La nouvelle organisation du temps scolaire dans le cycle primaire

Transcription

La nouvelle organisation du temps scolaire dans le cycle primaire
Educ
n°
Juillet-Août-Septembre
2011
La nouvelle organisation du temps scolaire dans le cycle
primaire en Algérie, année 2011/2012
Faire évoluer l’école algérienne dans l’intérêt de l’enfant, de la nation...
L’INRE est point focal de
l’UNESCO INSTITUTE FOR TECHNOLOGIES IN EDUCATION.
Les
Publications
de l’INRE
Editorial
« Parmi les défis de l’avenir auxquels nous devons faire face, celui de l’ éducation est le plus
difficile et le plus complexe mais aussi le plus chargé d’espérance et le plus passionnant à relever
parce qu’ il détermine, à la fois, l’avenir des générations futures, l’ évolution et l’ équilibre
harmonieux de notre société, et conditionne le développement économique, sientifique et
technologique de notre pays ainsi que le rayonnement de sa personnalité et de sa culture dans
le monde ».
( Extrait de l’Allocution du Président de la République prononcée lors de la Cérémonie
d’Installation de la Commission Nationale de la Réforme du système éducatif.
Mai 2000 )
L
a réforme actuelle du système
éducatif
consacrée
par
la promulgation de la loi
d’orientation sur l’éducation nationale
N°08-04 vise la prise en charge
des mutations politiques, sociales
et économiques, le développement
qualitatif de l’école algérienne
en relevant les taux de réussite
aux examens scolaires pour atteindre des proportions
significatives tout en encourageant la création de
structures d’éducation préparatoire par les investisseurs
privés, les administrations et institutions publiques, les
collectivités locales et les entreprises économiques afin de
répondre à la demande des parents en matière de prise
en charge de leurs enfants et de parvenir progressivement
à la généralisation de l’éducation préparatoire ; en
homogénéisant et en améliorant les paramètres de
scolarisation intra et inter wilaya ; en réduisant de
manière significative la déperdition scolaire dans le but
de faire parvenir 90% d’une cohorte d’élèves, nouveaux
entrants en première année primaire, à la dernière année
de l’enseignement moyen (4e AM) ; en permettant à
chaque élève de préparer son orientation compte tenu
de ses aptitudes et aspirations afin de construire son
projet personnel ; en garantissant la parité des taux de
scolarisation entre les filles et les garçons aux différents
niveaux d’études du cursus scolaire et en modernisant les
moyens didactiques.
Il faut rappeler que la loi d’orientation n°08-04 sur
l’éducation nationale souligne la nécessité d’améliorer
la qualité des apprentissages en plaçant l’élève au centre
des préoccupations de la politique éducative afin de
lui permettre la maîtrise d’un socle de compétences
incompressibles d’éducation, de culture et de qualification
afin qu’il puisse poursuivre des études et des formations
au niveau des enseignements post-obligatoires et/ou de
pouvoir s’intégrer dans la vie active.
En ce sens, il a été décidé d’ouvrir un chantier sur les
rythmes scolaires afin d’identifier les périodes de la
journée, de la semaine, du mois ou de l’année scolaires
où l’enfant est le plus disposé pour pouvoir assimiler
les connaissances et les compétences qui lui sont
indispensables.
Ce chantier a été confié à une commission ministérielle
élargie aux syndicats et aux associations de parents
d’élèves. Cette commission a proposé une révision de
l’organisation scolaire au niveau de l’enseignement
primaire qui obéit à des principes généraux qui consistent
à réduire la durée de la journée et de la semaine scolaires
tout en maintenant un volume horaire annuel suffisant
pour prendre en charge toutes les activités d’apprentissage
exprimées par les programmes officiels. Cette nouvelle
organisation scolaire devra prendre en compte les
variations journalières des performances intellectuelles
des élèves et veillera à équilibrer les périodes scolaires
alternées par des périodes de vacances. C’est ainsi que
deux arrêtés ministériels ont été promulgués pour préciser
l’organisation du temps scolaire. Le premier arrêté est
relatif au calendrier de l’année scolaire 2011/2012 et
le second fixe les horaires des différentes matières. Ces
arrêtés ont été accompagnés de circulaires d’application.
Parallèlement à ces actions, l’Institut National de
Recherche en Education a, pour sa part, été chargé
d’entreprendre plusieurs séminaires de sensibilisation sur
les rythmes scolaires dont les résumés de quelques exposés
sont présentés dans cette revue.
Les premiers débats font ressortir qu’il ne s’agit pas
d’une simple affaire technique d’ajustement des horaires
d’enseignement et du temps scolaire. En effet, l’impact
de ce dossier aura des répercussions sur la charge de
travail de l’enfant, sur l’emploi du temps des familles, sur
l’organisation du travail des enseignants, sur les horaires
de travail des parents ainsi que sur de nombreux autres
aspects socioéconomiques.
Il apparaît d’ores et déjà que nous devons développer la
consultation auprès de tous ceux qui sont liés directement
ou indirectement aux nouvelles propositions concernant
les rythmes scolaires.
Boubekeur Benbouzid
Ministre de l’Education Nationale
N°01 EducRecherche
5
Directeur
de la publication
Mohamed IDER
Comité
de lecture
:
DG.Mohamed IDER
Dr. Baghdad LAKHDAR
Responsables
de la revue
:
Aicha BELANTEUR
Habiba BOUKERTOUTA
Equipe
de rédaction
:
Aicha BELANTEUR
Habiba BOUKERTOUTA
Ont
contribué à ce numéro
par des articles:
Dr. Nadine LE FLO’CH,
Dr. René CLARISSE,
Dr. Amadou MEITE,
Dr. Véronique Solange
OkomeBeka.
:
Le mot du Directeur
L
a recherche en éducation et en pédagogie
revêt une grande importance dans l’éducation
nationale, elle s’inscrit dans la politique nationale
de la recherche scientifique (loi d’orientation sur
l’éducation nationale n°08-04 du 23 janvier 2008). Elle
constitue l’une des missions de l’Institut National de
Recherche en Education.
De ce fait, l’institut a lancé une nouvelle revue (une
version en arabe et une version en français) dont
l’objectif global est de valoriser la recherche en sciences
de l’éducation.
Elle est un moyen de diffusion des données et des
résultats de recherche sur des thèmes en lien avec les
préoccupations du système éducatif.
Dans chaque numéro, des articles d’experts nationaux et
internationaux, de chercheurs, d’enseignants… sont présentés.
La revue « Educ-recherche » est composée d’un dossier thématique, d’un entretien,
de contributions, de comptes rendus de manifestations scientifiques et de lectures
d’ouvrages et de feed-back du terrain. Elle s’adresse aux praticiens et personnels de
l’éducation ainsi qu’aux milieux universitaires.
Les auteurs intéressés pour publier dans la revue sont invités à envoyer leurs articles à
l’institut.
Chers lecteurs, je me réjouis, de mettre à votre disposition cet espace. N’hésitez,
donc, pas à nous soumettre vos suggestions, contributions, travaux de recherche…
par des communications
dans les séminaires :
Mohamed IDER
Directeur Général de l’INRE
Dr.Louisa MAROUF,
Dr.Rachid KHELFANE,
Achour TAMDJIAT.
Sommaire
3Editorial
5 Dossier
14Entretien
21 Manifestaions scientifiques
37 Contributions
53 Ressources documentaires
59 Feed-back du terrain
62 presentation de l'INRE
Dossier
Les rythmes scolaires
Introduction
D
es chercheurs en sciences de l’éducation
affirment que les rythmes scolaires,
qui fondent l’efficacité des processus
d’enseignement/apprentissage, peuvent être
compris, au moins, de deux façons. Soit ils correspondent
à l’alternance régulière des moments de repos et d’activités
imposés par l’école. Il s’agit, alors, des emplois du temps,
des vacances et des calendriers scolaires. Soit ils sont
compris comme les variations biologiques, physiques
et psychologiques propres à l’enfant et à l’adolescent en
situation scolaire.
La notion de rythmes scolaires peut avoir, donc, deux
sens. En effet, ils peuvent renvoyer à l’ensemble des
horaires et emplois du temps qui organisent la journée
de l’enfant à l’école. Il s’agit, alors, du temps scolaire ou
d’organisation du temps scolaire. Comme ils représentent
les rythmes propres à chaque enfant, en situation scolaire;
c’est-à-dire les variations des capacités de vigilance,
d’attention et d’apprentissage en fonction du temps.
Le temps scolaire, aussi, peut être, examiné sous deux
aspects. Le premier, de nature quantitative, vise à
étudier le volume horaire et sa répartition au cours de
la journée, de la semaine et de l’année. Il se limite à la
quantité officielle de temps d’enseignement. Le second
aspect se centre sur la quantité d’instruction reçue par
l’élève. Il est de nature qualitative à travers la relation
entre les contenus des activités d’enseignement et les
apprentissages des élèves.
Enfin, l’efficacité du temps scolaire sur les élèves peut être
mesurée en faisant correspondre les durées globales du
temps d’enseignement et la réussite des élèves. Mais il a
été démontré que les pays qui prescrivent le plus d’heures
d’enseignement dans leur système éducatif ne sont pas
forcément ceux qui ont les meilleurs résultats.
Par ailleurs, les études de la chronobiologie et de la
chronopsychologie ont montré que l’activité intellectuelle
des élèves fluctue pendant la journée et la semaine.
Les fluctuations journalières sont liées aux rythmes
biologiques de l’enfant et les fluctuations hebdomadaires
résultent de l’influence de l’emploi du temps.
N°01 EducRecherche
7
Dans la journée, il existe deux alternances de temps forts
et de temps faibles dans l’attention en situation scolaire:
élévation des performances au fil de la matinée, chute
après le déjeuner, nouvelle progression de la vigilance au
cours de l’après-midi.
Au cours de la semaine, la coupure du week-end semble
avoir une influence négative sur le premier jour de la
semaine et ce, pour tous les élèves, quel que soit leur âge.
Toutes ces données relatives au domaine de la
chronobiologie et de la chronopsychologie doivent être
prises en charge dans l’étude des rythmes scolaires pour
une meilleure répartition des heures de cours dans la
journée, la semaine et l’année.
Ainsi, pour faire évoluer l’école algérienne dans l’intérêt
de l’enfant, la question des rythmes scolaires est au
cœur des préoccupations du ministère de l’éducation
nationale.
Raison pour laquelle le ministre de l’éducation nationale,
M. Boubekeur BENBOUZID, a installé une commission
nationale. Cette commission est chargée de formuler, sur
le plan pédagogique, des propositions de réaménagement
de temps.
La mise en œuvre de ces propositions implique la révision
de l’organisation de la journée, de la semaine et de l’année:
nécessité de repenser la répartition du contenu des
programmes d’enseignement de chaque cycle et niveau.
8
N°01 EducRecherche
C’est ainsi que la commission nationale des rythmes
scolaires, présidée par M. Mohammed CHAIB
EDDRAA THANI, directeur de l’Evaluation et de la
Prospective au MEN, a établi un avant projet sur la base
d’un état des lieux en concertation avec l’ensemble des
acteurs de la communauté éducative.
Il s’agit dans une première phase, de rationaliser, dans
chaque niveau d’enseignement, le temps scolaire des élèves
en respectant les normes internationales pour améliorer
davantage leurs conditions de vie et d’apprentissage et
lutter, ainsi, contre les déperditions scolaires.
Dans une deuxième phase, sur les plans
psychophysiologique et social, la commission attend
les résultats des travaux de recherche de l’INRE pour
avoir toutes les données scientifiques afin qu’elle puisse
formuler une solution globale à la question des rythmes
scolaires.
Dossier
A) Aperçu du cursus scolaire du
système éducatif algérien dans la
réforme
Avant d’aborder l’organisation du temps scolaire par
niveau d’enseignement en Algérie, il semble essentiel de
donner un aperçu du cursus scolaire du système éducatif
algérien dans la réforme.
Le système éducatif algérien est régi par la loi d’orientation
n°08-04 du 23 janvier 2008 qui vient renforcer la
démarche globale de la réforme engagée par l’état.
Le cursus scolaire est organisé en niveaux d’enseignement:
l’enseignement obligatoire et l’enseignement postobligatoire dispensés gratuitement. L’enseignement
obligatoire a connu une réorganisation qui a été
mise en place à la rentrée scolaire 2003/2004, quant
à l’enseignement post-obligatoire (enseignement
secondaire), il a été restructuré effectivement en 2005.
Actuellement, chaque niveau d'enseignements est
organisé en cycles, paliers et années d’apprentissage.
Les cycles d’enseignement
Le cycle préparatoire dure 01 année, il accueille
les enfants âgés de 05 ans, il les prépare à l’accès à
l’enseignement primaire.
Le cycle d’enseignement obligatoire débute à l’âge de
06ans jusqu’à l’âge de 16 ans révolus (loi d’orientation
sur l’éducation nationale n°04/08 du 23 janvier 2008). Il
dure 09ans :
 05 ans pour le cycle primaire, sanctionné par un
examen à la fin du cycle ouvrant droit à la délivrance
d’une attestation de succès. L’enseignement est
dispensé dans des écoles primaires publiques et
privées agréées.
 04 ans pour le cycle moyen, sanctionné par un
examen final ouvrant droit à l’obtention d’un diplôme
appelé « Brevet d’Enseignement Moyen »(BEM).
L’enseignement moyen est dispensé dans les collèges
et dans des établissements privés agréés.
Remarque : Les élèves admis en fin de cycle moyen
sont orientés, selon leurs vœux et leur profil, vers
l’enseignement secondaire général et technologique
ou vers l’enseignement professionnel.
Les élèves non admis ont le choix d’aller vers la
formation professionnelle ou vers la vie active s’ils ont
atteint 16 ans révolus.
Le cycle d’enseignement secondaire comprend un
enseignement secondaire général et technologique à
vocation pré-universitaire. Cet enseignement est dispensé
dans les lycées et dure 03 ans. Il prépare les élèves âgés en
moyenne de 15 à 18 ans à l’examen du baccalauréat en
fin de cycle.
Les paliers et années d’apprentissage
Le cycle primaire :
1er palier dure 02ans : phase d’éveil et d’initiation,
2ème palier dure 02ans : phase d’approfondissement
des apprentissages fondamentaux,
3ème palier dure 01 an : phase de maîtrise des
langages fondamentaux.
Le cycle moyen :
1er palier dure 01an : homogénéisation, adaptation
et découverte,
2ème palier dure 02 ans : renforcement et
approfondissement des apprentissages,
3ème palier dure 01 an : approfondissement et
orientation vers le post-obligatoire.
L’enseignement secondaire général et technologique
La première année est organisée en deux troncs communs:
«Lettres», «Sciences technologie» . C’est en deuxième
année que les élèves sont orientés vers des filières qui sont
au nombre de six (06) :
Deux filières du tronc commun « Lettres » :
Lettres et philosophie,
Lettres et Langues Etrangères.
Quatre filières du tronc commun « Sciences Technologie»
(04) :
Mathématiques,
Sciences Expérimentales,
Gestion Economie,
Technique Mathématiques avec 04 options : Génie Electrique, Génie Mécanique, Génie Civil, Génie des Procédés.
N°01 EducRecherche
9
B) L’organisation du temps scolaire
par niveau d’enseignement
La journée scolaire, de manière générale, débute à 08h et
s’achève à 17h avec une pause déjeuner vers midi qui dure
01h à 01h 30mn.
•06h, en moyenne, pour le primaire : 08h à 11h30
et 13h à 15h30 ou à 16h30 (simple vacation)
•07h, en moyenne, pour le moyen et le secondaire:
08h à 12h et 13h à 16h / 13h30 à 16h 30 /14h à 17h30.
Le calendrier scolaire
Le ministère de l’éducation nationale fixe les dates
de rentrées administrative et pédagogique. La
reprise administrative se fait toujours avant la reprise
pédagogique.
L’année scolaire
Répartie en périodes séparées par des vacances, l’année
scolaire comporte, d’après l’article 31 de la loi d’orientation
sur l’éducation nationale n° 08-04 du 23 janvier 2008,
au moins, trente-deux (32) semaines dont vingt huit
(28) semaines pour les cours et quatre (04) semaines
pour les évaluations officielles. Les compositions sont
programmées vers la fin de chaque trimestre, les dates sont
fixées par circulaire émanant du ministère de l’éducation
nationale. Quant aux examens officiels, ils sont organisés
au mois de juin.
L’année scolaire débute, généralement, la première
quinzaine du mois de septembre et se termine en mi juin.
Elle est structurée en trois trimestres.
 Le premier trimestre (septembre / décembre) ;
 Le deuxième trimestre (janvier / mars) ;
 Le troisième trimestre (avril / juin).
A partir de l’année scolaire 2009/2010, le ministère
de l’éducation nationale a décidé de rallonger l’année
scolaire à 35 semaines, soit 160jours. Ainsi, le volume
horaire annuel varie entre :
 856 h et 904 h pour le primaire,
 960 h et 1050 h pour le collège,
1024 h 1180 h pour le secondaire.
Les vacances
Les vacances scolaires sont déterminées annuellement par
10
N°01 EducRecherche
le ministre chargé de l’éducation nationale. Elles ont lieu,
généralement, en fin de trimestre (hiver, printemps, été).
Cependant, outre ces vacances, les premier et deuxième
trimestres sont entrecoupés de périodes de repos fixés par
le ministre chargé de l’éducation nationale (cf. calendrier
2010/2011).
Le nombre d’heures de cours par semaine
Dans chaque niveau d’enseignement et depuis l’année
scolaire 2009/2010, chaque séance correspond à 45 mn
au lieu de 60mn. Après les deux premières séances de
cours, les élèves ont droit à une pause de 10 mn le matin
et l’après-midi. Le volume horaire hebdomadaire (VHH)
varie dans chaque niveau d’enseignement.
Le VHH pour le primaire :
27 h30 (+1h30) pour les 1ères et les 2èmes AP;
29h mn (+1h30) pour les 3èmes AP;
28h15 (+ 02h15) pour les 4èmes et les 5èmes AP.
1h 30mn à 2h 15mn représentent les cours de
soutien ou de remédiation pour les élèves du primaire
en difficulté : langue arabe et mathématiques pour
toutes les années et langue française pour les 4èmes
et les 5èmesAP.
 03h de tamazight pour les 3èmes, les 4èmes et les
5èmesAP.
Le VHH pour le moyen :
32h (+03h) pour les 1ères AM ;
31h (+3h) pour les 2èmes, 3èmes et 4èmes AM.
3h sont les cours de Tamazight;
1h est l’heure d’informatique pour les établissements
équipés de laboratoire informatique.
Le VHH pour le secondaire :
30h (+03h) à 34h (+03h) pour les troncs communs,
2èmes et 3èmes AS.
La durée hebdomadaire d’enseignement varie selon le
niveau, les filières et les options.
 03h sont les cours de Tamazight.
L’emploi du temps hebdomadaire
Le nombre d’heures et le programme d’enseignement sont
définis par le ministère de l’éducation nationale. Mais il
est de la responsabilité des établissements d’élaborer des
emplois du temps, ils sont variables d’un établissement à
un autre.
Dossier
Les élèves ont cours pendant 4jours et demi : le dimanche,
le lundi, le mardi matin, le mercredi et le jeudi. Les jours
libres sont le vendredi et le samedi. Certaines écoles à
double vacation fonctionnent le samedi.
Le calendrier de l’année scolaire 2010/2011 fixé par
le MEN
La reprise administrative : le 1er septembre 2010
(zones I, II et III);
La reprise des enseignants : le 05 septembre (zones
I, II et III);
La reprise des élèves : le 13 septembre (zones I, II et
III) ;
Période de repos : du 28 octobre au 03 novembre
(zones I, II et III);
Les vacances d’hiver : du 16 décembre au 02 janvier
(zones I, II et III);
Période de repos : du 10 au 16 février (zones I, II et
III);
Les vacances de printemps : du 17 mars au 03 avril
(zones I, II et III).
L’examen de fin de cycle primaire est prévu pour le
29 mai 2011(zones I, II et III).
L’examen du BEM est prévu pour le 05 juin
2011(zones I, II et III).
L’examen du baccalauréat est prévu pour le 11 juin
2011(zones I, II et III).
Les vacances d’été :- le 04 juillet pour les enseignants
(zones I, II et III)
- le 21 juillet (zones I et II), le 14 juillet (zones III)
pour le personnel de l’administration.
Le découpage du territoire national en zones géographiques
concernant les vacances scolaires est le suivant :
Zone I : Chlef, Oum El-Bouaghi, Batna,
Bejaia, Blida, Bouira, Tébessa, Tlemcen, Tiaret,
Tizi-Ouzou, Alger, Jijel, Sétif, Saida, Skikda,
Sidi Bel-Abbès, Annaba, Guelma, Constantine,
Médéa, Mostaganem, Mascara, Oran, BordjBou Arreridj, Boumerdes, El Tarf ,Tissemssilet,
Khenchla, Souk Ahras, Tipaza, Mila, Ain Defla,
Ain Témouchent, Relizane (34 wilayas) .
Zone II : Laghouat, Biskra, Djelfa, M’Sila,
Naâma , El Bayadh (06 wilayas).
Zone III : Adrar, Béchar, Tamanrassat,
Ouargla, Illizi, Tindouf, El Oued, Ghardaia
(08 wilayas).
N°01 EducRecherche
11
C) Une nouvelle organisation
du temps scolaire dans le cycle
primaire
Année scolaire 2011/2012
De concert avec toutes les parties concernées par la vie
scolaire, l’organisation du temps scolaire a été révisée.
