la prise en charge des adolescents deficients visuels en ergotherapie
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la prise en charge des adolescents deficients visuels en ergotherapie
IFPEK Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes LA PRISE EN CHARGE DES ADOLESCENTS DEFICIENTS VISUELS EN ERGOTHERAPIE En vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’Ergothérapeute Barbara GABRIEL Année 2009-2012 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale. IFPEK Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes LA PRISE EN CHARGE DES ADOLESCENTS DEFICIENTS VISUELS EN ERGOTHERAPIE Sous la direction d’Hélène Le Bris En vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’Ergothérapeute Barbara GABRIEL Année 2009-2012 Je tiens à remercier ma maître de mémoire Hélène Le Bris ainsi que tous les professionnels qui ont pris le temps de s’entretenir avec moi. Merci à Alice Marty pour ses précieux conseils, son dynamisme, sa façon passionnante et passionnée de mener son travail. Merci à mon entourage pour leur patience à m’écouter ou me relire. « La cécité n’est pas un handicap, c’est sûrement une déficience mais avant tout simplement une autre façon de voir les choses ». Gilbert Siboun 1989 « Le handicap visuel complique, il ne détermine pas le devenir adulte. » Pierre Griffon Sommaire INTRODUCTION ........................................................................................................................ 1 PREMIERE PARTIE : Apports théoriques ...................................................................................... 6 1 Définition de la déficience visuelle et de la cécité ................................................................... 6 1.1 Amblyopie ......................................................................................................................... 6 1.2 Cécité ................................................................................................................................. 6 2 Définition de l’adolescence ...................................................................................................... 7 2.1 Présentation de l’adolescent .............................................................................................. 7 2.2 Les conflits liés à l’adolescence ........................................................................................ 9 3 Particularité d’être adolescent et non voyant ......................................................................... 11 3.1 L’adolescent déficient visuel ou non voyant congénital .................................................. 11 3.1.1 Le blindisme ............................................................................................................. 11 3.1.2 Les ambivalences de l’adolescent porteur d’un handicap ........................................ 11 3.1.3 La surprotection........................................................................................................ 12 3.2 L’adolescent non voyant ou ayant une déficience visuelle acquise ................................. 13 3.2.1 L’allongement de la l’adolescence ........................................................................... 13 3.2.2 Le Deuil .................................................................................................................... 13 3.2.3 Le réajustement des acquis pour reprendre confiance en soi ................................... 15 3.3 L’approche de la sexualité chez un adolescent avec une déficience visuelle .................. 15 3.4 Indépendance ou Autonomie ? ........................................................................................ 16 4 L’ergothérapie......................................................................................................................... 17 4.1 Présentation de l’ergothérapie ......................................................................................... 17 4.2 L’ergothérapie dans le domaine de la déficience visuelle ............................................... 18 4.2.1 La REEDUCATION ................................................................................................. 18 4.2.2 La READAPTATION............................................................................................... 22 5 L’ergothérapeute et l’AVJiste ................................................................................................. 25 DEUXIEME PARTIE : Analyse et vérification des hypothèses .................................................... 26 1 Choix de la méthode ............................................................................................................... 26 1.1 Population interrogée ....................................................................................................... 26 1.2 Elaboration du questionnaire ........................................................................................... 28 1.3 Passation du questionnaire............................................................................................... 28 1.4 Les limites du questionnaire ............................................................................................ 29 1.5 Méthode pour l’analyse des données ............................................................................... 29 2 Résultat et analyse des données ............................................................................................. 29 2.1 Les modalités de la prise en charge des adolescents en ergothérapie .............................. 29 2.1.1 L’importance de la prise en charge en ergothérapie à l’adolescence ....................... 29 2.1.2 La forme des prises en charge : mise en situation dans l’environnement de l’adolescent ou sous forme analytique en salle d’ergothérapie Pourquoi ? Comment ? ........ 33 2.2 Le travail interprofessionnel ............................................................................................ 34 2.2.1 La transposition des acquis au quotidien.................................................................. 34 2.2.2 L’ergothérapie s’inscrit dans un projet de collaboration interprofessionnel ............ 37 2.3 Le rôle de l’ergothérapeute et de l’AVJiste auprès des jeunes déficients visuels ............ 37 2.3.1 La différence entre un ergothérapeute et un AVJiste ............................................... 37 2.3.2 L’importance de cette spécialisation pour travailler auprès de déficients visuels .... 38 2.3.3 L’AVJ compatible avec d’autres professions qu’ergothérapeute ? ........................... 39 2.4 Les domaines d’action de l’ergothérapie ......................................................................... 41 2.4.1 Le domaine d’action principal de l’ergothérapeute : soins personnels, activité sociale, autonomie scolaire .................................................................................................... 41 2.4.2 L’apport de l’ergothérapie auprès des personnes déficientes visuelles durant l’adolescence ? ....................................................................................................................... 43 3 DISCUSSION ........................................................................................................................ 45 3.1 Synthèse de l’analyse....................................................................................................... 45 3.2 Perspectives d’action ....................................................................................................... 46 3.3 Limites ............................................................................................................................. 47 CONCLUSION .......................................................................................................................... 49 BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................... 51 WEBOGRAPHIE ....................................................................................................................... 52 ANNEXES ..................................................................................................................................... INTRODUCTION L’adolescence est une période de la vie où s’effectuent de nombreux remaniements autant physique que psychique sur un individu. C’est à la fois une phase à la fois où l’adolescent renonce à l’insouciance de l’enfance, et où il prend conscience, ainsi que son entourage, qu’il devient une personne à part entière capable de penser et d’agir selon ses propres idées. Ces changements s’illustrent notamment par le fait que le jeune devienne indépendant et poursuive son chemin vers l’autonomie. Dans le domaine du handicap, chaque jeune évolue différemment. Un enfant aveugle de naissance ne perçoit pas le monde qui l’entoure comme un enfant voyant le perçoit. Il compense son déficit sensoriel en développant les autres sens, mais dans un univers où la vue est le sens le plus employé, l’adaptation est parfois difficile. « Atwel1 parle de l’espace « egocentré » du toucher et « allocentré » de l’espace visuel. D’après lui, « Ce qui saute aux yeux ne saute pas aux mains ». En effet, les expériences visuelles sont inaccessibles aux personnes non voyantes : il leur est impossible de partager une « même vision du monde ». Le contraire est aussi vrai : il n’est pas possible à un voyant de vivre et ressentir ce que représente la cécité même avec des yeux bandés. »2 C’est pourquoi, quand un enfant devient adolescent avec une déficience visuelle, ses angoisses sont d’autant plus importantes car il comprend qu’il devra d’autant plus s’adapter pour gagner son indépendance. Les professionnels de santé médicaux, paramédicaux, et du social, sont là pour l’aider et le guider dans le chemin vers l’autonomie. En effet il est important de mener l’adolescent dans son rôle d’acteur de sa propre vie entendu et reconnu des autres, épanoui dans son environnement et capable, pour qu’il vive au mieux avec « la société qui y voit » en évitant de se renfermer lui-même. Cette prise en charge passe, d’un point commun à tous les acteurs de la prise en charge par l’écoute, le dialogue, la valorisation des performances, l’entretien de la confiance en soi et aux autres ainsi que l’estime de soi. En fonction des capacités de chacun, il sera important d’apporter de nouvelles motivations et ambitions dans différents champs : personnel, relationnel, scolaire, professionnel, familial… 1 Atwel dans : RAYNARD Francis, (mai 2003), Un autre regard, La réadaptation des déficients visuels, édition Solal, p.82 2 RAYNARD Francis, (mai 2003), Un autre regard, La réadaptation des déficients visuels, édition Solal, p.82 1 Ayant effectué un stage dans un centre accueillant des enfants, adolescents et adultes déficients visuels, j’ai souhaité m’intéresser à ce public pour mon mémoire. En effet, ce centre accueille notamment des adolescents et adultes en reconversion professionnelle ou scolaire suite à la perte ou la diminution de la vue. J’ai découvert une prise en charge très spécifique à ce handicap sensoriel en ergothérapie, peu abordée durant mes études. La finalité de l’ergothérapie est la même dans ce domaine que dans un autre domaine de compétences de l’ergothérapie : l’ergothérapeute par sa prise en charge va viser l’acquisition d’un maximum d’autonomie pour les personnes déficientes visuelles. Ce qui est différent sont les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Il est primordial de laisser le temps nécessaire à la personne de faire par elle même. Ceci est compliqué au début et surprenant même, car, même en connaissant les difficultés, il est par exemple difficile de laisser une personne non voyante chercher un objet qui est devant nous et que nous voyons bien alors que l’individu ne le trouve pas directement. Mais c’est en cherchant plusieurs fois cet objet que la personne mettra en place des stratégies exploratoires au fur et à mesure, et avancera dans son processus d’autonomisation. Ces prises en charge demandent donc une grande patience de la part des thérapeutes qui doivent être pleinement conscients de leurs objectifs et du bénéfice de la personne à réussir par elle-même. Pendant ce stage, j’ai particulièrement suivie deux adolescentes non voyante congénitales. Ces deux jeunes filles de 16 et 18ans étaient à des stades très différents sur le chemin vers l’autonomie. L’une apprenait à s’habiller, l’autre, en formation professionnelle pour être hôtesse d’accueil, travaillait le fait d’arriver à reconnaitre ses habits pour pouvoir accorder les couleurs. Ces adolescentes n’appréhendaient pas leur avenir de la même façon. La première était très protégée dans sa famille, elle ne se positionnait pas comme une adolescente mais plus comme une enfant où l’avenir et la vie d’adulte lui paraissait lointain et incertain. La seconde était plus consciente des responsabilités qu’on lui demandait d’acquérir. Parallèlement, j’ai aussi suivi durant ce stage des adolescents malvoyants suite à une maladie évolutive ou après une opération chirurgicale pour ôter des tumeurs cérébrales. Ces adolescents avaient une déficience visuelle acquise de façon évolutive ou brusquement. Ils avaient donc des repères différents de personnes malvoyants de naissance, et possédaient des repères visuels contrairement aux deux adolescentes aveugles congénitales. Avec ces adolescents malvoyants, nous travaillions sur l’activité cuisine et l’activité repas en séance individuelle. Ces prises en charges étaient différentes les unes des autres car le but était de renforcer la complémentarité entre les repères tactiles et les repères visuels possibles, pour pouvoir avoir une production de 2 l’activité adaptée et en toute sécurité. Or les adolescents n’avaient pas les mêmes acquis et les mêmes capacités visuelles, il fallait donc veiller à adapter la prise en charge à ces critères. Ces différentes prises en charge et les lectures que j’ai pu consulter m’ont amené différents questionnement : Comment ces adolescents peuvent-ils accéder à un niveau d’indépendance suffisant pour être autonome ? Qui peut les guider sur le chemin de l’autonomie et comment ? L’ergothérapie est-elle une prise en charge déterminante à cette période pour que l’adolescent puisse s’accomplir dans sa vie d’adulte ? Comment l’ergothérapie peut accompagner un adolescent déficient visuel ou non voyant sur le chemin de l’autonomie ? Ces questionnements m'ont amenée à la problématique suivante : En quoi la prise en charge en ergothérapie favoriserait l’accès à l’autonomie chez un adolescent non voyant ou mal voyant ? 3 L’adolescence est une période importante de la vie où on construit sa propre personnalité à travers l’acquisition d’autonomie. J’ai voulu me concentrer sur cette période de la vie où la personne est donc en recherche maximale d’autonomie. Comme cité ci-dessus, l’objectif principal du métier d’ergothérapeute est que toute personne puisse accéder à un maximum d’autonomie possible. Le parallèle est donc intéressant entre d’un côté un public en recherche d’autonomie de part leur âge, ayant besoin d’une aide de part leur handicap, et de l’autre, un métier dont la finalité est l’acquisition d’autonomie et spécialisé dans le handicap. De plus, j’ai pu côtoyer et prendre en charge ce public en stage. Les jeunes vivent souvent en centre spécialisé pendant l’adolescence, où ils reçoivent les soins et l’encadrement nécessaires à leur handicap. Les parents n’ont donc pas le même rôle que chez un adolescent voyant pour les guider vers l’âge adulte, car cet accès nécessite pour l’adolescent l’apprentissage de mise en place de moyens pour compenser ses déficits. Ces moyens ne sont pas forcément connus des parents, ce sont donc les professionnels du centre où l’enfant réside qui auront pour mission d’amener l’enfant vers une meilleure indépendance ou autonomie quand c’est possible. J’émets donc l’hypothèse que l’ergothérapeute, par son statut de professionnel, favorisera l’acquisition de l’autonomie chez l’adolescent. Le public des personnes déficientes visuelles est très vaste : il existe des personnes aveugles ou malvoyantes. J’ai pensé qu’il serait intéressant de m’intéresser à ces deux types de handicap, car la prise en charge en ergothérapie est très différente comme nous le verrons par la suite. Cette prise en charge varie aussi beaucoup si la personne est déficiente visuelle de naissance ou si elle l’est devenue. L’âge d’apparition de la déficience visuelle est aussi très important car il déterminera les acquis de la personne en tant que « voyant ». La précocité de la prise en charge joue un rôle important dans l’acquisition de capacités chez l’individu. Le choix de traiter de plusieurs types de handicap visuel permettra de pouvoir comparer les prises en charge en ergothérapie selon les catégories de déficiences visuelles lors du recueil des données. Ces différents points m’ont amené à émettre une hypothèse La prise en charge en ergothérapie est nécessaire pour qu’un adolescent mal voyant ou non voyant puisse accéder à un niveau d’autonomie suffisant. 4 Pour confirmer ou infirmer ces hypothèses, j’ai choisi de définir dans une première partie les termes ainsi que les différents rôles de l’ergothérapeute auprès de ce public pour mieux comprendre son rôle prépondérant dans le processus d’autonomisation. Dans un second temps de l’étude, je développerai le recueil de données ainsi que l’analyse de ce recueil de données. Enfin, la mise en parallèle de cette analyse avec la première partie théorique me permettront de réfléchir de nouveau à mon hypothèse de départ. 5 PREMIERE PARTIE : Apports théoriques 1 Définition de la déficience visuelle et de la cécité Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la définition actuelle ne fait pas la différence entre ceux qui ont une cécité totale (pas de perception lumineuse) et ceux qui ont une perception lumineuse mais avec une vision inférieure à 1/20 du meilleur œil. L’OMS situe à 1/20ème la frontière entre malvoyance et cécité, et définit 5 catégories de déficiences visuelles : 1.1 Amblyopie Catégorie I : La déficience visuelle moyenne Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 3/10ème et supérieure à 1/10ème, avec un champ visuel d’au moins 20°. Catégorie II : La déficience visuelle sévère Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1/10ème et supérieure ou égale à 1/20ème, avec un champ visuel compris entre 10° et 20°. 1.2 Cécité Catégorie III : La déficience visuelle profonde / cécité. Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1/20ème et supérieure ou égale à 1/50ème, avec un champ visuel compris entre 5° et 10°. Le comptage des doigts est possible à moins de trois mètres ainsi que la taille des grands titres de journaux. Catégorie IV : La cécité presque totale Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1/50ème, mais perception lumineuse préservée, avec un champ visuel inférieur à 5°. Le sujet a des perceptions lumineuses, parfois des masses et des volumes ou des formes Catégorie V : La cécité absolue Pas de perception lumineuse. 6 Les catégories de déficiences visuelles3 Acuité visuelle de loin avec la « correction portée » Catégorie Déficience visuelle légère ou absente 0 Déficience visuelle modérée 1 Déficience visuelle sévère 2 Cécité 3 Cécité presque totale 4 Cécité totale 5 Inférieure à : Egale ou supérieure à : 3/10 (0.3) 3/10 (0.3) 1/10 (0.1) 1/10 (0.1) 1/20 (0.05) 1/20 (0.05) 1/50 (0.02) 1/50 (0.02) Perception lumineuse Pas de perception lumineuse 2 Définition de l’adolescence 2.1 Présentation de l’adolescent L’étymologie du terme adolescent est composé de la racine latine « adolescere » qui, au participe présent s’écrit « adolescens » et signifie « en train de grandir », et au participe passé « adultus » soit « qui a fini de grandir ». L’adolescence commence avec l’apparition d’une puberté physiologiquement normale et se termine lorsque l’identité et le comportement adultes sont acceptés. Cette période de développement correspond approximativement à la période entre 10 et 19 ans selon l’Organisation mondiale de la santé. 3 World Health Organization. Changements dans la définition de la cécité. [en ligne]. Disponible sur Internet : http://www.who.int/blindness/Changements.pdf (Consulté le 12 novembre 2011). 7 Selon Gaonac’h et Golder, on peut diviser l’adolescence en plusieurs périodes significatives :4 TYPE DE RAPPORT EVÉNEMENT AGE TÂCHES Adopter une identité de genre Rapports au corps Puberté de 10 à 14-15 ans Construire une image corporelle sexuée S’engager progressivement dans l’intimité sexuelle Rapports à autrui Rapports à soi 4 Vie sociale Identité de 12 à 17-18 ans de 13 à 19 ans Se défaire des liens de la dépendance avec les parents S’engager dans les relations de proximité avec les pairs Se situer et se structurer à travers des enjeux cruciaux: -Les perspectives professionnelles -Les relations interpersonnelles -Le rapport à l’autre sexe -Les valeurs et croyances -Les projets de vie AUDETAT M.- Cl, VOIROL C.. L’adolescent. 1997. [en ligne]. Disponible sur Internet : http://psynergie.ch/Pedagogie-Culture-Societe/Eleve/AdolescentTexteBase.pdf (Consulté le 26 octobre 2011). 8 La période de l’adolescence est donc une période de transition où s’opèrent de nombreux changements : Morphologique : ensemble des changements anatomique aboutissant à la capacité de reproduction ; ces transformations corporelles entrainent des transformations psychiques qui permettent à l’adolescent de se construire son identité. Physiologique : avec la croissance et l’apparition des caractères sexuels secondaires, Intellectuel : L’adolescent sera capable de construire un raisonnement avec des hypothèses abstraites, et a aussi de grandes capacités d’apprentissage. Identitaire : L’individu doit se positionner en tant qu’adultes, et être capable de faire des choix et de prendre des décisions Au niveau de l’autonomie : capacité à gérer ses pensées et ses émotions, c’est l’individuation, et la capacité à gérer ses relations, c’est l’appartenance. 