lucien - Notes du mont Royal

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lucien - Notes du mont Royal
Notes du mont Royal
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쐰
Ceci est une œuvre tombée dans le
domaine public, et hébergée sur « Notes du mont Royal » dans le cadre d’un
exposé gratuit sur la littérature.
SOURCE DES IMAGES
Juxta
LES
AUTEURS GRECS
Ces dialogues ont été expliqués littéralement et traduits en français
par M. Victor GLAGHANT, professeur de seconde au lycée Buffon, ancien
élève de l'École normale supérieure.
EXPLIQUES D APRES UNE METHODE NOUVELLE
PAR
DEUX T R A D U C T I O N S
FRANÇAISES
L'UNE L I T T É R A L E E T JUXTALINEAIRE PRÉSENTANT LE MOT A MOT FRANÇAIS
EN REGARD DES MOTS GRECS CORRESPONDANTS
L'AUTRE
CORRECTE
E T PRÉCÉDÉE
DU TEXTE
GREC
PAR UNE SOCIÉTÉ DE PROFESSEURS
ET D'HELLÉNISTES
EXTRAITS DE LUCIEN
(TIMON, LE SONGE, ICAROMéNIPPE,
CHARON)
--0--
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET G1*
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
34399. — Imprimerie LAHURE, rue de Fleuras, 9, à Paris.
1897
LUCIEN
(EXTRAITS)
AVIS
RELATIF A LA TRADUCTION JUXTALINEAIRE
On a réuni par des traits les mots français qui traduisent un
seul mot grec.
On a imprimé en italiques les mots qu'il était nécessaire d'ajouter
pour rendre intelligible la traduction littérale, et qui n'ont pas
leur équivalent dans le grec.
Enfin, les mots placés entre parenthèses, dans le français, doivent être considérés comme une seconde explication, plus intelligible que la version littérale.
Le texte est celui de l'édition classique des Extraits publiés par
M. Victor GLACHANT (Hachette , 1896, petit in-12).
ANALYSE DU « TIMON »
«t Tant que tu seras heureux, dit un poète latin, tu compteras
beaucoup d'amis : que les temps deviennent sombres, tu seras
seul. » — C'est le cas de Timon, surnommé le Misanthrope.
Timon, fils d'Èchécratidès, du bourg de Collytos, dème attique
de la' tribu Égéide, et qui fut portier dans l'Ile des Impies,
d'après la plaisante insinuation de l'Histoire véritable, était un
philosophe athénien né vers l'an 440 avant J.-C, contemporain,
par conséquent, de la guerre du Péloponnèse. Il est question de
lui dans Aristophane. L'horreur qu'il éprouvait pour le genre
humain était proverbiale. On racontait que, victime de l'ingratitude de quelques amis, le malheureux était tombé dans un noir
chagrin qui lui fit prendre en grippe tous ses semblables. Luimême, suivant la tradition, porta la peine de son isolement et de
cette aversion universelle. Un jour, il tomba d'un arbre et se brisa
la jambe; or, comme il vivait toujours à part, il périt, faute de
secours. Timon devint vite une figure légendaire : il se répandit,
à propos de cet anachorète bourru, honnête et haineux, une foule
de traits piquants qui sans doute sont de pures fictions.
Bornons-nous à étudier la physionomie et l'attitude que Lucien
lui prête. Sont-elles fort originales? Il est probable qu'il n'hésita
pas à s'inspirer du Timon d'Antiphane. Aristophane aussi pourrait
à bon droit revendiquer sa part a propos de certaines réminiscences mises à profit d'ailleurs avec discrétion, notamment plusieurs scènes de débats analogues, par le cadre et le dessin général, a tel passage fameux du Plutus. Mais quoi! Lucien prend
LUCIEN. — Extraits.
1
2
ANALYSE DU TIMON.
son bien où il le trouve : il s'inquiète exclusivement d'approprier
à sa démonstration morale une histoire bien connue, et d'autant
plus saisissante et fertile en leçons.
Dès les premières lignes, — au lever du rideau, ai-je failli
écrire, car on va bien voir se dérouler un petit drame en règle,
— Iefiéros apparaît, ruiné, misérable, exhalant sa mauvaise humeur, épanchant sa bile avec force lamentations un peu déclamatoires et théâtrales, et, en outre, fort irrévérencieuses à
l'adresse de Jupin. Timon, lui aussi, partage en son for intime
la faiblesse coutumière des mortels malchanceux : il s'attribue des
souffrances exceptionnelles, il se croit un patient d'élite, un
exemplaire achevé de ce que peut produire la méchanceté icibas. Les plaintes qu'il profère émeuvent le maître de •l'Olympe,
apostrophé par tous ses surnoms. Oui, Timon mérite d'obtenir
l'appui de Zeus, car il est pieux, et naguère il brûlait sur les
autels les cuisses les plus grasses des taureaux et des chèvres. Le
lecteur assiste au voyage d'Hermès : celui-ci, sur l'ordre de Zeus,
amène à Timon Plutus, qui obéit à contre-cœur, n'ayant pas oublié
les insultes dont on l'a abreuvé. Le lecteur est témoin aussi du
départ de la Pauvreté, furieuse d'avoir le dessous, et de la discussion qui éclate entre Timon et Plutus: enfin, il a le spectacle des
plates cajoleries auxquelles le' misanthrope, aujourd'hui averti, est
derechef en butte, une fois que l'opulence lui est revenue, et de la
brutalité légitime dont il les rebute. Timon bat à tour de rôle le
parasite Gnathonidès, ce coquin à la formidable mâchoire ; l'impudent flatteur Philiadès ; le mielleux orateur Dèméas, qui exhibe un
décret ampoulé, plein de mensonges, fabriqué par lui en l'hon- '
neur de celui qu'il compte encore gruger ; puis le philosophe Thrasyclès, avec sa longue barbe, ses larges sourcils, Thrasyclès, ce
personnage aux tirades pompeuses et à la conduite crapuleuse,
dont Timon trace à l'impromptu un crayon magistral. Un bon
coup de pioche assené sur le crâne, voilà sa réponse, voilà la
monnaie dont il paie leurs protestations civiles et leurs compliments intéressés.
Par le fait, il y a ici — je le répète après M. Croiset — toute
une esquisse de drame en raccourci, restreint aux modestes proportions du dialogue, mais décelant, malgré tout, la variété de
situations et d'incidents qu'un vrai drame comporte. L'art de l'auteur consiste à faire concourir une poignée d'épisodes pertinemment enchaînés à une prompte et divertissante conclusion, à bien
conduire le développement de la pensée qu'il médite de mettre en
lumière et qu'il excelle, chemin faisant, à présenter sous toutes ses
ANALYSE DU TIMON.
3
faces : il diversifie d'une manière plaisante les entretiens accessoires et, comme Molière, nous fait éclater de rire lorsqu'il nous
montre des gredins essuyant la volée de horions qu'ils ont bien
méritée.
Mais, comme l'auteur du Misanthrope et des Fourberies de
Scapin, Lucien ne vise pas seulement à exciter la gaieté du spectateur : ce qu'il tente, en somme, de prouver dans son dialogue,
c'est qu'une grosse fortune, loin d'être ce que le vulgaire s'imagine, est bien plutôt une cause de dépravation morale, et, partant, une source intarissable de misères. Afin de persuader ce
paradoxe, il fonde son exemple sur la biographie très populaire de
Timon l'Athénien, l'ennemi juré du genre humain. Celui-ci, à
peine dépouillé de ses trésors, se voit odieusement, ignominieusement délaissé par ses soi-disant fidèles. Il gémit, il soupire, il
s'irrite. Le souverain des dieux, touché, prétend l'enrichir sur de
nouveaux frais et lui dépêche Plutus; d'abord, l'abandonné refuse
de l'accueillir; mais, enfin, il s'y résout; et, rétabli dans son état
primitif, il fait de ses biens un tout autre usage que naguère.
D'après cette donnée, comme chacun le devine, la scène essentielle devrait être — ail point de vue de la composition stricte —
la dispute entre Plutus et Timon; car c'est précisément dans cette
querelle que les raisons qu'on peut alléguer en faveur de l'opulence ou contre elle trouvent l'occasion naturelle d'être mises en
relief et soutenues. Or il n'en est pas ainsi, comme on va le
voir.
Telle est l'idée première que Lucien conçut de son œuvre. Passons maintenant à un sommaire examen du plan.
Dès l'abord, Timon nous rebat les oreilles de ses éclats de voix.
Il accumule plaintes et griefs, n'épargnant, au cours de ses
imprécations, ni les mortels ni les immortels : il est ruiné, trahi,
vendu, réduit à la plus épouvantable détresse; il besogne rudement,
comme le plus humble des manouvriers. Zeus, apitoyé, reconnaît
vite que ces criailleries où lui-même est pris à partie ne sont
point sans fondement; il faut que cesse une pareille indigence! Le
« dieu des hôtes, des amis, du foyer, des éclairs, des serments,
des nuées, du tonnerre, » — ce sont les épithètes qui lui sont
appliquées au début — s'attendrit et commande à Plutus de
joindre Timon, de sa part, afin de lui rendre son prestige et son
avoir perdus. Cette scène qui, ce semble, devrait être secondaire,
est, en réalité, capitale : en effet, Lucien, jaloux d'amptifier à
loisir quelques-uns des arguments indispensables du sujet, s'attarde
à instituer un curieux entretien à trois interlocuteurs (Zeus, Her-
ANALYSE DU TIMON.
mes et Plutus), roulant sur l'avarice et la prodigalité. C'est un lieu
commun, mais traité avec intérêt.
Nouvelle causerie quand Hermès et Plutus partent de conserve :
il faut bien échanger quelques propos pour abréger la route!
Voici que nos deux compagnons daubent à l'envi sur les pauvres
mortels et effleurent, selon la rencontre, des matières d'une perpétuelle actualité philosophique : brusques revirements du Destin
et non moins promptes sautes d'humeur qui les accompagnent,
testaments assiégés, circonvenus de mille convoitises, manies et
jactance absurdes des parvenus, illusions calamiteuses et vains
souhaits de la multitude, maladies, travers et turpitudes des
riches, et tant d'autres thèmes similaires, défraient leur verve
bavarde. — Voilà un second acte beaucoup plus absorbant encore
que le premier : mais rien de tout cela n'est fastidieux. Cependant,
ne soyons pas surpris non plus si le débat ultérieur entre Timon
et Plutus est, de ce chef, écourté, j'allais dire escamoté, à l'aide
d'artifices regrettables.
Pour conclure, il convient d'avouer, en dépit de l'habileté de la
mise en œuvre, toute l'irrégularité et l'irréflexion capricieuse du
canevas choisi par l'écrivain : il veut qu'aucune contrainte ne gêne
ses libres allures. — Au surplus, en ces satires légères, ne serait-il
pas tant soit peu pédantesque de réclamer des combinaisons
rigoureuses de paragraphes à qui prétend flétrir le vice avec
coquetterie, en souriant, et non moraliser comme un sage de
métier ? Évitons donc de chercher noise à Lucien, et trêve de chicanes sur ce chapitre ! Il y a, en revanche, deux mérites dont il se
soucie fort, en sa qualité d'homme d'esprit et de styliste ingénieux : la gradation de l'intérêt et la variété de la forme. Et cela
suffit.
A part quelques vagues boutades sur la perversité universelle
et sur le dégoût qu'elle doit inspirer à tout cœur bien situé, il
n'y a rien, ou presque rien, de commun entre le portrait grec
et la peinture française d'Alceste. Au contraire, le héros de Shakespeare [Timon d'Athènes) offre plus d'un point de contact avec
le grand mécontent athénien. (Pour ce parallèle, voyez Ém. Montégut, traduction des Œuvres complètes de Shakespeare, tome VII,
pages 3 et suiv., Avertissement du Timon d'Athènes; Paris,
Hachette, 1878.)
AOÏKIANOT
TIMON H MIZAN0POIIO2
LUCIEN
TIMON ou LE MISANTHROPE
TIMilN H MIZAN0Pi2llOZ
TIMÛN, ZETS, EPMHS, TIAOTTOE, nENIA, TNA0ÛNIAH2, «MAIAAHS, AHMEAS, 0PASTKAH2
Timon apostrophe Zeus, et lui demande raison des infortunes
et de l'ingratitude dont il est victime.
[1] TIMÛN.
* û Zsu rpiÀts xac ?£Vte xa! Éraipsïe xa!
ecpearie xa! ao-TEpoirTixà xa! opxt£ xa! ve<p£ÀT]YspéTa xa.! spiy0007:6, xa! £t xi as. aXXo ot IfAopôvTTjTOt TcoiYjTa! xaÀouor, xa!
[AaXtrjTa ôxav a7ropôuar rcpô; xa. u.£Tpa * tore yàp aùxoï; TTOXUCOVUJAOç
potç
ytyvôpVEVoç ûicepEtSetç Tô
TO
xe/Tjvbç
TOU
TCïTCTOV TOU
^u9u.oû •
TCOG GO',
uÉTpou xa! àva7tXTjvuv 7] Éptap-âpaYoç
ao-TpaTCTj xa! àj papûëpouioç fJpovTïj xa! b a!9aXbstç xa! àpy-qsi;
TIMON, ZEUS, HERMÈS, PLUTUS, PÉNIA (LA PAUVRETÉ),
GNATHONIDÈS, PHILIADÈS, DÈMÉAS, THRASYCLÈS.
Timon apostrophe Zeus, et lui demande raison des infortunes et de l'ingratitude dont il est victime.
[1] TI80N. Ô Zeus, protecteur de l'amitié, de l'hospitalité, de
la camaraderie, dieu protecteur du foyer, dieu des éclairs, des
serments, dieu assembleur de nuées, dieu du tonnerre au bruit
retentissant, ou sous quelque autre nom que t'invoque le cerveau
brûlé des poètes, surtout quand ils sont gênés pour la mesure de
leurs vers : car alors ils te prodiguent toutes sortes d'épithètes
afin de soutenir la chute du vers et de combler le vide du rythme;
que sont devenus aujourd'hui ie terrible fracas de tes éclairs, le
sourd grondement de ton tonnerre, la flamme ardente, éblouis-
TIMON ou LE MISANTHROPE
TIMON, ZEUS, HERMÈS, PLUTUS; PÉNIA (LA PAUVRETÉ),
GNATHONIDÈS, PHILIADÈS, DEMEAS, 1HRASYCLÈS.
Timon apostrophe Zeus, et lui demande raison des infortunes et de l'ingratitude dont il est victime.
[1] TIMÛN. 'Q Zeû
pcXtE
xal £evc£
xal Ira'.pets
xat syéoris
xa'i àarepo7iï)Tà
xat ôpxis
xat V£?£AY)YSpîTX
xat èpiySouTtt,
xat si o! iwuï|Tat
èpiêpévTOTot
xaXoûai aé
xi SXXo,
xat aâXiara
5tav àiropwar
npô; va pirpa "
[1] TIMON. Ô Zeus,
dieu des-amis
et protecleur-de l'-hospitalité
et dieu qui-présides-aux-réunionsct protecteur-du-foyer
(d'-amis
et dieu qui-lances-des-éclairs
et protecteur-des-serments
et assembleur-de-nuages
et au-bruit-retentissant,
et si les poètes
frappés-de-la-foudre (insensés)
appellent toi
de quelque autre nom,
et surtout
lorsqu'iis-sont-embarrassés
pour les mètres (mesure du vers) :
alors, en-effet,
TôTE yàp
devenant pour-eux
yiyvôpevo; aÙTOtç
invoqué-sous-beaucoup-de-noms,
TK)XUOJVU[J!.Oç
in-soutiens
ûnepEtÔEi;
la
chute du mètre (du sens)
TÔ KÏTCTOV TOU UÉTpOU
et
ru-remplis
xat àvairXYjpoTç
le
vide
du rythme;
TÔ XSpivÔî TOU puBttOU '
où
est
maintenant
pour-toi
«où (ion) vuy OTOt
l'éclair
au-fracas-épouvan
table
•fj àsTpairàj Èpidgâpayo;
et
le
tonnerre
qui-gronde-avec-force
xat T) PpovTVj (Japûêpouo;
et la foudre brûlante
xat ô xspauvôç aîôaXoeic.
xat àpyyjsi; xat au-epSaXÉos; et brillante et terrible?
8
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMON H Ml£AN0POnO2.
xal cxteoSaXéo; xEpauvdç ; "ATtavra yàp Taùra XYJOûç: YJSYJ àva-
Trs<pY|Vs xal xanvbç aTe;rvâ>ç 7roiY]Tixc-ç. s^a» TOI» ïtatâyou tùiv
ôvoutaTuiv. ï o SE aotoiu-dv cou xal sxYjêôXov ô'TTXOV xal Ttpo—
jçetpov oux olo' Ô'TCWç TEXECO; a<n,É<ro>Y| xal dyuyoôv èOTTI, U,ï)8S
oXtyov arcivOTiôa opyô); x a r à TôJV aSixoûvTiov SiaffiuXaTTGv.
[2] OSTTOV yoov tùiv luiopxetv TIç lirt^Eipoûvriov É'wXov 6puaXXt'Sa OO€Y|6EI'Y| av YJ TYJV xoii irav8au.aTopoç XEpaovoù* çpXôya *
Oô'TW SaXôv Ttva s7ravaT£t'v£<T9ai OOXEÎç aùxoie, wç. nûp JJLEV Y]
xaitvôv àir aoxou U.YJ oEÔtÉvat, u.o'vov SE xoûxo ofscOxi àiroXausiv TOû xpaûu,axoç;, oxt àvaTrXY1o'9Y)(jovTai TY|; acrêôXou.
"ÛTte -qoY| Stà xaûxà trot xal ô 2aXo.wveOîàvxtëpovxav ÊxdXu,a,
ou Tcâvo t i aTtt'9avoç a>v, arpoç OUTOJ J/uypôv TTJV ôpyYjV Ata
santé, effroyable de ta foudre? Oui, tout cela, bien évidemment,
n'est plus que pure niaiserie et fumée toute poétique, si l'on fait
abstraction du cliquetis des mots. Et ton arme si vantée, qui
frappait au- loin et ne quittait jamais ta main, la voilà, je ne sais
comment, complètement éteinte et refroidie, et elle ne conserve
pas la moindre étincelle de colère contre ceux qui commettent
l'injustice. [2] Ah ! certes, l'homme qui entreprendrait de se parjurer redouterait plutôt la mèche d'une lampe de la veille que la
flamme de cette foudre qui dompte l'univers : tu semblés ne darder contre eux qu'un simple tison, dont ils ne craignent ni feu ni
fumée; et le seul inconvénient qu'ils attendent de cette blessure,
c'est d'être couverts de suie. Voilà donc pourquoi Salmonée osait
singer ton tonnerre, et qu'il obtenait même quelque confiance,
en opposant à une telle froideur du courroux de Zeus la chaleur
de son audace d'homme orgueilleux. Pouvait-il en être autrement?
Tàp âiravxa xaûxa
àva-iripirvE qôr) Xr)po;
x s i xairvbe.
àrEYyû; TOtYlTÏXÔ;
eÇt» TOû xaxâyou
TÔv ôvop.ârtov.
AÈ TÙ 01ÙOV oou
àotôiiMv
x à i exï)ë6>.ov
x a i xpôyEtpov
oùx oîS' o-icb);
àiréa-Sïj TEXéM?
x a î Ëo-n djuypbv,
SiaçuXàxxov
«.-que ôXt'yov
OTnvBT)pa ôpy-nc.
x a x à TWV aSixovivxmv.
12] Toûv
TtÇ T(ÔV Èltl^EtpOÛVTWV
ÈltlOpXSÎV
<po6rfizît] àv
9puaXXi6a é'WAOV
Uârrov q T^V cpAôya
TOû xspauvoû xav8a[/.âxopoc'
Soxeïc. ixavaTEtveaôai aÙTOtc
àaXôv Ttva
OÔTWç U ; u.r| SsSiévai
Tcûp UèV ?i xaitvbv
ait' UCùTOû,
oûWOixt SE àitoXaûstv
TOû Tpaôuaxoç
TOÛTO U.ÔVOV, OTt
àvaitXï]a(lïj<TOVTat TT|ç ào-êd"Ûore â]Sr| Stà xaûxa
[Xou.
x a i â 2aXp.(i)veù;
ÈrôXpa avuëpovxâv soi,
oûx tôv itàvu
TI àir:8avo<;,
àvqp ÛEppoopyôi;
u£yaXauyoûu.EVOC ixpb; Ata
9
Car t o u t cela
a-paru d é s o r m a i s sottise
et fumée
a b s o l u m e n t poétique
à-part le bruit
des mots.
Et,-d'-autre-part, l'arme de-toi
fameuse
et frappant-au-loin
et à-ta-portée,
je ne sais comment
elle s'-est-éteinte complètement
et est froide,
conservant
pas-même «ne-petite
étincelle dé-colère
[justice.
contre les-ftommes commettant l'-in[2] Ce-qu'-il-y-a-de-sûr,-c'-est-que
quelqu'-un des-ftommes entreprenant
de-faire-un-faux-serment
craindrait, d'-aventure,
wne-mèche-de-lampe de-la-veille
plutôt que la flamme
de-la foudre qui-dompte-tout;
ru-sembles diriger-contre eux
un-tison quelconque
au-point que eux ne-pas craindre
feu, d'-une-part, ou fumée
prouenant-de lui,
mais se-Cigurer, d'-autre-part, retirer
de-la blessure
cet unique résultat, à savoir que
ils-seront-couverts de-la suie.
Ainsi dès-lors pour cela
aussi Salmonée
osait tonner-contre toi,
n'étant pas tout-à-fait
en-quelque-sorte incroyable,
homme agissant-d'-une-manière-harétant-orgueilleux en-face-de Zeus [die,
10
TIMON H MISANGPOnOS,
0epu.oupyôç. àvrjp aeyxdauv-oûjji.evoî. IIôJç yocp ; QTtou yz xa6a7rep
u7co u.av5payopa xadkuoeiç, 3ç oûre xûv STUOpxouvxcov axoûste,
C-ÛTE TOùç àSixouvxaç ImaxoTtelç, Av]U.a<; Se xa: àu.ëXuoSTTîti;
•xpôç xa y'yvd[A£vx xai Ta olxa exxexwœcoo'ru, xx0â7rsp o:
TrapTjê7)xdxeç. [3] 'Eire: vsoç ys exe xa: ôîju6i)u.oç aiv x a :
âxu.afoc T7)v 6pyr|V TroAAà xaxa x<3v àoi'xarv xal Btauov é7cot'scc
xa: oùSecrcoxe rjysç xdxs repoç aùxoùç; Ixeystpi'av, àAA' aei
evepyoe; 7rdvxa>ç. o xepaovoç ïJV xa: dj alylî l-Ttscrsi'sTO xa: -/)
Bp&vxv] STraxayeïxo xai Vj àaxpaTnr) CUVE^SC. oloTcep elç àxpoêoXccuàv 7tpoY|xovT!Cexo • ot aettru-ot Se xo<7xivT|8ôv xa: •/] yiwv
fftopviSbv xai -/) v-âAaÇa Trexp-nobv, ïva ao: cpopxtxôôc StaAeytou,at, ûexoi xe payoato: xai Bt'atot, 7roTau,ôç ÉXOCCTT] (TTaycov •
WOTE TTjAtxauxY] Êv axapeï j(pdvou vauayt'a ITCI xoû Aeuxa-
Tu sommeilles, comme engourdi par la mandragore, au point que
tu n'entends pas ceux qui se parjurent, que tu n'aperçois pas ceux
qui commettent des injustices, mais tu es myope, tu ne vois
goutte à ce qui se passe sur terre, et tu as les oreilles assourdies, comme celles des gens affaiblis par l'âge. [3] Certes, quand
du moins tu étais jeune encore, avec l'âme irascible et fougueuse
au plus haut degré, tu besognais rudement contre les gens injustes et violents, et jamais alors tu ne concluais avec eux de trêve,
mais toujours ta foudre travaillait avec beaucoup d'énergie, tu
brandissais ton égide, tu faisais retentir les éclats de ton tonnerre,
et tu lançais sans cesse l'éclair, pareil à un trait, comme pour
engager la bataille à distance : alors la terre tremblait à la façon
d'un Crible, la neige tombait en tas, la grêle s'abattait comme une
nuée de pierres, et puis, — pour te parler un langage trivial, —
c'étaient des pluies impétueuses et violentes; chaque goutte devenait un fleuve : ainsi, en un clin d'oeil, ce fut un tel cataclysme,
TIMON OU LE MISANTHROPE.
11
si froid quant à la colère.
Comment, en-effet?
du-momenl-que du-moins
tu-dors
comme par-l'-effet-de la-mandragore,
foi-qui ni n'entends
les-Aomm.es se-parjurant
TÛV ÈTIlOpXOÙVTlOV
ni ne regardes
OÎÎTS ETUffXOTtefç
les-Aommes commettant-T-injustice,
xoù; ào'.xovvxaç,
mais as-les-yeux-chassieux
Se X'çp,àç
et as-la-vue-faible
xa: àu.6bu(étTEi;
vis-à-vis dès-choses ayant-lieu
icpb; xà y:yvôp.sva
et es-sourd quant aux oreilles,
xal ëxxsxwsuxrar xà wta,
comme les hommes
[l'-àge.
xaOânep
les n'-étant-plus-dans-la-force-de
oi itap-çëïixÔTs;.
[3] Àttendu-que, étant du-moins
[3] 'Eral tov y S ex: véoç
et irascible
[encore jeune
xal ôi;u6uu,o;
et
au-plus-haut-point
quant
à la colèxal àxp.ato; TÀV opyùv
tn-faisais
beaucoup-de-cAoses
[re,
Èxote:; xo/àà
contre les-Aommes injustes
xaxà TûV àolxoiv
et violents, »
[jamais alors
xal Q:a:wv
et
tu
ne
conduisais
(prolongeais)
xal nye; oyoércots TOTî
de-trêve envers eux,
£xey.e;p:av rcpb; aÙToùç,
mais la foudre était toujours
àbV 6 xepauvbç; rp àel
tout-à-fait active
TcâvxuDi; èvepybet l'égide était-agitée
xal r\ a':yl; Z'KZTZUXO
et le tonnerre retentissait
xal n ppovxî] ÈTtaTayEfxo
et l'éclair
xal 7] àoxpaTcri
éîait-lancé-en-avant sans-cesse [ce;
TrponxovTiiisTO auveyèç
comme pourun-engagement-à-distandianep lis axpoëoXiapâv *
d-'autre-part, les tremblements
ôè oi OëIO-U.0:
étaient à-la-façon-d'-un-crible
xoox:vr|8bv
et
la neige en-monceaux
xal r\ y.:o>v o-wpT|6bv
et
la grêle comme-des-pierfes,
xal TJ yaXaÇa TcsTpïjobv,
afln-que
je-m'-entretienne-avec toi
"va 3:aXéyoj(j.a: ao:
d'-une-façon-vulgaire,
9opT:xûc,
TE VETO: paySatoc xal |3:a:o:, et des-pluies impétueuses et violentes,
chaque goutte devenait nn-fleuve :
èxâaxr] axayùv iroxapô; •
de-sorte-que en un instant
tooxe Èv axapeï ypôvou
wn-tel naufrage se-produisit
TYiXixaûxY) vavayia ÈyévETO
OVTIO é>JY.pbv xrjv ôpyrpv.
Iltô; ydp;
oxou ye
xatlsuSs:?
xaflâxep ûirà u.avSpayépa,
ôç ours axoÙErç
12
T1MÛN H MISAN0PÛIIOS.
Xuovoç ÊyÉvsTO, w 5 ÙTroëpir/t'oJV àiravriov xxTaSsSuxdTcov u.dyt;
èv TI xiëurrtov 7r£p!(ra)âïivat Trpocoxs'ïXav TW Àuxwpsc, Çw7rupov
TI TOU àvôpwTct'vou ffirgpuiaToç StactoXàTTOv si; Ê7uyov7|V xaxt'a;
(AEtÇûVOÇ.
[4] ToiyotpTOt àxdXouQx t q ç ^aôopua; Tà7u'y_ECpa xopityq
rrap' aÙTÔv, Où'TE ÔùOVTO; ETI coi TCVOç OUTE CTEipavoovTOç, et
u,q Ttç apa TtâpEpyov 'OXvp.7ncov, xoù. OUTOç où 7tavu àvayxaûx
irotEtv ooxàiv, àXX' ei; E6Oç TI àpyaïov ITUVTEXôJV. Kaà (/.ET'
oXcyov Kpdvov os, to 6E6JV yEWxtdraTe, àîrocpavouni 7rap(ooâ(AEVOi r q ç Ttpvîji:. 'Eco Xéystv 7iorjaxc; qoq cou TOV VEù>V ffecuXrjxacnv • oî Se xai aùràS r/ot Ta; ysfpaç 'OXop-irtaciv k-K&têXqxacu. Kat cb ô ûtiiêpEu-ÉTTi; wxvqiraç q âva<7Tq<rat TOù;
TIMON OU LE MISANTHROPE.
è«l TQû AEuxaXiwvo;,
ù>; «TOXVTWV xaTaâsBoxÔTWV
ôuoêpvxûov
p ô y i ; é'v TI xtëtoTiav
TJEpifftoÔrjvai
irpo<roxeîXav râ Auxtopsî,
BiaÇuXaTTOV Tl ÏUJTOjpOV
TOû" OTiÉpu.aTo; àvopwTuvov
E!ç £7tlYOVY]V
xaxi'a; gEtÇavo;.
[4] ToiyâpToi xogiÇ/)
n a p ' aÔTwv
r à ÈTCtxE'Pa axoXou6«
•rîjç pa6v|i.ia;,
TIVO; OUTE 6ÛOVTO; SU C70t
OÙ'TE (TTSSaVOÛvTOÇ,
E'I |i.q T I ; a p a
rcâpspyov
'OXup.iriwv,
xai OOTO; où ooxàW
TCOLSÎV
au temps de Deucalion, que tout fut enfoncé sous l'eau, submergé,
et que c'est à peine s'il en réchappa une pauvre petite arche qui,
ayant abordé au mont Lycorée, conserva le foyer suprême do la
race humaine pour une postérité plus vicieuse encore.
[4] Aussi recueilles-tu de leur part le juste prix de ton indolence : car personne ne t'offre plus de sacrifices ni ne te couronne,
sauf, par hasard, aux Jeux Olympiques, un individu quelconque;
et celui-là ne croit pas remplir un devoir très rigoureux, mais
payer tribut à une coutume antique. Avant peu, ô le plus noble
des dieux, on fera de toi un Gronos qu'on aura dépouillé de sa
dignité. Je néglige de dire combien de fois déjà les voleurs ont pillé
Tcâvu à v a y x a t a ,
àXXà ouvTeXwv
eî; u e»o; à p y a î o v .
K a i p e i à oXiyov,
w ysvvouoTaTS ôsdiv,
ûMTOq>avooirc ci Kpôvov
irapwffâp.svos
TYi; TlgqÇ.
'Eà> Xéystv
Tiocrdxi; rfii\
aeauXrixaaiv
TOV VSOJV (TOIT
oï 6s x a l
suiësoXqxatyi croi aÙTài
TM; X £ ï P a '
'OXuptTrtafftv.
ton temple : ils ont même été jusqu'à porter les mains sur toi à
K a i où 0 ùipcëpspiTïK
Olympie. Et toi, qui fais là-haut un tel tapage, tu as craint ou
q àvao-Tvio-ai TOU; xûva;
Ù)XW|(TOC;
13
à-l'-époque-de Deucalion,
que, toutes-c/toses étant-enfoncées,
submergées,
à-peine une certaine petite-arche
avoir-été-sauvée
ayant-abordé au monf-Lycorée,
conservant «ne-certaine étincelle
de-la semence {race) humaine
pour fe-progrès
d'wn-vice plus-grand.
[4] Voilà-pourquoi tu-obtiens
de-la-part d'-eux
les salaires qui-sont-la-conséquence
de-1'insouciance,
[toi
quelqu'-un ni ne sacrifiant encore àni ne te couronnant,
sinon quelqu'-un, certes,
accessoirement
aux-Jeux-Olympiques,
et celui-là ne pensant pas
faire
des choses tout-à-fait nécessaires,
mais contribuant
à un-certain usage ancien.
Et après peu [bientôt),
ô le-plus-noble des-dieux,
îds-rendront toi wn-Cronos,
t'ayant-chassé
de l'honneur.
J'-omets de-dire
combien-de-fois déjà
ils-ont-pillé
le temple de-toi;
et*û?-qui, d'-ailleurs, même
ont-porlé-sur toi même
les mains
à-Olympie.
Et toi, le résonnant-là-haut,
t«-as-craint
ou de-faire-lever les chiens
14
TIMQN H MISANePOnOS.
xûva; r) xoùç yscxo-va? sTrtxaXéo-acôai, wç. pûYiopou/qc-xvTEç,
aûxoùç aoXXoto'otEV k'xi cuafXEua^ou.£vouç Ttpà; TTJV œuy-rjv • àXX'
o yevvocToç xas 1 tyavxe-XÉTwp xal Tixavoxpâxmp èXOCÔ7)(TO TOùç
7EXQXOCU.OU<; -7îsptXEtpôu.EVoç ûTI' aûxfflv,
OEXOOTT|YUV xepauvov
ey^cov Iv xy oe^'.S.. TaOra xofvuv, cL 6y.uu,cÉo"tE, TtTjvtxx TCCCUO'Sxat oùxwç apiEXojç -rcapop(nu.svx, -q TCO'XE xoXâsetç xvjv xoirauxYjV
aotxiav ; TCÔCUH <I>OIS8OVXEç. rj AsuxaXuovEi; Exavcù xcpbç ouxco;
ùTrÉpavxXov û'êpiv xoô ptc-o ;
[5] "Ivy. yàp x i xoivi lâcraç xàpvà SîTCW, XOO-OUXOU; ' A 6 Y | -
vatcov E!ç é'cvoç apaç xoù TcXoeatouc lx TCEveo-xâxwv à-r;ocp-qvaç
d'éveiller les chiens, ou d'appeler à ton secours tes voisins qui,
TIMON OU LE MISANTHROPE.
î] imy.cùÂ<ja.aftet'.
TOU; YEiTOva;,
ux; pon8pour|Oavxec
<7uX).âêotev «ùxouç
C"0<J"XEUaïO[XEVOUÇ £Xl
îrpb; x-py ç>'JYov "
àXV 6 YEVVOûO;
xai riYavxoAsxujp
xoù TixavoxpâxtJp
Èxâ&ïico
-TtEpiXECpÔlAEVOÎ
xoù; 7tX0y.du.0u;
ûTC' auxtox,
ey_wv èv xrj SEIU?
xepaovbv SExa-ïrcy/jv.
T
û Baugâdts,
TrcvExa xotyuv
xaûxa itaoa-îxai
itapoptogsva
ouxto; àgsAw;,
T| TtÔXS XoXdffS!;
accourus à l'aide, eussent empoigné les fripons encore occupés à
faire leurs paquets pour fuir : mais non! Toi, le vaillant destructeur des Géants, toi, le vainqueur des Titans, tu es demeuré assis
tandis que ces brigands tondaient les boucles de tes cheveux- et
tu tenais en ta main droite une foudre de dix coudées ! Quand donc
cesseras-tu, être étonnant, de considérer le monde avec autant de
négligence et de dédain? Quand châtieras-tu d'aussi abominables
forfaits? Combien de Phaéthons ou de Deucalions suffiront-ils à
réfréner ce débordement d'insolence de la société humaine?
[5] Mais, pour laisser de côté les affaires générales et ne parler
que des miennes, moi, qui ai fait monter tant d'Athéniens sur le
pinacle, qui les ai élevés de l'extrême pauvreté au comble de la
xriv xotraéx-ev
doTxEav ;
TC6CTO( $al9ovx£ç
T) AEuxaXîarvE;
Ixavol
Tupbç ôgptv
xoû" pTov
oûxwç ùTtépavcXov;
[5] T à p t'-va
èO(<7«;
xà xotvà
ECVCIO
xà ègà,
apa;
EÎç é'tj'o;
xoo-oéxoo; 'AflnvaEuv
y.a\ àTtocpïjvaç
•reXoecdo-o;
ÈX TCVEaxcxxwv
ou d'appeler-à-toi
les voisins,
afln-que, ayant-couru-au-secours,
iEs-arrêtassent eux
se-préparant encore
pour la fuite;
mais toi, le généreux
et exterminateur-des-Géants
et dominateur-des-Titans,
tu-étais-assis
étan t-tondu-tout-autour
ç/uunc-aux boucles
par eux,
ayant dans la main-droite
une-foudre de-dix-coudées.
ô etre-étonnant,
quand donc
ces-choses cesseront-eEEes
étant-dédaignées
si négligemment,
ou quand châtieras-fu
la (une) si-grande
injustice?
combien-de Phaéthons
ou Deucalions
seront suffisants
pour une-insolence
de-la société
si inépuisable (immense) ?
[6] Car, pour-que
ayant-laissé-de-côté
les choses-communes
je-dise
les choses-miennes,
moi ayant-élevé
en hauteur
tant des-Athéniens
et ayant-rendu eux
riches
de très-pauvres qu'ils étaient
15
16
TIMÛN H M I S A N 0 P Û I I O S .
TIMON OU LE MISANTHROPE.
x a l Ttaert xoïç; oEouivotç s7rtxoupVj<ïaç, p.aXXov 8s àôpo'ov etç
eùepye<xtav xwv
©IàCOV Ê x y é a ; xbv TCXOûTOV, STTSIST) icévqç S t i
x a u x a syevdpvriv, oùxéxt oùSs yv(opiT,Qu.ai irpbç
otùxùJv oùôè
irpoo-ëXÉirouc-iv of xlwe; Ô7co7tx-qff<ïovxsî xori 7tpo<ixuvoGvxeç x â x
xoO lu.oG veupLotTo; i7r7|pT7)u.svot • àXX' vjv TCQU xod bout SaSéÇcov
x a i smxoypY|oa<;
i r a s ! TOï; Seopevoi;,
Ss u-aM.ov ïf.fi(*.i
xbv •nï.oijT'Ov à9pôov
£ÎÇ EÙEpYEfXtaV
XWV çi>,wv,
ÈTCtOYi Scà xaGxa
èyev6frr]v TEEVï);,
IVTû^/W xtvi aùxàW, oiffTtsp Tivoc rjT7JXTT|V ixxXxtoû vsxpoG û i m a v
oùxsxi oùSÈ YvcopiÇou-ai
icpbç OWTMV,
u7ro TOO j/pdvou àvocTîTpau.u.£V7)V TcocoÉpj/ovxoct u,7)0s âvxyvôv-
Ol XÉ(0Ç ÛTCO'TIXTJCFCrOVXS;
xeç, oï oè x a i irdppw6sv iSôvreç sxspav sxxpsxcovxai, 8u(rt£vx7jxov x a t aTroxpô^xtov 9éau.a ouJsaOat uTcoXocu.ëocvovxsç xbv où
Ttpb TCOXXOU iraixrjpa xaù EÔspysxïiv aùxàJvysyev7ru,évov. [6] c 'iio-T£
6TTô xffiv x a x ô v l u ; xa.ùxY|V TTJV l<jv_ax;àv xpa.7iôu.svoç Ivatlaxu.svo; SupOépav êoyâÇou,ai xrjv y-qv, ù7rdjjua'9o; oêoXùJv x e x r a -
x a i TtptxrxovoSvxEç
x a l àTtïipxY]pivot
ex TOû" èpoG vEùpaxo;
où8è irpooêXsuoyo-tv Èpé à).Xà vjv TOO xat
{JaStÇtov ô8<5
Èvxûyw xtvi aùxwv,
Txapép'/ovxat
<5utrep ffTïjXïiv x t v à
richesse, moi qui ai assisté tous ceux qui étaient dans l'indigence,
ou plutôt qui ai répandu à profusion m o n opulence pour faire d u
bien à m e s amis, me voilà, pour ces motifs, devenu pauvre, e t
vsxpoù itaXatoû
àvaT£xpappév7)v yrcxcav
ûmb xoû -/povoy
pï]5s àvayvovxEEi
oï 8s
aussitôt n u l d'entre eux n e m e connaît plus, et j e n'obtiens m ê m e
xat ÎSôVXEE îcôppwôev
pas u n regard de ceux qui jusqu'ici, tremblants et prosternés
sxxpÉTtovtat Érépav (6Sôv),
Û7toXapëtxvovTe;
Ô'ij/SOÔai
xbv yEyevripÉvov
devant moi, étaient suspendus à u n signe de m a tête j mais, si
d'aventure j e rencontre sur m a route l'un d'entre eux, c o m m e
s'ils voyaient quelque stèle d'un vieux tombeau couchée et r e n versée p a r le, temps, ils passent leur chemin sans m ê m e avoir l u ;
d'autres, m'ayant aperçu de loin, prennent u n e autre direction :
ils pensent que ce serait un spectacle terrible et affreux d e contempler celui qui, n a g u è r e , avait été leur sauveur e t leur bienfaiteur. [6] En conséquence, confiné p a r l'adversité en ce lointain
domaine, j e m e suis vêtu d'une peau et j e travaille la terre, pour
où npb TTOÀXaV
crtoriïpa x a i EÙEpyÉx^v
auxôjv
6éapa Sya-âvtYjxov
x a \ âiroxpôiraiov[6] "QTTE ûîtb tà>v x a x û v
xpaitôpevoE
ÈTtï xaÛT»)v TYjv ÈcryjaTtàv,
èvccj'OtpsvG; SicplÉpav,
âpyâijopai TTiv yriv,
LUCIEN. — Extraits.
17
et étant-venu-en-aide
à-tous les étant-dans-le-besoin
ou plutôt ayant^répandu
la (ma) richesse en-masse
pour fe-bienfait
des amis,
après-que p o u r cela
je-suis-devenu pauvre,
ne-plus pas-même je-suis-reconnu
p a r eux,
et les jusqu'-ici tremblant
et se-prosternant-devant moi
et suspendus
de (à) mon signe-de-tête
ne-pas-même regardent m o i ;
mais si p a r - h a s a r d même
cheminant en-route
j ' - a i - r e n c o n t r é quelqu'-un d'-eux,
ids-vontdevant moi
comme devant «ne-stèle quelconque
d'-wn-mort ancien
renversée et couchée
par le temps,
pas-même ayant-lu ;
d'autres
m ê m e m'ayant-vu de-loin
se-détournent-vers «ne-autre route,
estimant
devoir-voir
le ayant-été
il n'y a pas longtemps
sauveur et bienfaiteur
d'-eux
comme n n - s p e c t a c l e pénible
et abominable.
[6] Ainsi, par-l'-effet des maux
m'-étant-tourné
vers cette exfrémité-de-paws,
ayant-revêtu «ne-peau-de-bèïe,
Je-lravaille la terre,
18
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMON H MISANOPOnOS.
pcov, Tyj £pïiu.i'a x*/.l TÎj
SïXéXAï]
TrpoatptXoffoϙjv. 'Evxaoua
TOUTO yOUV U.C. Soxâ» XSpSxVclV, U.Ï|XÉTt OUyetfâoi!
TCOXÀOùç
Tcapi
TïJV àljtav su 7ipxTT0VTXî ' àvixpÔTXTOv yàp TOOTÔ yî. "HOT|
VTtÔptO&QÇ
TETVâptoV oêoÀÔJV,
TtpOO'CpiAOO'OCpâJV
TTJ èpnuÂa
x a l TV) StxéXAv].
iW
èvTocû6a
TTOT' oùv, <J Kpôvou xal C PîX? usa, TOV fiaôùv TQÙTGV UJtVOV
ÔOXÔi |AOt
xEpSaveîv TOUTO,
à7ioo-£to,âu.£voç xal vvjSuixov {ôjrsp TOV 'E7tiu.£vî'Sr|V yJcp xsxoi-
[x/ixÉTi OILîTOOK
u,ïjffat), xal àvxpptTct'o'a; TôV xepauvôv, 7) lx TTJç OiVqi; Ivau-
icpÔTTOvra; eu
itapà TÀV aEiav "
yàp
erauevo; usyàôVqv TToiTjQ"a; TT|V cpXôya, STaoîiljxid Ttva yoAYft
TOOTô yé
(èoTiv) àvtapÔTXTav.
"HOYI TEOTè ouv,
àvSpwSou; xal vexvtxoo Xibç, si pr/j àXTjÔTj êcm TX ûTCô KCTJTôJV
Ttîpl cou xal Tïjç ixsï Txa>7Jç, u,u9oÀoyouu,iva.
u> oie Kpôvou
x a l TAéaj,
àiroffetcâp-evo;
TOûTOV TOV ouvov
flaôùv
un salaire de quatre oboles, philosophant en tête à tête avec la
solitude et ma pioche. Ici, je me ligure que j'aurai du moins
cet avantage, de ne plus voir une foule de gens jouir d'un bonheur immérité : car rien au monde n'est plus affligeant. Désormais
x a l vT|ôup.ov
(yàp xsxocpï]<ïat
TjTîèp TôV 'EmiJ-sviÔYiv),
x a l àvappiirtca;
TOV xepauvôv,
r, èvauo-âp-îvo;
ex riji Oî'TAC
Tcotïjoaï peyâ/V/iv
donc, fils de Gronos et de fihéa, secoue ce sommeil profond dont
tu ne peux sortir et qui te tint assoupi plus longtemps qu'Épiménide, ranime ta foudre, ou rallume-la aux feux de l'Etna pour
produire une grande flamme, et montre une colère digne d'un
Zeus mâle et vigoureux, si ce sont bien des mensonges que les
fables débitées par les Cretois sur toi et sur ta sépulture là-has.
TYJV cpAôya,
èiuSôtlaté
Tiva yokr^
Atb; àvôpwSou;
xal veavtxoû,
et Ta p-jflo'Xoyoûp.îva
UTtO K p ^ T & V
Ttepl trou
x a l TA.? Tatprjç
sxeî
pf, èariv aX-nOm
19
recevant-un-salaire
de-quatre oboles,
philosopbant-avec
la solitude
et le {mon) boyau-à-deux-pointes.
Ce-qui-est-sûr-,c'-est-que
ici
je-fais-l'-effet à-moi
de-devoir-gagner ceci,
de ne-plus voir
beaucoup-de-gens
réussissant bien
contre la {leur) valeur;
car cela du-moins
est la chose la plus-affligeante.
Déjà, d'-aventure, donc,
ô fils de-Cronos
et de-Rhéa,
ayant-secoué
ce sommeil
profond
et dont-tu-ne-peux-sortir
(car tu-dors
supérieurement-à Épiménide),
et ayant-ranimé
la (ta) foudre,
ou-bien Tayant-allumée
de (à) l'ffiia
ayant-fait grande
la flamme,
puisses-t «-montrer
un-certain courroux
d'-un-Zeus viril
et juvénile,
si les-ehoses imaginées-par-fiction
par les-Grétois
au-sujet-de toi
et de-la (ta) sépulture
là-bas (en Crète)
ne sont pas vraies.
20
TIMQN II MISANOPOnOS.
Zeus demande à Hermès des explications et le charge de rendre
à Timon sa richesse.
[7] Z E Y S . Ttç OUTO'ç so-Ttv, oô 'Epu/ïj, 6 XExpsxvù); Ix r q ç
'ATTIX7Jç irapx TGV 'YU-TJTXÔV èv TTJ ÙTrwpei'x ; invaoô; oXoç
TIMON OU LE MISANTHROPE.
Zeus demande à Hermès des explications et le charge de rendre à Timon
sa richesse.
[7] Z E T S . Ttç è<7w,
m "Eppô,
O'JTOÇ
xxi aù^puov xxt ÛTtoSi'çpÔspoç. SxxTrrst SI, olpixt, STttxexuaiaiç "
ô xexpayùi;
XxXoç avÔpwjroç xxc 6pxo"ùç. r H 7rou ©lAdcromôç EXTIV • où yxp
irapà TôV 'Y|i.i)TV(>v
Èv tvj éirwpsca ;
blOÇ
irivapbc xx't acr/pùiv
xa\ ûitoStapUEpoç.
Exâirret oï,
olptat,
snxxsy.utptiç"
avOptoiro; XâXo;
xa\ Gpaoô;.
"H rcoô
servsv cpiXoooçoç "
yàp oùx âv SisÇipsi
oùtcoç aersêst;
TOÙ;Xo'you»
xocrà ^ip.(5v.
sx vr(- 'ATTIXTI?
av ourtoç àfferjetç TOùç Xéyouç Sis^'^et xa6' -quâjv.
E P M H S . TY cpvjç, tu 7rocxep ; XYVOEïç Ttacova xôv 'EyjexpxTCSOU TôV KOXXUTEX; OÙTO'ç IffTtv ô iroXXxxtç VJU.Xç xx6* tepôov
TïXst'tov Éariacraî, b r à ç ôXxç éxxTÔuêxç, TUXO' qi Xxpnrpàiç
éopXXt^ElV doSôêtfAEV TX ÀlXfftX.