Elle touche uniquement le cycle primaire. Elle s’inscrit
dans le cadre de la réforme. Elle a pour objectif de relever
avec succès les défis posés à l’école algérienne. Cette
nouvelle organisation obéit à des principes généraux qui
consistent à:
réduire la durée de la journée et de la semaine
scolaires ;
maintenir
un volume horaire annuel suffisant
de manière à prendre en charge toutes les activités
d’apprentissage contenues dans les programmes
d’enseignement officiels ;
faire
progresser le temps scolaire, dans les différents
niveaux d’enseignement, en fonction des étapes de
développement des élèves ;
équilibrer
les périodes scolaires avec une alternance
régulière de périodes de vacances;
prendre
en compte les données universelles les
plus significatives dans le domaine des rythmes
scolaires (variations journalières des performances
intellectuelles des élèves, activités sollicitantes,
activités d’échange et de communication);
développer
les activités périscolaires (activités
culturelles et sportives).
Donc, pour une meilleure qualité de vie dans les écoles,
cette nouvelle organisation du temps scolaire sera
appliquée à partir de l’année scolaire 2011/2012. Elle se
fera avec les programmes d’enseignement et les documents
d’accompagnement révisés et allégés (édition juin 2011).
Cette édition annule les programmes d’enseignement de
2003 et de 2009.
La mise en œuvre d’une telle mesure nécessite l’élaboration
de textes juridiques d’application que le ministère de
l’éducation nationale a pris en charge.
Cette nouvelle organisation du temps scolaire est précisée,
donc, par les arrêtés ministériels n°16 en date du 19
juin 2011 et n° 17 en date du 20 juin 2011.
12
N°01 EducRecherche
Le premier concerne le calendrier scolaire de l’année
2011/2012, il est fixé comme suit :
 La reprise administrative :
le dimanche 04 septembre 2011 ;
 La reprise des enseignants :
le mardi 06 septembre ;
 La reprise des élèves :
le dimanche 11 septembre ;
 Les vacances d’hiver :
du jeudi 15 décembre au lundi 02 janvier 2012
(zones I et II);
du jeudi 22 décembre au lundi 02 janvier 2012
(zone III);
 Les vacances de printemps :
du jeudi 15 mars au dimanche 01 avril (zone I);
du jeudi 22 mars au dimanche 01 avril
(zones II et III) ;
 Les vacances d’été :
le mercredi 04 juillet pour tous les enseignants
(zones I, II et III) ;
le jeudi 19 juillet pour l’administration
(zones I, II) ;
le jeudi 12 juillet pour l’administration (zones
III).
Le deuxième arrêté est relatif aux volumes horaires
des différentes matières dans les différents niveaux.
Ils sont adaptés aux programmes d’enseignement (édition
juin 2011). Ils sont représentés dans la grille ci-contre.
Pour informer l’ensemble de la communauté éducative
de cette nouvelle organisation, établie sur la base de
36 semaines, le MEN a fait paraître deux circulaires
en date du 21 juin 2011. Ces circulaires fournissent
des informations pratiques pour la préparation de
l’organisation du temps scolaire dans le cycle primaire
pour l’année 2011/2012.
Dossier
Grille des horaires hebdomadaires par niveaux d’enseignement et par matières
Niveaux
Matières
Langue arabe
1ère AP
2ème AP
3ème AP
4ème AP
5ème AP
11h15
11h15
9h
8h15
8h15
------------
------------
(3h)
(3h)
Tamazight
4h30
Français
------------
-------------
3h
4h30
Mathématiques
4h30
4h30
4h30
4h30
Education
scientifique et
technologique
1h30
1h30
1h30
1h30
Education islamique
1h30
1h30
1h30
1h30
Education
civique
45mn
45mn
45mn
45mn
Histoire géographie
------------
------------
45mn
1h30
Education artistique
45mn
45mn
45mn
45mn
Education physique
45mn
45mn
45mn
45mn
Volume horaire
hebdomadaire
21h
21h
22h30
24h+ (3h
Tamazight)
24h+ (3h
Tamazight)
Langue arabe :
Langue arabe :
Langue arabe :
45mn
Langue arabe :
45mn
45mn
45mn
Mathématiques :
45mn
Mathématiques :
45mn
Mathématiques:
Mathématiques :
45mn
Mathématiques :
45mn
45mn
Français : 45mn
Français : 45 mn
Remédiation
Langue arabe :
45mn
4h30
1h30
1h30
45mn
1h30
45mn
45mn
N°01 EducRecherche
13
JEUDI
Langue
arabe
Langue arabe
Langue arabe
Education
scientifique et
technologique
Mathématiques
Education
islamique
Langue arabe
Education
Physique et
Sportive
Mathématiques
MARDI
Langue arabe
- 11h15
Mathématiques
9h45
Langue arabe
Mathématiques
Langue
arabe
LUNDI
Education
civique
Mathématiques
Langue
arabe
MERCREDI
Langue arabe
- 9h30
Education
islamique
8h 00
DIMANCHE
Jours
Heures
PAUSE MERIDIENNE
PAUSE MERIDIENNE
Mathématiques
(séance d’intégration)
Langue arabe
Langue
arabe
Activité périscolaire
Langue
arabe
Education
scientifique
et technologique
14h30
Education
artistique
-
Langue
arabe
13h 00
Ex e m p l e d ' org a ni s a t i on d u t e m p s scolaire
15 mn
RECREATION
N°01 EducRecherche
15 mn
RECREATION
14
15h30 16h15
////////
Remédiation :
Langue arabe
////////
//////////////////////////
//////////////////////////
Remédiation :
Mathématiques
//////////////////////////
14h45
-15h30
Dossier
La première circulaire n° 566/MEN/SG fixe les dates
et les lieux d’organisation des journées d’information
comme suit :
 Les 29 et 30 juin 2011 au lycée Rabah BITAT
à Blida au profit des inspecteurs de formation de
l’éducation nationale d’arabe et de français ;
 Les 02 et 03 juillet 2011 au profit des
inspecteurs de l’enseignement primaire dans leur
circonscription;
 Deux jours au profit des directeurs des
établissements primaires, programmés entre le
06 et le 12 juillet 2011 ;
 Un jour au profit des enseignants d’arabe et
de français, programmé entre le 07 et le 10
septembre 2011.
Pour organiser ces journées, cette circulaire précise que
toutes les dispositions matérielles et financières sont
prises en charge par la Direction de l’Education de
chaque wilaya (budget de la formation en cours d’emploi
de 2011).
Durée de la séance : 45 mn
(+02) : séances de remédiation
Heure d’entrée et de sortie des élèves: 08h-15h 15mn
(dimanche, lundi, mercredi et jeudi)
Heure d’entrée et de sortie des élèves : 08h-11h 15mn
(mardi)
La deuxième circulaire n° 567 /MEN/SG porte sur la
nouvelle organisation du temps scolaire dans le cycle
de l’enseignement primaire.
Elle précise, d’abord, les principes fondamentaux de cette
nouvelle organisation. Elle donne, ensuite, la grille des
horaires hebdomadaires par niveaux d’enseignement et
par matières (cf. arrêté ministériel n° 17 en date du 20
juin 2011).
Par ailleurs, cette circulaire explique les modalités
d’application de cette nouvelle organisation du temps
scolaire dans les établissements à simple vacation, à
double vacation totale et à double vacation partielle.
1ère vacation :
Heure d’entrée et de sortie : De 08h à 10h 15mn et de
12h 40 à 14h55mn
2ème vacation :
Heure d’entrée et de sortie : de 10h 20mn à 12h 35mn
et de 15h à 17h15mn
Les élèves de la 1ère AP et de la 2ème AP ont classe
dimanche, lundi, mardi, mercredi et jeudi.
Les élèves de la 3ème AP ont classe dimanche, lundi,
mardi, mercredi, jeudi et samedi*.
Samedi* : 02h de remédiation
Les élèves de la 4ème AP et la 5ème AP ont classe
dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi et samedi*.
Samedi* : 05 séances : De 08h à 10h 15mn et de 10h 30 à
12h (1ère vacation ou 2ème vacation ).
1er cas : L’organisation du temps
scolaire dans les écoles à simple
vacation
Pour la 1ère AP et la 2ème AP
VHH : 21h + 1h30 de remédiation
Nombre de séance par semaine : 30 (28+02)
Durée de la séance : 45 mn
(+02) : séances de remédiation de 14h 45mn à 15h 30mn
pendant 02 jours/ semaine
Heure d’entrée et de sortie des élèves: 08h-14h 30mn
(dimanche, lundi, mercredi et jeudi)
Heure d’entrée et de sortie des élèves: 08h-11h 15mn
(mardi)
Pour la 4ème AP et la 5ème AP
VHH : 24h +03h +1h30 de remédiation
+03h de tamazight
Nombre de séance : 35 (32+03)
(+03) : séances de remédiation
Durée de la séance : 45 mn
Heure d’entrée et de sortie : 08h-16h 15mn (dimanche,
lundi, mercredi et jeudi)
Heure d’entrée et de sortie : 08h-11h 15mn (mardi)
2ème cas : L’organisation du temps
scolaire dans les écoles à double
vacation totale
3èmecas : L’organisation du temps
scolaire dans les écoles à double
vacation partielle
Dans ces écoles, il y a des classes qui fonctionnent selon la
simple vacation (cf. 1er cas) et des classes qui fonctionnent
selon la double vacation totale (cf. 2ème cas).
Enfin, cette deuxième circulaire insiste sur l’organisation
de journées d’information et de formation au profit des
enseignants, des inspecteurs et des directeurs d’écoles.
Pour la 3ème AP
VHH : 22h + 1h30 de remédiation
Nombre de séance : 32 (30+02)
N°01 EducRecherche
15
Entretien
Entretien avec François TESTU,
professeur en psychologie à l’université
François RABELAIS de Tours et
spécialiste des rythmes scolaires.
Réalisé par Habiba BOUKERTOUTA
et Aicha BELANTEUR
F
ace aux multiples défis que doit relever notre
système éducatif pour l’amélioration de la
qualité de l’enseignement-apprentissage, l’Institut
National de Recherche en Education, seule
institution de recherche dans le domaine des sciences
de l’éducation sous tutelle du Ministère de l’Education
Nationale, a lancé un projet de recherche national (PNR)
intitulé : « Etude des rythmes scolaires en Algérie ».
Ce projet a pour objectifs de dégager les profils
journaliers et hebdomadaires de la performance de
l’attention des élèves, d’établir les variations journalières
et hebdomadaires de leurs comportements en classe en
situation d’apprentissage, d’analyser leurs activités extrascolaires et d’étudier l’évolution des durées moyennes du
sommeil au cours de la semaine et ce, selon l’organisation
du temps scolaire actuelle.
C’est une étude conduite par une équipe de chercheurs en
sciences de l’éducation : les professeurs François TESTU
et Ahmed DOUGA, les Docteurs Louisa MAROUF et
Rachid KHELFANE ainsi que M. Achour TAMDJIAT,
maître assistant.
Pilotée par le Dr. Louiza MAROUF, cette étude consiste
à identifier les difficultés engendrées par la nouvelle
organisation du temps scolaire afin de formuler des
propositions pour une prise de décisions. Elle est étalée
sur deux ans, elle couvre l’ensemble du territoire national.
C’est ainsi que des séminaires de formation, au profit
des directeurs de centre d’orientation scolaire et
professionnelle et des conseillers, ont été organisés à
l’échelle nationale. Y sont invités des inspecteurs de
l’éducation et de la formation des différents paliers
d’enseignement et des directeurs d’école, de collège et de
lycée. (Cf. Compte-rendu des séminaires).
Toujours dans le cadre de ce projet, s’est tenu, à
l’INFPE d’El-Harrach, un séminaire regroupant les
membres de la commission nationale des rythmes
16
N°01 EducRecherche
scolaires ainsi que les directeurs de centre d’orientation
scolaire et professionnelle pour l’installation du réseau.
L’encadrement a été animé par le professeur François
TESTU et le docteur Louiza MAROUF.
A cette occasion, nous avons réalisé un entretien avec
l’éminent chercheur François TESTU.
H.B et A.B : « Vous avez effectué plusieurs expériences
sur les rythmes scolaires à l’étranger. Pouvez-vous nous
préciser quels sont les pays concernés? Qu’en-est-il de
ces expériences? Y avez-vous effectué une évaluation
de vos résultats de recherche ? »
F. TESTU : « Effectivement, j’ai travaillé sur pas mal de
pays à l’étranger, d’abord, les pays européens tels que
l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie. J’ai dirigé
d’autres travaux, par l’intermédiaire de mes doctorants,
notamment en Iran, en Irak, plus récemment en Chine
et dans les départements d’outre mer où j’étais sur place
comme la Martinique, Mayotte. Ce sont là les principales
recherches. J’en oublie certainement d’autres.
Tous ces travaux conduisent à dire qu’il existe une
rythmicité dominante d’un point de vue psychologique.
Entretien
C’est une rythmicité journalière. Pour tous les élèves
que nous avons testés, nous avons retrouvé, la même
rythmicité sauf lorsqu’on propose des emplois du
temps qui sont complètement inadaptés aux enfants,
notamment en France où on a adopté la semaine de
quatre (04) jours (lundi, mardi, jeudi, vendredi) sans
accompagnement éducatif. Là, il n’y a rien autour, on
détruit cette rythmicité journalière. Mais lorsqu’elle est
respectée, elle représente un signe de relative adaptation
des emplois du temps scolaires aux besoins de l’enfant et
à ses rythmes.
Il est évident que nous n’avons pas travaillé uniquement
sur la rythmicité journalière. Nous avons travaillé aussi
sur les rythmicités hebdomadaires. Elles ont permis de
constater, de manière générale, que le premier jour qui
suit le congé hebdomadaire (en Algérie c’est le dimanche
et en France c’est le lundi) est un jour de remise en route
où la rythmicité journalière est perturbée quelque peu
pour certains élèves.
Nous avons aussi étudié une période de l’année qui
pouvait être considérée comme difficile. Nous l’avons
surtout fait dans les pays européens.
Nous avons aussi montré l’incidence des climats et
de l’environnement géographique. A Mayotte ou en
Martinique, par exemple, la photo-période est plus longue
et le jour arrive plutôt. Dans ce cas, il y a certainement
des incidences. C’est peut-être ce que l’on démontrera au
niveau des écoles du sud de l’Algérie. Je pense qu’il faut
s’attendre à cela.
La rythmicité risque d’être perturbée, je dis bien risque,
car ce n’est pas systématique, quand on propose des
emplois du temps du type rotatif (double vacation). Les
incidences de ces emplois du temps sont variables selon
le type de population concernée. Ceux qui sont les plus
perturbés sont les enfants qui éprouvent des difficultés en
dehors de l’école.
Voilà, les travaux menés, j’oublie certainement d’autres
recherches. Mais les plus récentes, elles sont effectuées en
France où il en existe pas mal.»
H.B et A.B : « D’après vous, l’organisation des systèmes
scolaires de ces pays peut-elle nous inspirer ? »
F. TESTU : « On peut s’en inspirer effectivement. Par
exemple, pour l’Algérie, il vaut mieux prendre les emplois
du temps de type espagnol qui sont assez proches, dans
leur conception, des emplois du temps français sauf que
la part consacrée à la pause de midi est plus longue. Mais,
cela dépend des conditions environnantes.
Il n’y a pas de solution unique d’aménagement des
emplois du temps. Par contre, il y a un point à éviter : le
système de quatre jours.
Ce qui me semble important, c’est d’essayer de respecter
la régularité dans la vie. Il ne faut pas qu’il y’ait trop
de rupture dans l’emploi du temps hebdomadaire et,
évidemment, annuel. Si on a de petites vacances, il est
nécessaire, à mon avis, de les placer au milieu du trimestre
pour que l’élève puisse souffler, avoir des trimestres plus
équilibrés.
Je pense aussi qu’au sud de l’Algérie, il y a des mois
chauds. Dans cette situation, il faut jouer non seulement
sur les grandes vacances mais aussi sur l’organisation
de la journée. Il y a lieu, donc, de prendre en compte
les conditions climatiques ainsi que le
matériel
d’enseignement. »
H.B et A.B : « Vous qui êtes spécialiste des
rythmes scolaires, est-ce que la chronobiologie et
la chronopsychologie sont les seuls facteurs qui
déterminent l’organisation du temps scolaire de la
journée, de la semaine et de l’année? »
F. TESTU : « La chronobiologie et la chronopsychologie,
je vous remercie de bien faire le distinguo même si
elles arrivent à des conclusions similaires, dégagent
des éléments scientifiques objectifs qui permettent
N°01 EducRecherche
17
d’aménager le temps au moins mal. En revanche,
ce n’est pas le seul élément à prendre en compte pour
conduire les enfants à la réussite. Il y a aussi les conditions
climatiques, matérielles et pédagogiques. Il y a aussi les
facteurs économiques et d’environnement qui rentrent en
ligne de compte.
Il est évident qu’il est plus facile de respecter les rythmes
quand vous avez peu d’élèves dans votre classe que quand
vous en avez une cinquantaine. Je pense que dans le milieu
urbain, pour pratiquer les activités sportives, culturelles
ou même ne serait-ce que faire la sieste aux plus jeunes, il
faudrait que l’espace soit aussi aménagé en conséquence.
Dans les collèges et lycées, qu’il y ait un seul plateau de
sport, mais qu’on s’organise de telle sorte qu’il y ait une
certaine mutualisation d’utilisation de ce plateau.
Il y a la « réussite éducative » -différente de la « réussite
scolaire »- qui signifie réussir pleinement l’éducation
du jeune, faciliter son intégration dans la société. Cette
réussite dépend, certes de l’école mais aussi de tout
l’environnement et de son encadrement à l’extérieur,
tout en sachant qu’il a besoin de liberté de temps en
temps. Donc, le respect des rythmes est une condition
importante dans la réussite mais elle n’est pas la seule. En
revanche, on peut difficilement s’en passer.
Si vous ne respectez pas, par exemple, la dose individuelle
de sommeil de l’enfant, naturellement, vous ne respectez
pas son équilibre. Ainsi, son comportement sera altéré non
seulement en dehors de l’école mais surtout à l’école. Il
sera inattentif, il sera « ailleurs » ou il sera énervé. Ce n’est
vraiment pas les conditions pour faciliter l’enseignement
et ses apprentissages. Il faut essayer d’en tenir compte.
C’est principalement le rôle des parents, mais il y a aussi
la part de responsabilité des décideurs. Il ne faudrait pas
faire des rentrées scolaires trop tôt le matin ; des rentrées
qui rogneraient sur la nuit et ne pas, non plus, donner de
devoirs maison.»
H.B et A.B : « Que pensez-vous justement des devoirs
maison ? »
F. TESTU : « Je suis très hostile aux devoirs à la maison.
Dans mes propositions au sein de la « Commission
Nationale des rythmes scolaires en France », nous
nous sommes entendus sur leur interdiction ou sur leur
maintien mais à minima.
Je trouve que c’est une charge intellectuelle dont on n’a
pas besoin. Si le travail est fait sérieusement en classe, il
n’y aura pas lieu de donner des devoirs maison. Mais si
ce n’est que pour revoir pendant un quart d’heure ou dix
minutes des notions qui ont été acquises dans la journée,
cela ne sera qu’un rafraichissement de la mémoire. Hors,
18
N°01 EducRecherche
maintenant, ces devoirs ont pris une vraie dimension
d’apprentissage.
Par ailleurs, encore faut-il que ces devoirs soient faits
par l’élève lui-même et corrigés en classe. Souvent, les
enseignants ne se rendent pas compte que les enfants sont
aidés par les parents.
De plus, il existe une profonde inégalité selon les milieux
où vivent les enfants. Par exemple, les enseignants donnent
des devoirs qui consistent en la recherche de documents
sur Internet -fait qui se développe beaucoup ces dernières
années- alors que ce n’est pas tous les enfants qui ont un
ordinateur à la maison.
H.B et A.B : « Est-ce que les membres de la Commission
Nationale en France sont pour la semaine de quatre
jours ?»
F. TESTU : « Non, majoritairement, ils ne sont pas pour
la semaine de quatre jours. Il y a retour à un système de
quatre jours et demi. Mais c’est assez complexe, il y a une
espèce de blocage parce que le temps scolaire ne peut pas
être saucissonné aussi simplement qu’on veut bien le dire.
Le blocage se situe où ? Et bien, on part du principe qu’il y
a tant d’heures d’enseignement annuel à faire et en même
temps, on nous dit que la journée est trop longue et il
faut avoir aussi un système de sept semaines de travail
et de deux semaines de repos. Comment récupère-t-on,
alors, du temps surtout que l’on n’envisage pas trop la
modification des programmes ni la réduction du temps
scolaire ?
La France est l’un des pays qui a le record du nombre
d’heures d’enseignement. C’est très complexe, il y a là
pratiquement un problème insoluble. La solution trouvée
est de réduire les grandes vacances. Je suis totalement
contre cela. Je suis pour le maintien des vacances à
condition qu’une partie de ces vacances soient encadrées.
Par exemple, proposer des activités aux jeunes qui partent
en colonie de vacances, dans les centres de loisirs ou qu’ils
partent avec leurs parents pour voir les grands parents.
C’est ce qu’on appelle des loisirs éducatifs.
Mais, surtout que nos enfants ne soient pas abandonnés
pendant les vacances. Je vous parle en connaissance de
cause puisque je suis président national de la Jeunesse au
Plein Air (JPA) qui défend les vacances.