2.2 Les conflits liés à l’adolescence Les psychologues Charles Voirol et Marie-Claude Audétat5 mettent en avant les sources de tension les plus fréquentes entre parent et adolescent. Tout d’abord le choix professionnel. Souvent, il arrive que les parents prennent la décision finale concernant l’orientation scolaire ou professionnelle. Si cette décision est conforme aux désirs de l’enfant tout se passe pour le mieux. En revanche si les parents refusent le choix de l’enfant, les relations deviennent difficiles. L’amour est également un sujet délicat pour l’adolescent. Il est en train de découvrir l’intimité avec un ou une partenaire et cette nouvelle relation appartient à son jardin secret. Il perçoit donc les nombreux interrogatoires de ses parents comme embarrassants. Les tensions au sein du couple parental ou le divorce des parents peuvent également être des facteurs déstabilisants. L’adolescent perd ses repères et les parents trop impliqués dans leur séparation, relâchent l’attention sur leurs enfants. Il n’existe donc plus de cadre auquel l’adolescent puisse se référer pour savoir s’il adopte les bons comportements ou non.6 5 AUDETAT M.- Cl, VOIROL C.. L’adolescent. 1997. [en ligne]. Disponible sur Internet : http://psynergie.ch/Pedagogie-Culture-Societe/Eleve/AdolescentTexteBase.pdf (Consulté le 26 octobre 2011). 6 AUDETAT M.- Cl, VOIROL C.. L’adolescent. 1997. [en ligne]. Disponible sur Internet : http://psynergie.ch/Pedagogie-Culture-Societe/Eleve/AdolescentTexteBase.pdf (Consulté le 26 octobre 2011). 9 L’adolescent est en train de se construire en tant qu’adulte et l’autorité quelle qu’elle soit représente est une atteinte à sa liberté. Les parents contrôlent les comportements, les fréquentations et souvent l’orientation scolaire ou professionnelle comme vu auparavant. L’école impose un programme et contraint à un travail régulier. Cette autorité est vécue comme pesante et généralement sa nécessité n’est pas bien comprise par l’adolescent. Il s’essaye alors de la contester de manière plus ou moins virulente. Cette tendance à dire «non » peut se manifester par l’imitation de comportements qui sont, selon les normes sociales, « réservés » à l’adulte (tabac, alcool, drogue,...), ou par la contre imitation du modèle attendu. Pour marquer sa différence par rapport à ce monde adulte et autoritaire, l’adolescent éprouve le besoin de vivre en « bande ». Il y trouve, l’amitié, la solidarité et la compréhension. Ces pairs connaissent généralement les mêmes difficultés et ensemble ils tentent d’introduire de nouvelles normes. L’appartenance au groupe repose ainsi sur par exemple: des goûts en commun (musique, cinéma, jeux,...)… une mode vestimentaire commune des loisirs communs tels que le sport, les jeux vidéo... des comportements d’opposition dans certains cas, la consommation d’alcool, de cigarettes, de drogues... L’adolescence est une période de renoncement de la stabilité de l’enfance où l’adolescent veut prendre de la distance par rapport à son entourage pour construire son identité propre. L’adolescent avec un handicap a beaucoup plus de difficultés à exprimer ses sentiments de rejet et de révolte. Son manque de confiance en lui est souvent renforcé par une dépendance affective excessive vis-à-vis de son entourage ainsi que par l’attitude de ce dernier. En effet, le jeune adulte doit assumer de nouveaux rôles, faire un choix parmi toutes les possibilités qui s’offrent à lui et acquérir les connaissances et les capacités pour assumer ces choix. L’accès aux rôles sociaux marque l’entrée dans l’âge adulte, or l’accès à ces rôles est souvent très restreint pour les personnes en situation de handicap. 10 3 Particularité d’être adolescent et non voyant 3.1 L’adolescent déficient visuel ou non voyant congénital 3.1.1 Le blindisme Les jeunes déficients visuels peuvent parfois adoptés un comportement stéréotypé comme une instabilité psychomotrice désigné sous l’appellation de « blindisme ». On retrouve le plus souvent des balancements du tronc, des rotations de tête, des mouvements de bras relevés à la hauteur des épaules, des frottements de mains sur le visage…Ces comportements s’explique par le fait qu’en l’absence de stimulation visuelle, l’enfant utilise ces moyens pour se retirer d’un monde qu’il ne comprend pas et qui ne lui correspond pas. Ces stéréotypies augmentent avec les émotions, et comme le jeune ne peut pas observer les autres pour se rendre compte que son mouvement est inapproprié, il continue et répond à son besoin de mouvement pour mieux ressentir son corps.7 3.1.2 Les ambivalences de l’adolescent porteur d’un handicap L’adolescent construit son identité, sa personnalité et veut être un individu à part entière en devenant indépendant et autonome par rapport à son entourage. C’est souvent un moment conflictuel avec la famille avec le souhait de vouloir s’affirmer, et en même temps une peur d’être abandonné.8 Cette période peut être vécue difficilement lorsqu’un adolescent est porteur d’un handicap notamment lors d’une cécité. En effet, en plus des préoccupations d’un adolescent ordinaire, il y a la difficulté de ne pas être comme les autres, ne pas savoir à qui s’identifier pour l’aider à avancer et à mieux appréhender l’avenir. Cette ambivalence entre l’envie de se distinguer de l’autre tout en ne voulant pas être perçu comme différent, peut entrainer des angoisses importantes chez le jeune. Ces angoisses se traduisent souvent par une intense crise d’adolescence accentuée par rapport à la normale. En effet, d’après Eric Zolla, il survient souvent d’importantes tensions avec les parents qui ont une tendance à surprotéger leurs enfants. 7 LAURENT Michel. Retentissement de la déficience visuelle au niveau de la personne. Réadaptation. La scolarisation des élèves déficients visuels en milieu ordinaire. Décembre 1998, n°455, pp12-13 8 ZOLLA Eric. Déficience visuelle et adolescence. Réadaptation cécité et malvoyance n°517, p.22 11 Le jeune veut, lors de l'adolescence, s’éloigner affectivement des ses parents pour acquérir une identité nouvelle socialement reconnue auprès des personnes qui représentent ce qu'il souhaite devenir (des jeunes de son âge ou des modèles plus âgés surinvestis). Cette situation est ambivalente : le jeune cherche à se passer de ses parents sans en avoir encore les moyens. Il quitte un équilibre socio-affectif stable pour un autre, jugé meilleur mais non encore acquis. L'adolescent, par le jeu des identifications, défis, vérifications et mises en situation, va s'approprier son handicap en essayant de définir les limites fonctionnelles que ce dernier lui impose et, à l'intérieur de ces limites, les domaines de compétence sur lesquels il va s'appuyer pour affirmer son identité. Souvent, l’individu non voyant entre à un âge plus tardif dans cette période, et vit une adolescence plus longue que celle d’un adolescent voyant. La prise de conscience des transformations corporelles ainsi que les processus d’identification s'amorcent de manière lente et progressive. Selon Pierre Griffon, psychologue clinicien en Centre de Rééducation Fonctionnelle pour personnes Aveugles ou Malvoyantes, « Il est courant, dans le travail clinique de psychologue, de rencontrer un jeune adulte de 20 ans ou plus, en pleine maturité physique, présentant des réactions affectives ou de prestance caractéristiques de l'adolescence. Si on peut objectiver une immaturité affective, par rapport à la plus part des jeunes du même âge, cette dernière n'est en rien pathologique. »9 3.1.3 La surprotection Cette crise d'adolescence peut se trouver perturbée pour le jeune déficient visuel, par les séquelles de surprotection établies au cours de l'enfance. En effet pour oser s'opposer aux modèles proposés par les parents, il faut que le jeune soit certain que cela ne remettra pas en cause l'amour que ses parents lui portent. La surprotection est définie comme une « manifestation excessive d’amour parental et de protection ».10 La surprotection infantile marque l'inquiétude des parents à l'égard du devenir du jeune malvoyant. Ce n'est que par la disparition progressive de la surprotection au cours de l'enfance que l’enfant peut faire ses preuves, tester ses possibilités pour grandir. Si la surprotection s'est 9 GRIFFON Pierre. L’adolescent déficient visuel. Rétinites pigmentaires et Devenir Adulte. Communication à la journée d'étude "Rétinite pigmentaire et autres atteintes dégénératives de la rétine" IRSA Bruxelles 1997 (extraits) 1997. [en ligne] Disponible sur Internet : http://pierre.griffon.pagesperso-orange.fr/AdoDV.pdf (Consulté le 15 novembre 2011) 10 REY-BOVE Josette, REY Alain. Le petit Robert. Edition Le Robert, juin 1996, p. 2182. 12 maintenue tardivement ou si elle demeure, l'adolescent aura sensiblement plus de mal à "se lancer", à oser seul prendre le risque de devenir adulte. A cette période de nombreuses questions émergent chez l’adolescent. En effet, l’enfant devenu adolescent sent son corps changer, ce qui entraine des difficultés de prise de connaissance de son propre corps et de l’image qu’il renvoie ; parallèlement, l’adolescent est aussi très préoccupé par son avenir professionnel et sa future vie d’adulte. En effet, il est important pour chaque personne de trouver sa place dans la société et d’être reconnue sur le plan social d’être « utile ». Ce concept d’utilité sociale doit inciter la société à favoriser l’intégration des personnes handicapées dans la communauté.11 3.2 L’adolescent non voyant ou ayant une déficience visuelle acquise 3.2.1 L’allongement de la l’adolescence Le sujet qui devient malvoyant au cours de l'adolescence, va franchir cette étape maturative de manière souvent plus lente que la moyenne des sujets du même âge. A la volonté de grandir, d'affirmer l'identité nouvelle, se mêlent des comportements régressifs. Le jeune adulte doit intégrer le développement pubertaire et la réduction de l'efficience visuelle, soit assimiler deux évolutions contradictoires. Des mécanismes régressifs c'est-à-dire des retours en arrière par rapport à l’évolution de l’enfant vers l’adolescent, peuvent être transitoirement nécessaires pour aider le jeune à s'adapter à la perte d'une vision normale. Si elles ne perdurent pas, ces régressions sont utiles. Elles confortent le jeune dans une position plus sécurisante, l'aident à accomplir le deuil de sa vision normale et lui permettent d'aborder dans de meilleures conditions les transformations profondes de l'adolescence. Un temps plus importants est nécessaire à ces adolescents pour leur permettre une maturation fonctionnelle et suffisante vers l'âge adulte. 3.2.2 Le Deuil Pour un adolescent ayant une déficience acquise récente, à la problématique de la période de l’adolescence se rajoute la problématique du travail de deuil des capacités visuelles antérieures. Selon le docteur Hervé Mignot, « le deuil est défini en psychanalyse par la perte de tout objet fortement investi, qu’il s’agisse d’une personne, d’une idée, d’une capacité 11 BELLINA Inès. La construction d’un projet professionnel d’un jeune déficient visuel. Réadaptation. Jeunes aveugles ou malvoyants. Mars 1996, n°428, p.36 13 fonctionnelle. Le deuil est donc un cheminement psychologique que connaîtra tout individu confronté à une perte. C’est avant tout un parcours émotionnel qui mobilise une grande partie de l’énergie psychique du sujet et le rend indisponible pour toute autre chose. Plus difficile à accomplir qu’un travail physique, il aboutit lorsque l’individu réapprend à vivre en l’absence de l’objet. »12. Le deuil passe par différentes étapes pour que l’adolescent arrive à vivre avec son handicap. Ces étapes sont plus ou moins longues, et ne sont pas toutes obligatoires. Leur sens d’apparition n’est pas figé et peut varier selon les individus. De plus, des allers-retours entre ces différentes phases est possible et peuvent durer plus ou moins longtemps selon les personnes. - Le choc : c’est un état de sidération où la personne est comme anesthésiée. Cet état peut persister quelques jours durant lesquels la personne se déplacera comme stupéfaite, sans bien comprendre ce qui se passe. - Le déni : La personne ne parvient pas à y croire: « C’est un mauvais rêve, je vais me réveiller». Elle peut durer plusieurs semaines et est souvent la source d’une grande anxiété qui peut se manifester pas des difficultés à s’alimenter ou à dormir. - La colère : Pourquoi moi ? L’individu exprime sa colère contre les médecins, contre les soignants, contre la terre entière…Le patient exprime un sentiment d’injustice, une révolte projetée sur autrui. Cette colère s’atténue progressivement en l’exprimant maintes et maintes fois. - La phase de marchandage : Progressivement, la personne intègre l’idée de la non récupération de ses capacités antérieures et essaie de négocier par rapport à la douleur de cette perte. L’individu veut retarder la réalité de sa situation, mais, malgré ses efforts, il est confronté à la persistance de la perte de ses aptitudes. - La dépression : Cette étape peut être longue et répétitive. Elle se manifeste après la confrontation de la perte physique avec la perte du projet de vie. L’individu va devoir se reconstruire une image de soi qui va prendre en compte le changement physique - L’acceptation : La personne reconsidère ses valeurs en regard de la perte qu’elle a subit, et redéfinit le sens qu’elle apporte à sa nouvelle vie. 12 MIGNOT Hervé. Le travail de deuil, un parcours intérieur difficile. Soins en gérontologie Deuils et obsèques, n°35 p.23-24-25. 14 3.2.3 Le réajustement des acquis pour reprendre confiance en soi Le handicap visuel accentue les difficultés et la perte de confiance quant au désir d’autonomie et d’indépendance de l’adolescent vis-à-vis de ses parents, d’où parfois des réactions de prise de risques et/ou de repli sur soi. La constitution de la personnalité de l’adolescent face au regard des autres est souvent difficile et l’intégration sociale peut alors être délicate. Ces difficultés sont encore aggravées si la déficience visuelle survient à l’adolescence car s’ajoute le travail de deuil. L'apparition d'une baisse visuelle au moment de l'adolescence ne remet pas en cause les capacités acquises, mais elle pose le problème de leur utilisation. En effet, les acquis durant le vécu de « voyant » seront utiles à l’adolescent mais devront souvent être adapté par des techniques spécifiques à la déficience visuelle ou par des aides techniques pour pouvoir être utilisés de manière efficace. Mais, ils bénéficient d’un acquis visuel et d’une vision de l’environnement conforme a celle des voyants. De plus, leur mémoire kinesthésique (c'est-à-dire la mémoire de leur corps en mouvement dans l’espace), plus importante que chez des aveugles congénitaux, leur permettra avec une rééducation de retrouver des gestes adaptés au quotidien. L’apprentissage de ces nouvelles techniques les aidera à reprendre confiance en eux et en leurs capacités, à agir sur leur environnement au quotidien en induisant un nouveau projet de vie. La rééducation aura donc deux axes majeurs : un rééquilibrage pluri sensoriel du recueil et traitement des informations perçues, ainsi que la mise en place si besoin de moyens de compensation adaptés au handicap (techniques ou aides techniques).13 3.3 L’approche de la sexualité chez un adolescent avec une déficience visuelle Pierre Griffon nous renseigne sur le vécu de la sexualité des adolescents déficients visuels. La sexualité peut être un sujet d’angoisse chez l’adolescent déficient visuel ou aveugle. En effet, les modalités d'approche de l'autre, sujet d'amour, de désir, vont en fonction de la gravité de l'atteinte visuelle, s'appuyer sur d'autres modalités sensorielles que la vue : l'ouïe et le toucher principalement. Une grande importance peut être donnée à la voix, aux intonations, à la chaleur, au rythme, au débit, aux hésitations, à la portée, la proximité, de celui ou de celle que l'on désire. 13 GRIFFON P., DUTIER N., PERROT F., GUILLAUME C., BURLOT C. La rééducation des personnes déficientes visuelles Evolution des pratiques en ergothérapie. Journal d’ergothérapie. 1992, tome 14/2, p.51. 15 Cette importance donnée aux autres sens est parfois mal estimée par l'entourage voyant, qui est principalement sensible à l'apparence. Le toucher est à la fois un des supports de compensation de la vision déficiente le plus important pour la personne déficiente visuelle ou aveugle, et celui pour lequel les connotations et tabous sont les plus nombreux et anciens dans nos société occidentales. Toucher pour découvrir ne se fait pas. Les explorations tactiles sont perçues comme l'expression de désir sexuel, comme une manœuvre d'approche de l'être désiré. Or, pour nombre de jeunes déficients visuels, il n'y a pas d'autre moyen pour compléter l'image imparfaitement vue de l'autre désiré, que d'utiliser l'audition et le toucher. L'acte d'exploration tactile, communément perçu comme l'aboutissement d'une approche amoureuse, peut fort bien n'en être pour le jeune déficient visuel que le tout premier moment, celui de la première rencontre. La difficulté pour le jeune malvoyant est de parvenir à comprendre et tenir compte de ce qui est socialement admis à l'égard du toucher, sans pour autant perdre ou rejeter cette modalité sensorielle dans son approche de l'autre. Il doit donc parvenir à s'adapter non seulement aux attentes de l'autre désiré mais aussi ce à qui est socialement toléré. Il n’y a pas de professionnel spécifique qui peut répondre à ces questions. Mais, chaque intervenant doit être à l’écoute des appréhensions des adolescents, pour le rassurer, et l’orienter vers un psychologue quand les angoisses sont importantes. Les professionnels de santé répondent au maximum aux besoins du jeune pour que celui-ci soit le plus autonome possible. L’instructeur en locomotion lui enseignera de pouvoir se déplacer sans danger, l’ergothérapeute qui peut avoir une formation AVJiste lui apprendra à organiser son quotidien et mettre en place des techniques et des aides techniques pour compenser ses déficits. Il pourra donc être suivi par un psychologue pour l’aider à surmonter ses angoisses, et autres professionnels de santé ainsi que par des éducateurs spécialisés pour le quotidien. 3.4 Indépendance ou Autonomie ? Souvent ces deux termes sont employés comme s’ils étaient des synonymes. Pourtant, ils n’ont pas le même sens. Francine Ferland s’est appuyée sur les définitions du Petit Robert de 1996 pour caractériser le fait d’être indépendant comme « celui qui ne dépend ni d’une personne ni d’une chose », et précise qu’être autonome correspond à « autogérer sa vie, déterminer librement les règles de son action et s’opposer à l’hétéronomie qui caractérise l’individu qui puise hors de sa volonté le principe de son action. L’autonomie peut donc être acquise tout en 16 ayant recours à une aide extérieure. Autrement dit, bien que personne ne puisse être totalement indépendant, nous pouvons aspirer à une autonomie donnée, y compris l’enfant avec une déficience. »14. D’après Francine Ferland, une personne peut être autonome si elle est capable dans une situation où elle est dépendante vis-à-vis de quelque chose de demander une aide extérieure pour accomplir une action. Par exemple, si une personne non voyante a besoin d’aide pour traverser une route, si elle est capable de demander l’aide d’une tierce personne au moment où elle veut traverser, elle est dépendante de cette tierce personne pour la traversée, mais autonome dans sa démarche car elle aura su mettre en œuvre le moyen de compenser sa dépendance. L’accompagnement d’un adolescent a pour but qu’il devienne indépendant au maximum, mais aussi mettre en place des aides techniques et des méthodes de compensation dont il sera dépendant mais qui lui permettront d’être autonome. 4 L’ergothérapie 4.1 Présentation de l’ergothérapie L’ergothérapeute est un professionnel de santé qui intervient sur prescription médicale. Son travail consiste à rééduquer et réadapter des personnes handicapées pour qu’elles soient le plus autonome possible. Pour cela l’ergothérapeute exploitera au maximum les capacités physiques et intellectuelles de ces personnes pour diminuer les troubles liés à la pathologie. L’ergothérapie tient compte des besoins de la personne, ainsi que de ses habitudes de vie (déplacement, communication, travail, loisirs…) dans son environnement. Pour atteindre cet objectif principal qu’est l’acquisition d’autonomie, l’ergothérapeute va utiliser l’activité comme outil thérapeutique. Il visera toujours à utiliser une activité significative pour la personne, pour permettre une rééducation plus efficace avec une participation active du patient. 14 FERLAND Francine. Le Modèle Ludique, Le jeu, l’enfant avec déficience physique et l’ergothérapie. Edition Les presses de l’université de Montréal, 1998. p.55. 17 4.2 L’ergothérapie dans le domaine de la déficience visuelle D’après C. Chambert et J.P. Boissin : « La rééducation est fondée sur la conviction que la personne aveugle peut retrouver une vie normale et la joie de vivre, non en s’appuyant sur la pitié ou l’aide d’autrui, mais sur une pleine réalisation d’elle-même Il ne saurait être question de minimiser l’importance du handicap que constitue la cécité. Mais il faut aider l’aveugle à l’analyser objectivement et à l’accepter. Il importe aussi de lui permettre de le dominer, en restaurant, autant qu’il est possible, les facultés perdues, par le développement des autres moyens sensoriels de perception ou en palliant, dans toute la mesure du possible, par des techniques appropriées, les facultés qui peuvent être restaurées. »15. Cette citation définit clairement le rôle de chaque intervenant auprès de personnes déficientes visuelles. D’après cet extrait, l’ergothérapeute est un acteur et un rééducateur important auprès de ce public. En effet, à partir des capacités de la personne, il mettra en place des techniques compensatrices pour que celle-ci puisse agir au maximum dans son environnement de manière autonome. 