organised crime were "the only liquid investment capital" available to some banks on the brink of collapse last year. He said that a majority of the $352bn (£216bn) of drugs profits was absorbed into the economic system as a result. This will raise questions about crime's influence on the economic system at times of crisis. It will also prompt further examination of the banking sector as world leaders, including Barack Obama and Gordon Brown, call for new International Monetary Fund regulations. Speaking from his office in Vienna, Costa said evidence that illegal money was being absorbed into the financial system was first drawn to his attention by intelligence agencies and prosecutors around 18 months ago. "In many instances, the money from drugs was the only liquid investment capital. In the second half of 2008, liquidity was the banking system's main problem and hence liquid capital became an important factor," he said. Some of the evidence put before his office indicated that gang money was used to save some banks from collapse when lending seized up, he said. "Inter-bank loans were funded by money that originated from the drugs trade and other illegal activities... There were signs that some banks were rescued that way." Costa declined to identify countries or banks that may have received any drugs money, saying that would be inappropriate because his office is supposed to address the problem, not apportion blame. But he said the money is now a part of the official system and had been effectively laundered. "That was the moment [last year] when the system was basically paralysed because of the unwillingness of banks to lend money to one another. The progressive liquidisation to the system and the progressive improvement by some banks of their share values [has meant that] the problem [of illegal money] has become much less serious than it was," he said. The IMF estimated that large US and European banks lost more than $1tn on toxic assets and from bad loans from January 2007 to September 2009 and more than 200 mortgage lenders went bankrupt. Many major institutions either failed, were acquired under duress, or were subject to government takeover. Gangs are now believed to make most of their profits from the drugs trade and are estimated to be worth £352bn, the UN says. They have traditionally kept proceeds in cash or moved it offshore to hide it from the authorities. It is understood that evidence that drug money has flowed into banks came from officials in Britain, Switzerland, Italy and the US. British bankers would want to see any evidence that Costa has to back his claims. A British Bankers' Association spokesman said: "We have not been party to any regulatory dialogue that would support a theory of this kind. There was clearly a lack of liquidity in the system and to a large degree this was filled by the intervention of central banks." II. ÉGYPTE-JORDANIE-ISRAËL-PALESTINE-LIBAN Il paraît qu'on a été des "héros" (sic!) 300 Français montrent la voie lors de la Marche pour la liberté de Gaza Palestine Vivra ! Les héros français de la marche pour la liberté de Gaza (Dissident Voice) Emily RATNER Note de la traductrice : Arrêtons de nous lamenter, de nous fustiger, d’avoir "honte d’être Français", et de rester à genoux. Rassemblons-nous. Lors du rassemblement pour la liberté de Gaza, au Caire, la délégation française a brillé par son esprit d’initiative, son courage et sa détermination. Si, si. Ce n’est pas ironique et ce n’est pas moi qui le dis : c’est Emily Ratner, dans un billet paru dans Dissident Voice , le 6 janvier 2010, "Palestine Vivra ! The French Heroes of the Gaza Freedom March" Un grand nombre de héros sont nés lors des manifestations de la Marche pour la liberté de Gaza au Caire, où plus de 1400 manifestants internationaux venus de 43 pays différents se sont retrouvés pour exiger la fin du siège de Gaza par Israël. La délégation sud-africaine nous a tous inspirés en facilitant la rédaction de la Déclaration du Caire pour demander que soit mis un terme à l’apartheid israélien, un document qui réaffirme notre "engagement dans la lutte pour la libération de la Palestine et l’auto-détermination" et