Zeus demande à Hermès des explications et le charge de rendre à Timon
sa richesse.
[7] ZEUS. Quel est, Hermès, ce criailleur qui m'apostrophe de
l'Attique, près de l'Hymette, au pied de la montagne? Il est tout
E P M H S . Tt <BYI;,
crasseux, tout poudreux, et couvert d'une toison. 11 creuse, je crois,
(ri TtCiTep ;
courbé vers le sol : c'est un bavard et un insolent. Bien sûr, c'est
àyvosîç
Tlpiwva
TOV (olbv) 'EyjExpavîôou
un philosophe : sinon, il ne proférerait pas de si impies propos
contre nous.
HERMES. Que dis-tu, mon père? Ne reconnais-tu point Timon,
fils d'Échécratidès, du dème Collytos? C'est lui qui souvent nous
a régalés de sacrifices parfaits, d'hécatombes entières; c'est chez
lui que nous avions l'habitude de célébrer splendidement les
Diasies.
21
TÔV KOXXUTIX;
OUTOÇ SOTIV
é IffTtâota; vp.5?
itoXXaxiî
xarà lepûv TsXettriv,
à Taç ixatôgga;
oXaç,
Ttapà to
eîtdGsijASv
éopvâsStv XapvKpéâ;
Ta Atàxix-
[7] ZEUS. Qui est,
ô Hermès,
celui-ci
le ayant-crié
de l'Attique
près-de l'Hymette,
au pied-de-la-montagne?
il est tout-entier
sordide et sale
et couvert-d'-une-peau.
JT-creuse, d'-autre-part,
je-pense,
penché ;
c'est un homme bavard
et hardi.
Certes, en-quelque-manière,
rT-est philosophe;
car, autrement, il ne débiterait pas
si impies
les propos
contre nous.
HERM. Que dis-fw,
ô mon-père?
ignores-tu (méconnais-tu)
Timon
le fils d'-Échécratidès,
lViaoftfflwf-dM-dème-Collytos?
Celui-ci est
le ayant-régalé nous
souvent
par des-sacrifices parfaits,
le ayant offert les hécatombes
entières,
l'homme chez qui
nous-avions-coutume
de-solenniser brillamment
les Diasies.
22
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TJMQN H MISANOPCinOS.
Z E Y 2 . QT>£u xyjç àÀXay-qç ' ô xaXôç IxeTvoç, b TrXoùaioç,
Z E T S . «UEô xffi àXXayiy:"
È-/EÏVOÇ
Tiepi 8v ot TûoûÙTOi ©1X01 ; Tt ira.6(Lv xotouxoç ISXIV b a6Xtoç,
6 xaXb;, ô TiXoéaiOî,
nepi ov
au^u.-qpbç xai axaTcavEÙç xat ouo'ôaixoç, w; totxev, oû'xoi
ol xoo-oôxoi çî),ot;
papsïav xaxacpsooiv XTJV bïxsXXav ;
Tï 7ta6wv
à aGXibç
[8] E P M . Oùxwat uèv e'.irefv, ^pT|OToxrii; l7rsxptdp£v aùxbv
xoù cpiXavôpeoTcia xoù ô TCOO; xoù; o£op.évouç axiavxaç olxxoç,
cîiç SE aX-qÔEt Xôyqi, avota xai eùrjlkia xat àxoicia irsot TOJV
ffltXaiv • 3ç où ffovt'st xôpajji xai Xùxoiî ^apiÇop-.svoç, àXX' ûrcb
ËSTl TOIOÔXOÇ,
y
OÔTW (lapeîav
tuné, à cette condilion sordide de laboureur et de mercenaire, si
xr|V SixsXXav;
[8] EPM. M b
e'meïv oùxuxri,
ypqaxoxv];
£7CSTpi'j;sv auxbv
xat «piXavÔpovjrla
xai. â oixxoç
•rcpb; àiravxao
xoùç Seouivouç,
SE U>; >6yo) ouv/]8eî,
avota xa't EuvjOEia
xat àxpiata
us pi xwv tpiXwv •
j'en juge au boyau si lourd qu'il enfonce dans le sol?
ôç O'j a w i E i
yuTcôjv xorroùxiov b xaxooai'u.(ov xstpôpuïvoç xb 7]Tcap otXoo;
etvat aùxoùç; xat éxat'pouç wexo 6TC' eùvotaç T % Trpbç aùxov
^afpovxaç TTJ |3opa. Ot ol, xà ùaxa yupuôcravTSç àxptfjùîç xai
TrEptxpayôvxEç xat, si' xtç U-OEXôç EVTJV, £XU.ovirî<7avx£ç xat xoO-
ZEUS. Ah! quel changement! Lui, ce bel homme, si riche,
entouré de tant d'amis? Par quelle vicissitude est-il réduit, l'infor-
[8] HERM. On dirait qu'il est victime de ses sentiments de
bonté et d'humanité et de sa compassion envers tous les misérables; mais, à parler franc, c'est sa sottise, sa naïveté et sa maladresse à choisir ses amis qui l'ont perdu : il ne comprenait pas
qu'il rendait service à des corbeaux et à des loups; mais, quand de
tels vautours lui rongeaient le foie, le malheureux, il les prenait
pour des amis et de bons compagnons qui, par pur dévouement
pour lui, aimaient à se repaître ainsi. Ceux-ci, après qu'ils eurent
mis à nu ses os consciencieusement, après qu'ils l'eurent dévoré
y
auyii.Y]poç xai axaitavEUî
•xat [uaSioxbç,
(5)Ç ÏOIXEV,
xaxaçsptov
-/apiïiu£vo;
xôpa^t xat Xûxotc,
àbXà ô xaxoSatp-tov
xstpdaEvo; xb rjuap
\mb xoaoùxiov yunâv
(OEXO aùxoù; Eivai
<pt).o'j; xat Ixatpooç
^aîpovxaç xvj ^opà
énb eùvot'a; xvji; nph; aùxov.
Oï SE, yu[j.vwo-avxe;
àxptoàiç xà oaxâ
xatitEptxpayôvxeç,
xat, et xt; uusLb; êvvW,
23
ZEUS. Hélas! le changement!
Cet-domme-là
le beau, le riche,
autour-de qui
étaient tant d'amis?
Quoi ayant-souffert
l'infortuné
est tel,
sordide et bêchant-la-terre
et pris-à-gages,
comme il-semble,
enfonçant
si lourd
le hoyau-à-deux-pointes?
[8] HERM. D'-une-part,
à le dire ainsi,
/a-bonté-de-cœur
écrasa lui
et les-sentiments-d'-humanité
et la pitié
envers tous
les-hommes étant-dans-le-besoin,
mais-,d'-autre-part, pour user d'unhi-folie et la-naïveté [propos vrai,
et te-manque-de-discernement
au-sujet du choix des amis;
Iwï-qui ne comprenait pas
étant-complaisant-pour
des-corbeaux et des-loups,
mais le malheureux
étant-rongé quant au foie
par de-tels vautours
pensait eux être
des-amis et des-camarades
se-réjouissant-de la pâture
par bienveillance la envers lui.
Ceux-ci,d'-autre-part, ayant-mis-à-nu
exactement les [ses) os
et ayant-rongé-autour,
et, si quelque moelle était-dedans.
24
TIMON H MLEANePOnOE.
xov sû u.xXot s7uu.£Xâ>ç, wyyovTo aùov aûxov xa.'. xàç piÇaç OTCOTSTO.Y]U.SVOV âTroXtTcdvTeç, OÙÔE yvojpi'ÇovTsç e n oûSè TtpoaëXs-
TTOVTSç — irdÔÊV yâp ; — rj smxoopouvxsç vj £Tci5t5dvxs; èv TôJ
u.spst. Aià TXïïTOC StxsXXéxTjÇ xxt StcpOept'aç, w; ôpaç, «TcoXiTrojv
ûr; (xio'/'ûvTjç Tô acTu, (jLiffGou yEiopysf. .[xsXayyoXàîv TOïç. x a XOlÇ, ÔTl of TrXouTOUVTSÇ. 7rap aÙxOO u.7.Xa, ÙTCSpOTCTlXàiç Tcapspvyovxac, oôoè Toûvou.a, si TIJJMUV xaXofxo, EîSôXEç.
[9] Z E T S . Kai u,TjV où TtapoTtxso; âvY]p oùos àp-sX-q-rsoç *
sîxo'xwç; yào Tjyavaxxa SUUTUV-ôJV ' sirs) xai 6'u.oia TCQ[TJUQU.EV
TOTç xccxapâxotc xéXa!jiv èxst'voiç £TaXEXy]ouivoi àvopôç xocraûxa
pvnpûx xaupwv xe xac aiyolv rcidxxxa xxûauvxoç; yju.iv STCî xa>v
en tous sens, suçant tout ce qu'il avait de moelle avec le plus
grand soin, sont partis et l'ont laissé sec et coupé dans ses racines;
ils ne le connaissent plus, ne le regardent plus (car à quoi bon?),
ne lui offrent aucune assistance et ne lui donnent rien à leur tour.
Voilà pourquoi, la pioche en main, vêtu de cuir, comme tu vois,
il a quitté par honte la ville et cultive les champs pour un salaire,
l'âme assombrie par les malheurs, lorsque les gens qu'il a enrichis
passent près de lui d'un air très méprisant, sans se rappeler seulement s'il se nomme Timon.
[9] ZEUS. Eh bien ! pourtant, ce n'est pas un homme à toiser ni
à dédaigner. Oui, il avait raison de protester contre son mauvais
sort : aussi bien, nous imiterions ces maudits flatteurs si nous
perdions le souvenir d'un homme qui tant de fois a brûlé sur les
TIMON OU LE MISANTHROPE.
ÈxjJL'JÏqcavxe; x a t xoôxov
£0 u.àXa ÈTCIUEXIOç,
ipy_ovxo àTcoXrirévxsç
aôxôv aOov
XOÙ ÙXOT£T(AUU.ÉVOV
x à ; pîÇaç,
oùSÈ yvtopi'ÇovxEç exi
o'jSè TtpotrêXéxovxs;
— TtoÔsv y â p ; —
Yj ÈTCtXOOpOUVTe:
T| èTCU5I86YTE;
èv xtîS pipEi.
Atà xaûxx ôixsXXixï]<;
xat StcpOeptaç, toç ôpàç,
âuoXmwv ûitb aîa-yôvï];
xô aiTTU,
ysiopyst [Aiudoij
u.sXayxoXù>v TOI; xaxoïc,
OTt ot xXoUTQÛ'vTEÇ
itapà aùxou
itapspxovxat
p.âXa ùuEpOTCXtxtoc;,
où8È EtSôxEç xô dvop.a,
Eî xaXoïxo Ttp.wv.
[9] Z E T S . K a i p.r,v
à* àvv)p
ou xapouxÉoç
oôSÈ àu.EXYixéoç"
yàp TiyavàxxEt
stxôxwç Soffxoyôjv'
ÈTtsi x a \ xorqcrOLiEV
Suota
èxEtvotç xoî; xôXaiUv
xaxapâxon;
ÈXLXEAr)(7p.Évoi avSpôç,
xaooavxoi; -qpïv
ÈICt Xà)V (JOJLUùV
xouaûxa p.Yjpiot mfixaxa
xaopwv TE xat a i y à i v
autels, en notre honneur, les cuisses les plus grasses des taureaux
yoôv
25
a y a n t - s u c é aussi celle-là
bien très s o i g n e u s e m e n t ,
sont-parlis a y a n t - a b a n d o n n é
lui sec
et coupé
quant aux racines,
ne le connaissant même plus
ni-ne le regardant
—d'-où, en-effet? [car pourquoi?) —
ou le secourant
ou lui donnant
à leur tour.
Pour cela maniant-le-hoyau
et vêtu-de-peau, comme '«-vois,
ayant-quitté par honte
la cité,
fl-laboure pour un-salaire [maux,
ayant-1' - humeur - sombre par - les
parce-quc les étant-riches
par-le-fait-de lui
passent-outre
très dédaigneusement,
ne-pas-même sachant le-nom de lui,
s'il-s'-appelle Timon.
[9] ZEUS. Eh-bien! cependant,
l'-homme
n'est pas à-dédaigner
ni-même à-négliger;
car it-s'-indignait
justement étant-malheureux :
puisqu'aussi «ous-ferons (ferions)
des-ehoses-semblables
à-ces flatteurs
maudits
ayant-oublié un-homme
ayant-brûlé à-nous
sur les autels
tant-de cuisses très-grasses
et de-taureaux et de-chèvres ;
ce-qui-est-sûr,-c'-est-que
26
TIMON H MIEANOPOnOS.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
[3wœôjv * ST! youv êv xafç ptoù XYJV xvïerav aùxàîv e/m. nXàjV ùTC'
àay^Xûxç xs xai Gopùëou 7ïUXXOùTOJV iTctopxouvxtov xai piaÇoui-
tyjM ïxt sv xaïç ptcrt
vhy xvîixav aùxôiv.
viov xai âp7raCdvx(uv, ï T I Se xai cpoêov TOU7capà XôJV l'epoauXouv-
xai Bopùëou TtoXXoû
IIXT)V ûiro à<r/oX£aç xe
xoiv, — TCOXXOI yap ouxot xai SucajtjXaxxo: xai oûSè âir oXiyov
xaxau.ucrat YJU,ïV Iffitacu, — 7roXùv TJSTJ ypôvov oûSk àitsêXsupa lç
XTJV 'Àxxix-^v, xai ptaXtcxa l\ ou ©iXoffooHa xai Xôyiov 'éptoeç
IxceTrôXaffav aùxoîç. May ouévwv yàp Ttpbç àXX-qXouç xai xsxpayôxcov oùos IxcaxouEiv EGTI XôJV sùyôjv • OJCTE vj £xt6uo"âp.£vov
v_p7] xà u>xa xafirj<76xi y] êTriTpi&qvai rrpbç aùxcov àpsT-qv xiva
xai à(7(ou.axa xai X-qpouç u.eyaX7) xy| cpwvyi rjuvstpbvTWV. Atà
xauxà TOI xai xouxov ap.£X-qG7)vat £UVS6TJ irpbç ï)U,ôJV, ou tpauXov ovxa. [ 1 0 ] "Ou-wç Se xbv ITXouxov, tù 'Epp-yj, irapaXaëtùv
et des chèvres : j'en ai encore le fumet dans les narines ! Seulement,
tant d'affaires, le grand trouble que causent les parjures, les scélérats et les ravisseurs, et, en outre, l'effroi que suscitent les sacrilèges pillards des temples (or, ces gredins sont nombreux, il est
malaisé de s'en garantir, et ils ne nous permettent môme pas de
fermer l'œil un instant), tout cela, depuis longtemps déjà, m'a
privé de jeter les yeux sur l'Attique, surtout depuis que la philosophie et les querelles de mots ont envahi le pays. Ces luttes
réciproques, en effet, et ces criailleries m'empêchent d'écouter les
prières : il faut donc, ou que je reste assis après m'être bouché
les oreilles, ou que je me laisse assommer par je ne sais quelle
vertu, je ne sais quels corpuscules
immatériels
et autres bali-
vernes qu'ils débitent à perdre haleine, avec force vociférations.
D'où il résulte qu'il m'est arrivé de négliger ce brave homme, qui
pourtant mérite mieux. [10] Mais voyons, Hermès, prends avec toi
XùW ÈmOpXOÙVTMV
xat _Biai(op.lvo)v
xa\ àpTtxÇévTwv,
8s STI xai
cpôéou xoû racpà
Twv WpoauloûvToiv,
— yàp oûxoi rroD-ol
xai Su<r<pûXaxTOi
xai oùSè ècpiàtnv np.ïv
xavagOcrai èVi ôîxyov,
— •rçSï] TioXÙv XPoAov
où6s àiréëXséta
i i Xï]V
'AXTIXïJV,
xai pàXurca i% ou
çiXocrocpia
xai epcSsi; Xôywv
èirsitoXao-av aùxotcTàp gay_ouivwv
•npbç àXArjXouc,
xai xsxpayôxtov
ouSË Èaxiv Êitaxoustv
xtov sùywv • wffxs -/pn
i\ èmëuo'âu.evov xà uYxa
xa(bïof)at
r) èmxpiëiyvai 7tpb? auxàiv
IjuvstpôvTiov
xi) cptov^ psyâ),?)
àpsxTJv xtva
xai àocôu.axa
xai XiQpouç.
Aià xaûxâ xoi l;uvéëïi
•covxos xai à[isXï]Bravai
irpbç àipuôv,
ovxa où tpaùXov.
[10] Aè 6'u.coç, w 'Epp-âj,
uapaXaëfov
27
j-'ai encore dans les narines
l'odeur-de-graisse d-'eux.
Seulement, et par manque-de-loisir
et par /e-trouble nombreux [grand)
des-hommes se-parjurant
et usant-de-violence
et ravissant,
d'-autre-part, en-outre, aussi
par fa-crainte la venant-de
les-hommes pillant-les-temples,
— car ceux-ci sont nombreux
et dont-il-est-difficile-de-se-garder
et ne permettent même pas à-nous
de-fermer-l'-œil pour peu-de-tetnyjs,
— déjà depuis beaucoup-de temps
je n'ai pas môme regardé
vers l'Attique,
et surtout depuis que
'a-philosophie
et les-batailles de-mots
ont-déhordé-sur eux.
Car, eux combattant
les uns conlre les autres
et criant,
il n'est pas même possible d-'écouter
les prières; ainsi il-faut
moi ou m'-ayant-bouché les oreilles
demeurer-assis
ou être-écrasé [excédé) par eux
débitant-tout-d'-une-haleine
par-la voix grande [forte]
une-vertu quelconque
et des-cnoses-incorporelles
et dcs-niaiseries.
Pour ces-choses, certes, il-cst-arrivé
celui-ci aussi être-négligé
par nous (moi),
étant non vil.
[10] Mais pourtant, ô Hermès,
ayant-pris-avec-toi
28
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMON H M I S A N 0 P Q I I O S .
a7n9t i r a p ' a ù t ô v xotrà t&'/oç
' àyÉTto os ô IJXOUTOI; x a l T ô V
©Yjxaupôv u.s6' auTou, x a i U.SV£T<MO"XV au.cpoj rcapa T « Tipvwvi
,
fjLrjôs àiraXXxTTsa 6ojo*!XV OUTOJ pxôYtnc, x x v o n
uàX'.a-Tx ôrrô
• r à v
T I X O J T O V
areiSt jrxp' OCVTÔV
x a i à Tcr/p; •
8= ô IIXOVTO; àysTh)
x a i TOV ©rjoaupàv
(1ST« aÔTOÛ,
V û ^ C T ô T Y J T O ç aûôiç IxStoSxvj otÔToùç T % o i x t a ç . Ilepc os r S v
xoXxxoov Ixst'vcov x x t r ï j ; àv/xptcTtaç ôqv sTrsostçavTO irpôç a u TÔV, XX! XliOlÇ [iiv (JXÉ'JÔOU.X! XX! 8tX7)V Siocoucuv sTrstôxv TÔV
xspauvôv STTtoxsuxow " xxTsaypisvxi y à p auTOÛ x a l XTrsaTOftftipivai
etaù, 8ûo à x T t v s ; a i
fjtiytTTai,
ôTCO'TS auXoTiaôrep/ov
TJXÔVTIffa TTptpV|V ËTC! TÔV <70'p ! <JT7] V 'AvX^Xyo'pXV, OÇ £TT£t9s
TOOç ôUIXY,TXç; u,Yj8s ô'XOJç elvxi 7ju,a; T O ù ç 6SOIJç. 'ÀXX' Ixei'voo
Plutus et va-t'en a u p r è s de lui en h â t e : q u e P l u t u s e m m è n e a u s s i
Thésauros avec lui, et q u e tous deux s'installent chez T i m o n , e t
qu'ils n e soient pas congédies aussi facilement, q u a n d bien m ê m e
celui-ci, a i m a b l e c o m m e il l'est, ferait tous ses efforts p o u r l e s
c h a s s e r du logis. Quant à ces flatteurs et à l'ingratitude qu'ils o n t
•xai agepai psvÉToxrav
•stapà Toi Tcuwvt
(11,81 àiraXXaTTÉoâtoaav
ovTûi paSIto;,
•xxi àv a58c;
but» )(p-t;<iTÔTriTOç
èxëiaV/Cir, aOtoùç
TTJç o i x î a ;
ÔTL (lâXiara.
A è «epi
EXEIVWV Ttôv xoXotxtov
x ï i T ô ; à-/ap[<7Tta;
vjv èîteSel^avTO
•jipô; avtôv,
a ô 8 t ; xoè puev
<7xétî»op.at,
ata\ StotTOUdiv ôtxny
£HEt8àv ÈTCiffXEuâaw
TOV xepaovôv '
y à p ëiio à/Tiviç
a i (liyiffTat aÔTov
eitr't xaveoyo-évai
XX'l XltSffTOU.Ojpivai,
«HOTE ItpwïJV
m o n t r é e à son é g a r d , j ' y réfléchirai p l u s tard, et ils seront c h â t i é s
TJXOVTUTœ
lorsque j ' a u r a i fait r é p a r e r m a foudre : en effet, s e s d e u x r a y o n s
Ç!X0Tlg.ÔTEpOV
£ît\ TÔV (>0<pt(7TYjV
'AvaÇayôpav,
les p l u s g r a n d s se sont é m o u s s é s et cassés le j o u r où — t o u t
r é c e m m e n t — j e l'ai lancée avec trop de force contre le s o p h i s t e
Ô;.E7ESI6E
TOV; optXïiTaç
-VJILéCI; TOV; 8SOU;
Anaxagore, q u i voulait p e r s u a d e r à ses disciples q u e n o u s n ' e x i s -
JATQSè etvai oXw;.
tons a b s o l u m e n t p a s , n o u s les dieux. Mais j e le m a n q u a i ( c a r
"AXXà p-Èv
ôrijgapTov Èxsivov,
le Plutus,
va-t'en vers lui
29
{Timon)
en hâte;
d'-autre-part, que le Plutus emmène
aussi le Thésauros
avec lui-même,
et que tous-deux restent
chez Timon
et-ne s'-en-aillent p a s
si facilement,
quand-bien même en-sens-inverse
par bonté [ironique)
il-chasserait eux
de-la maison
le plus possible.
D-'autre-parl, au-sujet-de
ces flatteurs
et de l'ingratitude
laquelle i/s-ont-montrée
envers lui,
une-autre-fois aussi, d'-une-part,
/-examinerai,
et i7s seront punis
après-que j-'aurai-réparé
la [ma] foudre :
car ies-deux rayons
les plus-grands d'-elle
sont brisés
et émoussés,
lorsque dernièremen
j e l'ai-dardée
avec-trop-d-'ardeur
contre le sophiste
Anaxagore,
lequel persuadait
les (ses) disciples
nous les dieux
n'exister pas absolument.
Mais, d'-une-part,
je-manquai celui-là,
30
TIMQN H MIEAN8PQIIOS.
p.sv SiïjuapTOV, — ôizi.çi<jyt yàp aùrc-o TTJV vysfpa IIsp'.xX^î
—
6 Sa xEpauvô; ESç T ô 'AVOCXEIOV irapacxTj'Votç IXEIVô TE
xaT£yXs!;e xal aûrbc oXi'you OECV cruveTptëri TCEO! TT; Tcéa-pa •
TTXT)V C'XXVYJ sv TOCOUTOI xal aoTV] Ttuuopt'a Earai aÛTo"tç, et
ûirepTrXouTouvTx T6V Tûacova ôpwcnv.
[ I l ] E P M . Otov -qv Tô p i y a XExpaysvat xal o^X-qpôv sîvat
xal 6pacbv. Où TCùç oïxamXoyofJGT p.dvotç, àXXà xal TOÏç EÙyou.svo!ç TOUTO y^o-qmu.ov. 'JSoù yé TOI aÙTixa taaXa TTXOÙCTOç.
EX TCEVECTOCTOO xaTasTajCETat 6 Tipuov pVqcxç xai Trapp-qaixcâu.£vop Iv TT, sùyrj xal ÈTito'TpÉ'j/ai; TOV A t'a. Et Oè ffiwTcy,
'éffxaiTTEV éirixExoipojç, ETC av EcxaTCTSv au.sXouu.svoc.
Périclès avait étendu la main au-dessus de lui), et la foudre,
atteignant le temple des Dioscures, le consuma et faillit même
se briser contre la pierre- toutefois, ce sera déjà une punition
suffisante pour eux, de voir Timon immensément riche.
[11] HERM. La belle chose que de jeter les hauts cris et que d'être
importun et insolent! Ce ne sont pas seulement les avocats, mais
encore tes suppliants qui y trouvent leur compte. Voilà donc Timon
qui va passer tout de suite de l'extrême pauvreté à l'extrême
richesse pour avoir crié et parlé franchement dans sa prière, et
pour avoir attiré l'attention de Zeus. S'il avait pioché, courbé en
silence, il piocherait encore sans qu'on s'occupât de lui.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
— yàp LlEpixÀn;
ùirepÉtryEv au TOV
Tqv y,Etpa, —
ôi ô xspauvôç
Tcapaaxri^a;
s!; Tô 'Àvàxetov
XaTÉepXsijé TE sxstvo,
xai auto;
(7'JV£Tptëïl
oXiyou ÔEÏv
•nspt T'q x É r p a '
TcXrjv xal aÙT/j xtutopia
E3Ta; IxavTi auvoi;
EV TCXTOÙTtp,
Et ôpôJOT
TOV Tip,u)va
yTCïpxXouTovvTa.
[11] E P M . Ofov xv
Tô xsxpayÉvat p.éya
x a l stvai ôyX'cpôv
x a l ôpaaùv.
ToÔTÔ (È<TTt) "/pTjO-lp-OV
ou TOïî SixatoXoyouffi
pAvotç. àXXà x a l
TOÎ; Eu/o pivot;.
T5où yé Tôt
ô Ttp.a>v xaTaarqa'ETat
p.otXa a ù t i x a
irXoôsro;
EX HEVECTTaTOU
^oiqoa;
x a l Ttappïiaiao'âp.Evo;
êv T'p EÔy-q
x a l ÈxtaTOEiiia;
Ata.
M El
ECfxaTCTEV
CTIOITC^ ÈTCIXEXUOW;,
Sv ECXaTCTEV ETt
àoEXoép-îvo;.
TOV
31
— car Périclès
tint-au-dessus-de lui
la {sa) main, —
d'-autre-part la foudre
ayant-frappé
contre le temple-des-Dioscures
et embrasa celui-là,
et elle-même
fut-mise-en-pièces,
de-peu falloir {peu s'en faut),
contre la pierre;
seulement aussi cette punition
sera suffisante à-eux
à un-tel-degré,
si iis-voient
Timon
étant-excessivement-riche.
[11] HERM. Quelle-chose était
le crier grandement (fort)
et être ennuyeux
et hardi!
Cela est utile
non aux-/iommes plaidant
seuls, mais encore
aux-hommes faisant-des-prières.
Voici-gue du-moins certes
Timon deviendra
tout-à-fait aussitôt
riche
de très-pauvre qu'il était,
ayant-crié
et ayant-parlé-franchement
dans la (sa) prière
et ayant-tourné-vers lui
Zeus.
D'-autre-part, si
îT-creusait {avait creusé
en-silence penché,
il-creuserait encore
étant-négligé.
32
IIÀOYTOS.
TIMQN H MI2AN0PQIIO£.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
Discussion de Plutus et de Zeus.
Discussion de Plutus et de Zeus.
'ÀÀÀ' syùi oùx av à7rÉX9oiu.c, u> Z E û , 7raa
autov.
Z E Y 2 . Aux TS, w àpscTô ITAOUTS, xat TXOTX su-où* xeXsû-
ffavroç;
[12] IIAOYT. " O n , vrj A t'a, uëctÇev sic éu.s xat êcjeipcjpet
xaî se uoÀXà xxTsu.sp'.Çs, xat rccura TcarpSov aÙTÔj tps'Aov ô'vxa,
xai u.ovovoo-/t Sixpàvotç. iisdiGss JAE Trjî oixt'aç, xaGaTcsp os' Tô
Trop sx TôJV ysspffiv àuopptTcTouvTsç. Ailôtç oùv aTrÉA&co TcapafftTOsç xat xdÀalji TcospxooG-qa'du.svoç ; 'ETC' SXSS'VOUCJ, ÔJ ZSU,
TCÉIATCS p,s TOùç osioâriffou.svouc; TTTJç Swpsôtç, TOùç Tcspss'bovTaç,
oïç Tt'u-toç êyà> xai TceptTcdôvjToç " oùxot 5s os' Xxpos TVJ itevt'a
luvscTOJcav, ;qv 7rooTtu,ojo-tv TjtAtov, xxi SsçpOspav 7rap' aÙTTjç
Discussion de Plutus et de Zeus.
PLUTUS. Pour ma part, Zeus, je ne saurais m'en aller chez lui.
ZEUS. Et pourquoi cela, maître Plutus, quand c'est moi qui
l'ai ordonné?
[12] PLUT. C'est que, par Zeus ! il m'a insulté, expulsé, mis en
mille morceaux, et cela, quand j'étais son ami de père en fils : il
m'a presque poussé hors de la maison à coups de fourche, comme
on se secoue les mains quand on se brûle. Faut-il donc que je
m'en aille là-bas pour être de nouveau livré à des parasites et à
des flatteurs ? Envoie-moi, Zeus, vers des gens qui comprendront
la valeur du présent, qui m'entoureront d'égards, comme un hôte
précieux et très désirable; mais quant à ces oiseaux stupides,
qu'ils restent dans celte pauvreté qu'ils nous préfèrent, et qu'après
avoir reçu [d'elle une peau de bête et un hoyau, ils se contentent
33
PLUT. Mais quant à moi,
je ne m'-en-irais pas
vers lui,
ô Zeus.
ZEUS. Pour quoi,
ô excellent
Plutus,
et cela,
moi ayant-ordonné?
[12] PLUT. Parce-que, par Zeus,
ii-outrageait envers moi
et portait-au-dehors moi
et morcelait moi
en beaucoup de parties,
et cela, moi étant à-lui
ami héréditaire,
et presque
ïi-chassait moi de-la maison
èSJEIùÔEI p-E TVJ; oîxiaç
avec des-fourches, comme
Sixpâvotç, xaftâitEp
les-/iommes rejetant le feu
pi â7toppnrxoûvxsç xb itùp
hors des (de leurs) mains.
èx xûv y_EipbW.
M'-en-irais-je donc de-nouveau
'ArcsÀBto oùv aùfli;
7tapaSoa-oerop.svo; itapaaixciç. devan t-être-li vré à-des-parasi te s
et à-des-flatteurs?
xai xô),a?t;
Envoie moi, ô Zeus,
Ilépire jxs, u> Zsv,
vers ceux-là
èit\ èxsivoijç
les devant-comprendre
xoù; alaÔYiuopiÉvoui;
te cadeau,
XTJî Siopsàç,
les devant-entourer-de-soins moi,
xoù; rapiÉ<j;ovxaç,
à-qui je serai précieux
oïç syù) xiptoç
et très-désirable;
xai itspmbôrixoç "
mais
ces mouettes {ces sots),
5b ouxoi oc Xdpoi
qu'-iis-restent-avec la pauvreté,
^ovÉoîTwaav xq itsvia,
laquelle iîs-préférent-à nous,
qv itpoxip.d)a-iv qp-ôiv,
et ayant-reçu d'elle
xai XaêôvxEç wcpà aùxYJç
tm-vêtement-de-peau
ôiçfiipav
et «n-hoyau-à-deux-pointes,
xai SixEXXav ..'
IIAOYT. 'Attà Èyà>
oùx av ôntéX9ot|J.t
rcapà aùxbv,
w ZsO.
ZEYS. Aiàxî,
to aptcxs
IlXoÛXE,
xat xaûxa
èpoû xsXsùcavxo; ;
[12]riAOYT."OTi,vïiAia,
ù'êpt^sv sic Eps
xa'i s^sço'ps'.
xat xaxspÉpiÇs
sç itoXXà,
xat xaùxa ovxa aùxw
<p£Xov 7raTp<5ov,
xat p-ovovouyÀ
LUCIEN. — Extraits.
3
34
TIMÛN H MISANÔPûnOS.
XaëdvxEç xai Si'xEXXav àya7ràxojr;av aGXioi xéxxapaç. ôooXouç
aTcooEpovxEç, oi OEXxxaXxvxouc; Scopsà; àu,EXiqx[ •rcpoiepvtvoi.
[13] Z E T 2 . OûoÈv Ire xoioèxov & Tt'puov IpyocrExat rcepi
ai'
Ttàvo yàp aùxôv -q 0[XEXXa7TETcaioxywyT|XEV, si uxq TCOIVTOC-
Taciv avaXyrjxôç éa-xi Tï]V àtjc&ov, toç / p ^ v es àvxt xrjç; TtEvia;
TcpoatpEtoQat. 2 ù u.évroi TCXVU jA£u4pm.oipoç slvai o.ot SOXEU;,
Sç vîiv p.Èv TOV Tijpuova alxià, o'.drt coi xàç Gûpaç, àvayrteTàffaç
qcpt'et TrepivoaTElv eXsuGÉpcoç; OOXE àîroxXst'cov Oû'XE ÇYJXOXUTTôJV •
aXXoxE Se xoùvavxi'ov qyavàxxstç. xaxà TôJV irXouquxvv, x a x a xsxXEtcrGax XÉywv rcpàç aùxàiv ôrro pioyXoïç xai xXetcrV xai <7TJu.Eto)v ÈTX'.êoXalç, OJ; [ATISE 7capxxùuvai sot Iç xo oûçouvaxov
eivat. Tauxa yoov aTcwSépou rxpôç u,e, àTCOTCvtyedGat Xsytov ev
TCOXXôJ xôj qxo'xa) • xai Six xoôxo ojyoôç. Yjpxv êcpaivou-xai
de gagner misérablement quatr*e oboles, eux qui rejettent avec
insouciance des cadeaux de dix talents.
[13] ZEUS. Timon n'en usera plus ainsi avec toi: le hoyau lui a
donné cette fort bonne leçon — s'il n'a pas les reins tout à fait
insensibles — qu'il fallait te préférer à la pauvreté. Mais toi, tu
me semblés être bien mécontent de ton sort: aujourd'hui tu accuses
Timon de l'avoir laissé, toutes portes ouvertes, circuler librement,
sans t'enfermer ni te jalouser; jadis, au contraire, tu t'indignais
contre les riches, te prétendant emprisonné par eux sous des verrous, des clefs, des scellés, au point qu'il ne t'était même pas possible de jeter un coup d'œil furtif vers la lumière. Voilà, du moins,
certes, les lamentations que tu m'adressais, répétant que tu étouffais dans d'épaisses ténèbres : aussi nous apparaissais-tu tout pâle
TIMON OU LE MISANTHROPE.
35
qu'-î7s-se-contentent
malheureux gagnant
CtBAlOl «TIOipÉpOVTEÇ
quatre
oboles,
TETTCtpaç ôëo4ouç,
les rejetant négligemment
01 7tpOt'Ép,£VOI a[AsXï)Tti
des-présents de-dix-talents.
ScopEàc 5sx.caa>,àvxou£.
[13] ZEUS. Timon
[13] Z E T S . ' O Ti'uxov
«e
fera plus
Èpyâo-Exai ïxi
rien
de-tel envers toi;
OMSèV TOIOUTOV itepi ai '
car le hoyau-à-deux-pointes
yàp q oixs),Xx
7tEitaL6ay(oY*qxEV aùxbv u à w , a-enseigné lui tout-à-fait,
si ne-» as i7-est
El (Jt,ï| È o x i
absolument insensible
TtavxàTtacnv àvàXyqxoç
quant aux reins,
TàV 0(7<pûv,
qu77-fallait préférer toi
w; ypf(v ^poaipEîcrfiaî as
en-échange-de la pauvreté.
àvx'l TT|Ç TtEVtaç.
Toi,
cependant,
Eu p-Évxoi
tn-sembles
à-moi être
SOXEîî p.oi sivai
tout-à-fait
te-plaignanl-de-ton-sort,
•jidcvu p.sp.J'tp.oipoç,
toi-qui aujourd'hui, d'-une-part,
ÔÇ VUV p.EV
accuses Timon
aixtà xbv Tip-wva
parce-que, ayant-ouvert à-toi
Siâxi avaTUExâoa; aoi
les portes,
xà;Bûpaç.
t7-laissait
toi circuler librement,
TjÇtEl 7tEplV0<JT£ÎV £À£u6ÉpO>^
ni fermant,
ours ànoxXsîorv
ni jalousant;
[traire,
ours ÇqXox'jirtôv •
d'-autres-fois, d'-autre-parl, au-conàXXoxE 8èxb èvavuov
iw-t'-indignais
•qyavàxTEîç
contre
les riches,
xaxà xtôv TIAOUCTûOV,
disant
être-emprisonné
XÉywv xaxaxExXeîfiBai
par eux sous des-verrous
itpbç avxtôv ûxb poxXoïî
et des-clefs
x a \ XXEIOù
et de s-ap position s de-sceaux, [à-toi
x a i siuëoXaïc; aï)U.Eht>v»
au-point-que pas-même être possible
dhç pt-qSè Eivat Suvaxév ooi
de-te-pencher-pour-regarder
à la luirapaxu'j/ou è; x'o <pwi;.
Ce-qui-est-certain,-c'-est-que
[mière.
Toév
tw-déplorais ces-choses en-t'-adresàitwSùpou xaôxa repoç p.s,
disant être-étouffé
[sant-àmoi,
Xéyojv àîto7tvîyEO"9ai
dans l'obscurité abondante;
ÈV TO)CTXÔTlOItOAXôi •
et pour cela
xai Stà xoôto
fu-paraissais à-nous pâle
èçatvov Yip-îv wypbç
aya7ràxu>o-av
36
TIMON H MIEANOPQJIOS.
çpovTiSoç àvxTcXswç, coviTTraxiLi; xoùç SXXTùàOUç 7rp6ç xb e9oç
TWV Xoyiaafov xxt àTroopstuîcrOa'. àTte'.XûVv, et xatpou Xxëoto,
xcxo' aoTùJv. Kal ô'Xwç xô xcaôém* ÔTréoSetvov loo'xet cos, Iv
7_aXx6j q fftSYjpù) TGO QxXxuLw, >tx9xTrep XTJV AavxTjv, rrapôeveuecrôxt ûiz' àxptêeffi xat irau,TcovYJpoiç TratSaytoyot; àvaxoecpôpievûv, TôJ Tôxai xxt TW Aoycariuo
[ i h ] lIuSç, oûv oùx
àiotxx TXOTX cou, TtxXat u.sv exeïvx alxtacSat, vuv Se TôJ T t u,(ovt xà Ivxvxt'a éxctxaXetv :
[15] I I A O T T . Kotl p.'cv et* ye xàX7)6eç eiexâÇotç, ap.c&a) cot
eiiXoya Sopco Trotetv • xoO xs yy.p Tipuovoç xo rcâvu xoù'xo avetf/ivov xat àu.eXèi; oùx eûvotxbv ibç Tcpàç. lu,s eîxôxojç av ooxor/],
et dévoré de soucis, les doigts contractés par l'habitude de compter, et menaçant de t'enfuir, si tu en trouvais l'occasion, loin de
chez eux. Bref, tu trouvais terriblement effrayant d'être, comme
, la vierge Danaè, calfeutré dans une chambre d'airain ou de fer,
sous la coupe de deux gouverneurs rigoureux et fort méchants,
l'Intérêt et le Calcul.... [14] Eh! bien, donc, quelle injustice n'y
a-t-il pas de ta part, d'exprimer jadis de tels griefs, et de reprocher aujourd'hui tout le contraire à Timon !
[15] PLUT. Et pourtant, si tu examines à fond la vérité, ma
conduite te semblera, dans les deux cas, fondée en raison : car
cette négligence et cette incurie extrêmes de Timon ne sauraient
justement passer pour un acte de bon vouloir en ce qui me con-
TIMON OU LE MISANTHROPE.
37
et plein-de souci,
xoi àvdwAEw; çpovxiâoç,
CTOVEtjjraxà); io\ti SotxxùAo'j; ayant-contracté les doigls
en-raison-de l'habitude
itpci; xb sÔoç
des raisonnements, .
Tùiv ^oytcrpôW,
et menaçant
xefi àrcEÙriW
oîe-t'-enfuir-secrètement
àTtoSpâersohai
loin d'eux,
Ttapà aùxtov,
si tw-obtenais-pour-toi î'-occasion.
si Xàêoio xaipoû.
Et, en-un-mot, la chose
Kofi ôXwç xb upârpa
semblait à-toi extrêmement-terrible,
ÈSôxsi erot iirépSEtvov.
d'-être-gardé-au-logis-comme-uneTtap8evEik<j6ou,
comme
Danaè,
[fille,
xafiaTtep x^v Aavà'/iv,
dans la chambre
Èv xôj 6aXâp<p
d'-airain ou de-fer,
YJXXXW r\ cibvipû,
étant-élevé
àvaxpEpôpsvov
au-pouvoir-de gouverneurs
ôTTO naiSayaiYotç.
exacts (séuëres)
axpioEci
et tout-à-fait-méchants,
xai uap.TiovY)poi;,
T(<) Toxio xoà %ù> Aoyicrptù.. l'Intérêt et le Calcul....
[14] Comment donc
[14] ÏIôç, OOV
ces-choses de-toi (de ta part)
xaGxâ croo
ne sont-elles pas injustes,
oû*x (icriv) aotxa,
autrefois, d'-une-part,
itdAat pèv
accuser ces-choses-là,
a'txiàchou sxsîva,
maintenant, d'-autre-part,
vûv SE
reprocher les-choses-contraires
ÈTCixa).Eîv xà Èvavxia
à Timon?
xà> Tipom;
[15] PLUT. Et pourtant.-certes,
[15] n A O Y T . Kaip-V
si du-moins tw-recherchais
ê.î'YS È^Exâîot;
le vrai (la vérité),
xb à),v]âlç,
je-semblerai à-toi faire
Sb^O) <TOt TOJtEÎV
les-deux-ehoses bien-logiques :
apopa> EÛAoya"
car
cela le tout-à-fait
yàp XGOXO xb Ttâvu
relâché et négligent
àveipÉvov xoà apsXè;
de Timon
xoû xs Ttpwvoç
ne semblerait pas
oùx âv Soxoh)
vraisemblablement
[lonté)
Eixbxrjû:
bienveillant
(un
acte
de
bonne
voEijvotxbv
envers
moi,
<î>ç npb; epà,
et. en-revanche, je-pensais
XE au svôptÇov
38
xoti; TE au 'xaTàxXeiarov ev Ôôpacç xal axdxcp cûoXâxxovxap,
07:w; aûxotç Tra^uTEpoç, y£voiu.7jv xat 7ctu,£XT]ç xal uTzipoyKO<;
èinp.eXouu.svoui;, où'xe TupocraTcropievouî aûxoùç ours kç xù cpwç
Tcpoâyovxaç, côç arjôk ÔOÔSITJV arpoç xivoç, avofjxouç IvôpuÇov
£tva'. xal ûëpicxàc, oûSÈv aotxûuvxà pis bxcb xc-aoûxot; Ssapioïç
xaTaa^7rovT«î, oùx elboxaç ajç pisxa puxpbv antacrtv àXXu> xtvi
xûv £Ù8atu,ôva)v u»£ xaxaXtxôvTsç. [16] OûV oêv Éxeivauç où'xe
xoùç 7ravu Trpo^Ei'pouç eïç épis xoûxou; £7raivâ), àXXà xoùç (07T£p
àptaxdv IOTI) puxpov éTnÔrjaovxaç xfi Ttpaypiaxi xal pvqxe àcpeIjopiivooç xb Tcapaxcav U.TJXS 7rpor|(70pisvouç, xo ô'Xov
[18] Z E Y Z . 'AXX' aiuôi rfî-q caocppoveffxspw 7rapà TTOXô xtj>
Ttpuovt évreuçôpievoç.
cerne; et, en revanche, ceux qui me gardaient enfermé derrière
des portes et dans l'obscurité, s'appliquant à me rendre plus gras,
épais et rebondi, sans jamais toucher à moi pour leur propre
compte ni me produire à la lumière, de peur qu'un autre ne m'aperçût, ceux-là, je les tenais pour des fous et des brutes, qui me laissaient pourrir ainsi dans les fers sans que je fusse coupable d'aucun tort, et ne se doutaient point qu'il leur faudrait sous peu quitter
la vie et me laisser après eux à quelque autre des heureux de ce
monde. [16] Je ne puis donc louer ni ces gens-là, ni ces hommes
légers qui se comportent envers moi fort inconsidérément, mais
bien ceux qui (chose excellente entre toutes) imposeront une juste
mesure à leur conduite, et, sans s'abstenir absolument d'en user,
ne gaspilleront point tout leur patrimoine....
[18] ZEUS. Mais pars, et tu trouveras Timon désormais beaucoup plus sage.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMQN H MISAN0PQIIOS.
39
les-honwies gardant moi
emprisonné
xaTO<>dsi<rrov
dans oies-portes et dans T-obscurité
èv ôùpaiç, xal axéiu)
prenant-soin
Èittu.sXo,uuivouî
en-sorte-que je-devinsse à-eux
OJCMç y£voiu.ïiv aùxoîç
plus-gras et bien-en-point
ira-/éxspo; xa\ TtipsAY);
et gonfté-outre-mesure,
x a t îjitÉpOYxoî,
otrce aûToù; 7tpo<xaUTOuivouî ni eux-mêmes touchant-à moi
ni me produisant
OÏTE itpodyovxa;
à la lumière,
l ç xb f W;,
afln-que pas-même je-fusse-vu
to; U.ï)8è ôçoerryv
par quelqu'-un
Ttpéç TIVOÇ,
je pensais eux être
(èvôu.iïov aùxoùç) sivai
insensés et violents,
àvorjxouç xoù ûêptaxàç.,
faisant-pourrir moi
xaxaa"riTcovxâ; p,e
n'étant-injuste en-rien
âSixoûvxa ooSlv
sous de-tels liens,
ÔTtb xoaoô'cotî SECU-Oïç,
ne sachant pas
oùx e'iSôxa;
que après peu
(ô; u.Exàu.(xpbv
its-s'-en-iront,
aTsîaaiv
ayant-laissé moi
xaxaXiTtôvxEC u.s
d-rm-autre quelconque
àXXtp xtv\
des heureux.
xàW EÙ8aip.ôv(iiv.
[16] Donc je-ioue
[16] Obv ènatv&i
ni ceux-là
obV èxEivoo;
ni ceux-ci
obxE TOùTOUç
les tout-a-fait faciles
xoùç Ttàvu TcpoyEi'pou;
à-l'-endroit-de moi,
sic, èu.k,
mais les-hommes
àXXà xou;
devant-imposer une-mesure
ÈTci6r,ffovxaç. uixpov
à-la chose
xôi itpày[j,aTc
(ce-qui est le-meilleur)
(ôrcsp èatlv apurcov)
et
ni devant-épargner
xa'i |i.rjxs àçs^opivov:.
complètement
xb xcapâitav
ni devant-laisser-échapper
[l.T|TS TCporjCTQp.ÉVO'UÇ,
moi absolument....
xb SXov-...
[18] ZEOS. Mais va-t'-en,
[18] Z E Y S . 'AXXà àitiôt
devant-rencontrer
Timon
ÈVTSO$bU.EVOÇ TÔ) Ttpuovi
désormais
plus-modéré
' TjSll O-WCppOVEO-TÉpW
de beaucoup.
irapà no Xû.
TOUî opuAoaxcivca;
40
TIMQN H MIHANOPûnoS.
nAOYï.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
'Exstvoç; yxp 7rox£ TraûffETXt ôixTtsp' ex. xoioi'vou
TeT0U7i7|U.svou, 7tptv ô'Xcoç eîcrouYJvai «,£, x a r à <nroi»5ifjV êijavxXôjv,
^6d<rxi [îooXd[/.£Voç x-qv sTncpoTjv, ULT) UTrépavxXoç eïcvcsaxov
£7tixXuaa> aûxdv ; " i i a r s èç xbv TOJV Aavaï'Swv iti'Qov ûopooopTJtretv y.01 8oxà> xai OVXTTJV l7ravTXYJffS[v, TOî> XOTOUç; U.7) OTS-
yovxoç, aXXà TCûCV eîcpovjvat cyybov £xv-u9rjCou.£vou TOO è-rctp—
péovTOç " OUTOJç eùpoTspov ib Trpbç, trjv ïxyuciv
y.tyrfibz TOO
•JtfÔoo xat axaiXotoç ï) scjoSoç.