4.2.1 La REEDUCATION 4.2.1.1 Le toucher 4.2.1.1.1 Les différents façons de toucher Le toucher est le sens principal qui va permettre à une personne déficiente visuelle de compenser son handicap ; il permet de « toucher pour voir ». Il existe deux alternatives dans ce mode de compensation : - Toucher c'est-à-dire prendre contact de manière directe, inconsciente et involontaire. Il résulte de la stimulation des récepteurs de la sensibilité superficielle (thermique, algique et mécanique). - Palper c’est reconnaître avec les mains au travers du canal tactile. Il s’agit d’un acte conscient et volontaire. Il est la conséquence de stratégies organisées et d’un traitement intellectuel de l’information recueillie. 15 CHAMBERT C., BOISSIN J.-P.. La rééducation des aveugles récents. La revue du praticien, n°32. 16 LIONNET A.-H., GUILLOTEAU N., TOURNIER Y.. Le toucher, un sens à développer. Ergothérapies. La main. Septembre 2003, n°11. 18 La distinction entre ces deux notions est importante, mais nous parlerons plus généralement pour la suite du sens toucher en englobant ces deux significations.16 L’apprentissage du toucher est primordial dès l’enfance et tout au long de la prise en charge même chez l’adolescent. En effet, le toucher permet d’entrer en contact avec l’environnement, et pouvoir l’identifier mais aussi d’explorer, de reconnaître, de reposer sa vision résiduelle, de gagner du temps en combinant vision et toucher, d’apprendre le braille… Le toucher est un sens complexe avec un champ perceptif réduit ; en effet, il nous renvoie une information fragmentée d’un objet qui nécessite une reconstruction mentale en parallèle du toucher. Le temps nécessaire pour trouver une information est donc plus important qu’avec la vue, et demande une organisation gestuelle pour ne pas explorer plusieurs fois le même endroit. L’image mentale obtenue peut être déformée ou partielle si la méthode d’exploration n’a pas été efficace. Le toucher fait appel à différentes capacités sensitives : - Sensibilité superficielle : sensibilité thermique, algique, des matières (hylognosie), des reliefs… - Sensibilité profonde : kinesthésie (conscience du mouvement d’un segment de membre dans l’espace), stathestésie (conscience de la position du segment de membre dans l’espace), baresthésie (sens des poids très utilisé dans les activités de la vie quotidienne cf. 4.2.4), pallesthésie (sens des vibrations). La kinesthésie et la stathestésie ont un rôle important dans la compensation chez les personnes déficientes visuelles. En effet, elles permettent malgré l’absence de contrôle visuel de situer la position des différents segments corporels. Chez une personne voyante, la kinesthésie et stathestésie sont intégrées dans les automatismes inconscients du fait de la suprématie visuelle ; il se fie à sa mémoire visuelle et à sa vigilance. Pour une personne déficiente visuelle et notamment pour une personne non voyante congénitale, l’efficacité de comportements sensori-moteurs dépend de deux paramètres : d’une part, la conscience et la possession d’une image corporelle claire : de bonnes connaissances morphologique, physiologique et anatomique. Ces informations sont en lien direct avec la direction des mouvements, leur amplitude, leur vitesse, l’effort musculaire requis et les contraintes imposées par l’action. D’autre part, une capacité automatique à s’adapter avec 16 A.-H. LIONNET, N. GUILLOTEAU, Y. TOURNIER. Le toucher, un sens à développer. Ergothérapies. La main. Septembre 2003, n°11. 19 précision à chaque situation d’un point de vue neuromoteur. Cet automatisme de la kinesthésie permet de libérer l’esprit pour lui permettre de réaliser d’autres opérations. 4.2.1.1.2 L’apprentissage de la compensation par le toucher L’apprentissage de la compensation par le toucher se fait aussi par le fait de développer les aptitudes gestuelles de la personne déficiente visuelle : - La préhension : préhension globale pour malaxer une pâte, ou faire un shampoing dans sa fonctionnalité ; la préhension fine permettra de pouvoir faire des activités avec des gestes fins (se maquiller par exemple) - La coordination bimanuelle sera importante dans de nombreuses activités de la vie quotidienne comme manger, s’habiller, se brosser les dents, se servir à boire…, mais aussi pour une lecture fluide du braille - La dissociation des doigts et des mains et dissociation de main interne-main externe pour pouvoir faire un numéro de téléphone, frapper sur un clavier… - La dextérité - La coordination oculo-manuelle permettra d’être plus efficace lors de la réalisation d’une action. - La prono supination et rotation du poignet ouvrir un bocal, mélanger une crème… - L’habileté pour permettre en premier lieu chez une personne non voyante de lire le braille. En effet, le nombre de points et leur disposition sont déterminés grâce au toucher léger et à la perception tactile. Les index interviennent en priorité mais les autres doigts servent d’indicateurs, cherchent la ligne suivante, orientent le mouvement et explorent la feuille : c’est la dissociation des doigts. L’écriture à la Perkins nécessite force, dissociation des doigts et coordination des mains… L’ergothérapeute joue donc un rôle important dans l’acquisition et le développement du toucher, car s’il est amené à réadapter en aidant l’adolescent à trouver des compensations dans le domaine des AVQ, c’est aussi un rééducateur qui cherche à ce que le patient acquiert de nouvelles compétences. 17 17 A.-H. LIONNET, N. GUILLOTEAU, Y. TOURNIER. Le toucher, un sens à développer. Ergothérapies. La main. Septembre 2003, n°11. 20 4.2.1.2 L’apprentissage de la compensation par les autres sens Certaines personnes malvoyantes utilisent peu le toucher pour utiliser plus la vision: la rééducation leur permettra de prendre conscience de leurs capacités tactiles pour qu’elles soient employées de façon plus efficace. En effet, le restant visuel doit être utilisé dans les activités de vie quotidienne sans que son emploi devienne préjudiciable aux autres afférences sensorielles car renvoyant une image brouillée ou incomplète. Les autres sens sont aussi importants et doivent être développé au maximum pour compenser la perte ou la diminution de la vue : L’ouïe est à développer pour analyser d’où vient le bruit et orienter la tête, diriger son geste, reconnaître les sons du quotidien, savoir dans quelle pièce on se trouve… L’odorat permet de reconnaître les produits qui nous entourent, par exemple pour la cuisine, ou les produits ménagers. Le goût pour connaître les différentes saveurs possibles d’un aliment. 4.2.1.3 La rééducation cognitive La rééducation d’une personne déficiente visuelle comporte aussi un versant cognitif : - La représentation mentale pour pouvoir appréhender les objets, les symboles qui nous entourent en les mettant en relation avec leur vocabulaire. En effet, une image mentale va se construire à travers les différentes modalités sensorielles explorées dont la personne devra assembler les informations pour aboutir une perception globale. Chez une personne qui a une déficience visuelle acquise, la conservation des expériences vécues permet une construction plus aisée d’une image mentale et une utilisation des acquis dans le quotidien. - La représentation spatiale correspond « à l’acquisition intellectuelle fondée sur le vécu sensori-moteur qui permet de connaître et maîtriser les déterminants de l’espace et les relations de son corps avec eux »18. Elle permet d’acquérir les notions spatiales (droite, gauche, devant, derrière, dessus, dessous…) pour pouvoir s’orienter dans l’espace. Cet élément est largement développé et travaillé avec l’instructeur en locomotion qui prend en charge la personne déficiente visuelle pour lui apprendre à se déplacer en toute sécurité. - La méthode et l’organisation du geste pour apprendre à découvrir d’abord globalement puis plus en détails, permettre la prise de repère d’une main et l’action avec l’autre. 18 RAYNARD Francis (mai 2003), Un autre regard, La réadaptation des déficients visuels, édition Solal, p. 72 21 - L’organisation en générale est très importante pour une personne aveugle. En effet, c’est la solution pour qu’elle puisse se retrouver, retrouver ses affaires : l’ergothérapeute est là pour aider l’adolescent à apprendre à s’organiser pour que par exemple il puisse retrouver seul ses habits dans l’armoire et donc les choisir seul; ceci marque une avancée sur le chemin vers l’autonomie. - La mémoire qui est nécessaire pour la reconstruction mentale d’un objet suite à sa découverte tactile pour pouvoir s’en faire une représentation mentale. La mémoire gestuelle est souvent sollicitée pour retrouver un objet posé quelques minutes avant. - L’attention, la concentration pour ne pas oublier une étape, un détail qui empêcherait de finir l’action. 4.2.2 La READAPTATION 4.2.2.1 L’aménagement du domicile19 L’ergothérapeute peut aussi guider l’entourage de la personne déficiente visuelle notamment en donnant des conseils pour l’aménagement du domicile et des équipements nécessaires. Principes généraux : Favoriser les commandes électriques (volets, hi-fi...). Prévoir en priorité des détecteurs de lumière. La commande des éclairages est située à proximité de la porte. Les interrupteurs doivent être contrasté, et munis d’un voyant lumineux pour être visible la nuit. Favoriser les contrastes pour les déficients visuels (entre murs et plinthes, tapis et sols, nez de marche...). Favoriser les fenêtres et portes coulissantes, en évitant les fenêtres basculantes et oscillobattantes qui peuvent être dangereuses. Plus précisément : - Cuisine : Faciliter les déplacements dans l’espace en favorisant l’accès aux rangements. Prévoir un vaste plan de travail aux couleurs contrastées par rapport aux ustensiles. 19 Ville d’Angers. Les principes d'adaptation d'un logement. [en ligne]. Disponible sur Internet : http://www.angers.fr/vie-pratique/social-sante/les-personnes-en-situation-de-handicap/repertoire-desservices/logement/index.html (Consulté le 15 janvier 2012). 22 Prévoir des mains courantes à certains endroits stratégiques. Préférer les plaques électriques ou à induction plutôt que le gaz qui peut être dangereux ; la surface de chauffe est plus facilement repérable avec des plaques électriques. Placer sur tous les équipements (four, balance, micro-ondes...) des repères tactiles, ou utiliser des appareils munis de synthèse vocale, des appareils avec des commandes manuelles de grande taille (téléphone) et aux couleurs contrastées pour les malvoyants. Pour les malvoyants, prévoir une lumière suffisante pour éviter les zones d’ombre ; l’halogène permet de régler l’intensité lumineuse selon les besoins. - Salle de bains : Eviter les revêtements de sol glissants. Eviter toute proximité entre eau et électricité. Equiper les appareils de braille ou d’une synthèse vocale (pèse personne, thermomètre de bain...). Pour les personnes malvoyantes, prévoir un éclairage complémentaire permettant une activité de proximité, tout en évitant les éclairages directs qui éblouissent ; il existe également des miroirs grossissants. - Chambre : S’équiper d’un réveil vocal 4.2.2.2 L’aide au choix de matériels adaptés L’ergothérapeute peut conseiller sur le matériel quotidien : montre parlante ou en braille pour les non voyants, à caractères grossis pour les malvoyants, balance parlante, conseil de l’acquisition d’un modèle de téléphone portable selon les capacités, mise en place de l’option téléphone parlant et apprentissage du téléphone portable pour avoir accès à l’information comme le plus grand nombre d’adolescent aujourd’hui. Parallèlement, il peut aussi aider pour le choix d’outil scolaires adaptés : règle avec poignée, accès à l’ordinateur (clavier contrasté ou avec caractères grossis, plage braille, système de lecture d’écran avec synthétiseur vocal qui récupère l’information texte transmise par le système d’exploitation et la restitue vocalement à l’utilisateur au moyen des haut-parleurs ou d’écouteurs connectés. Il peut à la fois prononcer vocalement à la fois le texte frappé au clavier et le contenu de l’écran par caractère, par mot, par ligne, par phrase ou dans sa totalité…) 23 L’ergothérapeute est là pour informer les professionnels scolaires et les parents de l’évolution de la prise en charge et des nouvelles acquisitions Il est également là pour écouter les difficultés rencontrées par les parents et leur en expliquer la cause. 4.2.2.3 Dans les AVQ L’ergothérapeute intervient plus précisément dans les Activités de Vie Quotidienne qui comprennent la toilette, l’habillage et la prise de repas. Ces activités deviennent compliquées quand il y a un handicap notamment une déficience visuelle, et l’ergothérapeute devra trouver avec le patient des moyens de compenser cette déficience pour que celui-ci puisse automatiser ces activités par des techniques spécifiques qu’il faudra adapter aux capacités de la personne. En effet, une personne aveugle congénitale peut avoir des problèmes de représentation visuospatiale qui peuvent se traduire par exemple par des difficultés à orienter correctement un habit pour l’enfiler. Dans ce cas, l’ergothérapeute devra trouver pour cette personne des repères qui s’appuient sur ses compétences en occultant les repères spatiaux (haut, bas, droite, gauche, milieu…). Exemple : pour enfiler une culotte, la patiente apprendra qu’il faut qu’elle trouve le nœud central avec les deux pouces, et qu’elle suive le bord de la culotte entre le pouce et l’index pour trouver les extrémités de chaque côté et pouvoir enfiler les jambes. Il aurait été plus aisé de lui apprendre à avoir le nœud devant, les trous pour les jambes vers le bas et d’enfiler le vêtement, mais lorsque ces repères de devant, derrière, haut, bas ne sont pas assimilés, il faut trouver d’autres repères tactiles. Pour le repas, la kinesthésie c'est-à-dire la conscience du mouvement d’un segment de membre dans l’espace est essentielle. En effet, elle permet l’adaptation du geste exécuté au mouvement désiré ; par exemple, la conscience de la position du membre supérieur permet un ajustement de la trajectoire pour porter la fourchette à la bouche en un geste harmonieux. Le sens baresthésique permet d’évaluer le poids des objets : ce sens est très utile pour évaluer la quantité des aliments présents dans la fourchette, pour le remplissage d’un verre… Parallèlement, la prise de repères au niveau de l’assiette pour arriver à ramasser, à rassembler, à couper, mais aussi à se servir à boire, à tartiner…demande un apprentissage important et plus ou moins long selon les capacités de la personne. Cet apprentissage commence dès l’enfance, et peut se poursuivre même au moment de l’adolescence. Il débute par l’exploration tactile de chaque objet mis en jeu dans le repas (couverts, verre, assiette…) pour que l’enfant intègre une représentation mentale de ces objets. Le fait de manger avec des couverts est un toucher indirect, un toucher instrumental. En effet, il n’y a pas de contact direct entre la main et son 24 environnement, mais le contact se fait par un objet médiateur. Or pour accéder à ce toucher, il est important que la personne déficiente visuelle soit parfaitement à l’aise avec le toucher direct, le fait de toucher directement la matière avec les doigts. 5 L’ergothérapeute et l’AVJiste Le terme « AVJ » pour aide de vie journalière est spécifique à la déficience visuelle. Son rôle est d’aider les personnes déficientes visuelles à développer les compétences pratiques dans tous les actes de la vie quotidienne, en tenant compte de leurs besoins, leurs attentes et désirs, et ainsi les aider à (re)trouver leur autonomie. La formation d’AVJiste est une formation complémentaire, une spécialisation dans le domaine de la déficience visuelle suite à un diplôme médico-social (ergothérapeute, infirmier, psychomotricien, éducateur spécialisé…). Elle permet d’apprendre ou d’approfondir ses connaissances sur tout ce qui concerne l’autonomie au quotidien des déficients visuels. Les techniques et méthodes diverses sont vécues et testées en situation de mal voyance par les étudiants en formation. Ceux-ci réalisent un stage et présentent un mémoire à la fin. Les AVJistes sont spécifiquement formés à l’autonomie en déficience visuelle. 20 Aujourd’hui, deux formations d’AVJiste existent : une première nommée TACS (Technicien en Accessibilité et en Compensation Sensorielle). Elle dure 24 semaines. C’est une formation complète et polyvalente sur les trois spécialisations du domaine de la déficience visuelle : AVJ, instructeur en locomotion et basse vision. Parallèlement, cette année va débuter une formation rattachée à l’université Paris V avec un tronc commun à ces trois formations, puis une orientation selon la spécialisation choisie.21 Les ergothérapeutes sont formés à l’autonomie concernant tous les types de handicaps. Ils se perfectionnent et se spécialisent ensuite selon leur lieu d’exercice. L’AVJ fait ainsi partie intégrante de l’ergothérapie : tout ergothérapeute peut être un AVJiste s’il approfondit ses connaissances « de base » sur la déficience visuelle. 20 Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier (ANFH). Avéjiste. [en ligne]. Disponible sur Internet : http://www.anfh.fr/site/guide-desmetiers/fiche/metier/pdf/1176/Avejiste__Aide_a_l%27activite_de_Vie_Journaliere_ (Consulté le 04 février 2012) 21 Cf Voir entretien avec l’ergothérapeute AVJiste1 pour plus d’informations. 25 DEUXIEME PARTIE : Analyse et vérification des hypothèses 1 Choix de la méthode J’ai choisi de mener des entretiens plutôt que de faire une enquête à l’aide de questionnaires. En effet, dans le domaine de la déficience visuelle, il n’y aurait pas eu assez d’ergothérapeute pour obtenir un résultat significatif et exploitable, j’ai donc préféré travailler sur le qualitatif plutôt que sur le quantitatif. 1.1 Population interrogée J’ai interrogé cinq professionnels différents : deux ergothérapeutes AVJistes, une ergothérapeute, un éducateur spécialisé et une AVJiste éducatrice spécialisé. Durant mon stage auprès du public déficient visuel, j’ai remarqué le rôle prépondérant et l’important travail interprofessionnel entre les ergothérapeutes et les éducateurs spécialisés comme l’a confirmé ces entretiens. C’est pourquoi j’ai trouvé intéressant d’en interroger un pour avoir son point de vue. Ensuite, j’ai choisi de rencontrer deux ergothérapeutes AVJistes car la plupart des ergothérapeutes travaillant dans ce domaine ont effectué la formation d’AVJ. Mais, j’ai souhaité cibler le travail et le rôle d’un ergothérapeute non AVJiste au sein de ces structures pour déficients visuels. J’ai donc interrogé une ergothérapeute qui ne travaillait qu’à mi-temps sur ce centre. Enfin, j’ai aussi voulu rencontrer une AVJiste non ergothérapeute pour évaluer et rendre compte des différences s’il y en entre son travail et celui d’une AVJiste ergothérapeute. L’éducateur spécialisé travaille auprès de public déficient visuel depuis 2008. Il prend en charge principalement des préadolescents entre 8 et 13 ans. Ces enfants sont répartis en deux classes de 7 enfants dont les classes sont annexées au sein de l’école sur un service d’inclusion 26 scolaire collective. Ces classes sont intégrées dans une école ordinaire. Son rôle auprès de ce public est principalement sur trois temps : - Temps d’internat : le lever - Le midi sur l’école, temps de CLAE et de repas - La soirée à l’internat Pour les enfants scolarisés, l’éducateur spécialisé intervient vraiment dans l’autonomie de vie journalière en partenariat avec d’autres professionnels car les enfants sont hébergés sur l’internat. Il y a très peu de temps de jeu organisés avec les éducateurs spécialisés, seulement le mardi matin. L’ergothérapeute non AVJiste a travaillé un an et demi dans un Service d’Aide à l’Acquisition de l’Autonomie et à l’Intégration Scolaire après l’obtention de son diplôme en 2006, et elle travaille depuis un an et demi à mi temps dans ce centre. Elle s’occupe principalement de déficients auditifs, quelques déficients visuels avec troubles associés de moins de 12 ans. Surtout des jeunes de 4- 5ans. L’ergothérapeute AVJiste 1 exerce depuis 2004 auprès d’un public de déficients visuels. Elle a obtenu son diplôme d’état d’ergothérapeute en 2002, et a suivi la formation d’AVJ en 2006. Aujourd’hui, elle prend en charge une population de 6 à 59 ans, avec un public de 6 à 20 ans principalement avec un handicap associé, et de 20 à 59 ans sans handicap associé important. Ses prises en charge comprennent environ 90% de non voyant, 10% de malvoyant. Les enfants sont surtout des non voyants congénitaux car, étant la seule ergothérapeute du centre, elle reçoit en rééducation ceux qui ont le plus de mal à se gérer au quotidien. Dans ses suivis, il y a 2/3 de déficients visuels congénitaux et 1/3 d’acquis. L’ergothérapeute AVJiste 2 diplômé ergothérapeute depuis 1996 et formée AVJ depuis 2000, travaille avec un public déficient visuel depuis 1998. Elle travaille à mi-temps sur ce centre pour déficients visuels où elle prend en charge essentiellement des jeunes de 7 à 18 ans avec handicaps moteurs surtout ou cognitifs associés. Parallèlement, elle travaille à mi-temps dans un centre spécialisé d’enseignement secondaire (CSES) où elle suit des adolescents de la 4 ème à la 2nde avec une déficience visuelle sans troubles associés. L’AVJiste non ergothérapeute diplômée éducatrice spécialisée depuis 2002 a suivi la spécialisation d’AVJ en 2006. Elle exerce depuis 2002 auprès de déficients visuels. Elle prend en charge des enfants et adultes avec ou sans handicap associé. Ils peuvent être mal voyants ou non 27 voyants. Le trouble associé principal est une maladie mentale dont particulièrement les psychoses. Durant mon stage auprès des déficients visuels, j’ai pu constater que les éducateurs spécialisés étaient des professionnels avec qui l’ergothérapeute collaborait régulièrement. Les entretiens ont d’ailleurs mis en avant cette collaboration. (cf : se reporter au chapitre 7.2.1 relatif à la transposition des acquis). 