propose un plan concret. Des petits groupes de militants ont accroché le drapeau palestinien depuis le sommet de la Tour du Caire et sur une des pyramides. De nombreux délégués ont refusé les 200 places qui avaient été proposées sur deux cars à destination de Gaza qui réduisait notre rassemblement historique ici à un nouveau voyage humanitaire symbolique. Nous allons quitter le Caire avec bien plus d’espoir, de sagesse, et de force que nous n’en avions en arrivant. Parmi tous les épisodes dont j’ai été témoin au cours des journées que nous avons passées en Egypte, l’action de la délégation française restera un phare dans le ciel assombri au-dessus du Sinaï qui nous sépare de Gaza. Nous revenons sans cesse sur ces actions, pour les graver dans nos mémoires comme étant le signe de tout ce qu’on peut accomplir quand on est ensemble et solidaires. Cordonnée par Euro-Palestine, la délégation française compte plus de 300 membres. Venus des quatre coins de la France, ils se préparent à la Marche depuis des mois. Euro Palestine et les autres organisations ont tenu des meetings locaux toutes les semaines pour s’assurer que les délégués auraient tout le temps nécessaire pour discuter des projets pour le voyage pour Gaza, de comment acheminer leur aide humanitaire jusqu’au Caire et parler de ce que ferait le groupe si on leur refusait de passer la frontière à Rafah. Certains de ses membres m’ont raconté que, parmi toutes les stratégies qu’ils avaient élaborées, aucune n’envisageait la possibilité qu’on les empêcherait de quitter le Caire. Tandis que nous autres avions tous prévu de nous retrouver devant les bus à destination de la frontière le 28 janvier, les Français, eux, étaient arrivés la veille, leur car étant attendu aux environs de 19h. Ils s’étaient rassemblés sur le trottoir de la rue très fréquentée de Giza (Gizeh)/Charles de Gaulle Street, trainant derrière eux leurs sacs et leurs tentes, mais les cars ne sont jamais arrivés. Soudain, un des organisateurs a lancé : "On y va !". Et, prenant par la main une femme près de lui, il s’est dirigé tout droit, au milieu du flot de circulation de Giza St. Sans même réfléchir, les centaines de délégués se sont précipités sur la chaussée, suivis par des chats et des chiens égyptiens, entraînés par cet enthousiasme. Hamid Rabhi, un militant français marocain, un musulman de Beaune se rappelle ces instants, les yeux brillants : "Et c’est là que j’ai compris que c’était le début de l’aventure", dit-il. La circulation dans Giza Street était purement abominable, mais les Français refusaient de partir, bloquant le trafic pendant une heure. Finalement, la police réussissait à les convaincre de retourner sur le trottoir, en promettant que leurs cars arriveraient bientôt si le groupe laissait avancer le flot de circulation. Les Français sont retournés sur le trottoir et se sont mis à sortir leurs tentes et leurs sacs de couchage, installant un campement que nous allions par la suite appeler ’la Bande de Giza". Trois rangées de policiers égyptiens surveillaient le camp étroit des 300, et plus de 40 camions militaires étaient garés dans la rue, attendant probablement de ramener les policiers, ou peut-être pour arrêter les manifestants et les renvoyer en France. "Cette première nuit, c’était la pire", dit Hamid, "nous n’avions pas le droit de circuler à notre guise. Je pense qu’ils nous testaient pour savoir si nous étions déterminés". Dans les jours qui ont suivi, les Français ont montré qu’ils étaient déterminés. Alors que les négociations entre les membres de la Marche pour Gaza et le ministère des affaires étrangères égyptien se détérioraient de plus en plus, un nombre croissant d’entre nous considérions les Français comme la merveilleuse représentation de ce que pouvait être notre mouvement. La délégation française prenait toutes les décisions à la suite d’un accord général et à une vitesse remarquable, en étant assez souple pour rester à l’écoute, toutefois, d’autres points de vue venant de groupes moins importants, et pour se lancer dans des actions de moindre importance, tout en ne perdant pas de vue la vision d’ensemble : en entendant que nos militants avaient hissé