Hacène Belmessous, Opération banlieues. Comment l`État prépare
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Hacène Belmessous, Opération banlieues. Comment l`État prépare
Hacène Belmessous, Opération banlieues. Comment l’État prépare la guerre urbaine dans les cités françaises, La Découverte, 2010. Chers camarades, Pour ce nouveau numéro, un panorama de sujets divers allant de nos combats fondamentaux (logement) à des questions plus méconnues (l’euthanasie). Les deux autres articles sont quant à eux consacrés au décryptage toujours nécessaire d’un capitalisme bien décidé à nous vendre la peur (ici en banlieues et là-bas outre-mer) pour miner toute résistance. Bonne lecture ! Nordine Idir L’ouvrage de ce journaliste présente une vue d’ensemble de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy en direction des quartiers populaires considérés comme des terres de non-droit… La sortie en 2008 du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale éclaire bien les mutations impulsées par Nicolas Sarkozy. Pour la première fois, défense et sécurité nationale sont mêlées : il s’agit de lutter contre les ennemis de l’extérieur et de l’intérieur… L’utilisation de l’armée de terre devient possible sur le territoire français comme à l’époque de la guerre d’Algérie. Des soldats sont déjà préparés dans un camp d’entraînement pour des opérations en milieu urbain. Un Conseil de défense et de sécurité nationale – Pentagone à la française avec pleins pouvoirs au président – sera chargé d’évaluer les forces à utiliser pour enrayer la nouvelle « crise des banlieues ». Le rattachement de la gendarmerie nationale au ministère de l’Intérieur est également un point d’étape pour réduire la distance du militaire avec la police. L’urbanisme est aussi touché. Le gouvernement et l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) obligent les acteurs locaux à redessiner des quartiers en accord avec la police pour lui faciliter la tâche. La loi prévoit l’obligation de la prise en compte des demandes de la police lorsque des logements sociaux sont reconstruits : emplacements stratégiques pour un éventuel commissariat, voies d’accès réservées pour la police, etc. Le programme sécuritaire passe aussi par la vidéosurveillance, présentée comme l’outil permettant de réduire la délinquance et de lutter contre le terrorisme : 60 000 caméras installées depuis 2007, 20 millions € pour leur installation dans 75 villes sans compter tous les frais supplémentaires. Ça ne permet pas de reconnaître terroriste ou délinquant : dangereux, inefficace et ruineux donc. La LOPPSI 2 prévoit pourtant (article 17 ter) qu’en cas de mairie refusant d’installer des caméras, le préfet puisse s’y substituer pour imposer la vidéosurveillance et l’inscrire d’office au budget. Quant aux bailleurs sociaux, ils sont sommés d’intégrer le programme sécuritaire. Depuis 2010, la loi leur permet d’installer dans toutes les parties communes des caméras avec renvoi automatique des images à la police. Les dérives sont inévitables. D’ores et déjà, l’OPAC du Rhône a passé un contrat avec une entreprise de sécurité privée. Ces agents de sécurité, choisis de préférence « d’origine nord-africaine ou subsaharienne », vont là où la police ne va plus pour faire un travail de prévention mais aussi de répression. Ces mi-grands frères, mi-gardiens d’immeubles, mi-policiers pourront porter des bâtons défense de type tonfa lorsque le préfet les y autorise… L’ouvrage d’Hacène Belmessous permet de comprendre comment la politique sécuritaire est adossée à la politique capitaliste de la bourgeoisie. Les quartiers populaires sont abandonnés à leurs maux pendant que l’État adopte une ligne attentiste mais prévoit tous les outils nécessaires pour écraser toute révolte des banlieues. Ourouk Jawad A partir d’une note d’ L’Humanité (23/02/2011) Lofti Maherzi, professeur des universités (Versailles – Saint-Quentin) L’hypocrisie des élites médiatisées Le philosophe slovène Slavoj Žižek écrivait récemment dans Libération « Les libéraux occidentaux soutiennent publiquement la démocratie, hypocritement, et quand le peuple se soulève contre les tyrans, ils sont profondément inquiets. » Il aurait pu ajouter dans sa magistrale