Pâques 2007

Transcription

Pâques 2007
PAQUES ET DIMANCHE
A tous, très joyeuse fête de Pâques, c’est-à-dire très profond renouveau dans
la joie de Pâques : le Christ est vivant, nous sommes vivants pour Dieu et pour
nos frères !
Nous sommes en effet à la veille de fêter Pâques. Fêter Pâques, c’est aussi
Nous ressourcer dans le sens du Dimanche, la « pâque hebdomadaire »…
La nécessité de ce ressourcement n’a pas diminué depuis la parution de Dies
Domini, la très belle lettre apostolique de Pentecôte 1998 de Jean Paul II.
Retrouver la pratique régulière, hebdomadaire, de la messe du Dimanche, est
capital pour chacun. Il nous faut inventer ou réinventer les moyens de le dire et
de l’expliquer. Ou plutôt, il faut retrouver ou aider à trouver le goût de la Parole
de Dieu comme parole vivante, de la présence du Christ comme réellement
présent, de la communauté de croyants comme une communauté fraternelle
animée par l’Esprit, le souffle de Dieu.
Pourquoi la messe le dimanche ? Pourquoi la messe tout court ? Pourquoi
des chrétiens ? Les chrétiens ne se réunissent pas le Dimanche pour se remonter
le moral ou pour la seule joie de se retrouver, mais pour recevoir la vie en leur
cœur et leur intelligence et leur corps. La Parole qu’ils entendent est celle du
Dieu vivant qui s’adresse à eux et par eux au monde. Il n’est pas facultatif, pour
vivre, de respirer et, quand on sait où est la source, de s’y abreuver et d’y inviter
ses frères et sœurs.
Parce que le Christ, Dieu fait homme, est vivant, est notre contemporain et nous
fait contemporains de Lui. Il est parmi nous, se donne comme notre vie et notre
pain quotidien, plus consistant que la manne dans le désert et plus désaltérant
que l’eau jaillie du rocher pour les assoiffés et les affamés. Il nous associe à sa
prière et à son action pour le monde entier, à chaque moment de l’histoire des
hommes.
L’ « ennui » d’une pratique régulière hebdomadaire éprouvé par certains
peut avoir été augmenté par telle ou telle imperfection de la communauté ou tel
ou tel défaut dans l’accomplissement de la liturgie. Mais ne nous y trompons
pas : la question est ailleurs. Elle est aussi, et d’abord –pourquoi le nier ?- dans
le manque de foi…et la paresse spirituelle. Comment vouloir aller à la messe
sans soif de la parole, et sans désir de relation avec le Christ en réponse à son
propre désir ? (« J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous »).
Comment avancer sur le chemin de la foi si l’on veut sans cesse et toujours avoir
des émotions ou se gouverner sur ses émotions ou sur le manque d’émotions ?
Jésus ne demande pas aux disciples s’ils ont des émotions, mais s’ils veulent le
suivre, s’ils veulent se laisser guérir et instruire, s’ils veulent le suivre sur le
chemin de sa passion pour ressusciter avec Lui…Il ne leur demande pas leur
« ressenti », mais il s’offre en leur disant : « prenez et mangez…celui qui mange
de ce pain et boira de cette coupe vivra éternellement ».
Ceci n’est pas sans conséquence pour la mission. Le chrétien n’est pas là en ce
monde pour rassasier ou pour étancher lui-même la soif de ses contemporains
( !) mais pour les aider à vivre avec lui cette faim et cette soif que seul le Dieu
vivant rassasie. C’est au-delà de la recette de grande surface. C’est au-delà du
marketing. C’est l’invitation à entrer dans la demeure ouverte aux humbles et
aux pauvres, mais cachée aux regards possessifs, orgueilleux. L’invitation
dépend de nous, avec notre accueil concret et notre présence, et- pourquoi pas
aussi l’invitation à déjeuner après la messe à la maison, mais la réponse ne
dépend pas de nous…
+ Eric AUMONIER, Evêque de Versailles