[19] ZEYAY Oûxouv t\ a.-/] £u,cepccç7]Tat TO xsyyvbç TOUTO
xat Iç Ta àVca:; àvaTreTCTapivov, Ixyuôevxoç Iv j3pav;el cou
èASt'wç. sOp-rjcet T7]V S'.oOépav aôOt; xat TTJV otxeXXxv Iv TYJ
Tpuyt TOU 7rt'9ou. 'AXX aox'.TE YJôTJ xat irXouTtÇere aùvôv * cù
PLUT. Non, car quand cessera-t-il d'être une manière de panier
percé et de m'épuiser en hâte avant même que j'aie achevé de
me répandre, voulant prévenir l'inondation et craignant que je ne
tombe sur lui pour le submerger et le noyer ? Ainsi, je me fais
l'effet de porter et de verser en vain dans le tonneau des Danaïdes
une eau que le fond ne peut contenir, mais dont le ilôt s'échappera presque avant d'y pénétrer: tant la large ouverture du tonneau favorise l'écoulement, tant l'issue est facile !
[19] ZEUS: Eh bien, alors, si Timon ne bouche pas celte issue
béante et ouverte une fois pour toutes, tu t'échapperas au plus
vite, et il retrouvera aisément sa casaque de cuir et sa pioche dans
la lie du tonneau. Mais partez sur l'heure et enrichissez-le• et toi
IIAOYT. Udp TTOTS èxsïvoc
ixauaExai
è^avxXûv xaxà t7rau8ï)v,
(Scmep ex XOÇIVOU
X£TpO7t7j[AÉv0U,
ixpiv ps EÎCTpuîjvai,
pooXôpevo; coderai
TïJV ènipporiv,
pà) EÎffjr.ecrà>v
UTtlpavxXoe,
èiuxXiWoj aùxdv ;
"QffXS Soxâi [AOl
Û5pOcpOpï)<TElV
È; TOV TU'OAV
xwv Aavafôwv
x a i È7tavxXrj<7etv p-àx-qv,
TOÔXUTOOÇ
pr) axÉyovxoç,
àXXà xou.ÈTUppé'ovxo;
èxyu6v]<7opévoo ayeSbv
7ipiv Eicrponvai '
ouxio; xi) XEYpTvbç
Ttpb; xqv sxyufftv
xov raOou
(èCTX'IV) sùpéxepov
x a i r) ëijoSoç
axcoXuxoç.
[19] Z E T S . OdxoOv
tl [i:r\ èpcppàir/rrai
TO-JXO xb xeyY)vbç
x a i àvaTCETCxapévov
È; xb axai;,
aau èXYOOSVXO;
èv fJpa-/£Î
svpqc-Ei paSfidç a68iç
xr(v ôtcpolpav
x a i xqv SixsXXav
Èv xfj xpoy'i xoô XÎ800.
'AXXà cmixE r]8ï|
x a \ TCXOUXIÇSXE auxdv '
41
PLUT. Car q u a n d celui-là
cessera-f-ff
mepuisant en hâte,
comme d'une-corbeitle
percée,
avant moi m'-être-écoulé,
voulant avoir-devancé
le flux,
de-peur-que, étant-tombé-sur lui
inépuisable,
je-n'-inonde lui?
De-sorte-que je-semble à-moi
devoir-porter-de-l'-eau
dans le tonneau
des Danaïdes
et devoir-verser-dedans en-vain,
la cavité
ne contenant pas,
mais le liquide coulant-sur elle
devant-se-répandre presque
avant a"-avoir-pénétré-en-coutant ;
tellement l'ouverture-béanle
pour l'écoulement
du tonneau
est plus-large
et l'issue
non-empêchée [libre).
[19] ZEUS. Ainsi-donc [Eh bien)
si ne-pas iï-a-bouché
cette issue-béante
et ouverte
une fois pour toutes,
toi t'-étant-répandu-au-dehors
en un-court-espace-de-temps,
ii-trouvera facilement de-nouveau
le vêtement-de-peau
et le hoyau-à-deux-pointes
dans la lie du tonneau.
Mais allez-vous-en tout-de-suite
et enrichissez lui;
42
TIMON H M I £ A N 0 P O n O S .
TIMON OU LE MISANTHROPE.
Se u.£u.v"M<70, oô 'Epu,7j, £7tavi<ùv Trpoç ï)u.5t; àysiv xobç KùxXeoiraç I x TTJç AîTV-Aç, ô'TCCOç XOV xepaovàv àxov7J<Tavxe; i T r t s x e u i uioo'tV"' tôç ïJSTJ y s Ts&7]yu,ivou auxou S£7|0"ôu.e6a.
Départ d'Hermès et de P l u t u s : ils cheminent en causant
de la richesse et des riches.
[ 2 0 ] E P M . npoîwiAsv, Jl nXouTE. TY xoGxo ; uirotTxàÇsiç ;
' E X E X ^ O E I ç pis, <ô y e v v à o a , où xusXbç [AôVOV, âXXà x a l
yoxkiç
w
OJV.
I Ï A O Ï T . O ù x aeï xouxo, tô 'Epu.r] * àXX' &7roxav uèv àm'eo
I7U OE p.£p.VÏ)!TQ,
<jù 'EpiAV],
£7IXV[0)V TtpÔ; Y|IJ.5ç
ctYEtv xou i Kvixltoira;
èx zf\; Aî'xvriç,
ÔTttoî àxovria-avTs;
xbv xspxuvbv
ÈTuerxEvâawcrtv •
to<; TjS-o ys
Seric-âpeSa
aùxoù TsBnyuivov.
43
toi, d'-autre-part, souviens-toi,
ô Hermès,
r e t o u r n a n t vers nous,
d'-amener les Cyclopes
de l'Etna,
alln-que, ayant-aiguisé
la foudre,
î7s-ia-réparent ;
car bientôt du-moins
noies-aurons-besoin
d'-elle ayant-été-affilée.
Départ d'Hermès et de Plutus : ils cheminent en causant de la richesse
et des riches.
Ttapà r i v a TcettapOstç UTIO TOîJ Atbç, oùx olS' braoç PpaBùç e î j u
x a t v^coXbç àpupOTEpoiç, cbç u.ôXtç xeXsïv STTI xb T£pp.a, icpoyTrp â ç a v x o ç Ivt'oxs xou Trsptutsvovxoi; ' ÔTxbxav os àr;aXXdxx£<r6ai
0£7], TrxTjvbv oJ>£t, 7toXù xwv àvEi'pwv (ôxùxspov. "Ay.a youv
souviens-toi, Hermès, en revenant, de nous a m e n e r les Cyclopes
de l'Etna, pour qu'ils aiguisent et raccommodent la foudre: car
bientôt il nous la faudra, et bien affûtée.
Départ d'Hermès et de Plutus : ils cheminent en causant de la richesse
et des riches.
[20] HERM. Avançons, Plutus. Qu'est-ce à dire? tu boites un p e u ?
J e n'avais pas r e m a r q u é , mon brave, que tu étais non seulement
aveugle, mais encore bancal.
PLET. J e ne le suis p a s toujours, H e r m è s ; mais lorsque j e m e
rends auprès de quelqu'un, envoyé p a r Zeus, je n e sais pourquoi
j e suis lent et j e cloche des deux j a m b e s , si bien que j ' a r r i v e péniblement a u terme de la route, q u a n d parfois celui q u i m'attend
est déjà devenu, vieux ; mais aussi, qu'il faille m'en retourner, tu
m e v e r r a s prendre des ailes e t voler mille fois p l u s p r o m p t q u e
[20] HERM. Avançons,
ô Plutus.
Qu'est ceci? fw-boites-un-peu?
Ts TOûTQ; vrcouxdÇetî;
0 personnage
de-noble-race,
' Q ysvvctSa,
tw-étais-resté-caché à-moi
étant n o n seulement aveugle,
WV OÙ (J.ÔV0V xucpXbç,
m a i s encore boiteux.
cùlà xdi ywXôç.
PLUT. Non-pas t o u j o u r s cela,
n A O Y T . Oùx kù xouxo,
ô Hermès :
m 'Eppc •
mais lorsque, d'-une-part,
à).) à ÔTOxav gsv
j e - m ' - e n - v a i s a u p r è s - d e quelqu'-un
àiriw irapd xiva
ayant-été-envoyé p a r Zeus,
TtEp.çflE'i; Ù7tà xoû Atbç,
je ne sais comment
oux otS' bltto;
j e - s u i s lent et boiteux
sîp.1 {SpaSÙî x a l y w ^ b ç
des-deux pieds,
àgsoTÉpotç,
a u - p o i n t - d e parvenir avec-peine
m; XEXEîV u.oX:ç
au terme du vogage,
£711 XO xÉpiA»,
Y-homme m'ayant-attendu
xoû 7tspip.Évovxo;
ayant-auparavant-vieilli quelquefois;
7tpoyr,pâ(7avxo; Èvîoxs"
mais,-d'-autre-part, lorsqu'fd-faut
<5è oTtôxav ôÉYI
m'-en-retourner,
àitaXXdxTEoQat,
fie-verras moi ailé,
ô'Jeet 7IXï]VôV,
beaucoup plus-rapide
•jtoXu wxùxepov
que les songes.
TÛV OVStptOV.
Ce-qui-cst-sûr,-c'-est-que
[201 E P M . IIpoi(op.£v,
(O ID.oëxË.
TOûY "
44
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMÛN H MISANOPQIIOS.
ETCffsv 7] uffirÀriyç, xàyà>à]0-q avax7)pùxxo;ji.ai VEVIXTJXOJç, U7rsc—
7î7jÔ7)<Taç XO (TxàStOV oùos loovxwv èVT'OXE TSV ÔEXXûV
[24] E P M .
IIôJ<; Oû'TCO xucpXoç OJV sûpt'arxs'.ç x-qvôSov; -q
TTôJI; SiayiyvojaxEiç Êa>' oùç àv CE ô ZEùç aTrooTstXT] xpi'vaç
Etvat xoû TCXOUXETV âçt'ouç;
I I A O T T . Olet yàp EÛpfcxecv u,e o't'xivsç Etc. ; Ma xôv Àta,
où uâvu " où yào av 'ÀptcrxEto-qv xaxaXiTtàrv 'ITCTCOVEXOT xal
KaXXt'a Trcoo-qsiv xat TCOXXOTç aXXoiç 'AÔTjvai'wv oùSè o^oXou
àljcoiç.
E P M . nXïjV âXXà xi TTpaTTEs; xaTarcstjupSsïç ;
H À O Y T . "Avoo xat xxxw 7rXavôJpt.ai TCEptvoaxàiv, àv/pi av
les songes. Toujours est-il que, à peine la corde est-elle tombée,
aussitôt je suis proclamé vainqueur, après avoir franchi le stade
sans même quelquefois que tes spectateurs m'aient aperçu....
[24] HERM. Comment, aveugle comme tu l'es, trouves-tu ton
chemin? et comment distingues-tu ceux vers qui Zeus t'a envoyé
et qu'il a jugés dignes de la richesse?
PLUT. Penses-tu donc que je trouve quels sont ces hommes?
Non, par Zeus, pas le moins du monde; sinon, je n'eusse pas
laissé de côté Aristide pour aller chercher un Hipponicos, un
Callias, et beaucoup d'autres Athéniens qui ne valaient pas une
obole.
HERM. Mais, enfin, que fais-tu lorsqu'on t envoie?
PLUT. Je vais çà et là, errant à droite, à gauche, jusqu'à ce
à|A0t q CffjrXqyÇ EîTSITEV,'
xoù Èyù> -q5q
avaxqpùxxop.at
vsvixqxùx;,
ûitspTtqoïi<7a;
Tô orâoiov,
xwv Ôeatôiv
OUÔÈ tSoVTWV
EvioTE....
[•24] EPM. IIw;
ÔÙV O'JTO) TU9V0Ç
e-jpsttxsiî
TVJV oàôv ;
q Tttîiî
StaytYvTÔaxEt;
ÈTtî oôç b Zsu;
av àiro crTE&q <JE
XOîVOCî (aÙToù;) eivas
àijioyç
xoû Tt/.ouxeïv ;
IIAOTT. Tàp 0U1
LIE SUpiaXEIV
oi'xivÉç e'i<xi ;
Ma xbv A ta,
où itâvu '
yàp oux av upoffqEtv
'Imrovixw
xai KaXXia
xal uoXXoïç a).Xot;
'Aflqvai<i)v
O'JOÏ à ç t o c 4
oëoXou,
xaxaXtTtwv
'AptoTEtSqv.
EPM. nXqv àXXà
Xt TCpâxTEtÇ
xavaTisacpÔEt; ;
IIAOYT. nXavûp.at
TCEptvoarfSv
àvaj xat xâxto.,
45
tout-ensemble la corde est-tombée,
et moi déjà
je-suis-proclamé
ayant-achevé-de-vaincre,
ayant-franchi
le stade,
les spectateurs
pas-même ayant-vu
quelquefois....
[24] HERM. Comment,
étant ainsi aveugle,
trouves-tu
la route?
ou comment
distingues-tu
vers lesquels Zeus,
d'-aventure, a-envoyé toi
ayant-jugé eux être
dignes
du être-riches (de la richesse)?
PLUT. Car penses-tu
moi découvrir
quels îis-sont?
Non,-par Zeus,
non tout-à-fait (pas du tout) ;
car, en ce cas, je n'aurais pas abordé
Hipponicos
et Callias
et beaucoup d'autres
des-Athéniens
pas-même ayant-la-valeur
d'-ime-obole,
ayant-abandonné
Aristide.
HERM. Seulement (Mais enfin)
quelle-c/iose fais-trt
ayant-é I é-en voyé-en-bas ?
PLUT. J'-erre
allant-et-venant-çà-et-là
en-haut et en-bas,
46
TIMÛN H MLEAN0PflnO£.
Xâ6io xnù èu.irso'ojv' o 3s, ocxt; av TrpcJoxbç p.01 Trepîxuy-ç,, airayaywv Ttap aùxôv zyv., si xov 'Epy.TJv isû TôJ 7ixpaXôyq> xoîi
XSpSoUÎ TCpOO'XUVdjV.
[25] E P M . OùxoOv lç7]TcâTYjTat ô Zeùç oiouevbç se xaxà
xb auxw S&xouv xcÀouxiÇeiv baouç av û'nrjxat xoîi TTàOUTSÎV
à^t'ouç;
LTAOTï. Kai uâXa ocxaioiç, (hyalè, oç ys xuarAbv ovxa
SîSoiç £ire[/,7cev avaÇTjX-qcovxa ouneupsxov oô'xa> •/pTJy.a, xal xcpb
TCOXàOU sxAsÀoiTcà; èx xoîj [îiou, ôVeo oùo' ô Auyxeùç av érjeûpoi paot&iç, au.aupôv ouxco xac u.'.xpôv b'v. Totyapouv axe XôJV
[asv aya6ù5v oXi'ycov b'vxcov, 7tov7)p6jv Ss TcAei'axcov iv xatç TCôÀSCI
xô xcav STrs^dvxwv, paov èç xouç xoioûxouç ènvjTtTcxco Ttept't'wv
xat cayTjVsuouai xcpbç aûxàiv.
que je sois tombé sur je ne sais qui : et celui qui m'a rencontré le
premier par hasard m'emmène et me garde chez lui, se prosternant devant toi, Hermès, pour te remercier de cette aubaine
imprévue.
[25] HERM. Zeus est donc complètement trompé, s'il croit que,
selon sa volonté, tu enrichis tous ceux que, d'aventure, il estime
dignes de la richesse?
PLUT. Oui, mon cher, et c'est bien juste, puisque, me sachant
aveugle, il m'envoyait rechercher une chose aussi difficile à trouver et depuis longtemps disparue du monde, une chose que
Lyncée lui-même ne parviendrait pas aisément à découvrir, tant
elle est imperceptible et petite ! Voilà donc pourquoi, vu le faible
nombre des honnêtes gens et la multitude des gredins qui, dans
les villes, envahissent tout, je suis plus exposé, errant en tous
sens, à tomber sur ces derniers et à être pris dans leurs filets.
TIMON OU LE MISANTHROPE,
aypi av Xà&w
êjj/Ttsa-iiv xiv i*
o oe, oaxiç
av irEpiTvy.u. y-oi
TcpôJTo;,
ïyet aTcaYOCiwv
irapà aùxbv,
itpoaxuvwv ers xôv 'Epp/rN
«ici TU TcapaXoYtp
xôv xépSouç.
' [25] EPM. Oùxoûv
ô Zeoç si;Yyjtâx'0.xat
OîôJJLEVôç; se itXouxiïetv
xaxà TO Soxouv aùxtii
ôerov; av otïjxai
àçjov; xov uXovxsiv ;
n A O T T . Ka\
p,âXa btxacaiç, a) ayaôè,
b'ç ys slSèoç
(è[iÈ) ovxa xucpXbv
Sissuitév (p,e) âvaï'iTricrovxa
Xpfiga ob'xioç SvaeiJpexov
xa\ èxXeXoiub;
èx xob piou
itpô TCOXXOû,
orcep oùSè ô Auyxeùç
av àÇsupot paSîto;,
ôv oûxwç anaupbv
xat puxpbv.
TotyapoOv
axs JASV xûv ayatlàW
ovxeuv ôXiytov,
Se nXelffxwv novïjpûv
Irceyovxwv xo uâv
èv xaîç itôXecxt,
èjMïtTtxii) paov
è; xoù;xoiouxou;
TCspiVoiv,
xat aaYUveûogctt
«pbç aôxwv.
47
jusqu'-à-ce-que je-ne-me-sois-pasétant-tombë-sur quelqu'un ; [aperçu
celui-là, d'-autre-part, lequel
aura-rencontré-par-hasard moi
le-premier,
me possède m'-ayant-emmené
chez lui-même,
se-prosternant-devant toi Hermès
à-propos-de l'imprévu
du gain.
[25] HERM. Eh-bien-donc
Zeus a-été-trompé-complètement
pensant toi enrichir
selon le paraissant-bon à-lui
ceux-que, d'-aventure, ii-pense
dignes du être-riches?
PLUT. Et
très justement, ô mon-bon,
Im'-qui du-moins sachant
moi étant aveugle
envoyait moi devant-rechercher
une-chose si difficile-à-trouver
et ayant-disparu
de la vie
depuis longtemps,
laquelle pas-même Lyncée
n'aurait-découverte facilement,
étant si difficile-à-distinguer
et petite.
En-conséquence,
comme, d'-une-part, les bons
étant peu-nombreux,
[chants
d'-autre-part, très-nombreux fes-méoccupant le tout
dans les villes,
je-tombe plus-facilement
sur las-gens tels,
allant çà-et-là,
et je-suis-pris-au-filet
par eux.
48
TIMON H MISAN0PÛIIO2.
E P M . E t r a 7rwç, ÈTretoiv xxTaXfrryiç xùxobç,
TIMON OU LE MISANTHROPE.
^aoitoç ©su—
yetç oux EtStôç TTJV 6OôV ;
IIAOTT. 'OçuSgpx'qç TôTC TTCO? xod àpTricouç yiyvo[/.XE TTOôç
u.ovov TôV xacpôv TTjç cpuyr|Ç.
[26] EPM. "ETé Syj p-cu xat TOUTO àittixpivac, 7ccoç, TucpÀoç
cov (etf-q<7£Tai yâp) xat TrporjeTt ©j/po; xat Sapùç Ix TOTV crxeXoTv, TOCTOUTOUç Époctr-riç ej/etç OJCTTE 7cavraç à7ro6/£7retv dç s i ,
xat Tu^ovraç pùv EÛox'.jxoveTv oîea&'ai, e! os àîroTÙ^otev, oùx
avs^scrôat Çwvraç; OtSa youv Ttvaç oùx ùJi/youç aù-rcov oùx©
cou SuffspwTai; ovraç,
ûJO-TS xat
« Iç j3a6uxirJT£a TOVXOV »
©spovxeç eppttj/av aÔToùç xat « iteTptbv xax' YjXtêaToJV », Û7rsoopaa-fixt vopitÇovTs; ùnb cou, oTSîtsp oùos TTJV koyjny éwpaç
HERM. Mais voyons, comment, lorsque tu tes as abandonnés,
t'enfuis-tu si facilement, bien que tu ne saches pas le chemin?
PLUT. C'est que, — si je puis dire, — j'ai la vue perçante et
les pieds bien égaux, mais seulement alors qu'il est opportun de
m'enfuir.
[26] HERM. Réponds-moi donc encore à ceci : comment se faitil que, étant aveugle, — c'est entendu, — et, en outre, pâle et
impotent des deux jambes, tu possèdes tant d'amoureux passionnés, au point que tout le monde a les yeux fixés sur toi? T'a-t-on
obtenu, on se figure être heureux; vient-on à te perdre, on ne peut
supporter de vivre. Ce qui est bien sûr, c'est que j'en sais pas
mal que cette passion malheureuse pour toi a poussés à se précipiter « dans la mer aux abîmés peuplés d'énormes poissons B et
« du haut des rochers escarpés » : ils se croyaient dédaignés par
toi, n'ayant jamais été gratifiés d'un seul de tes regards. Au s'ur^
49
HERM. Ensuite, comment,
après-que
îw-as-quitté eux,.
fuis-tw facilement,
ne sachant pas la route?
PLUT. Alors, en-quelque-sorte,
IIAOY.T. T6TE Tito;
je-de viens
ytyvogai
à-la-vue-p erçan t fe
àSuSêpXTK
et aux-pieds-agiles
xat àpTt'rau;
pour l'occasion seule
Tcpb; TôV xatpôv [XÔVOV
de-la
fuite.
TT,ç cpuyûç[26] HERM. Réponds, certes, à-moi
[26] EPM. 'Arcôxpivai Siq
ETt Xat TO'JTO,
[u.01 en-outre aussi à-ceci,
comment, étant aveugle
TKÔÇ, ÔV TUSpXÔï
(car ee-sera-dit [c'est convenu) )
(vàp EÎp^ffETat)
et, de-plus, pâle
xcà TtpotrsTt ar/pôç
et lourd des deux-jambes,
x a t [tapu; èx TQïV ffxeXotv,
as-t*w tant-d'amants
EVEIC. TO<TOùTOOC, èpaaràç
au-point-que tous
(OCTTS Ttàwat;
jeter-les-yeux
vers toi,
àiroëÀÉTCEtv Eïç eût,
et, d'-une-part, ayant-ohtenu toi,
xa\ p.kv TyyôvTaç, (trou)
penser être-heureux,
[tenu,
oiscrôat gùôaitiovEtv,
si, d'-autre-part, iis-n'-ont-pas-obEî Se auoTÙxotev,
ne-pas supporter vivant?
oùx àvÉyeoOtu ÇtôvTa:;
Ce-qui-est-certain,-c'-est-que
Toûv
je-sais quelques-uns d'-eux
oîSa Ttvà; aù-Twv
non rares
oùx ôXiyoyg
étant si
ô'vva; où'rto
malheureusement-épris de-toi
SuoÉptoTa; aou,
que même portant
OICTTE xai osépnvTs;
i7s-ont-jeté eux-mêmes
eppubav aÛToùg
« dans ia-mer aux-vastes-cétacés »
« Èç TTôVTOV pa6uxï]TEa »
et s du-haut-de pierres
xat «, xarà TtETpàiv
escarpées »,
•qXtëdtTtov »,
croyant
vopUÇovTEÇ,
être-dëdaignés par toi,
ûjcepopàffiat vnô trou,
puisque tit-regardais eux
ÔTETtEp ÊaSpaç. CCùTOUç
pas-même au début.
oùSÈ TTJV àpyjftSeulement [du reste),
HX-ny- «Axà
je-sais bien que
otôa EÙ'OTt
4
LUCIEN. — Extraits
EPM. Etra 7t65c,
âmeôàv
xaxaXtirr); aÙToùç,
tpgùygtt; paSt'ai;
aux gtSùlÇ T7]V 66ôv ;
TJMON OU LE MISANTHROPE.
TIMÛN H MISANGPûnOS.
50
aùxoùç. nXJjv àXXx xal où av eu ocba ô'xi ou.oXoy7Jff£iaç, si' xi
ou xal âv ôp.oXoY7J(7giaç,
El ÇuVtïlÇ X'.
ÇUVI'TJç craoTOu, xopoëxvxcav aùxoù; spwpiéva) XO'.ûùXOJ ST:'.U.S-
omitO'j,
|X7|VQXaç.
aùxoù; xopuësemôv
ÈTOp.£p.r)vôxa;
[27] IlÀOTI 1 . 0"st yip ToiouTov olb; eipii 6oao6ai aùxoT;,
yuikbv yj xocpXôv ri oo-a âXXa p.oc TcpdffEffxiv ;
EPM.
'AXXà 7rôjç, où liXooxe, S? pur] xucpXot xa! aûxoi
Tîàvxsç sidt'v;
ITÀOYT. Où xucpXoi, où àpiors, àXX' 7) ayvoia xxt 7) GCTcàxTj,
arVcep vuv xaxé^ooot xà rratvxa, sTCKrxtxÇouotv aùxoù; • exi Se
xal aùxbç, où; U.TJ TcavxaTîaffiv àu.opcpo; enyv, irpootOTCeTôv xt
êpxau,«éxaxov Trspiôsp.svoç, oiocy^putrov xaî XIGOXôXXTJXQV, xai
xcotxiXa Ivoùç; Ivxuyvyxvu) aoxoîç * oî Se, a-ùxoTcodouiTcov oîb'u.svot
bpav, Tô xxXXo; spôjot xai •araXXuvxat u.7) xuyv/àvovxs;. ' i i ;
plus, tu avouerais toi-même, j'en suis certain, pour peu que tu
te connaisses en personne, qu'il faut être agité d'un transport de
Gorybante pour t'aimer avec tant de fureur.
[27] PLUT. Penses-tu donc que ces gens-là me voient tel que je
suis, boiteux, aveugle, et avec toutes mes autres difformités?
HERM. Et pourquoi pas, Plutus, à moins qu'ils ne soient euxmêmes tous aveugles?
PLUT. Non, mon très cher, ils ne sont pas aveugles; mais
l'ignorance et l'imposture, qui, aujourd'hui, dominent tout l'univers, leur voilent la vue ; et puis, d'autre part, moi-même aussi,
pour ne pas être trop laid, je couvre mes traits de certain masque
très charmant, brodé d'or et chargé de pierreries, je revêts des ha-
TOIOÙTCO Èptdil£V!0.
[27] IIAOYT. O'à: yàp
(Èpè) ôpSoôai auxoîç
XOIOÛXOV o'oç EtUl,
ya>Xbv Ï) xusXbv
T) àXXa boa
itpbasoxé/ poi;
EPM. 'AXXà iu5ç,
(O nXoÛTÊ,
SI p.7| Slotv
itâvxe; xuçXol
aùxo! xac;
IIÀOYT. Où xoçXol,
ÙÙ àpiOTE,
àXX' ï| àyvota
xal rt àitùv/},
at'rcsp vuv
xaxéyouat xà Tïàvxa,
èTiKTxiaÇouatv aùxoù; Sxi SE xal aùYo;,
l u ; p7) £?Y)V
navxâixaaiv àpopasoç
7cepi6Ép.Evô;
xt npootoneTov
spaou-noxaTOv,
Ôtâ^puffov
xal XifloxbXXïjxov,
xal ivSù;
itotxiXa
Ivxuy^âvw aùxoî;'
oF 8s, oléu-svc.
ôpâv aùtoitpôawTtov,
bits bigarrés, et je me présente ainsi devant eux. lis s'imaginent
s p û o t 70 xâXXo; (pou)
alors qu'ils contemplent mon propre visage, 's'éprennent de ma.
xal àubXXuvxeu •
(irjTuyxâvovxé; (pou).
beauté, et meurent de ne pas m'obtenir. Cependant, si l'on me
51
toi aussi avouerais,
si fw-connais en-queîque-chose
toi-même,
[bantes
euxêtre-transportés-comme-les-Coryétant-en-dé li re-pou r
une-telle-càoseaimée-passionnément.
[27] PLUT. Penses-fw, en-effet,
moi être-vu par-eux
tel que je-suis,
boiteux ou aveugle
ou Fes-autres-c/ioses qui
appartiennent à-moi?
HERM. Mais comment en serait-il
ô Plutus,
[autrement,
si ne-pas tfs-sont
tous aveugles
eux-mêmes aussi ?
PLUT. Non-pas aveugles,
0 excellent Hermès,
mais l'ignorance
et la tromperie,
lesquelles maintenant
possèdent le tout (te monde),
couvrent-d'-ombre eux;
[même,
en-outre, d'-autre-part, aussi moiafin-que ne-pas je-sois
absolument laid,
ayant-mis-autour de mon visage
certain masque
très-aimable,
brodé-d'-or
et incrusté-de-pierres-précieuses,
et ayant-revêtu
des habits aux-couleurs-variées
j'e-më-présente à-eux :
ceux-ci, alors, pensant
voir Plutus en-propre-figure,
adorent la beauté de moi
et meurent
ne-pas obtenant moi.
52
TIMON H Ml£ÀN0PLYfIO£.
e? y s xiç a ù x ô l ; ô'XOV à^oyuu,v<jjijaç ÊTcéoetçé u e , o/jÀov OJç
xxTEytyvcoTxov av a û x ù i v , auëXooSTTOVTEç Ta TinXixxoTX x a t
âpSvTeç avEoâaroov x a t àuopçxov TtpayaaTtov,
[28] E P M . ï i
oùv ôxt x a t Iv aùx<3 YJOT] TôJ 7TXOUT£ÏV y s v ô -
p.evoc x a t T ô 7ipo<7(oTr£Ïov aùxot 7rEptosu.evot ïxi
ItjxTcaTcoVTai,
x a t yjv T I ; àepatpTJxai a ù x o ù ; , 6xxxov av X7[V xecpaÀ7)v r\ xô
TcpofftoTwSÏov TTpôotvxo ; O u y a p 07] x a t TOTE ayvoEtv stxôç
aù-
TOùç tôç ÊTti^piaToç; 7] eouopan'a è a r t v , EVOOUEV TX Trâvxa ôpàivtaç.
P x A O Y T . O U X oXtya, cô 'Eppvrj, x a l icpo; TOUTQ p.ot cruvxycovt'ÇExai.
E P M . T a Ttota;
PxAOYT.
53
TIMON OU LE MISANTHROPE.
'ETCS'.SXV TIÇ EVXOT'OJV TÔ TTOCOTOV àvX7t£xâ<Taç
mettait entièrement à n u et qu'ensuite on m e m o n t r â t à eux, il
est clair qu'ils se b l â m e r a i e n t eux-mêmes d'avoir les yeux f a s cinés à ce point et d'aimer d e s objets disgracieux et difformes.
[28] HERM. G o m m e n t donc est-il possible q u e , m ê m e p a r v e n u s
' Q ; Et' y.É XIÇ
cMToyjptviôffa; b).ov
ETCÉSsiiié [AS OL\)XOÏÇ,
[taxi] ôryXov wç
av y.aTeyt'yvtoiTxov aôxwv,
a[lê>i-UCOTTfJVTS;
xà Tï)),ty.avTa
xoù IpàivTE;
icpaypâTtJûv
avïpâortov
y, où a a o p i w v .
[28] E P M . T i o3v axt
a a i yavôuevOt rfii\
ÈV T(i> ItAO'JTEÎV a-JTÔi
XOÙ UEptÔÉp-EVOl OCJTOÙ
TO 7ipO(TO)Tie;OV
èiiaTr axai v i a t s u ,
x a t vjv (èâv) xt;
atpatpr,Tat a v r o ù ; ,
av irpôotVTO
Tyv xeçaXy,v
Car si, du-moins, quelqu'-un
m'ayant-mi s à-nu tout-entier
m o n t r a m o i à-eux,
il est évident q u e
('/«-condamneraient eux-mêmes,
ay an t-1 a-vu e-faib le
à un tel d e g r é
et aimant
des-choses
non-aimables
et difformes.
[28] HERM. Quoi donc q u e ,
m ê m e élant-devenus d é s o r m a i s
d a n s le être-riches m ê m e
et s'-étant-ajusté eux-mêmes
le m a s q u e ,
f/s-sont-dupés encore,
et si q u e l q u ' - u n
i'-enlève à-eux,
i/s-perdraient
la tête
65TTOV rj Tô npoxwTce'tov ;
plutôt q u e le m a s q u e ?
Car, certes, n e - p a s p r o b a b l e est
e u x ignorer
m ê m e alors
q u e la (ta) belle-apparence
est fardée,
voyant
le tout du-dedans.
P à p SX °bv. tly.bc
aèxoù; àyvos'tv
xat
TôTE
qu'ils i g n o r e n t encore q u e tes b e a u x d e h o r s sont fardés, puisqu'ils
tb; r, E-jp.opîiia
ètrr'tv Èitty^piaTo;,
êp(Svxa;
Ta Ttâvxa k'vSoôsv.
n A O T T . O ô x ùt.iya,
& 'EpuYJ,
auvayaiviÇETat uot
voient le fond des c h o s e s .
xat Ttpô; TOùTO.
d é s o r m a i s à la réelle possession de la richesse, et q u a n d e u x m ê m e s se sont attaché le m a s q u e , ils se laissent toujours t r o m p e r ,
et q u e , si on voulait le leur ôter, ils se feraient plutôt enlever la
t è t e q u e le m a s q u e ? Il n'est certes pas vraisemblable, en effet,
PLUT. Il y a bien d e s r a i s o n s , H e r m è s , q u i militent a u s s i p o u r
cela en m a faveur.
HERM. Lesquelles?
PLUT. L o r s q u e u n h o m m e , m ' a y a n t rencontré p a r hasard p o u r
la jireroière fois, ouvre s a porte et m'accueille chez lui, aussitôt
E P M . T a iroîa;
T I A O T T . 'Eirsioâv xt;
ÈVXUTWV (jJtOt)
XÔ TTptJûTOV
àvaTterâcra;
xXv Ôépav
s'taSéyriTcti p s ,
PLUT.Non peu-de-c/ioses
(raisons):
à Hermès,
combattent-avec m o i
a u s s i p o u r cela.
HERM. Lesquelles?
PLUT. L o r s q u e quelqu'-un
ayant-rencontré moi
p o u r - l a première-fois
ayant-ouvert
la porte
reçoit-chez-lui m o i ,
bk
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMQN H MI£AN©PQIIO£.
T7]v Oupav eiuoÉ/_7iTai p-s, aou.TcapEujspvsTai U,ST' êU-OU XxOeW
l'orgueil
s'-introduit-ensemble-furtivement
avec moi
(J.ET/à £[AOÛ
ayant-passé-inaperçu,
Xa6wv
et-awm la folie
osai v] avota
et la présomption
xa'i T| p.EYaXauY.!«
et Za-mollesse
xat, p.aXaxca
et Z'-insolence
x a i uopcç
et Z'-imposture
x a \ àîtotTï)
et innombrables
xat ptvpia
autres cerlains-de'/anZs.
dXXa o r r a .
Certes, ayant-été-saisi
Aï) xaTaXoçOEt;
quant à l'âme
TY]V tyvyrl\v
par
tous ces-m'ces,
ôirb âirâvTcov TOÛTWV
et
iZ-admire
TE Ôaup-aÇet
les-c/ioses non admirables
Ta où Ôauptacrà
et
ZZ-désire
x a l ôpÉYETai
hs-choses à-fuir,
T ù V çEVXTWV,
et ZZ-contemple-avec-admiration moi
XIXl TÉ6T)TC£V £[!.£
le père
TOV TcaTÉpa
de-tous
ces maux
wâvTtov Ixeivwv T<3V x a x û v
étant-entrés-chez
lui,
EÎ<TSXY)XUÔ6T(DV
moi
escorté-comme-par-des-satellites
8opo?opoéu.£vov
par eux,
ércb aèttov,
et ZZ-souffrirait tout
x a i av ird6at TtâvTa
plutôt que
TtpOTEpOV Yj
•il n'aurait-le-courage
OtV VTCOp.£!VEl£V
de-laisser-échapper moi....
TCpoéo-Qat Èp.É....
[30] Mais quel est
[30] 'AXXà T Î ; èaTiv
ce
bruit,
OUTOç ô è/oqpoç,
comme du-fer
xa9aTCEp arSYJpou
contre cZe-Za-pierre?
Ttpbç Xîfiov ;
[31] HERM. Timon, que-voici,
[31] E P M . * 0 Tip.wv obffxditTEi irXvjtrfov
[xoal fouille près-d'-ici
im-petit-bien-de-terre montagneux
YYjStOV ÔpElVOV
et un-peu-pierreux.
xai OTcôXiUov.
Ah!-ah! et Pénia [la Pauvreté)
Ilairat, xal Y] IlEvîa
est-auprès-de lui
TcâpecTi
et celui-là le Labeur
Xa\ ÈKElVOÇ à IIôvo;,
et l'Endurance
TE YJ Kapxepia
o xêtpo;
(Tjp.'rcapEKTsp-yETat
ô -rûcpoç xal 7) avoia
xat 7] u^YaXauyi'a xai aaXaxta xat
uêpiç xaî ànâTTi xat aXX' à-rva u.upta. 'YTCô OTJ TOUTWV àrravTOOV xaTaXTjCpôs'.; TTJV AUVTJV Qauu.âÇsi TE TOC où 9auu.acTà xat
opéyETat Ttov cpEuxTojv, xàpcè TôV TrâvTtov Ixsi'vcov iraTspa rffiv
EtffEXTjXuÔo'xwv xaxôov TÉÔTjTcs SopucpopoépiEvov ÙTC* aôxwv, xat
7tâvTa TcpdTspov Tcâôot av r] EU.E irposctOat 67tou.Etvetev a v . . . .
[30] 'AXXa rt'ç o dpdtpoçouTÔç sort, xaudrcsp cftoYJpoo Ttoàç Xi'ôov ;
[ 3 1 ] E P M . ' O TI'LIWV OôTOOT crxaxTEt TTXT|CIÎOV àpstvbv xat
ùiTciXtQov YYjStov. r i a i t a ï , xal TJ LTsyta 7ràp£CTt xal 6 lïdvoç;
EXEtvoç, \ KapTEpt'a TS xat vj Zoata xat vj 'Avôpsia xat ô
s'introduisent avec moi furtivement l'orgueil, la démence, la jactance, la mollesse, l'insolence, l'imposture, et mille autres défauts.
Comme son âme est maîtrisée par tous ces vices, il admire ce
qui n'a rien d'admirable et souhaite ce qu'il faut éviter: et moi,
le père de tous ces maux qui se sont glissés chez lui, moi qui
suis escorté par eux comme par des satellites, il me considère avec
enthousiasme, et il souffrirait tout plutôt qu'il n'aurait le courage
de me laisser échapper.. . [30] Mais quel est ce bruit, comme d'un
fer contre de la pierre?
[31] HERM. Timon, que voici, bêche près d'ici un petit domaine
montagneux et quelque peu pierreux. Ah ! ah ! la Pauvreté se tient
près de lui, et aussi la Peine, la Patience, la Sagesse, le Courage,
55
56
TIMON H MISANGPûnOS.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TO'.OïJTOç oyAOç TÛJV ùJïO TôJ Atutôj TaTTopivmv âxdvTcov, TCOXÙ.
au.st'vouç TôJV CôJV oopuœôpcov.
LTAOYT. T i oùv oùx à7raXXaTTÔu.s9a, (î> 'Epurr], TYJV
w/J-
sxr^', Où yap av TI "/JU-SU; Spd.aaiu,ev àljtdAoyov îipôç àvSpa ùTZO
TT,XIXOùTOU UTpaTOTréooo 7teoiïcry7i|JLSvov.
E P M . "AXXwç SSoçs TW A d " p.T| aTtoSsiXimo-Ev oûv.
Colère de Pénia (la Pauvreté), qui se voit arracher Timon.
Dialogue entre Timon, Hermès et Plutus.
[32] ITENJA. IIo! TOûTOV oraxyEtç, w 'ApyeiœôvToc, yj-ipzycoyûv ;
EPM.
Aiôç.
'ETT! TOUTGVl TGV TlJJUOVa é7ré[JU£iÔ7|p.£V UTCÔ TÛÎÎ
LIEN. Nuv ô nXouxoç îTC: Tificova, Ô7roT£ aoTÔv lyco xa.xôjç
ïyovxan ùTTô TTJç TputpYJç 7capaXaêoù*sa, TOUTGIO-1 7rapaoouffa,
T?| Soapt'a xat TôJ LTovai, ysvvaiov dvSpa xat TCOXXOO açtov
et la foule de toutes les vertus semblables qui se rangent sous
les drapeaux de la Faim : voilà un cortège bien préférable au
tien.
PLUT. Pourquoi donc ne pas nous retirer, Hermès, au plus
vite? Car nous ne saurions faire rien qui vaille auprès d'un homme
entouré d'une pareille armée.
HERM. Zeus en a décidé autrement; donc, pas de lâcheté!
Colère de Pénia (la Pauvreté), qui se voit arracher Timon.
Dialogue entre Timon, Hermès et Plutus.
xcè r\ Soçîa
xoù %) 'Avfipsta
xai o OYXO; Totoûvo;
;57
et la Sagesse
et le C o u r a g e
et la foule telle
de-toutes \es-vertus
étant-rangées
au-pouvoir-de la Faim,
ùub xà> AljAÙi,
beaucoup meilleures
iraXij agEivou;
que tes gardes-du-corps.
xwv (TÔiv SopoçoptovPLUT. Pourquoi donc,
I I A O Y T . T t oov,
ô
Hermès,
a) 'Ep(jt9\,
ne partons-nous pas
oùx aTtaX).StTTÔp.sOa
par-le plus-rapide chemin?
Tqv xocyicrxr|V ;
[tion
P à p ïqxEÎç oùx av Spâoraipiv Car nous ne ferions pas
quelque-chose digne-de-considérax: àijiôXoyov
envers un-homme
irpbç. avSpa
entouré
TcspLstr/jipivov
ôTTO x-qXtxoùxo'J o-xpaxonéôov. par -une-telle armée.
HERM. TY-a-paru autrement
E P M . "EooÇev â'XXto;
à
Zeus
:
XW Att '
donc, ne nous-effrayons pas.
oùv p.ï) auo3EiXtôi|XEv.
àitdvTiov TtoV
TOCTTOpiviOV
Colère de Pénia (la Pauvreté), qui se voit arracher Timon.
Dialogue entre Timon, Hermès et Plutus.
[32] IÏENIA. ILû cérays!;
xoùxov, oj 'Apyeccpôvxa,
yjstpayoïyojv;
EPM. 'EuégxO-qu.EV
ùirb xoù A:ô;
èTE\ xbv Ttjxwva
xoexovi.
IIEN. Nùv ô IIXoOxo;
(ttÉpTCExat) èiri Tfgwva,
[32] PÉNIA. Où emmènes-tu cet aveugle, meurtrier d'Argos, en
le conduisant par la main?
HERM. C'est vers Timon, ici présent, que nous avons été envoyés
par Zeus.
TcapaXaëoôffa avxbv
ïywitz xaxôjç
PÉN. Aujourd'hui l'on envoie Plutus à Timon, quand moi, qui
l'ai reçu en si mauvais état des mains de la Mollesse pour le confier à mes fidèles, la Sagesse et la Peine, j'ai fait de lui un homme
TcapaSoùcra xovxotoà,
xîj Sacda xoù xtii IT6.vw,
axcISei^a avSpa ysvvatov
OTCôXS àyù>
ùTCô xri; Tpuœîiî,
[32] PÉN. Où emmènes-tu
celui-ci, ô meurtrier-d'-Argos,
le conduisant-par-la-main?
HERM. Nous avons-été-envoyés
par Zeus
vers Timon,
que-voici.
PÉN. Aujourd'hui Plutus
est envoyé vers Timon,
lorsque moi
ayant-reçu lui
étant en-mauvais-état
par-le-fait-de la Mollesse,
Y'ayant-transmis à-ceux-ci,
la Sagesse et le Travail,
j'-ai-rendu lui homme généreux
58
TIMQN H MISANQPQnOS.
àTrsSet^ac; OUTOJç ocoa eùxaTa©pôvr|To;.û[jt,ïv 7) lÏEVi'a 8oxô3 xat
£Ùa86c7|TOç, ûW6' o u,dvov XT^U-X £r/ov àcpacpsïffoax .U.E, axctêùiç
irpoç àpeTvjv Ètjeipyaffpivov, ïva auÔiç ô IIAOUTOC xrapaXaëojv
aùiov, "Yêpei xat Tûc&w eyv-stptcraç, ou.owv TôJ itàXat, u,aX8axbv xat ayevvTi xat avd-qxûv 77rocp"qvaç, aTtooto xràXtv Êu.ot £âxoç
TrjSirj ysysvYj(/.évûv ;
EPM. "Eoo^s xauxa, d> IlEvi'a, TW Ati.
[33j IIEN. 'Arcsp^ouai • xal u[i.£tç Se, cî> ITOVE xat Zoos fa
xat of XoiTtoi, àxoXouÔEËxé p.0'.. Ouxoç SE xy.y% eYcsTa: oYav
u.£ oùtrav aTcoÀEt'dvst, ayx8ï|v covspyôv xat StSàaxaXov TtSv àptaxeov, yj «ruvojv ûytstvbç u.èv Tô awp.a, Épptojjtivoç Si TTJV yvooaTjV
S'.ETsXscev, avSpôc Bt'ov ÇôBv xat Ttpoç aùxàv àTtoêXéixwv, xù
d'un caractère généreux et digne de toute estime! Vous semblé-je
donc, moi Pénia, si méprisable, si facile à outrager, que vous
m'arrachiez le seul bien que je possédais, celui que j'ai pris tant
de soin à former à la vertu? Et voilà que Plutus va le reprendre,
le livrer, — redevenu semblable au Timon d'autrefois,— à l'Insolence et à l'Orgueil, et me le renvoyer après l'avoir rendu désormais efféminé, lâche, insensé, un vrai gueux en haillons!
HERM. Pénia, c'est Zeus qui le veut ainsi.
[33] PÉN. Je me retire : et vous, Peine, Sagesse et les autres,
suivez-moi. Quant à ce sot-là, il saura vite ce qu'il va délaisser
en moi, une excellente auxiliaire et maîtresse des plus nobles
actes, dans le commerce de qui il a conservé constamment la
santé du corps et la vigueur de l'intelligence, vivant en homme
TIMON OU LE MISANTHROPE.
xa't a^tov TTOXAOô ;
"Apa ri TlEvi'a
Boxa» ÛjAÎV
eôx«Tatppdvr,i:Qi;
xat eOafiixrrcoî
ovxtoç aiaxs àtpatpetoBai us
uovov xxrqAa Ô ety_ov>
£^sipya<j-(j.évov àxptëwç
rrpo; àpexryv,
t W ô ÏÏàOûTOî auftti;
itapaXaëwv aux'ov,
èyYeiptaa; (aùxbv)
"Yëpet xat Tticpw,
àTtoswjva; (aèxbv)
ôpotov T ô TtdXat,
uaXSaxôv
xat àysvvrj xat avonyrov,
àr;oôô) xcâÀtv èpto't
(aùxbv) YETevrigÉvov r]Srj
pdxoç;
EPM. Tcâka s'Bo?e
iw Ait,
to Lkvta.
[33]nEN. Airép/ouaixa't ùgst; fis,
& Ilôve xa't Eocpta
xa't ot Xotnot,
àxoXouôstxé got.
Outo; 8s
«îtrerat xây.a
o"av o\>adtv gs
àiroÀsûpst,
àyaôïiv cTJVEpyov
xa't BiBdaxaXov
xtôv àptaxarv,
wvfc>v r)
BtsxÉXsaev
iyieivb; uhi xb ffâiga,
ippoipivo; 8s xrjv yvtûp.ijv,
Çe&v Siov àvBpbç
59
et digne de-beaucoup?
Certes, moi la Pauvreté
je-semble à-vous
facile-à-dédaigner
et facile-à-léser
tellement au-point-d'ôter à-moi
le-seul bien que j'-avais,
cultivé soigneusement
en-vue-de la-verlu,
afln-que Plutus, de-nouveau,'
ayant-pris-avec-Ini lui,
ayant-remis-en-main lui
à-î'-Insolence et à-f-Orgueil,
ayant-rendu lui
semblable au-Timon d'-autrefois,
mou (efféminé)
et lâche et insensé,
rende de-nouveau à-moi
lui devenu désormais
wn-haillon?
HERM. Cela a-paru-bon
à Zeus,
ô Pénia.
[33] PÉN. Te-m'-en-vais ;
et vous, d'-aulre-part,
ô Labeur et Sagesse
et les autres,
suivez moi.