démonstration que cette même hypocrisie est lourdement présente dans l’intelligentsia française et autre « élite médiatisée » – d’Alain Finkielkraut à André Glucksmann, de Bernard-Henri Levy à Alexandre Adler et tant d’autres. Ces philosophes, dont le combat devrait être partout dans le monde, au cœur des luttes contre les tyrannies, les dictatures et les impunités, ont trahi les révolutions arabes, par leur silence éloquent et complaisant. On le sait maintenant, les soutiens extérieurs aux révoltes arabes ne sont pas venus de ces intellectuels médiatisés, mais d’autres intellectuels français trop souvent écartés des cercles influents pour leur engagement à contre-courant du politiquement correct. Pourquoi cette faute ? La réponse réside dans les stratégies humanitaires empruntées par ces philosophes trop souvent opportunistes et sélectifs ainsi que dans leur volonté de donner une posture géopolitique à des discours essentiellement identitaires. Une contestation sélective et communautariste, une surenchère verbale destructrice Ces intellectuels et bien d’autres étaient naguère en première ligne pour défendre la liberté d’expression et les causes justes ; désormais, ils apportent leur soutien à des causes conservatrices et communautaires : guerre en Irak et en Afghanistan, ils militent pour l’invasion de l’Iran et défendent la politique israélienne au moment où celle-ci est accusée de bafouer les règles élémentaires du droit humanitaire et international. Affichant sur les plateaux indépendance et liberté d’esprit, ils se mobilisent en réalité en propagandistes grâce à leurs multiples réseaux influents, contre tous ceux qui dénoncent la politique de colonisation et d’oppression du gouvernement d’Israël. Stéphane Hessel, humaniste, à l’avant-garde de toutes les luttes contre les oppresseurs et les tyrans, a subi leur censure infâme pour empêcher les échos de son indignation contre la colonisation des territoires palestiniens et les raisons du boycott des produits provenant de ces territoires spoliés. Alors qu’en Israël, des artistes, des auteurs et des cinéastes s’opposent à se déplacer ou à se produire dans ces territoires, car attitude contraire au droit international et que partout dans le monde, de plus en plus de démocrates juifs refusent de cautionner la politique du gouvernement Netanyahou, car elle est contraire à leur propres valeurs, nos philosophes utilisent la vieille stratégie du bunker pour censurer toute pensée critique envers Israël. Leur mobilisation bruyante pour empêcher la lapidation de l’Iranienne Sakineh se réfugie dans le silence lorsqu’il s’agissait de dénoncer l’agression contre la flottille pour soulager le blocus de Gaza ou de condamner les prêches haineux du Rabin Ovadia Yossef, dirigeant religieux du parti Shass au pouvoir ou la publication récente et en toute liberté de La Torah du Roi incitant à la haine raciale et à la violence (1). J’attendais donc avec une certaine curiosité leurs réactions aux révoltes tunisiennes et égyptiennes. Elles sont venues pour la plupart bien tardivement, lorsque le peuple tunisien a congédié le dictateur. La révolution tunisienne : une joie différée, une dictature regrettée. Le silence ancien, frileux et gêné s’est vite transformé dans le bloc-notes de Bernard La révolution tunisienne : une joie différée, une dictature regrettée. Le silence ancien, frileux et gêné s’est vite transformé dans le bloc-notes de BernardHenri Levy dans Le Point, en exclamation de joie et de louanges à la révolution tunisienne. L’adhésion est respectable mais insuffisante car fondée sur des erreurs et des omissions orientées. En expert géopolitique, le philosophe prédit dans cet élan enthousiaste, un effet domino pour « demain, la Libye de Kadhafi, la Syrie de la famille Assad, peut-être l’Iran d’Ahmadinejad ». Peut-être aussi le Maroc que le philosophe biffe volontairement ou inconsciemment de la liste, alors que tous les démocrates marocains dénoncent un royaume « rongé par la corruption et oxydé de misère ». Autre argument hâtif : le moteur de la révolution tunisienne fut boosté non par le prolétariat, ni par les pauvres ou les classes moyennes surdiplômées mais par les usagers de Facebook et de Twitter. Quel