H.B et A.B : « Est-ce qu’un changement dans les
rythmes scolaires peut-il aider les élèves à réussir ? Si
oui, quel serait, donc, l’organisation optimale de la
journée ?
Entretien
F. TESTU : « Je pense que oui, l’aménagement du temps
qui prend en compte les éléments de chronobiologie et
de chronopsychologie, non discutables, est reconnu pour
faciliter la réussite.
Pour l’organisation de la journée, il y a des erreurs à
éviter: ne pas proposer une journée trop longue pour les
plus jeunes. Je ne peux pas limiter le nombre d’heures
mais il faut tenir compte de l’âge dans la durée d’une
journée scolaire. Cela ne veut pas dire, non plus, qu’il
faut les libérer de l’école.
Au sein d’une journée, il faut savoir profiter des moments
favorables aux activités sollicitantes, c’est-à-dire, là
où il y a des apprentissages plus poussés. Je ne parle
pas de disciplines mais d’apprentissage car il y a des
apprentissages dans toute discipline. J’insiste beaucoup
sur la rythmicité de la journée. Il faut mener une politique
éducative qui respecte le sommeil de l’enfant.
Au niveau de la semaine, l’aménager de manière à ce
qu’elle soit la plus régulière possible. Ici, en Algérie, vous
êtes sur un système de deux jours de repos.
Au niveau de l’année, adopter le système des sept semaines
de travail et de deux semaines de repos en sachant qu’il
faut tenir compte des spécificités locales, fêtes religieuses,
nationales…
Alors, il y a du travail à faire, pour nous qui sommes
au cœur de l’éducation nationale et pour les parents en
dehors de l’école ! Que l’enfant ne soit pas livré à luimême ! Je me souviens, quand j’étais petit, mon papa
était directeur d’école, il partait à vélo pour voir si les
élèves étaient bien rentrés chez eux et n’allaient pas faire
de bêtises. Pour vous dire que la préoccupation était là !!
H.B et A.B : « L’attention et la concentration des
enfants en classe varient en fonction de leurs rythmes
biologiques comme vous l’avez bien expliqué dans
vos travaux de recherche, mais ils varient également
en fonction de leurs intérêts pour les disciplines
enseignées. Qu’en dites-vous ? »
F. TESTU : « Alors là, c’est tout l’art du pédagogue! Il faut
que cette attention soit présente pour toutes les disciplines
et pour toutes les connaissances qui figurent dans le
programme, qui doivent être acquises. Evidemment, il y
a des élèves qui peinent. C’est tout l’art du pédagogue
d’arriver à présenter tout cela d’une manière élégante.
C’est vrai qu’il y a des disciplines qui demandent plus
d’apprentissage et qui dominent le plus. Lorsque l’enfant
est à l’école préparatoire (6 à 7 ans), ce qui domine, c’est
N°01 EducRecherche
19
l’apprentissage de la lecture. Il faut arriver à placer les temps
d’apprentissage de la lecture aux temps forts: moments les
plus sollicitants de la journée. Dans un apprentissage, il y
a aussi, des parties qui sont moins contraignantes, il faut
les placer à des moments où l’attention est moindre.
Il y a, donc, plusieurs façons d’approcher la lecture, ce
n’est pas systématiquement mécanique. Il faut faire jouer
tous les registres d’apprentissage.
Il ne faut pas programmer, par exemple, la leçon de
lecture à 13h ou 13h30 où l’enfant est en plein creux.»
H.B et A.B : «Puisque 13h30 est un moment de creux,
est-ce que vous ne préconisez pas, donc, une reprise
tardive et qu’entendez-vous par moments forts ?»
F. TESTU : « L’idéal c’est de repartir un peu plus tard,
c’est-à-dire 14h ou 14h30 : donner aux plus jeunes la
possibilité d’un moment de détente un peu plus long. Ce
n’est pas systématique encore. Je me suis retrouvé une
fois dans une école où je préconisais cela, et quand j’ai
trouvé qu’il y avait 200 enfants dans une petite cour qui
piaillaient et qui s’énervaient sans surveillance, sans rien,
je me suis dit qu’il valait mieux écourter le temps.
Quant aux moments forts, ce sont des moments que nous
avons dégagés au niveau de la chronopsychologie. Pour
les plus jeunes, c’est la deuxième partie de la matinée et
pour les plus âgés (09 à 10 ans) c’est la deuxième partie de
la matinée et de l’après-midi.»
H.B et A.B : « Comment concevoir les emplois du
temps pour une meilleure répartition des matières,
notamment les mathématiques, afin d’optimiser les
apprentissages ? »
F. TESTU : « Dans le primaire, c’est relativement facile
parce qu’il n’y a qu’un intervenant. Donc, le seul maître
à bord, c’est l’enseignant qui place ses disciplines et les
apprentissages de ses disciplines. Il devrait placer celles
qu’il considère les plus importantes dans les moments
forts.»
H.B et A.B : « Donc, il faut que l’enseignant sache
quels sont les moments forts et les moments faibles
dans la journée. Doit-on, intégrer ces notions dans la
formation des enseignants ? »
F. TESTU : « Je pense qu’il faut y intégrer ces éléments
de chronobiologie et de chronopsychologie qui sont
indispensables dans la formation académique des
enseignants. Je ne sais pas comment cela se passe en
Algérie. Mais en France, la « psychologie » et non pas les
« sciences de l’éducation » est pratiquement oubliée dans
20
N°01 EducRecherche
la formation des jeunes enseignants du primaire. C’est
grave ce que je viens de vous dire mais c’est le cas.
J’ai rédigé, avec mes collègues, chez Nathan, un ouvrage
qui s’intitule « De la psychologie à la pédagogie ». Il
est resté totalement ignoré pendant plus de 08 ans,
de la part de mes collègues des IUFM et de la part
des enseignants. Pourtant, c’est un ouvrage qui parle
des lois des apprentissages, de la chronobiologie, de
la chronopsychologie, de la psychosociologie et de
la dynamique des groupes, autant d’éléments de la
psychologie appliquée au domaine scolaire.
On dispense une formation qui est complètement
académique, c’est de la philosophie de l’éducation. On
est passé de l’ère de Platon à l’ère du cognitivisme. Parler
de cognitivisme, c’est bien. Mais comment ces jeunes
enseignants qui manquent de formation en psychologie
puissent comprendre le cognitivisme appliqué au
domaine scolaire ? Actuellement, qu’on mette de la
chronopsychologie d’une manière un peu autoritaire, je
pense qu’il faut en mettre.
H.B et A.B : « Pourrait-on prévoir, dans l’organisation
du temps scolaire, un temps pendant lequel les
enseignants sont disponibles pour accueillir les élèves
et répondre à leurs interrogations ? »
F. TESTU : « Bien sûr, cela me paraît indispensable,
c’est le cas dans le système finlandais où un enseignant
référent pour une classe ou parfois même le directeur de
l’école, reçoit les élèves. C’est une bonne chose pour les
élèves en difficulté mais il faut prévoir ce temps d’accueil
pendant le temps scolaire. »
H.B et A.B : « Pourrait-on réorganiser le temps
scolaire sans toucher au contenu des programmes
d’enseignement ? »
F. TESTU : « Non, à mon avis, les deux sont liés. On peut
arriver à de grands paradoxes. Par exemple, en France,
pour que les résultats de nos élèves soient meilleurs,
nous avons changé les programmes d’enseignement en
augmentant le contenu de certaines disciplines et en
ajoutant d’autres en gardant le même volume horaire.
C’est-à-dire faire plus d’apprentissage. Mais ce n’est pas
en accumulant des disciplines que les élèves deviennent
plus performants. »
H.B et A.B : « Au cours du séminaire sur l’étude des
rythmes scolaires en Algérie, organisé par l’INRE le
1er mars 2011 à l’INFPE d’El-Harrach, vous avez
eu une rencontre avec les membres de la Commission
Nationale des rythmes scolaires installée par M.
Entretien
Boubekeur BENBOUZID, Ministre de l’éducation
nationale. Quelle est votre appréciation à ce sujet ?»
F. TESTU : « La commission nationale, si j’ai bien
compris, a pour mission de formuler des propositions,
au ministre de l’éducation nationale sur l’aménagement
journalier, hebdomadaire et annuel du temps scolaire.
Elle réfléchit sur une modification de l’organisation du
temps scolaire. S’il y a réorganisation, elle ne doit pas
connaître, à mon sens, trop de changements. En revanche,
la commission peut proposer une meilleure organisation
du temps scolaire pour commencer quelques réformes qui
vont d’elles mêmes.
Mais si de grands changements s’imposent dans les emplois
du temps des élèves, il faudrait, je pense, attendre un peu
les résultats du PNR qui est une démarche originale. Les
membres de la commission ainsi que ceux du PNR peuvent
travailler en synergie mais leur mission n’est pas la même.
Concernant la Conférence Nationale sur les rythmes
scolaires en France, la démarche suivie est différente de
celle adoptée par le PNR de l’INRE parce qu’au niveau
de la conférence il n’y a pas de recherche. C’est une table
ronde permanente où il y a des échanges sur la situation en
matière d’aménagement du temps, où il y a des constats
qui sont forts judicieux.
On est au stade du constat notamment sur l’erreur d’avoir
mis en place aussi rapidement l’aménagement du temps
scolaire (semaine de quatre jours) qui est, me semble-til, préjudiciable aux jeunes et sur la trop longue journée
scolaire. »
H.B et A.B : « L’organisation du temps scolaire peutelle être modifiée en cours d’année ? ».
F. TESTU : « Je ne pense pas qu’on puisse modifier le
temps scolaire au cours de l’année. Il faut attendre, à mon
avis, la fin de l’année scolaire. »
H.B et A.B « L’objectif du MEN est d’étudier les
rythmes scolaires journaliers, hebdomadaires et
annuels dans des classes cibles à tous les niveaux
d’enseignement ? Comment pourrait-on y procéder ? »
“
F. TESTU : “ Ce qu’il faut savoir, c’est ce qui est entrepris
ici en Algérie. C’est la première fois qu’un ministère de
l’éducation fait une commande pour essayer de dégager
des informations objectives sur les rythmes des enfants.
Le ministère Algérien a fait ce que d’autres n’ont pas
fait: faire le distinguo entre les rythmes de l’enfant, son
développement et les aménagements du temps scolaire. Il
me semble, que ce PNR est une bonne initiative et c’est une
première.”
La première étape du PNR est incontournable: faire, avec
méthode, un descriptif des rythmes de vie des jeunes plus
particulièrement à l’école, sur toutes les régions et les
wilayas d’Algérie. Ensuite, établir un constat après avoir
dégagé ce descriptif. Et enfin, la dernière étape, consiste
à prendre des mesures. Cela me paraît une démarche très
saine.
Evidemment, on ne peut pas toucher tous les
enfants scolarisés d’Algérie, cela relève du domaine
de l’impossible. Mais, il y a la stratégie statistique.
On prend des échantillonnages. A partir de cette «
population échantillon » que l’on considère représentative
des régions (Sud, Nord, Est, Ouest, hauts plateaux,
N°01 EducRecherche
21
“
ville, campagne,…), on a une photographie générale la
plus précise possible de tout ce qui se passe en matière
de rythmes de vie des jeunes. Ensuite, en fonction des
résultats de cette recherche, on verra s’il est nécessairement
indispensable de modifier l’organisation du temps scolaire
ou non.
Surtout, ne pas modifier si le système s’avère qu’il
fonctionne bien !!
Nous, en tant que chercheurs, nous ne pouvons décider
de l’organisation du temps scolaire, par contre, nous
pouvons suggérer des pistes pour éclairer la question des
rythmes.
Je peux vous certifier que cette étude est originale,
originelle et c’est la première ! Cela n’existe nulle part
ailleurs.
Prenons l’exemple de la France, il y a eu une expertise
sur un effectif un peu plus réduit. Expertise commandée
non pas par le ministère de l’éducation mais par le
ministère de la jeunesse et des sports. On avait entrepris
l’expérimentation sur 03 cycles d’enseignement, dans 04
régions : Grenoble, Nantes, Montpellier et Tours et ce,
en fonction de la disponibilité des chercheurs. On avait
travaillé sur deux niveaux d’enseignement du primaire:
cours préparatoire (06-07ans) et cours moyen (10-11
ans). »
H.B et A.B : « Est-il difficile, donc, de faire l’expérience
au niveau du collège et du lycée ? Si oui, pourquoi ? »
“
F. TESTU : « Oui ! C’est beaucoup plus difficile. D’abord,
au collège et au lycée, il n’y a pas un seul enseignant à
bord mais plusieurs avec chacun sa discipline à défendre.
Donc, expérimentalement, ce n’est pas simple.
De plus, la complexité s’accentue, en début de collège avec
le phénomène de la puberté car il y a une hétérogénéité
physiologique chez les élèves, elle se caractérise par une
hétérogénéité des profils au niveau des courbes communes
(filles et garçons). Raison pour laquelle on peut mettre
deux à trois ans pour dégager une information fiable.
Nous aussi en France, sommes capables d’intégrer dans
la recherche les collèges et lycées mais nous n’avons
aucune donnée scientifique. Il serait, donc, un peu osé
de généraliser les résultats de la recherche portant sur
une cinquantaine d’établissements du primaire (que je
viens de décrire précédemment) aux collèges et lycées. En
Algérie, ce n’est pas le cas, l’étude des rythmes scolaires
des élèves concernerait les différents âges (primaire,
collège, lycée).
Je pense qu’il faut expliquer que c’est une première et
que c’est une démarche objective. »
22
N°01 EducRecherche
H.B et A.B : « Vous avez à superviser le PNR tout au
long de la durée de l’étude, pourriez-vous nous dire
quel en sera votre apport ? »
F. TESTU : « Je pense que je peux, peut-être, apporter
mon expérience en matière d’évaluation et de corriger
quelques petits points qui me sembleraient pas judicieux
tant au plan expérimental qu’au niveau d’analyse. Je
fais entièrement confiance aux membres de l’équipe qui
dirigent le PNR. C’est une équipe de chercheurs qui
sait mener, tout à fait, ce type de recherche. Je peux leur
apporter, plutôt mon aide.
H.B et A.B : « Nous vous remercions infiniment,
Monsieur, pour toutes ces précisions constructives.»
BIBLIOGRAPHIE
TESTU F. ‒ Les variations journalières et
hebdomadaires de l’activité intellectuelle de l’élève.
CNRS, Paris, 1982, 121.
TESTU F. ‒ Les rythmes scolaires, étude sur
les variations de performances obtenues à des
épreuves d’addition et de barrage par des élèves de
CP, CE2, CM2 ,durant la journée et la semaine
scolaire. Rev. Fr. Pédagogie, 47,1979, p. 48-58.
TESTU F. ‒ Etude des rythmes scolaires en
Europe.Rapport DEP. Ministère de l’Education
nationale, Paris, 1993.
TESTU F, FONTAINE R. L’enfant et le temps
scolaire.Paris : Calman-Levy, 2001,196 pages.
TESTU F. ‒ Rythmes de vie et rythmes
scolaires. Paris: Masson, 2008,175 pages.
Manifestations scientifiques
Séminaires sur les rythmes scolaires en Algérie
“
Etude des rythmes scolaires en Algérie”est
l’intitulé du Projet National de Recherche (PNR)
inscrit dans le cadre du Programme National de
Recherche. C’est l’une des thématiques prioritaires
du secteur de l’éducation nationale déterminées par
le Comité Sectoriel Permanent (CSP) de l’Education
Nationale en charge de la recherche scientifique et
du développement technologique. Ce comité, présidé
par le Pr. Ahcène LAGHA, est chargé de promouvoir,
de coordonner et d’évaluer les activités sectorielles de
recherche. Il assure également le suivi du Programme
National de Recherche « EDUCATION » 2010/2012.
Des séminaires de formation sur les rythmes scolaires,
ont été organisés par l’Institut National de Recherche en
Education (l’INRE) au profit des directeurs de centres
d’orientation scolaire et professionnelle et des conseillers.
Y ont été invités des inspecteurs de l’éducation et de la
formation des différents paliers d’enseignement et des
directeurs d’écoles, de collèges et de lycées.
Ces séminaires ont eu lieu les 23, 25 et 27 janvier, les
02, 07 et 13 février, le 1er et 16 mars de l'année 2011
respectivement à Biskra, Ghardaia, Blida, Batna, TiziOuzou, Sidi Bel Abbès et Alger. Ce calendrier d’exécution
a été planifié de manière à faire participer toutes les
wilayas comme le montre cette carte géographique de
l’Algérie:
Les conseillers d’orientation d’Alger Est et d’Alger
Ouest ainsi que ceux de la wilaya d’Annaba n’ont pas
pu assister au séminaire programmé à leur intention.
Afin qu’ils puissent bénéficier, eux aussi, de la formation
à l’application de la batterie de tests sur les rythmes
scolaires, l’INRE a organisé deux autres séminaires.
L’un au sein de son siège, le 16 mars 2011, pour tous les
concernés de la wilaya d’Alger Est et Ouest et l’autre le 20
mai à Annaba pour les conseillers de cette wilaya.
Ces séminaires ont été réalisés grâce aux efforts consentis
par toutes les personnes concernées, des décideurs aux
participants à l’échelle nationale. (cf. photos)
Pour la réussite de ce grand projet, initié par le Ministère
de l’Education Nationale, l’équipe pédagogique et
technique de l’INRE, dirigée par le directeur général,
M. Mohamed IDER, est restée soudée. Cette équipe,
accompagnée des chercheurs Dr. Louisa MAROUF,
Dr. Rachid KHELFANE, M. Achour TAMDJIAT, a
travaillé dans toutes les wilayas d’accueil sans relâche
dans l’harmonie totale avec rigueur et sérieux quelque
soient les conditions climatiques et de trajet.
Dans chaque séminaire, l’allocution d’ouverture a été
présentée par M. Mohamed IDER dont voici le contenu:
N°01 EducRecherche
23
“
Je voudrais remercier l’ensemble de ceux qui
sont ici présents, particulièrement le directeur
de l’éducation, le représentant de la formation
ainsi que le chef d’établissement de la wilaya
d’accueil. Mes remerciements vont aussi à nos
chercheurs qui ont accepté d’animer tous les séminaires.
La question des rythmes scolaires est l’un des sujets les
plus importants et les plus controversés. C’est un sujet
qu’il faudrait aborder dans toutes ses dimensions, de
l’organisation de la journée, de la semaine, de l’année
à la durée du temps scolaire et son équilibre dans
l’année. Il ne faut pas non plus oublier d’évoquer la
question des devoirs à la maison, du transport et de la
cantine scolaires et bien d’autres points.
C’est un sujet qui a des incidences directes sur la vie
familiale, sur les activités périscolaires et extra-scolaires.
Il est temps de débattre de ce sujet car les rythmes
24
N°01 EducRecherche
scolaires ont une influence sur la réussite des élèves.
Monsieur le Ministre Boubekeur BENBOUZID a
installé une commission nationale des rythmes scolaires
pour traiter de la question des rythmes uniquement dans
le cadre des temps scolaires et formuler des propositions
sur le plan pédagogique.
Si nous sommes tous là, c’est pour lancer une enquête à
l’échelle nationale pour étudier les rythmes biologiques
et les rythmes chronopsychologiques de l’enfant en
situation scolaire. Nous avons fait appel à vous en tant
que conseillers d’orientation parce que vous êtes habilités
à effectuer des enquêtes de ce genre.
Merci de votre présence, je vais laisser la parole à nos
chercheurs spécialistes en les remerciant encore d’être
avec nous pour vous expliquer davantage la question des
rythmes scolaires et la méthodologie de cette recherche.
Manifestations Scientifiques
Le ministère de l’éducation nationale compte beaucoup
sur votre adhésion et votre sérieux. Sur la base des résultats
de la recherche que vous allez menée, il y aura une prise
de décisions quant à l’organisation des temps scolaires,
des temps périscolaires et des temps extrascolaires.”
L’allocution du directeur général de l’INRE a été suivie,
à chaque fois, de celles du directeur de l’éducation de
la wilaya d’accueil et de la modératrice Melle Sakina
BAKOUK, chef de département de la recherche à l’INRE.
Ces séminaires ont été encadrés par une équipe de
chercheurs en sciences de l’éducation. C’est cette équipe
qui prend en charge le PNR sur les rythmes scolaires
en Algérie. Elle est composée de Messieurs François
TESTU, Professeur en psychologie à l’université François
Rabelais de Tours et spécialiste des rythmes scolaires et
Ahmed DOUGA, Professeur en psychologie à l’université
d’Alger2, des deux Docteurs Louisa MAROUF, maître
de conférences en sciences de l’éducation et Rachid
KHELFANE, maître de conférences en psychologie
du travail et d’organisation, tous deux à l’université
Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou ainsi que M. Achour
TAMDJIAT, maître assistant en psychologie du travail et
d’organisation au centre universitaire de Bouira.
L’objectif de tous ces séminaires régionaux programmés
est de sensibiliser l’ensemble des participants de chaque
wilaya à la prise en compte des rythmes de vie de l’élève
et de montrer l’impact de l’organisation du temps scolaire
actuel en Algérie sur les performances scolaires des élèves
dans le cycle primaire à travers l’expérience effectuée sur
des élèves de 5ème AP âgés de 10-11ans dans cinq écoles
en zone urbaine de Tizi-Ouzou. Cette expérience a été
réalisée par l’équipe de recherche citée précédemment.
Ces séminaires ont, aussi, pour objectif de former
les conseillers d’orientation à la méthodologie de la
recherche sur les rythmes scolaires en Algérie. Ainsi, la
partie théorique (cf.les résumés des communications) a
été consolidée par une application de la batterie de tests
d’étude des rythmes scolaires de M. François TESTU.