Celui-ci, d'-autre-part,
saura bientôt
quelle étant moi
^-abandonnera,
bonne auxiliaire
et maîtresse
des meilleurs-acres,
vivant-avec laquelle
il-a-vécu-continûment
sain, d'-une-part, quant au corps,
robuste, d'-autre-part, quant à l'esvivant la-vie d'-iMi-homme
[prit,
60
TIMON H MISAN0PQIIO2.
os Tzepmh
(xal xxoXXà Tauxa), WGTTEO IGTIV, àXXôroia ù7to-
Xainëavcov.
E P M . 'ÀTtepyyjVTa.! " 7]n.£:ç 6s 7rpo<7i'<!)fj(.ev aûrù).
[34] T I M . Tt'veç IcTE, ai xarâpaTOt; TJ xf SouXôptEvot oeupo
ïjxsTs âvopa EpydTTjv xal [ato-Ocxpôsov IVO^XïJO'OVTSç ; 'AXX' où
J^Kt'pOVTEÇ àxClTS, JJUapol 7TaVTO>î OVT£; " lyu> yàû OU.3.Ç aùn'xa
ptàXa SâXXwv TOïç BdiXotç xal TOTç Xt'G&tç ffuvTpùW.
E P M . MT|3aaôjç, cù TI'JACOV, u.~q paX-qç ' où yoco àvOpwTWuç
ô'vxaç faaXslç, aXX lycu aèv 'Eptxàjç si|/.t, oùxor/t os ô IIXC-UTOç'
£7t£U.d;e Se ô ZEUî ÈTraxeùcai; TCOV soyS>w. "iiaTs àyaQyj TùV7|
Zéyou TôV oXëov airocTTàç taiv TîO'VWV.
T I M . Kcù ùtAv.ç ot|Aa>;Ea,9s TJoTi, xat'xoi GEGI OVTEç, U>;
de cœur, les yeux tournés sur lui-même, n'estimant les choses
superflues (et elles sont nombreuses) que ce qu'elles sont, à savoir
des vanités qui ne le concernent en rien.
HERM. Us s'éloignent; et nous, approchons-nous de lui.
[34J TIM. Qui êtes-vous, maudits? et dans quelle intention êtesvous venus ici pour troubler un travailleur qui gagne son salaire?
Mais vous ne partirez pas impunément, scélérats fieffés que vous
êtes : car, moi, je vais sur l'heure vous écraser à coups de molles
de terre et de pierres.
HERM. Non pas, Timon, ne jette rien : car ce ne sont pas des
hommes que tu frapperais, mais, moi, je suis Hermès, et celui-ci
est Plutus; Zeus nous a envoyés, il a écouté tes prières, Bonne
chance donc : accepte la félicité et renonce aux labeurs.
TIM. Vous allez vous lamenter, vous aussi, tout dieux que vous
TIMON OU LE MISANTHROPE.
61
et regardant vers lui-même,
d'-autre-part, supposant
les c/ioses-superflues
(et celles-ci sont nombreuses)
étrangères,
comme elles-sont.
WOTïep ÈOTtV.
HERM. Tfs-s'-en-vont :
EPM. 'Auspxovxas •
nous,
d'-autre-part,
YJUEÎç Ss
avançons-vers lui.
TCp0l7t'wfI.£V CCJXÙS.
[34] TIMON. Quels êtes-cous,
[34] TIM. Tivsç katï,
ô maudits?
<i) xaxâpaxoi ;
ou quoi voulant
vj xi poulôpevoi
êtes-uous-venus ici
Y)X£Te SEOOO
devant-importuner
ÈVOYAY]<70VX£;
un-homme ouvrier
avSpa Èpyâxï)v
et recevant-un-salaire?
xal fjuo-ôoqpopov;
Mais partez
'AXXà axctxE
non vous-réjouissant,
où yacpovxs;,
étant de-toute-façon impurs :
ô'VXEç iiâvxwç piapoi'
car moi
yàp èyà)
j'-écraserai
vous
ouvxpîd/u) ùgàç
tout-à-fait aussitôt
pAXa aùxixa
vous frappant
jîâM.oov
par-les mottes-de-terre
xaï; fJoiXo'.;
et les pierres.
xal xoïç liOos;.
HERM. Nullement,
EPM. MYjSagwî,
ô
Timon,
(O iCfI.WV,
ne
frappe pas :
(J.T) PaXTjs"
car ne-pas tu-frapperas
-yàp où flaAEÎï
nous étant des-hommes,
(Ùp-àç) dvxa; àv&ptoxou;,
mais moi,d'-une-part, je-suis Hermès,
àî.là Èyto psv eîp.i 'Epp-Tiç,
oûxocrl 81 (Èatcv) o IIXoûxoç et celui-ci, d'-autre-part, est Plutus;
et Zeus nous a-envoyés '
Se o Zîù; £Txsai|;£
ayant-écouté
Èitaxoùcrac
les (les) prières.
xàiv (ffriiv) eoyûv.
Donc, à-la-bonne fortune
"Qaxs àyaôï) XùYYJ
accueille le bonheur {la richesse).
Sdx°'J T°v oXêov
l'-étant-éloigné des travaux.
âTroaxàç xtov xùvtuv.
TIM. Vous aussi,
TIM. 'TpcEt; xal
cous-gémirez
tout-à-l'-heure,••-..
olgcôEecÔE Y}8ï),
xal a7:oëXlTrwv._7rpb; ocùvôv,
es GiToXagëocvuiv
va •jcsptxxà
(xal xaûxâ (èaxi) xcoXXâ)
àÀXôxpta,
62
TIMQN H MISAN0PQIIOS.
çaxs * 7ràvTaç yoco ap.a xai avôpto7royç xai Geoùc, U.ICôJ, xooXOVl BÈ TGV TUip/.OV, OffX'.Ç O.V 7), xai £7rCTpl'<^£tV U.01 BoX<5 X7]
Bixs/Xyi.
I I A O T T . 'ATTUOIAEV, cô 'Epp.Tj, Trpôç xoîi Aibç, — jAEXayyol&v yàp b avGptoxtoc où u-expi'ioç u,ot Boxei, — u.7] TI xaxbv
aTrÉXôw Trpoo-XixSwv.
[35] E P M , MT|S£V cxatbv, m TI'JJUOV, àXXà xb Tcàvu XOOXO
ayptov xai xpav_ù xaxaêaXcbv Tcpoxei'vaç xw ^etps Xàptêavs xrjv
aya6à;v xù^rjv xai TCâOUXEI irâXtv xai cc6i 'AGTrjvat'wv xà 7rp(5xa
xai ôorspôpa XôJV a/aptcxwv Èxei'veov, u.o'voç aùxbç eùBaip.0vffiv.
T I M . OùBÈv 'JG.ÔJV Bsouai * p-àj Èvoy/EÏxÉ pot. 'Ixavbç Ipoï
uXoiixoç; ô] BtxsXXa " xa S'àXXa EÙoatu.ovscrxaxô'ç, £tpt, PYJBEVO'ç
pot TcXïiatâciovxoç.
êtes, comme vous dites : car je hais tout le monde en bloc, hommes et dieux ; et cet aveugle, quel qu'il soit, j'ai même envie de
l'assommer avec ma pioche.
PLUT. Allons-nous-en, Hermès, au nom de Zeus, — car cet
homme me semble en proie à un terrible accès de fureur sombre ;
•— je crains de partir après avoir emboursé quelque mauvais
coup.
[35] HERM. Pas de brutalités, Timon, mais dépouille cette
humeur toute sauvage et farouche, ouvre tes deux bras pour
accueillir la bonne fortune. Redeviens riche, sois le premier des
Athéniens, et méprise ces ingrats, uniquement occupé de ton
propre bonheur.
TIM. Je n'ai nul besoin de vous : ne m'importunez pas. Ma
bêche est un trésor suffisant pour moi : au reste, je suis le plus
heureux des mortels, quand personne ne s'approche de moi.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
xat'xoi ôvxsç Ocot,
«Sç çaxs"
Yàp jitaà)
irivxcti; au.a
xai àvftpioiro-j;
xai 6soo;,
fis xai Soxw poi
ÈTClXpiVjlclV
TTJ ôtxÉAAr,
TOUXOVl XQV XOÇAÔV,
oa-xiç àv i\.
riAOYT. 'AxcopEv,
U) 'EpiAT],
irpo; xoë Acbç,
— yàp ô av6pa>7ioç
SOXSÎ [AGI
(jL5>.aYyoAav
ou p-Expiio:, —
(ATj àiréÀSco
TtpoàXaëiov xi xaxôv.
[35] EPM. Mnoiv axaiov,
ta TIJAWV,
âXÀà xaxaêaXwv
xoûxo xb Tiâvu àyptov
xai xpax'J
xpoxeîvaç xà) ysïpE
Xâtiêavs XT|V àyatrqv x'jyyiv
. xa'i HXOùTEI irâXiv
xai ïcrôi
xà xpôixa 'AG'qvaîtov
xa'i UTtepopa
sxeîvwv xûv ayapîo-xwv,
£Ù8aiu.oviôv JAôVOç aùxéç.
TIM. Alopai oùSàv U[Aiov
|AY| ÈVOyXEÎXS [AOl.
*H OîXEXXCï
(Ècrxtv) ÈjAo't TCXOOXOç ixavôî
fie xà àÙAAa
eîgi eùSatjAovEijxaxoc,
p,tl§evb; xiX'iaiâïovxô; uoi.
63
quoique étant dieux,
comme uows-dites :
car je-déteste
tous ensemble
et hommes
et dieux,
et aussi je-fais-l'-effet à-moi
de-devoir-écraser
auec-le hoyau-à-deux-pointes
cet aveugle-ci,
quel que, d'-aventure, il-soit.
PLUT. Partons,
ô Hermès,
au-nom-de Zeus,
— car l'homme
semble à-moi
avoir-l'-humeur-noire
non modérément, —
de-peur-que je-we-parte
[vais,
m'-étanbattiré quelque-chose de-mau[35] HERM. Rien de-gauche,
ô Timon,
mais ayant-mis-de-côté
ce-caractère le tout-à-fait sauvage
et âpre,
ayant-étendu-en-avant les deux mains
prends la bonne fortune
et sois-riche de-nouveau
et sois
le premier des-Athéniens
et dédaigne
ces ingrats,
étant-heureux seul toi-même.
TIM. Y-ai-besoin en-rien de-vous :
n'importunez pas moi.
Le hoyau-à-deux-pointes
est à-moi wne-richesse suffisante ;
et pour les autres-choses
je-suis très-heureux,
personne n'approchant de-moi.
64
65
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMON H MISAN0PQIIO2.
?
E P M . OUTOJ;, cô TXV, àTcavopt6Tr(i)i; ;
a xdvSs (péptiï Ait pûQov àitrivÉaTE xpaTepov TE; ï
Kai u.ï)V sixôç Y|V «.tc-âvGpWTcov u,èv sïvai os TOCXOTï UTC' aùTôJV Sstvi TtsTrovOdra, iziaoÛsov SE u,-o8au.6jç, Où'TWç E7np.eXoupivwv 50U TÔJV GSôJV.
[36] T I M . 'AÀÀà coi pAv, à) 'Ëpu,TJ, xa'i Tù> Ail TcAeiVn)
yapiç T ^ î ê7np.eAst'aç, TOUTGV; Se TôV IIàOUTOV oùx av Aâ-
6otu.i.
E P M . T i 8rj ;
T I M . " O n xai rrâXai pioptiov u,oi xaxffîv aïrioç OOTûî xavéo-TTj, xo'Aacji T£ TrapGcSoùç xai iîtiëoOXo'jç sTrayayiî>v xai uTo-oç
l7reyEi'paç xai •fjSuxaOsi'ix Stoap&si'pac xai srn'aGovov àTcoœàjvaç,
TÉXOç Se àovco xaTaXiTcdiv Où'TWç àTrtoTOJç xai TcpoSorixcoç. 'H
PEXTI'OTTI SE ITsvi'a, TCOVOIç JHE TOTç àvopixaiTâton; xaTayupwâ-
oao'a xa'i ;XET' aXvjSsi'aç xat Trapp^o-iaç Trp05ou,tXooG-a, TOC xe
HERM. Est-il assez insociable, mon cher?
« Rapporterais-je à Zeus ces mots durs et cruels? »
Mais, pourtant, s'il est naturel que tu détestes les hommes qui t'ont
infligé de si odieux traitements, il n'est point du tout juste que tu
haïsses les dieux qui prennent de toi tant de soin.
[36] TIM. Eh bien! je te sais le meilleur gré à toi, Hermès,
ainsi qu'à Zeus, de cette sollicitude, mais je ne saurais admettre
ce Plutus.
HERM. Et pourquoi donc?
TIM. Parce que depuis longtemps il est devenu pour moi la
source d'innombrables maux : il m'a livré aux flatteurs, il" a suscité des pièges contre moi, provoqué la haine à mon égard, il m'a
gâté par une vie de délices et exposé manifestement à l'envie ;
puis, pour finir, il m'a soudain abandonné d'une façon si perfide
et traîtresse. Au contraire, Pénia, maîtresse excellente, m'a exercé
aux travaux les plus mâles, m'a parlé dans toutes nos relations
le langage de la vérité et de Ta franchise : elle fournissait à mes
laborieux efforts ce qui m'était nécessaire etinlenseignait à mé-
HERM. 0 mon-bon,
si inhumainement?
« porterais-je à-Zeus
« çspw Ait
cette parole
XôVSE (j.vj0dv
et dure et violente? »
ts <xjiï)véa TE xpaxepdv;
v
Et pourtant f [-était juste
Kaï gïi GV EIXOç
toi, d'-une-part, être
\pe),
(TE [ASV EÎVai
détestant-les-hommes
(misanthrop.C(Tav6pl»7TOV
ayant-souffert par-le-fait-d'eux
7Tîirav6oTa ùTib avivai v
tant-de e/wses-terribles,
xocrauxa Secvà,
mais, -d'-autre-part, nullement
Sa [xiqSagwî
haineux-pour-les-dieux, les dieux
|M<TÔ0£OV, TIÔV 0EWV
prenant-soin tellement de-toi. [pari.
èitip.eAou}iivtov OUTIOC<TOU.
[36] TIM. 'A)Aà o-o't uiv,
[36] TIM.Eh-bien!pour-toi,d'-unew 'Epu/îî, xa'i T(ji Aiî
ô Hermès, et pour-Zeus
[sance
rrXsioTTi "/âpiç
est en moi la-plus-grande reconnaiss e . èmpeXEÎaç,
de-!a {de votre) sollicitude,
[pas5k oùx av Xdcéoipi
mais,-d'-autre-part, je ne prendrais
xbv nXoùxov TOUTOVî.
Plutus, que-voici.
EPM. Tî Sri ;
HERM. Pourquoi donc?
TIM. "On xai
TIM. Parce-que aussi
rtâXai
depuis-longtemps
ouxoç xaxéaxYi goiaÎTioî
celui-ci est-devenu pour-moi cause
xaxcôv (wpiiov,
de-maux innombrables,
TtapaSouç xe xdXa£i
et m'ayant-livré-à des-flatteurs
xa'i Èrcayaywv ETtigooXou;
et ayant-amené des-oens-insidieux
xa'i Èxsyeipa; pîao;
et ayant-éveillé îa-haine
xa'i Staçôeipaç
et m'ayant-corrompu
•flôoTtaÔEÎa
joar-ïa-vie-de-jouissances
xa'i ârroqirjvaç suiçOovov,
et m'ayant-rendu envié,
TSXOç Se aiyvw
enfin, d'-autre-part, soudain
xaraXirobv GUTWç àTTiaxw;
m'ayant-abandonné si déloyalement
xa'i itpoSotixw;.
et traîtreusement.
[nia,
As ï) psAvio-Trî flevia,
Mais,-au-contraire, la très-bonne PéxaTayvpvâo-affâ ps
ayant-exercé moi
TOïç TTôVOIç àvSpixwTàxoi;
par-les travaux les-plus-mftles
xa\ TcpoaopiAo'JO'a
et ayant-eu-commcree-avec moi
pEvà àXr|6eiaç xai Ttapprjaiaç avec vérité et franchise
itapeï"/e
fournissait
va TE àvayxaîdc
et [es-choses nécessaires
EPM. Q xôcv,
OÙ'TO); à7tav8p657tw; ;
LUCIEN. — Extraits.
5
é6
•
TIMON H MISANOPQITOS.
avayxaïa xâuwovxt Ttapsïv-s xa; xcov 7toXXojv Ixsi'vwv xaxaxiQOveiv sratoeuEv, s ; auxoo EU.&U xaç sATttoaç a7iapT7j(7aca aoi xoo
pt'ou xal Setçaca ôcmç "qv ô UÀGUTOç 6 Êpwç, SV ouxe xoXa;
ôojTreuwv ouxe uuxocpàvxvj; oo6<3v, où §7)0.0?. irapojjuvÔeUj oûx
£XxXT|Crta(jX>)? T"7)OvocDop-qo'a?, où xùpavvoç, éTciêouXeùtraç acpeXecrÔai oùvaix' av. [ 3 7 ] 'Epomptivo? xoiyapoùv ùTCô XôJV TCOVUIV,
xbv aypbv xouxovi cstÀoxcovwç lpyaÇou,evoç, oùSèv ôpfiv XôJV Iv
a o t î t xaxaiv, t'xavx xat oiaoxYJ 'éXvco xà àXauxa xcapa XTJç oixéXXT,ç. "£2axe TîaXi'vopoao?, OJ 'Eop/rj, xirifli xov IIXouxov ÉTravâycov XôJ Ali1 ' èuxù os xouxo Exavov 7|V, Tixvxaç, avôcù>7rou? 7)6TJSov O![/.OJÇS[V Tcoi'Tjsai.
priser cette masse de trésors: faisant dépendre de moi-même les
espérances de ma vie, elle nie montrait quelle était la richesse
vraiment mienne, celle que ni les caresses de l'adulateur, ni les
menaces du délateur, ni la colère du peuple, ni le vote de l'électeur, ni les machinations du tyran ne pourraient ravir.
[37] Et voilà pourquoi, fortifié par les fatigues, j'aime à cultiver péniblement ce champ, où je ne vois aucun des vices dont
souffre la cité, où ma pioche fournit de la farine d'orge en quantité très suffisante à mes besoins. Ainsi, retourne sur tes pas,
Hermès, et va-t'en reconduire Plutus à Zeus : pour moi, je me
TIMON OU LE MISANTHROPE.
([rot) xap.vovxt
xa's èrcaîSeuev
xaTaçpoveïv
èxsîvwv TWV rroXXiëv,
àirapTïja'aa-a p-os
z% ÈpoO auxoO
xà? èXittSaç xoû (3iou
xa\ oet'Satfa ouït?
qv 6 itXovxo; 6 èp.b;,
Ôv OÙTE xoXa£ ôwTtsùw;
OùTE (juxoqiâvTïi? cpoëùiv,
ou S^poç îiapoÇuvOst;,
oux ÈxxXï)(7iacrxr|;
qVqçocpopqaa?,
où xùpavvo;
èTuigouXEÙffa?
av oùvcuxo
à:peXs<j6ai.
[37] Totyapoùv
appui pivoç
ùrai xiëv TIôVOJV,
èpYaÇop:evo?
çsXouova)?
xbv àypbv xouxovi,
âpcov oùSèv
xèiv xaxùiv
èv ôUTTE:,
éyjii va aXçuxx
'îxavà xa'i oiapxq
•Jtapà xfjî SixÉXXqr.
"Qoxe, u> 'EpLfXj,
âiriQi 7iaXtvopop.o;,
ÊTcavâyaiv x<û Ait
xbv nXovxov8è TOùTO
qv txavbv èpios,
TCOiqaat
contenterais de faire gémir tous les hommes, jusqu'au dernier
•jxâvxa; avSpui-xou;
qêqSbv
enfant.
OtJJUoÇEtV.
à moi besognant
et m'enseignait-à
dédaigner
ces nombreux-fre'sors,
ayant-fait-dépendre pour-moi
de moi môme
les espérances de-la vie
et ayant-montré quelle
était la richesse la mienne,
que ni un-flatteur caressant
ni un-sycophante effrayant,
ni te-peuple ayant-été-excité,
ni wn-membre-de-l'-assemblée
ayant-apporté-son-suffrage,
ni un-tyran
ayant-formé-un-projet-hostile
ne pourrait [pourraient)
enlever.
[37] G'-est-pourquoi,
fortifié
par les fatigues,
travaillant
laborieusement
le champ que-voici,
ne voyant aucun
des vices
qui sont dans fa-cité,
je-tiens la farine-d'-orge
convenable et très-suffisante
du boyau-à-deux-poinlos.
Ainsi-donc, ô Hermès,
va-t'-en revenanl-sur-tes-pas,.
ramenant à Zeus
Plutus :
mais cela
était [serait) suffisant pour-moi
de-faire
tous fes-hommes
dans-l'-âgc-de-la-jeunesse
se-lamenter.
67
TIMQN H MI£AN0PLfflO£.
68
EPM. MY|ôau.ffiç, wyaÔs " où yào itotvTîç sîoiv STCIXTJSSWI
Tcpbç Qiu.wyrjv. 'AXÀ' sa xà opyfXa xaûxaxcù u.£tpaxiw5r|, x'ù
xbv IIàOUXûV TcapàXotêe. Ooxot à7rbêÀ7]xa laxt xà Scopa xa 7tocpa
xo3 Àiéc.
HAOYT. BOùXEU à) Tt'utov, SixatoXoyfjff»u.ai irpbç c e ; r]
yaXsTCavetç p.ot Xéyovxi ;
TIM. Asys, prj paxoa psvxot, p.YjS£ u,£xa rcpooipicov, aWirsp
01 liuxpi-xxoi prjxops; " àvéijopwcL yâp c£ oXiya. XÉyovxa Stàxbv
'Eppi/qv xooxovt'.
[38] IÏAOYT. 'EypT,v pèv l'crtoç xoù pocxpoc e'nrsïv oû'xto
TuoXXà ÙTib ooo xaTqyopv|6évxa. "Opooç Se bpa £Ï xi as, œç
HERM. Non certes, mon bon : tout le monde n'est pas disposé
à gémir. Mais laisse-là ces propos moroses et puérils, et accueille
Plutus :
« Ne rejetons jamais les dons venus de Zeus. »
PLUT. Veux-tu, Timon, que je plaide ma cause devant toi ? ou
te fàcheras-tu de mon discours?
TIM. Parle, mais sans longueurs toutefois, et sans ces préam-
TIMON OU LE MISANTHROPE.
EPM. Mi)8au,5i{,
w àyaôé•
yàp où rcàVre;
EÎOÙV
S7UT7)SE!01
irpb; OCU.(I>YMV.
'AXXà s a
vaoxa r à opyika.
xa\ (AStpomioocj,
x a \ TcapâXaêE
tbv LIàOSTOV.
T a Scopa
xà l î a p à TOô A i b ;
ouvot èOTIV arcôê^Tan A O Y T . BoôXst,
d> TtJJKjùV,
SixaioXoyïiawjAat
repos ai ;
ï] yaXEreavEîç
p-oi Xéyovu;
T I M . AÉys,
(ATI P-(XXpà (ASVTOl,
JJL/jSs (AETa
repoottAttov,
«areep ot pYjTOpEÇ,
ÈlUÎTptTCTOf
yàp àvÉ5oa.ai
<TE Xéyovva ôXtya
8ià TôV eEp(Afjv
TOUTOVÎ.
[38] n A O Y T . 'Eypnv
|AÈv t'aw; xai
EîTCEÎV (xaxpà
bules comme en font ces roués de rhéteurs : je supporterai de
xaTïiyopnoévTK
OOTW reoXXà
t'entendre, si tu es bref, en faveur d'Hermès, ici présent.
V1V1 (TOÛ.
[38] PLUT. Il faudrait peut-être en dire long, puisque tu m'as
chargé de tant de griefs. Mais pourtant, vois si je t'ai fait tort en
quoi que ce soit, comme tu le dis : c'est à moi que tu dois tous
"Ogtoç SE opa
Eî iqôixv]xbt
ai xi,
iô; ç-çiç,
ÔC(AÈV
69
HERM. Nullement,
ô «ion-bon :
car non-pas tous
sont propres
à fa-lamentation.
Mais laisse-de-edté
ces-propos furieux
et puérils,
et prends-auprès-de toi
Plutus.
Les présents
les venant-de Zeus
certes-ne sont pas à-rejeter.
PLUT. Veux-Ot,
ô Timon,
que je-me-justifie
devant toi?
ou-bien t'-irriteras-tw
conere-moi disant?
TIM. Dis,
pas des-choses- longues pourtant,
ni avec
des-préambules,
comme les rhéteurs
rompus-au-métier :
car je-supporterai
toi disant peu-dc-c/ioses,
à-cause-de Hermès
que-voici.
[38] PLUT, /^-fallait {faudrait).
d'-une-parl, peut-être aussi
moi dire des-càoses-longues,
ayant-été-accusé
si abondamment
par toi.
Cependant, d'-autre-part, vois
si j'-ai-fait-du-tort
à-toi en-quelque-chose,
comme 'u-dis,
moi-qui, d'-une-part,
70
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMÛN H MISANePQnOS.
-. !
CpVjÇ, TjOIX-rj/.a, OC, TOJV (U.SV- "qÙiCÎTUIV
XTtXVTWV 7.ITIOÇ (7QE XXTS"
aT7)V, TIU-TI; xxl TTGoeopéxç xx\ (TTscpxvuJv XX! xrjç. xXX-q; xpu-
•xaxeaxriv crûi a i r i o ;
àirdvxcov xwv T|8i<rr(dv,
Tt(J.T|Ç xcù iposSpia;
x o ù OTSOpdtVtOV
s'qç, Trspt'êXsTCTOç TE xo.! xotoiuo? 3'.' SUES 7j<;6x x x l TCEûKJTïOûOXOTOç. '
Ëycé <TDE '
v. Se TE ^aXeirôv EX TWV XOXOéXOJV TtsTcovfixç,
XVXETIOC;
u.ïXXov o s K U T ô ç -qoiVqpyxt TOUTO ûTCO c o u , BEQ'TE u.s
OUTOJç XTE'EIUDç ùirs^aXsç xvSpàcTE xxTxpxToxe, êTcaEVGûcE x x l
XXTayOT|T£UOUO"l XXt TCXVTX TGÛTCÛV SltîêooXsUQua't U.0E • XX! TÔ
y s . TSXSUTXIOV ËcpTrjo-Ox wç
Trpoosowxoc os '
TOûVXVTE'OV
S' av
xÙTbç ÊyxaXsjxip.i' CTGE, i t à v t a TûOTVOV aTrsXxÔsEç Érrcb COU x a l
x a i r ç ; a)J>T|Ç xpucpriç,
x a i Y]d9a S'.à è[xè
TtepiêXsuTÔç T£
x«\ àoESipo;
v.cà TisptaTTO'jSairroi;'
el Se uéuovôdc;
te yjxksiih'j
l x xâW xoXâxoiv,
Èyto (e'iju) à v a m o p coi"
ôs p.âX'Xov ocèVo;
ïj8:xïip.at TOUTO
ûub xoO,
STCI xsœxX-qv spcocOslç TTJç o'ixi'xç. Totyacouv àvxl
p/Xavtooç TXUTTJV T-qv SEOQSûXV "q TEUEECOTÔTT] ooi
ixaXaxTJç
IIEVI'X ETSçE-
TsOsEXSV. "iioTS U-XOTUÇ ô 'EpUL'qÇ OlITOCTl 7CÔJÇ, ÎXSTSUOV TGV
les avantages les plus agréables, honneurs, droit de préséance,
couronnes et a u t r e s privilèges d u luxe ; grâce à moi, tu étais
eélèbre, c h a n t é , recherché avec empressement. Si d'ailleurs t u a s
subi quelque mésaventure p a r le fait d e s flatteurs, j e n'en suis
pas responsable envers toi : ou plutôt, c'est moi-même qui ai été
maltraité par toi, puisque tu m ' a s si honteusement soumis à des
coquins q u i t'ensorcelaient à force d'éloges et m e dressaient à moi
toutes sortes d'embûches. Tu prétendais aussi que finalement je t'ai
trahi : j e pourrais, a u contraire, d e m o n côté, t'accuser d e m'avoir
chassé p a r tous les moyens et poussé hors de ta maison la tête
la première. Voilà pourquoi, a u lieu d'une molle chlanide, Pénia,
si précieuse à tes yeux, t'a vêtu de cette peau de bête. Ainsi, Hermès, ici présent, peut attester combien j e suppliais Zeus d e ne
SUITE bnéèoûM p.s
Où'TWç a t î g w ç
àvSpâfft xatapâxoi:,
ÈTtaivoCx',
xa\ xatayo-ctE-jooo-i
xcù èitiê'ooXêôooaJ u.o:
7râvTa xpÔTcov
xa\ xb Xcieuxatôv ys
6^71*9 a
<bç TtpoSéSwxâ o s '
8s xb èvavxiov otoxb;
av èyxaTia'aEu.É croi,
«ixsXa9s\ p
Trâvxa xpôirav
ÔTtb XOO
xai èSuia&Eiç
Xï|ç o'txt'a;
sitt xsçaÀqv.
Toiyapoov Tj IlEvia
xigioixaTï) (roi
TCSpixÉÔSlXSV
TXûTYJV xrjv 8i<p9épav
àvxi u.oc>.axï]ç Y/XaviSo;"iîffXS (J 'EplJEYJÇ 0ÙT0(7(
71
suis-devenu ponr-toi cause
[blés,
de-toutes les-choses les-plus-agréahonneur et préséance
et couronnes
et le reste du-luxc,
et t u-ôtais gràce-à moi
en-vue et
aussi chanté
et rocherché-avec- empressement ;
si, d'-autre-part, lu-as-soulïert
quelque-chose de-fâcheux
par-le-fait des flatteurs,
je suis non-responsable à-toi :
ou plutôt moi-même
j'-ai-été-lésé en-ceci
par toi, à savoir
que tM-as-soumis moi
si honteusement
à-des-hommes maudits
louant
[latan
ettrompant-par-des-moyens-de-charet tramant-des-complots-contre moi
de-toute façon;
et finalement du-moins
ftt-disais
que j'-ai-trahi toi :
mais, au-contraire, moi-même
je-reprocherais à-toi,
ayant-été-expulsé
de-toute façon
par toi
et ayant-été-chassé
de-la maison
sur la-tëte (la tête la première).
Voilà-pourquoi Pénia
très-précieuse à-toi
f'a-enveloppé
de-ce vêtement-de-peau
au-lieu-dime-molle clilanide.
Donc, Hermès, que-voici,
72
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMQN H M I 2 A N G P Q I I 0 2 .
A i a u.Tjxé6' TJxstv i t a p à c i otixco oucu-svêiç. u,os 7rpocevr|veyu.s-
(ECTI) papxo; ixàiç
ÎXSXEUOV xbv
vov.
[ 3 9 ] E P M . 'AXXx vuv ôpaç,
co liXoÙxe, cloç rj'27) y s y é -
vqxatc • (Sexe 9app<Sv ^ovdiârptês aùxôS. K à i cù u i v c x à u x E ,
toc s / ï i ç , uù Oè xov ©Yjffxupàv ÛTtayaye xîj SIXÉXXY] • ÙTcaxoùCExat y à p éu.6o7jffavTt' c m .
T I M . IIEICXÉùV, a) 'EpjJÙj, x a i aôôiç 7iXoux7|TS0V. T t y à p
àv x a l iràôoi xiç, ôTTOXE oi Oeol BcàÇoivxo ; IlX-qv opa ys eç oTà
u,£ TCpscyaaxx lp.ëàXXetç xbv xaxoSaîjjwva, 8c, à v p t vuv sûoae—
faovsaxaxa Stàywv, ^pucbv àçpvw xocoQxov XTJdvouat oùosv à 8 i XYJ(7«C x a l x o c a û x a ç <ppovxi8aç àvaoÉ^ou,at.
[ 4 0 ] E P M . 'Tiïôcx-qGt, u> Tc'puov, Si' é p i , x a l si vaXercôv
plus m e faire aller auprès de toi, qui t'es comporté de façon si
hostile à mon égard.
[39] HERM. Mais maintenant tu vois, Plutus, comme
il est
désormais changé : rassure-toi donc, et demeure avec lui. — Et
toi, bêche encore comme tu es là. — Pour toi, Plutus, a m è n e
Thésauros sous sa pioche : il entendra bien ton cri.
TIM. II faut obéir, Hermès, et redevenir riche. Car que p o u r -
Aia
p.Y|XSTc vjxstv Ttapà ck
ÎTOO<TSVÏ)V£YpivOV [AOt
oùxio So(jp.evûic.
[39] E P M . 'Alla, vùv,
& ITXoûxs, opà;
oto; àjSrj YsysvK)xaitoaxE Gappôiv
luvSiâxpiës aùr<3.
K a l où pev
a-xdmxE, 10; E^êIç,
où 6s 'jirayayE
X/j 3lxÉX>.Ti
TOV 07)<75«jpÔV
yàp ÙTtaxoùasxai
(701 Êp.6ccÔ.(T(XVTl.
T I M . neioTÉov,
<L 'Epru],
xal 7tÀouTï)xÉov aùGt;.
Tàp xal xi
xi; av irââoi,
OTCÔXE oi 6eol
[JiâÇoivxo ;
IlXrjv ys opa
Êç oîa Tcpâytraxa
èu.êâX4etc u.s
xbv xaxooatu.ovaj
oç, a;cpt vôv
3iocyo)v svSaïuovsaxaxa,
Xrj<po|i.at SOVû)
jusqu'ici le plus heureusement du monde, vais tout à coup, sans
xoaovxov -ypucibv,
àoixriffac où3èv,
x a i àvaSE^op-at
xoaaùxa; <ppovx£5a;.
[40] E P M . m Tiawv,
avoir fait aucun m a l . recevoir tant d'or et endurer tant de soucis!
ôTXôO-XïJôI Sià àp.£,
rait-on bien faire, lorsque les dieux contraignent? Mais considère
du moins dans quels e m b a r r a s tu me jettes, infortuné qui, vivant
[40] HERM. Souffre-le, Timon, pour l'amour
de moi, — lors
m ê m e q u e l'épreuve serait pénible et insupportable, — aiin que
x a l se xovixâ
Èaxi y^ETtbv
xal o'jx oicxbv,
73
est témoin combien
j e - s u p p i i a i s Zeus,
demandant
de ne-plus aller auprès-de toi
t'-étant-comporté-envers moi
si hostilement.
[39] HERM. Eh-bien, maintenant,
ô Plutus, tw-vois
quel désormais i/-est-devenu :
donc, prenant-courage,
demeure-avec lui.
Et toi, d'-une-part,
creuse, comme tu-es,
toi, d'-autre-part, amène-sous
le hoyau-à-deux-pointes
le Thésauros :
car if-obéira
à-toi a y a n t - c r i é .
TIM. ii-faut-obéir,
ô Hermès,
et if-faut-être-riche de-nouveau.
Car aussi quelle-chose
quelqu'-un éprouverait-il.
lorsque les dieux
viennent-à-contraindre?
Seulement, du-moins, vois
dans quelles difficultés
tw-jettes moi
le malheureux,
moi-qui, jusqu'-à maintenant [ment,
passant-fe-temps le-plus-heureuserecevrai tout-d'-un-coup
tant-d'or,
ayant-commis-l'-injustice en-rien,
et subirai
tant-de soucis.
[40] HERM. Ô Timon,
souffre-le par-égard-pour moi,
et si cela (même si cela)
est fâcheux
et non supportable,
74
TIMON II M I E A N 0 P û n O S .
TooTO xx:
TIMON OU LE MISANTHROPE.
oux O'UTTOV l o r c v , OTTto; oi xôXcxxsç Ixscvoc ô t a o p a -
yôjo'tv 6TCô TOU <&6ôvou • èyw ^s ôTCSQ TïIV A Ï T V / I V iç TôV oùpxvôv
xvaTTT^oou.a'..
1 I A 0 T T . " 0 [Asv aTceXTJXuOsv, cL-ç ooxsï" Tsxu.oupou.7.'. y à o
TTj sîpsfft'a Tûv Trxepûv • où Ôi aoTou Ttepipvsve '
avxTC£u,apoj
y x p ooi TôV 0-qeraupôv aTC£Xf)u>v • u.SXXov Se T.XîB.
2 é &T|U.i,
Oïioaups ypoaoo,
7caoacjy£ç
OTtwç èXEïVOC o: XOXGCXS;
Stappaywmv
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éçxbv oùpavbv
'JTlkp TT]V AÎXVÏ)V.
n A O Y T . "O piv
àiteXrjÀvjfiEv,
u>; ôOXîC "
ÙTcàx,ou(70V Tt'uuovt TOUTOU x a t
C£(XOTôV avsXÉaÔxi. SXXTCTE, m Tiu.cov, ftaOec'aç xaTxcoépwv.
Eyco SE ùtxtv a7vooT'qdopvac.
[ 4 1 ] T I M . " À y e , OJ Si'xsXXa, vuv
xat
u.01 ÈTrtpptooov CE7.UT7JV
py-q xap-yiç l x TOU S x ô o u ; TôV ©rjaaupôv s ; TGÙ]xcpavkç
TcpoxKXouuiv-q. '£2 Z e u
rspocotts x a l
cpt'Xot KopùSavTsç xxt
ces flatteurs en crèvent d e jalousie : q u a n t à moi, je m'envolerai
au ciel, en p a s s a n t p a r l'Etna.
PLUT. 11 est parti, m e semble-t-il : j e le devine a u b a t t e m e n t
des a i l e s ; toi, reste ici-même, c a r j e m ' e n vais t'envoyer T h é s a u ros : ou plutôt, frappe le sol. « J e t'appelle, T h é s a u r o s d'or ; obéis
à Timon que voici, et offre-toi à ses prises. » — Creuse, Timon,
enfonce profondément ! Moi, j e vais vous quitter.
[41] TIM. Allons, m a pioche, m a i n t e n a n t r e p r e n d s courage et
ne te lasse p a s , afin de faire p a r a î t r e Thésauros hors du sein de
yàp vgxp.acpop.at
T/j ecpEaia
XÔiv TtT£p(J)V •
(TU Se
TtEptpEVE aÛTOV'
yàp àva7TÉp4|u> ooe
TôV ®r(cravpôv
Ô O T S X 9 C 6 V
•
Sk p.âXXov n a ï s .
4>vip,i a i ,
0r,eraupk ypoaoô,
•juâxouaov
Tiu-tov. XOUXtol
x a i 7tapàax£ï asauxàv
àvsXÉaOac.
Excércve, w Ttp.wv,
xavatpépwv paflec'a:.
'Eycb bh
attoaxYJaop.ac ôp-tv.
[41] T I M . "Aye,
& SixsXXa,
vvv p.ot
ÈTCtppaiaov asauTïiv
x a i p.7) xâp.Y]ç
TcpoxaXovpivrj
tôv ©ïjaaupôv
kx xov pâfjouç
Iç Tô Èpccpavlç.
la terre à la clarté d u j o u r ! Ù Zeus, dieu des miracles 1 ô chers
T J ZEû* vspâavis
C o r y b a n t e s ! ô Hermès, qui présides au g a i n ! d'où vient
x a \ çcXoc Kopuêavvs;
xoù 'Eppr] xspSws,
tant
10
afin-quo ces flatteurs
éclatent d'envie
par-suile-de la jalousie :
moi, d'-autre-part, je-m'-envolerai
vers le ciel
en-passant-par l'Etna.
PLUT. Celui-ci, d'-une-part,
s'-en-est-allé,
comme if-semble;
car je-Ie-conjecture
par-le m o u v e m e n t
des ailes : toi, d'-autre-part,
d e m e u r e ici-même :
car j ' - e n v e r r a i à-toi
le T h é s a u r o s ,
étant-parti :
ou plutôt, frappe le sol.
J'-appelle toi,
Thésauros d'-or,
obéis
à-Timon que-voici,
et présente toi-même
à-enlever.
Creuse, ô Timon,
[bêche.
enfonçant profonds les coups de
Moi, d'-autre-part,
je-m'-éloignerai pour-vous.
[41] TIM. Allons,
ô hoyau-à-deux-pointes,
m a i n t e n a n t pour-moi
fortifie toi-même
et n e te-fatigue pas
appelant-au-dehors
le T h é s a u r o s
hors-de la profondeur
au grand-jour.
Ô Zeus, dicu-des-prodiges,
et chers Corybantes
et Hermès qui-présides-au-gain,
76
c
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMflN II M I S A N 0 P Û I I O S .
Epo.7] xepSdk, 7rô9sv xoffouxov ^puc-t'ov; T I
Trou ovap x a u x â
l a x t ; AsSta yoOv vvt] avSpaxaç Eupw àvsypo'asvoç, • aXXà p.7]V
ypucrmv ICTîV lTrt<7Y|U.ov, uTtépuQpov, jîapo x a t XTJV Tcpoc-oJ/iv
UTC£pY]StCT&V.
•jrôôev TOCOOXOV -/puctov ;
H rau
xavxd ècTiv ovap;
Tow
SeSta pà] eupto
avWpaxaç
àvEypàu-svoi; •
T
aXXà |J.ï|V
« TI2 Y.puai, Seçtropa xâXAtarov (îpoxoîç, »
ai6du.svov y a p rcup a x s ôiaTcpsTcsiç x a t vûxxiop x a t asO' ï)U.£pav, IX6È, cô. ©iXxaxs x a ! lpac-u.tcoxaxe
[ 4 2 ] * i i Mtoa x a t
Kpoïtje x a l x à Iv AEXçJû?; àvaÔ^pvaxa, 00; oùoèv a p a TJXS tôç
TEOôç Tt'puova x a t xôv Tt'atovoç TCXOUXOV, m ye oû8è p^aaiXeùç 0
n s p a à i v t'aoç. ^ i i St'xsXXa x a t Ç/tXxàxY] StçpSÉpa, ûp.aç p.èv xoi
d'or? Cela n'est-il point par hasard un s o n g e ? bien sûr, je crains
de ne trouver que des charbons à mon réveil; m a i s non
vrai-
ment : c'est de l'or m o n n a y é , un peu rouge, pesant, et de l'aspect
le plus réjouissant.
« Or, présent le plus beau désiré des mortels, »
oui, comme un feu qui flambe, tu brilles et la nuit et le j o u r :
viens donc, ô toi si cher et si a i m a b l e ! . . .
[42] Ô Midus ! ô C r é s u s ! offrandes de Delphes! que vous n'étiez
rien, en vérité, a u p r è s de Timon et de l'opulence de Timon! Le
roi de Perse lui-même ne l'égale p a s ! 0 m o n hoyau, ô ma chère
peau de chèvre, il convient de vous consacrer au dieu Pan : et
èaxt yjpuctov
Eltt!7ïlp.0V,
•jitspuOpov, flapù
xa't ûitEpviSiiixov
TÏ|V TipOtTOC/tV.
« T û XPUTÈ,
xotXXnrrov Ssijtwpa
ptpOToï;, »
yàp StaTipÉTretî
(XTS TtÛp a!6Ô|JLEVOV
xa't véxxwp
xa't pexà ïjpipav,
ÈX6È,
w çtXxaie
x a t èpaspnoxaTE—
[42] ~& MtSa
xa't KpottTE
xa't xà àvaOïjpaTa
èv AeXcpoîç,
c!>ç a p a
^TE oÙSÈv
d>î Ttpô; Ttjitova
xat TôV TtXoùTov Tijjtwvo;,
ai ye
oùSè ^aaiXEÙ;;
o IlspatJûV
(èaxtv) ttro;.
'& SîxeXXa
xa\ (ptXxàxTi StçOépa,
ètmv xaXov
àvaÔstvat
'jpLÔéç JJ.EV
77
d'-où vient tant-d'or?
Est-ce-que, d'-aventure,
cela est un-rêve ?
Ce-qui-cst-sûr,-c'-est-que
je-crains que je ne trouve
des-charbons
ew-m-'éveillant :
mais certes [mais
vraiment),
c'-est de-f-or
marqué-d'-une-empreinte,
un-peu-rouge, lourd
et très-agréable
quant à l'aspect.
« Ô or,
très-belle chose-accueillie-iioionHers
pottr-ms-mortels, »
car fw-brilles
comme un-feu allumé
et pendant-la-nuit
et durant fe-jour,
viens,
ô très-cher
et très-aimable!....
[42] Û Midas
et Crésus
et les offrandes-consacrées
à Delphes,
combien, certes,
uous-n'-étiez rien
en-comparaison-de Timon
et de la richesse de-Timon,
à-qui du-moins
pas-même le-roi
le {celui) des-Perses
n'est é g a l !
Ô hoyau-à-deux-pointes
et très-chère casaque-de-peau
ïl-est beau (il
convient)
de-consacrer
vous, d'-une-part,
78
TIMQN H MISANQPfjnOS.
T1M0N OU LE MISANTHROPE.
Ilav't TûuTW avxfieïvxt xxAdv ' aeroç Se TJSYI Tcaaav 7rpiàu,£voç
,
T7]V èay_aTixv, Trupyiov &?xo5o[JLY|0xu,£voç ùTTEO TOU
fir^aupou,
U.ÔVW lacù ixavôv IVOCX'.TXCJOXI, TO aùx/ô xai TXCCOV àrcoGavcov
Ê';etv [jcot SOXôJ.
TOÔTO) T<ô ITavs '
os aÙTÔç fjSri
irpiâgEvoç
Ttàcav Tï[V èo-yaitàv,
oîxoSou.'/]ffdu.Evo;
7tupyîov
ÛTcep TOû ÔYjaaupo-j,
Timon annonce sa ferme résolution de rompre en visière à tout
le genre humain.
AESO'V/ÔCO Sa rauxa xal v£vopto0ET7]<70a> Trpoç tàv âïriÀotTrov St'ov,
Ku,tçi'a Trpoç ocTcavraç xal àyvwsi'a xai Û7reao'|ua " c&tXoç Se v] | é voç v] éraïpoç 7] 'EXÉou Pa>u.ôç, ù'GXo? TCOàUç • xal TO ùixTEÏpxt
êxxpuovTa r) ETnxoufvjcrat o£ou.Évm Tr.apavou.ia xal xaTXAua,f.ç
TWV sOcov. 3IovirjpY|Ç Se 7j oYaira xaôacTcep TO?ç Xuxc.ç, xal cotÀoç
moi, je vais aussitôt acheter tout ce domaine reculé et m'y faire
bâtir, sur l'emplacement du trésor, une petite tour qui suffise à
mon habitation de solitaire : cette môme tour, quand je mourrai,
je prétends l'avoir aussi pour tombeau.
ixavov
ivoiaiTâadJat
£|JKÙ JJ.OV(p,
Soxôi got
ëljsiv TCCçIOV
TO aoTo xat
àîtoSaviiov.
humain.
Voici ma décision, voici la loi que je m'impose pour le temps
qui me reste à vivre : je m'isole de tous les hommes, je les ignore,
je les méprise : ami, hôte, compagnon, autel de la Pitié, pures balivernes! Compatir aux larmes, secourir la détresse, violation
des lois et dissolution des mœurs ! Menons une existence soli-
à-ce Pan :
d'-autre-part, moi-même, désormais.
achetant
toute ]'extrêmité-de-p«ws,
m-'étant-fait-construire
ime-petite-tour
au-dessus du trésor,
suffisante
à-séjourner
jpowr-moi seul,
j'e-fais-l'-effet à-moi
de-devoir-avoir comme-sépulture
la même-four aussi
étant-mort.
Timon annonce sa ferme résolution de rompre en visière à tout le genre
humain.
Aà vauTot
ôeSôySa)
%0.\ VcVO[J.o6£T^(r6(J)
UpÔç TOV PÉOV
êiu).oi7rov,
ap.ttia
itpôç âiravTaç
xoù àyvojiTLa
xa\ ûirepoéjua'
£ œtAo;
?l ^ÉVOî ï| Evatpo;
r\ (îo>p.ôç 'EXéou,
Timon annonce sa ferme résolution de rompre en visière à tout le genre
79
itoiù; TJ6),O;"
xa'i TO oixTeîpat
SaxpéovTa
>) èuixoup-ijo-ai
ÔEOUivti)
(OTM) -reapavop.t'a
xai x»TaAUfftî
TÔiv EÔàiv.
Aè Y) olaiTa
(etJTw) [XOVYJpïJÇ,
xafidercep TOIç ).-J-/.otç,
D-'autre-part, que ceci
ait-été-résolu
et ait-été-établi-comme-loi
pour la vie
qui-reste à vivre pour moi,
f-absence-de-relations
envers tous les hommes
et i'-ignorance des hommes,
et fe-mépris :
mais ami
ou hôte ou camarade
ou autel de-ta-Pitié,
beaucoup-de fadaises ;
et le-/ai£-d'avoir-eu-pilié
de l'homme pleurant
ou d'avoir-secouru
l'homme étant-dans-le-besoin
soit illégalité
et dissolution
des mœurs.