raccourci techniciste qui donnerait à ces nouvelles technologies un pouvoir révolutionnaire ? Comment ne pas prendre en compte dans cette analyse hâtive, ces milliers de Tunisiens ordinaires, brandissant des baguettes de pain, pour clamer leurs revendications sociales ? Comment omettre le rôle décisif des organisations syndicales dans l’anticipation et la mobilisation de l’insurrection populaire ? Comment ne pas relever que la majorité des centaines de morts victimes de la répression du système Ben Ali, étaient des jeunes chômeurs, paysans, artisans ou ouvriers ? Tous ces faits contredisent le pouvoir exclusif des réseaux sociaux dans le déclenchement de l’insurrection tunisienne. Certes, il ne s’agit pas de nier leur rôle facilitateur et mobilisateur dans la coordination des marches populaires, mais signalons que les milliers de manifestants, ont été beaucoup plus sensibles au seul média crédible à leurs yeux : El Jazeera. L’unique chaîne dans le paysage arabe à critiquer les dictatures bien avant les insurrections tunisiennes et égyptiennes. Dans le même registre condescendant, l’essayiste Alexandre Adler, promoteur de la politique désastreuse des chocs des civilisations et des croisades anti-arabes dira dans NiceMatin que la Tunisie « demeure une expérience encourageante au Maghreb. Si cette société n’était pas une démocratie, elle n’était pas non plus son contraire. » Et pour justifier l’argument, il invoque « l’émancipation des femmes, et l’instauration d’un Code civil » oubliant au passage de rappeler que la paternité de ces acquis revient à l’ancien président Habib Bourguiba et que les prémices de cette modernité, comme l’a rappelé si justement la journaliste Olfa Balhassine, ont été diffusées dès le XIXème siècle dans les institutions tunisienne par les beys réformateurs de l’époque. Il poussera la servilité jusqu’à minorer « la captation des richesses par Ben Ali et son clan » bien inférieure à celle des pays voisins. Dans un autre passage, il soutien sans complexe que « même dans la pire période de Ben Ali, les Tunisiens ont toujours été plus libres que leurs voisins. » Encore des conclusions truffées d’erreurs et méprisantes pour les millions de Tunisiens qui n’ont jamais connu cette liberté. La révolution égyptienne : une vision culturaliste, un discours haineux Quel paradoxe ! Quelle hypocrisie ! Alors que jamais dans l’histoire du monde arabe, on avait assisté à des révolutions populaires aussi fécondes, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Levy et Alexandre Adler se mobilisent pour agiter le chiffon rouge du péril vert et entonner leur refrain favori et catastrophique sur une issue inévitable à l’iranienne de la révolution égyptienne. Thèse, non sans quelques fondements et beaucoup de démocrates notamment arabes ne résistent pas à l’analyse, si celle-ci n’était pas instrumentalisée à des fins culturalistes et géopolitiques. Ces auteurs surfent en vérité sur une vision culturaliste qui divise l’humanité en entités fictives, nous – les Occidentaux avec notre modèle démocratique occidental et sa force civilisatrice – et eux – les musulmans et les Arabes, sans tradition démocratique et par conséquent inassimilables avec les valeurs de la démocratie, voire indésirables dans ses territoires. Ils construisent en fait un processus mystificateur à l’intérieur duquel l’identité arabe est figée par un ordre absolu et transcendant qui lui interdirait tout dépassement moderne. Cette grille de lecture est politiquement et idéologiquement orientée, car elle ne vise pas la complexité du monde arabe et ses aspects contradictoires fondateurs, mais des caricatures et des clichés du « peuple enfant » immature à la démocratie. En outre, la stratégie communautaire empruntée par ces philosophes, se transforme dans leurs analyses en posture géopolitique. Dans le droit fil des thèses du gouvernement israélien, ils qualifient le mouvement des frères musulmans égyptiens comme un danger existentiel pour l’État d’Israël. Alain Finkielkraut alerte dans Libération : « s’ils devaient prendre le pouvoir, le traité de paix avec Israël pourrait être dénoncé » puis s’empresse d’ajouter « en Égypte, les manifestants s’interrompent pour faire la prière » ! L’essayiste Alexandre Adler enfonce le clou et annonce dans le Figaro une dictature intégriste au Caire et diabolise l’opposant démocrate Mohamed El Baradei qui s’efforce de forcer la démocratie dans son pays, en le qualifiant de « pervers polymorphe » parce qu’il aurait « tout fait à la tête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour couvrir ses amis iraniens dans leurs menées prolifératrices. » À qui fera-t-on croire que ce haut fonctionnaire international, laïc, démocrate et prix Nobel de la paix, ait été complaisant avec les Iraniens ? Oui l’Islam politique multiforme existe en Égypte, en Tunisie et ailleurs, tout comme les partis extrémistes et racistes Israel Beiteinu et religieux Shass au pouvoir en Israël et tolérés allègrement par nos philosophes. Toujours alerte pour justifier l’injustifiable ou faire endosser au reste du monde la culpabilité d’Israël, ces auteurs, agissent en réalité d’une manière excessivement communautaristes. Dès lors, ils ne mettent plus de gants pour regretter des despotes dociles et complaisants à l’égard d’Israël et agir par rapport à son seul intérêt géopolitique, sacrifiant au passage l’espoir de millions de démocrates mobilisés pour exiger le seul idéal commun à toute l’humanité : la démocratie. C’est donc sans grande surprise, qu’on retrouve chez cette élite combative, la même hypocrisie signalée par Slavoj Žižek. Plutôt que de dénoncer la complicité calculée des dictateurs arabes avec le fondamentalisme musulman, d’encourager la transition démocratique qu’ils ont tellement célébrée dans les pays de l’Est et de réfléchir ensemble, à partir des conditions désormais nouvelles, d’une réconciliation inéluctable arabo-israélienne, les philosophes médiatiques n’hésitent pas à exacerber des analyses xénophobes et légitimer des thèses discriminatoires. Triste déclin d’une philosophie embrigadée qui repose plus sur des discours identitaires et fanatiques que sur des raisonnements construits. (1) Extrait du prêche du grand Rabbin : « Que tous ces méchants qui haïssent, comme Abou Mazen (le président palestinien) et tous les Palestiniens, disparaissent de notre monde, que la peste les frappe. » Extraits de La torah du Roi : « Il peut-être licite de tuer les bébés et les enfants des ennemis d’Israël, car il est clair qu’ils nous porteront préjudice lorsqu’ils auront grandi. » Courier international, n° 1036, 9 septembre 2010. Richard Besson Ce mois-ci, le groupe logement a rencontré Richard Besson, élu étudiant au Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (C.R.O.U.S.) de Bordeaux. Groupe logement du pôle Bataille des idées : Tu es élu au C.R.O.U.S. de Bordeaux, peux-tu nous expliquer ce que cela signifie ? Richard Besson : Cela signifie que les étudiants de l'académie de Bordeaux m'ont élu pour les représenter au C.A. du C.R.O.U.S., porter leur voix et défendre leurs intérêts. En effet, j'ai accès aux documents internes du C.R.O.U.S. et aux problématiques qui l'agitent. Ce sont des informations précieuses, à l'heure où la droite semble vouloir attaquer tous les services publics par surprise, de manière à prendre la contestation de vitesse ! Si j'ai quelques leviers à disposition, ce n'est tout de même pas la panacée : la représentativité étudiante s'amenuise depuis des années tant, aujourd'hui, le pouvoir craint de laisser la parole aux citoyens. Mon vote ne pèse pas bien lourd... Je ne me contente donc pas de ce rôle institutionnel : je travaille avec d'autres élus à poser un rapport de forces, en informant et en mobilisant, de manière à ce que le C.A. se souvienne parfois que les étudiants ne sont pas une simple « variable d'ajustement »... À ce titre, je travaille beaucoup en lien avec la C.G.T. C.R.O.U.S., mais également avec les élus communistes de la région : les attaques que subit le C.R.O.U.S., et plus largement l'université, exigent que l'on coordonne nos ripostes ! G.L.P.B.I. : Tu parles d’attaques. Quelle est la sit uation dans le logement ét udiant ? R.B. : Tout d'abord, il faut encore distinguer entre le logement en Cités U organisé par le C.R.O.U.S., et le logement dans les parcs locatifs privés. En ce qui concerne le C.R.O.U.S., on est confronté à deux réalités. D'une part, il y a