Ces tests (tests de barrage de nombres, questionnaires
et grille d’évaluation du comportement) sont des outils
d’évaluation des aménagements du temps scolaire. Ils
permettent d’étudier :
 l’attention des élèves,
 la durée hebdomadaire du sommeil nocturne,
 les comportements en classe,
 les activités extra scolaires.
Les participants, dans chaque wilaya, ont débattu avec
l’équipe des chercheurs en éducation, spécialistes en
rythmes scolaires, des problèmes d’ordre psychologique,
pédagogique et organisationnel et des questions relatives
aux spécificités géographiques, climatiques et culturelles
des régions, qu’elles soient urbaines, rurales, situées à
l’Est, à l’Ouest, au Nord ou au Sud de l’Algérie.
N°01 EducRecherche
25
Ils ont également posé des questions sur l’application des
différents tests et le mode de passation de ces tests sur
le terrain, la formulation des consignes, l’évaluation des
résultats obtenus de l’expérience de Tizi Ouzou présentés
par les chercheurs,…
Dr. Louisa MAROUF, Dr. Rachid KHELFANE, M.
Achour TAMDJIAT n’ont épargné aucun effort pour
répondre à toutes les interrogations des participants.
Dr. Louisa MAROUF a remercié l’ensemble des
participants pour leur adhésion, leur sérieux ainsi
que pour l’intérêt qu’ils portent à l’étude des rythmes
scolaires. Elle a insisté, à chaque fois, sur l’importance
de cette étude de recherche scientifique dans laquelle
il est impératif de ne commettre aucune erreur dans
l’application des tests sur le terrain pour la fiabilité des
résultats.
En conclusion à ses séminaires, on peut dire que le non
respect des rythmes biologiques et chronopsychologiques
de l’enfant conduit à une fatigue et une déconcentration.
Fatigue qui mène à un détachement à la situation
scolaire. Il s’agit, donc, de proposer des emplois du temps
appropriés afin d’améliorer les conditions d’apprentissage
et d’instaurer une meilleure qualité de vie à l’intérieur de
l’établissement.
Tous ces séminaires constructifs se sont bien déroulés.
La mobilisation de tous a été une réussite en attendant
l’application des tests dans les différents établissements
concernés pour lancer l’opération à l’échelle nationale.
Enfin, la question des rythmes scolaires est devenue
l’affaire de tous pour faire de nos établissements scolaires
non seulement un lieu d’apprentissage mais aussi un lieu
de vie.
Trois communications ont été présentées au cours de
tous ces séminaires par Dr. Louisa MAROUF, Dr.
Rachid KHELFANE et M. Achour TAMDJIAT. Vu
leur importance, nous avons tenté de les résumer.
les fonctions des êtres vivants, une définition de la
chronobiologie et de la chronopsychologie s’impose.
La chronobiologie est une science qui étudie les
changements quantitatifs réguliers et périodiques des
processus biologiques au niveau de la cellule, du tissu,
d’une structure, d’un organisme ou d’une population.
(Kleitman, 1949). Elle apporte la dimension temporelle
à l’étude des processus physiologiques qui régulent les
êtres vivants (Testu, 1996). Elle détermine les moments
favorables au travail, au repos, aux soins médicaux…
La chronopsychologie est une science qui étudie les
rythmes du comportement pour eux-mêmes (Fraisse,
1980). Elle étudie les variations périodiques de l’activité
physique et psychologique sur les lieux de travail: usines,
chantiers, écoles, postes de pilotages (Testu, 1996).
Elle est la rythmicité de l’activité humaine physiologique
et psychologique. Elle a principalement été étudiée
chez l’adulte. Si les données sur le temps biologique
de l’enfant sont rares, celles qui concernent le temps
psychologique sont pratiquement inexistantes et les
variations périodiques de l’activité intellectuelle de l’élève
demeurent peu connues. (Testu, 1994).
Plusieurs expériences sur les variations de l’activité
intellectuelle ont été effectuées depuis Ebbinghaus
(1897), Gates (1916)… jusqu’à François Testu.
L’analyse des données de toutes ces expériences a montré
qu’il existe des variations de l’activité intellectuelle de
l’élève. Ces fluctuations varient selon le type, la nature
et le moment de la tâche. Ce qui a permis de dégager
un profil classique des fluctuations journalières et
hebdomadaires.
Ainsi, ces expériences ont démontré l’apport de la
chronobiologie et de la chronopsychologie notamment
ces dernières années.
Les derniers résultats des travaux de recherche de M. François
Testu (1996) montrent le profil classique des fluctuations
La première communication:
« Rythmes scolaires Une notion
ambiguë »
Profil des fluctuations journalières des performances
intellectuelles de la vigilance chez l’élève Testu (1996)
L
e système éducatif algérien a connu des
réaménagements qui ont nécessité l’élaboration
de nouveaux programmes d’enseignement avec
de nouvelles modalités organisationnelles des temps
scolaires. Quelles sont, donc, les répercussions de ces
réaménagements sur l’activité intellectuelle des élèves ?
Pour connaître l’activité intellectuelle de l’élève et
26
N°01 EducRecherche
figure 1
Manifestations Scientifiques
journalières des performances intellectuelles de la vigilance
chez l’ élève. Ces performances progressent du début jusqu’ à
la fin de la matinée scolaire (figure 1); elles connaissent une
chute au début de l’après-midi puis elles s’ élèvent à nouveau
en fin d’après-midi (16h).
Profil des fluctuations hebdomadaires des performances
intellectuelles de la vigilance chez l’élève (Testu, 1994)
par l’emploi du temps journalier, hebdomadaire,
annuel, les vacances…
En conclusion, on peut dire que les rythmes scolaires
consistent à concilier les rythmes propres à l’enfant
et les rythmes de l’environnement afin de proposer
des emplois du temps journaliers, hebdomadaires,
annuels qui soient en harmonie avec les rythmes de
la vie de l’élève (Testu, 2000).
La deuxième communication:
« METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
EN CHRONOPSYCHOLOGIE »
figure 2
Quant aux performances hebdomadaires, elles connaissent
le phénomène de désynchronisation qui se manifeste chez
certains élèves le premier jour de la semaine. Les meilleures
performances intellectuelles et la vigilance sont réalisées au
cours des deux derniers jours de la semaine (figure 2).
Les variations journalières de la performance
intellectuelle de la vigilance sont susceptibles d’être
modifiées par l’âge, la nature de la tâche, la zone
d’éducation, la motivation, le niveau scolaire et la
durée moyenne du sommeil nocturne des élèves.
La durée du sommeil, qui diminue au fur et à mesure
que les élèves avancent dans l’âge, a une influence
sur les aspects essentiels de la vie, leurs constructions
intellectuelles et leurs résultats scolaires.
Elèves âgés de 6-7 ans : 645mn (Testu, 1994),
Elèves âgés de 10-11ans : 595mn (Testu, 1994),
Elèves âgés de 17-18 ans : 494mn (Montagner, 1983).
Enfin, l’expression « rythmes scolaires » désigne
les rythmes propres à l’enfant et à l’adolescent en
situation scolaire, c’est-à-dire, toutes les variations
physiologiques et psychologiques, les rythmes
biologiques et comportementaux ainsi que la
progression dans les apprentissages. Ils désignent aussi
les rythmes de l’environnement scolaire représentés
L
’étude des rythmes scolaires en Algérie est une
étude descriptive. Elle se démarque des études
expérimentales qui se réfèrent à des groupes
témoins et d’autres expérimentaux. Elle adopte la
méthodologie du professeur François TESTU) lors
de l’évaluation des aménagements du temps scolaire
en France (Testu, 1994, 1999,2003).
Cette étude doit permettre de dégager les profils de variations journalières et hebdomadaires de
l’attention de l’élève, de ses comportements en classe,
d’étudier l’évolution de la durée moyenne de sommeil nocturne au cours de la semaine et d’analyser
ses activités extra-scolaires.
Elle doit vérifier les hypothèses suivantes :
L’attention des élèves fluctue au cours de la
journée,
L’attention des élèves fluctue au cours de la semaine,
Les comportements des élèves en classe fluctuent
au cours de la journée,
Les comportements des élèves fluctuent au cours
de la semaine,
La durée moyenne de sommeil nocturne évolue
au cours de la semaine,
Le type d’emploi du temps influence les activités
extra-scolaires des élèves.
Avant d’entamer cette étude, il est nécessaire de
définir les quatre variables retenues pour cette recherche :
N°01 EducRecherche
27
 L’attention: ce sont les scores des élèves obtenus
après des tests psychotechniques de barrage de nombres. Pour étudier les performances attentionnelles
des élèves, les épreuves de barrage se font selon le carré latin (cf. Tableau), une seule fois par jour pendant
une semaine. Chaque épreuve dure 30 secondes.
Heures
Jours
8h
Dimanche
Classes
Lundi
11h
13h
16h
Classes
Mercredi
Jeudi
Classes
Classes
passation des tests dans les classes selon le carré latin
 Les comportements en classe : ils renvoient aux
indicateurs de faible éveil (bâillements, étirements,
frottements des yeux, affalement, rêveries) et aux indicateurs d’hyperactivité ou d’agitation (agitations,
déplacements imprévus, absence de réponse aux sollicitations). Ces comportements en classe représentent un indice de détachement par rapport à la situation scolaire.
 Les durées moyennes de sommeil nocturne : ce
sont les moyennes des heures de coucher et de lever,
nuit par nuit au cours de toute une semaine scolaire.
 Les activités extra-scolaires : ce sont toutes les
activités qui se font en dehors de l’école et que contient le questionnaire : l’occupation des temps libres,
durée des temps libres, temps réservé aux devoirs
et leçons, l’heure et la durée des repas, la durée de
l’écoute télévisuelle, les vacances et les loisirs…
La méthodologie de l’étude exige des outils et techniques d’investigation qui sont :
les quatre tests de barrage de nombres pour
mesurer les performances attentionnelles,
la grille d’observation des comportements
des élèves en classe,
le questionnaire pour l’étude du sommeil,
le questionnaire pour l’analyse des activités
extra-scolaires.
28
N°01 EducRecherche
La passation des tests doit se faire collectivement
dans les classes avec l’emploi du temps habituel.
L’expérience consiste en l’application des outils
d’investigation selon des directives bien précises.
Un guide sera élaboré à cet effet. Il sera destiné aux
enquêteurs du corps des conseillers d’orientation
scolaire et professionnelle qui seront concernés par
le recueil de données. Il sera en ligne sur le site de
l’INRE. Ce guide explicite toutes les consignes de
passation telles que les dates de remise et de récupération des questionnaires, l’application des outils
d’investigation…
Cette expérience doit toucher des établissements
dans les 48 wilayas du pays. Ils seront sélectionnés
en fonction de plusieurs critères entre autres, l’âge, le
niveau scolaire, la zone, la spécificité de la région…
Après la collecte des données de cette étude, vient
l’étape de l’analyse qui consiste à étudier:
la significativité statistique des fluctuations journalières et hebdomadaires de l’attention. Elle est
effectuée grâce à des analyses de variance après
avoir calculé les fréquences et les moyennes pour
chaque heure de la journée et chaque jour de la
semaine de passation ;
la significativité statistique des fluctuations journalières et hebdomadaires des comportements en
classe. Elle est effectuée grâce à des analyses de variance après avoir calculé les fréquences et les moyennes pour chaque quart de la journée et chaque
jour de la semaine de passation ;
la significativité statistique des fluctuations hebdomadaires du sommeil pour chaque jour. Le
calcul des durées moyennes de sommeil nocturne
s’est fait après avoir converti les heures de coucher
et les heures de réveil en minutes puis en soustrayant les heures de coucher aux heures de réveil,
enfin effectuer les comparaisons à l’aide du (t) de
Student ;
la significativité statistique des activités extrascolaires en calculant les fréquences et les pourcentages puis le KHI deux de Pearson ; la comparaison des résultats s’est effectuée à l’aide des
tables de Banner.
Manifestations Scientifiques
Ces données chronopsychologiques sur les rythmes
de vie des élèves permettent d’aboutir à une meilleure organisation du temps scolaire.
Enfin, les résultats de cette étude montreront l’impact
des emplois du temps proposés ou imposés sur les
performances intellectuelles des élèves.
La troisième communication:
« LE SYSTEME EDUCATIF ALGERIEN
ET L’ETUDE DES RYTHMES SCOLAIRES »
Q
uel est l’impact de la nouvelle organisation du
temps scolaire, introduite dès 2008, sur les performances des élèves du primaire?
Telle est la problématique de la recherche.
Cette étude descriptive propose une évaluation des
rythmes scolaires. Elle a été réalisée à Tizi-Ouzou,
sur 180 élèves de 5ème année primaire, âgés de
10 à11 ans, dans quatre (04) écoles : 62 élèves de
l’école “ Frères BERKANI 1”, 46 élèves de l'école
"Khaled KHODJA", 38 élèves de l’école“ Mohamed HAOUCHINE” et 34 élèves de l’école “ Arezki
DALI”. Ces écoles “ accueillent une population comparable sur le plan chronopsychologique, chronobiologique et sociologique”. Ces établissements choisis
fonctionnent en simple vacation avec des emplois
du temps différents.
Cette étude(1) s’appuie sur la méthodologie adoptée
par le Pr. François TESTU dans ses travaux de recherche sur les aménagements scolaires entrepris en
France (1996). Quatre variables sont retenues dans
cette recherche, avant et après la réforme, qui sont :
l’attention des élèves, leurs comportements observés
en classe, la durée de sommeil nocturne et les activités extra-scolaires.
Etude de l’attention des élèves
Les résultats de cette étude montrent qu’avant la réforme, les variations journalières de l’attention ressemblent au profil classique : une baisse de l’attention
au début de la matinée et de l’après-midi et une progression de l’attention en fin de matinée et de l’aprèsmidi. Après la réforme, la courbe est inversée.
Quant aux fluctuations hebdomadaires de cette
même variable après la réforme, elles varient selon un
profil commun. On observe une baisse le dimanche,
qui est le premier jour de la semaine, car le week-end
influe de manière négative sur l’attention des élèves ;
mais une élévation croissante du lundi au jeudi grâce
à la coupure de la demi journée du mardi. Et, il ressort de la courbe d’avant la réforme, que le mardi est
le jour de meilleures performances.
Cette différence dans les fluctuations est due au phénomène de la désynchronisation subie par les élèves
entre les rythmes scolaires, leurs rythmes biologiques
ainsi que l’effet négatif du week-end.
Etude des comportements des
élèves
Après la réforme, d’après les figures 1 et 2, on remarque une meilleure adaptation des élèves à la situation d’apprentissage lorsqu’on observe les résultats
de l’indice global journalier des comportements
de non éveil et d’agitation alors que les résultats de
l’indice global hebdomadaire montrent une faible
adaptation.
Variations Journalières des comportements
figure 1
Mais les élèves scolarisés avant la réforme semblent mieux
s’adapter à la situation scolaire au cours de la semaine.
Variations Journalières des comportements
figure 2
(1) Pour plus de détails sur cette étude, cf. les cahiers de
l’INRE, Juin 2010, pages 25 et 41
N°01 EducRecherche
29
Etude du sommeil nocturne des
élèves
Le sommeil ne pose pas de problème. En effet, si on
compare la durée moyenne du sommeil des élèves
d’avant la réforme (608.04 minutes), avec celle
d’après la réforme (583.83 minutes), on remarque
qu’elles sont presque à égalité. Les enfants scolarisés
après la réforme dorment un peu moins. La durée
moyenne dégagée par le professeur TESTU en 1994
pour la même tranche d’âge est de 595 minutes.
Etude des activités extrascolaires des élèves
Cette enquête a étudié, avant et après la réforme,
les différentes activités extra-scolaires qui sont
30
N°01 EducRecherche
représentées par la distance (maison –école), c’està-dire, l’heure de départ et l’heure d’arrivée, la
restauration (lieu, durée, qualité des trois repas de
la journée), le moyen de transport, l’occupation
et la durée des temps libres, le temps réservé aux
devoirs et leçons, la durée de l’écoute télévisuelle, les
vacances et les loisirs…
L’analyse des résultats montre clairement l’absence
de structures appropriées pour la prise en charge
des enfants après les heures de classe. De ce fait, ils
s’ennuient ou regardent la télévision, quand ils ne
sont pas submergés par les devoirs maison.
La révision de l’organisation du temps scolaire par la
ventilation de la journée, par l’alternance travail/ repos
durant la semaine, par la création d’une vie scolaire à
l’école, par la pratique d’activités extra-scolaires et par
l’implication des parents dans le projet d’aménagement
du temps scolaire est indispensable.
Manifestations Scientifiques
L’installation du réseau national
des rythmes scolaires en Algérie
L
’INRE a organisé un séminaire, animé par le
Pr. François TESTU, Dr. Louisa MAROUF,
Dr. Rachid KHELFANE et M. Achour
TAMDJIAT (l’équipe de recherche du PNR),
pour l’installation du réseau national des rythmes
scolaires en Algérie.
Ce séminaire, ayant lieu à l’INFPE à Alger en date
du 01mars 2011, a regroupé tous les directeurs de
Centres d’Orientation Scolaire et Professionnelle
et des membres de la Commission Nationale des
Rythmes scolaires. Cette commission a été installée
par le Ministre de l’Education Nationale, M.
Boubekeur BENBOUZID en octobre 2010 dans le
but de proposer une nouvelle organisation du temps
scolaire de la journée, de la semaine et de l’année
de tous les niveaux d’enseignement pour l’année
scolaire 2011/2012. Elle est composée de cadres du
ministère de l’éducation nationale et de spécialistes
en la matière.
Au cours de son intervention, le Pr. François TESTU
a mis l’accent sur le respect de la rythmicité de vie
de l’élève. Il a démontré, ensuite, que son attention
en classe fluctue selon les moments de la journée et
de la semaine tout en expliquant que les variations
journalières sont liées principalement aux rythmes
biologiques alors que les fluctuations hebdomadaires
découlent surtout de l’influence de l’emploi du
temps et des rythmes scolaires.
Il a précisé que les travaux de recherche qu’il a menés
sur l’évolution des performances intellectuelles des
enfants, âgés de moins de 12 ans, ont montré un profil
« classique ». Ce profil se caractérise par un niveau
de vigilance faible en début de matinée, c'est-à-dire,
de 08h à 09h, une augmentation de la vigilance à
partir de 09h, suivie d’un moment de faible vigilance
en début d’après-midi, autrement dit, de 13h à 15h
puis d’une progression de la vigilance après 15h.
Il a démontré, ainsi, qu’il existe, au cours de la journée,
deux alternances de moments forts et de moments
faibles qu’il faudrait prendre en compte dans
l’aménagement du temps scolaire et la répartition
des apprentissages. Il a recommandé d’organiser la
journée scolaire de manière à respecter les temps
de meilleures performances. Il faudrait placer les
apprentissages nécessitant beaucoup d’attention et
un déploiement des capacités cognitives important
dans les moments forts et mettre à profit les moments
faibles pour des activités moins intenses.
Quant aux études sur les variations hebdomadaires,
elles ont montré que le premier jour de la semaine
est généralement perturbé par des phénomènes de
synchronisation liés au week-end tandis que les deux
derniers jours sont les meilleurs pour apprendre.
Tout en sachant qu’au milieu de la semaine, il y a
une coupure qui s’avère bénéfique essentiellement
lorsqu'elle s'accompagne d'activités extrascolaires.
M. François TESTU a, donc, affirmé qu’il serait
souhaitable de placer les apprentissages de notions
nouvelles et toutes les activités mentales durant les
jours favorables.
N°01 EducRecherche
31
Il a, enfin, conseillé vivement d’éviter la semaine de 4
jours car elle perturbe le profil du rythme intellectuel
journalier classique.
En marge du séminaire, une réunion a eu lieu entre
les membres de la commission des rythmes scolaires
présents et le Pr. TESTU, Dr. Louisa MAROUF, Dr.
Rachid KHELFANE et M. Achour TAMDJIAT.
Après l’allocution d’ouverture de M.IDER, le
président de la commission, M. Mohammed CHAIB
EDDRAA THANI, Directeur de l’Evaluation et
de la Prospective au MEN, a pris la parole pour
expliciter les objectifs visés et la démarche adoptée
par cette commission sur les plans organisationnel et
méthodologique. Un débat a été ouvert.
Au cours de ce débat, les membres de la commission
ont mis l’accent sur les spécificités géographiques,
climatiques et socioculturelles de l’Algérie.
32
N°01 EducRecherche
Ils ont souligné l’importance de l’étude des rythmes
scolaires d’un point de vue scientifique qu’il faudrait
étaler à l’échelle nationale pour une meilleure prise
de décision.
Les chercheurs (Dr. Louisa MAROUF, Dr. Rachid
KHELFANE et M. Achour TAMDJIAT), à leur
tour, ont expliqué la méthodologie adoptée dans
leur étude, à commencer par la description de
l’échantillonnage jusqu’à l’analyse des données des
résultats de l’enquête.
Enfin, il faut escompter que les résultats et les
recommandations des chercheurs enrichiront, sur les
plans chrono biologique et chrono psychologique,
les propositions de la commission nationale dans
l’aménagement des temps scolaires.
Manifestations Scientifiques
Colloque international
« Le système éducatif et l’échec scolaire - approche
chronopsychologique » tel est le titre du colloque
international qui a été organisé à l’Université
Mouloud Mammeri(UMMTO), Faculté des
Sciences Humaines et sociales (FSHS), de TiziOuzou les 03 et 04 mai 2011. Il a regroupé des
spécialistes en sciences de l’éducation de différentes
nationalités (France, Espagne, Gabon, Côte d’Ivoire,
Rwanda, Algérie).