promptement un énorme drapeau sur une des pyramides, un groupe d’environ 25 Français lançaient leur propre action devant cette pyramide, organisant, cette fois-ci, un spectacle de rue pour les passants : Par une belle après-midi fraîche sur le site le plus touristique d’Egypte, une vingtaine de "touristes" français entourait la pyramide qui ne s’y attendait pas, dansant et sautillant en direction de leur cible. Et alors, catastrophe ! Une femme française d’un certain âge s’effondrait sur le sable de Giza. Alors que la police égyptienne se précipitait pour lui porter secours, la pyramide était devenue une scène de théâtre où huit militants grimpaient à toute vitesse vers les quatre têtes, convergeant sur un des côtés pour étaler un immense drapeau palestinien, qu’ils déployaient fièrement sous les applaudissements de centaines de témoins. Au bout d’un bon quart d’heure, la police avait fini par remarquer la cause de ces applaudissements et escaladait promptement la pyramide, se rendant ainsi complice d’avoir foulé illégalement une des septièmes Merveilles du Monde. Nos héros français, qui savaient qu’ils ne pouvaient pas rester sur place bien longtemps, roulaient alors le drapeau en boule et le lançaient en l’air, suivant le drapeau jusqu’à son point d’atterrissage, plongeaient sur le sable où ils se sont pris par la main pour s’asseoir en cercle sur le drapeau, déterminés à ramener le rouge, le blanc, le noir et le vert jusqu’à leur camp devant l’ambassade de France. Quand ils sont revenus effectivement à la "Bande de Giza", pas un seul n’avait été arrêté et le drapeau était revenu avec eux également. Quelques heures plus tard, une vidéo de toute cette action était postée sur leur site, europalestine.com, qui avait été constamment attaqué par des hackers pro-israéliens (autre signe de l’importance du travail de la délégation française !). Le lendemain, les membres de la délégation distribuaient des posters et des cartes postales représentant la photo de leurs camarades sur la pyramide, avec le drapeau palestinien entre eux, avec la légende : “Gaza Freedom March in Cairo” à la fois en anglais et en arabe. Cette même image a depuis été publiée à la une des journaux en Egypte, au Koweït, au Yémen, et dans tout le monde arabe. Les Français ont apporté une touche de légèreté et d’humour bien nécessaire à la situation difficile que nous vivions au Caire. Leur créativité était infinie : quand les campeurs non français s’étaient vu refuser les toilettes de l’ambassade, les Français se sont mis à scander : "des toilettes pour tout le monde !". Nos amis français se sont avérés être également parmi les plus courageux : alors que des dizaines de militants volaient au secours de manifestants qui se faisaient matraquer et traîner par la police égyptienne pendant notre manifestation du 31, les Français, et plus particulièrement les Français musulmans, étaient parmi ceux qui étaient en première ligne pour contrer les violences policières. Ces mêmes musulmans nous rappelaient à tous l’honneur et la beauté de cette lutte quand, à midi, ils s’étaient agenouillés pour prier face à des rangées de CRS au cours de cette même manifestation. Le lendemain, des centaines de militants suivaient les traces des Français quand leur délégation appelait à une manifestation devant l’ambassade d’Israël, demandant que nous n’oubliions pas le gouvernement qui détient réellement le pouvoir sur le peuple de Palestine. Nous étions tous tristes quand les Français ont défait leur camp, le 1 janvier. Leur campement était devenu un lieu de réconfort extraordinaire pour tous les autres participants à la marche malgré le fait que des centaines de CRS n’aient jamais quitté les abords de la Bande de Giza. Beaucoup d’entre nous allions les retrouver la nuit pour ressentir ce sentiment de solidarité remarquable qui se propageait sur le trottoir le plus célèbre du monde. Et alors que plus de 200 délégués français repartaient pour Paris le 2 janvier, ils quittaient le Caire avec une dernière mission à accomplir avant de retourner chez eux. En arrivant à Roissy, où il était accueilli sous les acclamations de dizaines de supporters, le groupe s’est aussitôt rendu à