les logements dont le loyer est accessible, mais ils sont insalubres et étroits, ils souffrent d'un désengagement massif de la part de l'État. La situation, elle est simple : on prend sa douche avec des cafards... Et c'est inacceptable. D'autre part, il y a les logements rénovés récemment. Ils sont propres, souvent spacieux, agréables... Le hic, c'est qu'ils sont généralement construits en Partenariats Public-Privé (P.P.P.). C'est à dire que le C.R.O.U.S. ne prend plus en charge l'ensemble des coûts de construction, ils sont assumés par des opérateurs privés, comme Domofrance. Ensuite, le C.R.O.U.S. est obligé de louer les résidences au partenaire privé pour les mettre à la disposition des étudiants : dans le loyer final, on a donc la part du C.R.O.U.S., et la part de l'opérateur privé. Le résultat, c'est une hausse continue des loyers, qui sont fixés selon les normes du marché : prix au m² selon la zone de construction, répartition des loyers de juillet et août sur les autres mois de l'année... S'ils sont agréables, ces logements ne sont plus du tout accessibles, et peuvent même être plus chers qu'un studio en ville. Ça monte jusqu'à 750€ à Bordeaux. On fait mieux comme logement social ! On assiste donc à un double mouvement : d'un côté les chambres gérées par le C.R.O.U.S. sont laissées à l'abandon et se dégradent ; de l'autre, le parc locatif public est privatisé en sous-main. Après, le logement étudiant n'est pas seulement le fait du C.R.O.U.S. Aujourd'hui, seuls 11% des étudiants sont pris en charge dans des Cités U, les autres se logent chez des bailleurs privés. D'ailleurs, les C.R.O.U.S. sont parfois partie prenante de ces choix individuels, puisqu'ils disposent d'espaces pour informer les étudiants des « occasions à saisir ». C'est un autre élément qui montre à quel point l'asphyxie budgétaire que le gouvernement impose au C.N.O.U.S. permet à certains de se remplir les poches. G.L.P.B.I. : Tu parles de se remplir les poches. À qui profite cett e situation ? R.B. : La signification de tout ça, c'est qu'on ouvre le « marché » du logement social étudiant aux bailleurs privés, c'est un nouveau champ qui devient accessible à la spéculation immobilière. On imagine bien quels profits vont naître de cette libéralisation. À qui profite la situation ? Au patronat, aux fonds d'investissement. Après, tout ça est également instrumentalisé dans un contexte politique général. Par exemple, aujourd'hui, la droite cherche à couler les petites facs de manière à privilégier des pôles d'excellence (notamment via les I.D.E.X.). Et qu'est-ce qu'on constate ? Autour des pôles d'excellence, les rénovations de Cités U se multiplient, alors que les résidences des petites facs (à Agen par exemple) sont laissées à l'abandon, et parfois sont détruites sans nouvelles constructions. En tous cas, on ne peut pas dire que ces dynamiques profitent aux étudiants : on est obligé de choisir entre des prix délirants et des chambres lamentables. Par ailleurs, au fur et à mesure qu'on avance dans le Plan Anciaux (le plan de rénovation), on va vers des prix prohibitifs qui en décourageront beaucoup de faire des études longues. On sent bien la logique de classe derrière tout ça... G.L.P.B.I. : Tu sais que l’U.E.C. propose la nationalisation du logement étudiant. Qu’en penses-tu ? R.B. : Je pense que c'est la solution. On entend parfois dire que t out serait réglé si on augmentait les A.P.L., ou si on mettait en place une « allocation d'autonomie ». Sauf qu'on oublie que, lorsque les A.P.L. augmentent, les loyers augmentent aussi. Les capitalistes ne sont pas bêtes, ils ne vont pas cracher sur une centaine d'euros supplémentaires ! Ce genre de tentatives a simplement pour conséquence d'organiser un petit circuit financier qui part des caisses de l'État pour arriver dans la poche du patronat, en passant par les étudiants. Au contraire, la nationalisation du logement étudiant est une proposition forte, y compris pour garantir l'accès aux études. D'abord, c'est une mesure qui libérerait les étudiants de la spéculation immobilière sauvage qui fait rage en début d'année. Il faut pouvoir fixer les loyers nationalement, et non pas au cas par cas comme aujourd'hui, en fonction des groupes