Ce colloque a été réalisé par un comité d’organisation
dont la présidente est le Dr. Louisa MAROUF et le
vice président le Dr. Rachid KHELFANE.
Il s’articule autour de trois grands axes regroupant
chacun plusieurs communications. Le premier axe
a porté sur l’approche historique et comparative du
système éducatif. Le deuxième a abordé les apports
des recherches scientifiques comme réponse à
l’échec scolaire. Quant au troisième axe, il a traité
de l’approche chronopsychologique et des rythmes
scolaires.
La
première
conférence,
s’intitulant
"chronopsychologie et rythmes scolaires", a été
présentée par le Pr. François TESTU, président
du comité scientifique du colloque. D’après le
professeur, « L’historique des systèmes éducatifs
permet de constater que la plupart des aménagements
actuels du temps scolaire résultent plus souvent de la
satisfaction des besoins des adultes et de la société
dans laquelle ils vivent que du respect de l’enfant,
de son développement et de ses rythmes. Ce n’est
que récemment, notamment en Algérie et en France,
que l’on pose le problème des rythmes scolaires. Les
rythmes scolaires doivent être compris à la fois comme
les emplois du temps scolaire et comme les rythmes
psychologiques et biologiques des jeunes. Tout le
problème est alors de concilier ces deux rythmicités.
Pour y parvenir, il est nécessaire de tenir compte des
données scientifiques de la chronopsychologie. »
Au cours de ce colloque, les intervenants ont
exposé leurs travaux de recherche sur les rythmes
biologiques et psychologiques de l’élève. Ils ont
montré l’importance des données chronobiologiques
et chronopsychologiques dans l’aménagement du
temps scolaire. Ils ont mis l’accent sur l’effet de la
somnolence, la non- vigilance, la fatigue physique
et mentale, l’agression, l’instabilité et les troubles
de comportement qui sont des facteurs pouvant
entraîner le décrochage et l’échec scolaires.
Lors du débat, les communicants ont tenté de
proposer des solutions permettant de réduire les
tensions et la fatigue à l’école, d’améliorer les
conditions d’apprentissage dans la perspective
d’optimiser la situation éducative.
A la fin du colloque, le chef du département des
sciences sociales, le doyen de la FSHS, le recteur et
le vice recteur de l’UMMTO, le président de l’APW
de Tizi Ouzou, le directeur général de l’Institut
National de Recherche en Education ont pris chacun
la parole pour remercier tous ceux qui ont participé,
de près ou de loin, à l’organisation d’un tel colloque.
N.B : Un document contenant le résumé de chaque
communication présentée, lors de ce colloque, a été
distribué.
Voici certains résumés et titres des communications,
qui ont trait au thème des rythmes scolaires,
extraits intégralement du document.

Les résumés :
JOURNEE CONTINUE ET RYTHMES
SCOLAIRES DE L’ATTENTION
Pr ESTAUN FERRER Santiago,
Universitat Autonoma de Barcelona, Espagne
Un thème récurrent dans la gestion du temps scolaire
est la question de savoir si la journée de travail doit
être continue tout le matin, ou matin et après-midi
avec une interruption à midi (intensive ou non
intensive). La chronobiologie et la chronospychologie
ont apporté des données montrant que les processus
cognitifs présentent un rythme circadien bimodal
selon le type de tâche réalisée, les caractéristiques
personnelles et le contexte socioculturel.
La journée intensive peut être réalisée le matin ou
l’après-midi.
N°01 EducRecherche
33
L’objectif de cette étude est de comparer le rendement
cognitif de l’attention entre deux groupes d’élèves
scolarisés en neuvième année (14ans) de l’éducation
secondaire qui assistent à une journée scolaire
intensive le matin (N=72) ou l’après-midi (N=77).
Les variables endogènes à considérer sont le chrono
type et le style cognitif, et les variables exogènes sont
le contexte socioculturel (population urbaine ou
rurale).
On a soumis les participants au questionnaire de
lève-tôt ‒ couche-tard d’Horne & Osberg, et à L’EFT
de figures cachées (version Sawa Gottschaldt) une
seule fois. Le rendement attentionnel a été enregistré
à trois moments de la journée intensive (début,
intermédiaire et final) au moyen d’un exercice de
motricité et de complexité cognitive moyenne qui
exige l’intervention de la mémoire de travail. Ce test
consiste à ordonner du plus petit au plus grand une
série de sept nombres qui ont été fournis à chacune
des trois sessions. Les séries numériques étaient
différentes les unes des autres.
Il s’agit d’une stratégie méthodologique quasiexpérimentale de séries temporaires multiples et
contrastées. Les résultats montrent une augmentation
du rendement en vitesse et en précision attentionnelle
de la session initiale à la session intermédiaire, et une
descente entre cette dernière et la session finale pour
les deux journées intensives : celle du matin et celle
de l’après-midi. Ces résultats confirment d’une part
la rythmicité bimodale de l’attention, sans oublier
qu’elles sont modulées par les caractéristiques
du chronotype et du style cognitif, qui entrent en
interaction avec les caractéristiques du contexte
socioculturel.
Bien que les données recueillies ne puissent pas être
considérées comme concluantes, elles permettent
de remettre en question non seulement certaines
croyances sur le fait que le meilleur horaire pour
enseigner les matières les plus complexes et difficiles
soit tôt le matin, ou qu’il faille programmer des
matières et des activités cognitives relativement
simples l’après-midi, mais aussi la croyance selon
laquelle la journée intensive est seulement adéquate
le matin.
34
N°01 EducRecherche
LES RYTHMES SCOLAIRES EN MILIEU
UNIVERSITAIRE
Dr Mohamed Abdelaziz,Maître de conférences,
université d’Oran
Outre les facteurs environnementaux parfois
défavorables, des facteurs scolaires peuvent influer
négativement sur le travail et l’adaptation scolaire des
élèves. Parmi ces facteurs, nous citons l’inadaptation
des rythmes scolaires aux rythmes biologiques,
psychologiques et sociaux des élèves ; phénomène
dont souffrent même les systèmes éducatifs
développés, vu que les rythmes scolaires restent à ce
jour objet de discussion, d’expérimentation et de fait
non tranché.
Dans le domaine des rythmes scolaires,
les
préoccupations sont multiples, la plus importante
d’entre elles réside dans la recherche des meilleurs
moments d’apprentissage par lesquels on peut
organiser le temps scolaire, le temps en famille, le
temps de repos et le loisir des élèves. Dans notre
société en voie de développement, le non suivi de
certaines conditions : encadrement et infrastructures
scolaires… par rapport à l’accroissement continu du
nombre d’élèves scolarisés, effet de la démocratisation,
gratuité et obligation de l’enseignement. Ceci a amené
les établissements scolaires tous paliers confondus à
recourir à des modalités organisationnelles variées
du temps scolaire, dont nous citons entre autres :
la simple et double vacation dans l’enseignement
primaire, l’expérimentation de l’horaire continu
de 8h à 14h avec un arrêt de 30 minutes dans
quelques établissements pilotes du secondaire et
l’enseignement continu durant la journée dans
quelques établissements universitaires et ce, pour
palier à l’insuffisance de locaux de cours… L’ensemble
des modalités organisationnelles du temps scolaire
appliquées restent à notre avis non fondées et non
justifiées scientifiquement, et que la fatigue scolaire
des élèves représente l’une des répercussions négatives
la plus apparente ce qui nécessite une investigation
de ces modalités.
Dans la limite de notre connaissance, les études
disponibles dans le domaine des rythmes scolaires
concernent les premiers paliers de l’enseignement,
préparatoire, primaire et moyen hormis les paliers
supérieurs, et dans un but de contribution, cette
Manifestations Scientifiques
étude vise en premier lieu l’identification de la
nature des profils des variations de la fatigue chez les
étudiants universitaires durant la journée et durant la
semaine, et la connaissance du rôle intermédiaire que
jouent quelques variantes: individuelles, nature du
module et la relation éducative dans sa modulation
en second lieu. Partant de ceci, nous posons les
questions suivantes : - Quelle est la nature du profil
des variations journalières et hebdomadaires de la
fatigue chez les étudiants universitaires ? Y’a-t-il des
différences statistiques significatives entre les étudiants
universitaires à l’intérieur des filières de psychologie
et de biologie et entre elles dans leur estimation
de la contribution des variantes : individuelles,
nature du module et la relation éducative dans la
modulation des profils des variations de la fatigue ?
Y’a-t-il des différences statistiques significatives entre
les étudiants universitaires à l’intérieur des filières
de psychologie et de biologie et entre elles dans la
concordance de leurs rythmes journaliers appliqués
avec celles désirées ?
Ces questionnements ont été formulés en cinq
hypothèses et pour leur vérification, un questionnaire
a été construit dans ce but lors d’une pré-enquête.
L’étude fondamentale à caractère descriptif –
analytique, s’est déroulée au cours de la période mai
- juin 2002 et a touché des étudiants de la deuxième
année des troncs communs des filières de psychologie
et de biologie de l’université d’Oran. Le nombre de
l’échantillon est de 200 étudiants des deux sexes (100
étudiants pour chaque filière).
L’ORGANISATION DU TEMPS DANS
L’ENSEIGNEMENTOBLIGATOIRE
Etude sur terrain du facteur temps d’enseignement
Dr Zoulikha TOUTAOUI MEBDOUA
Université Mouloud Mammeri, Tizi – Ouzou
Le temps est une notion essentielle et incontournable
dans l’étude des phénomènes d’apprentissage quels
que soient l’âge et l’objet d’apprentissage, il faut du
temps pour apprendre. L’école impose de fait, par le
découpage temporel des acquisitions à réaliser, des
contraintes plus au moins fortes en limitant le temps
d’apprentissage alloué aux élèves, première limite
étant la durée de la scolarité obligatoire. Les durées
d’enseignement pour les enfants âgés de 6 et 7 ans
différent sensiblement d’un pays à l’autre. Ainsi, le
nombre d’heures hebdomadaires à l’école primaire
peut varier selon les pays de 18 heures au Paraguay
à 43 heures au Swaziland, en Espagne l’organisation
du temps scolaire est de 220 jours annuels et de 25
heures hebdomadaires, au Portugal, il est de 175
jours et 22,5 heures par semaine, tandis qu’en France
le nombre d’heures annuel est de 950 heures et se
caractérise par des journées scolaires relativement
longues par rapport aux pays européens, 6 heures
par jour. En Algérie, la moyenne du volume horaire
annuel au primaire est de 855 heures et entre 27 et
31 heures par semaine.
La thématique de l’organisation du temps scolaire fait
l’objet d’un grand débat dans plusieurs pays et dans de
nombreux colloques internationaux. Un des éléments
communs mis en évidence dans ces instances est le
constat d’un décalage entre les rythmes biologiques
et les rythmes scolaires, ceci est encore plus manifeste
quand on associe cela aux contextes sociaux, culturels
et psychologiques des enfants. Plusieurs études ont
démontré la relation étroite entre l’organisation du
temps et la réussite scolaire. L’adaptation entre le
rythme du développement biologique de l’enfant et
les rythmes scolaires encourage l’enfant à poursuivre
sa scolarité et travailler plus, autrement dit, à réussir
et à persévérer durant son cursus scolaire.
La présente étude abordera le facteur organisation
du temps dans l’enseignement obligatoire. Ce
facteur nous semble déterminant pour l’adaptation
psychologique et scolaire de l’élève et pour sa
réussite scolaire. A cet effet, on s’interroge sur
la relation entre la réussite et les programmes
scolaires des matières selon le volume horaire, le
temps consacré aux activités d’éveil, ainsi que le
climat d’apprentissage au regard du volume horaire
(nombre d’heures hebdomadaire et nombre d’heures
annuel), et des pratiques d’évaluation, notamment
le nombre de devoirs scolaires à faire à la maison.
Ainsi, on abordera dans cette étude l’opinion des
élèves sur le climat d’enseignement à l’école, et il
y aura des comparaisons avec d’autres pays sur le
volume horaire annuel. L’étude a été réalisée sur
un échantillon d’élèves, enseignants et inspecteurs
de l’enseignement obligatoire (primaire et moyen),
au niveau de toutes les daïras de la wilaya d’Alger,
N°01 EducRecherche
35
en utilisant des questionnaires et des indicateurs
d’enseignement.
(cf. la revue en langue arabe pour les résultats et les recommandations
Quand le rythme rime avec apprentissage
Par Lila BACHIR PACHA-ABDESSELAM,
Université Mouloud Mammeri, Tizi-Ouzou
de cette étude)
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE FACE A DES
OBSTACLES SCOLAIRES CHEZ L’ENFANT
Chafik IKOUFENE, Maître Assistant,
Université Mouloud Mammeri Tizi-Ouzou
De nos jours, la recherche évolue à un rythme qui
permet de répondre à tous les problèmes posés,
autrement dit, de faciliter la vie quotidienne de
l’enfant en atténuant tout ce qui peut entraver ses
capacités mentales.
Etant considéré comme l’avenir de l’humanité,
l’enfant a toujours été le centre d’intérêt des
chercheurs.
Ceux-ci aspirent à atténuer ses problèmes. C’est
dans ce sens que nous entendons poser notre
problématique qui est la suivante :
Quelles sont les solutions apportées par la recherche
scientifique aux problèmes pédagogiques et éducatifs,
et comment a-t-elle procédé ?
Comment les établissements scolaires ont-ils réagi à
ces résultats ?
Pour répondre à ce questionnement, nous
proposons :
1. Une contribution scientifique dans le secteur
éducatif à travers des études de terrain serait d’un
apport considérable.
2. Ces propositions permettraient de solutionner les
problèmes éducatifs et pédagogiques rencontrés dans
le milieu scolaire algérien.
Les titres des
communications :

Système éducatif et amènagement des temps scolaires en
Côte D’Ivoire. Eléments d’analyse pour instruire une
politique éducative nouvelle
Par Dr Amadou MEITE, professeur François
TESTU, Université François Rabelais de Tours
36
N°01 EducRecherche
Journée continue et rythmes scolaire de l’attention
Par le Pr. Santiago ESTAUN FERRER, Universitat
Autonoma de Barcelona, Espagne
L’étude des rythmes scolaires une réponse à l’échec
scolaire dans le système éducatif Algérien
Par Dr Louiza Marouf, Maître de conférences,
Université Mouloud Mammeri, Tizi-Ouzou ;
Dr Rachid KHELFANE, Maître de conférences,
Université Mouloud Mammeri, Tizi-Ouzou , Pr.
Ahmed DOUGA, Université d’Alger 2.
Approche développementale et typologique des rythmes
de l’attention d’enfants scolarisés de 4 à 11 ans
Par Dr René CLARISSE, Dr Nadine LE FLOC’H
& Pr François TESTU ;
EA 2114 Psychologie des âges de la vie-Université de tours,
France
Les rythmes scolaires en milieu universitaire
Par Dr Mohamed Abdelaziz, Maître de
conférences, Université d’Oran
L’ajustement entre synchroniseurs sociaux et les rythmes
de l’enfant, un facteur de réussite scolaire
Par Dr Nadine LE FLOC’H, Maître de
conférences,
Dr René CLARISSE, Maître de conférences,
EA 2114 Psychologie des âges de la vie-Université de Tours,
France.
Effet de la semaine de 4 jours et demi sur l’attention,
les comportements en classe, le sommeil et les activités
extrascolaires chez les élèves âgés de 11ans
Dr Rachid KHELFANE, Maître de conférences,
Dr Louiza MAROUF, Maître de conférences,
Université Mouloud Mammeri, Tizi-Ouzou,
Pr Ahmed DOUGA, Université d’Alger2
Manifestations Scientifiques
Le temps de l’enfant : entre école et média
Dr Christine MAINTIER, Maître de conférences,
IUFM Orléans-Tours, France
L’organisation du temps dans l’enseignement
obligatoire
Etude sur terrain du facteur temps d’enseignement
Dr Zoulikha TOUTAOUI MEBDOUA,
Université Mouloud Mammeri, Tizi-Ouzou
Ecole Normale Supérieure de Libreville, Gabon
Estime de soi et réussite scolaire, l’intérêt des actions
pédagogiques et périscolaires en direction des
populations socialement défavorisées
Pr Daniel ALAPHILIPPE Daniel, EA 2114
Psychologie des âges de la vie, Université de Tours,
France, Dr Christine MAINTIER, Maître de
conférences, IUFM Orléans-Tours, France.
Organisation des activités pédagogiques en milieu
scolaire Gabonais :cas de l’école primaire d’application
de l’ENS du Gabon
Dr Solange KIKI-MVOUAKA,
Dr Véronique Solange OKOMEBEKA,
N°01 EducRecherche
37
Contributions
CHRONOPSYCHOLOGIE ET APPRENTISSAGES
Le respect des rythmes biologiques et psychologiques de l’enfant, un enjeu éducatif
Auteurs : René Clarisse et Nadine Le Floc’h, Maîtres de Conférences, Université de Tours (France), EA 2114
“ Psychologie des âges de la vie ”
Correspondance : [email protected]
E
n matière d’apprentissage, les questions au
centre des interrogations concernent souvent
deux objets qu’il convient de différencier,
l’acte d’enseigner et la manière d’apprendre.
Ainsi, s’il revient aux enseignants d’enseigner, en
revanche, ce sont les élèves, les étudiants qui sont
concernés par l’acte d’apprendre. Les questions
posées ne sont pas de même nature, suivant l’angle
où l’on se place. L’accent et la réflexion peuvent en
effet être mis soit sur le processus d’enseignement,
soit sur le processus d’apprentissage.
Si l’on demande « Qu’est-ce qu’enseigner ? » ce sont
donc les pédagogues qui vont s’efforcer d’y répondre.
Ils nous disent comment l’enseignant peut s’y
prendre pour transmettre les savoirs. La didactique,
la science qui étudie les pratiques et les méthodes de
la pédagogie est convoquée. Si l’on pose à présent la
question « Qu’est-ce qu’apprendre? » Ce sont cette
fois, les psychologues qui s’efforcent d’y répondre. Ils
vont alors contribuer à expliquer le comportement
humain et les modes d’acquisition des connaissances.
La rencontre entre pédagogie et psychologie est
donc tout à fait essentielle. Il revient en particulier
à la psychologie de fournir des repères pour
l’action, sans jamais la dicter. C’est sous cet angle
que l’on peut également interroger l’apport de la
chronopsychologie aux questions éducatives et aux
modes d’apprentissage. La psychologie du temps
(Fraisse, 1967), dont est issue la chronopsychologie,
serait l’histoire de notre adaptation, c’est à dire de
nos conduites vis à vis du changement. La rencontre
entre l’individu et son environnement producteur
38
N°01 EducRecherche
et transmetteur de messages induit une exigence
fondamentale d’adaptation. Deux aspects sont
concernés. Le premier désigne la manière dont
nous nous adaptons à notre propre changement
interne. Le second renvoie à la manière dont nous
nous ajustons aux changements dans lesquels nous
sommes immergés. Rythmes endogènes et rythmes
exogènes deviennent ainsi objets d’études et sources
de nombreuses applications.
Contributions
Concernant les rythmes endogènes, rappelons ce
qui les caractérise et les définit. Tout d’abord, ils
existent pour eux-mêmes. Qu’il s’agisse des rythmes
biologiques ou des rythmes psychologiques, ils
sont l’expression de l’organisation temporelle
interne des êtres humains. Les rythmes endogènes
témoignent de règles d’équilibre qui leur sont
propres et avec lesquelles il faut compter puisqu’ils
conditionnent les réponses fournies aux sollicitations
environnementales. Quelques exemples issus de
travaux scientifiques permettent d’illustrer cette
affirmation.
Ainsi, dans le domaine des apprentissages

scolaires, il a pu être montré qu’un enfant sera
plus ou moins performant selon l’heure à laquelle
il est sollicité (Clarisse, Le Floc’h & Testu, 2010;
Feunteun & Testu, 1994 ; Testu, 2000 ; 2008).
La disponibilité aux apprentissages est donc pour
une part, le révélateur de l’organisation temporelle
interne des individus et les pics d’efficience diffèrent
selon les processus psychologiques mobilisés.
 Montagner (1984), adoptant une méthodologie
dérivée de l’éthologie avait étudié les comportements
de jeunes enfants dans leur milieu naturel. Il avait
alors constaté que les réactions de stress et d’anxiété
des enfants répondaient à des variations périodiques.
 De même, il a pu être vérifié chez des élèves que
l’incidence de la présence d’autrui sur les performances
à des tâches cognitives n’est pas la même selon la
nature de la tâche (simple versus complexe) et selon
l’heure de la journée (Testu, Alaphilippe, Chasseigne
& Cheze, 1995 ; Clarisse, Lefloc’h, Kindelberger &
Feunteun, 2010). Ces différents résultats suggèrent
ici que les effets des interactions sociales pourraient,
également, être sous la contrainte du facteur temps.
Favorable à certains moments, la présence d’autrui se
révèlerait pourtant défavorable à d’autres.
 Enfin, A. Reinberg en 2006 propose une revue
de questions mettant en évidence les constantes
temporelles relevées tant pour les accidents et les
erreurs en situation de travail que pour les accidents
de la route. Nous retrouvons ici les conclusions
établies par O. Reinberg, A. Reinberg, Theard et
Mechkouri (2002) à partir des traumatismes de plus
de 15 000 enfants recensés en milieu hospitalier.
