L`amour ne se commande pas En amour

Transcription

L`amour ne se commande pas En amour
L'amour ne se commande pas
En amour "se forcer" de ne sert à rien.
Jésus vient de répondre aux objections des sadducéens à propos de la
résurrection. Les pharisiens, qui y croient, devraient s'en réjouir. Il
n'en est rien : pour eux, la foi en la résurrection est moins importante
que leur autorité, menacée par le succès de la prédication de Jésus.
D'où une nouvelle tentative pour le prendre au piège. "Quel est le plus
grand commandement de la Loi ?", lui demande un pharisien docteur
de la Loi. Un spécialiste. Question embarrassante. Lisez, par exemple,
l'Exode et le Lévitique : vous y trouverez, en plus du Décalogue, une
foule de prescriptions et d'interdits, dans le domaine de la morale et du
rituel. Tout cela exprime la relation d'Israël à son Dieu et de chaque
Israélite à son prochain, mais tout n'a pas la même importance. Que
choisir ? À vrai dire, Jésus ne choisit pas : il cite le "commandement"
qui est incomparable aux autres, qui est en quelque sorte hors-liste.
J'ai mis "commandement" entre guillemets, car l'amour ne se
commande pas. Avant de se donner, il se reçoit. Le commander n'est
pas à proprement parler le prescrire, mais signaler que nous avons
raison de l'accueillir. Cet accueil suppose bien entendu la foi et,
d'ailleurs, se confond avec elle. Dans sa réponse, Jésus ne se contente
pas de citer, il explique et amplifie. D'abord, il ajoute au texte de la
Bible que le second commandement est semblable au premier, ce qui
signifie que notre amour pour Dieu que nous ne voyons pas passe par
l'amour des autres hommes, que nous voyons. Ensuite, il signale que
tout le contenu de la Bible, Loi et Prophètes, découle de "ces deux
commandements" et, en quelque sorte, ne fait qu'illustrer leur accueil
et décrire les conséquences de leur refus.
Vers l'humanité accomplie
La révélation que l'amour est l'ultime vérité de l'homme ne souffre pas
de discussion et n'admet pas d'exception. Par contre, les
commandements et pratiques qui veulent la concrétiser dépendent des
circonstances. "Tout ce qu'il y a dans l'Écriture" en est là. Si bien
qu'on est mal inspiré quand on détache une phrase de son contexte
pour lui conférer une valeur absolue. En fin de compte, c'est la Pâque
du Christ qui est la clé d'interprétation de toute la Bible. C'est là en
effet que se révèle la plénitude de l'amour. Les disciples d'Emmaüs
seront invités à relire tout le Livre dans ce sens. L'accueil par le Christ
de la mort que nous lui imposons résume tout le passé et donne
existence à tout l'avenir dans ce présent : au calvaire, la fin des temps
est déjà là. Voici l'homme totalement accompli, parfaite image et
ressemblance de Dieu, puisqu'il va jusqu'au bout de l'amour en
donnant sa chair et son sang pour nous faire vivre. "Les temps sont
accomplis". Il nous reste à mettre au monde, au jour le jour, cet
achèvement, cette perfection de l'humanité. Pour nous y aider, et
d'abord pour ne pas l'oublier, nous avons mis en place, dans l'Église,
beaucoup de pratiques, de "dévotions", de rites. Tout un langage. Cela
peut faire penser à la Loi et aux prophètes dont parle Jésus. Portant la
marque du temps et des circonstances, ces observances ne sont pas
immuables. Elles sont un langage, et tout langage évolue. On n'est pas
disciple du Christ par des rites et des pratiques, mais par l'accueil de
ce plus grand amour qui conduit à donner sa vie pour ceux que l'on
aime (Jean 15,13). Et nous sommes appelés à n'exclure personne de
cet amour. Il n'est pas en nous le fruit d'efforts et de tensions, mais de
notre ouverture à cet Amour qui vient nous envahir.

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