de pression privés. De plus, on devrait tous avoir droit à un logement : il est scandaleux que des gens profitent de nos besoins élémentaires pour se remplir les poches. Et puis, je parlais de « logiques de classe » tout à l'heure, je pense qu'un service public du logement, c'est un des meilleurs moyens pour assurer l'égalité face aux études. Quand ton toit est assuré, tu peux étudier correctement, quelle que soit ta situation par ailleurs. Après, il faut évidemment s'attaquer au problème de la restauration, qui connaît sensiblement les mêmes problématiques. G.L.P.B.I. : Et en ce qui concerne l’ensemble de la jeunesse ? R.B. : Je sais que les étudiants ne sont pas les seuls à souffrir de la spéculation immobilière : en particulier, les jeunes précaires sont dans le collimateur des marchands de sommeil. Il faut penser à élargir cette idée de nationalisation. Un service public et national du logement, pourquoi pas ? On a beaucoup de choses à reprendre aux capitalistes, mais le toit sous lequel on vit, c'est déjà un bon début. C'est un premier pas vers une société plus juste, vers une société communiste. Entretien mené par Hugo Pompougnac. Sante Pour une euthanasie très encadrée «Sain de corps et d’esprit, je me tue avant que l’impitoyable vieillesse, qui m’enlève un à un les plaisirs et les joies de l’existence et qui me dépouille de mes forces et physiques et intellectuelles, ne paralyse mon énergie, ne brise ma volonté et ne fasse de moi une charge à moi-même et aux autres.» Ces derniers mots de Paul Lafargue, furent l'objet de polémique en 1911, dans la « bonne société » française. Mais au sein du mouvement socialiste, son suicide serein face au refus d’un vieillissement vécu péniblement fut accueilli avec émotion et respect. Les progressistes ont longtemps lutté pour le droit au suicide, mais il aura fallu attendre les avancées de la Révolution française pour qu'il devienne un acquis. Au moment où nous écrivons ces quelques lignes, le Mouvement Jeunes Communistes de France n'a pas pris position sur l'euthanasie, mais son groupe santé avance quelques pistes de réflexion pour faire avancer le débat. Dans notre société contemporaine, on peut penser que les pires dérives peuvent advenir. La marchandisation de notre système de santé et les objectifs de rentabilité de l’hôpital public, liée à la mise en application de la loi Bachelot, ne nous permettent pas d'aborder la mise en application de l'euthanasie de façon sereine. Les exemples de dérives dans certains pays de l'Union européenne donnent froid dans le dos et il est hors de question qu'il en soit de même en France. Pour nous, l'accès à ce « service » devrait être proposé, comme le don d'organes, au moment où une personne a encore sa conscience et ceci, au cas où elle serait atteinte de telle ou telle infirmité, jugée par elle trop dégradante. Il existe alors communément deux garde-fous : la parole et l’écrit du patient. Mais ils nous semblent tous deux de bien frêles barrières. De nombreuses questions se posent alors. À quel moment doit avoir lieu cet acte de mort ? Comment être sûr que le patient n'a pas changé d'avis? Qu'il n'est pas manipulé ? Qui peut assurer que le goût de la vie ne l’emporte pas finalement face à la réalité d'une maladie ? Il existe déjà une partie de réponse à ces questions, la mise en place et le renforcement des soins palliatifs, qui permettent de lutter contre la douleur et les peines morales des patients. Mais il ne faut pas mettre en opposition soins palliatifs et euthanasie, au contraire il faut les voir comme deux réponses à deux moments distincts de la maladie. Il nous semble donc que l’euthanasie ne saurait être envisagée, dans notre société actuelle, que dans le cas d’un patient impotent (mais conscient) dont la volonté résolue est de mourir. Cette volonté devra être attestée par un conseil éthique indépendant (financièrement et moralement), présent dans toutes les structures médicales pratiquant l'euthanasie, qui permettrait de juger de chaque situation sans pressions... Jeannie Barbier et Marlène Chevallier du groupe santé ainsi lutter contre les trois menaces majeures qui pèsent sur l’économie française : « l’étatisme », le « mondialisme ultralibéral » et « le