Selon ces analyses, les pics des accidents chez les
enfants préscolaires et scolaires n’interviendraient pas
au hasard de la journée. Certains horaires y seraient
plus propices.
Seule l’existence d’horloges internes et d’une structure
temporelle peuvent nous permettre d’expliquer ces
différents constats. Ces rythmes endogènes vont
pourtant être soumis à l’intervention continuelle de
donneurs de temps externes, rythmes exogènes qui
s’imposent à chacun et vont générer une nécessité
d’adaptation et de changement. Parmi les messages
et signaux environnementaux, certains sont en
effet de nature temporelle. Ils nous parviennent
avec régularité ou non. Ils sont prévisibles ou non.
Ils sont d’origine naturelle ou d’origine sociale. La
question des « aménagements du temps scolaire »
appartient à la catégorie des rythmes exogènes. De
nature sociale, ces effets sur les rythmes propres
de l’enfant conservent une réelle actualité. Selon
les résultats des chercheurs, il a pu être montré
que les niveaux et les variations journalières et
hebdomadaires de l’attention des enfants, leur
disponibilité aux apprentissages se différencient
selon le type d’aménagement du temps (Challamel,
Clarisse, Levi, Laumon,Testu & Touitou, 2001;
Testu, 2008 ; Le Floc’h, Clarisse & Testu, 2010). La
longueur des week-end serait elle-même à interroger.
Lorsqu’ils sont prolongés ils accentuent l’effet de
désynchronisation et s’accompagnent d’une difficulté
à mobiliser l’attention sur les deux jours de reprises
(Delvolvé & Jeunier, 1999). Ajoutons que le temps
de l’école s’affirme aussi comme un synchroniseur
puissant pour le sommeil des enfants. Cette question
est d’importance car la privation de sommeil affecte
non seulement les apprentissages mais également les
comportements sociaux et la violence (Challamel,
2001 ; Clarisse, Testu, Maintier, Alaphilippe,
Lefloc’h & Janvier, 2004).
Ainsi, les rythmicités cognitives et conatives des êtres
humains apparaissent fortement sous la dépendance
des rythmes produits par l’environnement, quelques
enseignements sont directement à considérer en
matière d’apprentissage et de respect des rythmes de
l’enfant scolarisé.
Rythmicités journalières et apprentissages
Le profil journalier de l’efficience avait déjà été
relevé au début du siècle dernier par Gates (1916)
N°01 EducRecherche
39
sur des épreuves psychotechniques réalisées auprès
de populations scolaires. Puis, en 1926, Bourdon
avait signalé que ce qu’il nommait alors « énergie
intellectuelle » évoluait au cours de la journée.
Selon lui, elle augmenterait à partir du réveil pour
atteindre un maximum vers 10-11 heures. Une
chute se produirait vers midi soit avant soit après le
repas puis, l’énergie irait croissant, pour atteindre un
second maximum dans le courant de l’après midi et
s’affaiblirait finalement en soirée. Selon les travaux
de Testu (1994), pour une très forte majorité d’élèves
de 6 à 11 ans, les performances attentionnelles
progresseraient du début jusqu’à la fin de la matinée
scolaire, régresseraient durant la pause méridienne
(creux post prandial), puis s’élèveraient à nouveau
au cours de l’après-midi. Testu, a ainsi proposé de
nommer « profil classique », ce profil de base qui
constitue désormais un point de référence pour
vérifier le bon ajustement entre les rythmicités
propres de l’enfant et les rythmes produits par son
environnement.
Au niveau pédagogique, c’est un point de repère pour
adapter les activités aux rythmes de l’enfant et du
jeune. Les apprentissages nouveaux ou les activités
qui demandent attention et concentration seront
abordés avec plus de confort par l’enfant entre 9h30
et 11h30 en sachant que l’optimum d’attention sera
en fin de matinée. Le début de matinée et le début
d’après-midi doivent être consacrés à des activités
moins soutenues, plus familières ou maîtrisées. Un
démarrage des apprentissages au plus tôt à 9 heures
concerne les enfants autant que les adolescents
dont la structure du sommeil se modifie de façon
importante. Pour l’après-midi, une reprise d’activité
est majoritairement observée chez les enfants à partir
de 7/8 ans. Pour eux, des activités plus exigeantes
peuvent être proposées mais en respectant une pause
méridienne correctement aménagée jusqu’à 15h00
environ.
A chacun selon son rythme
Il existe bien une maturation des fluctuations
journalières de l’attention entre 4 et 11 ans.
Ce phénomène progressif se traduit par une
homogénéisation des profils de variation de l’attention
vers 10-11 ans qui contraste avec l’hétérogénéité des
profils relevée chez les plus jeunes. Il se présente alors
pour la majorité des plus âgés sous la forme du « profil
40
N°01 EducRecherche
classique » précédemment décrit. L’enfant au cours
de cette période de sa vie inverserait ses moments de
forte et de faible attention dans la journée et les plus
jeunes présenteraient une attention plus fluctuante.
Le temps de l’apprentissage doit donc être adapté
aux potentialités de chacun. La durée de la journée
travaillée par l’enfant ne peut être la même pour
un enfant de 3 ans et pour un enfant de 10-11 ans.
Enfin, tous les enfants devraient avoir plus de temps
de loisirs et de détente. L’école est aussi destinée à
éveiller et soutenir la créativité, la socialisation.
La construction de l’enfant se fait également par
ces temps libérés de toute pression et attentes de
«rentabilité scolaire ».
En vacances, « oublier le rythme de l’école »
Naturellement, c’est une des fonctions des vacances:
l’organisme doit pouvoir « oublier le rythme des
horaires scolaires » et retrouver ses droits. Il doit
pouvoir satisfaire ses besoins en sommeil et en
détente. Les vacances ne doivent pas pour autant
être le lieu d’une désynchronisation majeure qui
échappe en particulier au contrôle responsable de la
famille. Des couchers systématiquement très tardifs
et des levers différés ne sont pas souhaitables et en
particulier pour les petits.
La sieste, un besoin
Si les rythmicités biologiques et psychologiques
diffèrent selon les individus et selon le stade de
leur développement, en revanche, aucun organisme
n’échappe à ce besoin de récupération ; qu’il prenne
la forme d’une sieste, de moments d’évasion et/ou
d’inactivités. On ne répètera jamais assez que le
temps du repos est nécessaire et structurant.
La
pause méridienne, un moment critique de la
journée pour les rythmes
La pause méridienne désigne un moment
particulièrement sensible en matière de rythme
journalier. Il correspond à une période de
moindre efficience de l’organisme. La réduction
des performances observée selon les âges entre
12h00/12h30 et 15h00 fait bien partie du profil
biologique et psychologique journalier. Fort de
ce constat, l’aménagement de la pause méridienne
Contributions
apparaît donc comme une question majeure pour
qui se préoccupe du respect des rythmes de l’enfant.
Cette précaution conditionne la capacité de l’enfant
à pouvoir poursuivre dans de bonnes conditions la
suite de la journée.
Loin d’être exhaustifs, du point de vue de la
psychologie de l’éducation et de la chronopsychologie,
ces quelques points de repères nous paraissent devoir
être présents dans la réflexion scientifique autant
que pédagogique sur l’aménagement du temps de
l’enfant.
Références
-Bourdon, B. (1926). L’intelligence. Paris : Librairie Félix Alcan.
-Challamel MJ. (2001). Sleep in school-age children. Acta
Paediatrica, 468, 1-3.
-Challamel MJ, Clarisse R, Levi F, Laumon B, Testu F., & Touitou
Y. (2001). Rythmes de l’enfant. De l’horloge biologique aux
rythmes scolaires. Paris : Inserm.
-Clarisse, R., Testu, F., Maintier, C., Alaphilippe, D., Le Floc’h,
N., et Janvier, B. (2004). Etude comparative des durées et des
horaires du sommeil nocturne d’enfants de cinq à dix ans selon
leur âge et leur environnement socio-économique. Archives de
Pédiatrie, 11, 85 92.
-Clarisse, R., Le Floc’h, N., Kindelberger, C., et Feunteun, P.
(2010). Daily rhythmicity of attention in morning vs. Evening type
adolescents at boarding school under different psychosociological
testing conditions. Chronobiology International, 27(4), 1-16.
-Clarisse, R., Le Floc’h, N., et Testu, F. (2010). Approche
différentielle des rythmicités journalières de l’attention de l’enfant
de 4 à 11 ans. In A. de Ribaupierre, P. -Ghisletta, T. Lecerf et J-L.
Roulin (Eds.), Identité et spécificités de la psychologie différentielle
(pp.277-282). Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
-Fraisse, P. (1967) Psychologie du temps. Paris : PUF.
-Gates, AI., (1916). Variations in efficiency during the day, together
with practice effects, sex differences, and correlations. University of
California Publications in Psychology 2, 1-156.
-Le Floc’h, N., Clarisse, R., et Testu, F. (2010). Synchroniseurs
sociaux et rythmicités attentionnelles de l’enfant : perspective
différentielle. In A. de Ribaupierre, P. Ghisletta, T. Lecerf et J-L.
Roulin (Eds.), Identité et spécificités de la psychologie différentielle
(pp.323-327). Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
-Montagner, H. (1984). L’enfant et la communication. Paris :
Stock, Laurence Pernoud
-Reinberg, A. (2006, novembre). Chronobiologie et accidents.
Colloque développement de l’individu et intégration : difficultés
et enjeux tout au long de la vie, Institut de Recherche pour le
Développement et l’Intégration (IRDI), Université de Tours, Tours.
-Reinberg O., Reinberg, A., Téhard, B., et Mechkouri, M. (2002).
Accidents in children do not happen at random: Predictable
time-of-day incidence of childhood trauma, Chronobiology
International, 19 (3), 615-631
-Testu, F. (1994). Quelques constantes dans les fluctuations
journalières et hebdomadaires de l’activité intellectuelle des élèves
en Europe. Enfance, 4, 384-400.
-Testu, F. (2000). Chronopsychologie et rythmes scolaires
(4ème éd). Paris : Masson.
-Testu, F. (2008). Rythmes de vie et rythmes scolaires. Paris :
Masson.
-Testu, F. Alaphilippe, D., Chasseigne, G., & Chèze, M.T. (1995).
Variations journalières de l’activité intellectuelle d’enfants de
10-11 ans en fonction de conditions psychosociologiques de
passation d’épreuves. L’Année Psychologique, 95, 247-266.
-Delvolvé, N., et Jeunier, B. (1999). Effets de la durée du weekend sur l’état cognitif de l’élève en classe au cours du lundi, Revue
française de Pédagogie, 126, 111-120.
-Feunteun, P., et Testu, F. (1994). Chronopsychologie:
fluctuations des performances à l’école primaire dans une
épreuve de compréhension des formes passives réversibles. L’année
psychologique, 94, 575-592.
N°01 EducRecherche
41
CONCILIER LES TEMPS DE
L’ECOLE, DES ELEVES ET DE
LA FAMILLE, DES QUESTIONS
SCIENTIFIQUES POUR DES
QUESTIONS DE SOCIETE?
Auteurs : Nadine Le Floc’h et René Clarisse Maîtres
de Conférences, Université de Tours (France) EA 2114
«Psychologie des âges de la vie»
Correspondance : [email protected]
D
ire que l’enfant est un être global, qu’il se
développe dans tous ses moments et dans
ses lieux de vie est presque devenu une
banalité en matière éducative. Pourtant, il
n’est pas sûr que tout ait encore était dit et surtout
que tout était fait en particulier concernant les
aménagements des temps de vie de l’enfant.
Ce préalable de la complémentarité éducative a
évidemment des conséquences importantes en
matière éducative mais il en a aussi dans l’étude
des rythmes psychologiques de l’enfant. Ainsi, des
travaux antérieurs ont déjà montré que l’efficacité
des aménagements des temps scolaires pouvaient être
sérieusement optimisée ou fragilisée selon la qualité
des aménagements du temps péri et extra scolaire. Le
temps de l’enfant est un temps global qui est fait d’un
bon équilibre entre les différents facteurs agissants.
Ces constats ne pouvaient qu’inciter à poursuivre les
travaux sur les rythmes de l’enfant en s’intéressant
d’un peu plus près à la manière dont s’harmonisent
les temps de l’enfant, ceux de la famille et ceux du
travail parental. C’est le questionnement auquel nous
nous sommes livrés en sollicitant la contribution des
parents et des enfants.
 La complémentarité éducative : un vécu pour
l’enfant
Selon des travaux de Feunteun (2000), nous savions
déjà que l’amplitude de la journée consacrée à l’école
intégrant temps de transport, temps de restauration,
accueil, étude ou travail du soir présentait une durée
critique autour de la valeur de 10 heures par jour
pour des enfants de 6 à 11 ans. Ainsi, les élèves qui ont
42
N°01 EducRecherche
les journées les plus longues présentent en situation
scolaire, une chute importante des performances sur
une grande partie de l’après-midi contrairement à
leurs camarades qui eux, sont disponibles pour une
reprise des apprentissages après 15H. La disponibilité
aux apprentissages devrait donc compter avec la durée
des journées. Prolongeant les travaux de Feunteun,
nous avons investi les questions suivantes: Comment
s’établissent les liens entre le temps de l’enfant et le
temps de travail parental ? L’amplitude de la journée
de travail parental, le temps familial journalier dont
dispose l’enfant aurait-il des effets sur sa disponibilité
aux apprentissages pendant sa journée de classe ?
 Journée de l’enfant et journée de travail
parental, des liens forts et des seuils
critiques
Des premiers résultats recueillis auprès de 305 familles
ayant des enfants âgés de 4 à 10 ans scolarisés vont
nous permettre de répondre à la première question.
Ils montrent :
Une influence forte de la journée de travail
parental
Pour tous les enfants, la longueur de la
journée en dehors de la maison est fortement
en lien avec l’amplitude de la journée de
travail parental en dehors de la maison.
Un lien plus fort pour le jeune enfant
Les enfants les plus jeunes sont le plus
exposés quelle que soit la Catégorie Socio
Professionnelle (CSP) parentale. L’amplitude
de leur journée est principalement en lien
avec celle de leur mère.
Un lien plus fort pour la CSP parentale «
employés ou ouvriers ».
A partir de l’école élémentaire, l’amplitude de la
journée des enfants de CSP cadres et professions
intermédiaires s’affranchit de la journée de travail
parental suggérant des réseaux de soutien éducatif en
relais.
Une organisation parentale à deux à partir
du Cours Préparatoire (6 ans)
Contributions
Si le temps de l’enfant de maternelle est
en lien fort et quasi exclusif avec le temps
de travail de la mère, à partir du début de
primaire, une organisation se met en place
entre le père et la mère pour la prise en charge
des enfants avant et après la classe.
Un lien plus fort pour les structures
monoparentales
Quel que soit l’âge des enfants et quelle que
soit la CSP occupée par le parent qui a la
garde de l’enfant, l’amplitude de la journée de
travail parental expose très fortement l’enfant
à de longues journées.
élevée. Cet effet est vérifié pour chaque moment
de la journée analysé séparément (figure 1). De
même, plus la journée de travail parental s’allonge
moins les rythmicités journalières sont présentes.
Pour les enfants scolarisés en fin d’école élémentaire,
contrairement aux plus jeunes, si les mêmes
tendances apparaissent, les différences ne sont pas
significatives. On retient donc l’existence d’un seuil
critique à respecter mais aussi d’une maturation de
l’enfant qui le rend plus adapté à des journées plus
longues en dehors de la famille
 Amplitude de la journée de travail parental,
quels effets pour l’enfant ?
Une deuxième étude va nous permettre d’évaluer
l’incidence du temps de parental journalier dont
l’enfant dispose sur son attention en classe.
Participants :
299 élèves scolarisés en début de primaire (6-7 ans)
et en fin d’école élémentaire (9-10 ans) et leurs deux
parents
Mesures: - Epreuves de barrage, passées quatre fois par jour
(début et fin de matinée, début et fin d’après-midi)
et quatre fois dans la semaine (lundi, mardi, jeudi et
vendredi).
- L’amplitude de la journée de travail du couple
parental (AJWCP) a été recueillie par questionnaires
et permet de constituer trois groupes contrastés
à partir des valeurs des quartiles (amplitude basse,
moyenne, élevée). Elle fournit en mesure inverse
le temps parental journalier dont l’enfant dispose
chaque jour auprès de son père et/ou de sa mère
sous l’effet de l’organisation du travail de ses deux
parents et des conciliations mises en place au sein de
la famille.
Figure 1. Niveaux et variations journalières de
l’attention d’enfants de début d’élémentaire selon
l’amplitude de la journée de travail du couple
parental (AJWCP)
La même analyse effectuée tout au long de la semaine
indique à nouveau des effets différenciés selon l’âge
des enfants. Chez les plus jeunes, les deux groupes
extrêmes (durée de travail parental journalier élevé
versus court) se distinguent significativement au
bénéfice des enfants dont les parents parviennent
à préserver le plus de temps avec leurs enfants. Les
performances sont meilleures et l’effet se vérifie pour
chaque jour de la semaine (figure 2). Pour les enfants
scolarisés en fin d’élémentaire, les performances
des enfants progressent régulièrement pour tous les
enfants du lundi au vendredi.
Résultats : Pour les enfants les plus jeunes, le niveau
moyen des performances est significativement moins
bon lorsque la durée de travail parental est la plus
N°01 EducRecherche
43
Amplitude de la journée de l'enfant
620
Durée de travail parental faible
600
Durée de travail parental élevée
580
560
540
520
500
480
460
8h30 à16h30
9h00 à 17h15
Organisation du temps scolaire journalier
Figure 2. Niveaux et variations hebdomadaires de
l’attention d’enfants de début d’élémentaire selon
l’amplitude de la journée de travail du couple
parental (AJWCP)
En résumé : L’amplitude de la journée de travail
parental a un effet sur les performances attentionnelles
des enfants les plus jeunes. Les résultats suggèrent
un temps de présence parental journalier nécessaire
et des seuils critiques à préserver à tous les âges. La
synchronisation des rythmes de l’enfant serait sous
la dépendance de l’existence d’un temps familial
journalier d’autant plus nécessaire qu’il est jeune.
 Temps scolaire et organisation du travail
parental, le bon ajustement ?
Nous avons souhaité comparé deux aménagements
du temps scolaire : l’un mettait en place un horaire
journalier débutant à 8h30 et finissant à 16h30 et
l’autre commençait à 9h00 et s’achevait à 17h15.
Ces derniers horaires, plus inhabituels dans le
système scolaire français, mettent en application
une préconisation régulière des chronopsychologues
(Chalamel et al., 2001), en particulier, commencer la
classe et les apprentissages plus tard dans la matinée
(surtout pour les petits) et décaler les horaires du
soir afin de profiter chez les plus grands de la reprise
d’activité de fin d’Après midi. Selon ces résultats,
l’aménagement journalier de 8h30 à 16h30 va
amplifier significativement la journée des enfants et
tout particulièrement ceux dont les parents ont de
longues journées de travail (figure 3).
44
N°01 EducRecherche
Figure 3. Amplitude moyenne de la journée de
l’enfant selon l’organisation du temps scolaire
journalier et l’amplitude de la journée de travail
parental.
Cet effet est présent pour tous les enfants. L’analyse
plus précise montre que si, dans leur majorité, les
parents arrivent à concilier un début de classe à 9h,
par contre ce n’est pas le cas des horaires de fin de
classe à 16h30. Si l’on souhaite préserver des journées
plus courtes aux enfants, un aménagement du temps
scolaire journalier de 9h00 à 17h15 produit ainsi
un meilleur ajustement avec l’organisation du travail
parental. L’harmonisation des rythmes de vie sociaux
concorderait ici avec les préconisations des experts.
Conciliation
professionnel :
rôle
parental
et
rôle
Parmi 305 familles interrogées, 45% de familles de
Catégorie Socio Professionnelle employés/ouvriers
(CSP) déclarent rencontrer assez fréquemment à
fréquemment des difficultés pour concilier l’accueil
des enfants et leur organisation de travail. Ce nombre
est encore de 28% pour les familles de CSP cadres
et professions intermédiaires. L’expression de ces
difficultés est similaire pour les CSP quand les enfants
sont jeunes, puis quand l’enfant grandit elles sont
plus souvent décrites chez les ouvriers et employés
que chez les cadres et professions intermédiaires. Les
familles qui déclarent avoir le plus fréquemment de
difficultés pour l’accueil des enfants sont aussi celles
qui utilisent le plus souvent les accueils collectifs (en
Contributions
journée, le mercredi, pendant les petites et les grandes
vacances). Selon nos précédents résultats (Le Floc’h,
Clarisse, Testu & Kindelberger, 2005), la difficulté
à concilier rôle parental et rôle professionnel est
un facteur de stress largement présent en milieu
professionnel. Il est également partagé par le père
et par la mère, mais significativement plus présent
chez les employés et ouvriers que chez les cadres et
les professions intermédiaires et pose clairement la
question des soutiens éducatifs dont on dispose. Le
stress professionnel parental est lui-même un facteur
incident sur l’attention des enfants en classe (Le
Floc’h, Clarisse, & Testu, 2009).
Il faudra donc conclure de ces différents éléments
que :
Les journées trop longues pénalisent les enfants
dans leurs apprentissages
Plus l’enfant est jeune, plus ces effets sont vérifiés
Le choix de l’aménagement du temps scolaire
journalier interagit avec le temps de travail
parental et les mauvais choix rallongent les
journées des enfants les plus exposés aux longues
journées
l’accessibilité et la qualité des accueils éducatifs
en dehors du temps scolaire sont des impératifs
pour l’enfant mais aussi pour les parents.
 les rythmes psychologiques des enfants pendant
leur journée de classe et pendant la semaine sont
sous l’effet de l’amplitude de la journée de travail
parental et de l’organisation du travail parental.