1.2 Elaboration du questionnaire J’ai élaboré mon questionnaire en lien avec ma partie théorique. Celui-ci est constitué de questions fermées pour mieux connaître les personnes interrogées, leurs expériences auprès de ce public ainsi que précisément le public qu’elles prennent en charge. Le corps de mon entretien se base sur des questions semi-directives. Ce mode de recueil a permis d’avoir des questions relativement précises tout en gardant un espace à l’interlocuteur pour s’exprimer et donner son avis. J’ai réalisé quatre questionnaires/entretiens différents (un pour chaque profession), à partir d’un guide d’entretien commun pour pouvoir entrecroiser les résultats. 1.3 Passation du questionnaire Je suis allée sur les lieux de travail de ces différents professionnels. Je me suis ainsi intéressée à deux structures : un Institut d’Education Sensorielle (IES) avec un Service d'Aide aux Adultes Handicapés Visuels (Saahv) (ergothérapeute AVJiste 2, ergothérapeute non AVjiste, éducateur spécialisé, AVjiste non ergothérapeute), et un Centre d'éducation spécialisée pour déficients visuels (CESDV) (ergothérapeute AVJiste 1). J'ai privilégié le fait de rencontrer des personnes de professions différentes car j’ai pensé qu’il serait intéressant d’obtenir différents points de vue selon les professionnels travaillant en étroite collaboration avec l’ergothérapeute. J’ai pu faire mes entretiens dans des lieux calmes seul à seul avec le professionnel interrogé. 28 1.4 Les limites du questionnaire Au moment de l’analyse des réponses obtenues, j’ai pu me rendre compte que certaines réponses n’étaient pas assez précises. Une demande d’éclaircissement auprès des professionnels aurait été bénéfique. J’ai aussi réajusté la première question après un premier entretien car j’ai vu que cette question n’était pas comprise au sens que je voulais lui donner. J’ai développé ce point à l’analyse de la question 1. Pour les professionnels autres qu’ergothérapeute, je pense que je me suis trop centrée dans les questionnaires sur le travail interprofessionnel avec l’ergothérapeute, et pas assez sur la façon dont eux prennent en charge les adolescents. De plus j’aurai voulu rencontrer une ergothérapeute ayant un temps de travail plus important auprès des déficients visuels et auprès d’adolescents déficients visuels pour que ce soit vraiment significatif de l’exercice de l’ergothérapie auprès de ce public. 1.5 Méthode pour l’analyse des données Pour l’analyse de mes différents entretiens, j’ai choisi de reprendre question par question pour mettre en avant les idées principales de chacune, et faire ensuite un résumé des réponses apportées en entrecroisant et confrontant les différents points de vue. 2 Résultat et analyse des données 2.1 Les modalités de la prise en charge des adolescents en ergothérapie 2.1.1 L’importance de la prise en charge en ergothérapie à l’adolescence Ce premier point a été abordé de deux façons. En effet, après mon premier entretien, j’ai vu la nécessité de préciser qu’à travers cette question je voulais tenir compte de l’importance d’une prise en charge précoce. L’adolescence est-elle une période où la prise en charge en ergothérapie vous semble indispensable ou très nécessaire ? Pourquoi ? L’ergothérapeute AVJiste 1 répond que non car « à chaque étape il y a un travail d’autonomie spécifique et indispensable, et si celui de l’enfance ou de la petite enfance n’est pas fait, on 29 arrive à l’adolescence et on n’aura pas les prés requis d’avant ». C’est pour cela que j’ai trouvé utile de reformuler cette question en parlant d’un renforcement de la prise en charge en ergothérapie pour être bien comprise. L’ergothérapeute AVJiste 2, elle estime que c’est très nécessaire au vu du besoin important d’autonomie qui émerge. « Avant ils sont plus petits donc ils subissent un peu plus, il n’y a pas vraiment de demande de leur part, il faut qu’ils en fassent donc ils en font et après à l’adolescence ils peuvent être demandeurs de faire des choses au niveau cuisine, maquillage, et une jeune que je suis qui veut notamment prouver à sa mère qu’elle est capable de faire de la cuisine toute seule. Et après de part l’âge, il y a des choses que les enfants n’ont pas à gérer et que eux doivent gérer ou commencer à apprendre à gérer comme par exemple l’argent de poche, le budget, savoir gérer l’argent que tu as, un petit compte en banque et puis après comme on ne les prend plus, il faut qu’on les amène aussi à savoir le faire. ». Bien que la prise en charge doive être la plus précoce possible, l’adolescence est-elle une période où la prise en charge en ergothérapie vous semble indispensable, serait-il nécessaire de la renforcer à cette période? AVJiste éducatrice spécialisé AVJiste AVJiste Ergothérapeute ergothérapeute 1 ergothérapeute 2 Educateur Spécialisé Dépend de Sans troubles associés non Au cas par cas Il y a des périodes où les prises en charge en rééducation doivent être plus ou moins intenses chaque enfant. Selon elle, les demandes Selon le projet de vie du jeune concernent plus l’Avjiste que l’ergothérapie. Les besoins varient selon les antécédents et les capacités de l’enfant. 30 D’après les réponses obtenues, un renforcement de la prise en charge en ergothérapie au moment de l’adolescence n’est pas nécessaire pour tous les jeunes mais cela dépend de chacun. En effet, l’AVJiste éducatrice spécialisé précise que s’il n’y a pas de troubles associés, ce n’est pas forcément utile. L’AVJiste ergothérapeute 1, au contraire lorsqu’il lui est demandé si elle voit plus d’adolescent avec troubles associés, elle répond que non, car ceux-ci ont une adolescence particulière qui passe souvent inaperçue. Elle précise que « Toutes les préoccupations d’un adolescent classique les atteignent moins ; ça va bien avec leur parents, avec leur copains, tout est beau dans leur monde, après ce n’est pas le cas pour tous. ». Selon elle, même les changements corporels et la sexualité n’apparaissent pas pour certains mais pose questions pour d’autres. En parallèle, cette AVJiste nous précise qu’une prise en charge soutenue en ergothérapie à l’adolescence n’est pas utile pour tous. Pour elle, cela dépend d’abord du projet de vie du jeune, et de sa façon de vivre son adolescence : « il se passe beaucoup de choses et certains sont plus ou moins disponibles à un moment donné pour apprendre leur gestes d’autonomie et celui qui est trop préoccupé par ses problèmes familiaux, sa problématique scolaire j’ai finalement qu’un tout petit créneau cognitif chez eux parce qu’il y a plein de choses qui les perturbent autour et eux il faut que je les vois plus souvent que d’autres parce qu’ils intègrent moins vite. » D’après ces propos, si une personne vit son adolescence de manière harmonieuse, la prise en charge en ergothérapie ne sera pas forcément renforcée à ce moment car il aura les capacités d’être disponible pour de nouveaux apprentissages de manière efficace. L’AVJiste ergothérapeute 2, elle, énonce la nécessité pour certains enfants pris en charge de faire des breaks dans la prise en charge à des moments où c’est possible pour éviter une « saturation de la prise en charge » de la part du jeune. En effet, selon elle, il est important durant les premières années de « faire ce qu’il faut sur les premières années concernant l’habillage, les techniques d’indépendance à table » avec une prise en charge précoce, pour ensuite pouvoir faire un break dans la rééducation et après « revoir un peu plus tard pour refaire un point sur des choses avec en perspective tout ce qui est départ, installation pour les études, ils vont plus forcément être chez leur parents et vont devoir se débrouiller tout seul ». Suite à cette idée, une question lui a été ajoutée pour permettre de mieux comprendre comment et pour qui concrètement ce serait réalisable. Elle a donc précisé que ce break serait possible auprès de non voyants ou malvoyants acquis qui maîtrisaient déjà les techniques dans les AVJ. Dans ces cas là, 31 ces techniques seront mises en place plus rapidement que chez un aveugle congénital, il suffira selon elle de leur donner des repères suffisants et d’adapter leur technique selon leur compétence. Pour les déficients visuels congénitaux, l’apprentissage des AVJ sera beaucoup plus long. Ce qui est important, c’est qu’ils arrivent au résultat voulu, même s’ils adaptent les techniques apprises avec ce qu’ils vivent au quotidien et qu’ils n’appliquent pas ces techniques à la lettre. C’est à ce moment selon elle qu’un break est possible. Parfois, ce moyen de fonctionner peut permettre de « faire tourner les prises en charge », de prendre en charge d’autres enfants aux besoins plus urgent. Elle précise qu’à l’adolescence, la prise en charge dépendra aussi de la déficience du jeune innée ou acquise, de ses capacités en fonction de l’âge où la déficience est apparue en cas de déficience acquise, et surtout où le jeune en est dans sa période de deuil, s’il sera prêt à accepter notre aide et les propositions techniques et d’aides techniques compensatoires. Mais il est souvent plus facile pour un jeune d’apprendre des techniques compensatoires ou d’accepter d’avoir des aides techniques à son domicile que lui seul sait qu’il possède, plutôt que d’accepter de se déplacer avec une canne par exemple qui peut être perçue comme plus stigmatisant. Pour l’ergothérapeute, ce renforcement à l’adolescence n’est pas nécessaire pour tous mais cela dépend de chaque enfant. Cette prise en charge à l’adolescence sera selon elle plus ou moins importante selon la qualité de la prise en charge durant l’enfance. De plus, elle rajoute que « Les besoins varient selon les antécédents et les capacités de l’enfant. Les demandes à l’adolescence concernent plus l’Avjiste que l’ergothérapie. ». Le point de vue de l’éducateur vient renforcer et confirmer les propos des autres professionnels. Tout d’abord, il appuie l’importance d’une prise en charge précoce : « Ces choses là s’apprennent le plus tôt possible sera le mieux, ça rentre plus facilement quand on est jeune j’ai l’impression ». Ensuite, il précise que la prise en charge en ergothérapie est importante et peut être renforcée à l’adolescence selon le projet du jeune ; il appuie le rôle de l’ergothérapeute sur un versant plus réadaptatif avec comme exemple la mise en place de l’informatique en ergothérapie chez un adolescent ou encore l’adaptation d’une assise pour la classe. Il formule ne pas trop savoir ce qui est travaillé en ergothérapie précisément avec les jeunes si le lien n’est pas fait. Les professionnels sont donc tous en accord pour répondre qu’une prise en charge en ergothérapie à l’adolescence dépendra du projet de vie ainsi que des capacités et difficultés de chaque enfant. Par contre, pour certains, cette prise en charge sera d’autant plus nécessaire quand 32 il y a un handicap associé à la cécité, alors que pour d’autres au contraire, le fait d’avoir un handicap associé peut parfois les empêcher d’accéder à une adolescence normale où de nouveaux besoins n’émergeraient pas et ne nécessiterait donc pas forcément d’ergothérapie. 2.1.2 La forme des prises en charge : mise en situation dans l’environnement de l’adolescent ou sous forme analytique en salle d’ergothérapie Pourquoi ? Comment ? En général les prises en charge se font une fois par semaine et durent trois quart d’heure ou une heure. Les professionnels interrogés sur ce point précisent que c’est à cause d’un manque de moyen que les prises en charge ne sont pas plus régulières. AVJiste ergothérapeute 1 AVJiste ergothérapeute 2 Ergothérapeute Les deux : prés requis Travail analytique ; quelques mises en situation en ergothérapie travaillés en analytique en salle puis quand ils sont Travail analytique de manière ludique acquis, travail dans l’environnement du jeune Ici les explications diffèrent. En effet, d’une part l’ergothérapeute non AVjiste travaille en salle d’ergothérapie de manière ludique pour renforcer « la manipulation, la dextérité par le jeu. ». Et d’autre part, les ergothérapeutes AVJistes, elles, ont une partie de leurs prises en charges qui se déroulent sous forme de mises en situation, et une partie sous forme analytique. En effet, l’ergothérapeute AVJiste 2 énonce qu’elle travaille surtout avec des adolescents ayant un handicap moteur, donc sa rééducation n’est pas axée uniquement sur le problème visuel mais aussi beaucoup sur la déficience motrice. Ses prises en charge se font de façon plus analytique avec un « travail fonctionnel classique de rééducation » du handicap moteur auquel s’ajoute un important travail de sensibilité pour l’exploration, de stratégies de recherches. En parallèle, elle peut être amenée à faire des mises en situation cuisine en cuisine thérapeutique et non pas dans l’environnement du jeune. D’après elle, l’AVJiste éducatrice spécialisée est présente sur l’internat et s’occupe de la douche, de l’utilisation des toilettes, de l’habillage/déshabillage. Mais ces deux professionnelles ne 33 travaillent pas avec le même public22, les prises en charge à l’internat sont donc moins nombreuses pour les déficients visuels avec handicap moteur qui sont principalement pris en charge par l’ergothérapeute AVJiste 2. Elle signale donc parfois à l’AVJiste éducatrice spécialisé des jeunes que cette dernière voit en indépendance à l’internat et transmet les points difficiles à travailler. Ces jeunes là ont donc moins de prises en charge de manière écologique et plus en salle d’ergothérapie. L’ergothérapeute AVJiste 1, elle trouve important de prendre en charge les personnes de manière analytique puis de mettre en situation dans l’environnement de l’enfant : « les prés requis sont travaillés en salle. Une fois qu’ils sont acquis, on apprend le geste en milieu protégé dans ma salle, quand ça marche bien dans ma salle on monte sur les étages dans le lieu de vie et on fait en sorte de l’inclure dans le quotidien et quand ça marche là je fais en sorte de l’inclure dans le milieu familial soit en me déplaçant, soit avec des liens avec la famille par téléphone par mail selon la relation que j’ai avec la famille. ». Dans ce centre, elle est la seule ergothérapeute. Elle s’occupe donc contrairement à l’ergothérapeute AVJiste 2 de la mise en place du geste du début de son apprentissage jusqu’à ce qu’il devienne fonctionnel dans la vie et dans l’environnement du jeune. 2.2 Le travail interprofessionnel 2.2.1 La transposition des acquis au quotidien Educateur spécialisé Ergothérapeute Ergothérapeute AVJiste 1 Ergothérapeute AVJiste 2 Avec les éducateurs « Quand il y a des choses Lien avec les Avec les éducateurs qui sont acquises avec des professionnels qui spécialisés enfants, l’ergothérapeute gravitent autour de nous fait le relai. » l’enfant spécialisés quand l’acquisition est difficile, ou en comptant sur le jeune lui-même quand ça marche bien. Ce sujet a permis de mettre en avant le lien et le travail interprofessionnel des ergothérapeutes avec les éducateurs spécialisés. En effet, ils sont au quotidien avec les jeunes et ont un rôle 22 Voir début de la partie 2 avec présentation des personnes interrogées 34 prépondérant dans la mise en place des acquis et leur automatisation dans l’environnement de l’adolescent. Ce point a en effet était relevé par tous les professionnels interrogés. Tout d’abord l’éducateur spécialisé lui-même explique que l’ergothérapeute vient faire le relai auprès d’eux quand le jeune a acquis un nouveau geste, pour que ceux-ci veillent à le mettre en place de manière régulière dans l’environnement du jeune. Mais, selon lui, cette façon de travailler serait « dans l’idéal », et en réalité le manque de temps empêche cette coordination interprofessionnelle qui se fait de manière informelle et parfois peu efficace. L’ergothérapeute non AVjiste fait le lien avec les professionnels qui interviennent dans la prise en charge autant avec les éducateurs spécialisés qu’avec les psychomotriciens ou les AVjistes. Comme on l’a vu dans la question précédente, cette ergothérapeute ne travaille que de manière analytique avec les enfants et les éducateurs interviennent surtout dans l’environnement des jeunes. Il est donc normal que le travail interprofessionnel soit moins développé entre ces deux thérapeutes par rapport aux AVjistes qui elles, participent aussi à la vie quotidienne de l’adolescent. Pour illustrer ces propos, l’ergothérapeute AVjiste 1 explique son fonctionnement et l’implication des éducateurs spécialisés : comme vu précédemment, elle travaille les prés requis d’une nouvelle activité dans son bureau avec l’adolescent puis elle le prend en charge dans son environnement pour mettre en place le geste de manière pratique avec les nouveaux repères. Quand cette partie marche bien, elle fait le lien avec les éducateurs spécialisés pour qu’ils puissent continuer à transposer ce geste au quotidien et lui faire remonter l’information si la personne a des difficultés. Quand le geste est complètement acquis et automatisé au quotidien et qu’il n’y a plus du tout besoin de suppléance ou même d’une simple surveillance pour réajuster, l’éducateur spécialisé le transmet à l’ergothérapeute AVjiste 1 qui elle, peut faire le lien avec la famille. Elle trouve important qu’il n’y ait plus d’apprentissages à faire à ce moment là, car selon elle « ce n’est pas le rôle des parents ». L’ergothérapeute AVJiste 2, elle procède différemment. Tout d’abord, le travail interprofessionnel avec les éducateurs spécialisés n’est pas systématique : en effet, quand l’apprentissage ne pose pas de difficultés particulières au jeune, c’est le jeune lui-même qui met le geste en place dans son environnement, sans supervision particulière. Si au contraire, la technique apprise est compliquée pour l’adolescent, là le lien est fait avec les éducateurs pour l’aider à la mettre en place au quotidien. Or, elle prend en charge des enfants à partir de 7 ans, ce qui peut paraître jeune pour arriver seul à transposer une activité au quotidien sans aide 35 extérieure. Elle a pu préciser qu’elle ne faisait pas d’autonomie avec cet enfant mais du travail informatique car c’est plus important pour lui. On ne sait pas à partir de quel âge selon elle un jeune est en capacité de transposer une technique apprise en rééducation au quotidien seul. En effet, le risque est qu’il se retrouve en difficultés, et que les professionnels autour ne puissent pas l’aider. Cette ergothérapeute met en avant les difficultés que peuvent poser ce travail interprofessionnel : en effet, les éducateurs spécialisés ne sont pas formés au handicap et à l’apprentissage des techniques compensatoires à la déficience visuelle comme un AVjiste de surcroît ergothérapeute. Il peut arriver que les jeunes se retrouvent en porte à faux avec un éducateur qui lui dit de faire autrement que lui a appris le rééducateur en séance. Dans ce cas là, le jeune ne saura plus qui écouter et quoi mettre en place, et le risque est qu’il se retrouve en échec face à l’activité et que cette situation altère la relation thérapeutique et la confiance établie au préalable avec le rééducateur et/ou avec l’éducateur spécialisé. Selon elle, le manque de coordination entre les professionnels pourrait être à l’origine de ce dysfonctionnement. A côté du travail interprofessionnel, elle énonce l’importance de la famille pour transposer une technique apprise au quotidien. Mais, pour cette professionnelle, par manque de temps, le lien avec la famille n’est pas systématique. Elle compte sur le jeune pour mettre en place lui-même la technique apprise dans son environnement. Parfois, la famille n’est pas consciente des capacités de l’adolescent surtout quand il y a une dimension de surprotection de la part des parents. Le fait qu’un professionnel de santé montre aux parents ce que leur enfant peut faire, et qu’il leur rappelle qu’il est important qu’il le fasse, peut aider l’enfant à devenir plus autonome et peut aider les parents à laisser faire leur enfant et à voir grandir l’enfant. De plus, cela permettra aussi d’expliquer pourquoi il est important de faire le geste de telle façon pour l’enfant pour donner une crédibilité à l’enfant. Enfin, la famille pourra aider le jeune s’il se retrouve en difficultés face à cette activité car elle saura comment réajuster pour l’aider. D’autres fois, c’est un manque de temps qui empêche le jeune de faire et que quelqu’un de son entourage fasse à sa place. Dans ce cas, il est tout aussi important de réfléchir avec la famille et avec l’adolescent à une organisation différente qui permettra au jeune de faire par lui-même. Si l’enfant apprend le geste en rééducation, le met en place au centre et une fois rentré chez lui il ne le fait plus, celui-ci risque d’être oublié rapidement. Ce lien avec la famille est donc primordial si 36 on veut que le geste soit automatiser et transposer. Comme le dit l’ergothérapeute AVJiste 2, « La famille a un rôle clé dans l’accompagnement vers l’autonomie du jeune. ». 2.2.2 L’ergothérapie s’inscrit dans un projet de collaboration interprofessionnel Nous avons vu précédemment l’importance du travail entre les ergothérapeutes et les éducateurs spécialisés pour permettre une transposition des acquis au quotidien. L’éducateur spécialisé rappelle bien que l’ergothérapeute avec l’équipe pluridisciplinaire permet à l’adolescent d’accéder à l’autonomie. Comme il le dit, « il y a pleins de gamins qui arrivent à un certain degré d’autonomie quand ils sont en prise en charge individuelle et qui quand après ils se retrouvent au sein d’un collectif avec des éducateurs, ils perdent leurs moyens. L’ergothérapeute aide l’adolescent à être autonome mais dans la mesure où c’est repris par un travail pluridisciplinaire important, parce qu’il y a pleins de choses qui se passe dans des salles où quand on est face à l’ergo c’est tellement plus facile d’accéder à un certain niveau d’autonomie et puis après il s’agit de le mettre en pratique dans la vie quotidienne ça c’est toujours un peu plus délicat ». L’ergothérapie s’inscrit vraiment dans un travail interprofessionnel pour que son exercice ait une portée significative et fonctionnelle chez l’adolescent. Mais les ergothérapeutes dont l’ergothérapeute AVJiste 2 travaillent aussi avec d’autres professionnels notamment rééducateurs les kinés, beaucoup avec les orthoptistes, mais aussi avec les enseignants pour le positionnement en classe ou l’accès à l’informatique. 