l’ambassade d’Israël, avec tous les bagages, pour y organiser une nouvelle manifestation. Ambassades d’Israël, prenez garde : tôt ou tard, nous retourneront tous dans nos villes et nous n’avons pas oublié notre mission d’y poursuivre la lutte ! Alors que nous nous organisions pour nous rendre à Rafah par petits groupes, les Français restaient notre inspiration, même si leur groupe en Egypte était maintenant réduit. Le 2 janvier, un groupe d’environ 15 Français montait dans un bus à destination de Rafah, mais on nous faisait descendre du bus dès le premier checkpoint. Ils se sont assis en cercle devant le bus jusqu’à ce qu’un garde du checkpoint monte dans le bus pour expliquer aux passagers qu’ils avaient fait descendre ces internationaux parce qu’ils voulaient se rendre à Gaza. La population égyptienne se souviendra encore longtemps de cette Marche pour Gaza, et je suis sûre qu’elle n’oubliera pas les Français plus particulièrement. Le 4 janvier nous avons dit au revoir au dernier contingent de Français, qui retournaient à Paris le lendemain. Parmi eux se trouvait un couple qui avait passé son voyage de noces sur la bande de Giza, et plusieurs frères musulmans qui ont noué des liens forts avec des militants palestiniens et égyptiens du Caire. Ils ont tous promis de revenir au Caire le 31 décembre 2010 pour la seconde marche pour la liberté de Gaza. Leur solidarité et leurs efforts sans relâche ont inspiré beaucoup de monde au Caire, à Gaza et dans le monde entier, et l’année prochaine, ils reviendront encore plus forts que quand ils ont commencé. Et, avant cela, les rues du Caire, de Gaza, de Paris et de toutes les villes du monde entier seront portées quotidiennement par le slogan qui sonne toujours à nos oreilles : Palestine Vivra ! Emily Ratner ARTICLE ORIGINAL http://dissidentvoice.org/2010/01/p... Israël : tournant en vue? L’ex-chef du Mossad considère qu’il est temps de mettre Abbas à la porte samedi 9 janvier 2010 - 08h:16 Ma’an News Agency L’ancien chef des services israéliens d’espionnage, Efraim Halevy, a critiqué l’Autorité palestinienne (AP) et le président Mahmoud Abbas lors d’une interview avec la radio militaire. « L’Autorité palestinienne est sans utilité et ce ne sont rien que des élèves d’Israël et des États-Unis. Dès que les États-Unis et Israël cesseront de financer l’Autorité palestinienne, celle-ci disparaîtra. Abbas et son AP devraient comprendre cela et savoir être modestes dans leurs menaces contre Israël », a déclaré Halevy au cours de l’émission matinale « Bonjour Israël » animée par Ghazi Burqai. « Abbas ne sert à rien et il est temps de le virer. Israël doit trouver des alternatives. » Halévy, qui dirige également la « Strategic Research Unit » de l’Université hébraïque de Jérusalem, a ajouté que l’alternative à l’Autorité palestinienne serait le Hamas, en affirmant qu’Israël avait commencé à établir « les premières voies [de communication], posant en termes clairs que le Hamas est meilleur que Abbas, son gouvernement et son autorité. » Halévy a en outre critiqué le chef du Fatah, Muhammad Dahlan, l’accusant d’investir des millions de dollars en Libye, en ajoutant que l’Autorité palestinienne n’avait pas réussi à faire totalement disparaître les attaques [de la résistance palestinienne] contre Israël et que, en fait, le Shabak [contre-espionnage israélien connu pour son usage répété de la torture - N.d.T] était la force qui sous-tendait [le travail des services de sécurité de l’AP]. L’interview avec le chef du Mossad a eu lieu après une autre interview du négociateur en chef de l’OLP, Saeb Ereket au Qatar, au cours de laquelle a été discutée la récente décision d’Israël de poursuivre l’expansion des colonies à Jabal Zaytoun dans Jérusalem-Est. Erekat y expliquait que l’Autorité palestinienne condamnait et rejetait la politique de colonisation d’Israël et qu’Abbas ne reprendrait pas les négociations avant un arrêt complet de ces activités de colonisation. 