La mise en garde faite en 1996 par Testu (1996)
quant à l’usage ordinaire du concept de rythmes
scolaires reste toujours d’actualité. Deux définitions
sont toujours à distinguer :
La première concerne la définition des rythmes
propres de l’enfant, ces rythmicités sont biologiques,
physiques et psychologiques.
La seconde, est une rythmicité environnementale,
induite par l’environnement.
Les rythmes de l’enfant ne s’aménagent pas, ils
disent les nécessités mais il est possible d’aménager
les rythmicités environnementales.
Références
- Challamel MJ, Clarisse R, Levi F, Laumon B, Testu F, &
Touitou Y.(2001). Rythmes de l’enfant. De l’horloge biologique
aux rythmes scolaires. Paris : Inserm.
- Feunteun, P. (2000). Fluctuations journalières de la vigilance
en milieu scolaire chez des élèves de 6 à 11 ans. Effets de l’âge
et du niveau scolaire; effets de synchroniseurs sociaux, Revue de
Psychologie de l’Education, 1, 75-91.
- Le Floc’h, N., Clarisse, R., Testu, F. zt Kindelberger, C. (2005).
La conciliation des rôles professionnels et parentaux, un facteur
de stress professionnel : construction et première validation d’une
échelle de mesure, Revue Européenne de Psychologie Appliquée.
55. 9-20.
- Le Floc’h, N., Clarisse, R., et Testu, F. (2009). Ajustement
rôle parental et rôle professionnel, un synchroniseur externe des
rythmes attentionnels de l’enfant, Pratiques psychologiques,
15,173-189.
- Testu, F. (1996). Les rythmes scolaires, la nécessité d’une
clarification psychologique, L’année de la recherche en sciences de
l’éducation, 96, 155-168.
N°01 EducRecherche
45
DE LA GESTION DES TEMPS
EDUCATIFS AU RESPECT DES
RYTHMES DE VIE DES ELEVES
Auteurs : Amadou MEITE. Université François
Rabelais de Tours 3, rue des Tanneurs
Introduction
L
es calendriers scolaires, les temps de l’école et
de vie des enfants sont structurés en fonction
de l’évolution de notre société, selon les
besoins sociaux, politiques et économiques.
Aujourd’hui, les adultes concernés par l’éducation
des enfants, à savoir les parents, les enseignants,
les éducateurs, les responsables des mouvements
associatifs, en proposant de nouveaux emplois du
temps, de nouveaux calendriers veulent centrer leur
politique éducative sur l’enfant, son développement
personnel, sa réussite scolaire, son intégration dans
la communauté ainsi que ses rythmes de vie. De
plus, les études chronopsychologiques indiquent que
l’efficience cognitive de l’élève subit des variations
journalières et hebdomadaires (Leconte-Lambert,
1991 ; Testu; 2008). Autrement dit, les élèves
présentent de fortes capacités à certains moments et
de faibles capacités à d’autres moments. Il est donc
indispensable de prendre en compte cette dimension
chronopsychologique dans l’aménagement des temps
scolaires, périscolaires et extrascolaires.
Aménagement des temps scolaires,
périscolaires, extrascolaires et système
éducatif
Les aménagements des temps éducatifs, de façon
générale, se présentent sous trois organisations
distinctes: les temps scolaires, périscolaires et
extrascolaires.
Le temps périscolaire est le temps qui encadre le
temps de classe (Penin, 1998). Il s’agit de l’accueil
du matin (7h30 à 9h), de l’interclasse au moment
du déjeuner (13h à 14h), de l’accueil du soir après la
classe (16h30 à 18h30). Les espaces mis à disposition
pour l’accueil périscolaire, le plus souvent dans les
locaux scolaires, sont adaptés à l’effectif, à l’âge des
46
N°01 EducRecherche
enfants et aux activités proposées. Ce sont des espaces
de jeu, de repos, de restauration pour la préparation
des petits déjeuners et des goûters ainsi que des
espaces pour les activités manuelles. Les temps
périscolaires sollicitent souvent des intervenants
extérieurs et génèrent des activités soit en lien avec
le travail scolaire soit des activités spécifiques. Les
activités proposées sont souvent organisées selon
plusieurs axes principaux, notamment la détente
(repos et activités calmes axés sur les jeux de société,
dessins, lecture), la découverte (ateliers bricolage) et
le défoulement (jeux d’extérieur).
Contrairement au temps périscolaire, le temps
extrasolaire correspond aux demi-journées et aux
journées sans école (mercredi, samedi et dimanche)
dans une semaine de classe ordinaire ainsi que les
vacances scolaires et les congés. Les enfants sont
accueillis dans des centres de loisirs situés dans les
locaux scolaires. Ils peuvent aussi bien y rester, les
mercredis, la journée (9h à 17h) que la demi-journée
(de 9h à 12h ou de 14h à 17h). Beaucoup de sorties
et d’animations sont proposées : activités manuelles,
artistiques, visite d’artisans, d’expositions, de
cirques… De courts séjours sont également proposés
pendant les vacances scolaires. L’équipe chargée de
l’encadrement s’attache à faire vivre les enfants au
rythme des saisons, un rythme qui correspond le
mieux à leurs aptitudes et leur physiologie. Ce temps
est également de la responsabilité de la famille, qui
est elle-même un des donneurs de temps majeurs de
rythmes de vie pour les enfants que Ghata (1991)
nommait les donneurs de temps familiaux. Ceux-ci
concernent les plages de temps libre commun pour
la famille, l’accomplissement des activités de loisirs,
à l’échelle de la journée et de la semaine…
Temps péri et extra scolaires sont des donneurs
de temps de vie qui influencent anormalement
l’organisation de la vie de l’enfant. Les travaux
d’évaluation des aménagements du temps global ont
permis de mettre en évidence l’effet modérateur des
aménagements péri et extra scolaires sur les relations
entre la zone d’éducation (Zone d’Education
Prioritaire ou ZEP) versus non prioritaire/attention
et sommeil (Leconte et Lambert, 1994 ; Testu, 1993).
Les temps scolaires pourraient également constituer
des synchroniseurs très puissants susceptibles de
Contributions
moduler les rythmes journaliers ou hebdomadaires
des élèves. Les synchroniseurs concernent
l’organisation du temps pédagogique, du système de
fonctionnement de l’école mais aussi de la durée de
la journée scolaire.
Les études portant sur l’aménagement et la
répartition horaire de l’établissement distinguent
les organisations en quatre jours par semaine ou en
quatre jours et demi avec le mercredi matin travaillé
ou le samedi matin travaillé (Leconte et Lambert,
1995 ; Le Floc’h, 2005). Ces études ont montré
que l’aménagement en 4 jours et demi avec samedi
matin travaillé présente une légère supériorité sur
l’aménagement en 4 jours et demi avec mercredi matin
travaillé qui est lui-même plus adapté que celui en
quatre jours. Concernant l’aménagement en quatre
jours par semaine, il apparaît que les performances
des élèves varient au cours de la journée et que les
débuts de matinée et d’après-midi correspondent à
la fois aux moments de fatigue et aux moments de
faibles performances attentionnelles. Bien entendu,
ces résultats sont modifiés quand il y a classe le
mercredi (Testu, 1994). Encore faudra-t-il tenir
compte de l’âge, la nature et le degré d’habituation à
la tâche à effectuer. Au surplus, ces études indiquent
la supériorité du jeudi ainsi que celle du vendredi sur
le lundi et le mardi (Testu, 2000). Le lundi, phase de
désynchronisation par rapport à l’emploi du temps
du week-end et phase de resynchronisation par
rapport à l’emploi du temps scolaire, serait plus ou
moins vécu. Cette rupture dans la rythmicité n’existe
pas le jeudi, jour suivant le congé de mercredi. Il
semble que, le mercredi, à la différence du samedi
après-midi et du dimanche, les enfants ne seraient
pas soumis aux rythmes de vie des parents. Ils seraient
accueillis dans des centres de loisirs, des associations
ou des clubs.
Aménager les temps scolaires, périscolaires,
extrascolaires pour quoi ? Pour qui ?
d’expérimentation de ses connaissances et une
expérience de la vie collective. Il en est de même
pour le temps extrascolaire qui, à travers les activités
organisées, permettent à l’enfant de surmonter
sa timidité, de canaliser son trop plein d’énergie,
de découvrir et de mieux connaître son corps, de
s’exprimer et d’acquérir des compétences nouvelles.
Par ailleurs, ces temps éducatifs constituent le
moment d’un échange fructueux entre enfants l’enfant fait l’expérience des mixités sexuelles, sociales,
générationnelles et culturelles- ; entre enfants et
adultes ; entre l’équipe éducative et les parents pour
échanger sur les rythmes et le comportement de leurs
enfants ; entre l’équipe éducative et les enseignants
pour assurer une cohérence entre les différents
moments de la journée…
La mise en place de ces temps libres profite non
seulement aux enfants mais aussi aux parents, pour
qui il n’est pas toujours simple de faire garder leur(s)
enfant(s) le mercredi et le samedi matin quand ils
travaillent.
conclusion
Aux côté de l’école, les temps péri et extra scolaires
constituent des moments éducatifs et sociaux. Ces
temps libres sont indispensables à l’équilibre et au
bon développement de l’enfant (Saada, 2007). Il
est donc pertinent de créer, dans les écoles, un service
public de l’animation périscolaire diversifié, adapté
à leurs besoins, contribuant à leur développement,
à leur épanouissement, à leur autonomie et à leur
socialisation. L’aménagement des temps scolaires est
également à considérer en ce sens que le cadre temporel
déterminé par l’institution scolaire peut, lorsqu’il est
peu compatible avec les variations cognitives de l’enfant,
agir sur les processus d’apprentissage (Beugnet-Lambert
et coll., 1988; Testu, 1998).
L’objectif de l’aménagement des temps éducatifs
est d’assurer à tous les enfants une éducation de
qualité. Entre le temps passé en classe et celui passé
en famille, les temps périscolaires représentent
des moments éducatifs à part entière et constitue
un enjeu essentiel pour enrichir la vie de l’enfant,
stimuler son développement en lui offrant un champ
N°01 EducRecherche
47
REUSSITE SCOLAIRE ET
CHRONOPSYCHOLOGIE AU
GABON
Auteur : Dr. Véronique Solange OKOME BEKA,
Maître Assistant (CAMES)
Ecole Normale Supérieure de Libreville Gabon
Si la chrono psychologie peut être considérée comme
une science qui étudie le comportement, les rythmes
scolaires et les variations de l’activité intellectuelle
c’est qu’elle cherche à favoriser la réussite des
apprenants. Pour le professeur Hubert Montagner,
l’aménagement du temps scolaire n’a de sens que s’il
repose sur deux fondements :
 il doit nécessairement s’enraciner dans l’alternance
du jour et de la nuit (la photopériode, c’est-à-dire
la durée du jour par rapport à la durée de la nuit,
est un synchroniseur majeur des rythmes biologiques
de l’Homme. C’est un facteur universel et donc
“incontournable”) ;
 il ne doit pas être à contretemps ou à contre phase
des rythmes biologiques de l’enfant-élève quels que
soient l’âge et aussi le lieu d’habitation, la catégorie
sociale et la culture de la famille.
Dans un rapport que nous pouvons considérer
comme le premier plaidoyer de la chrono
psychologie, Montagner recommande avec force la
réduction du temps scolaire. Car pour lui, l’échec
ou la baisse de rendement chez les jeunes trouve sa
principale cause dans l’allongement à l’infini des
activités pédagogiques et la mauvaise gestion du
temps scolaire.
En effet, il part du principe que les rythmes essentiels
des humains sont circadiens. Le temps fort et le temps
faible de chaque rythme reviennent périodiquement
toutes les 24 heures. Il y a aussi des rythmes rapides
(ou ultradiens), par exemple, le rythme cardiaque
(en moyenne 70 battements par minute), le rythme
respiratoire ou encore les fluctuations de la vigilance
au cours de la journée. Enfin, il y a des rythmes lents
(ou infradiens) dont la période est d’environ une
semaine, un mois (cycle ovarien), une ou plusieurs
années.
48
N°01 EducRecherche
Cependant, s’agissant de l’enfant, il n’existe aucune
rythmicité dont la période soit d’une semaine ou
d’environ une semaine. En effet, aucun enfantélève ne peut mobiliser ses capacités d’attention, ses
capacités de traitement de l’information, ses capacités
de mémorisation et ses ressources intellectuelles
pendant 6 heures de temps contraint, c’est-à-dire,
à l’école élémentaire, 5 heures à 5h.30 de temps
pédagogique et 1h. à 1h.30 de récréation (le moment
de la récréation étant aussi un temps contraint pour
beaucoup d’enfants, notamment ceux qui redoutent
les chocs, les chutes, les agressions, les rejets, les
exclusions des autres…)
En partant de ces réalités et dans l’intérêt supérieur
des enfants et de leur famille (quelles que soit la
catégorie sociale, la culture et les origines ethniques),
Montagner propose un aménagement du temps
scolaire qui repose d’abord sur des modifications
Contributions
de la journée scolaire du lundi au vendredi inclus.
Celles-ci tiennent compte essentiellement des
rythmes circadiens des enfants-élèves.
En prenant en considération les dysfonctionnements
du système éducatif gabonais, nous voulons voir,
s’il est possible à partir d’une approche chrono
psychologique, de fomenter la réussite scolaire au
Gabon.
Enquête sur le terrain Le Lycée d’Application Nelson Mandela a été choisi
comme terrain d’expérimentation parce qu’il est
l’établissement d’application de l’Ecole Normale
Supérieure de Libreville.
Analyse des résultats
Au Lycée d’Application Nelson Mandela le taux de
réussite est de 66.57%, le taux de redoublement est
de 23, 94%, pour diverses raisons, 9,62% sont exclus.
Ces résultats ont été confrontés aux conditions de
vie des élèves auprès desquels l’enquête a été réalisée.
Les éléments considérés sont : le lieu d’habitation,
l’heure de sommeil, l’heure de réveil, la prise et le
lieu du petit déjeuner, le mode de transport, le lieu
du déjeuner.
A partir de ces données, le premier constat révèle
que l’apprenant gabonais, en l’occurrence celui du
Lycée d’Application Nelson Mandela, étudie dans
les conditions déplorables. Les résultats obtenus
suggèrent que cette situation particulière peut être
à l’origine du faible taux de réussite des élèves de cet
établissement.
Sur l’organisation des activités pédagogiques,
51,06% déclarent éprouver de la fatigue entre
11h et 15h. Ils critiquent également l’organisation
de l’emploi du temps, ils jugent inadéquate la
planification des cours quant aux horaires d’EPS.
Dans les 5 classes de 3ème, le cours d’EPS est placé
N°01 EducRecherche
49
à la première heure le mercredi de 7h30 à 9h15. Vu
le manque d’infrastructures appropriées, les élèves
déplorent le fait qu’ils doivent rester toute la journée
sans prendre de douche, sentant toute la sueur du
sport. Les enseignants, qui interviennent à partir
de la deuxième heure, c’est-à-dire après le cours de
sport, dénoncent la baisse de l’attention des élèves
qui dorment ou qui baillent parce qu’ils sont fatigués.
de classe, goûter pédagogique, activités sportives
et artistiques, étude avec aides méthodologiques)
diverses mises en place dans les écoles françaises
déclarées Zones d’Education Prioritaires (ZEP)
comme celles de la Dole ont eu pour base la
satisfaction des besoins de l’enfant et en particulier
le respect de ses rythmes chrono psychologiques
(Testu, colloque Tizi Ozou mai 2011).
Sur les rythmes biologiques, l’enquête révèle que
67,02% se couchent tardivement, après 22 heures,
et se lèvent très tôt avant 5h du matin, ceci à cause
de l’éloignement entre le lycée et le lieu d’habitation.
De manière générale, ces jeunes, qui vont passer de
longues journées sans repos au lycée dorment juste
quelques 7h. Ce déficit d’heures de sommeil souligne
le problème de la carte scolaire (63,83% habitent loin
du lycée) et celui du manque de transport scolaire
(55,32% prennent le taxi).
Il est donc primordial de donner du sens aux
activités des élèves. Car l’aménagement des temps
et des activités pédagogiques apparaît désormais
comme une variable incontournable, un enjeu dans
la réussite pour 1’épanouissement des élèves.
Les questions portant sur les jours et les heures de
motivation ont reçu des réponses assez variées. La
même réaction est observée lorsqu’on aborde celle
des horaires des matières dites fondamentales telles
que le français, les mathématiques ou la physique.
Sur la vigilance et la motivation, l’enquête révèle
que près de 100% d’élèves sont plus vigilants et
performants avant la récréation de 10h et en début
de semaine, c’est à dire lundi, mardi et mercredi.
Cette étude préliminaire, qui établit un lien entre le
taux de réussite et les conditions de vie des élèves,
ouvre la voie à un débat qui n’existe encore pas au
Gabon sur les rythmes scolaires.
Interprétation
En milieu scolaire, les activités pédagogiques ont pour
objectif prioritaire la réussite de l’élève. En général,
les différentes approches, faites sur l’organisation
de ces activités, cherchent à adapter de manière
permanente l’action de l’enseignant afin d’améliorer
les performances de l’élève.
L’aménagement des temps génère un meilleur
équilibre au travail de l’ensemble des acteurs (adultes et
enfants) qui œuvrent dans une école. C’est pourquoi,
l’opinion des enseignants, des enfants et des parents
dans l’évaluation de l’environnement pédagogique
est nécessaire. Ainsi, les transformations (horaires
50
N°01 EducRecherche
A partir de là, la chrono psychologie peut se poser
comme l’unique alternative pour la réussite scolaire
aujourd’hui. Les résultats des études de Montagner
et de Testu (Testu conférence inaugurale, colloque
Tizi Ozou mai 2011) montrent que l’on ne peut pas
« faire n’importe quoi, n’importe quand et n’importe
comment.»
Le taux de réussite et les conditions de vie des
élèves du lycée d’Application Nelson Mandela
(notre établissement d’enquête) montrent un lien
étroit avec les rythmicités biologiques, notamment
celles qui ont trait au sommeil et à la veille, et qui
témoignent des états de fatigue ou non.
L’aménagement du temps scolaire (ATS) est
une notion très récente, elle n’est pas encore
prise en compte au Gabon. Pourtant, quelques
aménagements ont permis de garder la semaine de 5
jours. Le mercredi après-midi au primaire est libéré,
mais au secondaire, il est souvent réservé aux activités
parascolaires (sportives et socioculturelles). Mais
beaucoup d’établissements du secondaire utilisent le
samedi matin pour rattraper les cours trop souvent
interrompus par les incessantes grèves et les débuts
tardifs des années scolaires . De ce fait et malgré la
déclaration officielle du samedi comme journée libre,
de nombreux établissements organisent des activités
pédagogiques ou socioculturelles le samedi matin.
De façon générale, les modifications apportées
concernent le calendrier annuel. Quant aux horaires,
le début des classes est prévu pour 7h30. Or, comme
nous l’avons noté, au Gabon et particulièrement à
Libreville où l’étude est menée, il n’existe aucune
Contributions
organisation du transport urbain. La SOGATRA
(Société Gabonaise de Transport) qui assure le
transport en commun est bien défaillante et ne
dessert pas toute la zone urbaine. Compte tenu de
l’absence totale de la carte scolaire, cette défaillance
a de graves répercussions sur le fonctionnement et
rendement scolaires. En effet, tous les établissements
signalent un fort taux d’absences à la première heure.
Ces absents qui, en réalité, sont les retardataires (les
enseignants et leurs élèves) ont fini par développer le
phénomène que nous avons dénommé : « la culture
du retard». Pour un système éducatif qui se veut
efficace, ce manquement est un sérieux coup de
frein au rendement scolaire des jeunes gabonais. Il
démontre que la note obtenue en classe n’est pas la
seule raison qui explique l’échec scolaire.
Face à cela et en tenant compte des avancées de la
chrono psychologie, est-il possible d’envisager les
aménagements des rythmes scolaires au Gabon ?
Perspectives
En dehors du sempiternel manque d’infrastructures
scolaires, nous comprenons que pour favoriser la
réussite scolaire au Gabon, la politique éducative
doit prioriser la recherche en éducation. Celle-ci
permettrait de dégager des voies comme celle de la
chrono psychologie qui, aujourd’hui, se pose comme
une alternative viable, tant elle place l’apprenant au
centre des préoccupations scolaires.
Sachant le manque de carte scolaire et la non existence
d’un système de transport scolaire, nous proposons
quelques aménagements qui peuvent conduire à
une meilleure gestion des rythmes scolaires dans le
système éducatif gabonais :
la suppression du début des cours à 7h30 pour
tendre vers une harmonisation à 8h pour tous les
établissements,
la prise en compte de l’état de fatigue récurrent
exprimé par les élèves en début de matinée en
adaptant les activités de la première heure,
la sensibilisation des familles quant à la
chronobiologie et à l’hygiène de vie chez leurs
enfants,
la suppression d’une récréation en matinée afin
d’avancer celle de l’après midi à 15h10,
l’arrêt des cours à 12h, compte tenu des grandes
chaleurs de midi qui caractérisent le Gabon
pendant l’année scolaire et qui en même temps
sont source de fatigue, d’endormissement et de
baisse de l’attention au cours de la dernière heure,
l’organisation des activités parascolaires,
ludiques et de plein air (découverte de sites et de
parcs écologiques), des sorties en ville (visites de
musées et de monuments historiques…),
Enfin, pour la réussite de l’aménagement du temps
scolaire au Gabon, il est judicieux de rappeler le
code de déontologie recommandé par les équipes des
professeurs Montagner et Testu :
 respect du nombre de période de travail (5) et
du nombre de congés (4);
 les petites vacances doivent avoir une durée
minimum de dix jours;
N°01 EducRecherche
51
le volume d’enseignement annuel (936h)
ainsi que les répartitions horaires par groupe de
disciplines sont inéchangeables;
la durée de la journée de classe ne doit pas
excéder 6h;
le nombre hebdomadaire de jours de classe ne
peut être supérieur à 5;
le volume d’heures d’enseignement dans la
semaine ne pourra excéder 27h.