2.3 Le rôle de l’ergothérapeute et de l’AVJiste auprès des jeunes déficients visuels 2.3.1 La différence entre un ergothérapeute et un AVJiste Ergothérapeute AVJiste Ergothérapeute Ergothérapeute AVJiste 1 AVJiste 2 « l’ergothérapeute fera un Ergothérapeute : AVjiste n’est pas un Ergothérapeute : travail plus analytique pour apprentissage des métier, c’est une motricité fine, la mise en place des prés prés requis spécialisation d’un dextérité, sensibilité requis, et l’AVJiste sera nécessaire au geste. diplôme de base plus sur un travail AVJiste : AVJ : quotidien 37 concret. » apprentissage du geste . Globalement, les rôles de chacun sont bien distincts : on repère d’un côté l’ergothérapeute sans formation d’AVJ qui a pour mission la mise en place des prés requis nécessaires au geste. Ceuxci concernent la motricité, la sensibilité, la dextérité… Quand ces prés requis sont acquis, l’AVJiste peut prendre le relai pour travailler le geste qui correspond souvent à une association des différents prés requis. Ce système est possible dans les structures où des ergothérapeutes et des AVJistes travaillent. Mais, comme le fait remarquer l’ergothérapeute AVJiste 1, l’AVJ est une spécialisation et non une profession. En effet, aujourd’hui, aucun diplôme d’AVJiste n’existe. On ne peut donc pas parler d’ergothérapeute et d’AVJiste. Ce qui est important dans cette question est de voir le rôle d’un ergothérapeute non AVJiste. En effet, son travail est différent auprès de ce public, car il est surtout rééducatif. Le versant réadaptatif très spécifique chez les déficients visuels est exclusivement mené par les professionnels ayant reçu la formation d’AVJ. Je n’ai pas rencontré de centre avec que des ergothérapeutes non AVJiste. Leur rôle diffère peut-être par rapport aux réponses obtenues, car il est possible qu’ils effectuent aussi la réadaptation auprès des jeunes. Mais l’ergothérapeute AVJiste 2 précise bien que ce travail interprofessionnel est un échange qui se fait dans les deux sens : « si l’AVJiste non ergothérapeute voit si il y a un dysfonctionnement de dissociation ou quelque chose comme ça pour faire les lacets par exemple, elle peut solliciter pour qu’un bilan soit fait en ergo pour voir ce qui se passe et ce qu’on peut mettre en place comme adaptations et comment elle elle peut adapter sa façon de faire avec ces difficultés là. » 2.3.2 L’importance de cette spécialisation pour travailler auprès de déficients visuels Ergothérapeute Ergothérapeute AVJiste 1 Ergothérapeute AVJiste 2 « pour le bien être des jeunes, « Cette formation est très bien « cette spécialisation est c’est indispensable qu’ils pour une personne qui débute indispensable » soient pris en charge par des auprès des déficients visuels » AVJistes » 38 Les trois ergothérapeutes interrogés recommandent cette spécialisation. L’ergothérapeute non AVJiste parle de « nécessité si on travaille auprès d’un public déficient visuel ». En effet, « l’AVJiste a une place d’autant plus importante car elle est très technique et très spécifique » par rapport à un ergothérapeute. Selon elle c’est un plus si l’ergothérapeute est formée à l’AVJie. L’ergothérapeute AVJiste 2 justifie l’importance de cette spécialisation par un manque de formation à la déficience visuelle durant les trois années d’études d’ergothérapie. En tant qu’ergothérapeute, on est performant sur la méthodologie de la prise en charge, faire des bilans, établir des objectifs de traitement…Mais nous ne connaissons que très peu les troubles visuels, et pas du tout les techniques de compensation spécifiques à chaque activité du quotidien. Ces techniques paraissent simples et logiques, mais ce sont de véritables méthodes testées qui marchent avec les déficients visuels (parfois, elles ont besoin d’être adaptées à certaines personnes). Cette spécialisation formera sur la guidance d’une personne déficiente visuelle, les aides techniques et adaptations du logement nécessaires, sur l’apprentissage du braille pour savoir lire et faire des marquage en braille…Autant de choses qui ne sont pas traitées en ergothérapie. Le troisième point de vue de l’ergothérapeute AVJiste 1 est différent des deux premiers : selon elle, cette spécialisation permet de vraiment faciliter le travail d’un professionnel qui débute auprès de ce public. Mais, il est possible avec de la recherche et de l’implication de trouver ces techniques spécifiques par soi même. D’après son expérience, quand elle a effectué cette formation, elle travaillait avec des déficients visuels depuis trois ans durant lesquelles elle s’était renseignée et avait trouvée les différentes méthodes de compensation pour le quotidien ainsi que les prés requis nécessaires. Quand elle a fait la formation, elle n’a pas découvert beaucoup d’informations, mais cette spécialisation lui a permis de prendre contact et de rencontrer d’autres AVJiste pour échanger sur leurs exercices. 2.3.3 L’AVJ compatible avec d’autres professions qu’ergothérapeute ? AVJiste éducatrice Ergothérapeute Ergothérapeute spécialisé AVJiste 1 Ergothérapeute AVJiste 2 Elle est spécifique à Oui c’est compatible avec Oui, mais l’AVJ d’autres professions, mais sera menée c’est une formation à visée différemment selon plus ergothérapique la profession de l’ergothérapie quand la problématique est cognitive ou motrice. Quand la Oui aux éducateurs spécialisés sans problèmes problématique est 39 base tout en ayant le psychologique ou même but. sociale les éducateurs sont plus formés. Dans ces réponses on constate ici que dans l’ensemble les professionnels s’accordent sur le fait que cette spécialisation est adaptée aux ergothérapeutes ainsi qu’aux éducateurs spécialisés. Mais, l’ergothérapeute répond que bien que cette formation ne soit pas restrictive à l’ergothérapie, c’est quand même « un approfondissement de l’ergothérapie dans un domaine particulier ». Les autres personnes interrogées ont une idée légèrement différente sur la question. Tout d’abord, le point de vue de l’AVJiste éducatrice spécialisé. Selon elle, le « bagage de départ » des différents professionnels fait qu’une même activité sera menée différemment par deux AVJistes n’ayant pas la même profession. Elle dit avoir une vision plus éducative de l’AVJ alors qu’un ergothérapeute AVJ aura une vision plus rééducative. Par exemple l’ergothérapeute sera plus efficace pour l’analyse du geste, voir ce qui dysfonctionne alors que l’éducateur sera plus à même pour accompagner les familles dans toutes activités plus éducatives. Ces deux points de vue permettent une démarche différente pour arriver au même but, et constitue selon elle une complémentarité quand il y a deux AVjistes dans une même équipe de profession différente. Les deux ergothérapeutes AVJistes viennent confirmer cette opinion. L’ergothérapeute AVJiste 2 affirme cette complémentarité entre les AVJistes éducateurs et ergothérapeutes, bien que ces deux professionnels aient une approche différente. En effet, l’ergothérapeute sera « plus carrée, plus cartésienne avec tous les bilans qu’on fait et l’apprentissage qu’on a eu sur la façon de mener et de mettre en place une prise en charge », alors que les éducateurs n’ont pas appris cette façon de travailler à partir de bilans. Ils apprennent donc à partir de bilans pour faire une prise en charge durant la formation d’AVJ et avec l’expérience. Mais l’AVJiste 2 se questionne sur la pertinence des autres professions et les prés requis de ceuxci pour intégrer cette formation, bien qu’elle n’est jamais travaillé avec un AVJiste autre qu’éducateur spécialisé. En effet, cette formation est ouverte à de nombreux professionnels comme par exemple les assistantes sociales ou autres. Or, ont-ils les bases nécessaires pour comprendre et mener correctement l’AVJ ? Je n’ai pas rencontré d’AVJ autres qu’ergothérapeute ou éducateur pour y répondre. L’ergothérapeute AVJiste 1 confirme cette idée de la pertinence que d’autres professionnels puissent faire la formation d’AVJiste. 40 2.4 Les domaines d’action de l’ergothérapie 2.4.1 Le domaine d’action principal de l’ergothérapeute : soins personnels, activité sociale, autonomie scolaire AVJiste Educateur éducateur spécalisé Ergothérapeute spécialisé Dans les activités Dans le domaine L’ergothérapeute de vie scolaire : le côté s’occupe de quotidienne informatique l’adaptation du pures spécialisé matériel Ergothérapeute Ergothérapeute AVJiste 1 AVJiste 2 Dans le domaine de l’autonomie personnelle Plus au niveau de l’autonomie scolaire Les différents professionnels interrogés n’ont pas le même point de vue quant au champ d’action de l’ergothérapeute. Cette divergence d’idées est aussi due au fait que certains professionnels ont séparé l’AVJiste de l’ergothérapeute, alors que d’autres ont considéré le rôle de l’ergothérapeute spécialisé en AVJ. Ainsi, pour l’ergothérapeute non AVJiste, le champ d’action principal correspond au travail analytique pour la mise en place des prés requis utiles à l’AVJ comme vu précédemment. Selon elle, les soins personnels concernent les AVJistes ainsi que l’autonomie sociale (utilisation du téléphone par exemple). Mais, l’ergothérapeute peut aussi agir sur l’autonomie scolaire en collaboration avec les professeurs et l’orthoptiste pour les malvoyants, pour la mise en place de logiciels informatiques. D’ailleurs ce rôle de l’ergothérapeute revient aussi pour l’AVJiste éducatrice spécialisé et l’ergothérapeute AVJiste 2. 41 En effet, l’AVJiste éducatrice spécialisée énonce aussi le rôle de l’ergothérapeute pour l’informatique spécialisée d’un point de vue scolaire. Selon elle, les activités sociales sont traitées par les AVJistes (ainsi que les soins personnels), mais aussi les éducateurs spécialisés et les professeurs spécialisés. L’ergothérapeute AVJiste 2 renforce ce point de vue en précisant que les ergothérapeutes sont « formés sur tout ce qui est adaptations, matériels informatiques, logiciels spécialisés. ». En effet, il arrive que certains services leurs demandes des bilans ergothérapiques pour faire des préconisations pour des adolescents sans troubles associés. Pour ce qui est des activités sociales comme les loisirs, ce sont les éducateurs qui s’en occupent, mais ils peuvent solliciter les ergothérapeutes pour trouver un moyen d’adapter une activité selon les difficultés d’un jeune. Pour le côté utilisation du téléphone portable, les ergothérapeutes peuvent être amenés à le faire, mais en général ce sont les AVJistes qui sont sollicités pour ça. D’un autre côté l’éducateur spécialisé et l’AVJiste 1 voit le travail de l’ergothérapeute centré surtout autour des soins personnels (repas, hygiène, habillage, toilette, utilisation des WC). L’éducateur spécialisé, lui parle aussi de « la sociabilité ». Ce terme est défini comme « L’aptitude à vivre en société, les principes des relations entre personnes »23. L’éducateur spécialisé précise qu’il entend l’apparence que l’adolescent renvoie de lui-même, selon son code vestimentaire par exemple, mais aussi selon son niveau d’autonomie. Pour lui, l’apprentissage de l’autonomie dans les soins personnels joue un rôle dans l’image sociale que le jeune donne aux autres ; celle-ci peut être très stigmatisante si son niveau d’autonomie n’est pas en adéquation avec son âge, et dans ce cas c’est que la rééducation n’aura pas bien été menée. L’ergothérapeute AVJiste 1 confirme cette idée que ces trois domaines d’autonomie scolaire, sociale et de soins personnels, sont intimement liés : si un adolescent est performant dans un domaine et médiocre dans un autre, il ne pourra pas vivre un développement harmonieux et ces difficultés risqueront d’être pointées du doigt par ses camarades. Mais, selon elle l’ergothérapeute agit sur les soins personnels. En effet, dans ce centre, l’autonomie scolaire est gérée par les professeurs qui s’occupent de l’adaptation informatique. Etant la seule ergothérapeute du centre elle ne peut pas par manque de temps s’en occuper, et les professeurs sont davantage spécialisés dans ce domaine. Elle intervient moins dans l’autonomie sociale car c’est un domaine qui peut être abordé autant par les éducateurs ou autres professionnels que par l’entourage. En revanche, l’autonomie personnelle est un sujet plus difficile à traiter notamment pour l’entourage, et c’est selon elle le domaine où l’ergothérapeute a 23 REY-BOVE Josette ET REY Alain. Le petit Robert. Edition Le Robert, juin 1996, p.2100 42 son champ d’action principal, d’autant plus s’il s’agit d’un aveugle congénital. Bien sûr, le travail interprofessionnel est primordial ainsi que la collaboration avec la famille pour arriver à une autonomie globale satisfaisante. 2.4.2 L’apport de l’ergothérapie auprès des personnes déficientes visuelles durant l’adolescence ? Cette question reprend la question précédente, mais est plus ouverte pour permettre aux professionnels de pouvoir amener de nouveaux éléments Ergothérapeute Ergothérapeute AVJiste 1 Ergothérapeute AVJiste 2 S’occuper des troubles « faire que l’adolescent se « cette approche individuelle associés et mettre en place les construit de manière uniforme de la personne avec toutes les prés requis à l’AVJ c'est-à-dire que toutes les notions qui sont applicables de facettes qui font qu’une déficiences-incapacités- personnalité est équilibrée soit situation de handicap avec bien abordée » prise en charge globale avec l’environnement. Repérer les troubles moteurs au niveau motricité fine » Selon l’AVJiste 2, c’est vraiment la démarche ergothérapique de mettre en place des objectifs à partir de bilans établis qui apporte un plus à la prise en charge d’une personne déficiente visuelle. Pour l’AVJiste 1 il est important d’arriver à unifier les capacités de l’enfant dans les différents domaines, ne pas « faire un puzzle », en s’axant surtout sur l’autonomie des soins personnels qui peut facilement être oubliée à l’adolescence au profit de la scolarité ou d’émergence de nouvelles préoccupations de l’adolescent. En effet, comme elle le dit, « quand tu es ado, la première chose que tu veux c’est être autonome ne plus dépendre des parents ». 43 44 3 DISCUSSION 3.1 Synthèse de l’analyse L’analyse de ces entretiens a permis de mettre en avant l’importance du travail interprofessionnel. L’action de l’ergothérapeute ne pourra être efficace si elle n’est pas reprise d’une part par les autres professionnels intervenant dans la vie quotidienne du jeune et surtout les éducateurs spécialisés, et d’autres part par l’entourage familial de l’adolescent. De plus, l’ergothérapeute a sa place auprès de ce public surtout quand il y a des troubles associés à la déficience visuelle, ou qu’il s’agit d’une déficience visuelle innée: pour une personne sans troubles associés avec une déficience visuelle acquise, l’action d’un AVjiste qui ne sera pas forcément ergothérapeute peut suffire. Nous avons vu dans ces entretiens que le rôle principal de l’ergothérapeute sans spécialisation AVJiste est surtout rééducatif avec la mise en place de prés requis utiles aux activités de vie journalière. Or, les AVJistes eux-mêmes sont formés à ça, et ils pourraient tout aussi bien s’en occuper, mais le travail est réparti de cette façon dans cette structure. Mais il semble important que la prise en charge des déficients visuels innée et/ou avec troubles associés (notamment troubles moteurs) soit effectuée par un ergothérapeute AVJiste à un moment donné. En effet, la méthodologie de travail et les compétences d’un ergothérapeute en matière de rééducation sont nécessaires et sont un plus par rapport aux compétences réadaptatives de l’AVJiste. La mise en parallèle de ma partie théorique avec l’analyse des données ne me permet donc pas de confirmer ou d’infirmer mon hypothèse de départ qui était : La prise en charge en ergothérapie est nécessaire pour qu’un adolescent mal voyant ou non voyant puisse accéder à un niveau d’autonomie suffisant. En effet, comme vu précédemment, un adolescent mal voyant ou non voyant peut dans certains cas selon la présence de troubles associés ou non ainsi que selon la cause et la nature de sa déficience visuelle, accéder à l’autonomie sans prise en charge en ergothérapie selon aussi son vécu de ce handicap, son projet de vie… 45 3.2 Perspectives d’action Premièrement, l’ergothérapeute est très peu formé à la prise en charge des personnes déficientes visuelles. En effet, il s’agit d’un handicap très spécifique avec des techniques de compensation ainsi que des aides techniques qui lui sont propres. Mais l’ergothérapeute est formé à la démarche de prise en charge d’une personne handicapée. Or il y a parfois des troubles associés à la déficience visuelle que l’ergothérapeute sera le plus à même de prendre en charge. Il pourrait être plus intéressant que l’ergothérapeute ainsi que les éducateurs spécialisés soient formés à la déficience visuelle durant leur cursus. En effet, d’après les entretiens, hormis ces deux professions les autres professionnels qui peuvent accéder à la spécialisation d’AVJ, n’ont pas toujours les compétences avec leur métier de base pour exercer l’AVJ de manière efficace. Deuxièmement, la prise en charge rééducative et réadaptative est essentielle comme nous l’avons vu auprès des adolescents déficients visuels. Mais, est-elle suffisante pour répondre à toutes leurs attentes, leurs questions sur leur devenir d’adulte ? Des professionnels même formés à la déficience visuelle peuvent-ils donner toutes les réponses, résoudre toutes les angoisses de ces jeunes ? Un adolescent voyant se construit aussi en regardant autour de lui des modèles avec une histoire de vie plus ou moins proche de la sienne. C’est l’observation de ces pairs qui va permettre au jeune de suivre la voie qu’il aura choisi. Chez un adolescent avec un handicap, les personnes avec la même déficience sont souvent beaucoup moins nombreuses dans l’entourage du jeune. Il est donc beaucoup plus difficile d’appréhender l’avenir pour eux en l’absence de ces modèles. Pour un adolescent déficient visuel, la difficulté supplémentaire est que, privé de la vue, il ne pourra pas observer ses pairs pour mieux prévoir son futur. Ce manque de modèle peut augmenter les angoisses de ces jeunes. Le fait de rencontrer des personnes avec les mêmes difficultés au quotidien, et avec une expérience de vie plus importante, pourrait permettre de répondre à certaines de leurs attentes et besoins. En effet, les rééducateurs ou l’entourage familial ne sont pas toujours à même de comprendre ces besoins là. Il existe en France le concept de pairémulation. Ceci est défini par le Groupement Français Personnes Handicapées comme « la transmission de l’expérience dont sont chargées les personnes qui ont appris à répondre à leurs besoins en matière d’accompagnement et 46 d’adaptations personnalisés pour vivre selon leurs choix. Afin que ceux qui en ont le besoin puissent mieux identifier et utiliser plus efficacement les ressources alternatives qui sont nécessaires à leur autonomie, cette transmission vise à renforcer les capacités des personnes en perte d’autonomie en renforçant leur conscience sur leurs possibilités, leurs droits et leurs devoirs, et en les encourageant à influencer leur environnement physique et social pour leur meilleure participation dans leur famille et dans la société. »24 En clair, un pairémulateur est là pour aider une personne ayant les mêmes difficultés que lui à surmonter ses doutes et à prendre conscience de ses possibilités et de ses capacités. Je pense qu’une rencontre avec des pairémulateurs pourrait être bénéfique chez des adolescents déficients visuels en parallèle de la rééducation/réadaptation. Elle pourrait permettre au jeune de mieux comprendre certains aspects de leur rééducation, mais aussi d’aborder l’avenir plus sereinement. Aujourd’hui, ce concept est surtout appliqué auprès des blessés médullaires, mais je pense qu’il peut être intéressant de l’étendre à d’autres handicaps. Une formation pour les pairémulateurs va être mise en place, afin que la pairémulation se fasse de manière plus formelle. 3.3 Limites Pour réaliser les entretiens, j’ai voulu m’intéresser à différentes professions qui collaboraient le plus avec les ergothérapeutes auprès de ce public. Il aurait été intéressant de rencontrer plus d’ergothérapeutes, et surtout des ergothérapeutes non AVjistes qui travaillent à temps plein auprès des déficients visuels. Cela aurait pu amener d’autres pistes de travail de l’ergothérapie dans ce domaine. Ensuite, mon analyse aurait pu être davantage étayée si je m’étais entretenue avec des professionnels de plus de structures. En effet, je pense que la réponse à certaines questions montrent un fonctionnement institutionnel et si les personnes interrogées avaient travaillé dans plusieurs structures, les réponses auraient peut être étaient différentes. Par exemple, la question sur le rôle de l’ergothérapeute dans les soins personnels, l’autonomie sociale ou l’autonomie scolaire est spécifique de chaque structure, de la répartition du travail entre les différents professionnels. 