Mais que le (mon) genre-de-vie
soit solitaire,
comme aux loups,
80
TIMQN H MISAN0PQIIOS.
sic Ttpwov, [43] oi Se aXXoi 7ravxeç. £%Ppoi
TIMON OU LE MISANTHROPE.
XQ
d eTti'êou/ot, xal
xo 7rpo<iou.tAT|0-ac' TIVI aOxûv pu'affaa, xal qv riva l'Sa> u.ov&v,
airocppàç q q p i p a . Kal oÀwç àvSptâvxwv XiQfvwv q yaÀxcov
uvqSÈv quTv Btatpïpexws-av ' xal uqx£ xqpuxa 0£^oSu£6a ira?'
aùxâiv u.qx£ crirovSàç CTCEvSajij.eQa " q èpqax'a Se ôpoç êarai
irpo; aùxoup. uToXÉxai Se xal CDoaxops; xal oqu,oxai xat q
iraxptçauxq iluv_oa xat avoxpeXq Bvôaaxa xat avoqxtov avSpûv
<piXoxiti.qp.aTa. H/touxeixoi) Se Ttpuov p-ovoç xat uireoopaxw
àrcâvxoJv xal xpucpaxw ptovoç xaô' éauxov, xoXaxei'aç xal èrcat-
xal sîç çc'l.oç,
Tijjuov,
[43] Se o! âXXoi
(Ô'VTIOV) Tcâv-csç iyJlp'A
xal Èmëoubot,
xal zo 7rpo<Totj.tXrj{jat
xtvt aùxtov
(£<T™) [u'ao-ga,
xal ïjv TSto
xivà povov,
TI rjaépa (sarw) àiroçpâçKal S).(oç
Staçspéxwa-av av)8èv qpîv
àvoptâvxwv Xt&ivaiv
ï| yabxtov •
Xal (JtlJTS SEXWP-SôX
vtov çopxixôjv àTcqXXayp.£VOç, xal ÔeoTç. Ôuérao xal sùoi^staSoi
p,dvoç, éauxôj yeiTtov xal oaopoç tov èxàç xùjv àXXtov. Kal aira?
xrjpuxa rrapà aôxâiv
pqxs o-ir£VÔâ>[ji.£6a <77iov8âç"
ok T) ëpï]uia
ïGIIû Spo;
taire, comme les loups; d'ami, n'en ayons qu'un : Timon; [43]
quant à tous les autres, des ennemis, d'insidieux coquins; et
converser avec l'un quelconque d'entre eux, souillure! Si j'en
aperçois un seul, jour néfaste! En un mot, qu'ils ne diffèrent
en rien pour nous des statues de pierre ou d'airain ! Ne recevons aucun messager de leur part, ne concluons pas avec eux de
traités : que le désert soit ma frontière contre eux ! Membres d'une
même tribu, d'une même phratrie ou d'un même dème, patrie
même, mots froids et vains, rivalités de gens absurdes ! Mais que
Timon soit riche pour lui seul, qu'il dédaigne tout le monde et
s'adonne à la mollesse tout seul, pour son compte, délivré de la
flatterie et des louanges grossières ! Qu'il sacrifie aux dieux et se
régale tout seul, étant à lui-même son voisin et son proche, loin
irpbç aùxo'jç.
Aè ^obérai
xal çpâxopE;
xal 8-/)p.ôxai
xal r\ icaxpl; aurb;
. {ôVruv) ôvôp.axa é/uy.P^
xat avMçeXîi
•x xat <ptboTtu.viu,aTa
'avSpôiv avoTjTwv.
As Tlpwv lubouxeiTw p,dvo;
xat ûitEpopâxw âitâvxwv
xat Tpoçdxw
jxôvoç xaxà èauxôv,
aitinbbaYpivoç;
xobaxetaç.
xal èitatvwv (poprtxôjv,
xal Ousxto 6EOîç
xal eùtn^Etaêto p.6voç,
&y éauxô)
YEt'xtov xat Sp.opoç]
LUCIEN. — Extraits.
!l
et un-seul ami,
Timon,
[43] mais que les autres
soient tous ennemis
et insidieux
et que le ôtre-en-relation-avec
que!qu'-un d'-eux
soit rwe-souillure,
et si j'-en-vois
un seul,
que le (ce) jour soit néfaste.
Et, cn-un-mot,
qu'-ils-ne-diffèrent en-rien pour-nous
de-statues de-pierre
ou d'-airain;
et ni-ne recevons
de-héraut de-la-part-d'eux,
ni-ne concluons de-conventions ;
mais que la solitude
soit tme-Iimite
contre eux.
[même-tribu
D'-autre-part, que membres-d'-uneet membres-d'-une-même-phratrie
et concitoyens-de-dème
et la patrie elle-même
soient dcs-noms froids
et inutiles
et des-rivalités
d'-hommes insensés.
Mais que Timon soit-riclie seul
et dédaigne tous
et vive-dans-la-mollesse
seul par-rapport-à lui-même,
débarrassé-de
/a-flatterie
et des-élogcs grossiers,
et çit'-d-sacrifie aux-dieux
et fasse-bonne-chère seul,
étant à-Iui-même
voisin et limitrophe
0
TIMQN H MISANGPffllOS.
TIMOiN OU LE MISANTHROPE.
Éxuxbv osçmjcjxcjQx! osoo/Oi», vjv 8s7j xiroGavEiv, xxi kxuTcji
loin des autres.
Et <7«'-î7-soit-résolu
une-fois-juoiCT'-iOMies
air al;
de-se-serrer-la-main-à lui-même,
ôsihco<raar6a! sautov,
si fî-faut mourir,
ï]v Séyj àixo6av£Ïv,
et de-poser-sur soi-même
xàt ÈTUEVsyy.efv ia-JiS>
«ne-couronne,
[tlirope
OTEcpavov.
[44] Ka'i uiv o Mnrâvôpidiro: [44] Et que, d'-une-part. le Misansoit le-nom le-plus-agréable, [ractère
SXTW ovopa vjSiaTov,
et,-d'-autre-part, que îes-signes du caSe yvaptapaTa xovi rpôuou
soient humeur-difficile
(O'VTCOV) SuaxoXia /
et rudesse
-/.a\ xpayéfo;
et grossièreté et colère
xalaxatoTï]; xa\ ôpyù
et inhumanité.
•/.ai àiiavêpijLiitia.
Si, d'-autre-part, ?e-voyais
El Se i'Soip.1
quelqu'un étant-détruit
T!va oiacpÔEtpôp-svov
dans te-feu
Èv ira pi
et me suppliant
xai V/ETE-Jovra
d'-éteindre ce feu,
xaTadësvvûva!,
(Ssôcr/Sù)) xaTaaêEvvévat
qitî-il-soit-dêcidê d'-éteindre
IUTT») xa't ÈXaiio •
par-de-la-poi* et de-i'-huile;
xat vjv, Toë ysipuùvo;.
et si, pendant l'hiver,
S iroTaj/,6; irapaçÈpï] nvà,
le fleuve emporte quelqu'-un
o SE
et si celui-ci, d'-autre-part,
èpÈyoov r à ; yjXù&z
tendant les mains,
SÈï)Tat àvTtAaêéaBai,
nie prie de le saisir,
qii' -il-soit-décidé-de
[8e8o)(6u>)
repousser aussi celui-ci
<î>6EïV xai TOUTOV
sur la-tête le plongeant,
Eirt -/epaAriv PaiTTtîovTa,
(4; ui-rjSs 8uviq6etv]
afln-que pas-même i/-ne-pût
àvaxîid/at •
lever-Ia-tête-/iors-de4'-e«w, :
yàp OOTW; av àitoXâêoiîv
car ainsi ite-recevraient
T ï ) V "CTYJV.
la pareille.
Tiu.(ov (uîbç) 'E/expaTtcou
Timon, fils d'-Écnécratidôs,
KOAXUTEÙ;
du-dème-Collytos,
EiaïiyïjxaTO vbv vôitov,
introduisit la proposition-de-loi,
8k o aùrô; Tiptuv
et,-d'-autre-part, le même Timon
È7rgi]/ïiçi(rg Trj È-/x>,v]Cîta.
la soumit-au-vote à l'assemblée.
Eiev, Taûva
Soit, que cela
SïodyOïo rjprïv,
ait-ôté-résolu pour-nous,
82
éxà; TWV a),Au>v.
Koù SESôYOW
G-csoavov imveyxîiv.
[44] Kat Svoaa [/.kv e<7xa> o MtffXvQsomoç
•qSiffTov, xoû rpÔTCou 3k yvooofffjj.XTX oodxoXi'x xxt xpay^ux-qî
xxl oxatÔTTjc. xxl ôpy-q xx: xTcxvupcoTc'x. E l os xivx ïooipu èv
TTUS\ SixcpOs'.odjJLSvov xxl xxxaoSîvvuvai ixsxsûovxx, TCITTY] xxi
èXaico xxTXoêsvvûvx! • xxl rjv xivx xou YsipiSvûî 6 iroTxaô;
Trxptt<pépvi, 3 oh xxç vetpaç ookywv àvxtXaée<r9ai oÉT|xai, OJÔSïV
xxl -roijxov s-rcl xs'pxX'qv rixTtxi'Çovxx, OJ; u.7)3s àvaxOipac ouv-qfj£!T| • OUT(0 -/XD O.V TTjV ïaVJV àTCOÀaSoiSV, El<T7]yY]<TXX0 xôv
VÔU.0V TipLOiv 'E/_sxpxT!Oou
exxXT|C'x Tt'pwov b xûxoç.
KOAXUTEOç,
IITSUVTJ^îO'S 8s xvj
Eisv, xaoxx 'qp-ïv Ssaô^Oa), xxl
des autres ! Qu'il soit résolu, une fois pour toutes, à ne serrer que
sa propre main, vienne la nécessité de mourir, et à poser lui-même
sur son front la couronne funéraire ! [44] Que le nom de Misanthrope lui soit le plus doux, et que les traits dislinctifs de son
caractère soient l'humeur morose, la rudesse, la rusticité, l'emportement, la sauvagerie ! Si je vois un homme en train de périr
dans le feu et me conjurant de l'éteindre, c'est avec de la poix et
de l'huile que je veux l'éteindre; qu'un autre, pendant l'hiver,
soit entraîné par le fleuve, et que, tendant les mains, il m'implore
de l'en tirer, je veux l'y pousser encore en le plongeant la tête la
première, en sorte qu'il ne puisse môme pas la lever à la surface : car c'est ainsi que ces ingrats recevraient la pareille. Tel
est le décret proposé par Timon, fils d'Échécratidès, du dème
Collytos, et soumis au vote de l'assemblée par le même Timon.
Qu'il en soit ainsi; que telle soit notre décision, et tenons-nous-y
83
84
T1MQN II MISANOPÛHOS.
àvocixôj; èimsvwu.îv aûxoïc. [ 4 5 ] nX'qv àXXà TTEO! TCOXÀOU olv
TIMON OU LE MISANTHROPE.
xai àpuivoigEv aÙToïç
àvêpixtîiç.
•7rGtTi<7a[u.T|V aTcaut yvojptux TTIOç TaOra yevéaâai, 810x1 ùTcepTTXOUTOJ ' ày^ovT| yàp ccv xô xpayu.a yÉvcuxo <xùxoïç. Kai'xoi xi
xooxo; cpeu xou xàvouç. IIXVXXV-OOEV trovOÉouffi xsxoviu,svoi xxt
7rvEuaxiôjVTeç, oùx olox oGev oa,cpp«ivdu,evot xoïï ypocioo. H O T S pov oSv ITC! xôv xayov ToîixQv âvaëàç àxEXaôvw aùxoùî xote,
[45] 'AXXà itMiv
Sv 7T0lï)<ja!p.ï)V ITEpi TTOÀXoÛ
Taîka yEvé(r6ou
uni; yvwpipa â7ra<n,
StOTl U/TISpItXo'UTri) •
yàp TO 7tpay[j,a
yÉvotxo aùrot;
ày/ôvï].
Kafroi xi (èari) TOùTO ;
ÀÎOotç I ; uxEpSE;t'iov àxpo6oÂi£du,£voç, vj xd ys xocouxov x a p a vou.iqo'aipiEV, Eifjxxaç aùxoïç bu.tÀ"qr;avxEç, OJç xXlov aviwvxo
ùxEpopaiu.£vo! ; Touxo, oi[i,at, xoù. ajxEivov ' OJOTS 3Êyoiu.£Ga
TJSTI SOJTOÙç; ûxor/xavxeî. 'l^Ép
ton), xtç ô xpôjxoç aûxôjv ooxdç
çEû TOû xâ.x°'JiSuvôÉoutn
iravrayôGev
xexovtpivot
X a l TrVEUOTtWVTSÇ,
ôtTçpatvôuEvot TOû jrpu<Ti'oy
oux oïSa 56EV.
Ècxt ; rvxQwvt'oYjî ô xdXx:, b xpco-qv spxvov XIT7JO"XVTÎ ;v.ot
ITôTepov oùv
àvaëàç
èTù. TOûTOV TOV Tttiyov
virilement! [45] Néanmoins, je tiendrais beaucoup à ce que chacun
connût que je suis prodigieusement riche : il y aurait là pour
eux de quoi se pendre. Mais qu'est ceci ? Ah ! quelle hâte ! De
àitsXaûvG) WJTOÙ;
TOI; Xt'6oi;
àxpoëoXiÇôp.ïvoç
i\ Û7rEpôs?[(jov,
\ TO TOO-OôTOV ys
tous côtés accourent des gens poudreux et hors d'haleine : ils
flairent, je ne sais comment, mon or ! Faut-il donc que je monte
Tcapavog-qa-(j)(j.ev,
égiXricavTEç aùtoï;
eîo-ecTfx?,
sur ce tertre pour les chasser à coups de pierres lancées de loin
(1)Ç àvitOVTO îTXéOV
comme d'une position forte et dominante, ou bien, cette fois seu-
TOôTO, otaai,
ÙTCEpopajp.Evot;
lement, enfreindrions-nous notre loi en leur adressant aujourd'hui
la parole, afin qu'ils soient davantage irrités par nos dédains'.'
Gela, je crois, vaudra mieux encore : ainsi, accueillons-les d'ici,
après les avoir attendus de pied ferme. Allons ! voyons quel est
le premier d'entre eux, cet homme-ci? Gnathonidôs le flatteur,
[ïax\] xal àgetvov '
tOGTE rfir, ÛTroarâvTE;
Ô£)(to piE6a aÙTOÛE.
<FÉpS î'So),
Tl'ç 00x6; ÈtTTtV
ô irpôixo; aùrôiv;
rva8tovfS/)ç ô xôXa?,
6 7Cp(ôï)V
85
et tenons-nous y
virilement.
[45] Mais d'-ailleurs
jfe-mettrais à haut prix
ceci devenir
en-quelque-sorte connu à-tous,
à-savoir-que je-suis-excessivementcar la chose
[riclic ;
deviendrait pour-eux
/e-lacet-pour- Ies-pendre.
Mais quoi est ceci?
ah! la promptitude!
Des gens accourent-ensemble
de-toutes-parts
couverts-de-poussière
[fiés],
et ayant-P-haleine-courte (essoufflairant l'or
je ne sais d'-où.
Est-ce-que donc,
étant-monté
sur cette butte,
se-chasserais eux
par-las pierres,
les lançant-de-Ioin
[nante,
d une-position- supèricure-et-domi ou autant (dans celte mesure), du«ous-violerions-Ia-Ioi.
[moins.
ayant-été-en-relations-avec eux
pour-une-fois-sew/emen?,
[tage
afin-que ffs-fussent-affligés davanétant-dédaignés?
Cela, je-pense,
est encore meilleur :
donc désormais, ayant-lenu-bon,
accueillons eux.
Allons, que-ie-voie,
lequel celui-ci est
le premier d'-eux?
Gnathonidès le flatteur,
le récemment
TIMQN H MISANePOIIOS.
86
ooé;a; xbv |îcô-/ov, 7tt'8ooç oXouç Ttap' suiol xcoXXâxtc eu.Tju.exojç. 'AXX' su ys êuonqasv àçuxou.£Voe ' o![Aio!;exai yàp ,Ttpô
xâJv xXXwv.
Gnathonidès le parasite fait des avances à Timon, qui le paie,
cette fois, par des coups.
[46] r N A © i ! N I A i I 2 . Oùx èyw £Àeyov UJç oùx àu.sXTjerowî
Tiawvoç àyaOoQ àvopàç oi 6EOI'; Xatos, Tiu.wv EÙu.oecpôxax£
xai •rjSnjTS xxï auuiTtox'.xtoxaxe.
TIMON OU LE MISANTHROPE
opé|ocç xôv fSpô/ov
pot al-rïjcravTt
k'pavov,
èjj.'/ip.exwç iraXXâxi;
TOXpà ÈgOl
•xt'OovJç oXovç.
'AXXà ce èîTOiïioi Yc
âçixôp.svo; '
yàp olutolexai
Ttpo TWV àXXwv.
ayan(-tendu le lacet
à-moi ayant-demande
,srx-cotisation,
ayant-vomi souvent
chez moi
des-tonneaux entiers.
Mais bien rd-a-fait du-moins
étant-venu :
car î7-géniira
avant les autres.
Gnathonidès ie parasite fait des avances à Timon, qui le paie, cette fois
par des coups.
T I M . NTJ A t'a. xal où ye, o!> rvaOtovt'Br,, yurabv àirâvxojv
jïoooôxaxE xal àv6ptÔTiwv éTuxptTtxôxaxs.
T N A 0 . 'Ael œcXoaxwixu.wv où ye. 'AXXà TTOU XO OUU.TCOoiov ; toç xxtvov xi 001 àou-a xaiv vsoBiBaxxwv Bt6upâu.6o3V7]xw
xoptuL/ov.
T I M . Kai u.Y]V sXsysïâ ye aoyi pia^a •jrept'iraQtSç ûTCô xaùx-q
XYI BtxéXX1TV
qui, l'autre jour, comme je lui demandais sa cotisation, me tendit
une corde; lui qui souvent, chez moi, vomit des tonnes entières.
Mais il a bien fait de venir : car il va gémir avant les autres.
Gnathonidès le parasite fait des avances à Timon, qui le paie, cette fois,
par des coups.
[46] GNATHONIDÈS. Ne disais-je pas que les dieux ne négligeraient jamais Timon, cet excellent homme? Salut, Timon, le plus
beau, le plus charmant des mortels, et le meilleur des convives.
TIM. Par Zeus, salut à toi aussi, Gnathonidès, le plus vorace de
tous les vautours et le plus roué des hommes.
GNAT. Tu aimes toujours à railler. Mais où est le banquet? Je
suis venu t'apporter une chanson nouvelle, un de mes dithyrambes
appris depuis peu.
TIM. Oui certes, tu chanteras, mais des élégies, et sur un ton
très pathétique, accompagné par ce noyau à deux pointes.
[46] T N A 0 . Oùx s'Xeyov
lôç oî GerA
[iyw
oùx à[ASÀrjcrou<Ti
Tlptovoç àvBpb; àyaGoù;
Xaïps, Tîpwv
eùpopcpÔTaTE
xai r,Sio-xe
xcà (Tup.iroxtxtoTaxc.
TIM. NX A t'a
xa\ crû ys,
à rva6wvî3ï],
PoptoraxE
à7tâvx(ov (TWV) yjTïtiiv
xa\ èTriTpHtxdxaxE
(TWV) àvSptoTttov.
T N A 0 . Su y 5
(el) àà cpiXoo-xwpp.wv.
'AXXà trou (èoxt)
Tô o-up.Ttô(7tov ;
tôç r,xw xopiÇwv 0-0î
xi xatvbv àapa
TWV SiGupâpgwv
vEoSiSâxTwv.
TIM. Koù (jtrjv ys
atrï) ÈXcyEia
pàXa TTêpiTraOwç
Ù7rb Tooirï] T-q Siv.ÉXXr,.
[46] GNATH. Ne disais je pas
que les dieux
ne négligeront pas
Timon homme bon?
Bonjour, Timon
très-beau
et très-agréable
et tres-bon-convive.
TIM. Par Zeus
et-aussi loi du-moins,
ô Gnathonidès,
te-plus-vorace
de-tous les-vautours
et le-plus-roué
ries-hommes.
GNATH. Toi du-moins
tu es toujours moqueur.
Mais où est
le festin?
car je-suis-venu apportant à-tui
certaine nouvelle chanson
des dithyrambes
appris-depuis-peu.
TIM. Et certes, du-moins,
fw-chanteras des-élégies
très pathétiquement
sous ce hoyau-à-deux-pointes.
87
88
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMON" H MIEANePQriOS.
I i \ A 0 . Tt xouxo; TrxtEtç, w TIJJUOV; Mxpxùpoy.a'. • w
'HpxxXEtç, (où lob, 7roo(jxaXouu.ai <TS xpxùy.axoç sic "Apstov
7txy&v.
TIM. Kat p.V]v àv ys y,txpov 'éxi PpxBùvyjç, odvou xâya
TrpoffitsxXYjSou,at.
T N A 0 . MïiSauiôjç • àXXà au ye 7xàvxw; xi xpx3y.x tàuxi
ytxpbv éiinràiTaç xoG ypuc-fcu ' Seivcoç yàp Ï5^aiu.dv èffxi xb
a»apu.axov.
TIM. "Exi yàp yivEtç ;
T N A 0 . "ATCEtpu • où Se où ^atp-qcetç otlxco ffxaibç Ix VOT;ffxoù y£véu.evoç.
Timon malmène ensuite l'adulateur Philiadès.
[47] TIM. Tic Se oùxoç Éffxtv 6 Txpoc.ùiv, b àvxtpxÀavxi'xï ;
<&ô\iâSrjÇ, xoÀxxcov àTxxvxwv ô fSoEÀupuixaxGç. OSTOç bï xypbv
ôXov Trap' Ifjioij Àaëùiv xaî xq Guyaxpl TOOÏXX oùo XXXXVXX,
u.!0"9ov xotj èixxtvou, Ô7cdxs àffxvxx y.e Ttxvxwv 5KOTCt6vx<ov
ptovoç ÙTcepeTryjvecev, l7roy.offxu.Evoc Jioixojxspov eivai x<ov xùGNAT. Qu'est ceci? Tu frappes, Timon! J'en appelle aux témoins : par Héraclès! Aïe! aïe! je te citerai pour coups et blessures devant l'Aréopage.
TIM. En vérité, pour peu que tu tardes encore un instant, je
pourrais bientôt être assigné pour meurtre.
GNAT. Non pas; mais loi, guéris radicalema't la blessure en
répandant sur elle un peu d'or : c'est un remè/ nerveilleux pour
arrêter le sang.
f ,
TIM. Comment! tu es encore là?
|
GNAT. Je m'en vais; mais toi, tu te repentiras d'être devenu
si méchant, de bon que tu étais.
Timon malmène ensuite l'adulateur Philiadès.
[47] TIM. Quel est cet autre qui s'avance, un homme au front
un peu dégarni? C'est Philiadès, de tous les flatteurs le plus
impudent. Ce drôle a reçu de moi un champ tout entier, plus
deux talents donnés en dot à sa fille, prix de ses éloges, lorsqu'un
jour où j'avais chanté, comme chacun se taisait, seul il m'accabla de compliments et jura que ma voix était plus admirable que
UNAe. Tt (êo-Ti) XOûTO;
Jtatstç, (L TqunvJ
Maprûpogat"
tu 'HpâxXeiç, iov toù,
7tpo<TxaXoô[(.aî as xpaùyaxo?
dç 7i<xyov "Apstov.
TIM. Kat p.V)V àv ys
PpaSuvïjç sxt gtxpôv,
Ttpocrx ex/.ïjao yat
xocva çôvoo.
TNAQ. HriSapiûçaXXà ou Ye fxffxt
icdvxMç xb Tp«0(ia
èumâffa? [xtxpbv
lov xpvaiov '
yàp xb œâpp.axbv
Èffxi SEIVôJç t'cr^atgov.
TIM. Tàp p-évci? exi;
TNA®. "Aratgr
8s où où yatprjffsn;
•yevôyEvo; oùxto ffxaib?
Èx ^p-çoToO.
89
GNATH. Qu'esf ceci?
fw-frappes, ô Timon?
y-appelle-des-témoins :
ô Héraclès, aïe ! aïe !
ie-citerai toi pour-blessure
à fa-colline d'-Arès [l'Aréopage).
TIM. Et, certes, si du-moins
tu-tardes encore un-peu,
je-serai-ayant-été-assigné
bientôt pour-meurtre.
GNATH. Nullement :
mais toi du-moins guéris
complètement la blessure,
ayant-répandu-sur elle un-peu
de-l'or :
car le remède
[ter-le-sang.
est terriblement (très) propre-à-arrêTIM. Eh-bien! ïu-restes encore?
GNATH. Je-pars :
mais toi tu ne te-réjouiras pas
étant-devenu si brutal
de bon que tu étais.
Timon malmène ensuite l'adulateur Philiadès.
[47] TIM. Tt? 5' Èffttv
OOXOÎ 6 TtpOC-KUV,
à àvaçaXavxiaç;
4)iXtâo7)ç, ô pSsXupwxaxo?
ânâvxcov (xwv) xoXây.(nv.
Ouxo? Se
Xaëwv rcapà èyoîi
«ypbv SXov
xod 8ùo xotXavxa
Ttpotxa xrj ôoyaxpt,
(MffObv iov £7tas'voo,
ônôxe U.ÔVO? ÛTxepeu^veffév
(i.ê aoxvxa,
TtaVTCOV <7[(07ttOVT(OV,
èTîop.offâp.evô? (p.e) etvat
[47] TIM. Qui, d'-autre-part, est
celui-ci le s'-avançant,
le un-peu-chauve-par-devant?
Philiadès, le plus-impudent
de-tous /es-flatteurs.
Celui-ci, d'-autre-part,
ayant-reçu de moi
un-champ entier
et deux talents
donnés en-dot à-la (sa) fille,
comme-récompense de-l'éloge,
lorsque seul ff-combla-de-louanges
moi ayant-chanté,
tous se-taisant,
ayant-juré-en-oulre moi être
90
TIMON II MISAN0POIIOS.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
-
xvcov, êirsiS /] VGCJGUVTX 7cpwT|V eîSé us, xotl TtpocrîjXOov âix'.xoupt'ctç Ssôjxevo;, TCATJYOU; 6 ysvvaïoî TOO<7£VIT£'.V£V.
[48] <I>IÀIAAHZ. "Il trfi àvawyijvTia;. Nuv TtWova yvcoptÇsxs; vuv rvaOftjvt'oYjç çuXoç xxl ffuu.TtÔTTlç;.Totyapouv Si'xaix
TréîrovÔsv OUTOç av^àptffTo; (ôv.
'Hu.£Î; os oE 7taXat çUVYJÔSIç
xaî ^uvÉce^êot xal ST|U.ÔTai ouxo; p.£TptoEÇou.£v, m; u.-q Èrcnrr,oàv 8OX6JU.£V. X a ï p s , w oÉcxcoTa, xal OTIW; TOÙ; p a p o u e TOU-
TOU; xdXaxac cpuXaçvj, TOùç éTCI T7J; TpaTcé^ç u,dvov cpfXouç,
xà àXXx 8s xopâxwv oùosv ota<p£povxa;. Ouxéxi TctoxsuTsx xcëv
vDv OûSEVI" iravxs; av-ixptGTOi xai TcovTipot', 'Eyw os TXXOCVTOV
troi xoat'Çwv, m; ejéoi; xcpo; Ta xotTfiTrsiyovTa y^pTJcÔai, xaO'
ôSov rjSrj TCXYJ(71OV Tjxouffa OJ; irXouTofVj; 07r£pu,ïy£9"q xivx
celle des cygnes; puis, dernièrement, il me vit malade, et, quand
je l'abordai pour lui demander assistance, ce généreux personnage m'allongea des coups.
[48] PHILIADÈS. Ô l'impudence ! Aujourd'hui reconnaissez-vous
Timon? aujourd'hui Gnathonidès est son ami, son convive?—Ainsi donc, ce coquin a justement expié son ingratitude. Mais
nous, qui sommes de longue date le familier, le compagnon de
jeunesse et le concitoyen de dème de Timon, nous nous conduisons pourtant avec discrétion, pour ne pas .avoir l'air de le
prendre d'assaut. —Bonjour, mon maître! Gai».
>i de ces vils
Batteurs qui ne sont nos amis qu'à table, mais qu. d'ailleurs,
ne diffèrent en rien des corbeaux. On ne peut plus se Cer à personne à cette heure : tous les hommes sont des ingrats et des
pervers. Mais moi, je t'apportais un talent, afin que tu pusses en
faire usage pour les cas les plus pressants, quand j'ai appris en
roule, tout à l'heure, prés d'ici, que tu t'étais enrichi d'une for-
91
plus-babile-à-chanler que les cygnes;
après-que récemment
il-\it moi étant-malade
et one je-me-rendis-vers lui,
demandant obi-secours,
le gcnéreux-/iomme
m'allongea des-coups.
[48] PHIL. Ob', la honte!
Maintenant reconnaissez-uous Timaintenant Gnathonidès est [mon?
son-ami et son-convive?
C'-est-pourquoi celui-ci,
étant ingrat,
a-souffert des-c/toses-justes.
Nous, d'-autre-part,
les depuis-longtemps familiers
et compagnons-de-jeunesse
XOÙ ÇlJV£GpC|êot
et
concitoyens-de-dème,
[ration,
xoù 8yj gavai
pourtant
nous-agissons-avec-modé3p.a>; gExptàÇop.Ev,
afin-que nons ne semblions p a s
u>; iir-j 3OXIô|AEV
sauter-sur lui.
ÈTCiTcr]6âv.
Salut, ô maître,
Xaîpe, w SêOTCOTX,
xa'i oTct»; epuXâ^'c,
[xa;, et afin-que Iw-te-gardes-de
xoùxou; TOùç (Aiapouç; xô/.a- ces impurs Batteurs,
les étant amis seulement
xoùç (ovxaç) cpD.oùç gôvov
a
table,
ÈTù xr,ç xpaxcsÇri;,
mais,
powr-le reste (d'ailleurs),
SE xà aÂXa
ne-différant
en-rien de-corbeaux.
ôTacpépovxa; où3kv xopâxoiv.
Ne-plus
il-faut-se-fier
OùXEXI TCiaxeoxÉa
à-aucun des-/tommes
d'-aujoui
ovSsvi XCôV VUV •
tous sont ingrats
[d'-hui :
uàvxsç (sto-lv) ày.ipioTo;
et méchants.
x a l iTOvvjpoi.
Moi, d'-autre-part,
' E Y W Sk
apportant à-toi rm-talent,
XOJJU'ÇWV <xo: xâXavxov,
pour-que tw-pusscs te-servir-de h«ï
w ; sj£oi; xpT|ff6ai
en-vue-de lés cas-pressants,
Trpbç xà xaxETCEÎYavxa.
j'-ai-entendu-dire,
en chemin,
•pxouc-a xxxa oSov
tout-à-P-heure,
près-tf'-ici,
rfit) TCXYIO-ÎOV
que ta-étais-riche
WÇ TcXoUXOmC
d'-ime-certaine richesse démesurée.
Xivà TCXO-JXOV •J7iEpp.EYÉ9rr
tpStxtixspOV xcôv xûxvmv,
èratÔTj 7tpff)'0v
stiSé U.E vocroô'vTa
xaù •npoaîy.èjov
SsogEvo; èiuxoupia;,
ô Ysvvam;
' 7rpoo"$vÉT£'.v£ ir>.T|Yâ;.
[48] «LIA. *û vr[îàvai(TyuvNûv -yvcDpiLiETS TEgwva; [xt'aç.
vûv rvafitovESv;; (Èox'tl
cptAo; xak cup-TrôTï];;
Toiyapo-jv ooxo;
tôv ày_âpmTOç
•nàTrovfie. oexaca.
'Bu-EÎ; 5k
oi Tcdtlat tjovï|8si;
92
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMQN II MISAN0POIIOS.
TTXOUXOV. "HXO> xotyapouv xauxà US vou9£xVj(ra>v " xaérû'. eu ye,
oûxw do»o; cov, oûSèv l'cuiç SSTJIT) TôJV Ttao" su.ou Xdywv, oç xa't
Tôï Nsaropt xb Ssov TiapxtvÉa-siaç, av.
TIM. "Eexat xauxa, OJ tDiXtâo-q • nX-qv àXXà Tcpdcri6t • xa't
aï tpîÀocppov>](ïou.at xyi SIXSXXT].
<MA. "AvQpaiTcoi, xaxlaya xou xpavt'ou ûreb xou ày/apÛTTGU.
Stdxt xà (7uu.^i£povxa Ivouôlxouv aûxdv.
Altercation avec l'orateur Dèméas.
[49] TIM. 'lSoù xpt'xo; oSxo; b ^ïjxwp AvjaÉaç Tcpoalpv-sxat, JyVjtpio-p.a ê^wv Iv xvq osçta, <fby xai cuyyevYj; V)u.£X£0cç
etvat Xlyaiv. OSxoç éxxatbTxa xcap' é;j.oî> xàXxvxa p-tàç •fju.spaç
Ixxtaa; xyj TTOXEI (xaxEOEoixaaxo yàp xat ISéôSXO oûx àitoo'.-
TotytXpoÛv TX
|W
vouûsxvjatov as xauxa "
xat'xot au ye,
U)V OÛx' W docpbc,
Ssrjr/Yj ouêkv î'fftoç
xtîiv Xdyiov rtapa ÈJAO'J,
oç av irapatvl(7£ia;
xa't x<5 Néerxopt xb SÉov.
TIM. Taùxa s'exat,
w <I?[Xia5r) '
âXXà TrXïjv 7tpdot6i"
xa't <ptXoç.povyj<rop.at ers;
Tt\ SixIXXip.
4*>IA. "AvOpwTtot,
xaxsaya xou xpavt'ou
uub xoû àyaptcrxov,
Stdxt IvouOéxovv aûxbv
xà (7U(Jt!pépOVXa.
oouç, xayio IXerjffaç tXu<jàpvr]V aûxdv), ITTSISTI repor/jv ÉXa/E
tune énorme. Je suis venu, en conséquence, pour te rappeler
ceci.... mais quoi! sage comme tu es, tu n'auras probablement
nul besoin de mes avis, toi qui pourrais conseiller même à Nestor
ce qu'il faut faire.
TIM. Eh! c'est vrai, Philiadès; mais approche seulement : et
je te caresserai avec ma pioche. (H le frappe.)
PIIIL. Citoyens, j'ai le crâne fracassé par cet ingrat, parce que
je l'avertissais de ses intérêts.
Altercation avec l'orateur Dèméas.
[49] TIM. En voici un troisième : c'est l'orateur Dèméas; il
s'avance, ayant un décret en sa main droite. C'est lui qui se dit
notre parent. Celui-là a payé à l'État, en un seul jour, seize talents
donnés par moi : car il avait été condamné et emprisonné parce
qu'il n'acquittait point l'amende, et c'est moi qui, pris de pitié, le
fis élargir. Or, quand, l'autre jour, lui échut le soin de distribuer
93
Voilà-pourquoi fe-suis-venu [ceci :
devant -remettre-en -mémoire à-toi
cependant, toi du-moins,
élant tellement sage,
tu-n'-auras-besoin en-rien peut-être
des discours venant-de moi,
fot-qui conseillerais
môme à Nestor le devant-étre-/ai7.
TIM. Cela sera (c'est vrai),
ô Pbiliadès;
mais seulement avance :
et je-ferai-amitié-à toi
auec-le boyau-à-deux-pointes.
PHIL. Hommes,
ie-suis-brisô au crâne
par-le-fait-de l'ingrat,
parce-que je-rappelais à-lui
les c/toses-utiles.
Altercation aven l'orateur Dèméas.
[49] TIM. T6où xpixo;
OOXOî à ppxeûp Atqpéac
itpoo-épyexai,
£"/u>v è>qçt<7U.a
iv xr, SeÇtà,
<(ô> Xlyoïv xa\
elvat rip,éx£poç(TUYy£Viîî.
Ûûxoç èxxtaac;
xr] TCôXEI
u.tà; vipépac
Ixxatdsxa xàXavxa
itapà Ègoû
(yàp xaxeocStxacno
xa't èOéSEXO
oùx ânoSiSou;,
xa't èyw èXeïi<7a;
èXudàaYiv aùxôv)
ètteiSï) TtptpYjV
sXa/ï oiavetiïtv
[49] TIM. Voici-que troisième
celui-ci, l'orateur Dèméas,
s'-avance,
ayant ««-décret
dans la main-droite,
<le> disant aussi
être notre parent.
Celui-ci, ayant-payé
à-la ville (à la République)
en-un-seul jour
seize talents
reçus de-la-part-de moi
[ment
(car i7-avait-été-condamné-par-jugeet avait-été-enchaîné
n'acquittant pas,
et moi. ayant-eu-pitié de lui,
je-hs-mettre-en-liberté lui),
après-que, dernièrement,
i l-obtint-par-le-sort de-distribuer
94
TIMQN H MISAN0PQIIO2.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TY) 'Eps^07]i5L <suXr| 8iav£u.Etv xb Gecop'.xôv xàyob TTpoŒïjXGov
XO UEtopiXOV
atxôjv xb yiyvbu.Evov, oùx 'écpT] yvtoptÇstv TCOXI'XTJV b'vxoc u.e.
tïj çuÀqj 'Eps)j6ï]'t8i
xaï £và> "irpoir?|)i&QV
« xEtic, àvTjp où [KOVOV xxXbç xàytxGbç, âXXà xxi doctoç o»ç
alxûv
xb Yiyvôgsvov,
sepv] oo yvwpîÇstv
[!.£ Ô'vXX TToXttqV.
[50] A H M E A S . X a ï p s
w 1 igwv,
xb p i y a à'çsXoç
xo2 ysvoop,
xo epsiffuia xiov ' A 9 r
« oûx àXXoç èv xyj 'EXXàSi, irapà xrâvxa ypôvov B'.axeXet xa
xo Ttpoo/rcp-a
x?|ç 'EXbâboç-
[50] A H M E A 2 . XxTps, (ô ïtp.eov,- xb p i y a 'oyeloc xou
yÉvouç, xb 'Épeicru.a xffiv 'ÀQTJVôJV, xb 7TpbëÂY|U.a TT]ç. 'EXXâooç • xou U.7JV iràXai ff£ 6 8T][JU5ç çoveiXsvpivQ; xxï ai flouXa.'.
àu.'pôx£pa! TTEpiiaÉvoua-t. IIpbxEpov 8s axooaov xb ']ir,o!(7U.a, o
ÛTcèp sou yÉypatpa • « 'ETtetoTj ïi'u,a)v 'E/EXpaxtSou KoXXu-
« ap'.cxx Tipâxxojv XTJ TXÔXSI, vevi'xïpcs 8è TCUç xxi xcâXYjV xxi
« opôpnov lv 'OXou.TCta pu a; vjuipxç xxi XEXSIOJ apu.xxi xxt
« (Tovorptot TCcoXixr,
»
l'argent du spectacle à la tribu d'Érechtliée, je l'abordai, réclamant ce qui me revenait : mais il prétendit ne pas me reconnaître
comme étant citoyen !
[50] DÈMËAS. Bonjour, Timon, l'orgueil brillant de la famille,
le soutien d'Athènes, le rempart de la Grèce : en vérité, voilà
longtemps que le peuple assemblé et les deux conseils t'attendent.
Mais, d'abord, écoute le décret que j'ai rédigé en ta faveur :
« Attendu que Timon, fils d'Échécratidès, habitant du dôme Colci lytos, non seulement personnage d'une parfaite loyauté, mais
a encore homme sage s'il en fut jamais dans la Grèce, n'a jamais
a cessé, en aucun temps, de rendre à la République les plus émia nents services; attendu que, d'autre part, il a été vainqueur au
« pugilat, à la lutte et à la course, à Olympie, le même jour,
a avec un attelage de chevaux dans la force de l'âge et avec un
ce char traîné par une paire de poulains,.,. »
xat gà\v TtctXat
ô Svju.o; ^ovEtX£yiJ.évoî
xai aï àgipÔTEpat fiov>,a\
nspqjiivouixl <r£.
Ab :rpôx£pov axouoov
xb t]nr|cpuT|ia,
o yÉypaça ônèp o-oo"
« 'ETCEISï) Tigwv
(utbç) 'E-^sxpaxiSou
KoXXuxïù;,
àvb,p où go'vov
xaVoç -/ai àyaObç,
alla xoù crocpbç
wç oùx a)Aoç
Èv Tï) 'EXXâoi,
ôtaxeXeî
itapà-Ttâvxa ypôvov
npàxxwv xà a p i a r a
Xï) 7C0),£l,
8è vsvix p /]xs
itùA xai TcâXïiv
xaï Spogov
ÈV 'OXopiTTLCt
pacte -quipa;
x a i oippxaxi xsÀsiq)
•/.a'i ffUvwpîSt irioXix?,'-..
95
l'argent-du-tliéâtre
à-la tribu Érechthéide,
et moi j e - m - ' a v a n ç a i
demandant
le nse-revenant (ma
part),
it-dit n e - p a s reconnaître
moi étant citoyen.
[50] DÈMËAS. Salut,
ô Timon,
le grand sujet-d'-orgueil
de-la famille,
l'appui d'Athènes,
le r e m p a r t
de-1'Hellade :
et, certes, d e p u i s - l o n g t e m p s ,
le peuple assemblé
et les deux conseils
attendent toi.
Mais a u p a r a v a n t écoute
le décret
q u e j - ai-écrit p o u r toi :
a Attendu-que Timon,
fils d'-Échécratidès,
habitant-du-dème-Collytos,
h o m m e non seulement
beau et bon (accompli),
mais encore sage
comme pas un-autre
dans la Grèce,
persévère
pendant tout /e-teinps
faisant les meilleures-e/ioses
à-la ville (à l'État),
et, -d '-autre-part, a-vaincu
au-pugilat et à-la-lutte
et à-la-course
à Olympie
en-un-seul jour
et aoec-un-char (attelage) parfait
et auec-une-paire de-poulains . . »
96
TIM. 'AXA OU8è éGsojpY|(70C lyob TTGôTIOTE eîç 'OAup,7uav.
AHM. Tt oûv ; 9£G>f7jS£iç u<rrspov • TO: TOSCCUTO. 8è iroAAà
7tpo<TX€Tff9at au,Eivov. « Kat -/jpi'aTSucre 8s ùixàp TTJç TTOXECOç
« TÉpufft 7rpo; 'Ayapvafç xaù xocTÉxotj/E Il£Ào7rovvY|a'c'<ov 8ûo
« u.ôpac.... 33
[51] TIM. Ilàjç ; S'.i yàp TO u.?) e/ysiv onAa oùSè Trpoùypâa/7)V Êv Toj xaTaXôyw.
AH.M. Mérpta r i 7rsf! OTAUTOU Xéystç, 7)u,sn; 8s ày^âpicTO!
av s,5r7][/.£v au.v-qu.ovo3vTsç. « " E T ! 8è xat dyYjaiLO'u.aTa yc-âanov
« xal ï;op.ëouÀ£Ûcov xai cTpaTTjyôjv où u.txpà wcp£AY|C£ T7jv
« TTôXIV * èVs ToÛTOtî «7raor SîSoyOo) Ta) [IOUAT] xai TW S-quco
TIM. 'AXk'a oùfis
Êyà) è6s(opr)0"a moxcoxs
sic 'OXujATtiav.
AHM. Ts oév ;
9etopT)<Tsu; vcrxspov
ôé (sariv) aitEtvov
xà TceaÇxa
TXpocrxEttTÔat ixoXXâ« Ka'i Se YiptaxEucrï
ômp xvjç îtdXeto;
xrépua-i xxpoç 'À-/apvai;
xai XOCTéXOUJE
Séo p.opa;
IIsXoTcovvrjfft'tov.... »
[51] TIM. liai; ;
yàp Sià
xb pvrj ey^stv Ô7iXa
OUOE TCpO£YptXCpZ)V
« xa; Ta) 'HXtat'a xaTa cpuXaç xat TOïç 8T[U,CTç. iSt'a xat XOIVT]
TIM. Mais je ne suis même jamais allé voir les jeux à Olympie !
DÈM. Baste! qu'importe? tu les verras plus tard : mais il est
préférable de rattacher à un décret beaucoup de titres semblables :
« Attendu qu'il s'est distingué au service de la république, l'an
« passé, près d'Acharnés, et qu'il a taillé en pièces deux corps
« d'infanterie péloponnésienne.... »
[51] TIM. Comment? N'ayant pas d'armes, en effet, je n'ai même
pas été inscrit sur les listes d'enrôlement!
DÈM. Tu es modeste sur ton propre compte; mais nous, nous
serions des ingrats si nous l'oubliions. « En outre, attendu que
« Timon, paï les décrets qu'il a proposés, par ses conseils et ses
« talents de général, a rendu d'importants services à l'État; pour
« tous ces motifs, plaise au sénat, au peuple, au tribunal des
a llèliastes groupé par tribus, aux dèmes en particulier et à tous
« les citoyens en commun, d'ériger une statue d'or à Timon
97
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMON II MISANOPOnOS.
Èv x(îi xaxaXÔYfA H M . AéyE'.ç p.Éxpta
x à 7tep\ traoxo-j,
SE Tipst; av sir)p.Ev
a^dpicjxot
àu.vï)p.ovouvxE;a " E x i SE x a l
Ypâçwv •lrrjïucrii.axoc
x a t ^uptëoeXEOtov
x a \ t7xpaxv)y(ôv
(!>çéXï)0"£v
ou jsixpà
TT]V TtÔXlV
ÈTÙ âxcacrt TOUTOt;
SsSdxôw
vq ftouXvj
x a l TW Srju.(j)
x a \ TïJ 'HXtat'a
x a x à opuXà;
x a t x o î ; Srjjiotç !8;a
x a \ iracri xotvîj
àvauTîiffa'.
LUCIEN — Extraits.
TIM. Mais p a s - m ê m e
je ne suis-allé-voir jamais
à Olympie!
DÈM. Quoi donc?
fu-iras-voir plus-tard ;
mais il est meilleur
les telles-c/ioses
se-rattacher nombreuses.
« Et, d'-autre-part, x7-s'-est-distingué
pour la ville,
l'an-dernier, près-d'Acharnes,
et a-mis-en-pièces (détruit)
deux corps-d'infanterie
de-Péloponnésiens.... »
[51] TIM. Comment?
car à-cause-de
le ne-pas avoir d'-armes
pas-même j-'ai-été-inscrit
[taire.
sur le registre-d'-enrôlement-miliDÈM. Tw-dis modestes
\es-ehoses au-sujet-de toi-même,
mais nous, nows-serions
ingrats,
étant-oublieux.
c. En-outre, d'-autre-part, aussi
rédigeant des-décrets
et conseillant
et étant-stratège
fl-a-rendu-des-services
non petits
« l a ville :
pour tous ces-motifs
qu'-il-ait-paru-bon
au sénat
et au peuple
et au tribunal-des-Héliastes
réuni par tribus
et aux dèmes en-particulier
et à-tous en-commun
de-dresser
7
98
TIMÛN H MISANePÛITOS.
« TTÔÛTl VpUdOÛV XVKdXTJffat XOV TcU.WV!XTCOCpà T7)V 'À9T|Vav Èv XYJ
« àxpoirdXei, xspauvbv év xyi SSçIS £-/ovxa xat axxïva; èirl vy
« xsoaXïj xai <TTECcavâ)(yai aùxbv j/pucoï; arerpàvûtç ÉTcra xai
« àvaxripuyQrjvai xoùç cxscpâvouç Tïjpispov Aiovufftoiç x payai« ootç xaivcuç (àyTJTJvai yàp 5'.' aùxbv ov. iTjpiepov xa ÀIOVU<t ara) • SITTE TTJV yvd)u.-/]v Arjuia; 6 p^ TW p) auyyevvjç aôxoîj
TIMON OU LE MISANTHROPE.
xbv Tificova '/pudoôv
Ttapà TïTV 'A&-ovâv
èv TVJ àxpoirôXei,
syjovxa xspauvbv
èv r?i BeStà
Xï'I àxxîvac sirl TY) XEçaXrj
xai XTEipavbixai aùxbv
STcrà XTSspâvote. -/p'JXOÏç
xai TOÙ; dTSçâvouç.
àvax'/jpvyj6pvai
TT[jiEp0V
« àyytaxsùî xai U,X97]XYJç aiv * xai yap ^nrjxaip aptaxoî'b Tt'uarv
« xai xà aXXa Tràvxa cnrdax av èOéXy. 35 [52] ï o u x t u.kv oov
aoi xb uyrj©'.<7u.a. '£yw SE xai xbv oîbv ÈëouXdu/rjV ayayefîv
Tcapx ce, Sv ITCî XOJ ufl ovou,axt Tt'punva cLvo|xaxa.