6 décembre 2009 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à : http://www.maannews.net/eng/ViewDet... Traduction : Info-Palestine.net III. (RESTE DU) PROCHE & MOYEN ORIENT + MAGHREB Algérie : Une grève (inhabituelle?) La grève des travailleurs de la SNVI de Rouiba fait tache d’huil La contestation gagne la zone industrielle La tension monte et la protestation fait tache d’huile dans la zone industrielle de Rouiba : quelque 2000 travailleurs de la SNVI et de plusieurs autres unités de ladite zone ont marché hier matin sur la ville. Ils ont été bloqués à l’entrée de Rouiba, juste devant l’usine de Coca-Cola, où a été dressé un insurmontable mur des forces antiémeute. Bouclier et matraque à la main, les policiers restaient impassibles sur la limite faite à la foule des manifestants. Le premier choc entre la foule et les forces de l’ordre a fait 3 blessés légers parmi les travailleurs. L’un d’eux a été évacué à l’hôpital de la ville suite à des blessures à la jambe. ……… Rouiba : plus de 5000 travailleurs violemment réprimés Il régnait un climat d’émeute hier à la zone industrielle de Rouiba. Le nombre de grévistes a augmenté avec l’adhésion de la quasi-totalité des travailleurs des entreprises publiques au mouvement de protestation initié par ceux de la SNVI. En effet, ceux d’Hydroaménagement, Mobsco, Cammo, Magi, Anabib et autres ont grossi les rangs des protestataires. Et même les hésitants ont fini par rallier les rangs des mécontents. Le nombre des manifestants a dépassé hier, les 5000. Mais aux revendications des travailleurs qui dénoncent les décisions de la dernière réunion tripartite, les autorités ont opposé la répression. ……… Rouiba, la suite….. Les forces anti-émeutes algériennes ont échoué jeudi à maitriser la grogne sociale qui secoue la zone industrielle de Rouïba à 15 km d’Alger, écrit Euronews. Les échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre ont fait quelques blessés, précise le cite. Les 50 000 de Rouïba sont en grève depuis lundi. Ils exigent une augmentation de salaire, et le maintien de leurs conditions de départ à la retraite. C’est-à-dire après 30 ans de cotisation, alors qu’Alger peut porter l’âge de la retraite à 60 ans. La manifestation des travailleurs réprimée El Watan, 9 janvier 2010 Au cinquième jour de la protestation, la marche des travailleurs de la zone industrielle, qui manifestent depuis dimanche dernier contre les décisions prises par le gouvernement dans le cadre de la tripartite de décembre 2009, a été violemment réprimée jeudi dernier. Des milliers d’éléments des forces antiémeute, de la gendarmerie et de la police ont été mobilisés pour étouffer ce mouvement de contestation qui n’a cessé de prendre de l’ampleur et de faire tache d’huile durant toute la semaine. En effet, de quelques centaines parmi les 5000 travailleurs de la SNVI en grève dès le début du mouvement dimanche dernier, sortis se rassembler le deuxième jour de la protestation devant le portail de ladite usine, le nombre de manifestants est passé à plus de 5000 jeudi dernier, et ce, malgré le blocus exercé avec l’installation de barrages des brigades antiémeute de la Gendarmerie nationale devant toutes les grandes unités de la zone industrielle. Les employés de Anabib (Réghaïa) ont été empêchés de rejoindre les manifestants qui voulaient marcher sur la ville de Rouiba pour tenir un rassemblement devant le siège de l’union locale de l ’UGTA, car les travailleurs considèrent que leur syndicat, « Sidi Saïd en particulier », insistent-ils, les a trahis. « Cela fait des années qu’on nous promet des augmentations conséquentes de salaires. L’Algérie engrange des centaines de milliards de dollars de recettes pétrolières par année, mais le citoyen se débat toujours dans une misère indescriptible. Où va cet argent ? Nous nous considérons trahis parce qu’au lieu d’une augmentation réelle, le gouvernement a jeté un os à l’UGTA qu’il qualifie de butin de guerre à l’issue de la tripartite de décembre 2009. C’est un salaire net de 15 000 DA (qu’ils appellent d’ailleurs SNMG), soit l’équivalent de 130 euros, que Sidi Saïd qualifie de victoire historique des travailleurs. C’est aberrant. Qu’il ait au moins le courage de venir s’expliquer ici, devant nous », nous a déclaré un travailleur qui se dit « beaucoup plus choqué par cette trahison que par la répression qui s’abat sur le mouvement ». Les forces de sécurité ont tout fait pour