24 Groupement Français des Personnes Handicapées (GFPH). La Pairémulation [en ligne]. Disponible sur Internet : http://www.kappacite.fr/ressources_documentaires/presentation_pairemulation.pdf (Consulté le 07 avril 2012) 47 Durant mon stage auprès des personnes déficientes visuelles, j’ai rencontré des personnes mal voyantes et non voyantes de façon innée ou acquise. Toutes ces situations m’ont posé question, et je n’ai pas voulu choisir un type de déficience à traiter mais j’ai préféré tout aborder. Si j’avais ciblé un public précis, j’aurais pu orienter mes recherches de manière plus détaillée. 48 CONCLUSION Le stage que j’ai effectué auprès des personnes déficientes visuelles m’a permis de mieux appréhender la complexité de leurs difficultés au quotidien, ainsi que de la prise en charge spécifique. Depuis ce stage que j’ai réalisé en deuxième année, j’ai décidé d’axer mon mémoire sur la déficience visuelle. L’adolescence était un sujet qui me captivait aussi et j’ai trouvé intéressant de le traiter en parallèle du métier d’ergothérapeute, car on retrouve un but commun : la recherche d’autonomie. Avec ce travail d’initiation à la recherche, j’ai pu m’informer avec de nombreuses lectures sur le sujet pour compléter les informations acquises durant le stage et les trois années de formation. En parallèle, les entretiens m’ont permis de rencontrer divers professionnels sur le terrain et de pouvoir échanger et débattre sur les différents points de vue. Ce mémoire m’a donc aidé à me positionner en tant que future professionnelle. En effet, il m’a permis de prendre conscience de l’importance de travailler en équipe, car seul on ne peut pas mener un travail efficace. J’ai aussi pu mieux cibler d’une part le rôle de l’ergothérapeute, les différences avec ou sans la formation AVJie, et d’autre part le rôle d’un AVJiste non ergothérapeute et sa façon de travailler qui peut être complémentaire de celle d’un ergothérapeute. De plus, la prise en charge en ergothérapie ne semble pas indispensable au vu des résultats obtenus dans ce travail de recherche, pour tous les adolescents déficients visuels. Ceci est donc un paramètre qui viendrait infirmer ma problématique. Mais, dans certains cas, cette prise en charge s’avère essentielle ; en conséquence, après avoir effectué ce travail de recherche, mon questionnement de départ reste entier, ce mémoire ayant permis d’amener des éléments de réponse. Le handicap visuel est encore aujourd’hui très peu connu et demande une prise en charge spécifiques avec des professionnels formés à cette déficience. L’ergothérapie a toute sa place pour prendre en charge ce handicap, mais actuellement il y a un réel manque de formation sur ce handicap. En effet, seul deux jours sur les trois ans sont accès sur ce handicap, avec une alternance de mise en situation sous bandeau et de cours théoriques. Aujourd’hui je pense qu’une spécialisation AVJie est très fortement nécessaire pour avoir toutes les clés en main pour agir de manière efficace. Mais, cette formation est accessible à de nombreux 49 professionnels plus ou moins formés sur le handicap. Mes entretiens ont mis en avant la place légitime de l’ergothérapeute et de l’éducateur spécialisé, mais remettent en cause l’apport d’autres professions dans l’AVjie. A partir de ces données, on peut penser qu’il serait intéressant d’inclure cette formation dans le programme de formation de ces deux professions pour que l’AVjie ne soit effectuée que par ces deux types de professionnels. A la période de l’adolescence, de nouvelles demandes, questions, angoisses émergent. Ces questionnement sont d’autant plus nombreux quand il y a un handicap qui se surajoute ou déjà présent. Les professionnels formés vont tout mettre en œuvre pour répondre au maximum à ces demandes et aider le jeune dans son parcours de vie. Mais, l’expérience personnelle de vie peutelle être remplacée par des années d’études ? Un professionnel est-il plus à même de comprendre les difficultés d’un adolescent déficient visuel qu’un adulte ayant le même handicap ? Je pense qu’à cette période, il pourrait être intéressant de mettre en place des actions de pairémulation pour aider des jeunes déficient visuel à mieux comprendre leur handicap, prendre conscience de leurs capacités et de l’avenir possible qui s’offre à eux pour mieux vivre ces difficultés. Aujourd’hui, de nombreux points doivent être améliorés pour favoriser l’inclusion des personnes déficientes visuelles dans notre société. La loi du 11février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, est un pas en avant vers cette intégration. Mais, cela suffira-t-il à permettre aux personnes déficientes visuelles d’acquérir une place d’acteur au sein de notre société ? Ce concept d’utilité sociale ne serait-il pas vecteur d’angoisses auprès des adolescents déficients visuels qui peuvent rencontrer des difficultés à trouver le chemin vers une autonomie suffisante pour s’assumer ? Autant de questionnement auxquels les professionnels qui prennent en charge des adolescents déficients visuels doivent tenir compte pour avoir une vision de l’adolescent comme d’une personne à part entière avec ses doutes, ses questions, ses besoins et ses envies. 50 BIBLIOGRAPHIE Ouvrages BERVEILLER Antoinette. Comment vivre avec un aveugle de la naissance au 4ème âge. Edition Josette Lyon FERLAND Francine. Le Modèle Ludique, Le jeu, l’enfant avec déficience physique et l’ergothérapie. Edition Les presses de l’université de Montréal, 1998. p.55. RAYNARD Francis. Un autre regard, La réadaptation des déficients visuels. Edition Solal REY-BOVE Josette ET REY Alain. Le petit Robert. Edition Le Robert, juin 1996, pp 2182 ;2100; Articles BELLINA Inès. La construction d’un projet professionnel d’un jeune déficient visuel. Réadaptation. Jeunes aveugles ou malvoyants. Mars 1996, n°428, p.36 CHAMBERT C., BOISSIN J.-P.. La rééducation des aveugles récents. La revue du praticien, n°32. GRIFFON P., DUTIER N., PERROT F., GUILLAUME C., BURLOT C. La rééducation des personnes déficientes visuelles Evolution des pratiques en ergothérapie. Journal d’ergothérapie. 1992, tome 14/2, p.51. LAURENT Michel. Retentissement de la déficience visuelle au niveau de la personne. Réadaptation. La scolarisation des élèves déficients visuels en milieu ordinaire. Décembre 1998, n°455, pp12-13 LIONNET A.-H., GUILLOTEAU N., TOURNIER Y.. Le toucher, un sens à développer. Ergothérapies. La main. Septembre 2003, n°11. 51 MIGNOT Hervé. Le travail de deuil, un parcours intérieur difficile. Soins en gérontologie Deuils et obsèques, n°35 p.23-24-25. ZOLLA Eric. Déficience visuelle et adolescence. Réadaptation cécité et malvoyance n°517, p.22 WEBOGRAPHIE Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier (ANFH). Avéjiste. [en ligne]. Disponible sur Internet : http://www.anfh.fr/site/guide-desmetiers/fiche/metier/pdf/1176/Avejiste__Aide_a_l%27activite_de_Vie_Journaliere_ (Consulté le 04 février 2012) Association socialiste de la personne handicapée (ASPH). Le handicap ou la maladie génère-t-il la dépression ? 15 septembre 2008. [en ligne]. Disponible sur Internet : http://www.asph.be/NR/rdonlyres/865575BD-C128-4DC7-A19BA903A5817E5C/0/ASPH200818LADEPRESSIONETLEHANDICAP.pdf travail de deuil p.3 (Consulté le 24 janvier 2012) Association Valentin Haüy. La technologie au service des aveugles et des malvoyants. 01 février 2011. [en ligne].Disponible sut Internet : http://www.certam-avh.com/content/acc%C3%A8s-despersonnes-ayant-une-d%C3%A9ficience-visuelle-%C3%A0-l%E2%80%99outil-informatique (Consulté le 26 janvier 2012) AUDETAT M.- Cl, VOIROL C.. L’adolescent. 1997. [en ligne]. Disponible sur Internet : http://psynergie.ch/Pedagogie-Culture-Societe/Eleve/AdolescentTexteBase.pdf (Consulté le 26 octobre 2011). 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Disponible sur Internet : http://www.who.int/blindness/Changements.pdf (Consulté le 12 novembre 2011). 53 ANNEXES ANNEXE 1 : Guide d’entretien ANNEXE 2 : Entretien Educateur Spécialisé ANNEXE 3 : Entretien AVJiste éducatrice spécialisée ANNEXE 4 : Entretien Ergothérapeute ANNEXE 5 : Entretien Ergothérapeute AVJiste 1 ANNEXE 6 : Entretien Ergothérapeute AVJiste 2 ANNEXE 1 Guide D’entretien Age : Année d’obtention du DE ergo : Année d’obtention du DE AVJiste : Nombres d’années d’exercices auprès de personnes DV : Parcours antérieur : Population prise en charge : 1) L’adolescence est-elle une période où la prise en charge en ergothérapie vous semble indispensable ? Pourquoi ? Même si il faut que la PEC soit précoce, pensez vous qu’il est judicieux de la renforcer au moment de l’adolescence ? 2) Les prises en charge en ergothérapie sont-elles quotidiennes? Tous les jours, plusieurs fois par semaine ? Combien de temps durent-elles? 3) Elles se présentent sous forme de mise en situation dans l’environnement de l’adolescent ou plutôt sous forme analytique en salle d’ergothérapie? 4) Comment les acquis sont-ils transposés dans la vie du jeune ? 5) Rôle de l’AVJiste : Cette profession apporte-t-elle beaucoup de connaissances supplémentaires par rapport à la formation d’ergothérapeute classique ? 6) Pensez-vous que cette spécialisation soit adaptée à des professionnels qui ne sont pas ergothérapeutes ? 7) Dans quel domaine l’ergothérapie aide-t-elle le plus le jeune selon vous (soins personnels, activités sociales, autonomie scolaire…) ? 8) Selon vous, quel est l’apport de l’ergothérapie auprès des personnes déficientes visuelles durant l’adolescence ? ANNEXE 2 Educateur spécialisé Age : 29 ans Profession : éducateur spécialisé Année d’obtention du diplôme : 2007 Depuis quand travaillez-vous ici ? octobre 2008 1) Depuis quand travaillez-vous auprès de public déficients visuels ? Auprès de quels âges intervenez-vous ? Mais ce n’est pas des adolescents ça va jusqu’à 13 ans. 8-13 ans ce sont des préadolescents Je travaille avec des préadolescents 8-13 ans déficients visuels : deux classes de 7 enfants scolarisés au sein d’une école ordinaire. Ces deux classes sont annexées au sein de l’école sur un service d’inclusion scolaire collective, classes intégrées dans l’école. Quel est votre rôle auprès de ce public ? On travaille sur trois principaux temps en tant qu’éducateur : - Temps d’internat : le lever - Le midi sur l’école, temps de CLAE et de repas - La soirée à l’internat Le mercredi après midi avec l’éducateur est en partenariat avec la psychomotricienne et on travaille pendant la première semaine des vacances lors des journées pluridisciplinaires où la prise en charge est particulièrement éducative. Comme les enfants sont scolarisés, l’éducateur spécialisé intervient vraiment dans l’autonomie de vie journalière en partenariat avec nos collègues puisqu’on est d’internat. Il y a très peu de temps de jeu organisés avec les éducateurs spécialisés, que le mardi matin. 2) Travaillez-vous en collaboration avec les ergothérapeutes au quotidien ? Pourquoi ? Comment, sous quelle forme ? On travaille en collaboration avec des ergothérapeutes, bien que là y a très peu d’ergothérapie, que l’AVJiste ergothérapeute qui prend en charge 3-4 enfants, mais on travaille avec tous les rééducateurs : psychomotriciens, AVJiste où je pense qu’il y a quand même pas mal de parallèle avec le boulot d’ergothérapeute, en tout cas ergothérapeute et AVJiste travaillent vraiment ensemble ici. 3) Travaillez-vous de la même façon avec un AVjiste ergothérapeute et un AVJiste non ergothérapeute ? Non Sous quelle forme travaillez-vous avec les ergothérapeutes ? Dans l’idéal, dans la théorie car dans la pratique ça se passe pas du tout comme ça parce qu’on a vraiment très très peu de temps en commun et tout les échanges d’informations se font dans les couloirs. Dans l’idéal, quand elles ont travaillé quelque chose en ergothérapie, ça se fait beaucoup autour du repas, quand y a eu des choses qui sont acquises avec des enfants, l’ergothérapeute nous fait le relais ; elle dit voilà donc on en est là avec cet enfant on a travaillé je ne sais pas la fourchette, le couteau, la découpe, là on en est là c’est quelque chose que maintenant on peut reprendre nous dans le quotidien de l’enfant puisque ça vient d’être acquis. D’accord donc c’est vraiment pour transposer les acquis ? Oui exactement 4) Selon vous, la prise en charge en ergothérapie (non AVJiste) est-elle indispensable chez un déficient visuel adolescent ? Ça dépend du projet de chaque gamins ; indispensable je ne sais pas parce que y a pleins de prises en charge, voilà, l’AVJiste va travailler beaucoup de choses travaillé avec l’ergothérapeute, nous on a la tête dans le guidon au quotidien avec l’enfant mais je ne saurais pas te dire qu’est ce que va travailler l’ergothérapeute et l’AVJiste par exemple. Par exemple, quand l’ergothérapeute va travailler un truc à l’ordinateur plus relatif à la dactylo, mais je ne saurais pas te dire ce qu’elle travaille parce que l’ergothérapeute d’ici est à mi-temps du coup on ne se croise jamais ; je sais qu’elle va faire des améliorations sur la tenue en classe par exemple en modifiant un petit peu les chaises ou la table pour que la tenue de l’élève soit mieux en classe mais je peux pas dire exactement ce qui a été changé si on se fait pas le relai vu que nous on est pas en classe 5) Cette prise en charge est-elle d’autant plus importante à l’adolescence qu’à une autre période de la vie ? Ces choses là s’apprennent le plus tôt possible sera le mieux, ça rentre plus facilement quand on est jeune j’ai l’impression a) D’après ce que vous me dites, pensez-vous que la prise en charge doit être la plus précoce possible en ergothérapie ? Il me semble, après tout dépend de ce qui est travaillé en ergothérapie b) Est-ce qu’accentuer une prise en charge à l’adolescence pourrait être pertinent en ergothérapie ? Si par exemple c’est un projet d’un gamin qui a certaines habiletés devant un ordinateur et que voilà, peut être que dans son projet d’orientation ce sera bien d’augmenter l’ergothérapie dans ce cadre là de l’informatique, je sais pas exactement ce que vous travaillez en ergothérapie autour de l’informatique mais je sais que ça se fait. 6) Dans quel domaine l’ergothérapie aide-t-elle le plus le jeune selon vous (soins personnels, activités sociales, autonomie scolaire…) ? Je n’ai pas la prétention de le savoir. Moi je pense que c’est dans les activités de vie quotidienne pures : autour de l’hygiène, du moment du repas et après peut être tout ce qui concerne l’apparence dans la sociabilité un peu, faire en sorte que quelqu’un qui a travaillé je ne sais pas les chaussures alors ça c’est l’AVJiste mais je sais que les déficients visuels quand tu commences à avoir des scratches à 18ans, c’est grave y a un boulot qui a pas été fait ce sont des trucs qui sont très très stigmatisant pour quelqu’un qui voit moins bien voire pas du tout. C’est ce domaine là de l’apparence en tout cas de l’image sociale que tu dégages. L’autonomie sociale est un domaine qui touche tellement de choses. Pour répondre à ta question, je pense que c’est quand même tout ce qui est vie quotidienne le repas, l’hygiène si je dois dire qu’il y a un truc plus important que les autres. 7) Selon vous, quel est l’apport de l’ergothérapie auprès des personnes déficientes visuelles durant l’adolescence ? Je l’ai dit à la question précédente, l’apport le plus important est dans les activités de vie quotidienne. 8) Selon vous, l’ergothérapeute aide-t-il l’adolescent à s’accomplir en tant qu’adultes en devenant plus autonome au quotidien? Pourquoi ? Comment ? Oui bien sûr l’ergothérapeute et l’équipe pluridisciplinaire en général. Moi je suis quelqu’un qui défendra ça tout le temps c'est-à-dire que ce n’est pas parce qu’on travaille je ne sais pas les lacets, n’importe quoi sur une séance d’ergothérapie dans une salle dans un lieu clos et que ce n’est pas repris derrière avec une équipe entière pour que ça ait du sens dans une vie ; il y a la séance purement d’ergothérapie et après il y a la pratique au quotidien. Il y a pleins de gamins qui arrivent à un certain degré d’autonomie quand ils sont en prise en charge individuelle et qui quand après ils se retrouvent au sein d’un collectif avec des éducateurs, ils perdent leurs moyens. L’ergothérapeute aide l’adolescent à être autonome mais dans la mesure où c’est repris par un travail pluridisciplinaire important, parce qu’il y a pleins de choses qui se passe comme ça dans des salles où voilà quand on est face à l’ergo c’est tellement plus facile d’accéder à un certain niveau d’autonomie et puis après il s’agit de le mettre en pratique dans la vie quotidienne ça c’est toujours un peu plus délicat C’est là qu’interviennent les éducateurs spécialisés Educateurs spécialisés et ceux qui partagent la vie quotidienne des gamins. Je pense que notre travail, celui des psychomotriciens doit être relayé partout pour que tout ça ait du sens. Je regrette un peu ça qu’on n’ait pas le temps que les emplois du temps de chacun soit tellement morcelés qu’on n’a pas le temps de reprendre tout ça et moi je ne suis pas fichu de te dire ce qu’ils font en ergothérapie les gamins que je suis au quotidien, c’est quand même dommage. Mais le travail, le rapport qu’on a avec les autres rééducateurs c’est pareil : avec les instructeurs en locomotion par exemple, les gamins vont bosser un parcours de l’institution à l’école à la canne blanche ou à la précanne mais après ils sont censés venir dire bon voilà c’est bon maintenant il peut le faire tout seul et après on reprend le travail avec les gamins ; c’est ce qu’on essaie de faire dans l’idéal, mais on a du mal à vraiment le reprendre par manque de temps et donc de coordination. Pour conclure, c’est plus quand on vous délègue l’information pour que vous la transposiez dans le quotidien que vous êtes au courant de ce qui se passe chez les autres professionnels ? OUI tout à fait. ANNEXE 3 Entretien AVJiste Age : 35ans Profession de base et année d’obtention du diplôme : éducateur spécialisé depuis 2002 Année d’obtention du DE AVJiste : 2006 Nombres d’années auprès de personnes DV : depuis 2002 Parcours antérieur : travaille auprès d’enfants et d’adultes Population prise en charge : Enfants, adultes avec ou sans handicap associés ; déficients visuels et non voyants. Les troubles associés sont principalement des maladies mentales, tout ce qui va être psychose. Les autres handicaps associés dont les troubles moteurs sont pris en charge par l’ergothérapeute AVJiste. 1) Travaillez-vous en collaboration avec des ergothérapeutes ? De quelle manière travaillez-vous ensemble? Travaillez-vous ensemble souvent ? Il y a peu de collaboration, principalement le temps du repas qu’on fait en commun avec l’ergothérapeute AVJiste. La collaboration se fait sinon de manière informelle quand on a des questions l’une envers l’autre, des situations dont on a besoin de discuter. 2) Travaillez-vous plus fréquemment avec une ergo AVjiste ou un ergothérapeute ? Travaillez-vous différemment avec ces deux ergothérapeutes ? Dans les faits avec l’ergothérapeute AVJiste. Certainement je ne travaille pas de la même façon avec ces deux ergothérapeutes. Je ne travaille pas ou très peu avec l’ergothérapeute, on partage le même bureau et on discute parfois des gamins qu’on a en commun, après on n’a pas de prise en charge commune. Si je travaille avec les deux quand on a des enfants en commun je les sollicite l’une ou l’autre sur des choses où je vais être un peu en difficultés où je me pose des questions où je me rends compte que là vraiment c’est pas de mon domaine, je les interpelle souvent que ce soit l’une ou l’autre. - Des choses plus du domaine du matériel, de la réadaptation par exemple ? Oui du matériel, même de la manière de m’y prendre avec un enfant, je pense notamment à un enfant qu’on a en commun où je lui apprends à mettre ses chaussures et à utiliser le scratch et je me rends compte qu’en fait le scratch il faut tout décomposer ; moi je le fait sur son groupe quand il s’habille se déshabille et elle elle le voit en séance d’ergothérapie, je l’ai sollicité là-dessus je lui ai dit voilà moi je travaille le scratch et j’ai un peu de mal et donc elle le reprend à son niveau et moi je le travaille en situation donc c’est complémentaire. 3) Comment voyez-vous le travail de l’ergothérapeute auprès de jeunes DV ? Comment vous répartissez vous le travail auprès de cette population entre les ergothérapeutes et les AVJistes? L’ergothérapeute m’a dit qu’elle ne faisait pas les activités de vie quotidienne donc d’après vous qu’est ce qu’elles font, quel est leur travail auprès de cette population ? C’est justement le travail que je ne sais pas faire ça va être toute la décomposition avant tout le travail analytique du geste que ça moi je sais pas comment le décomposer, ça va être vraiment moi ce que j’en vois ce que j’en comprends ça va être tout les pré requis avant de savoir après réellement faire le geste. 4) Selon vous, quel est l’apport de l’ergothérapie auprès des personnes déficientes visuelles durant l’adolescence ? la prise en charge en ergothérapie est-elle indispensable chez un déficient visuel adolescent ? Je me suis appuyée sur l’adolescence car c’est une période où on est d’autant plus en recherche d’autonomie, et notre travail d’ergothérapeute c’est aussi l’accès à l’autonomie qui est le point clé de notre travail. J’ai trouvé que c’était intéressant de mettre les deux parallèles donc la période de l’adolescence avec notre travail. Je parle donc dans cet entretien de jeunes déficients visuels sans troubles associés. Je dirais que non s’il n’y a pas de troubles associés, car la prise en charge AVJiste peut suffire. - Est-ce qu’au niveau du matériel l’AVJiste suffit pour l’adaptation par exemple du matériel informatique ? Disons qu’ici ce qui est spécifique c’est que le matériel informatique est géré par des professeurs d’informatique. Moi non je ne suis absolument pas compétente pour le matériel spécialisé parce que je n’ai pas été formée pour et que je n’y connais rien. Mais pour le cout, ici, ce n’est pas l’ergothérapeute qui a ce relai là mais c’est un prof d’informatique spécialisé. - Cette prise en charge est-elle d’autant plus importante à l’adolescence qu’à une autre période de la vie ? Sans troubles associés non, je dirai que non. 5) Dans quel domaine l’ergothérapie aide-t-elle le plus le jeune selon vous (soins personnels, activités sociales, autonomie scolaire…) ? Moi de mon point de vue comme je ne suis pas compétente dans le domaine scolaire je dirai plus dans ce domaine scolaire. - Qu’est ce que l’ergothérapeute apporte au niveau de l’autonomie scolaire ? Chez un jeune sans troubles associés, tout le côté informatique spécialisé. - Au niveau des activités sociales adaptations des loisirs… ça concerne plus les AVJistes, les éducateurs spécialisés, qui s’occupent plus de tous ça ? Les AVJistes, et éducateurs aussi, la professeur de braille également. En plus moi c’est quelque chose qui m’intéresse énormément l’adaptation de jeu donc c’est vrai que j’aime bien m’y pencher dessus, chercher des solutions. Mais ça fait parti des missions de l’AVJiste aussi. 