TIM. IIcoc;, w A-quix, Ôc oùos ysyap.7]xaç, ôW ys xai Tjaxç
Atovvaiocp,
TpaYMûoîç xatvotç
(vàp Set
t a Aiovùata
ayfùïjvai
Stà aÙTÔv
Tïj|xepov) '
Arjfiéaî 6 prjxiop
EITTE TTJV Yvwjxriv,
dSévat ;
a auprès d'Athèna sur l'acropole : il aura la foudre en sa main
« droite et des rayons sur la tête. Qu'il soit couronné de sept
« couronnes d'or, et que ces couronnes soient proclamées par la
« voix du héraut aujourd'hui, aux Dionysies, à l'époque des tra« gédies nouvelles {car il faut célébrer en son honneur aujour-
t!>V
ffOYYEVÏi^
àYX"xsop aÔToS
xai p.a6v]Tri? (aÙTOv) •
xai Y^P ô Ti'pnov
(èori) prJTtop apiaxo;.
xai TtâvTa Ta aXXa
ércôcra av è6éXïJ. »
[52] Mèv oov
TOUTE (ÈffTt)
'.
dût
«. orateur excellent, comme il excelle d'ailleurs en tout ce qu'il
xb d/rjïiiffaa.
'Eyo) SE xai
È6ouXôu./jv
aYaYEtv rtapà de
TOV uibv, ôv
« veut ». [52] Voilà donc le décret que j'ai fait pour toi. Je voulais
ÈTti TlÔ Xli) ovôjAaTt
« d'hui les Dionysies) : telle est l'opinion émise par l'orateur
« Dèméas, proche parent et disciple de Timon : car Timon est un
aussi t'amener mon fils, à qui j'ai donné ton nom : il s'appelle
Timon.
TIM. Comment. Dèméas! tu ne t'es jamais marié, que je sache?
wvôuaxa Ttfuova.
TIM. Iltuç, w ArjovÉa,
bç, ovSÈ YSYaP-'b',-«C1
oaa YS
xai 'qu-a? sioévai ;
S9
Timon en-or
auprès-d'Athèna
sur l'acropole,
ayant la-foudre
dans la main-droite
et des-rayons sur la tête
et de-couronner lui
avec sept couronnes d'-or
et qu'on décide les couronnes
être-proclamées-par-le-hérau t
aujourd'-hui
aux-Dionysies
aux-tragédies nouvelles
(car t7-faut
les Dionysies
être-célébrées
en-l'-honneur-de lui
aujourd'-hui) ;
Dèméas l'orateur
a-dit l'avis,
étant parent
proche de-lui
et disciple de-lui;
et, en-effet, Timon
est orateur très-bon
et il réussit toutes les autres-enoses
lesquelles fd-voudrait. »
[52] Or donc,
tel est à-toi
le décret.
Moi, d'-autre-part, aussi
le-voulais
amener auprès-de toi
le (mon) fils, lequel
d'-après ton nom
}'-ai-nommé Timon.
TIM. Comment,'ô Dèméas,
îoi-qui pas-même t-'es-marié,
autant-que, du-moins,
aussi nous le savoir?
100
TIMQN H MISANePQITOS.
AHM. 'AXXà ya;j.5>, r]v OIOôJ âcbç, Èç vsojta, xat TiaiSo-Tcotvjorojj.ai, xal ib yevv7]67'1C7Ôu.svov (appsv yàf 'éffxai) Tipxova
7)07] XXÀtO.
T I M . Oùx olSa s! yau/ridEt'ciç ixt, a!> OùTOç, XTiXixaÙTYjV
irap' lu.où TrX-r|f7|V Xatxêàvcov.
A H M . O't'jjwt • Tt XCUTO; Tusxvvt'o!, w Tîuxov, ÊTri/sipetç
xal TûTCTJIç TOùç éXsuÔspou;, où xaOapôoç éXeùÔspo; ouS aoxo;
wv;..,
[ 5 3 ] T I M . Oùxoov xal CCXXYJV Xaaêavs.
AHM, Oïao'. ib u.£Ta©p£vov.
T I M . M ï | xÉxpa^Ot ' xaxowto yap coi xal T-pénnv éTCSI
xal ysXoTa Tîâa7tav av iri6oiu.i, Sùo u-àv Aaxïoaiu-ovi'wv p.opa;
xaraxoépaç àvo7tXoç, Ëv. Ss uxapbv àvÔpwTtiov u-Oj «urpt'uvaç '
u.âTTjv yào av SÏTJV xal VSVIXTJXWç 'OAÙpvxta u ù ; xal îrâlXTjv.
DÈM. Non; mais je me marierai, s'il plaît à Dieu, l'année prochaine, et je serai père; et l'enfant qui naîtra (ce sera un garçon),
je le nomme dès aujourd'hui Timon.
TIM. Je ne sais si tu auras .encore envie de te marier, mon cher,
après le bon coup dont je te gratifie. (Il le
frappe.)
DÈM. Aïe! aïe! qu'est ceci? tu aspires à la tyrannie, Timon, et
tu cognes les hommes libres, et tu n'es pas toi-même de pure
race libre?...
[53] TIM. Tiens donc! attrape encore celui-là!
DÈM. Oh! là là! le dos!
TIM. Pas de cris! ou je t'en flanquerai un troisième. Ce serait
une fort plaisante aventure pour moi que d'avoir taillé en pièces
— sans armes — deux bataillons de Lacédémoniens, et de n'avoir
pu rosser un misérable avorton : vainement alors j'aurais été
vainqueur, aux Jeux Olympiques, au pugilat et à la lutte !
TIMON OU LE MISANTHROPE.
AHM. 'AXXà yau-ài,
r;v (sâv) ÔEO; StSw,
Èç vlwxa
xal nacSoiroirjo'oii.at,
xat xaXâi rfiv\
T'O yswi]6r|(TÔgïvov
(yàp etrxat àppev)
Ttpaiva.
TIM. Oùx oïSa
et yap,Y]<7£t£iç en,
ai ooroç,
Xagëâvwv xtapà ègoù
TïjXtxaÙTriv 7tXv)yr|v.
AHM. Oîptot •
Tt (è(Ttt) TOÛTO ; Si Tt'fJKOV,
ènt/sipsT; xupavvïSt
Xal TÙ7rTe!Ç
101
DÈM. Mais je-me-marierai,
si Dieu /'accorde,
pour l'-an-prochain,
et j-'engendrerai,
et j'-appelle dès-maintenant
le devant-naître
(car //-sera mâle)
Timon.
TIM. Je ne sais pas
si Ot-as-envie-de-te-marier encore,
ô celui-ci (monbon'.),
recevant de-la-part-de moi
im-tel coup.
DÈM. Hélas!
quoi est ceci? ô Timon,
/«-essaies la tyrannie
et /«-frappes
TOUç èXeuôépouç,
les-hommes libres,
oùx oùSs ôv aÙTOç
non pas-même étant toi-même
xa8apà)î ÈXeùÔspoç;...
purement libre?...
[53] TIM. Oùxoùv Xâgëavs
[53] TIM. Donc, reçois
xat aXXvjv (uXTqybv).
encore un-autre coup.
AHM. Ot'uot
DÈM. Hélas
xb !A£fi;ppsvov.
le dos !
TIM. Mb x£xpay,6r
TIM. Ne crie pas :
yàp xarotaw aot
car j'-assénerai à-toi
xat TpiTÏ|V
encore un-troisième :
èrce! xat
puisque aussi (aussi bien)
àv ttàQotat
je-souffrirais
yeXota itâpwrav,
des-cnoses-risibles tout-à-fait
xaxaxôiba; gèv
ayant-taillé-en-pièces, d'-une-part.
àvoTtXo;
sans-armes
Sùo gôpaç
deux corps-d'-infanterie
AaxeSatgovtwv,
de-Lacédémoniens,
Se gb ÈTctxpéba:;
et,-d-'autre-part, n'ayant-pas-écfasé
êv gtapbv àvQpcoxtov •
un-se«/ misérable petit-homme :
yàp gàxrjv
car en-vain
av et'vjv xal
je-serais aussi
vevtxrjxà); 'OXùgîtta
ayant-vaincu, aux-Jeux-Olympiques,
rcù? xal TcâXv;v
au-pugilat et à-Ia-lutte.
TIMON H MISANePOnOS.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
Timon accommode de la même façon l'immonde philosophe
Thrasyclès.
Timon accommode de la même façon l'immonde philosophe Thrasyclès.
102
[54] 'AXXx xi" xoûxo; Où OsxtruxXrjç ô œtXôffoao; ouxô;
IffX'.v ; Où u.èv oùv xXXoç • IXTXEXXO-XC youv xbv TtoVywvx xxi
xx; mppuç àvxxjr'vx; xxl j}pev9od;xevôç xi TCpbç xùxbv sp^exat,
xixxvôjOEç pXïTcwv, avxaîToSTjiaivQ; x-qv ETCI xâ> u.sxoS:ia> xopvqv, Aûxoêopéaç xtç -q Tpi'xwv, o'c'ou; ô ZeuÇ'.ç lypx'^Ev. Oùxoç,
6 xb ff/yrju,x sùsxaXoqç xa^t xôsixtoç xb f3xot(ju,x xxl oxoc&povtxb;
XT|V avaêoXvjv Itoâsv pvupt'a ocx xxspl àpîXY|Ç ots^'.wv xxl x<5v
[54] 'AXXx xi [ào-rt]
Oùxo; OVX SÛTTIV
ô (ptXôffoepo;
OpowuxXfk ;
Où |AîV obv aXXo; "
yOÔV
Èxirexâ<ja;
xbv miywva
xai àvaxsîva;
TXÇ ÔÇpîiî
y.xt, Ppev9o<iu.Evô; xt
xcpb; abxbv
ïpv,Exat,
pXÉTtwv xixavniSe;,
àvac7£XoëTip.îvt);
x-bv XOjJLqV
7j00VX| XatpÙVtWV XXTTf)V0pe3v XX! XO oXiyXpxÈç STCaiVÙiV, érTStOY)
ÈlÙ X<ô U.EX&MUM,
-et; Aùxoêopsa;
Xouxxu.£voç xpî'xoixo km
xb SEITTVQV xxl ô TCXÏç p-.eyxX-qv x-qv
T} Tpîxmv,
ot'ouç o ZEûEI;
Timon accommode de la même façon l'immonde philosophe Thrasyclès.
[54] Mais qu'est-ce-là? Celui-ci n'est-il point le philosophe Thrasyclès? C'est bien lui : certes, oui; la barbe déployée, les sourcils
redressés, il marche en se rengorgeant; son regard est farouche
comme celui d'un Titan, il a les cheveux hérissés sur le front :
c'est Borée en personne, ou bien Triton, tels que Zeuxis les a
peints. Cet homme au maintien correct, à la démarche décente.
au costume modeste, débite dès l'aurore mille dissertations sur la
vertu, blâme ceux qui aiment le plaisir, vante la tempérance;
puis, chaque fois qu'après le bain il se rend au souper, à peine
sypoej/sv.
Obxo; ô (avftpwito;)
eùircaXTiî xb ayjt\).oi.
xa't xôcpto;
xb (iâSic-aa
xa't a-cncppovtxb;
x-qv àvaêoXïiv,
étsStwv ÊxoOev
u,up£a Scrx
irepi àpe-rrj;
xa't xaxqyopwv
xmv yaipovxwv
•qSovïj
xa't ÈTiatvôJv
xb ôXiyxpxÈ;,
Ejrei3ï| Xo'jo-ap.£vo;
àcpt'xotxo
èTCI xb SSïTUVOV
103
[54] Mais quoi est ceci?
Celui-ci n'est-il pas
le philosophe
Thrasyclès?
Non, d'-une-part, donc tm-autre;.
ce-qui-est-sûr,-c-'est-que,
ayant-déployé
la barbe
et ayant-redressé
les sourcils
et se-rengorgeant en-quelque-chosc
envers lui-même,
ff-va,
regardant comme-un-Titan,
hérissé
quant à la chevelure
sur le front,
un-certain Borée-en-personne
ou Triton,
tels-que Zeuxis
a-peint.
Celui-ci, le (cet homme)
correct quant à la tenue
et décent
quant à la démarche
et modéré (modeste)
quant à le manteau,
débitant-en-détail dès-l'-aurore
des propos innombrables
au-sujet-de Ja-vertu
et accusant
\es~hommes se-réjouissant
du-plaisir
et louant
la tempérance,
après-que s'-étant-baigné
î7-est-venu
au souper
104
xuXixa c-pâ^stsv aÙTôi (T<5 Çcoporépa) os yat'psc [laXtoTa), x a ô â îtsp ib
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMQN H MLSAN0PQIIOS.
Arjôvjç uoiop sxTtiàiv ÈvavxtojTaTa ÊTctosixvoTai TOÏç
éCOQCVQÏ; Ixetvoiç Xôyosç, TcooapTcâ^wv waTcsp éXTIVOç ih. od>x
x a t TOV TtXïiciov Tcapayxwvt^du.Evoç, XOCGOXTJç; TO yÉvetov a v d TCXEWç, xuvTjôbv éu.cpopod[ji.svo;, ÈTrtxsxucpwç xaÔaTcsp èv T a i ;
XoTtaci TYTV apsTTjv eùpyjcrstv TcpocrSoxôjv, àxpiëû>ç; Ta TpéêXia
Tto X t ^ a v û aTcoffu.^u>v, OJç. JJ.YJSS ôXryov TGU PIUTTWTOîJ XOCTK-
Xt'îtoi, [ 5 5 ] u,su.u>tu,otpoç àsÈ, xxv TôV TcXaxouvTa ÔXov T\ TôV
xai ô irai;
ôpÉHetev aôvfp
Tï)V xûXtxa p.EyâXï)V
(5s vaipst pâXcara
-Ttf> ÇlOpOTÉpip),
xa8dbxep âxmtbv
TO oSlOp A^Tj?
âiuSsixvuTac
(ta) èvavtKOTata
sxeivoiç toïç X6yo;ç
§6>8lVOVÇ,
itpoapraiÇiov
<5<7ît£p iXTÎVOÎ
t a ô'ya
x a \ TtapaYxwv.ïôp-evoi;
TOV TtXï|0-tOV,
cov piôvoç TôJV aXXwv Xâêyi v] o TI TCEO Xs^vsiaç xas àTcXïic'Tt'ocç;
ô'cçsXoç, u.s9u(70ç x a l Tcapotvoç, oùx av_pt WOTJ; x a l oov;Y|<rruoç
l'esclave lui a-t-il présenté sa large coupe (notez qu'il adore le
vin pur), comme s'il avait bu l'eau du Lèthè, il déclame les propos les plus opposés à ces beaux discours du matin ; il enlève
d'avance les m e t s , comme un milan, repousse du coude son voisin, s'emplit de sauce le menton, s'empiffre en vrai chien, penche
la tête c o m m e s'il comptait découvrir la vertu dans les plats,
àvâTcXEWi; xapiixc,;
Tô yÉvetov,
lu.çpopoôp£vo;
xovvjô'ô.v,
ÈlUXexUtpùlÇ
xaSûtrcsp Ttpoo-Soxwv
sùprio-stv TY)V âpeT-qv
àv Tatç Xonâoi,
à7TOO-gM-/U)V
àxpiêôiç
t a tpoêXia
tto XiYavô,
w; xavaXwro'.
p.ï|Sà ÔXïYOV
TOÔ p.UTTO>TOV,
essuie consciencieusement les assiettes avec l'index, afin de ne
pas laisser u n e seule miette de son hachis. [55] Toujours il est
mécontent de son sort, quand m ê m e il obtiendrait l e g à t e a u ou le
cochon entier, seul, à l'exclusion des autres • m a i s — fruit o r d i naire de la gourmandise et de la gloutonnerie insatiable —
l'ivresse le gagne, le vin l'excite, il ne s'arrête pas au chant et à
[55] âsi u,e|A4dp.oipoc,
x a l av XdSïi
p.6voç TWV dXXiov
TOV TcXaxouvTa BXov
r\ tôv oûv
r\ 5 Ti TCSp (ÈOTtv) ô'çsXo;
Xijrvîias
xal àTcXr,a-T:aç,
p.é6uo-o{ xal Tuâpoivoç,
.105
et-oue le jeune-esclave
a-tendu à-lui
la coupe g r a n d e
(or, iZ-se-réjouit le-plus
du-run p l u s - p u r ) ,
comme ayant-bu
l'eau du-Lèthè,
ZZ-étale-ouvertement
les càoses-les-plus-contraires
à-ces discours
du-matin,
enlevant-d'-avance,
comme u n - m i l a n ,
les mets
et coudoyant
le voisin,
plein de-ragoût
quant a u menton,
s'-emplissant (se gorgeant)
comme-un-chien,
courbé
comme s'-attendant-à
devoir-trouver la vertu
d a n s les écuelles,
essuyant
exactement
les assiettes
avec-le lécheur
(l'index),
a û n - q u e iZ-ne-laissàt
pas-même u n - p e u
d u hachis,
[sort,
[55] toujours
se-plaignant-de-sonq u a n d - m ê m e ZZ-recevrait
seul à l'exclusion
des autres
le gâteau-plat entier
ou le cochon
ou ce q u i est Ze-profit
(résultat)
de-Za-gourmandise
et du-désir-insatiable,
ivre et aviné
106
TIMÛN H MI2AN6PQIIOS.
iii >
U.ÔV0V, aXÀa
xat1 AoiSopiaç xa) opyvjç. iTpoffsxc xal Xôyo'. a-oX-
Xot èxrc TTJ xuXtxt, Tore S-/] xal p-âXtaxa, Tcsplff(o©oo<7tJV7]i;xat
xoffu.ioTYj'ro; ' xal xaoxx cp-qaiv rjOT] ûxco TOU àxpâxou TcovTjpût;
ky/wv xxt Û7ioxpauXi'cju)v ysXofioç. • e k a s u s T o ; sm TOUTOI; • xat
TIMON OU LE MISANTHROPE.
où (j-ôvov âypt cîiSrjç
xal ôpyqo-TÔo;,
àlAà xal
î.oiSoplaç
xal op"piîIIpo<réTi xal
iroXXol Àévoi
£5tl T/j X'jXtXC,
xà TeXeuxaTov, àpau.evoi rtvsç Ixœépoociv aùxov Ix TOU <JUU.TCC-o-t'ou xrjc auXxjTpt'Soc autcpoTÉpatç ITCîIXTIIAUSVOV. IIXTJV àXXà xat
V7Jç>OJV ouSïvt TôJV TTpwTît'covirapaywpYÎffEtevav ûveua'u.aTOç Ivexa
yj 6pa<ruTY,Toç Tj çiXapyupîaç - àXXà xat xoXâxwv laxl xà Tcptôxa
TOTê Sq x a l nâX'.ara,
rapt acoçpoaovTiç
x a l xoap.iôxT,xo;"
xat tpTjtrtv xaùxa
ïyoyj rfi-i] -novr{çëi
ÛTIO xoû àxpàxoo
xal înroTpoejAtïuiM
YEXOÎIOç
-
la danse, il va jusqu'aux injures et à la colère. Et puis, c'est un
etxa EjASTOç
gjrl xoôxoi; •
x a l Tô TeXeuxalo-i,
xivk; àpâp-Evot
èxtpépoufftv aùxbv
flux de paroles, la coupe en main : car c'est alors et surtout qu'il
ÈX TOÛ (70p.TCO<JtO'J
eraO.Yip-p.evov
xat exttopxst Ttpoyetpôxaxa, xat -q yo-qxet'a Trco-qyetxat, xat TJ
discourt sur la sagesse et la modération; et il traite ces sujets
quand déjà le vin pur l'incommode et qu'il bégaie d'une façon
ridicule; après quoi, il vomit par-dessus le marché : et, finale-
xîjç aoXr(TptSo?
àp-cpoTÉpat; (yspaî)'Aïàk TuXqv
x a l rqcpoiv
av TtapaytopqaEtE'i
OÔSEVï
ment, quelques convives l'enlèvent et l'emportent hors de la salle
du festin, tandis qu'il se cramponne des deux mains à la joueuse
xcôv irpwtstwv
evsxa ipsuap-axo;
q Spacûnyroî
de flûte. Du reste, même à jeun, il ne céderait à personne la palme
q çdapyuptaç"
àXXà xaî
Èatt xà •npàixa
du mensonge, de l'effronterie ou de la cupidité. Mais c'est aussi
xo).âx(ov
le prince des flatteurs, et il prodigue les faux serments le plus
aisément du monde; l'imposture le précède et l'impudeur l'es-
xal ÈTClOpXEt
•xpoxetpoxaTa,
xat q .Yoqxst'a
TrpoYiYStxat,
107
non seulement jusqu'au chant
et à-la-danse,
mais encore
jusqu'à l'-insulte
et la-colère.
En-outre, aussi,
beaucoup-de paroles
à {avec) la coupe {coupe en main),
alors certes et surtout,
au-sujet-de là-sagesse
et de-la-modération;
et iJ-dit ces-choses
étant déjà en-mauvais-état
par le vin-pur
et bégayant-légèrement
d'-une-façon-risible :
ensuite, le-vomissement
en-sus-de ces-choses :
et, finalement,
quelques-uns l'ayant-soulevé
emportent-dehors lui
hors-de la salle-du-banquet,
s'-accrochant
à-la joueuse-de-flûte
des-deux mains.
Mais seulement {d'ailleurs),
même étant-sobre,
d'-aventure ïi-ne-céderait
à-aucun
la première-place
sous-te-rapport-du mensonge
ou de-l'-insolence
ou de-la-cupidité;
mais aussi
11-est le premier
des-ftatteurs
et fl-se-parjure
très-facilement,
et l'imposture
précède lui,
108
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMQN H MIEANGPQIIOS.
avacav-uvxi'x 7rapou.apx£Ï, xxl oXeo; Tràvcosôv xt /pàyu-a xal
TixvxayofUv àxpiëàç xat Tcoixt'Xwc. èvreXéç. Oîaojçsxat xoryapoîjv oùx d e o.axpàv v_pTj(TTo; wv. Tt XQOXO ; TCXTraï, /pôvtoç.
7JU.ÏV 0pa<7UXÀ7)C.
[56] 0 P A S r K A H 2 .
Où xxxx xxùxx, <L T i p w ,
XOîç
rroXXotç. xoùxotç aapïyu.xt, ùitrrcep c-É xôv 7rXûùxôv aou xeOrritdxeç apyupi'ou xx! -/puai'ou
xxi Betrcvoov TîOXUXSXôJV IXruot
(TuvoeSpxu.YJxxa'i, TCOXXTJV X~/]V xoXxxeéxv STnBïL^ou.Evoi xcpbç
àvBpx oEov (TS, àTrXoVxàv xal xa>v ovxtov xoiveovixôv. OïaÔa
yap (hç [xxÇa U.îV épioi OEÏTTVOV t'xxvov, b'Cpov Se YJBKJXOV 6ù[xov
xx\ ^ àvat<J7_yvT'a
racpopocpxEt,
xai ÔAux;
(èçrci) xi y_pTip,a xrdtvaocpov
xal àxptësç 7ravxay_d8£v
xai èvTsXsç 7roixO,w;.
Toiyapoûv olpuoËExat
oùx tic, p.axpàv
tôv xpïjaxéc'
Ti (ècm} TOOTO;
iraTraî, ©paa-oxXïjç
(èort) Y,pôvcoî ïipAv.
[56] 0 P A S Y K A H 2 .
Oùx àcpÏYP-ai,
tu TIJAIOV, xaxà xà aùxà
XOÙTOIÇ TO?Ç TtOAAOÏC,
W(T7T£p 01 T E 6 V ] 1 T Ô T £ ;
TJ xâpSaaov, Y], et' xcoxe xpu<pco7]V, oXt'yov xôv àXôv" TTOXOV Se
-q êvvsxxpouvoç " b os xpt'êiov oùxoç vjç SoùXet iroptpuptooç
corte ; bref, c'est un chef-d'œuvre de sagesse, un être parfait de
tout point, accompli sous tous les rapports. Il va donc se lamenter
avant peu, cet excellent homme. — Qu'est-ce à dire? Ali ! ah !
Thrasyclès nous arrive bien tard.
[56] THRASYCLÈS. Je ne suis pas venu, Timon, dans le même
dessein que cette tourbe de gens qui, saisis de convoitise et d'admiration pour ta richesse, sont accourus en masse de tous côtés,
espérant jouir de ton argent, de ton or, de tes repas splendides,
et disposés à étaler leurs multiples flatteries devant un homme
tel que toi, simple et prêt à partager ce qu'il possède. Tu sais,
en effet, que le pain d'orge suffit à me nourrir, que mes aliments
de prédilection sont le thym ou le cresson ou, si par hasard je
fais bonne chère, un peu de sel; ma boisson est puisée à la fontaine aux neuf sources; ce mauvais manteau me plaît plus que
n'importe quel vêtement de pourpre; car l'or ne me semble nul-
xbv Iô.OûTôV aou
a'jv8E5patp.Yixa!7[
ÈATtibi àpyuptou
xa't xpuafoo
xa\ Sgi'nvtov TtoX'JxeAôv,
èlClâgli;ÔU.SVOt
xrjv xoXaxEi'av TTOXÀTJV
Ttpbî avSpa olov aï,
àitAoïxbv xa'i xotvwvtxbv
TÔV OVTIOV.
Tàp olaùa
wç p-âCa p.év
(sort) Ssïnvov ixavbv èu/il,
ô'J/'Ov Si
f|8t(7Tbv (ÈO"Tt)
6ùp.ov \ xâpSau.ov,
v\, si' itoxs Tpvçtivjv,
ÔXtyov xàiv âï,ù)V "
itoxbv SE (èoTiv)
•n, èvvsàxpoovo;"
SE oùxoç o xpiëtov
(SOTAV) au.eivu>v iropcpupiSoç
y\Z PoùXet.
109
et l'impudence
accompagne lui,
et, en-un-mot,
[sage
c'est une-certaine chose tout-à-faitet exacte de-tous-points
et accomplie avec-variété.
Voilà-pourquoi ZZ-gémira
non dans long-temps,
étant honnête.
Quoi est ceci?
Ah !-ah ! Thrasyclès
est tardif à-nous.
[56] THRASYCLÈS.
Je ne suis-venu nullement,
ô Timon, de la-même-manZère
que ces hommes nombreux,
comme les-oens convoitant
la richesse de-toi
se-sont-rassemblés
par l'-espoir de-l'-argent
et de-l'-or
et des-soupers somptueux,
devant-étaler
la flatterie abondante
devant wi-homme tel-que toi,
simple et disposé-à-partager
les-cAoses étant-d-Zwi {son bien).
Car tw-sais
que Ze-pain-d'-orge, d'-une-part,
est «ne-nourriture suffisante pour-moi,
et que Ze-mets, d'-autre-part,
le-plus-agréableest
dulhy m ou d«-cresson,
ou, si par-hasard je-me-traite-délicawn-peu du {de) sel;
[tement,
ma-boisson, d'-autre-part, est
la /onZaine-à-neuf-sourees ;
d'-autre-part, ce manteau-grossier
esfmeilleuroM'un-vêtement-de-pourceZui-quetw-veux (quelconque), [pre
110
T1MQN H MISAN0PQIIO2.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
àu.st'va>v. 'ï'o vpueriov u-àv yxp oùSèv X'.p.noxepov TûV SV XGIç
Car, d'-une-part, l'or
ne semble à-moi en-rien plus-précieux
que les cailloux
XWV l|fl]!pi8MV
qui sont sur les rivages.
Èv TOî; aiytaXoïf.
D'-autre-part, pe-me-suis-amené
As èaxâXïîv
à-cause-de toi même,
X«piv xoû auTOÙ",
afln-que
ce bien
ihç TOCXO xb y.'rijji.a
xâxiffxov xsci èTitoouXôxaxov très-mauvais et très-insidieux,
la richesse,
â irXoîiToç
ne corrompe point toi,
JJLï| âiacpBetpï] as,
le étant-devenu
ô yeysvriusvo;
à-beaucoup-dc-pens souvent
TTOXàOÏç 7toX).âxiî
cause de-malheurs
aîxio; cop-tpopttiv
incurables {irréparables}]
avqxEaTtov *
car si £n-crois à-moi,
yàp et nsiâocâ pot,
de-préférence, d'-une-part,
pâXicxa [i.ïv
tw-jetteras dans la mer
èpêaXstç Sî TïJV 6ct).axxav
elle (la richesse) tout-entière,
auxbv SXov,
n'étant en-rien nécessaire
ovxa oùoèv àvayxamv
à-un-homme bon (de bien)
àvSp't àya6â>
et pouvant voir
xxi Suvapsvw opàv
la richesse de-Io>philosophie ;
xbv nXoùxov cptAoaocua;pourtant ne la jette pas
pévxot pX
dans la-profondeur, ô mon-bon,
êç pâfloç, ii) àyaSà,
mais étant-entré-dans la mer
ak\à £7tspëàî
autant-que jusqu'-aux aines
Sffov ki pVjêôiva;
oXsyov Ttpb xq; xupaxwyij;, ««-peu devant le rivage-où-déferlentmoi seul voyant :
[Ies-flots,
spoû pbvou ôpâvxof •
[57] d'-autre-part, sine-pas ta-veux
[57] Se et U,T| (3OVAEI lovto,
toi, d'-autre-part,
[cela,
a\> 8s
d'-une-autre façon meilleure
acW.ov xpoTuov àpeivw
emporte elle (la fortune)
sxçôpqffov aùxbv
en
hâte
xaxà TX/Oî
hors-de la (ta) maison,
sx xrtî olxîa;
ayant-laissé-échapper pour-toi-mênie
àvs'c; aûxto'
pas-même u«e-obo(e,
piflBe oêoXbv,
distribuant
StaôiSoùç
à-tous les-pews étant-dans-le-besoin,
âîto«n xoîç Ssopévote,
à-celui-ci,d'-une-part, cinq drachmes,
a> psv 7tsvxe Spaxpà?,
à-celui-là, d'-autre-part, tme-mine.
w 8s pvâv,
Tàp [ièv xb xpom'ov
80XSÎ p.OS OÙSÈV TIJMdJXÊpOV
alytaXoT; d/T|<p''oa>v [toi Soxsï. ^oo Se xùxoù* yâp'.v IC;XXXT|V,
d>; pvq oiamÔEipTj ce xb xàxtçxov xouxo xal ÉTttêouXôxaxov
xx-qu-a b TîXOUXOC,
6
TCOXXOI;
TroXXxxt; ai'xtoç
avnxÉtrxwv
TiijxcBOpôiV YSYevTjixsvoç " et yâp pt-oi itet'ôoio, u-àXtcxot u.èv ô'Xov
éç Tqv ÔâXxxxxv Èu.êaXe7ç aùxiv,
oùosv avayxaîciv
avopl
àYxQàJ b'vxa xaù xbv otXocoçpta; rtX&ùxov bpî.v ouvauévq)* pr/)
[XSVTOI s; pâOoç, wyoïbe, àXX' ocov I ; pouêojvaç £Tteu.ëàç oXt'yov
Txpo xrjç xup-aTwyriç, éyoo bpâSvxoç. u.ovou • [ 5 7 ] si Se pv/j
xoijxo r^oûXei, cù os aXXov xpôrcov aasi'vn) xacxx xayoç éxœopY,ffov aùxôv èx TTJ; OîXI'Xç y-x,5' oêoXbv abxùj avsiç, ScaôtSoù;
ctTcxcit xbïç Seoy.svoi,, <L p.ev ixévxs 8pay|AXç, w 8s y.vxv, w Se
lement plus précieux que les cailloux épais sur les grèves. Mais
c'est dans ton propre intérêt que je me suis présenté ici ; je ne
veux pas que tu te laisses corrompre par cette acquisition détestable et si dangereuse, la richesse, qui, pour tant de gens, si
souvent, fut la cause d'irrémédiables catastrophes. Donc, si tu
m'en crois, lu jetteras de préférence dans la mer tout ce trésor,
qui n'est absolument pas nécessaire à un homme de bien, lequel
peut contempler les richesses de la philosophie. Ne le jette pas
cependant, mon bon ami, dans un endroit profond, mais entre
dans l'eau seulement jusqu'à la ceinture, et jette-le à une faible
distance du rivage où se brisent les flots, sans autre témoin que
moi;
[57] si tu ne veux pas de ce moyen, emploies-en un autre
meilleur : emporte en hâte ta fortune de ta maison sans laisser
une seule obole pour toi-même, et distribue-la à tous ceux qui en
ont besoin, à l'un cinq drachmes, à l'autre une mine, au troisième
111
112
TIMÛN H MISANOPQIIOS.
TIMON OU LE MISANTHROPE.
7)p.tTâXavTov • si ôé xi; miXôooœo; êYT), Stpiotpîav vj xpiu.otpîav
tpépscrjoci St'xocioç ' su,ot os — xaîxot oùx su,auxo3 X*PIV a ' !Ta, >
àXX' O'TCUTç U,ST*SôJ TôJV éxaipaiv xolç Ssoptivot; — t'xavôv, si
xauxT|Vl T7]v inrjoav Ip.'rcXYJo'Vç Tcapaco-y^otç oôSs oXouç Sùo p.sSfu.vouç y/wpouffav Aîyivrjxixoûç ' oAiyapxvj os xoù pixpiov
ypq stvat xôv aptXoooapouvxoc xat pW|3Èv uirsp x-qv Tr-qpav cppo-
qptxôAavTov
8î ei'xn; EST) çibôffocpoç,
(ecm) Ss'xasoç çÉpso-ôas
Stgosps'av
ï| xptgosps'av
8k kgo's —
xat'xos oùx acTùi
Y_ctptv Êgacxoû,
aXXà Siraç [XEraêw
TOïç TWV kxasptdv
vstv.
s
TIM. ETratvà> xauxà 000, co ©paa-ûxXetç • TCûô 3' oùv xviç
Tnrjpocç, si Soxsi, ©sps 001 TVJV xemaX-qv êfATcXvjc'ti) xovSùXtov
È7T.L|Aexp7j03i; XY| SixsXXvp
© P A Z . *îî SriU.0xp7.xta xat vop.ot, 7tatou,s6a ùTCô TO<J x a x a -
un demi-talent; si c'est un philosophe, il mérite d'obtenir double
ou même triple part. Quant à moi, sans doute je ne demande rien
pour mon compte, mais, afin que je puisse faire participer à tes
dons ceux de mes compagnons qui sont dans l'indigence, il me
suffira que tu veuilles m'offrir de quoi remplir cette besace-ci,
qui contient à peine deux médimnes d'Égine ; il faut, quand on
cultive la philosophie, se contenter de peu, modérer ses désirs,
et ne rien ambitionner au delà de la besace.
TIM. Je loue ton langage, Thrasyclès; mais, avant de garnir ta
besace, allons ! voyons ! s'il te plait, que je te garnisse la tête de
coups de poing, et que je prenne ta mesure complète avec ma
frappe.)
THRAS. Ô démocratie!
ô lois! nous
m a u d i t scélérat, et dans u n e cité libre !
(Iffx'sv) Ixavèv,
e! 7rapà<7y_oi;
'èpwAT)aa<;
TauTTjv's TT)V irqpav
)(WpOÙcTaV SÙO IXEÎt'p.VOUÇ
Aîysv/)TSxou;
ouSs oî.O'j;"
pàxou sv IXsofispqt xyj TCOXSI.
pioche! [Il le
Seojikvosç, —
s o m m e s frappés
p a r ce
fis XPo
xbv ^sAouoçoùvxa
sîvat ôl.syapxr)
, x a t géxpsov
,' x a \ çppovetv p.T)8sv
ÙTcèp xqv mrçpav.
T I M . 'Emxivâ.
, xaùxâ trou,
tù ©pao-ùxXetç •
- 8' oùv 7tpô TVJç itrjpoc;,
et 8oxeî\
:
çépe égTtXqow 00s
tqv xeçaXïiv
xovSùXwv
<èutp.£TpT)<Tai;
TV] SIXéXXT).
© P A S . r Û 8y)p.oxpaxtc
Jtofi vôgot,
iratopefla
ûiro TOO xaxapdiTOu
4y xq TTOXEI èXe-jôépa.
LUCIEN. — Extraits.
113
à-celui-Ià, d'-autre-part,
un-demi-talent ;
mais si quelqu'-un était philosophe.
il est en-droit-de prendre-pour-lui
double-part
ou triple-part;
mais à-moi —
cependant je ne d e m a n d e pas
en-faveur-de moi-môme,
m a i s afîn-que Je-cornmunique
à-ceux d e s c a m a r a d e s
étant-dans-le-besoin, —
cela est suffisant,
si tu-fournissais
ayant-empli
cette besace-ci
contenant deux médimnes
Éginètes [d'Êgine]
pas-même tout-entiers («• peine) :
or, ii-faut
le adonné-à-la-philosophie
être tempérant
et mesuré
et we songer en-rien
au-delà-de la besace.
TIM. Je-loue
ces-choses de-toi,
ô Thrasyclès;
mais à-coup-sûr, avant la besace.
si cela te paraît-oon,
voyons, çue-je-remplisse à-toi
la tête
de-coups-de-poing,
[l'-autre
ayant - pris - mesure - d ' - u n - h o u t - à auec-le hoyau-à-deux-pointes.
THRAS. Ô démocratie
et lois,
uous-sommes-frappés
par le maudit
dans la ville libre.
114
TIMON OU LE MISANTHROPE.
TIMQN H MI2AN0PQÏIOS.
r
Ï I M . TV àyavaxxsïç, ebyxÔé; Màiv irKaaxÉxpouo"ut.7.t a s ;
Koù u,7)V g7rsu.ëaX<ô yoi'viicaç ÙTiÈp xo ovexpov xÉxxapx;.
[58] 'AXXx xi TOUTO ; rioXXcè ^uvspyovxa'. " BXedu'a; èx.ï!voç
/.où AayTji; xat Tviptov xx\ ôXw; xè ffuvxayu'.ac TôùV oi[A(oçou.sV(OV. "£2o"XÎ XI OÙ* EXT! XY]V TX£Xp7V XOWTTjV aVsXôùbV ; 7]V pUV
S[>[.EXXOCV ôXi'yov àvarcadw rcaXat 7C£7rov7|>cuïav, aûxô; Sî oxi
/CXEI'OTOU; Xc'âouç ^[ixpopyjsaç ÈTiiyaXaÇôj Tïdpp(o6e.v aùxoïç;
BAEH/IAZ. MT) pâXXî, OJ TtVuov • aTC'.p.£v' yoto.
TIM. 'AXX' où/. avouuwxt ys ùrj.etç oùSà aveu xpauu.y.xwv.
TIM. Pourquoi te fàches-tu, mon brave? Aurais-je fraudé sur la
marchandise? Eh bien! je vais te verser quatre chénices en sus
du poids, [58] Mais qu'est ceci? Ils se réunissent en foule : voici
Blepsias, et Lâchés, et Gniphon, et toute une bande de drôles
que je vais bien faire hurler. Or çà, donc, que ne monté-je sur
cette roche pour accorder quelque repos à ma pioche qui peine
depuis longtemps? Moi-même, je vais rassembler le plus possible de pierres et les faire pleuvoir de loin sur eux, dru comme
grêle.
BLEPSIAS. Ne lance pas, Timon : car nous partons.
TIM. Oui, partez, mais que ce ne soit pas du moins sans effusion de sang, ni sans blessures !
TIM. Û àyaôà,
xi àyavaxxgï;,'
\MtSv
Tcapaxgxpoua-p.ou ue;
Ka\ u.v}v
èTEEfiëxXà)
xÉxxapa; yoi'vixa;
ùnÈp xb pixpov.
[58] 'AXXà vt (èOTI) xoCJxo;
S'jvépyovxai 7roXXor
èxeïvoç (â) BXedViaç
xcù Aâyynç /.ai TVçwv
v.oci SXaiç
xb (ruvxayp-a
xùiv ot(juo^op,svtov"Qore xc
àvsX8ù>v
ÉTct xaùxrjv xrjv nÉxpav
oùx avarcaûto pAv
oXîyov
Xï]V bVxeXXav
TteTcovrjxuïav TtàXai,
3g aùxb;
Çupçop^a-a; Xlôouç.
ôxi TtXgîcrxouç
(oùxl àTti/aXa^à) aùxoïç.
itôppwUev ;
B A E F I A S . MX pâXXe,
w Tîptov •
yàp ampgv.
TIM. 'AXXàùust;
( w i u ) où/.
àvaipum ys
o-jos aveu
xpaupâttov.
115
TIM. Ô mon-bon,
pourquoi t'-indignes-G«?
Est-ce-que
[pouce) ?
j'-ai-fraudé toi (par un coup de
Eh-bien, certes,
je-verserai
quatre chénices
en-surplus-de la mesure.
[58] Mais quoi est ceci?
/Is-arrivent-ensemble nombreux :
ce Blepsias
et Lâchés et Gniphon
et, en-un-mot,
la troupe
des-Aommes devant-gémir.
De-sorte-que pourquoi,
é tant-monté
sur cette pierre,
ne reposé-je pas, d'-une-part,
rm-peu
ie hoyau-à-deux-pointes
ayant-besogné depuis-longtemps,
d'-autre-part, moi-même,
ayant-rassemblé oies-pierres
les plus nombreuses possible,
w'accablé-je-pas-comme-de-grêleeux
de-loin?
BLEPSIAS. Ne lance pas,
ô Timon :
car noMs-partons.
TIM. Mais vous,
partes non-pas
sans-effusion-de-sang du-moins
ni sans
blessures.
APPENDICE
APPENDICE
Lettre (EAlciphron.
Alciphron, rhéteur grec qui vivait au 111e ou au ivc siècle de
notre ère, composa une série de lettres — on en possède soixanteseize — qu'il imagine avoir été écrites par des paysans, des
pêcheurs, des parasites, etc. Pures déclamations de sophiste,
émaillées de tableaux de mœurs tracés d'après d'anciens poètes,
non d'après nature, elles offrent de curieux détails sur la civilisation grecque, notamment sur les usages athéniens dans les diverses
classes de la société. Le style, toujours élégant, fleuri, recherché,
parfois très prétentieux, leur acquit l'admiration des contemporains. — Nous citons ici une de ces lettres, relative à notre
héros, Timon le misanthrope (livre III, lettre xxxrv).
'Evsxoaxt'Sou
xôv
KoXXuxéa, 8; i x TCXQUCKOU, o,7ra6Yl<7x; XYJV oùai'av sic 7)u,aç
xoù; TtapasiTOuc, etc. arcopt'av a'jvTiXa.Qïj, six' sx ©tXavQpejrrou puoâvÔpojTiO; lysvsxo xai TT|V 'A7r7ip.avTou euiu-qaa-to
CTÛya. KaxaXaSwv
Tcaoïdvxx; flxXÀsi,
àvQpdJTioov s v x u Y / *
yàp
TYJV l a y a i t à v ,
7tpou.7iQotjp.evo;
vïtv
Oio-6a,
w KaMixogiSr).
Tfp.tùva
xbv (uîôv) 'Ey_sxpaTc'6ou
xôv KoXluxéa,
o; o-vvrjXâOr]
si; àccoptav
sx. TTXOUO-COU,
<77ra6r)(7aç
xr|V oùci'av
rvàScov KaXXixopuSrj.
Ti'utovx otoôa, co KaXXiK.op.io7i, xàv
rvdGcov KaXXtxoptîSrp
xafç
a^Seva
phnXotç xoù;
aùràj
xaflartaç
* ouxto; XYJV xoiv-qv çvùcuv àTcso-xpaTcxat.
Gnathon à Gallicomidès.
Tu connais, Callicomidès. Timon, le fils d'Échécratidès, l'habitant du dème Collytos, qui, de riche qu'il était, pour avoir prodigué ses biens à nous autres parasites, fut réduit à la pauvreté,
et°qui, ensuite, après avoir aimé les hommes, les eut en horreur,
et imita la haine violente d'Apèmantos. En effet, il avait élu
domicile au désert, et, de là, il frappe à coups de mottes de terre
ceux qui l'approchent, veillant à ce que nul d'entre les humains
ne le trouve une seule fois sur son chemin : tant il s'est détourné
sî; Xp.5;
xoy; TtapaaiTov;,
slxa sysvsxo
jxiffâvGpwTco;
ex cpiXav8p<o7rov,
xat £p,tp.x;o-axo
XïJV o-xvva
'A7lï)g.avT0U.
Tàp xaxaXaëcov
xqv èffvjaxtàv,
ptàXXst
xouç Trapiôvxa;
xat; PcoXot;,
7rpou.r160up.svoc
u.-q3Éva âv8p(o7ro)v
èvxuYx* vetv aOxô)
xaÛaTcai; •
ovxw; à7rscrTpaTcxai
xv)v rpuoiv xotvrjv.
Gnathon à-Gallicomidès.
Tu-connais,
ô Callicomidès,
Timon.
le fils d'-Échécratidès,
riiabitant-du-dème-Collytos,
qui fut-poussé (réduit)
dans le-manque-de-ressources
de riche qu'il était,
ayant-gaspillé (prodigué)
la (sa) fortune
à nous
les parasites,
puis devint
ennemi-des-hommes (misanthrope)
d'ami-des-hommes qu'il était,
et imita
l'aversion
d'-Apèmantos.
Car, ayant-occupé
l'extrémité-de-pays (le désert),
^-frappe
les-pens se-présentant à lui
auec-les mottes-de-terre,
veillant-à ceci
aucun des-hommes
[me
se-trouver-sur-son-chemin à-lui-mêune-fois-pour-toutes :
tellement î7-s'-est-détourné-de
la nature commune.
118
APPENDICE.
APPENDICE.
0 1 XotTtol os TWV 'AÔ'qVTqci pvv] U,£<70TTAOÛTWV tDsrSwvdi; TS
elffi xal l V ^ t o v o ; (juxpoTrpeTrÉaTEpo'.. "iîox
[AGI pi.eTavi'(7Tao:6ai
xa: TtovouvTt Çvjv. Asp/ou oq oûv u.s U.IO'GOJTôV x x r '
àypàv,
Ttxvxa Û7ro(i.évsiv av èXd;xsvov UTCSO TOù r q v XTtXq'pcoTov sjx-Xq-
As oî AOITCOI
TùW jj.ï) [rscroTiAoàTtûv
'AQr|Vr É a , t
'sioù u.iv.po7TpenscrTepoi
msîSwvôi; TS
xx\ Fvt'cptovo;.
" i i p K (sO-Tt) [A 01
|XST0CVÎlTTaO-6«',
<7ï.t yaaTSca.
xoù Çqv
ItOVQUVTt.
avec dégoût de la commune nature ! Quant aux autres grands
riches d'Athènes, ils sont plus pingres que Pheidon et que Gnh
phon. L'heure est venue pour moi de m'expatrier et de travailler
péniblement pour vivre. Prends-moi donc comme journalier à
gages dans ton champ. J'accepterais d'endurer n'importe quoi
pour emplir mon ventre insatiable.
Aq oov My_o\> p.s
U.K7ÔWTÔV
x a t à àypbv,
av è).ôu.svov
i;ro[iivEiv
Tiâvra
Û7làp TOÛ
Èut.TcX'rliTai
Tqv yooTTÉpa
âTrAqpwTov
119
D-'autre-part, les autres
des-o/ens non médiocrement-riches
à-Athènes
sont plus-parcimonieux
que Pheidon et
aussi Gniphon.
Le-moment est à-moi
de-me-déplacer
et de-vivre
travaillant.
Certes, donc, reçois moi
pris-à-gages
dans ton champ,
moi, d-'aventure, ayant-choisi
de-supporter
toutes-choses
pour le
remplir
l'estomac
insatiable.
ANALYSE DU « SONGE »
Les derniers mots de cette courte et sémillante pièce oratoire,
très précieuse pour la biographie de Lucien, permettent d'induire qu'elle fut prononcée par lui à Samosate, sa ville natale,
lorsqu'il y revint à la suite de ses excursions en Grèce, en Italie
et en Gaule. Tout ce qu'on sait de sa famille et de son adolescence, c'est ce qu'il en a laissé échapper, avec une complaisance
et une grâce infinies, dans cette aimable, sinon très modeste, confession : on fixera surtout l'attention sur certains faits qui ne peuvent être révoqués en doute, tant l'accent du narrateur est sincère.