empêcher les travailleurs des différentes usines de converger vers un seul endroit, craignant d’être débordées par le nombre. Il leur était plus aisé de maîtriser des groupes plus ou moins grands, isolés les uns des autres. Comme la veille, les travailleurs tentaient de forcer les barrages des forces antiémeute dressés sur toutes les artères principales de la zone industrielle. Le plus important mur humain a été dressé face à la foule partie de la SNVI à hauteur de l’usine Mobsco. Des centaines de gendarmes armés de matraques en bois, plutôt des manches de pioche, et de boucliers, barraient la route devant les manifestants. « Regardez ce que les pouvoirs publics mobilisent en guise de réponse aux cris de détresse des pères de famille. Près d’un millier d’hommes, peut-être plus, qui sont nos enfants en quelque sorte, pour nous bastonner », réagit un manifestant. Il y avait beaucoup de démesure dans la mobilisation des forces de sécurité, jeudi dernier. Des centaines de véhicules de la gendarmerie et de la police étaient stationnés à différents endroits de la zone industrielle. « Ils font une démonstration de force, mais cela ne nous impressionne pas. Nous organisons un mouvement de protestation pacifique pour réclamer nos droits. C’est légal et c’est même garanti par la Constitution », commente un travailleur. Un autre barrage a été dressé sur la route menant vers l’autoroute, non loin de Cammo, pour empêcher les travailleurs des unités de ce secteur de rejoindre la masse bloquée sur la RN5 reliant Réghaïa à Rouiba. Là, un autre travailleur réitère les revendications des manifestants : une augmentation de salaire permettant de vivre dignement et le droit de partir à la retraite sans condition d’âge pour ceux qui ont exercé suffisamment pour y prétendre. La masse d’employés de la SNVI qui s’est ébranlée la première est immobilisée lorsque son premier rang tombe nez à nez avec les gendarmes. Mais les manifestants s’impatientent lorsque les négociations des syndicalistes avec les officiers auxquels ils demandent de leur céder le passage échouent. Commencent alors des tentatives répétées de forcer cette barrière. Mais à chaque fois, les gendarmes chargent et des coups de matraque pleuvent sur les premiers rangs. Lorsqu’on sentait que la barrière risquait de céder, il suffisait aux officiers de faire un signe pour que des renforts parviennent des rues adjacentes, car un nombre impressionnant de gendarmes a été mobilisé. On déplore trois blessés légers parmi les manifestants suite à ces affrontements, dont une femme qui s’en est sortie avec une entorse à la main. Quelques travailleurs passeront par les champs mitoyens pour arriver là où ils avaient été bloqués la veille : l’entrée de la ville de Rouiba où ils seront stoppés par un autre barrage de police. Et ce sont toujours les syndicalistes qui interviennent pour éviter que la manifestation ne sorte de son cadre pacifique. « Non ! Non ! », crient-ils aux manifestants qui commencent à lancer des pierres vers les barrages de gendarmerie. « Il y a des gens manipulés qui font tout pour faire déborder la situation. Mais nous n’allons pas céder aux provocations. Nous continuerons à manifester pacifiquement, jusqu’à ce que le gouvernement nous entende », nous a déclaré un encadreur de la manifestation. « Ce décor me rappelle les événement de 2001 en Kabylie », nous dit un manifestant. En effet, des véhicules tout-terrain, des fourgons de transport de troupes, des bombes lacrymogènes, des camions arroseurs et des camions balayeurs occupent les carrefours stratégiques de la zone. « Tout ça pour mater un mouvement des travailleurs. Et dire que c’est nous qui fabriquons ces camions à la SNVI. L’Algérie recule beaucoup », s’indigne un manifestant. En début d’après-midi, les travailleurs se sont dispersés dans le calme réitérant leur détermination à aller jusqu’au bout : « Nous reviendrons dimanche si aucune réponse n’est apportée à nos revendications. Nous avons manifesté durant une semaine et aucun responsable n’a jugé utile de venir nous écouter. On nous ferme toutes les portes du dialogue, il ne nous reste que la rue », nous dit un encadreur de la manifestation. Par Kamel Omar