6) Selon vous, l’ergothérapeute aide-t-il l’adolescent à s’accomplir en tant qu’adultes en devenant plus autonome au quotidien ou est ce que c’est surtout le rôle de l’AVJiste? Estce que l’ergothérapeute a une place Pourquoi ? Comment ? S’il le prend en charge oui, si c’est dans une démarche de rééducation avec un jeune qu’il a oui, mais après un jeune qui n’a pas de besoin spécifique, je ne vois pas plus la place d’un ergothérapeute que d’un AVJiste. C’est clair ou pas ? - Non pas trop car tous les jeunes que vous avez sont tous suivis par des AVJistes ou pas ? Là notamment je pense à deux jeunes que j’ai des adolescentes notamment qui ont fait que de l’AVJ qui n’ont jamais eu d’ergothérapie, je ne vois pas ce que l’ergothérapie leur apporterai en plus. - Et quand l’ergothérapeute intervient, aide-t-il l’adolescent à s’accomplir en tant qu’adultes en devenant plus autonome au quotidien ? Bien sûr complètement, mais la prise en charge n’est pas forcément nécessaire. 7) Ça m’intéressait d’autant plus de vous rencontrer pour votre formation d’AVJ avec une profession qui n’est pas ergothérapeute. Pensez-vous que la formation d’AVJiste soit complémentaire de la formation d’ergothérapeute ? Pourquoi ? Alors oui, sachant que forcément on ne fera pas l’AVJ de la même façon. On n’a pas du tout les mêmes prés requis, on part avec nos bagages de départ. Moi j’ai une vision éducative de l’AVJ et l’ergothérapeute AVJiste a une vision ergothérapique. Sur une même activité on ne va pas du tout l’aborder de la même façon. On va vers le même but, on a le même résultat voulu mais la démarche sera complètement différente. Donc nous sommes complémentaires dans une même équipe. Et justement là où une AVjiste qui a une formation d’ergothérapie va être efficace sur tout ce qui est l’analyse du geste, le pourquoi ça fonctionne pas donc elle va pouvoir travailler ça, moi je ne peux pas le faire. Après tout ce qui va être accompagnement dans les familles, un côté où on va mettre un sens plus éducatif à une activité, je serai plus à même de l’apporter, mais c’est sur que c’est complémentaire. ANNEXE 4 Ergothérapeute Année d’obtention du DE : 2006 Age : 29 ans Nombre d’années auprès d’un public DV : 1 an et demi après l’obtention du DE à temps plein dans un S3AIS, bientôt un an et demi dans ce centre à mi temps. Parcours antérieur : SESSAD déficients moteurs Type de population pris en charge : déficients auditifs, quelques déficients visuels avec troubles associés de moins de 12 ans. Surtout des jeunes de 4- 5ans. 1) Bien que la prise en charge doive être la plus précoce possible, l’adolescence est-elle une période où la prise en charge en ergothérapie vous semble indispensable, serait-il nécessaire de la renforcer à cette période? Pourquoi ? Si la prise en charge est correcte dès la petite enfance, dépend de chaque enfant, pas de manière générique, dépend de chacun. Les demandes à l’adolescence concernent plus l’Avjiste que l’ergothérapie. Les besoins varient selon les antécédents et les capacités de l’enfant. 2) Les prises en charge en ergothérapie sont-elles quotidiennes? Tous les jours, plusieurs fois par semaine ? Combien de temps durent-elles? D’un point de vue pratique, une fois par semaine à cause d’un manque de personnel ; les prises en charge durent trois quart d’heure. 3) Elles se présentent sous forme de mise en situation dans l’environnement de l’adolescent ou plutôt sous forme analytique en salle d’ergothérapie? Cela dépend des besoins de l’enfant, c’est rarement de l’analytique pur mais on va travailler de manière ludique pour travailler la manipulation, ma dextérité par le jeu. 4) Comment les acquis sont-ils transposés dans la vie du jeune ? Au fur et à mesure en transpose les acquis d’un jeu à l’autre et en lien avec les autres professionnels : AVJiste, éducateur, psychomotriciens et tous ceux qui gravitent autour de l’enfant. 5) Qu’est ce qui différencie votre travail d’un ergo AVJiste ? L’ergothérapeute fait un travail plus global, approche ergothérapique différente : une ergothérapeute AVJiste a une vision des activités ainsi qu’une expérience différente qu’une non AVJiste, ce qui lui permet de mettre en place des activités plus précises plus adaptées au jeune et à sa vie quotidienne. - Travaillez-vous en collaboration avec eux ? comment ? Je travaille beaucoup avec les AVJiste. On évite les séances de groupes, mais par manque de temps et de moyens cela permet de pouvoir faire plusieurs séances par enfant parfois. On travaille en collaboration par transmissions, par mails, échanges informels. Les relations interprofessionnelles permettent de mettre en place des choses avec une continuité d’une séance à l’autre et d’un professionnel à l’autre. 6) Pensez-vous que la profession d’AVJiste soit adaptée à des professionnels qui ne sont pas ergothérapeutes ? Oui c’est compatible avec d’autres professions même si je ne saurais pas dire lesquelles. Cette formation a une visée plus ergothérapiques car c’est un approfondissement/une spécialisation de l’ergothérapie dans un domaine particulier, mais ce n’est pas restrictif à la profession d’ergothérapeute, d’autres professionnels peuvent faire cette formation. 7) Dans quel domaine l’ergothérapie aide-t-elle le plus le jeune selon vous (soins personnels, activités sociales, autonomie scolaire…) ? Pour les soins personnels, c’est le domaine de l’AVJiste. L’ergothérapeute s’occupe un peu de l’autonomie scolaire, mais surtout de la mise en place des prés requis avant l’apprentissage des AVJ : les manipulations, les découvertes sensorielles… Si y a un ergothérapeute et un AVJiste, l’ergothérapeute fera un travail plus analytique pour la mise en place des prés requis, et l’AVJiste sera plus sur un travail concret. L’ergothérapeute s’occupe aussi de l’adaptation du matériel : mise en place des logiciels informatique en collaboration avec l’orthoptiste, le professeur de braille en fonction des besoins de chaque enfant. - Au niveau des activités sociales, par exemple adapter un téléphone portable pour obtenir une puce spéciale auprès de orange par exemple est ce que c’est l’ergo qui s’en occupe ? Ça va être plus l’AVJiste qui va s’en occuper, en fait ça dépend des besoins de l’enfant. Si l’enfant est suivi en AVJ c’est l’AVJiste qui va s’en occuper entre autre mais ça peut être aussi le travail de l’ergo s’il n’est plus suivi en AVJ. 8) Est-ce que c’est difficile pour vous de vous situer dans l’équipe AVJiste-ergothérapeute en tant qu’ergothérapeute ? Non car il y a une communication importante, la répartition du travail marche bien comme ça. - Le fait de ne pas travailler sur les soins personnels en ergothérapie est ce que tu trouves ça normal car c’est quand même une partie importante de notre métier ? L’AVJiste est une formation spécifique à cette population donc pour le bien être des jeunes, c’est indispensable qu’ils soient pris en charge par des AVJistes. Cette formation est une nécessité si on travaille auprès d’un public déficient visuel. L’ergothérapeute a sa place, mais l’AVJiste a une place d’autant plus importante car elle est très technique et très spécifique. C’est un plus si l’ergothérapeute est formée à l’AVJie. 9) Selon vous, quel est l’apport de l’ergothérapie auprès des personnes déficientes visuelles durant l’adolescence ? En tant qu’ergothérapeute, on s’occupe surtout des troubles associés car l’autonomie c’est plus les AVJistes. En ergothérapie on met en place les pré requis à l’AVJ : les manipulations, la dextérité, les découvertes sensorielles… ANNEXE 5 Ergothérapeute AVJiste 1 : Age : 32 ans Année d’obtention du DE ergo : 2002 Année d’obtention du DE AVJiste : 2006 Nombres d’années auprès de personnes déficiente visuelle : depuis 2004 Parcours antérieur : Remplacement en fonctionnel, rééducation personnes âgées et adultes fonctionnels Population prise en charge : de 6 à 59 ans ; 6 à 20 avec handicap associé ; DE 18 à 59 ans sans handicap associé trop important 90% de non voyant, 10% de malvoyant ; chez les enfants, surtout des non voyants congénitaux car je suis la seule ergo donc j’ai les cas les plus lourd ceux qui ont le plus de mal à se gérer au quotidien. 2/3 de congénitaux et 1/3 d’acquis. 1) L’adolescence est-elle une période où la prise en charge en ergothérapie vous semble indispensable ? Pourquoi ? Non parce qu’à chaque étape il y a un travail d’autonomie spécifique et indispensable, et si celui de l’enfance ou de la petite enfance n’est pas fait, on arrive à l’adolescence et on n’aura pas les prés requis d’avant - Même si il faut que la PEC soit précoce, pensez vous qu’il est judicieux de la renforcer au moment de l’adolescence Pas de manière catégorique pour tout le monde mais plus au cas par cas. Pour certains oui, pour d’autres pas forcément. Par rapport au projet de vie des enfants et à comment ils vivent leur adolescence, à l’adolescence il se passe beaucoup de choses et certains sont plus ou moins disponibles à un moment donné pour apprendre leur gestes d’autonomie et celui qui est trop préoccupé par ses problèmes familiaux, sa problématique scolaire j’ai finalement qu’un tout créneau cognitif chez eux parce qu’il y a pleins de choses qui les perturbent autour et eux il faut que je les vois plus souvent que d’autres parce qu’ils intègrent moins vite. - Est-ce que ce sont les adolescents avec handicap associé que tu dois voir plus souvent à cette période ? Non, car l’adolescence du handicap associé est très particulière, elle passe inaperçue. Toutes les préoccupations d’un adolescent classique les atteignent moins ; ça va bien avec leur parents, avec leur copains, tout est beau dans leur monde, après ce n’est pas le cas pour tous. - Mais comment vivent-ils les changements corporels ? Ça dépend mais pour certains, ces changements corporels comme la sexualité n’apparait pas pour eux alors que si parfois cette sexualité pose questions à d’autres ; ça dépend des jeunes. 2) Les prises en charge en ergothérapie sont-elles quotidiennes? Tous les jours, plusieurs fois par semaine ? Combien de temps durent-elles? Prise en charge hebdomadaire par manque de temps, bihebdomadaire si j’appuis fortement ma demande. Elles durent une heure. 3) Elles se présentent sous forme de mise en situation dans l’environnement de l’adolescent ou plutôt sous forme analytique en salle d’ergothérapie? Si c’était écologique ce serait à la maison et il y a beaucoup d’interne chez nous, donc c’est écologique dans leur milieu d’internat. Je m’attache beaucoup à faire les deux : les prés requis sont travaillés en salle. Une fois que qu’ils sont acquis, on apprend le geste en milieu protégé dans ma salle, quand ça marche bien dans ma salle on monte sur les étages dans le lieu de vie et on fait en sorte de l’inclure dans le quotidien et quand ça marche là je fais en sorte de l’inclure dans le milieu familial donc soit en me déplaçant, soit avec des liens avec la famille par téléphone par mail selon la relation que j’ai avec la famille. Un jeune qui habite à Marseille ça c’est fait par téléphone e la mère se déplaçait parfois pour voir elle comment ça se passait mais aller sur le lieu de vie c’était compliqué. - Comment les acquis sont-ils transposés dans la vie du jeune ? Comme tu m’as dis tu les travailles en salle ensuite tu les transposes dans le milieu de vie et après tu vois avec la famille mais est ce que tu travailles avec d’autres professionnels pour les transposer ? Avec les éducateurs par la force des choses. D’abord dans la salle puis dans les étages puis avec la famille c’est en le séquençant énormément ; pour certains jeunes, s’il n’y a pas besoin du milieu protégé de mon bureau, on peut attaquer directement à l’étape 2 directement dans les étages. Avec un handicap associé souvent il faut démarrer dans mon bureau au calme où ce séquençage est important. Dans mon bureau il va y avoir vraiment le travail analytique travail dissociation des doigts, la force… et le côté AVJ va pouvoir se faire directement dans la chambre pour certains jeunes. Une fois que s’est acquis dans mon bureau on passe dans les chambres, je regarde que ça marche dans la chambre avec les nouveaux repères, une fois que ça marche dans la chambre avec les nouveaux repères je fais le lien avec les éduc pour que ce soit repris au quotidien dans la semaine. Une fois que ça marche au quotidien avec les éduc et le jeune et que les éduc n’ont pas besoin d’être derrière et qu’ils nous disent que ça marche bien et qu’ils n’a plus besoin d’aide, là je fais le lien avec la famille pour qu’il n’y ait pas d’apprentissage qui se fasse à la maison parce que ce n’est pas le rôle des parents. 4) Rôle de l’AVJiste : Cette formation apporte-t-elle beaucoup de connaissances supplémentaires par rapport à la formation d’ergothérapeute classique ? AVjiste n’est pas un métier, c’est une spécialisation d’un diplôme de base. Cette formation est très bien pour une personne qui débute auprès des déficients visuels car tu ne patauges pas. Moi je l’ai fait au bout de 3 ou 4ans où je travaillais déjà auprès des DV. Si tu es un peu impliqué dans ton boulot tu cherches et les techniques tu les trouves. Je m’étais renseignée sur les techniques pour manger, pour plier son linge, c’est quoi les prés requis donc la formation ne m’a pas apprise grand-chose mais la formation m’a ouvert les portes du monde des AVJistes et maintenant je peux échanger avec eux sur des points et ça c’est génial. Après je pense avoir un parcours particulier parce que je m’étais déjà beaucoup renseignée et mon approche était parfois plus pertinente que certains prof où quand un éduc spé vient nous parler de préhensions ce n’est pas toujours ça. J’ai même assuré des cours dans l’année où je me faisais former. Cette formation oui quand on démarre parce que j’ai passé des heures à comprendre pour quoi ça ne marchait pas, les prés requis nécessaires… Par rapport à d’autres je n’ai pas découvert les choses de la même manière. Les cours sont adaptés pour tous types de professions, j’ai même rencontré une personne en formation qui avait un DEUG d’histoire médiévale. - Pensez-vous que cette spécialisation soit adaptée à des professionnels qui ne sont pas ergothérapeutes ? Elle est spécifique quand la problématique est cognitive ou motrice. Quand la problématique est psychologique ou sociale, l’ergo n’est pas le mieux placé et à ce moment là c’est bien que les éducs qui sont sur le groupe soient formés à ça. Après clairement un psychomot je n’en ai pas côtoyé mais je n’arrive pas à projeter l’intérêt. La formation d’AVJ te donne les compétences pour accompagner une personne déficiente visuelles dans son autonomie. On ne parle pas de handicap autre que le handicap visuel. Après il faut réfléchir pourquoi cette personne a du mal à acquérir son autonomie. Clairement moi demain je perds la vue je vais avoir besoin d’un coup de main mais ce ne sera pas le même coup de main qu’un jeune avec handicap associé. En fonction des difficultés il y aura des professionnels qui seront indiqués et c’est vraiment les raisons de la non autonomie du jeune qui doit orienter vers un professionnel ou un autre. 5) Dans quel domaine l’ergothérapie aide-t-elle le plus le jeune selon vous (soins personnels, activités sociales, autonomie scolaire : loisirs, téléphone portable…) ? Autonomie scolaire je ne le pratique pas donc je ne peux pas dire L’adolescence c’est la construction de la personnalité et ça passe par tous ça. Tu peux pas avoir un apprentissage par pic : être super fort en téléphone portable et te faire laver par ta mère parce que socialement tu n’es pas bien avec les autres donc à l’école tu ne peux pas être bien sur les acquisitions scolaires. De la même manière si tu es nickel sur toi et que dès qu’on te met un ordinateur ou un téléphone dans les mains à 14 ans tu ne sais pas appuyer sur une touche ou répondre au téléphone ben tu n’auras pas de copain et ça mettra à mal toute ta personnalité qui se construit. - Même si ces trois domaines sont imbriqués, dans quels domaines on intervient le plus dans notre profession d’ergothérapeute ? Alors l’autonomie personnelle pour un aveugle congénital c’est indispensable que ça passe par un ergo à un moment donné. L’autonomie sociale peut être moins parce que c’est plus facile pour monsieur tout le monde explique l’utilisation du téléphone portable que de parler pipi et toilettes. L’autonomie personnelle c’est le truc à ne pas rater. Les parents ils disent ils gazent à l’école donc tant pis je l’aide encore à se laver mais je lui ai appris à téléphoner on joue bien avec le téléphone. Les autres sujets sont plus faciles à aborder par monsieur tout le monde ou par d’autres professionnels moins aguerries dans le domaine - Autonomie scolaire, adaptations à l’ordinateur ? Il y a des profs et ici les adaptations à l’ordi ce sont les profs qui les font parce que le travail est réparti comme ça. A l’institut la profession est mal servie je suis peu reconnue et c’est une volonté institutionnel de n’embaucher qu’un ergo et de former des profs plutôt que d’embaucher des ergos pour la réadaptation. Normalement dans l’AVJ il y a les prés requis, les techniques et l’adaptation donc normalement les prés requis devraient être traitées par l’AVJiste bien que ce soit très mal traité dans la formation. Le travail interprofessionnel est primordial tout seul on fait que dalle. 6) Selon vous, quel est l’apport de l’ergothérapie auprès des personnes déficientes visuelles durant l’adolescence ? Venir apporter une petite pierre à l’édifice qui fera que le gamin l’adolescent se construit de manière uniforme c'est-à-dire que toutes les facettes qui font qu’une personnalité est équilibrée soit bien abordée dans cette phase : qu’il y ait la scolarité, l’accès à l’autonomie, à la vie sociale, qu’il y est tout qu’on ne fasse pas un puzzle et de ne surtout pas rater l’aspect autonomie qui facilement à l’adolescence peut passer à l’as parce qu’il y a la scolarité, il y a des problèmes avec la famille, il y a pleins de choses qui peuvent passer devant la petite autonomie. Quand tu es ado la première chose que tu veux c’est être autonome ne plus dépendre des parents et pour un DV, pour les handicaper il y a tellement d’autre questions qui se posent que ça peut facilement passer à l’as. Quelques précisions sur la formation d’AVJiste… La formation AVjiste a commencé à Toulouse. Deux éducatrices spécialisées se sont rendu compte du besoin de travailler des techniques autour de la DV et monte la formation d’AVJ. Des éduc et des ergos viennent principalement se former puis les AVJistes ont demandé à la FISAF (Fédération nationale pour l'Insertion des personnes Sourdes et des personnes Aveugles en France) de reprendre la formation. Pour avoir plus d’argent, la FISAF accepte de plus en plus de monde de différents horizons ; pas de sélection au départ, personne n’a jamais été refusé et pas de sélection à la fin : tout le monde valide la formation bien qu’il y ait un mémoire à faire et des contenus de cours qui changeant régulièrement. Pour avoir un statut de DUFA (Diplôme Universitaire de Formation pour Adultes d’AVJ) ils se sont mis avec la fac de sociaux où il devait y avoir un certains nombre d’heure de sociaux donc sur une semaine il y avait à peu près la moitié d’heure de sociaux avec un anthropologue, un prof de sociaux qui n’avait à mon sens pas de lien avec la formation et la moitié d’heure des vrais cours d’AVJ. C’était dans toutes les critiques cette fac de sociaux. J’ai été engagé pour donner quelques cours d’AVJ, et j’ai vu qu’il y avait un manque de qualité, de reconnaissance des professeurs d’AVJ par rapport aux professeurs de fac de sociaux et on voulait plus de temps pour ces formateurs AVJ. On a contacté la FISAF et on leur a dit qu’on ne pouvait plus cautionner et de former des gens on est mal à l’aise de faire parti de cette formation qui ne veut pas se perfectionner pour faire un enseignement de bonne qualité. On n’a pas eu de réponses. L’année d’après la formation s’est fait sur un gros centre pour DV où les professionnels du centre ont été obligé d’intervenir dans la formation. Ce système n’a duré qu’un an. Chaque spécialisation basse vision AVJ et instructeur en locomotion ont leur association différente de leur organisme de formation. Ces trois associations ont voulu mettre en place un tronc commun et après des modules AVJ, basse vision ou instructeur en locomotion. La FISAF a suivi l’idée mais il n’y avait plus de communication entre l’association des AVJistes et la FISAF. Beaucoup de réunions ont eu lieu pour créer le contenu des cours, pour le tronc commun et le contenu AVJ et tout le monde a participé à ça, la FISAF était en retrait mais était là. La FISAF est un organisme privé et par cette organisation on peut penser qu’il perdait leur fric si c’était pris en charge par un autre organisme de formation. Un jour en septembre la FISAF proposé une formation complète sur la DV avec le contenu de ce qui avait été travaillé par tout le monde. On n’a pas revu la FISAF au groupe de travail mais on n’avait pas signé de charte de confidentialité et on a fait des courriers pour déplorer que la FISAF se soit octroyé le travail commun. Depuis, ils proposent une formation polyvalente avec AVJ, BV, loco donc c’est intéressant pour un chef d’établissement. Cette formation s’appelle TACS (technicien en accessibilité et en compensation sensorielle). L’association AVJADV (Association des rééducateurs pour l’Autonomie dans la Vie Journalière des personnes Déficientes Visuelles) est allez voir la FAF (Fédération des Aveugles de France) qui s’occupe de la formation des instructeurs en locomotion. Aujourd’hui il existe cette seule formation FAF spécialisée AVJ. Le tronc commun existe, il va démarrer cette année avec la fac de médecine Paris V et après chacun s’aiguille dans son domaine donc ça y est ça démarre et j’interviens dans cette formation. ANNEXE 6 Ergothérapeute / AVJiste 2: Age : 38 ans Année d’obtention du DE ergo : 1996 Année d’obtention du DE AVJiste : 2000 Nombres d’années auprès de personnes DV : depuis 1998 Parcours antérieur : - Foyer de vie pour adultes handicap moteur lourd évolutif - Long séjour - Adolescent déficient moteur/visuel, IMC Population prise en charge : Travaille à mi-temps sur centre pour déficients visuels : prend en charge les déficients visuels avec handicaps moteurs ou cognitifs associés de 7 à 18 ans. A mi-temps dans un centre spécialisé d’enseignement secondaire (CSES) pour adolescents de la 4ème à la 2nde prend en charge des déficients visuels sans troubles associés. 