Quoiqu'il soit muet sur le métier de son père, il paraît plausible que celui-ci exerçait une profession demi-manuelle. On conjecture qu'il n'était guère fortuné et qu'il se décida de bonne
heure à se débarrasser de son héritier en le mettant en apprentissage {Songe, 1). La femme de Sévérianos appartenait, de son
côté, à une famille d'artisans, étant fille d'un fabricant de statuettes et sœur de deux braves garçons qui continuaient l'occupation paternelle {Songe, 2 et 7). C'étaient donc, au total, des
personnes d'humble condition, mais laborieuses et actives, peu
instruites, peu ambitieuses, mais capables à tout le moins de
gagner exactement leur pain, à force de persévérance et d'éconcmic : et cela même est un éloge assez rare. Ce serait chose hardie, à coup sûr, que d'essayer de démêler quels éléments de probité future et de succès de bon aloi cet enfant du peuple dut à son
entourage, au point de vue intellectuel et moral. Pourtant, observe
avec finesse M. Maurice Croiset, il est du moins loisible de noter
ceci : « La sincérité est un des traits dominants de son caractère ;
or, il n'en a pas pris le goût dans les écoles de rhétorique, ni
même auprès des philosophes qu'il fréquenta plus tard. N'est-il pas
naturel de rapporter l'honneur de cet instinct à ces pauvres gens
de Samosate, dont l'influence lointaine aurait eu ainsi bien plus
de part qu'ils ne pouvaient le soupçonner eux-mêmes aux destinées brillantes de leur fils? » — Oui certes, l'hypothèse est rationnelle. Il y eut chez Lucien, dès l'âge le plus tendre, un fond solide
123
ANALYSE DU SONGE.
ANALYSE DU SONGE.
d'honnêteté et de sains principes que ne purent entamer les roueries
de la sophistique.
Il resta près de ses parents jusqu'à sa quinzième année environ ; il suivait l'école primaire, où il ne marquait point précisément par une application assidue. L'espièglerie des bambins est
identique à travers les siècles. Ni plus ni moins que ces modernes
écoliers, intelligents et éveillés, dont l'ennui sculpte d'ingénieux
bas-reliefs sur les planches des tables et des bancs, ou crayonne
en marge d'un cahier soit la caricature du maître, soit telle ou
telle scène de fantaisie, le jeune Lucien, dès qu'il ne se croyait
plus sous l'œil sévère du magister, s'amusait, au lieu de travailler,
à racler un peu de la cire de ses tablettes et à modeler des bœufs,
des chevaux; parfois même, parZeus! il figurait des hommes; le
tout avec une précoce adresse, au dire du père. Ces efforts artistiques hors de saison lui valurent, de la part de son instituteur,
mainte correction corporelle. Il connut la verge cinglante et les
soufflets sonores : c'était l'époque où l'on fouettait, et ferme, pour
châtier les moindres délits enfantins. — Et c'est ainsi que la fantaisie et l'instinct d'observation germaient chez Lucien, avant qu'il
sût écrire ou parler correctement.
A peine a-t-il achevé ses études élémentaires que son père, ravi
des dispositions du marmot, le destine de but en blanc à la carrière de sculpteur. II le confie aussitôt à un oncle maternel, sculpteur lui-môme de son état, avec force compliments à l'adresse de
celui-ci, et avec mission de faire de son apprenti un artiste. On
verra l'accident de la tablelte de marbre brisée, la déconvenue du
gamin et la pitié de cette bonne mère, un peu faible, qui donne
tort immédiatement à son frère. — On se résigne enfin à laisser
reprendre au jeune déserteur d'atelier le cours de son éducation
littéraire, fût-ce au prix de mille sacrifices; et, Samosate n'offrant
plus les ressources indispensables, on est obligé d'expédier le
rebelle en lonie {Songe, 3, 4).
Telles sont les confidences que Lucien en personne livre au
public sur ses débuts — dont il n'est pas trop mécontent, —
débuts d'enfant terrible, un peu bien gâté. Puis, pour nous peindre au vif l'étrange et prestigieuse fascination par laquelle la Littérature dominait dès lors son esprit, bien qu'il la connût de nom
seulement, il emprunte le cadre d'une sorte d'allégorie comparable à celle que Xénophon, d'après Prodicos, a longuement détaillée en ses Mémorables, quand il montre Héraclès, au printemps
de son âge, sollicité tour à tour par le Vice et par la Vertu rivalisant de promesses. Dans un rêve, la Rhétorique — car c'est là,
semble-t-il, le juste sens qu'il convient d'attribuer au terme
assez vague dont il se sert, IIai5e:x {['Education), — la Rhétorique se dévoile à ses yeux éblouis, l'interpelle comme une séductrice habile et pressante, lui annonce monls et merveilles. En ce
siècle, effectivement, l'art des rhéteurs est à son apogée : on se
flatte d'arriver à tout en imitant leurs méthodes. A travers tout le
monde hellénique, à Antioche comme à Éphèse, à Smyine comme
à Athènes, partout on entonne leurs louanges, partout on prône
la fortune, l'influence, l'éclat retentissant des grands virtuoses du
langage. De ces acclamations l'écho s'était répercuté jusqu'à la
lointaine Samosate : il parvint aux oreilles de ce jeune homme
ardent, fougueux et présomptueux comme un fils do famille. Lucien
guettait l'occasion de se lancer sur la trace de ces beaux parleurs :
il se faisait fort de conquérir, comme tant d'autres, honneur et
profit en Asie et en Grèce. Avec l'étourderie de son inexpérience,
il se précipita dans la route large ouverte où l'attirait sa vocation.
Qu'il nous suffise d'ajouter que le Songe renferme, en outre, le
témoignage d'un séjour qu'il fit, une vingtaine d'années après,
vers 162 ou 163, dans sa petite cité natale, tout heureux et tout
fier de montrer à ceux qui l'avaient bercé ou fait sauter sur
leurs genoux jusqu'à quel rang il s'était élevé par son énergie et
son mérite personnel, très désireux aussi (la faiblesse est commune!) d'étonner ses concitoyens par sa prospérité récente [Songe,
18). 11 achève en se proposant aux jeunes gens studieux comme
un modèle de ténacité victorieuse, de volonté couronnée de chance.
« La fortune, certifie un vieil adage, accorde le succès à ceux qui
osent. » Lucien l'a vérifié pour son compte.
La facture de ce fragment d'autobiographie est exquise, vive,
élégante et soignée à souhait. Le ton est tour à tour pétillant de
gaminerie ou empreint de gravité souriante. On ne saurait rien
imaginer de plus charmant.
122
IIEPI TOT ENYIÏNIOY
LE SONGE
HTOI
ou
BIOS AOYRIANOY
VIE DE LUCIEN
Le père de Lucien délibère avec ses amis sur la carrière qu'il
convient de faire suivre à l'enfant. — Dur et prompt apprentissage chez l'oncle statuaire, — Évasion émouvante.
[ l ] "Àpxt u.£v ÊTC£7raop.Y|V eiç TX SioxcxaAeïa CDOITOJV, 7]07]
TTJV YjAixiav TcpôcTiëo; wv, ô SE iraTYip IffxoTceÏTO JJ.ETO: TôJV
xi'Aojv o Tt xat S'-Sâ^aiTo JJLE, TOû; TrAet'oTOiç oùv êooije TcacSeta
u,sv xat TCÔVOO TTOÀAOù xa't v-pévou piaxpou xal SaTcâvTjç ou
u.ixpà; xat TûV^Y,; oEToriat AauTcpaç, Ta S' 7]U.ÉT£pa ixtxpoc TE
Etvat xat rayetâv r i v a TVJV ÈTctxoupi'av aTtatTEiv ' et bi Ttva
TÊ/vYjv TôJV pavaùccov TOûTOJV lxu,af)otu.c,
TO USV TtpôjTOv
Le père de Lucien délibère avec ses amis sur la carrière qu'il convient de
faire suivre à l'enfant. — Dur et prompt apprentissage chez l'oncle statuaire.
— Évasion émouvante.
[1] Tout récemment j'avais cessé de fréquenter les écoles, et mon
âge atteignait déjà l'adolescence, lorsque mon père examina avec
ses amis ce qu'enfin il me ferait apprendre. La plupart donc estimèrent qu'une haute culture littéraire exige un long travail, beaucoup de temps, des frais considérables et une fortune brillante;
or, notre condition était mince et réclamait, à bref délai, l'assis-
Le père de Lucien délibère avec ses amis sur la carrière qu'il convient de
faire suivre à l'enfant. — Dur et prompt apprentissage chez l'oncle statuaire.
— Évasion émouvante.
[1] "Apxt ah
iitE7iaûp,r|V ipotTwv
sic rà SiSaaxaXEÏa,
à^S-q wv 7tpdo-r]ëo;
xrjV -qXtxtav,
Se o racrqp
ICTXOTOCTO
gSTa TWV tptXwv
S Tt xa\
StSâSatTÔ pis.
Oviv Ttaiost'a pèv
eSo^s Totç TcXela-rotç
SEîcrôai
xat TCOXXOû TEôVO'J
xai xpdvou ptaxpoû
xai SaTtâvqç où [uxpâcî
xat TùTXI; Xaprapâe,
8s va -qgsTspa
stvat p^xpâ TE
xat aTraiTEtv
Tqv èvttxouptav
ttvà TayEÎav "
SE et èxp.à9otp.t
Ttva ti'/yw
TOÙTWV TWV [ïavaôcrwv,
tance d'autrui; si, au contraire, j'apprenais quelque métier d'ar-
[liv TO 7tpwT0V
tisan, d'abord je tirerais tout de suite de ce métier, pour moi-même,
EùGÙî av s'y/jcv aÙTo;
[1] Récemment, d'-une-part,
j'-avais-cessé fréquentant
dans les écoles,
déjà étant adolescent
quant à l'âge;
d'-autre-part, le (mon) père
examinait
avec les (ses) amis
ce que enfin
U-ferait-enseigner à-moi.
[part,
Donc, i'-instruction-libérale, d'-unesembla à-la plupart
avoir-besoin (réclamer)
et de-beaucoup de-travail
et d'-wn-temps long
et d'-tme-dépense non petite
et d'-une-fortune brillante,
et,-d'-autre-part, nos-affaires
être petites et
aussi exiger
le secours
wn-certain prompt;
mais,-au-contraire, si /-apprenais
quelque métier
de-ces-mé^'ers des artisans,
d'-une-part, d'abord je pourrais
aussitôt,d'-aventure,avoir moi-même
126
IIEPI TOT ENÏIINIOÏ.
EÙÔÙç av XOTôç E/EIV TX XOXOUVTX rcxpx TYJç; TET/VY|Ç xai u,Y|X£T
LE SONGE.
r a aoxouvTX
7
t
x
p
à
T
V
)
;
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z
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y
y
r
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olxôdixoç ESVX'. TY|XixofiToç uiv, oùx etç axxpxv Sa xai T/ûV
xi'; p.ï]xÉTC stvai
7caTÉpa eùcppavîtv XTrocpspwv àet TO yiyvo'fXEvov. [2] AEUTspxç
tôvTflXixouTo;,
SE oùx si; piaxpàv
EÙçpavetv
xat TOV icaTspx
airaçlptov à si
TO ytyv6|XEV0v[2] Obv àpyvj
SsuTÉpa; cxééyEto;
OLXOCITO;,
oùv CXEIVSW; xpyy/] TcpoùxÉÔT], T(ç xpfcr-q TôV IEV/VCOV xai
paoTYj SX(J.X6E"CV xai àvSpt iXeuôépw rcpÉTrouffa xxs Trpôj^Eipov
'év/oucx TYJV *yopY|yc'av xoc! oiapxTj TôV Tro'pov. "AXXou TOtVUV
XXXY|V ÉTiatvouvTOç, w; EXXCTO; yvwpvqç 7] èpvrcEtpt'aç. £!Y£V, 0
TCpOETÉÛT),
T!{ (ÈCTlv) àpiCT'C
TCXXYJP d ; TOV 6E?OV XTTIOCOV (TrxpYJv yap b Trpbç (Jt/crpc; ôstoç
âp'.cro; éoaoyXocpoç eivac Soxôv) • « Où 6Épv.; », EITXEV,
« OXXYJV TÉ^VYJV £7rixpxTEtv cou TtapôvToç, àXXà TOUTOV àys »,
TCOV TE^VÔV
v.at pâcTr)
Èxu.a8stu
xac TrpÉTrooca
àvSpi èXsuospco
y. ai ïXOVGOL
les ressources suffisantes, et je ne serais pius à la charge des
miens, à l'âge que j'avais; puis, avant peu, je pourrais aussi
faire plaisir à mon père en rapportant chaque jour le salaire que
je toucherais. [2] Or donc, un second point, dans cette délibération,
fut mis sur le tapis : quel est le meilleur des métiers, le plus
Tï",v y;opï]yiao
irpôyçsipov
xat TôV iropou
Stapxïj.
Toivuv aXXou
sTcaivoCivTo; aXXvjv,
to; Êxacro; Etysv
yvtop/o,; ï| âp.TCEtpt'a;.
ô 7iaTï]p aTciScov
facile à apprendre, celui qui convient à un homme libre, entraîne
si; TôV ÔEVOV
des dépenses accessibles, et subvient aisément aux besoins? Alors,
(yàp ô Ôsîo;
Tcpô; pvyrpb;
rcap-?|V,
chacun vanta tel ou tel art, selon son humeur ou son expérience;
mais mon père, fixant les yeux sur mon oncle (car mon oncle
Soxtôv SlVXt
aptaTo; êp[j.oy).ùço;)
maternel assistait au conseil, et il avait la réputation d'être un
ce aXXirçv tlyyr^
très habile statuaire) : « Il n'est point juste, dit-il, qu'un autre
« Ou 6Épx; (èOTIV) »,
Ê7T!XpaTS!V,
cou irapôvTO;,
art ait la suprématie quand vous êtes là; mais emmenez ce
aXXà ays TOùTOV, »
S'.TTEV,
127
les-ressources suffisantes
provenant-de l'art
et ne-plus être
mangeant-à-la-maison,
étant de-cet-âge [aussi âgé).
d'-autre-part, non dans long-temps
je pourrais devoir-réjouir
aussi le (mon) père
en-rapportant toujours
le-salaire me-revenant.
[2] Donc, fe-principe
d'-un-deuxième examen
fut-mis-en-avant :
quel est le-meilleur
des arts
et le-plus-aisé
«-apprendre
et convenant
à-un-homme libre
et ayant
la fourniture
à-la-portée-de-fous
et la ressource
suffisante.
Or, un-autre (chacun)
louant un-autre-arf,
comme chacun se-trouvait
d'-opinion ou d'-expérience,
le (mon) père ayant-regarde
vers l'oncie (mon oncle)
(car l'oncle
du-côté-de ma-mère
était-présent,
passant-pour être
un-très-bon statuaire) :
te Non justice est », dit-if.
« un-autre art
l'-emporter,
loi étant-présent,
mais emmène celui-ci, »
128
flEPI TOT ENTILNIOT.
LE SONGE.
(Bgilja; é p i ) , « x a ! Stoacxs x a p x X a o w v Ài'Gtov èpyxTTrv àyotGov
eivat x a i cuvapp.o<7T7jV * ouva~at yxp xxî TOUTQ, cpu<7£o>î y s ,
OJ; o ï u ô a , Tuycov ostuàç. » \ET£XJJ.X!SSTO SI Taîç; l x TOO xvjpoD
xaiSiaïç; ' ôTTOTS yxo àcDSÔsirjv urcô TùîV BcoxffxxÀwv, à x o l é w v
av xbv xvjpôv àj Sdaç àj ï x x o u ç YJ x x t , v?j A i , àvGptoTtouç
a v s x X a T - o v , E'IXOTWç, OJç éSôxouv TGJ x a x p t ' ls>' oîç x x p x pisv
Tùiv oi5ao"xaÀo)v xA-eyàç; IXap-ëavov, TôTE SE s x x i v o ; I ; TïJV
eùoufav xxi TXîJTX TJV, x a l ypï]<7Txç slyov é x ' i\x.o\ xàç ÊXxiBxç diç sv P p a y s ï pa6v)(JO l aai TYJV x g y v q v , à x ' EXS(VT|<; y s
^ î
xXaUTtX7]Ç,
[ 3 ] "Apia Tg oùv IxiTVjo'etoç SOOXE'. rjutépa Tgy'vvjç I v a p y e -
garçon (il m e désignait), chargez-vous de lui, et enseignez-lui à
être un b o n tailleur de pierres, un bon ajusteur : il le peut, car il
est d o u é , comme vous le savez, d'heureuses dispositions naturelles. » II a u g u r a i t cela d'après les objets de cire que j e fabriquais
(ôÊi?a; é p i ) ,
« x a i TrapaXaëièv
Siôaxxe (aùvov) slvou
àyaêbv èpvàr/|v Xifltov
xai (ruvapjxoaTïjv •
yàp SôVûCTO»
x a \ TOVTO,
TUytiv ys,
wç oTcGa,
q>ùa-ewç Seliiaç. »
As èrexaatpETo
Taîç îraiStaîç
éx TOù xrjpoô •
y à p QUOTS
«çeâei'ïiv
ùXQ Ttîiv StSacrxâXwv,
axoléwv TôV xï]pôv
av àvÉTcXarrov
T) fldaç ï| fxxou;
v) xa'i, VY| A ta,
àvOpujTtooç,
sixÔTtoç,
IOç ÈSdxouv toi x a v p î eut o'ç psv
èXàpëavov xX-çyàç
x a p à TûV SiSacrxiXwv,
en j o u a n t ; en effet, c h a q u e fois que m e s maîtres m'avaient lâché,
Se TôTS
il m'arrivait de racler la cire de m e s tablettes et de modeler soit
x a \ vaùra r]v Èrtaivaç
Èç Tr)V EÙcpuiav,
des bœufs, soit des chevaux, soit m ê m e , p a r Zeus ! des h o m m e s ,
et fort gentiment, au g r é de mon p è r e ; à propos de quoi m e s
professeurs m'adjugeaient des t a l o c h e s ; mais aujourd'hui,
cela
m ê m e devenait un sujet d'éloges, u n e promesse d e talent précoce, et tous fondaient s u r moi de belles espérances, persuadés
que j'allais a p p r e n d r e a u plus vite m o n métier, après ces merveilleux essais de plastique !
[3] Donc, à peine était venu le jour q u i semblait favorable à un
x a i EI^OV yp-çarà;
va? èXxîoaç
ÊTÙ Ipot,
wç pa6iç(rop.at
Trjv vÉy_VT)V
sv (xpôvco) (Bpayeî,
ye à«o
èxeivçç TT)ç TcXaxTixr^.
[3] Oùv oipa TE
(Y;) vipipa èSôxet
ÊTtlTrjSElOÇ
LUCIEN. — Extraits.
129
(ayant-montré m o i ) ,
« et, ayant-pris-avec-wï lui,
enseigne lui «-être
tin-bon ouvrier de-pierres
et ajusteur :
car ii-peut
aussi cela,
ayant-obtenu du-moins,
c o m m e fw-sais,
im-naturel adroit. »
Or, il-conjecturait
d'après les jeux
de la cire :
car, lorsque
j'-étais-lâché (mis en liberté)
par les (mes) maîtres, *
raclant la cire,
d'-aventure je-façonnais
ou des-bœufs ou des-chevaux
ou m ê m e , oui-par Zeus,
des-«hommes,
avec-ressemblance,
comme fe-semblais au père : [part,
à-propos desquelles-c/ioses, d'-uneje-recevais des-coups
de-la-part des maîtres,
mais alors
m ê m e cela était im-éloge [positions,
à-l'-adresse-de les(mes)heureuses diset f/s-avaient bonnes
les espérances
à-propos-de moi,
à savoir q u e / - a p p r e n d r a i
le métier
en un-temps
court,
du-moins par-suite-de
[que).
ce modelage (ces essais de plasti[3] Donc, en-même-temps et
le j o u r semblait
propice
9
130
11EP1 TOT ENÏHNIor,
LE SONGE.
GÔat, xàyo> 7xocp£3i8ou,TjV xcu 8EUO pvy. TôV M' où coôopa XôJ
svâpy_E<x9ai viyyr^,
xal £Y<» 7tapsStôâ|rY]v
Tcp?.yu,7.T! àyôôusvoç, àXXcr. u.oi xal Ttxtototv xtva. oùx axepTtT)
Tû
ISôxst svstv xal TTpbç xoùç tqXtxtojxaç ETUSEIçIV, et cpaivoipt-qv
Osooç xe yXôi-wv xal àyxXpvxTtx xtva pvtxpà xaxao-XEuàilwv
£u.auTàJ xe xâxeivoiç ol; Tcp07|poùt/.7)V. Kott xb ye itptnxov
exsïvo xb xal covrjOeç xotç àpyyoutévoic. iyt'yvsxo • lyxoTrèa yàp
xtva fiot Sobç 6 Qeïoç éxéXsucé [xot 7|p£[/.x xaQtxsaxlai TcXotxbç èv
pesai xetu.évr|C, ETCEITOùV xb xoivbv « apy/q SE xot ïj[/.t<iu xcavxdc » . SxXTjpÔTepov Se xaxsvEyxbvxoc ôTC' àTcstptaç, xaxEâyq
pùv ïj TcXà^, S 3k àyavQtxxrjda; erxuxotXï|V xtvà TcX-qdiov XEiptévqv XaSwv, où irpxox; oùSk TcpoxpeTcxtxàJç pou xax-qp^xxo,
6E:W,
pà xbv A t'a
oux ày_9ôfXE:voç trçoÔpa
xt;i Ttpâypaxi,
à)Aà èfiôxet EY.eiv p-oi
xaî xtva TtaiSiàv
oùx âtEpTr?,
xal ÈTrtSsi^tv
7tpbç. xouç xO.ixttoxas,
si çatvotpirjv
yXùçtov xs fJsoù;
xal xaxao-XEuâïtov
riva pixpà àvaAp,axcà
TE êpaurcp
xal ÈxEtvotî
Ot; irporjpoop.ri'v.
K a l xb îxptîixôv yE
sxîtvo xb xal o-ùvçfjs;
xoî; àp^opsvotç
début d'apprentissage que j'étais confié à mon oncle, et, non
certes, par Zeus, je n'étais pas trop ennuyé de la chose, mais je
pensais me livrer à un jeu assez agréable, et qui me fournirait
un moyen de célébrité parmi les camarades de mon âge, quand
on me verrait sculpter des dieux et fabriquer de petites statuettes
pour moi-même et pour qui je voudrais. Mais, pour commencer,
m'advint le mécompte habituel aux débutants : mon oncle me
donna un ciseau et m'ordonna de dégrossir doucement une tablette
placée à ma portée; il me rappelait, en outre, l'adage ordinaire:
« Ouvrage commencé est à moitié fait. » Or l'inexpérience me
fit porter un coup trop rude : la tablette se brisa, et lui, furieux,
saisit un bâton à gros bout qui se trouvait près de lui, et m'initia
d'une façon qui n'avait rien de clément ni d'encourageant, en
Èyt'yvExo "
yàp b Oslo?
Soùc pot xtva ÈyxoTXÉa
IxlbsuffÉ pot
xa9ixéo-9ai vjpépa
Tr),axbç xstpÉvviç èv péc/t.),
ÊicEtitùv xb xotvbv
« SE xot àpyjr\
(èo-xtv) TJpto-o Ttavxôç ».
Ak (Èpoô) xaxEvsyxovxoç
trxXvjpéxEpov
viTcb arcEipiac,
pkv Tj itXà?
xaxEotYn,
SE O àyavaxT^iraç,
Xaëeov xtva ?xuxâXY)v
V.EtpÉVYlV 7r>.ïjo-tov,
xaxïjp^axb pou
Ou npatoç
131
yJOMr-commencer /e-métier,
et-moi j'-étais-livré
à l'oncle,
non-certes,-par Zeus,
non-pas fâché fort
de-la chose,
mais ede-semblait avoir pour-mo
aussi wn-certain jeu
non sans-attrait
et Mn-moyew-rfc-notoriôté
vis-à-vis des camarades,
si /-apparaissais
sculptant et des-dieux
et fabriquant
certaines petites statuettes
et pour-moi-môme
et-pour-ceux
à-qui je-préférais en sculpter
Et d'-abord du-moins
cette-c/tose aussi familière
aux commençants
se-produisait :
car l'oncle,
ayant-donné à-moi un ciseau,
ordonna à-moi
de-toucher (dégrossir) doucement
wrae-tablette placée au milieu,
ayant-ajouté le commun proverbe :
« Mais, certes, commencement
est moitié de-tout ».
Or, moi ayant-porté-en-bas un coup
plus-rudement qu'il ne fallait
par inexpérience,
d'-une-part, la tablette
se-brisa,
[fâché,
et,-d'-autre-part, celui-ci, s'-étantayant-pris un bâton-à-gros-bout
placé tout-proche,
initia moi
non doucement
132
LE SONGE.
IÏEPI TOT E N r n N I O Ï .
otaxe Saxpuâ \J.OI x à Tcpooipua xvjç xé^yY|Ç, [ 4 ] ' A i r o o p à ; oùv
133
ni de-façon-encourageante,
en-sorte-que les débuts
du métier
TYJîXiXV*)?
avoir été pour-moi cfes-larmes.
(yïyovÉvat) pot Sâxpoa.
[4] Donc, m'-étant-enfui-secrètement
[4] Oov ànoSpàç
de-là,
/-arrive
SXEî6EV, àpixoOjxat
à
la
maison
ÈTÙ xr)v olxt'av
sanglotant d'-une-façon-continuc
àvaXûÇtov <7uvî7_èî
et presque-plein de-larmes
xoù ùîtÔTC/.EWç, Saxpéoov
quant à les yeux,
xoùç. ôç>6a).goùç,
xaî SiYiyoûgai TYIV trxuTHÀ-qv, et je-raconte le bâton-à-gros-bout,
xat èôEÎXVUOV TOU; geéXcoTtaç, et je-montrais les meurtrissures,
où8s 7rpoTpETraxc3;,
(OCTTExà TCpOOÎpia
IXEIÔEV hà
XYJV olxt'av
aa>ix.voou.at
suvevàç
avaXtiÇwv x a t
oaxpuwv TOUç ôffiOaXu.oùi; G7COTCXSWç, xat oiYjyouu,ai xvjv rrxoxàXT|V, xat T O ù ; puAXwTta; èSstxvuov, x a t xax7|y6pouv TT&XXTJV
Ttva (hu.oTT|Ta, itfotrOslç o'xt ùTCO <p6ôvou x a ù x a ÊSpacs, p/q
aûxov ùx;E.pëàXcop.at x a x à TYJV T2YVT|V. 'Ayavaxxrjc;apivYj(; ôà
xvjç
pvqxpôç; x a t TtoXXà xcS aosXifùJ
vu? ETCTJXÔE,
xaxéSapôûv
sxi
XotSoprj(ïau.svY]C,
evSaxpuç
xat
xqv
èiret
crxuxâXTjV
ÈVVOÔJV.
Rêve de Lucien. — Discours de la Sculpture.
[5] MéXvot pÈv OYJ xoûxtov yEXàmpa xat u.eipaxicoSr| xa
Etp7ju.£va- t a pexà xatixa os oôxéxt sùxaxa<ppôvr|Xa, OJ avSpsç,
sorte que je préludai au métier par des pleurs. [4] Je m'enfuis
donc secrètement de chez lui, et je rentre à la maison, sanglotant
sans interruption et les yeux presque pleins de larmes ; et là, je
raconte l'histoire du bâton, et je montrais les meurtrissures, et je
xat xaTïiyôpouv
xtvà (jt>p.dTvrca itoÀAï)V
Tipocrfis'iç ô'xt
sSpaas xaùxa
ùrro cpôdvou,
gX ù7tEpëd<).tou,ou aùxov
xaxà Tï]V liyyqv.
As xrjç p/cxpoç
àyavaxTT|0-ap.Évri;
xat Xot8opï)<TapivY]ç iroAÀà
xôi aSeAixîJ,
È7tE'l VUS S7tîiX6£,
xaxÉSapOov EXI EvSaxpu;
xa'i èvvoùiv Tqv axuTCCAriv.
et j -accusais
«ne-certaine cruauté grande,
ayant-ajoutë q u e
i/-a-fait ces-choses
par envie,
de-peur-que je-ne-surpassasse lui
dans le métier.
Mais la {ma) mère
s'-étant-indignée
et ayant-fait-des-reproches nombreux
au (et son) frère,
après-que fa-nuit survint,
je-m'-endormis encore baigné-deet songeant au bâton.
[larmes
me révoltais contre cet excès de cruauté, ajoutant que c'est la
jalousie qui l'a fait agir ainsi, qu'il craint que je ne le surpasse
dans son propre métier. Alors ma mère, indignée, se répandit en
invectives contre son frère, et, quand la nuit survint, je m'endormis les joues encore humides, et songeant au bâton.
Rêve de Lucien. — Discours de la Sculpture.
[5] Jusqu'ici, ce que j'ai dit n'est que plaisanterie et enfantillages : mais ce que vous allez entendre ensuite n'est plus, messieurs, un récit qu'on peut aisément dédaigner; cela réclame, au
Rêve de Lucien. — Discours de la Sculpture.
[5] Mèv 8ï) (jiv.pi TOUXWV
xà eîpvjgÉva (etm)
yelàaiga xat ixeipaxuôSq •
Se, <u avSpEç,
àxovaîaÔï
xà gExà xaùxa
oùxÉxt êùxaxotippovYixa,
àXXà xa\ 8sop.Eva TCôVD
àxpoaxdJv tptVcxôajv
yàp tva
[5] D'-une-part, certes, jusqu'-à
les-c/toses dites sont
[ceci,
risibles et puériles :
mais, ô hommes,
uoits-entendrez
les-cAoses après ces-choses
non-plus méprisables,
mais même ayant-besoin tout-à-fait
d'-auditeurs disposés-à-écouter :
car, pour-que
134
135
IIEPI TOT ENÏIINIOY.
LE SONGE.
àxotiffscôs, àXXà xal irocvo auX7)xôtov àxpoaxojv dsôuxvx • /va
je-parle selon Homère,
« tm-divin songe vint
à-moipendant-le-sommeil [iiine) »,
au-cours-de ia-nuit immortelle {ditellement manifeste [clair),
OûTW; ivapyriç,
au-point-de n'-êlre-inférieur en-rien
(SffTS àîîoXEineiTÔat pvjSàv
à-la vérité : du-moins,-certes,
xvjç àXvjSsîai" yoûv
EV. xai psxà -roaoijTov ypôvov encore même après im-si-grand temps
et les formes
T£ Ta <?yji\l.tXTX
dès-choses m'-étant-apparues
TÔV tpavÉVTWV
demeurent à-moi
irapapsvEt peu
dans les yeux
sv ~oïç otpôaXpoïç,
et le son
xal vi çwvvi
T&v àxouaûévTwv
des-càoses ayant-été-entenducs
(èariv) È'vauXo; •
est résonnant-encore-dans-l'-oreille :
OUTW aaçrj xàvxa vjv.
tellement clair tout était.
[6] Aûo yuvaîxsç
[6] Deux femmes,
Xaëôpevai xaîv yiçiQÏv
m'ayant-pris pese-les-deux mains,
tiraient moi
EtXxÔv p£
chacune vers elle-même
èxaxépa 7tpôç ÊavTVjv
très violemment
pàXa fltaiwç
et fortement :
[faut
xat xapTEpâi;'
ce-qui-est-sûr,-c'-est-que, peu-s'-enyoûv pixpoû
effes-mirent-en-pièces moi
StsffTtâaavTÔ pe
auXoTtpoùpEvai xpô; àXXvjXas ' en-rivatisant l'une contre l'autre :
et, en-effet, tantôt, d'-aventure,
xai yàp àpTt pèv àv
l'une-des-deux i'-emportait
vj êrépa ÈTtexpâxEt
et pendant Ein-petit moment
xat reapà ptxpbv
avait moi tout-entier,
EtyÉ p,E 8Xov,
tantôt, d'-aventure, en-sens-inverse.
àpxt êè àv audtç
J'-étais-possédé par la seconde.
Eiy/ûpviv ùvcb vnz irépa;.
£7!es-criaient, d'-autre-part, chacune
'Eëôtov Se éxaxÉpa
l'une à l'autre,
[voulait
Tcpbç àXXvjXa;,
l'-une d'-une-part, que sa rivale
vj pèv, ilt; poùXotxo
acquérir moi
xsxTvjffSaî ps
étant d'-clle (lui
appartenant),
ô'vra aûxr|î,
l'-autre, d'-autre-part, que vainement
vj SE, (iç pàxïjv
sarivale s'-arrogeait (revendiquait)
àvTtirototxo
le 6ien-d'-autrui.
ttov aXXoTpiiov.
t\
\
r
D'-autre-part, l'-une. d'-une-part, était
A i- V
j psv v,v
yàp x a 9 ' "Opvrjpov E'/TTUJ,
« 9EïO; iioi èvvimov -rjXoev ovEipo;
àp.êpo<TÎr,,v S'.à véxxa »,
svxpyqç OUTOJC, ûKTTE u/qosv à7roXei7i£<rôac Tàjî aXTjOsiaç* e n
yO-ÛV XXI U,Exà TOffOÛTOV y_pOVOV XX TE <Jy_V]U.KTX p.01 TÛJV
apavévTOJv EV TGHîç ôa>OaXu.otç ïtapauivei xai vj (pcûvvj TOJV axoucÔévTiov svauXoç* Où'TW o-a^Tj 7râvxa àjv. [6] Atio yovaixE;
Xaêbu,£vai xaïv jrepofv elXxôv U.E Tcpô; Éaufrjv ÉxaTÉpa u.àXa
piai'ioç xat xapTEpàiç" jAixpoû youv u,e SiEffTiàcavTo rabç aXXrjXa; ajtXoTtu.ouu.Evai " xat yàp àoTt u,Èv àv ïJ Éxspa §7i£xpàr£c
xai 7tapa puxpàv ô'Xov sr/J, u s , àpxt Z àv aûôtç UTCO TTJç
ÈTÉpaç Eî^OUTJV. 'Eëoorv Zï arpôç àXX>]Xac ÉxaTÉpa, Vj JJ.EV, <î>ç
aÛTYj;
OVTX [as xEXTàjaOai
poûXotto, Vj SE, UJç PUXTïJV xùiv
àXXoTpi'wv àvTt7iototTO. *Hv Se Vj uÈv ÈpyaTtxï] xat àvSptxv) xai
contraire, des auditeurs très attentifs. En effet,pour parler comme
Homère,
« Un songe, envoi des dieux, m'est venu visiter
Pendant la nuit divine »,
vision si nette, qu'elle n'était nullement inférieure à la réalité : ce
qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui encore, et après tant d'années, les
formes des objets qui m'apparurent alors demeurent présentes à
mes yeux, et le son des mots que j'entendis résonne dans mon
oreille : tant tout cela était clair et distinct. [6] Deux femmes me
prirent par les deux mains, et elles me tiraient, chacune de son
côté, avec beaucoup de violence et d'énergie : peu s'en fallut
même qu'elles ne me missent en pièces dans cette rivalité mutuelle; car tantôt l'une l'emportait et me saisissait presque tout
entier ; tantôt, au contraire, j'étais au pouvoir de l'autre. Toutes
deux cependant s'apostrophaient bruyamment : l'une se plaignait
qu'on voulût s'emparer de moi quand je lui appartenais, l'autre
s'écriait qu'on prétendait à tort s'arroger le bien d'autrui. L'une avait
sijtto xaxà "Opripov,
« ôsïo; ovsipoç rjXÛÉv
pOS ÈVUltVtOV
Sià véxTa àpëpourov »,
136
IIEPI T O Ï ENYnNIOT.
LE SONGE.
au^u,7]poc TT]V xdjjLTiV, TW yitos. xûÀwv àvotTrAscoç, StEÇcoffuivr,
TïJV la-6T|xa, xtxàvou xaTocvé'u.oucra, otoç T|V b ÔEïOç, OTCOTS
féot xouç Xt'ôouç" 7] ètépa os u.âXa eÛ7ipo'r;a)7ioç xat xb ffv-qu.a
£UTrp£7r7]ç xat xôayuoç XYJV âvaëoXrjV. TéXe-ç S' oùv lauao-i' p.ot
oixaÇsiv Ô7xoxepa pouXot'u.7jv cruvEÏvai aùxcov. IJpoxepa os 7j
oTcXiripa lxsi'vY| xal àvopaJorjÇ. 'ÉXeSjev [7] « 'Ey<ï>, cpfte xcat,
èpyaxiXT) xal àvSpixù
xal aéY_(j.Y]pà
XT)V xb[AÏ]V,
avâTcXetoi; xbXwv
StsÇtocrfiivY) TT)V èa-6r(xa,
xaxaTÉpoua-a xixavou,
oîbî ô 9sïo; r\v,
O
T
T
ô
'
T
E
i
é
o
i
T
O
Ù
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X
f
9
o
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•
8è T| èxépa (r(v)
t
Epu.oyXucpiX7| XEV/VTI du,!, rjv p/9sç vjpljoj u.av6âv£tv, OIXEUX xé
erot xal cruyysvT]!; oïxoÔsv • S xs yào TxaTciroç cou » — s m o u c a
xouvou.7. xofj u.TjxpoTtàxopo; — « Xi6o£doç; TJV xal xd> 8eta>
ap.'poxÉpto xal jxaXa eùooxjjxEixov Si' 7)u.aç. E t 5' IQEXEïç XYjpœv JJLEV xa: œX7)va(ptt)v XôJV xcapa xaùxY|Ç aTrÉysaGat » ,
osî'çaca xrjv éxÉpav, —
—
a sTrsffôai os xal omvotxeiv saol,
l'aspect d'une ouvrière, les traits virils, la chevelure inculte, les
mains chargées de durillons, la robe nouée à la ceinture, et elle
était couverte d'éclats de marbre : tel était mon oncle, lorsqu'il
polissait les pierres; l'autre avait un fort beau visage, une prestance noble, une mise soignée. Enfin, elles me laissent donc libre
de décider à laquelle des deux je voudrais in'attacher. La première, celle qui avait la figure dure et mâle, me dit : [7] « Moi,
JiâXa £Ù7tpÔ(T(OTtOÇ
x a l swpsiiï|î xb (Tyrjpa
x a l xoc-gioç XTJV àva@oXr,v.
Aè obv TEXOç ècptàax poi
SixâÇew ôuoxÉpa abxûv
pouXot[iir)7 auveïvat.
Aè sxsfvvi ïJ axXïipà
x a l àvôpti8ï)ç
èXe^ev irpoxèpa [7] « 'Eyà>, cpcXe irai, EÎJJ.1
zèyyr\ 'Ep[j.oyXiiçiXïi,
Tjv rjpè> vftèe.
|xav6âv£tv,
(oboâ) coi oîxeia XE
xal ffuyyevï]ç oîxo9ev '
yàp o xs iraTriroc (TOO »
— EÎitoûffa xb ô'vou.a
xoO jAïixpoTcâxopo; —
a •yjv XtÔo^boç
x a l ajAçoxÉpco xw 9eio)
x a l eù8oxip.sÎTov
cher enfant, je suis l'art de la statuaire que, hier, tu as commencé
gâXa Sià rigâç.
à apprendre : je suis de ta famille, de ta parenté, de ta maison,
Aè sî èflÉXEtç àTO^EaSat
Xïjp(ov y.èv
xal çX'(]vâ<ptov
car ton grand-père » — et elle prononça le nom de mon aïeul
maternel — « était sculpteur ainsi que tes deux oncles qui, tous
xwv ixapà xabxïjc »,
deux, ont acquis un renom distingué, grâce à moi. Si tu veux
— SsiÇaa-a xviv Ixipav, —
« Se EU£ff9at (goi)
xal auvoixîïv èjxol,
Tcpàixa gèv
rester sourd aux radotages et aux sots bavardages de cette
femme », — elle me désignait l'autre, — « pour me suivre et vivre
137
ouvrière et virile
et sale
quant à la chevelure,
pleine-de durillons
quant aux deux-mains,
ceinte quant au vêtement,
chargée-de marbre (en éclats),
tel-que l'oncle était,
lorsque if-polissait les pierres;
d'-autre-part, l'autre était
très belle-de-visage
et noble quant à l'extérieur
et décente quant au port-du-manteau
Donc, enfin, elfes-permettent à-moi
de-juger «oec-laquelle d'-elles-deux
je-voudrais être-en-relalions.
Alors, celte-femme rude
et virile
dit fa-première-des-deux :
[7] « Moi, cher enfant, je-suis
f-art de-la-statuaire,
lequel tu-as-commencé hier
à-apprendre,
étant à-toi de-la-famille
et parente de-la-maison :
car le grand-père de-toi »
— ayant-dit le-nom
de-l'aïeul-maternel —
« était sculpteur
et tous-deux les-deux oncles
et ils-ont-eu-bon-renom-tous-deux
beaucoup grâce-à nous.
Mais si tw-veux t'-abstenir
des-radotages, d'-u ne-part,
et des-niaiseries
les de-la-part-de celle-ci »,
— ayant-montré l'autre, —
a mais,-d'-autre-part, suivre moi
et habiter-avec moi,
d'-abord, d'-unc-part,
138
LE SONGE.
I1EPI TOÏ ENÏ1INIOÏ.
7rpû>TX [iiv Opsd/yj ysvvt>cû>;, xal xoùç (ufiouç eçetç xaûxspoùç,
tpQôvoo 8s 7ravxbç àXXoxoio; sav], xat
aXXoSotTTrjv,
T-/]V
Tuaipioa xal
TOù?
Oû'TTOTS
arcet £7cl
TTJV
oixswuç xaxaMmév ' oùôs
S7rt Xôyotç sTtatvssovxai' as Travxsç. [8] Mv\ [xucavôr,? 8s xou
6psxf/Yj Y s w t x d i ; ,
xal !£s5ç
xoùç à>'u.ouç xapxspoù:,
os é'ffï) àxXdxpioç
itavxbç çGdvov,
xal OUTCOXS àitsi
èm TTJV alAoSainny,
C^TrjjiaXOÇ TO SUTsXÈç p.T|8s T7)Ç SfjÔTjTOÇ TO TtlVapOV * aTÏO yàp
TOEOùTOJV
epu.oSp.svoc xal <I>si8taç Ixstvoç eosiçs xbv A t'a xal
IloXuxXstxo; X7jv "Hpav sîpyxaaxo xal Muptov £Trjyvs8r| xal
npxtj(xsX7]ç è0aup.âo-8Tj * Tcpocxuvorjvxat yoOv ouxot p,sxà xtov
8sàVv. Et otfj
TOùTOJV
sic ysvoto,
Ttapa Tcactv avôpwTco'.ç oo^stç,
TCôJç
où xXstvôç psv aùxoç
^ïJXWXOV
8s xal xbv Tcaxeca
a7ro8etç£tç, TCSpt'SXsTcxov os àirocoavsiç xal XTJV iraxotSa; »
avec moi, d'abord, tu te nourriras solidement et tu auras les
épaules robustes ; puis, tu seras à l'abri de toute jalousie, jamais
tu ne t'en iras voyager à l'étranger, abandonnant ta patrie et tes
proches; et ce n'est pas pour de vaines harangues que tous
publieront tes louanges. [8] Ne prends pas en haine l'humilité de
mon extérieur, ni la malpropreté de mes vêtements : partant de
ce modeste point de départ, l'illustre Phidias a fait paraître son
xaxaXwtùv Tï|V Ttaxptoa
xal xouç OIXEIOU;oùSà èTIî l o y o i ;
7câvxeç sTiawéffovxa! as.
[8] As p.T| p,vaax9^Ç
TO sùxeXè; TOô a-/r) pt. a TO;
(Axjôè xb mvapbv
TT); saôfixoç '
yàp appui p.sva;
àïrà xocouxiov
xal sxeïvoç, (à) «bsiolaç
'gSedjs xbv Aux
xal no^TJxXsiToç
sipyâaaxo xvyv "Hpav
xal Mupcov àirr|Vs8ï(
xal IipaïcrsXTjç
è6aupwxa6ï) •
yoûv ovxoc
itpoxxuvouvxai
piexà xtov SsâivAï) si ysvoio
sîç xouxwv,
rao; ou boi-ei;
Zeus, Polyclète a créé son Hèra, Myron fut comblé d'éloges, Praxi-
XÎ.SLVOC p.èv a ù x b ;
tèle conquit l'admiration publique : on révère assurément ces
Ttapà iraaiv àvBptinotç,
Ss àuo8st^e!;
artistes à l'égal de leurs dieux. Si donc tu deviens l'un d'entre
eux, comment ne seras-lu point toi-même réputé glorieux parmi
tous les hommes, comment ne rendras-tu pas ton père digne
d'envie et ne fixeras-tu pas tous les regards sur ta patrie? »
xal xbv itaxspa
ïï)),wxbv,
Ss àitoçavsî;
xal Xï)V TjaxptSa
ïXspîêXeTTXov ; »
139
iu-seras-nourri noblement
et iw-auras
les épaules fortes,
et,-d'-autre-part, iw-seras étranger-à
toute envie,
et jamais tu ne t'-en-iras
sur la terre-étrangère,
ayant-quitté la [ta) patrie
et les {tes) proches :
et-non-pas à-propos-de discours
tous loueront toi.
[8] D'-autre-part, ne hais pas
la vulgarité de-1' {de mon) extérieur
ni la saleté
du {de mon) vêtement :
car s'-élançant
de tels-de'6wis
et ce-grand Phidias
montra le Zeus
et Polyclète
produisit-par-son-travail la Hèra
et Myron fut-loué
et Praxitèle
fut-admiré :
ce-qui-est-sûr,-c'-est-que ceux-ci
sont-adorés
avec {à l'égal de) les dieux.
Certes, si tu-devenais
un de-ceux-ci,
comment ne passeras-tw-pus-pour
illustre, d'-une-part, toi-même
citez tous Zes-hommes,
d'-autre-part, Zu-montreras
aussi le {ton) père
digne-d'-envie,
et,-d'-autre-part, Zw-feras-voir
aussi la (ta) patrie
célèbre? »
140
IIEPI TOT ENX11NIOÏ.
LE SONGE
Discours de la Rhétorique. — Ses arguments convainquent aisément
le jeune Lucien de sa supériorité sur la Sculpture.
Discours de la Rhétorique. — Ses arguments convainquent aisément le jeune
Lucien de sa supériorité sur la Sculpture.
Taùxa xat ext xooxwv 7cXstova, 8ta7rxatou(ra xat papêaptÇouca Trâu.7coXXa, EîTCV TJ T s y v q , ptaXoc S-q <nrouor| o-uvet'pouaoc
xat Tcst'Ostv pis TreipcojxèVirj ' àXX' oùxsxi ptsavriptat * xà TtXstoxa
yap U.00 xqv p;v-qu.T)V 7]S-q Stéc&uyev. ' E ^ s l 3' oùv £7raû(7axo,
apv-exat q éxspoc a>Ss TCIOç • [9] « 'Eyo> SE, d> xexvov, IlatSsia
sîp.c, -qSrj ouvqÔYjç trot xat yvcopi'uyq, s! xal UVTJSETTOJ s!; xéXoî
[xou 7C£7r£t'pxcra[. 'fJXt'xa pvèv oùv xàyaOà Tcoptyj Xtôotjôoç ysvo-
'II Tkyyi) slitsv xaOxa
xori uLetova EXI
xoûxwv,
8 laTtxa tour/a
xal f}ap6aptÇov<T9t
7tâ|A7toX\a,
(Tu v s epouaa
6'q p.â),a GTXOUSïJ
xat Tceipmpivq n£i9£iv u,£ '
àM.à oùxÉxt p,ép,vr|u.a( •
vàp xà Tikûa'ca.
StéçuYEV ?|6v)
[AEVOç aûxT] irpoa'p-qxEV " oùoèv yào oxt pvq IpyaxTjç eoyi xw
awjAaxt 7rovc3v xàv xooxw XïJV a7ra<rav IXirtSa xou fk'ou xeOEt(xévoç, acpavTqç piv aixôç OJV, SXt'ya xat àysvvTi Xapéavcov,
Xï)V [iVÏ|U,71V p-OU.
As ouv èust ÈitaùcraTo,
Y] sxlpa à p y / x a t
0 ) 8 1 T C U » ç
•
[9] « 'E Y Ù) Se,
0> XEXVOV,
Discours de la Rhétorique. —Ses arguments convainquent aisément le jeune
Lucien de sa supériorité sur la Sculpture.
Ainsi, et plus longtemps encore, s'exprima la Sculpture, balbutiant et accumulant les barbarismes : avec beaucoup de chaleur,
certes, elle débitait tout d'une haleine et s'efforçait de me convaincre; mais je ne me rappelle plus la plupart de ses propos: ils se
sont échappés déjà de ma mémoire. Lors donc qu'elle se tut,
l'autre commence à peu près en ces termes : [9] « Moi, mon
enfant, je suis la Rhétorique : je te suis déjà familière et connue,
quoique tu ne m'aies pas encore éprouvée à fond. Combien grands
sont les avantages que tu te procureras si tu deviens tailleur de
pierres, cette femme vient donc de les énuméror; mais tu ne seras
rien qu'un manœuvre, te fatiguant le corps et plaçant dans ce
corps toute l'espérance de ta vie, voué toi-même à l'obscurité, tou-
etul HaiSsfa,
•qëq 0"jvri9-qî «rot
x a t yvtopcpu] (sot),
Et Xat ptYlSÉTCW
itSTcetparjat aou
tîç xéÀoç.