- L’Inspecteur d’académie fixe les heures d’entrée
et de sortie (art 27 loi de décentralisation de
1983), le maire peut modifier ces heures en raison
de circonstances locales.
Dans le cas du Gabon, la prise en compte de ces
préalables est bien nécessaire au moment d’engager
une réflexion sur la réussite scolaire, vu le manque
d’emprise de l’état et de contrôle pédagogique sur
la pléthore d’établissements privés laïcs présents sur
toute l’étendue du territoire national.
Conclusion
Le projet de transformation de l’école gabonaise
implique une réflexion profonde. Malgré, une
mobilisation effective des décideurs politiques
gabonais, les différents Etats Généraux (1983,
2010), forums (juin 2011) sur l’éducation et autres
rencontres au sommet semblent reproduire un
même schéma, qui met en avant l’échec caractérisé
du système éducatif.
En outre, malgré une certaine recherche en
éducation qui clame le changement de paradigmes,
le passage à l’acte reste toujours peu convainquant.
En conséquence, les problèmes éducatifs et de
formation se sont même aggravés tout au long de
ces trois dernières décennies.
Or, l’essor économique d’une société dépend avant
tout de la qualité de son système éducatif. C’est
pourquoi, lorsque celui-ci est en crise, il y a des
répercussions systématiques sur la vie sociale du
pays. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si
la réforme de l’école est nécessaire au Gabon, mais
plutôt comment y arriver ?, quelles stratégies adopter
pour faire du système éducatif gabonais un système
productif ?
52
N°01 EducRecherche
La volonté politique agissante doit pouvoir envisager
des voies de remédiation. Aujourd’hui la chrono
psychologie semble la plus indiquée. A partir de cette
perspective, les spécialistes de l’éducation au Gabon
sont invités à prendre part à ce débat scientifique qui
s’engage vers une nouvelle révolution scolaire.
Celle-ci va jouer un rôle sur l’amélioration de l’école,
elle-même en lien avec la société (sa dynamique).
Aussi, c’est l’ensemble de ces éléments qui pourront
favoriser la redéfinition des finalités et objectifs, en
tenant compte des impératifs économiques, sociaux,
culturels et politiques. De ce point de vue, tout est
lié : une société où les hommes sont bien formés
dans une école ambitieuse, est une société qui sait
plus ou moins où elle va.
Bibliographie
PRÉSENTATION SOMMAIRE DE
PROPOSITIONS SUR L’AMÉNAGEMENT
DU TEMPS SCOLAIRE À L’ÉCOLE
PRIMAIRE À PARTIR DES DONNÉES
DE LA CHRONOBIOLOGIE ET DE LA
CHRONOPSYCHOLOGIE octobre 2005
Ressources documentaires
Livres
“
Comment les activités pédagogiques et
éducatives, organisées et articulées tout au
long de la journée et de la semaine de l’élève,
favorisent-elles son développement et ses
apprentissages scolaires ? ”
Partant de cette problématique, l’ouvrage présente,
sous forme de monographies,
les résultats
d’une étude, confiée à l’INRP, sur les modes
d’organisations pédagogiques dans trois écoles en
France.
L’aménagement des temps
et des espaces
Titre de l’ouvrage : L’aménagement des temps et des
espaces
L’auteur : Sous la direction de Dominique Sonore,
INRP, Mission enseignement primaire
La maison d’édition : Institut National de Recherche
Pédagogique
L’année d’édition : 2001 (février)
La collection : Douze écoles en France.
Nombre de pages : 48
Chaque monographie présente, ainsi, le compte
rendu des expériences vécues par des enseignants et
des équipes éducatives. La première monographie
aborde la question de l’aménagement du temps
de l’enfant dans l’école élémentaire rurale de
Grillon, située dans le nord Vaucluse. La deuxième
monographie rend compte de l’expérience de
l’école des Gravières, Perrier, Puy-de-Dôme sur
l’aménagement des rythmes scolaires aux rythmes
biologiques des enfants. La troisième monographie
traite de l’aménagement des horaires dans l’école
primaire située dans le centre d’une petite ville.
La fin de l’ouvrage propose un débat entre François
TESTU, spécialiste de
chronopsychologie et
Christaian POSLANIEC, chercheur à l’INRP.
N°01 EducRecherche
53
fatigue quotidienne et hebdomadaire et, enfin, de
connaître leurs activités de loisirs.
La deuxième partie rapporte les actes du carrefour
sur les rythmes de vie de l’enfant organisé à ORS.
Cette rencontre a été une occasion aux intervenants
de développer la question de l’hygiène alimentaire,
bucco-dentaire, du corps, du sommeil, des loisirs et
de l’impact de la télévision sur les rythmes de l’enfant.
Les débats ont mis l’accent sur l’importance du rôle
de l’école sur les rythmes de vie des élèves.
De la psychologie à la
pédagogie
Titre de l’ouvrage : De la psychologie à la pédagogie
L’auteur : François Testu et collaborateurs
La maison d’édition : Nathan
L’année d’édition : 1991
La collection : Repères Pédagogiques
Nombre de pages : 190
RYTHMES ET BLOUSES
Titre de l’ouvrage : Rythmes & blouses
Enquête et perspectives , Préface de F. Testut
L’auteur : la Jeunesse au Plein Air / l’Observatoire
Régional de Santé de Picardie
La maison d’édition : Centre Régional de
Documentation Pédagogique de Picardie
L’année d’édition : 1992
La collection : sans
Nombre de pages : 165
L
’ouvrage est composé de deux parties. La
première partie présente les résultats des
analyses d’une enquête approfondie sur les
rythmes de vie des élèves. L’échantillon est formé de
982 élèves du cours moyen deuxième année (CM2)
dans les écoles primaires publiques et privées du
département de la Somme (France).
L’enquête a été réalisée en juin 1990 par Jeunesse au
plein air (JPA) et l’Observatoire Régional de Santé
(ORS) de Picardie, sur la base d’un questionnaire
reposant sur quatre types de questions. Ces questions
ont permis d’étudier la durée de sommeil des élèves,
les heures de coucher et de lever ; de mesurer leur
54
N°01 EducRecherche
Ressources documentaires
Psychologie des apprentissages, implications
didactiques ;
La communication, approche développementale et
éducative ;
Que peut apporter la psychologie cognitive au
psychologue ;
Psychologie différentielle et différenciation
pédagogique ;
L’éducation, une pratique psychosociale
exemplaire;
De 1980 à 1995, les spécialistes ont commencé à
s’intéresser de plus en plus aux rythmes personnels
des enfants et au développement des activités
sportives et culturelles.
Ainsi, les deux auteurs démontrent, dans l’ouvrage,
l’apport de la chronobiologie et de la chrono
psychologie. Ils insistent sur la nécessité de tenir
compte de ces deux sciences dans l’aménagement du
temps scolaire car elles permettent de déterminer les
moments favorables au travail et au repos.
Ensuite, les auteurs parlent sur des applications
pratiques d’organisation tel que : le calendrier scolaire
Vers une didactique psychopédagogique
pédagogique, l’emploi du temps, la restauration et le
personnalisée.
transport scolaire, ils ont présentés des expériences
Ce sont là, les six chapitres qui composent l’ouvrage. de plusieurs établissements à travers la France sur
Ainsi, l’auteur de cet ouvrage et ses collaborateurs l’aménagement du temps scolaire.
tentent de fournir aux futurs enseignants et de
rappeler aux pédagogues et aux professeurs sur postes Ils formulent, à la fin de l’ouvrage, un certain
des « outils psychologiques » pour rendre l’acte nombre de recommandations pour réussir un projet
pédagogique « plus efficace, plus adapté, plus souple». d’aménagement en tenant compte des avis de tous
les concernés : enseignants, inspecteurs, scientifiques,
Ils montrent comment sur la base de données médecins, parents, syndicats…
scientifiques, objectives l’enseignant planifie et
répartit efficacement les apprentissages en fonction
de leur nature et varie différemment les situations
d’apprentissage pour mieux les adapter en fonction
de l’âge des élèves…
AMÉNAGER LE TEMPS
SCOLAIRE
Titre de l’ouvrage : Aménager le temps scolaire
L’auteur : Georges Fotinos et François Testu
La maison d’édition : Hachette Education
L’année d’édition : 1996
La collection : Pédagogies pour demain
Nombre de pages : 287
L
es auteurs commencent par un aperçu
historique sur l’aménagement du temps scolaire
en France de 1882 à 1980. L’aménagement du
temps scolaire pendant cette période n’a touché que
le calendrier annuel : les horaires d’enseignement, le
zonage et la durée des vacances. Ce changement vient
suite à une forte évolution sociale et économique et
un développement touristique.
N°01 EducRecherche
55
Dans la deuxième partie, il décrit les rythmes
édificateurs de l’enfant. Il insiste sur l’importance
primordiale du sommeil dans son développement
psycho-intellectuel. L’auteur précise que le manque
de sommeil ou une mauvaise alimentation entraîne
une fatigue qui engendre l’instabilité psychomotrice,
l’inattention et la diminution des capacités de
mémorisation en classe.
Dans la troisième partie, il présente les principaux
résultats expérimentaux sur la fatigue appelée « la
fatigue importée de l’écolier », sur la capacité d’attention
et sur la synergie d’activation et de désynchronisation
(les jours de meilleure ou de mauvaise efficience).
Dans la quatrième et dernière partie intitulée
«Aménagements et perspectives », Pierre Magnin, en
tant que membre du conseil économique et social,
rapporte les avis du conseil et fait des propositions
pour un réaménagement du temps scolaire de la
maternelle au lycée.
Pour l’établissement d’un calendrier scolaire, sur la
base des avis du conseil, l’auteur suggère que l’année
scolaire soit organisée en 35 semaines effectives
correspondant, en moyenne, à 176 jours au primaire
et au collège et 175jours au lycée, en tenant compte de
la coupure du mercredi. Sachant que le temps global
Titre de l’ouvrage : Des rythmes de vie aux rythmes scolaire dans la majeure partie des pays développés
scolaires
varie entre 160 et 200 jours/an.
L’auteur : Pierre Magnin
La maison d’édition : Presses Universitaires de L’année scolaire pourrait être organisée sur cinq (5)
France (PUF)
périodes de sept (7) semaines chacune. Ces périodes
L’année d’édition : 1993 (octobre)
devraient entrecoupées de temps de repos d’une
Nombre de pages : 245
dizaine de jours maximum. Le nombre de vacances
total ne dépassant pas 110 jours/an.
ierre Magnin, médecin et professeur en Quant à la journée scolaire, il faudrait l’alléger et
pharmacologie, a réalisé de nombreux travaux l’étaler sur la semaine de façon à ne pas dépasser 3h/
sur les rythmes ainsi que sur la physiopathologie jour pour les matières « dites fortes » et 3h/jour pour
de la fatigue et de l’effort dans le cadre de la les matières « intellectuelles ». Pour l’organisation de la
chronobiologie et la chronothérapeutique. Dans ce semaine, il serait souhaitable d’ajouter 3h d’éducation
livre, il pose la question de la relation entre la biologie physique et sportive et 3 h d’éducation artistique.
et l’éducation. Il incite à la réflexion sur les finalités
L’auteur a schématisé ses propositions ainsi :
de l’éducation et l’adaptation du système éducatif aux
changements de la société.
Enfin, le réaménagement des rythmes scolaires doit
Dans la première partie, il expose les fondements de la
prendre, en premier lieu, l’intérêt de l’enfant ; en
chronobiologie en passant par les rythmes biologiques
d’autres termes, satisfaire ses besoins biologiques,
de la nature, des rythmes dans le monde vivant à la
éducatifs, intellectuels et affectifs.
chronobiologie de l’enfant.
des rythmes de vie aux
rythmes scolaires
P
56
N°01 EducRecherche
Ressources documentaires
 Schéma de proposition pour le primaire (cf. page 204)
ECOLE PREELEMENTAIRE
Matin :
Après-midi :
ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
3 heures d’activités d’acquisition
Y compris – pauses – récréations.
Repas et sieste
Musique- gymnastique esthétique et
respiratoire-dessin – travaux manuels.
Mercredi libre –Samedi après-midi libre.
ECOLE ELEMENTAIRE
Matin:
3 heures d’activités d’acquisition
en séquence de 40 minutes –
pauses -collation- récréation.
Repas
Après-midi :
2 heures d’activités d’éveil
Art- musique- culture physique ou sport = ½ h
1 heure d’étude surveillée de récapitulation.
Mercredi libre- Samedi après-midi libre.
 Schéma de proposition pour le premier cycle secondaire (cf. page 205)
PREMIER CYCLE SECONDAIRE
Cycle pubertaire de 12 à 16 ans en moyenne
CLASSES 6 e – 5e – 4e : Instruction et acquisition
Mercredi matin libre –samedi après-midi libre.
Matin :
3 heures en 4 séquences de 45 minutes
Instruction et acquisition avec pauses et récréation
1 heure de d’étude surveillée ou d’Education physique ou sport.
Repas
Après-midi :Pratique musicale : 13h30 à 14h30
Activités d’éveil et optionnelles : 14h30 à 17h00
Ou pratique de langue vivante
Etude surveillée de récapitulation : 17h à 18h.
N°01 EducRecherche
57
 Schéma de proposition pour le second cycle secondaire (cf. page 206)
SECOND CYCLE SECONDAIRE
Cycle postpubertaire de 15 à 18 ans
Elèves bénéficiant d’une large disponibilité d’action et de comportement. Ils sont
doués de raison, de volonté, de contrôle de soi. Ils sont à même de construire
leur schéma existentiel, en particulier dans le milieu scolaire.
Les capacités d’effort et de travail de ce groupe sont à l’heure acmé. Ils
peuvent disposer de 10 heures effectives d’activité quotidienne. Ce groupe
justifie une disponibilité en temps de 2 heures d’équivalent- jeu par jour.
Matin :
Acquisition et adaptation technique et scientifique : 4 heures
Pauses – récréation- collation.
Repas
Après-midi :Pratique musicale de 13h 30 à 14h30
Sport et activités physiques de 14h30 à 17h
Travail personnel d’approfondissement de 17h à 18 h30.
Revues algériennes
Revue algérienne d’anthropologie et de sciences sociales
« Insaniyat »
n° 06, septembre-décembre, 1998,(vol. II, 3)
pages 69 – 84.
Revue du Centre de Recherche en Economie Appliquée
pour le Développement
(Les Cahiers du CREAD),
numéro spécial, Espace scolaire. Espace domestique. 1996, n°
42, pages 51-65.
Revue d’information éditée par le ministère de
l’éducation nationale
« l’ECOLE et LA REFORME »
n°03, novembre 2010, pages 50- 52
Les cahiers de l’INRE,
juin 2010, pages 25-41.
N.B : Ces livres et revues sont
de l’INRE.
58
N°01 EducRecherche
disponibles à la bibliothèque
Feed Back
-Avis d'un élève
-Avis d'un enseignant
N°01 EducRecherche
59
60
N°01 EducRecherche
Feed Back
N°01 EducRecherche
61
Présentation d’une institution rattachée au
secteur de l’éducation
l’Institut National de Recherche en Education
INRE
L’historique de l’INRE
A
l’origine, a été créé l’Institut Pédagogique
National (I.P.N) et ce, en décembre
1962 (décret n°62-166). Il a été chargé
de la production et de la diffusion des
manuels scolaires. En 1968, il a été restructuré
par l’ordonnance n°68.428 du 9 juillet tout en
conservant ses attributions. Mais en 1990 (décret
n°90-11 du 1er janvier 1990),
l’activité de
production et de diffusion a été confiée à l’Office
National des Publications Scolaires (ONPS) pour
permettre à l’IPN de répondre à sa vocation initiale
et se consacrer à la « recherche-action » associant les
spécialistes en sciences de l’éducation aux praticiens
de l’enseignement-apprentissage. Un projet de décret
a été introduit, alors, en 1994 pour la restructuration
de l’I.P.N en une structure de recherche.
Et c’est ainsi qu’a été créé l’Institut National
de Recherche en Education, conformément au
décret exécutif n°96-72 du 27 Janvier 1996 portant
réaménagement du statut de l’Institut Pédagogique
National (I.P.N) et changement de sa dénomination
en Institut National de Recherche en Education
(I.N.R.E).
C’est un établissement public à caractère
administratif doté de la personnalité morale et de
l’autonomie financière. Il est placé sous la tutelle
du ministre chargé de l’éducation nationale. Il
représente la seule institution de recherche en
sciences de l’éducation ; recherche ayant pour
objectif l’amélioration constante du rendement et
62
N°01 EducRecherche
de la qualité du système éducatif comme le stipule
l’article 90 de la loi d’orientation sur l’éducation
nationale n° 08-04 du 23 janvier 2008.
Son fonctionnement
L’Institut est administré par un Conseil
d’Orientation, géré par un Directeur Général. Il est
doté d’un Conseil Scientifique et d’une Commission
d’Appobation et d’Homologation des moyens et
supports pédagogiques.
Le Conseil Scientifique
En tant qu’organe consultatif, il assiste le Directeur
Général dans la définition et l’évaluation des activités
de recherche en éducation et en pédagogie.
La Commission d’Approbation et d’Homologation
Le Directeur Général de l’institut préside la
commission d’approbation et d’homologation des
moyens et auxiliaires pédagogiques. La commission
est pluridisciplinaire, elle procède à l’expertise des
manuels scolaires et parascolaires ainsi que tous
les outils didactiques, conformément au cahier des
charges annexé au décret n°96-72 du 27 janvier
1996.
Sous l’autorité du Directeur Général assisté d’un
Directeur Général Adjoint auquel sont rattachés
les services des moyens généraux, du personnel et
des finances, l’Institut National de Recherche en
Education comprend quatre(04) départements
(cf. organigramme).
INRE
L’organisation interne
L’arrête interministériel du 28 février 1998 fixe
l’organisation interne de l’INRE.
Ses missions
Recherche en éducation et en pédagogie
éducatif
Evaluer les sous-systèmes éducatifs ;
Entreprendre des études de recherche pour un
enseignement/ apprentissage de qualité ;
Mener des études de recherche et d’évaluation
des curricula ;
Mener des travaux de recherche pour le
perfectionnement des méthodes et pratiques
pédagogiques;
Effectuer des études sur les dispositifs
d’évaluation pédagogique ;
Initier des recherches-actions;
Confectionner des outils et des instruments
d’évaluation ;
Mener des études comparatives.
Evaluer les épreuves des examens officiels.
Evaluation permanente du rendement du système
Conception et homologation de moyens
didactiques
N°01 EducRecherche
63
Elaborer, expérimenter et éditer les moyens
didactiques et supports pédagogiques ;
Expertiser les outils didactiques, supports et
auxiliaires pédagogiques à des fins d’approbation
et d’homologation ;
Développer les capacités nationales de
conception et d’élaboration des moyens
didactiques par la formation et la diffusion des
résultats de la recherche dans ce domaine.
Documentation et banque de données
Constituer une banque de données;
Préserver le fonds documentaire, notamment la
mémoire éducative ;
Regrouper, imprimer, éditer et diffuser tous
les travaux réalisés dans le cadre des missions de
l’institut ;
Organiser les archives.
Les publications
Le fonds documentaire
L’INRE possède un fonds documentaire spécialisé
estimé à plus de 37.000 ouvrages ainsi que
des périodiques, des mémoires, des thèses, des
encyclopédies… Il représente un soutien précieux
aux étudiants, futurs enseignants, enseignants,
inspecteurs et chercheurs en sciences de l’éducation.
La banque de données peut être consultée sur place
ou en ligne (www.inre-dz.org). La bibliothèque est
ouverte de 08h 30 à 16h, le prêt externe se fait après
établissement d’un dossier d’adhérant.
Les perspectives de l’INRE
Projet de transformation du statut de l’INRE
en EPST ;
Projet de création d’annexes régionales ;
Projet de visioconférence ;
Projet d’extension de la bibliothèque ;
Projet de numérisation du fonds documentaire.
L’INRE édite une série de publications :
La Revue « Evaluation des examens nationaux
officiels » ;
La Revue « Les cahiers de l’INRE » ;
La Revue Algérienne de l’Education.
Les séminaires
L’INRE organise des séminaires nationaux et
régionaux avec la participation de chercheurs
nationaux et internationaux sur des questions
relatives aux préoccupations de la communauté
éducative.
Les partenaires
Dans le cadre de ses activités, l’INRE collabore avec
différents partenaires entre autres, les institutions
sous tutelle du MEN, le MESRS, les universités,
les organismes internationaux (Unesco, Unicef…)...
64
N°01 EducRecherche
Adresse :
BP. 193, Oued Romane –Alger
Tél : 021.30.02.91/92
Fax : 021.30.04.47
Site : www.inre-dz.org
I N R E
I N R E
I N R E

Documents pareils