1) L’adolescence est-elle une période où la prise en charge en ergothérapie vous semble indispensable ou très nécessaire ? Pourquoi ? Très nécessaire car il y a pleins de demandes qui émergent, un besoin en autonomie qui émerge. Avant ils sont plus petits donc ils subissent un peu plus, il n’y a pas vraiment de demande de leur part, il faut qu’ils en fassent donc ils en font et après à l’adolescence ils peuvent être demandeurs de faire des choses au niveau cuisine, maquillage, et une jeune que je suis qui veut notamment prouver à sa mère qu’elle est capable de faire de la cuisine toute seule. Et après de part l’âge, il y a des choses que les enfants n’ont pas à gérer et que eux doivent gérer ou commencer à apprendre à gérer comme par exemple l’argent de poche, le budget, savoir gérer l’argent que tu as, un petit compte en banque et puis après comme on ne les prend plus, il faut qu’on les amène aussi à savoir le faire. - Même si il faut que la PEC soit précoce, pensez vous qu’il est judicieux de la renforcer au moment de l’adolescence ? La prise en charge précoce ça c’est évident mais peut être qu’il y a des moments où faut savoir faire des breaks dans la prise en charge et savoir reprendre à certaines périodes de leur développement, et l’adolescence c’est une période importante. Il faut faire ce qu’il faut sur les premières années concernant l’habillage, les techniques d’indépendance à table, et après revoir un peu plus tard pour refaire un point sur des choses avec en perspective tout ce qui est départ, installation pour les études, ils vont plus forcément être chez leur parents et vont devoir se débrouiller tout seul donc c’est vrai que l’adolescence c’est une période clé pour ça. Je prends en charge un jeune aveugle acquis sur le CSES très brillant sur son parcours scolaire avec nombre de difficultés rencontrées par lui et par sa famille concernant l’apprentissage au quotidien des déplacements et tout ce qui est compensation du handicap qui a été complètement mis de côté. Moi je le voyais en AVJ, on faisait de l’AVJ, mais il intégrait pas du tout les choses qu’on faisait et ne les transposait pas du tout au quotidien. Il a eu son bac, il est parti en école d’ingénieur et ça n’a pas marchait parce qu’il n’était pas suffisamment indépendant pour gérer tout les à côtés du scolaire, et ça n’a pas marchait à cause de ça. On n’arrêtait pas de lui dire que s’il n’était pas capable de gérer, de faire ces choses là tout seul, même si au niveau scolaire ça marche bien, ça ne va pas aller, ses copains vont pas l’aider et malheureusement on a eu la preuve que ça ne peut pas marcher sans autonomie. Ce qui est compliqué c’est qu’à l’adolescence en fonction de ce qui peut être acquis ou congénital, les acquis en fonction de l’âge où c’est apparu, ça dépend où ils en sont dans leur période de deuil, l’acceptation, ce que nous on peut leur proposer comme technique. En AVJ, ça va parce que c’est sur du quotidien, ce n’est pas de choses que les autres vont voir à l’extérieur, mais on suit une élève là ça fait 6 ans qu’elle a une déficience visuelle et la canne ce n’est pas possible elle n’arrive pas à surpasser l’utilisation de la canne. La canne c’est marqueur de quelque chose ; marcher au bras de quelqu’un ça va mais utiliser la canne ça peut être perçu comme stigmatisant. Après au quotidien on leur apprend des techniques de compensation, mais il n’y a pas forcément besoin de matériel en fait, ou si il y a du matériel ce sont des aides techniques qui sont chez eux qui restent dans le cadre privé et le regard des autres n’intervient pas. - Vous me parliez de faire un break mais est ce que concrètement c’est réalisable parce que l’habillage, le repas c’est long à mettre en place C’est important pour éviter une saturation de la prise en charge. Ça dépend vraiment de la population : avec des congénitaux ça va être long à mettre en place. Avec des jeunes qui maîtrisaient déjà ces techniques là avant, ça ne prendra pas beaucoup de temps parce que les gestes ils les ont déjà donc nous on va leur donner des repères suffisants pour qu’ils puissent les refaire, peut être des techniques un peu différente pour que ce soit plus facile mais ça prendra beaucoup moins de temps. Après sur un aveugle congénital ce sera très long ou disons que ça peut être très long. Après il y a des moments où quand ils ont fait leur mix entre les techniques qu’on leurs a apporté et ce que eux ils vivent dans le quotidien, du moment que le résultat est là, peut être que faire un break et dire bon ben là visiblement tu n’as plus besoin de moi pour le moment on s’arrête un peu et quand tu auras de nouveaux besoins qui émergent tu reviens, on fait le point et on travaille là-dessus. On le fait au CSES, après on le fat parfois par défaut parce qu’on n’a pas assez de temps de prise en charge et donc c’est un moyen de faire tourner les prises en charge. Les enfants aussi sont à saturation, quand ils font la rééducation depuis qu’ils sont gamins, arrivés ado, ils en ont marre donc leur proposer des arrêts ça peut être intéressant aussi. 2) Les prises en charge en ergothérapie sont-elles quotidiennes? Tous les jours, plusieurs fois par semaine ? Combien de temps durent-elles? Une fois par semaine, séance de trois quart d’heure. 3) Elles se présentent sous forme de mise en situation dans l’environnement de l’adolescent ou plutôt sous forme analytique en salle d’ergothérapie? Ici c’est particulier parce que je prends en charge avec handicap moteur associé, donc je travaille sur le handicap moteur. Donc forcément le visuel est là et je le prends en compte, mais en trois quart d’heure ici je travaille vraiment sur les troubles moteurs. Après ma double casquette me permet de prendre en charge du visuel et du moteur et me permet de travailler tous ce qui est quotidien en enrichissant ce travail là avec tout ce que j’ai appris de l’AVJ. C’est tout ce qui est travail fonctionnel classique de rééducation avec du handicap moteur, en ajoutant à ça beaucoup de travail sur la sensibilité au niveau exploration, travail sur des stratégies des recherches…, et après des mises en situation cuisine. Je ne suis pas sur l’internat donc je ne fais pas tout ce qui est toilette…. Comme on travaille bien avec l’autre AVJiste (éducatrice spécialisé), sur les jeunes qu’elle suit elle peut aller sur l’internat donc je lui dis pour tel jeune est ce que tu peux regarder si ça va ou pas et du coup elle me dit si il y a des choses un peu compliqué je les reprends après. Les toilettes, la douche …, c’est elle qui le travaille avec le jeune. 4) Comment les acquis sont-ils transposés dans la vie du jeune ? A travers l’AVJiste pour les gestes du quotidien et à travers les éducateurs ce n’est pas forcément toujours le cas parce que nous on travaille avec eux en séance, mais les éducateurs ne sont pas forcément toujours formés non plus par rapport au spécificité du handicap et aux techniques à mettre en place. Les jeunes peuvent se retrouver en porte à faux en des éducateurs qui leur disent de ne pas faire comme ça et nous les rééducateurs qui leur disent au contraire de faire comme ça. Quelque fois on manque de coordination entre les professionnels pour dire avec un tel on travaille là-dessus et c’est comme ça qu’il faut faire c’est comme ça qu’il sait faire c’est comme ça qu’il faut le laisser faire. - Donc est-ce que vous allez voir les autres professionnels (éducateurs spécialisés) pour leur dire on a fait ça il y arrive bien comme ça donc il faudrait le travailler au quotidien. Quand ça pose problèmes parfois avec certains cas quand ça devient compliqué on le fait, mais sur ceux avec lesquels il n’y a pas vraiment de difficultés on compte plus sur les jeunes qui euxmêmes vont mettre e place tous seul que sur les éducateurs. Ce serait intéressant aussi de montrer aux familles comment le jeune sait faire les choses et qu’il sait les faire surtout parce que j’ai une maman qui est venue c’était la première fois qu’on se rencontrait, et on parlait du quotidien de l’enfant avec handicap visuel et moteur et je lui ai montré quelques techniques qu’il savait faire mais qu’il n’appliquait pas à la maison par manque de temps c’est vrai que ça lui demande des efforts donc du coup c’est plus facile que ce soit les parents qui fassent donc tous les deux on a montré à la maman ce qu’il était censé savoir faire qu’il avait un peu oublié en ne pratiquant pas et la maman a vu et a su reprendre à la maison après avec lui en lui disant mais non c’est pas comme ça. La famille a un rôle clé dans l’accompagnement vers l’autonomie du jeune. Après on n’a pas assez de relations concrètes avec les familles pour leur dire pour les repas par exemple c’est plus facile si on fait comme ça et comme ça, mais on n’a pas de temps pour ça ; c’est avec le jeune qu’on travaille donc du coup on n’a pas de temps. - Vous travaillez avec des jeunes à partir de 7 ans donc s’il n’y a pas de troubles associés ils ont les capacités cognitives pour intégrer ce que vous leur apprenez Moi le plus petit que j’ai, je travaille pas dut tout sur le quotidien avec lui, non pas qu’il n’y ai pas de besoin, mais il y a des besoins plus importants et il ce débrouille pas mal au quotidien. Je travaille l’informatique voir quelles adaptations il lui fallait sur l’ordinateur mais ça fait parti du quotidien aussi car au niveau scolaire c’est son quotidien à lui. C’est la grande différence entre l’ergo et l’AVJiste. Ici, l’AVJiste ne fait pas du tout d’adaptation informatique, donc tout ce qui est équipements informatiques, logiciels adaptés c’est l’ergo qui s’en occupe. - Justement l’ergothérapeute non AVJiste me disait que c’était vous qui faisiez souvent tout ce qui est matériels adapté dont l’informatique quand vous preniez les enfants en AVJ. Que s’il n’y avait pas de prise en charge AVJiste, là c’est l’ergo qui s’en occupait. On ne fait pas du tout d’adaptation informatique en AVJ. Tout ce qui est matériel adapté c’est les AVjistes après en fonction de qui les prend. Si un enfant que je prends a besoin d’adaptation c’est moi qui le fais sous ma casquette d’ergo. 5) Rôle de l’AVJiste : Cette formation apporte-t-elle beaucoup de connaissances supplémentaires par rapport à la formation d’ergothérapeute classique ? Cette spécialisation est –elle complètement nécessaire pour la prise en charge des déficients visuels ? J’ai appris des techniques en AVJ que j’utilise pour les troubles moteurs et ça marche très bien. Oui cette spécialisation est indispensable car en tant qu’ego on est très formés sur les prises en charge individuelle, mettre en place des objectifs, faire des bilans on sait faire. Après tout ce qui est information ophtalmo en ergo tout ce qui est en relation avec ça c’est indispensable et tout le domaine pratique sur tout l’apprentissage du domaine de compensation du handicap. Chaque activité du quotidien, on peut appliquer quasiment une technique de compensation particulière et on ne le voit pas du tout en ergo. Ces techniques paraissent logiques et tu les mets en place ensuite parce que au fur et à mesure du temps que tu travailles tu verras que c’est plus facile de faire comme ça que comme ça. Sauf que l’AVJ c’est des méthodes testées et prouvées et ça marche bien, c’est applicable à beaucoup, après pour certains il faut adapter. Il y a des bases carrés on apprend comment aborder une personne déficiente visuelle, comment lui proposer des adaptations du logement, tout ce qui est aides techniques, marquage ; on sait lire en braille, on sait faire des marquages en braille, et tout ça on ne l’apprend pas en ergo. 6) Pensez-vous que cette profession soit adaptée à des professionnels qui ne sont pas ergothérapeutes ? Oui aux éducateurs sans problèmes. Les ergos ont une population qui est déjà en prise en charge directe avec les personnes concernées, en prise en charge d’un côté ou rééducatif ou éducatif. Je sais que c’est une formation avant qui était réservée ergo et éducateurs. Depuis quelques années, ils ont ouvert à d’autres professions par exemple assistante sociale ou autres. Je ne remets pas en cause du tout leur compétences, mais je pense qu’en tant qu’éduc ou ergos on est déjà formé à quelque chose, les assisatnte sociale n’ont pas les mêmes bases. - Avez-vous déjà travaillé avec des AVJistes autres qu’ergo ou éduc spé ? - Vous sentez vous complémentaire entre une AVJiste ergo sur un versant rééducatif et une AVJiste éduc spé sur un versant plus éducatif? Non Oui car on n’a pas la même façon de travailler, de voir les choses. Moi ça reste plus sur les gestes et l’apprentissage des gestes, et elle c’est plus global je ne sais pas comment l’expliquer. Moi je me situe en tant qu’ergo formée sur le quotidien avec les troubles moteurs, et ma casquette d’AVJ me permet d’adapter mon travail d’ergo aux troubles visuels. C’est ce qui a été compliqué de comprendre pour les autres professionnels : qui je prends, pourquoi je les prends et qu’est ce que fait l’ergo par rapport à l’AVjiste. Ils ne comprenaient pas qu’en ergo on travaille sur le quotidien avec le moteur, ça fait parti de notre boulot, ils avaient du mal à dissocier ergo/AVJIste ça a été super compliqué et je ne suis pas sur que ce soit clair pour tout le monde. - J’ai aussi eu du mal à voir la différence c’est pour ça que je suis allée voir l’ergothérapeute non AVJiste qui m’a expliqué que de son point de vue, les AVjistes s’occupaient des soins personnels et l’ergo s’occupait de mettre en place les prés requis au niveau sensoriel, sensibilité nécessaires à ces AVJ. Les ergos font donc plus un travail analytique qui était transposé ensuite dans les AVJ. Oui et de a même façon, pour un enfant si l’AVJiste non ergothérapeute voit si il y a un dysfonctionnement de dissociation ou quelque chose comme ça pour faire les lacets par exemple, elle va nous solliciter pour qu’un bilan soit fait en ergo pour voir ce qui se passe et ce qu’on peut mettre en place comme adaptations et comment elle elle peut adapter sa façon de faire avec ces difficultés là. Donc c’est vraiment des échanges dans les deux sens entre ergo et AVjiste. Pour bien faire la différence, là où j’ai fait mon stage d’AVJ durant ma formation, l’AVjiste s’occupait de tout ce qui est quotidien toilette, habillage, argent, repas… et les ergos elles avaient une salle où elles faisaient tous ce qui était activités manuelles vannerie… pour travailler la dissociation notamment et il y avait tout un côté travail de sensibilité car c’était surtout des acquis sans handicap associé qui allaient là bas, pour développer le sens tactile compensatoire. La différence entre es deux professions était vraiment claire et limpide, chacun avait son rôle AVJ quotidien et ergo motricité fine, dextérité, sensibilité. 7) Dans quel domaine l’ergothérapie aide-t-elle le plus le jeune selon vous (soins personnels, activités sociales, autonomie scolaire…) ? Soins personnels :AVJiste Plus au niveau de l’autonomie scolaire car nous sommes formées sur tout ce qui est adaptations, matériels informatiques, logiciels spécialisés. Là sur le SESSAD c’est arrivé quelque fois qu’on nous demande un bilan ergo pour préconisation de logiciel informatique sur des jeunes sans forcément de troubles associés. Ici c’est plutôt autonomie scolaire, après dans certains centres les AVJistes veulent pas être cantonnés au niveau du quotidien, sortir un peu de ce côté-là soins personnels et ils prennent en charge tout ce qui est scolaire utilisation des outils informatiques tout ça. Au niveau de l’autonomie dans les activités sociales tout ce qui est loisirs…qui s’en occupe le plus ? Ce sont les éducateurs. Après on peut être sollicité sur une activité particulière que voudrait faire le jeune et savoir si c’est possible ou pas ou sur l’adaptation technique de jeux. - Et pour l’adaptation du téléphone portable pour avoir une puce pour téléphone parlant par exemple ? Ça dépend de qui les suit : si c’est l’AVJiste c’est elle qui s’en occupe, sinon ça peut être l’ergo. Après les professionnels autour solliciteront plus l’AVJiste spontanément, car ils savent que nous sommes spécialisés dans la déficience visuelle. - 8) Selon vous, quel est l’apport de l’ergothérapie auprès des personnes déficientes visuelles durant l’adolescence ? Le rôle de l’ergo c’est cette approche individuelle de la personne avec toutes les notions qui sont applicables de déficiences-incapacités-situation de handicap avec prise en charge globale avec l’environnement, c’est un plus que nous apporte notre profession de base. On est plus à l’affût des troubles moteurs au niveau motricité fine ou autre que quelqu’un qui ne le repérerait pas forcément et qu’on pourrait un peu creuser. Après sur des visuels purs, on ne travaille pas de la même façon avec l’AVJiste non ergothérapeute, mais il n’y en pas une qui travaille mieux que l’autre. On ne peut pas dire que l’ergo AVJiste travaille mieux que l’éduc AVjiste mais on travaille différemment, on n’a pas la même approche. Nous on a une approche plus carrée, plus cartésienne avec tous les bilans qu’on fait et l’apprentissage qu’on a eu sur la façon de mener et de mettre en place une prise en charge, les éducateurs n’ont pas ce côté bilan, ils le font pas, ce n’est pas leur manière de travailler ils ont des prises en charges plus globales. Après l’AVJiste éduc spé utilise un bilan très carré et validé. On se sert beaucoup de bilans en AVJ, même s’ils sont plus informels, mais qu’en on est éduc ils ont pas du tout ce qui est bilan car ce n’est pas dans leur grille de compétences. La mise en place des objectifs à partir des bilans est spécifique à notre profession ; après avec le temps ça s’égalise, les éduc AVjiste acquièrent cette démarche aussi. En effet, dans la formation AVJ, on apprend aussi à faire des bilans et à en tirer des objectifs mais nous on arrive déjà avec ça. - Vous travaillez beaucoup avec les éduc ici l’AVJiste avec qui d’autres ? Les kinés, beaucoup avec les orthoptistes, avec les enseignants pour le positionnement en classe ou l’accès à l’informatique mais de manière ponctuelle. Pour moi en tant qu’ergo sortant de l’école, on n’est pas du tout formé à la prise en charge des déficients visuels, on peut travailler sur ce qui est sensoriel, sensitif mais c’est tout. C’est pas parce qu’on va faire deux jours où on voit quelques aides techniques qu’on est formé à ce public. Quand on fait la formation d’AVJiste on se rend compte qu’on est pas du tout formé à tout ça. Les aides techniques visuelles, le braille on peut pas l’inventer, faut l’apprendre. Pendant la formation AVJ on est beaucoup sous bandeau pour comprendre les difficultés, et on apprend aussi la passation de consignes. Ici ils font des journées sensibilisation pour le personnel avec AVJ, repas bandeau, locomotion et un peu d’orthoptie. Dans le CSES où je travaille ils ne le font pas, et du coup parfois les éducateurs en arrivent à dire des absurdités où c’est limite de la maltraitance parfois, donc il n’y a que en ce mettant en situation qu’on se rend compte des difficultés. Résumé L’adolescence est une période où le jeune est en recherche accrue d’autonomie. Il voit son corps changer et devenir adulte et commence à vouloir exister par lui-même en accédant à une certaine indépendance pour ensuite devenir autonome. Cette période est d’autant plus compliquée chez un adolescent porteur d’un handicap. En effet, aux questions classiques d’un jeune se rajoutent celles du devenir de cet adolescent handicapé dans une société qui, malgré ses efforts, peine à intégrer les personnes en situation de handicap. Une personne avec un handicap visuel devra d’autant plus s’adapter pour être autonome dans un monde où tout semble être fait pour les voyants. L’ergothérapeute qui mettra tout en œuvre pour que la personne en situation de handicap accède à un maximum d’autonomie, semble être le professionnel qui peut aider et mener l’adolescent dans sa quête d’autonomie. Il m’a paru intéressant de mettre en relation l’ergothérapeute et l’adolescent déficient visuel autour d’un même but : parvenir à être autonome au quotidien. Mais, d’autres professionnels spécialisés dans la déficience visuelle interviennent auprès de ce public. Sachant que nous sommes très peu formés à ce handicap, la prise en charge en ergothérapie est-elle importante chez un adolescent déficient visuel ? Dans quelle mesure ? Dans ce mémoire, nous réfléchirons à ces questionnements ainsi qu’à bien d’autres. Mots-clés : Adolescence-Déficience visuelle-Ergothérapie-Autonomie-Travail interprofessionnel-AVJiste