05v aûVq upostpvixev
qàt'xa xà àyalà aàv
Tcopr/j
(•svôp.£Vo; àtOoljôo:/
y à p EO-VJ oùSèv
oxt p.Y| èpyàxïic
TCOVOiv XÙ> aaijxaxl
Xat XEÔEtUtEVOÇ ÈV XOUXtp
àjtacrotv XTJV ÈATCÎoa
xoû (Mou,
dùV JAEV
àçavri; auxoç,
Xaptêàvuv oàtya
141
L'Art dit ces-c/ioses
et d'autres plus-nombreuses encore
que celles-ci,
balbutiant
et parlant-d'-une-manière-barbare
beaucoup-de-c/ioses,
énumérant-d'-un-eoup
certes beaucoup avec-ardeur
et tâchant-de persuader moi ;
mais ne-plus je-me-souviens :
car la plupart de ses paroles
ont-échappé déjà
à-la mémoire de-moi.
Et donc, après-que efîe-eut-cessé,
l'autre commence
ainsi à-peu-près :
[9] « Moi, d'-autre-parl,
ô mon-enfant,
je-suis fa-Rhétorique,
déjà familière à-toi
et connue de-toi.
si même pas-encore
fu-as-éprouvé moi
jusqu'-au bout.
Donc, celle-ci a-dit-d'-avance
combien-grands les-biens, d'-une[part,
fw-te-procureras
élant-devenu sculpteur :
car fu-ne-seras rien,
sinon un-ouvrier
peinant par-le corps
et ayant-placé en celui-ci
toute l'espérance
de-la (de ta) vie,
étant, d'-une-part,
obscur toi-même,
recevant efes-c/ioses-rares
142
HEP! TOT ENTIINIor.
Ta7X£lvÔç T'qV yvCOUV/jV, EÛTsXvjÇ BÈ TTjV 7ipÔo5oV, OUTE EJtXoiÇ
£7r'.S'.xâfftu,oç OUTE ÈyOpoTç ajoêspo; Où'TS TOTî TCoXixaiç ÇYJXOITOç,
LE SONGE.
xat aYEwf,,
T0C7T£lvbç TT;V yV(OUï]V,
EÙTEXï|? ôà
àXX' aùro \J.6VW IcyxTT|<; xal TûJV EX TOU TCG-XXOU Oï)U,OU EIç,
TOV aet Tcooô'jvovTa ûTro7rT7]0"<7wv xat xôv Xsystv OUVOCU-EVOV
Ospaxsuwv, Xayw ph'ov Ç63v xat TOU xpeiVrovoç Epy.atov ôiv. E t
SE xaî <p£coT'aç *q IIOXûXXEITOç yévoto xal 7roXXa 0aoy.a5Tà
ISepyâ(7aio, TïJV u,èv Tsyvqv a7xavT£ç ETratvétrovTat, oûx ESTI
OE batte Tôov tSdvToiv, Et vouv sj/ot, EuÇatT* av ô'actoç sot
yEVsoQxt * oloç yap av TJç, pâvauao; xa't yeipcSvai; xat àixoyEtpoët'lOTOÇ VOLUffô^UT).
[10] « ^Hv S' EU.01 TEtôyi, TtpôJTOV U-EV 50'. TtoXXà ETCtOEtÇU)
TtaXatôjv àvSpojv Epya, xat Ttpà^etç Oaup-aatàç xat Xdyouc
chant un faible et vil salaire; amoindri dans ton intelligence,
escorté dans tes sorties d'un vulgaire entourage, tu ne seras ni
secourable à tes amis, ni redoutable à tes ennemis, ni capable de
faire envie à tes concitoyens, mais tu ne seras absolument rien
qu'un artisan, un individu quelconque perdu dans la foule, toujours condamné à trembler devant l'homme plus puissant que toi,
à courtiser ceux qui ont de l'éloquence, à mener une existence de
lièvre et à êlre la proie du plus fort. Et quand bien même tu
deviendrais un Phidias ou un Polyclète, quand tu créerais mille
chefs-d'œuvre, c'est ton art que chacun vantera, mais, parmi ceux
qui les verront, il n'en est pas un seul, s'il a le sens commun,
qui souhaitât de devenir semblable à toi; car, si habile que tu
sois, tu passeras pour un ouvrier, un manœuvre, un malheureux
qui vit du travail de ses mains.
[10] « Au contraire, si tu m'écoutes, d'abord je t'exposerai en
détail les œuvres des anciens, je t'expliquerai leurs actions adttli-
XÏ)V 7TpÔoSoV,
odte èiriStxâctp.oç cp0.ot£
OVJTE tpoëEpà; ÈjrGpotç,
OOXE Çï]).0>xbc.
xoïe TCoXfraiç,
aXXà aùvo fidvov
èpYaTVjç x a t si?
T(5v éx xoû îtoTToo SYJPLOU,
ÉiTxoirxirçaaiov
xbv Tcposyovxa àsi
xa't flepaTCEÙwv
xbv âuvâgEvov Xiyetv,
?wv [îc'ov Aayw
xa't wv Ëpptatov
xoO xpEt'xxovoç,. .
As sî xa't yévoio
4>EtSiaç ï) IlobùxXetxoî
x a t è^Epyaffato
xcoXXà 6aup.a5xà,
JXÈV aTtavxse
ÈTtatvsaovxat XïJV xéyyvjv,
3è xtSv tôdvxaiv
OUX EOTtV 05XIC,
Et saut voîv,
av Euçatxo Y£vsa6at
ÔpCOlÔç 5 0 f
Yap oîoç av ï)ç,
vofjttffGriaYi p à v a u o o ;
xa't yEipôvaÇ
x a t dtTtoxstpoët'toxoç.
[10] ft As r]v TCEI'6Y| èfioî,
7Tp(i)TOV (JtEV
ÈTUtSEt^W 501
TEo),).à Epya
àvSpôiv TraXatâv,
xa't àTtayYeXw (aot)
Ttpâljsi; GaupLaaxà;
143
et sans-noblesse,
humble quant à l'intelligence,
vil, d'-autre-part,
quant à Paction-de-paraître-en-puni invoqué aux [par fes)-amis [blic,
ni redoutable aux (à fes)-ennemis
ni digne-d'-envie
aux [pour tes) concitoyens,
mais cela-même seulement
ouvrier et un
des-nommes du grand public,
tremblant-devant
le (l'homme) étant-supérieur toujours
et honorant
le (l'homme) pouvant parler,
vivant «ne-vie de-lièvre
et étant ï'-aubaine
du plus-fort.
D'-autre-part, si même tu-devenais
un-Phidias ou wn-Polyclète
et si fw-accomplissais
beaucoup-de-c/wses admirables,
d'-une-part, tous
loueront 1' (ton) art,
mais,-d'-autre-part, des ayant-vu
n'est pas quelqu'-un-qui,
si î7-avait de-T-esprit,
d'-aventure souhaiterait être-devenu
semblable à-toi :
car quel-que, d'-aventure, fw-sois,
ïw-seras-cru artisan
et manœuvre
et vivant-du-travail-de-tes-mains.
[10] « D'-autre-part, si tu-croismoi,
d'-abord, d'-une-part,
je-montrerai à-toi
beaucoup-d'-œuvres
d'-hommes anciens,
et je-rapporterai à toi
les-actions admirables
144
IÏEPI TOT ENÏLTNIOr.
LE SONGE.
aùxcov a7i:ayy£Xa>, iràvxu>v, côç EITCÏV, epwretpov otTOCDOti'vouaa '
xac TTJV Auv/7]v uot, 07t£p xopcwxaxôv êcrc, xaTXXOGpcrjc>u>
7IOXXGï; xac àya6oï; xoap.-rjp.acrc, awcppoaûV/i,
oixaioaûvyi,
sùcrEësc'a, irpaoxTiXc, ECTcecxEc'a, C-UVECTEC, xapxspta, xw xûv
xaÀffiv spam, Tvj 7xpbç xà ffEpvdxaxa ôpu.^ • xauxa yàp scxcv
ô TYJç <bw/v\ç àxTjpaxoc; â>ç àÀ-qGio;; xôffp.oç. A-qast 8s as ooxs
rraXacov oùSsv ouxs vîiv y£vÉ<r6ac Slov, àXXà xal xà piXXovxa
TCpooYj/st u,£x' éptou, xal oXuiç, àxcavxa, ÔTCoaa étrxi, xà TS 9sîa
xà x ' ocvOpà>7tcvx, oùx s!ç p.axpàv es 8c8àc;&p.ac.
[ i l ] « Kacô vîiv TcévTjç, 6 xoù osivoç, b pouXsu<ràp.svoç itepc
àysvvoîjc: OUTCO TSYvrjç, u.ex' ôXc'yov àxccwn ÇTJXWTQC: xal £TTI-
cpÔovoî èVq, xiuuéaevoç xal sTcatvoujxEvoç xal ÈTCC xoïç apcVroc;
râbles et leurs écrits, te rendant érudit, pour ainsi dire, en toute
matière. Ton âme, qui est la partie maîtresse de toi-même, j e
l'ornerai de mille superbes parures, sagesse, justice, piété, douceur, bonté, intelligence, fermeté, amour du beau, goût des éludes
les plus sérieuses : car telle est la parure vraiment incorruptible
de l'âme. Tu n'ignoreras rien de ce qui se fit jadis, rien de ce
qu'il faut faire à présent; que dis-je? tu connaîtras d'avance l'avenir avec moi; en un mot, tout ce qui existe, les choses divines
comme les choses humaines, je te l'enseignerai avant peu.
[11] «Toi qui maintenant es pauvre, fils d'un citoyen quelconque,
et qui délibéras si tu prendrais un état aussi vulgaire, bientôt tu
seras pour tous un objet d'envie et de jalousie, comblé d'honneurs
et d'éloges, fameux pour les plus remarquables actes et considéré
145
et tes-discours d'-eux,
rendant toi expert
7tâvT6)V, à ) ; SCTtSÏV '
en-tout, pour ainsi dire :
xal y.aTaxocpYJaw aot
et j'ornerai à-toi
Xï|V itvxV (otsp
l'âme [ce-qui
serti xupiojTaxov)
est fe-plus-essentiel)
xoapïjpacri TCOXXOïç
par-des-parures nombreuses
xal àyaQotç, aw^pouévï],
et bonnes, sagesse,
Scxacoo-vvrç, eùcreëeia,
justice, piété,
irpaôxriTi, èitcsixec'a,
douceur, bonté,
(TUvÉast, xapxspc'a,
intelligence, fermeté,
xô> îpwxt TWV xaXâiv,
l'amour des belles-choses,
l'élan
erpô; xà o-ep-vôxata'
vers les plus-sérieuses-e't'wd'es :
yàp Taùxâ larcv
car cela est
Ô cî>; à\rfiû>z àx-àpaxoc
le vraiment non-entamé
xoapo; T»iî Jcjyïjç.
ornement de-l'âme.
As oùSèv oute ttaXacbv
D'-autre-part, rien ni ancien
OUTE SéOV yêvsaDai vûv
ni fallant être-fait aujourd'hui
XrjaEi as,
«e-demeurera-ignoré à-toi,
àXXà xal wpoô'pEt
mais même /w-verras-d'-avance
petà Èpoû ta psXXovta,
avec moi l'avenir,
xal ô'Xwç
et, en-un-mot,
ScSàÇopaî ae
j'-enseignerai à-toi
oùx dç paxpàv
non dans \ong-lemps
carra vxa, oirecra êcrtl,
toules-les-choses, qui sont,
te xà 9eca
et les divines
TE xà àv9pcÔ7tcva.
et les humaines.
[11] « Kal ô (MV) vOv TiÉvviî,
[11] « Et le étant maintenant
ô (ulôçj TQÔ ÔEÎVOÇ,
le fils d'un-tel,
[pauvre,
6 |3ovXsu<ràpsvoç
le ayant-délibéré
TTEpl Té^V/iÇ
au-sujet-d' wn-art
OùTCOç âYEvvoîi;,
si peu-noble,
6(iri petà ÔXC'YOV
to-seras après peu-de-temjs
ÇïjXtûTÔ; -/.ai èxc'cpôovoç,
digne-d'-envie et jalousé
tMracn,
pour-tous,
Ttp.c6p.evoi; xa't s7racvoùpEVo:, honoré et loué
xal euSoxtptîiv
et ayant-bon-renom
È7tl TOÎÇ àpearoc;
à-propos-des meilleures -choses
xal àiroëXeirôpsvoc
et considéré
xal Xôyoxii aÔTûv,
àitocpacvouo-â (as) spusepov
LUCIEN. — Extraits.
10
IIEP1 TOT ENÏ11N10Ï.
LE SONGE.
£Ôooxtu.6jv xai ùTCô xffiv ylvet xxl TCXOôTOJ Trpoô^o'vTiov àvto-
par les-hornm.es étant-supérieurs
par-la-naissance et par-Ia-richesse,
d'-une-part, revêtu
(i'-tm-costume tel, »
È<T9f,Ta TOKTJTYJV, »
— ayant-montre celui d'-elle-même:
— Sefijaoa Tï)V èauxu; "
or, elle en portait un tout-à-fait brilôE ècpdpst itdvo Xapirpâv —
« d'-autre-part, jugé-digne [lant —
« Sa àî;ioûg.£vo;
de-pouvoir et de-préséance.
apX% x a i irposSpfaç.
Et-si tu-voyages quelque-part,
K a i av à7ro8ïi[i.TJî iroi,
pas-même tu-seras inconnu
ouSà ïfjT) âyvà);
et obscur
x a i àspavïK
sur la terre étrangère;
È7tl rr,; (yû;) àXXobaTO,; '
allcndu-que je-mettrai-autour-de toi
Èicet Tcept9r|<7m <roi
les signes-distinctifs tels,
va yv<opicrp.aTa ToiaGva,
au-point-que chacun des voyant loi
dioTE ËxaOTOÇ TMV OptoVTWV
ayant-touché le voisin,
x'-v/joaç TôV itXï)0"iov
montrera toi aeec-Ie doigt,
SeilUt «"£ toi SaxTÔ).<o,
disant « C'est lui! »
[chose
XÉywv « O O T O î EXEIVO; ».
[12] « D'-autre-part, si quelque[12] « Aè av TI
digne-de zèle [digne d'intérêt)
à^lOV CTIOuSfj;
occupe
xaTaXagëâvï)
ou les (tes) amis
vj xoù; 91X00;
ou encore la ville entière,
?, x a i TY|V irôXcv OXYJV,
JiâvTEÇ àiroëXÉçVovTai Et; ai- tous regarderont vers toi ;
et-si par-hasard fw-te-trouves
x a i av 1100 XO^YJ;
disant quelque-c/iose,
Xiywv xi,
la foule écoutera
0! iroXXoi àxoûo-ovTat
bouche-béante,
XE/VIVOXEÇ,
admirant toi
ûaup.âîovTé; ai
pour la puissance des paroles
xf|; SuvagEtoç xoiv Xéywv
et proclamant-heureux
xai eo5aiu,ovi'ÇovTE;
le père de toi
xbv iraxépa (aou)
pour le-fait-d'-avoir-un-bon-flls.
TïJ; eoitatSîa;.
D'-autre-part, ce-que ïîs-disent,
Aè b XÉyouoiv,
à-savoir-que, certes, aussi certains
oj; apa xai xiv;;
d'-entre tes-hommes
i% àvSptôltwv
deviennent immortels,
yîyvovxai àOâvaxoi,
je-procurerai
cela à-toi :
7tEpiiroir|(Ta) TOûTO COI'
et, en-effet, si toi-même
xai yàp rjv aôxb;
tu-t'-en-vas de la vie.
àTclXBv,; èx xoîi pîov,
146
êX£Tcdu.£voi;, ÊdGYJxa p.èv xoiaÔTTjV àp.TC£yôu.£VO(;, » — OEi'^aca
xrjv éauxT); ' TCQCVU SE Xaputpàv èçbpst — « koyrfi
SE xai
xcpoeSptaç àÇtouu.evoç. KavTOIàTOOTjfAT,;, oùS' STCI xrj; aXXoSaTc-qî àyvw; xai àa>xv/]ç SCY; ' ETO! xoiafjxâ sotTOptOïjffU)xàt
YVtOpl'ffp.OLTQt, bWxE twv bpCoVXWV Exaaxo; xôv 7tXvprfcv XtVTjCa;
ost'Çei ff£ XôJ oaxxbXw, « Ouxo; SXEIVOç » XÉY<OV.
[12] « *Av SE xt CTOUÔT]; àljiov 7j xoùç qiiXouç YJ xxl TTJV TO-
Xtv bXYjv xaTaXau.6àv/], s!; c l TOVTE; àTOëXÉupovxai ' xav TOO
XIXEYCOV Tû^TJC, XE^TJVOXEç ot TOXXO! àxoûorovxai, ÔaotixÇovxéç
ce T % oovap.£wî xâjv \6J(ùV
xai xbv TcaxÉpa xrjç eÙTCXtSt'aç
£Ù3atu.oviCovT£ç. " 0 SE XsYoua'tv, u>; apa xai aOâvaxoî TIVEç
avec respect par ceux qu'élèvent au premier rang la naissance et
la richesse, vêtu d'habits comme celui-ci, » — elle me montra
celui qu'elle portait, lequel était magnifique, — « jugé digne enfin
du pouvoir et de la préséance. Et si tu entreprends quelque
voyage, tu ne seras pas non plus, sur le sol étranger, inconnu ni
obscur : car je t'entourerai de signes si éclatants que chacun, en
te voyant, poussera son voisin, et dira en le désignant du doigt :
« C'est lui! »
*
[12] « Si quelque grave intérêt préoccupe tes amis ou bien la
ville entière, c'est vers toi que se tourneront tous les regards; et
s'il arrive que tu prennes la parole, la foule t'écoutera, suspendue
à tes lèvres : on admirera ton talent d'orateur, et l'on félicitera
ton père d'avoir un fils si distingué. Ce que l'on répète, à savoir
que certains d'entre les hommes deviennent immortels, je l'accomplirai pour toi; et lorsque toi-même tu seras sorti de la vie, tu ne
0110 TÔJV 7rpO£X°VT(i>V
yévet x a i itXoéro),
gèv àp.7rsy_ô[ievoç
147
148
IIEPI Tor
ENïTINIOT.
yt'yv&vxat I ; avâpooTtcov, TOUTÔ COI TreptTconqci'oo " xaï yàp ?jV
aûxbc, ex. TOû 8iou àxisÀOy];, OûTCOTê rcadc"/] suvwv xoîç icsTcatSeofiivotc xa] irpooojx'.Xajv r o t ; àpûrxoiç. 'Opa; xov Ar|p.offOévnv EXSÎVOV, xivoç uiôv b'vxa syà> âjXt'xov ITIOÎT^OL; ' O p a ;
rbv AîoyiViqv, S; xeuvrcavioxpiaç utô; rjv, ôTCCOç, aùxbv Si' iy.ï
4>t/\tTC7roç ÈôspâTceucEv ; ' 0 SE SwxpaxTjc, xat aùxb; UTCô xvj
ÉpfjLoyXux/ixàj xauxv) xpacpstç, ETCEIOYJ xavuc-xa GOVTJXE TOU xpst'xxovoc xai SpaTCETEua-ac xcap' aôxTJc TIôXOU.OXT|0,£V <b; l u i , àxoÛEtç
côç xcapà Ttàvxtov aosxat.
[13] 'At&e'ç 8s crû xouç. xr[Xtxodxou; xat xotoéxouç. avopa;
xal 7Xpâçetç XafMtpàç, xal Xôyou; csavoùç xat cvyrjaa EÙTcpsTcÈc
xat xtu,7)V xat Soljav xat Irtatvov xal TcpoeSpi'a; xal Suvâu,etç
xat àpjrà; xat xb ETTI Xo'yotç sùooxtas'tv xat xb ITCI r/uvécet ïôoatu,ovtrec°9ac, ^txoovtôv xi Tctvapov IvodffYj xat av*vi|i.a oouXo7rpeTCÈe.
cesseras jamais d'être avec les gens cultivés et d'avoir commerce
avec les plus nobles esprits. Tu vois ce grand Démostbène, de
quel père il était fils, et ce que j'ai fuit de lui? Tu vois Eschine,
dont la mère était joueuse de tambour; combien, grâce à moi,
ne fut-il pas courtisé par Philippe! Et Socrate, élevé, lui aussi,
sous la tutelle de la Sculpture, à peine a-t-il compris qu'il y a
quelque chose de meilleur, il s'échappe de chez elle pour passer,
transfuge volontaire, dans mon camp : et tu entends comme il est
célébré par tout le monde.
[13] <t Laisse-là ces hommes, si grands et si fameux, et leurs
actions brillantes, et leurs nobles écrits; renonce à tout, dehors
glorieux, honneur, réputation, louanges, suprématie, puissance,
dignités, renom d'éloquence, estime attachée au génie : et alors
tu t'envelopperas d'une mauvaise tunique sale, tu prendras une
tenue d'esclave, tu tiendras dans tes deux mains leviers, poinçons,
LE SONGE.
149
o'j7roxs iraéo-r)
jamais to-ne-cesseras
truvwv xoï; uE.Ttat5eofi.evot;
étant-avec' les-gens instruits
•/al irpoo-optXûv rot; àpia- et ayant-rapport-avec les meilleurs.
'Opà;
[TOI;.
êxEÎvov xbv Aïip.oa6évï)v,
xt'vo; à'vxa ulov
ïl>.txov èyù) èHoérço-a;
'Opà; TOV A!o"xcVo.v,
ô? u v u 'bç
TOfjLTtavta-xpta;,
07uw; 8tà èps "ft'Àtitjto;
àOspâireutrev aùxôv;
As b Stoxpâxriç,
Tpaçe't; xat avxb;
ôrcb xaÛTT) xvj êpptoyXoçtxYJ,
èxEcSï) xâxtaxa
O-UVVJXE xoû xpet'xTovo;
xat SpaTrexeuo-a;
rcapà aôxri;
T)ôxo|jtdXï)(Tsv (ô; èps,
àxoùet; w; aSïxat
napà Tcâvxaiv.
[13] « Aè où assis.
xoùç àvbpa;
TriXixo-Jxou; xat xotoûxouç
xal Tcpâçet; Xafurpà;
xal Xo'you; asp-voù;
xal oxnu.a EÙTCPSTCè;
xat xtu.f|V xal 8d£av
xal ënaivov xal npoeôpia;
xal 5ovâji.et; xat àpvà;
xat xb £Ù6oxcft£tv
èîil Xoyot;
xal xb eù8aiu,ovi'ÇE<T8ai
l7ci truvÉast,
ÊvSûc-rj xi -/ixooviov
Tctvapbv xal àvaX^yj
aXai** SooXoTxpEHÈ;
•
xal £?£t;
èV xatv /Epotv
Tit-vois
as-grand Démostbène,
de-qui étant fils
combien-grand je fai-fait?
7'ie-vois Eschine,
qui était fils
d'-ime-joueuse-de-tambour,
comment grâce-à moi Philippe
cajola lui?
D'-autre-part, Socrate,
ayant-été-nourri aussi lui-même
sous cette sculpture,
après-que le-plus-vite (dès que)
ii-comprit le meilleur
et s'-étant-enfui
de-chez elle
passa-volontairement vers moi,
0«-entends comme iV-est-chanté
de-la-part-de (par) tous.
[13] « Or, toi avant-lâche
les hommes
si-grands et tels
et actions brillantes
et discours nobles
et extérieur décent
et honneur et réputation
et louange et droits-de-préséance
et pouvoirs et charges
et le être-fort-renommé
à-propos-de discours
et le être-proclamé-beurcux
à-propos-de /'-intelligence,'
tw-revêliras certaine petite-tunique
sale, et Dt-prendras-pour-toi
MJi-extérieur convenant-à-un-esclave
et /«-auras
dans les-deux mains
150
LE SONGE.
I1EPI T O Ï ENÏILNIOÏ.
iv xatv yepotv sçstç, xaTto VSVEOXOJç eîç xb spyov, yau,atTC£Xï);
u.0"/À t'a xal rl.uçjïa
xat xoTtéa;
xat xoAajrrripaç,
xal y_aaattJ7]Xoç xal navra- TûôTCOV Taneivôç • avaxÙTnrwv Se
VSV£*JXÙ)Ç Xaxti)
EÎç xb spyov,
âvaÀYjOJT] xat [xoyXîa xal yXu<p£Ta xat xoTtéaç xat xoXaTCT-qpaç
OÙBETCOTE oùoè àvSûôVjBs; oùSî èXsôQepov ouSsv sntvoôjv, aXXa xx
u,Èv êçY* ô'TCWî sùpu8u.a xal sùffy-quova euxat trot npovoèW,
O'TCWç §È KûXôç £Ù'pu8ao£ xal xôau.toç so-n rjxtaxa TC£cppovxtx(èç,
aXX' àxtu,ôx£pov Tcoiôjv «auTÔv xûv Xt'Scov. »
Lucien fait son choix et revient dans son pays. — Conclusion.
[14] Taùxa ext X£Y°ù(i7iç aùxâ]; où nEptaervaç EYO) xô TEXOç
xwv XO'YWV âvacxàç àn£CpTjvàu,7)V, xal x-qv àaopçov IxetVqv
xal IpYaxixTjv ànoXixrojv aexéêaivov Ttpbç xàjv Ilatcktav o.âXa
Y_ap.at7rer/]ç
xal y_a{JtatÇïiXo;
x a t xausivoc,
nâvxa xporrov
5k àvaxÙTtxtov
OÙSÉTIOTS oùoè
ETttvoùiv où5kv avêpoiSs;
où6È ÈXeôoEpov,
àl\à npovoâiv
oitti); xà epya plv
s'axa t aot £Û'po6p.a
x a t EÔo-Y_YJp,ova,
5k •jrsopovTtxùç ï^xtcTTa
OTCtOÇ 0,'bTOt;
Y£YV|8à>;, xal ptâXia-xa £7X£t' aot etç voùv TOXôEV r\ ffxuTaXrj, xal
ciseaux et burins, penché en bas vers ton ouvrage, rampant,
£<7Y]
sùpuOptos x a t XOtTfAtOÇ,
àX/à irotôv xsauxàv
àxt|jt6x£pov
XÔiV Xt'OtriV. S
petits-leviers et burins
et ciseaux
et instruments-à-entailler,
penché en-bas
vers l'ouvrage,
courbé-vers-la-terre
et au-ras-du-sol
et humilié
de-toute façon;
mais levant-la-tôte
jamais ni-ne
songeant rien de-mâle
ni-rfen de-libre,
mais veillant
afin-que les œuvres, d'-une-part,
seront à-toi bien-proportionnées
et d'-un-bel-aspect,
[moins
mais,-d'-autre-part, te-souciant lecomment toi-même ftt-seras
harmonieux et bien-ordonné,
mais faisant toi-même
plus-déprécié
o/Me-les pierres. »
courbé vers la terre, humilié de toutes les façons, sans jamais
lever la tête, sans penser à rien de mâle ni de libre : tu ne veilleras qu'à donner à tes ouvrages des proportions harmonieuses et
un aspect élégant, mais quant à poursuivre pour ton compte le
rythme exact et la belle ordonnance de la conduite, tu n'en auras
cure : ainsi, tu te mettras toi-même à moindre prix que tes
marbres, »
Lucien fait son choix et revient dans son pays. — Conclusion.
[14] Elle parlait encore; et moi, sans attendre la fin de son discours, je me levai et fis connaître mon choix : je laissai cette
laide travailleuse, et passai du côté de la Rhétorique, le cœur plein
de joie, d'autant mieux que le bâton me revint à l'esprit, avec la
Lucien fait son choix et revient dans son pays. — Conclusion.
[14] A ù T ^ Xsyoùcrï)î
k'xt xaÛXOC,
Èyà) où TtEptp.eivai;
xb xÉ^oç Ttiiv Xoytov
àvaaxà;
dtTcscpr|vâuï)v,
xal àïcoXtTtùtv
èxEtV7)V xù,v ap.opçov
x a t ÈpyaxtxTiv
ptExIoaivov
Ttpbç XïJV I l a i S î i a v
ysy/lfièd; ptâXa,
xal (AotXtcrxa STXSI
V) aXVXOtAT]
151
[14] Elle disant
encore ces-c/toses,
moi, ne-pas ayant-atlendu
la fin des paroles,
m'-é tant-levé,
je-me-déclarai,
et, ayant-abandonné
cette femme laide
et ouvrière,
ie-me-transportai
vers la Rhétorique,
me-réjouissant fort,
et surtout après-que
le bâton-à-gros-bout
152
IIEPI
Tor ENrriNior.
LE SONGE.
ôTE 7tA.7]Yaç oùx ôXt'yocç sùôù; àp^opcévco JJLOC y6Èç ÈvETpi'JvotTO.
C,
H 8s aTcoAstœÔsfffa
10 p.èv TCOOJTOV ^yavaXTEt x a i TOJ ytsfps
CUVSXpOTEC XX! TOÙç 880VTX1; STtOtS " TeXoç OS, toSTTSp TVjV
Ntoê-qv àxouoo.sv, ë7rs7r-/jys! x a t Eïç Xt'ôov fUTeëÉcvYqTQ. E't
8s -7rapxooÇx sTraOe, p.?) àmcT-rjdT)T£ • 6aup.xT07coiO! y à p oi
0VS!50l.
[ 1 5 ] ' H Érspx oè Trpoç jxs àTciSouca, « Toiyapoùv àpcséyou,xe' c e , » SS7], a TYJaoe TTJç SixaioddvTjÇ, ô'TI xaXojç; TTJV OS'XTJV
ÈSt'xacaç. " x a t
IXfiè yov], ITCI'6ï)S! TOUTOU TOU O / ^ U - X T O ç , »
—
oss'^aca TC o/;riu.x 6TcÔ7rTspov CTCTCWV TIVôJV Tù> IlT|yao*tp l o t x o TWV — a OTMOç st8r,ç o t a x a i •qXi'xa, p.7] âxoAouSyjffaç éjjwl,
ayvorjastv spsXXsç. » 'ETCSC OS àv7jX6ov, r] p i v vjXauvs x a t
grêle de coups qui m'avait été a p p l i q u é e la veille, dès m e s débuts.
La Sculpture, délaissée, commença p a r se fâcher : elle frappait des
m a i n s et grinçait des d e n t s ; mais enfin, c o m m e on nous le conte
8i TÉXOç, anmep
àxoéoptEV Tr|V NlÔSïiV,
ÈitETcriyet
Xai |AETEëéë>.-/lTO
Et? ÀiOov.
As s't ËTtaOe
TtapàSotja,
[TA, à7tiaTïj<TÏ|TE'
yàp ot ovEtpot
(eïa-t) 6a-jp.aT07iotot.
[15] Aè î) IrÉpa,
à n i o o w a irpô; p.£,
a Toiyapouv
àp.Eî'hop.at ers, » Mçr),
« TïjO-Ss TTJ; 5lXa[0dUVY|Ç,
3TS èSîxatrac
xaXâiç; Tï]V Sixiyv •
x a t ÈÀ9È TJSïJ,
phose vous semble extraordinaire, n e refusez pas d'y croire : c a r
Èra'ëïjSt
TOUTOU TOû ojrûpLaTo;,
les rêves exécutent d e s miracles.
[15] L'autre femme alors, m e r e g a r d a n t : « J e te récompenserai
vint à-moi à J'-esprit, [appliqua hier
et le fait que elfe (la
Sculpture)
des-coups non rares
à-moi aussitôt commençant.
[tée,
D'-autre-part, celle-ci, ayant-été-quitd'-abord, d'-une-part,
s'-indignait
et heurtait-ensemble
les-deux mains
et faisait-grincer les (ses) dents :
,ï|X9év p.01 Et; voëv,
x a t oTt èvExpidjato y_6lç
Tr).T|yà; oùx ôXtyaç
p.ot sù6u; àpyppivti).
AÈ ïj àiroXÊiçôsïo-a
TÔ 7tpâ)TOV u.sv
rryavâxTEt
xai cuvexpÔTEt
TU) xsfps
xai 'ÉTrpteTOuç ôSdvTaç'
d e Niobè, elle se durcit et fut changée en pierre. Si la métamor-
B
— Sstlaa-à xt oyxu.a
" ÙltdTCTEpOV
TIVtûV C7TTTWV
donc, » dit-elle, « pour ton équité et pour le j u s t e arrêt q u e ta
raison vient de prononcer. Viens aussitôt, monte sur ce ebar, » —
elle m e désignait une sorte de char attelé de chevaux ailés pareils
à Pégase — « afin q u e l u saches quels biens, si tu n e m'avais
ÈOtXOTliùV T(î> IIï)yâ(7(p —
« OTtWÇ StS-rjÇ
oîa xai V|Xixa
EgsXAE:; àyvoïja-Etv,
|iÙ àxoAoufbiaa; Èp.o£. »
As èTOI àvïi>,6ov,
pas suivie, lu te condamnais à ignorer. » J e montai d o n c ; m a
il u.sv ^XauvE
153
mais enfin, comme
nous-entendons dire de Niobè,
ette-s'-était-durcie
et s'-était-métamorpliosée
en pierre.
Mais si elle-a-subi
des-enoses-étranges,
ne soyez-incrêdules :
car les songes
[leuses.
sont faisant-voir-des-choses-merveil[15] D'-autre-part, l'autre,
ayant-regardé vers moi,
a En-conséquence,
je-récompenserai toi, » dit-elle,
« pour cette justice,
à-savoir-que tw-as-jugê
bien le procès;
et viens maintenant,
monte-sur
ce char, »
— ayant-montré certain char
soutenu-par-des-ailes
de-certains chevaux
pareils à Pégase —
« afin-que tw-saches
quels et combien-grands avantages
tu-te-préparais-à devoir-ignorer,
ne-pas ayant-suivi moi. »
Or, après-que ie-fus-monte,
celle-ci, d'-une-part, dirigeait
154
I1EPI T O Ï ENÏHNIOr.
ûaiTjViôyst, àpôeiç os sic u'^o; eyd> ÉuEffXÔTrG'UV, kizb TYJ; EW
àp;â[X£Voç avpc Ttpoç TOC ÊcTréoix, Tcacraç TTOXEIç xat SOVTJ xal
07Jp.ouç, xaOocTîïp ô TptTCToXEU.oç àTcosTcsipuiv TI èç T7)v yrjv.
OÛX£TC U.EVTOC p.ép.VTjU.X! O Tt TÔ <JTC£[pdu.£VOV -qV, Tc)oqV TOUTO
aôvov, o n xàir<o6£v àtpopwvTEç àvÔpaiTcot È7tyjvouv xal U.ET'
eûcpT}u.t'aç, xa9' otjç, ysvoi'tA-qv TTJ om/jo-et, TtapÉTCEtATCOV.
[16] Aeujao-x SE ptot TX TOffauta xàu.s TOÎç ÈTcaivoucuv èxeivocc, ÈTravTJyxyev aù9tç oùxsTt TVJV aÔT-qv è(r9v|Ta êXEI'VTTV èV3E-
ouxôra, r,v EC^OV xauTrrâu.Evos', OCàA' Êu-ol loôxouv sÙTcapotpoç
ttç ÊrcavqxEiv. KaTaXaêooca oùv xat xov ora-répa ÉaTàÎTa xai
LE SONGE.
xal
»<pt\vi6yii,
Sk àyù)
à p 8 e t ; eîç -J<1>O;
ÈTtSCTXÔUQ'.JV,
àp?3C|ievo; cbtô, T-îJî EU
ôcypi irpbi; TOC Eorcépta,
•jucxcrai; TTOXECç
x a t E8VV] xa't Srjixou;,
àrojcnrecpuiv T I
ê ; Tï]V yr|V,
x a S d u s p ô TpHTToXspto;.
M é v t o t oùxéxt piu,vï|U.ai
O XI TO <7TCEtp6u.EVOV Ï|V,
TtXïlV TOUTO U.OVOV,
TJxotat, xat TT xai ÛTrÉavqffEv, o-Ta atxpou Ssîv itepc. Ip.oo
oxt avSpuTcot,
àcpopcovTE; xâxwÙEV,
ÈTCYjVOTJV ((TE)
x a t TcapÉneii/rcov (p.s)
u.exà EÔçtQjxiac;,
x a x à oôq ysvotp,T)v
compagne conduisait et tenait les rênes; alors, élevé dans les
Tï) 7txf|CT£t.
Tt£ptu.ÉvovTX ÉSst'xvuEv aùxw IXEî'VYJV TTJV l<j9-rJTa xxucÈ, oioç
hauteurs de l'air, je contemplais, de l'orient jusqu'au couchant,
toutes les cités, toutes les nations, tous les peuples, jetant, nouveau Triptolème, comme une semence sur la terre. Pourtant je ne
me souviens plus de ce qu'était cette semence; je me rappelle
seulement ceci, que les hommes, fixant d'en bas les yeux sur le
ciel, me louaient et, partout où me dirigeait mon vol, m'accompagnaient de leurs bénédictions.
[16] Après que la Rhétorique m'eut montré tout cela et m'eut
exposé moi-même à ces éloges, elle me ramena au logis : je n'étais
plus habillé de ce même costume que j'avais en partant à travers
l'espace, mais je me faisais l'effet de revenir avec une robe splendidement bordée. Or donc, ayant rencontré mon père qui était
debout et m'attendait, elle lui montra ce beau vêtement, et moimême, dans la gloire de mon retour, et elle le fit aussi légère-
[16] As foliotai pot
xà xocaOxa
xat (BEt'£a<ya) èp-s
Èxetvoiç xoî; ÈTtaivoûinv,
ÈxavTJyaYEV abBiç.
oùxérc ÈvSsSoxoxa
èxeivriv XTV
| aùrrjV èaôvjxa,
rjv eî/'ov
àcptTtxâitEvo;,
àXXà Èôoxouv spot
èuavéxstv (ù'v) xt;
E-jTcâpucpo;.
Obv xaxaXa6oijcia
xa't xbv itaxÉpa Ectcùxa
xal TtEpipsvovxa,
ÈSsixvusv aùxù
èxEtvqv Tï|V ÈaS^xa
xal Èpk, ocoç T|Xot(j.t,
xal vTtÉp.vTi(i£v xat xt,
155
et conduisait-le-char,
et,-d'-autre-part, moi,
m'-étant-élevé en hauteur,
je-contemplais,
ayant-commencé à-partir-de l'aurore
jusque vers le couchant,
toutes ms-villes
et nations et peuples,
[chose
jetant-comme-une-semence quelquesur la terre,
comme Triptolème.
Cependant, ne-plus je-me-souviens
ce que la cnose-semée était,
excepté ceci seulement,
que fes-hommes,
regardant d'-en-bas,
louaient moi
et accompagnaient moi
avec acclamation,
chez lesquels j'-étais-arrivé
yjar-le vol.
[16] Or, ayant-montré à-moi
les telles-c/ioses
et ayant montré moi
à-ces-Ziommes les louant moi,
edie-ramena en-sens-inverse
moi non-plus revêtu-de
ce même costume,
lequel j'-avais
en-m'-envolant,
mais je-semblais à-moi
revenir étant quelqu'-un
vêtu-d'-une-robe-à-belle-bordure.
Donc, ayant-trouvé
aussi le [mon) père se-tenant-debout
et attendant moi,
e'Ie-montrait à-lui
ce vêtement
et-moi, quel j'-étais-revenu [chose
et le fit-souvenir aussi en-quelque-
156
LE SONGE.
IIEPI TOÏ ENY1INIOY.
èëouXsûffxxc-. Tauxx uiu.vï|u.ai tocbv àvxnrxi; Ixi o>v, £jj.o<
Soxeïv, lxx«pa£6ctç 7rpbç. xbv TOJV TTXTJY<3V ço'ëov.
[17] Msxaçù 5s Xéyovxoç, « 'HpxxXeiç » , 'sVq xtc, a OJç
u.axpbv xô IvuTcviov xxc Sixavtxôv. » E I x ' àXXoç O-Jisxpouo-e,
a Xstu.sptvôç bvstpoç, :r) "*?•'/& xtou xptscntspoç, oiffirsp ô ' H o a XXTJç, xxt auxô; âcxt. T i S' oùv STCT[X6SV a ù x S XT^O-XI xxûxa
rrpbç V)p.açxX! U.VTUTGTJVXITCXtSixrj;vuxxbî xai ôvsi'pcov TtaXxiôjv
xal ysyripaxbxwv ; l'coXo; yàp TJ tyoypoXoyt'x* p.ïj ovsi'pojv ù7roxpixxç xtvaç 7]u.xç ÙTceiX7|(psv ; » Où'x, toyaGs " oôSs yàp b
ssvo<pojv TCOXS û'.Y|youu.svo; xb IVÛTCVCOV, d>ç sSôxst aùxôj xxt'sa6ai 7j Trxxpcox oixt'a xx> xà àXXa, — îtrrs yxo, — oùx s!c
ment ressouvenir de la décision qu'il avait failli prendre à mon
endroit. Voilà ce que je me rappelle avoir vu au sortir de l'enfance,
encore bouleversé, me semble-t-il, par la terreur des coups.
[17] Mais, tandis que je parle : « Par Héraclès ! » dira quelqu'un,
« comme il est long, ce songe, et comme il sent son plaidoyer ! s
Puis, un autre répliquera : « C'est le songe d'une nuit d'hiver :
ou peut-être môme a-t-il coûté, lui aussi, trois nuits, comme
Héraclès. Mais quelle idée lui est donc venue, réellement, de nous
débiter ces sornettes, de nous rappeler une nuit enfantine et des
rêves antiques du temps jadis? Son langage est froid, suranné :
nous a-t-il pris pour des interprètes de songes? » — Non, mon ami •
mais Xénophon, autrefois, nVt-il pas conté le songe où il lui semblait voir la maison
paternelle incendiée par la foudre, avec
d'autres circonstances? Or (vous le savez bien), ce n'était pas
pour interpréter quoi que ce soit ni par un ferme propos de
bavarder à tort et à travers qu'il exposait sa vision, surtout en
ota [itxpoo osiv
lëouXaba-axa Tisp'i èu.oû.
Mép,v'o,[Aai ISwv xaûxa
wv ext àviMias;,
gxxapaxbe'o;,
êpun Soxsîv,
itpbç vbv çdëov
TWV 7tXï|yri>V.
[yovxoç,
[17] As u,exal;b (èu,oC) Xé« 'HpâxXeiî i>, sç7| TtÇ>
« (î)î xb èvÔTcvtdv
(sort) jiaxpbv
xal Sixavixôv. »
Etxa àXXo; biréxpouirs,
« "Ovsipoç y_stu.£pivbç,,
ï| -zàyjx. TtOli
(Èaxi) xpiéxitspoc,
xat aûxoç,
wcnsp ô 'HpaxXTJi;.
As obv
xi surjXBsv aÛTÔ)
Xï]pf|<rai xaûxa irpbî f|u,5î
xat p.vn(T9Mvai
vuxxb; xî«i5txv)ç
xai oveipuv itaXaidiv
xa't ysyripaxdxwv ;
yàp n i[mxpo.Xoyia
(sariv) scoXoe •
(M) ÙTisiXriçev -qp-aç (sTvat)
xcvàç ÛTCoxpcrà; ovsspwv; »
Oûx, tb àyaOÉ •
yàp ovbè ô Esvoeptûv
6(riYOÙp.svôç xcoxe
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a>; ï; olxia Tcaxpwa
sôdxEi aùxiii xac'saQai
y.a't xà àXXa, —
yàp "are, —
où 6ts5n£t *W ô'éuv
sic ûiidxpiaiv
157
quelles-choses de-peu falloir (peu
i/-résolut au-sujet-de moi. [s'en faut)
de-me-rappelle ayant-vu ces-choses
étant encore presque-enfant,
ayant-été-troublé,
à-moi sembler (à mon avis),
en-raison-de la crainte
des coups.
[17] Mais, pendant moi parlant.
« Par Héraclès ! » dit quelqu'-un,
o; comme le songe
est long
et sentant-le-barreau (prolixe) ! »
Ensuite, un-autre a-répliqué :
« C'est un songe d'-hiver,
ou peut-être par-hasard
il est ayant-coùté-trois-soirées,
aussi lui-même,
comme Héraclès.
Mais, réellement,
pourquoi est-il-venu-à-l'-esprit à-Iui
de-déraisonner ces-choses à nous
et de-rappeler
une-nuit enfantine
et des-songes anciens
et ayant-vieilli (surannés) ?
car le langage-froid
est de-la-veille (éventé) :
n'a-t-if-pas-supposé nous être
certains interprètes de-songes? »
Non-pas, ô-mon-bon :
car non-plus Xénophon
racontant jadis
le songe,
à-savoir-que la maison paternelle
semblait à-lui être-brûlée
et les autres-choses, —
car ooMS-(e-savez, —
n'exposait pas la vision
pour l'interprétation
158
HEPI TOT ENÏT1NIOÏ.
Û7rbxût<7tv TïJV ô'ijnv oùo' OJ; çXuapEtv Èyvwxobç. zùxz Stsç-^Et;
xzt xzuxa âv 7xoXÉ[jt.(|) xzt ZTroyvojcEi ixpxyu.àxojv, 7tspiE<7TOjTWV 7ToX$u,m>v, aXXz xi xal /p7J<7iu.ov stvev 7) oi^yTjC'iç.
[18] lvz! xoévov xàyw xoûxov xov ovecpov Ou.iv oiviyrisxuv/rv
LE SONGE.
OôBè (3IE^T|E:) aûxà
(I>; àyvwxùj; œXoapsïv,
xa\ xaûxa èv itoXÉpw
xat àitoyvwzEi irpayu-âxtiiv,
7EoXE(J.tWV TÏEptEZXCixalV,
àXXà ;r\ 8ir,yTi(j-i;
IXEIVOU ÉVEXZ, ôVccoç. oî véot TXPôç xz BEXXI'OJ xpsitcovxai xzt
STYêV -/ai xi y_p-fiaxu.ov.
iratBst'aî 'évtovxat ' xzt u.xXia'xa eï xtç xûxtov OTTO uevt'aç s9s-
[18] Kai Totvuv xài èyà>
StïJYïja'âp.ïjv ôfùv
XOXOCXEï xzt TxpOç xà TJXTW àTcoxXtvei, cpuciv oùx ayevv7j Stxf
çÔEt'pwv, è7rippa)0'9vjO'£Ta . eu ouô' oxt XXXEIVOç axoûoaç xou
u.uo&u, ixxvbv Éauxtp TcapàSstyp'.a iuÀ 7tpoxx7|axut.£VQ<;, IVVOôJV
o/toç p.sv aiv Tcpoç xà xâXXiaxa ôjppvrjO'a xzt TCZIOEIX; S7ie6durpoi, pu}3Èv aTtooEtXixsxp 7tpbç XYJV Trevtzv XYJV xôxs, oïoç SE
Tcpôç up.x; iTcavEXfjXuOa, et xzt u.'nSÈv àXXo, oùSevôç youv xdiv
XOÛXOV XOV OVElpOV
evsy.a èxsfvou,
ÔTta); o\ vsoi
xpiitwvxai Tipbç xà (JEXXUO
xaù EVWVXZI TtaiSsia; xoù pàXiora Eï xt; aôtôiv
ùub usviaç
àÔEXoxaxeï
xzt «TtoxXtvEi
XtOoyXu'poov xooijdxspoç.
Tcp'o; xà X>TTW,
BiaçQsipcùv
tpûa-iv oùx ayEWTJ,
temps de guerre, comme il était, et dans une situation presque
€\) 010
désespérée, étant cerné par les ennemis : et, néanmoins, son
récit eut un effet utile.
[18] De même, moi aussi, je vous ai narré ce songe avec l'unique
intention de décider les jeunes gens à se tourner vers la vertu et
à s'attacher à l'amour de la science; et, surtout, s'il en est un
parmi eux qui, sous le joug de la pauvreté, fasse le mal de propos délibéré et incline vers le vice, gâtant un généreux naturel,
celui-là, j'en suis sûr, se sentira raffermi après avoir ouï mon
histoire ; il lui suffira de se proposer à lui-même mon exemple ; il
réfléchira au peu que j'étais quand je pris mon essor vers les plus
belles destinées, épris de science, sans craindre la pauvreté qui
me pressait alors : enfin, il verra qui j"étais quand je revins vers
vous, n'étant inférieur en gloire (pour n'en pas dire davantage) à
nul du moins d'entre les sculpteurs.
0X1
xai èxeîvo;
â7uppu>o-9r)0-îTai
àxoiiza; xoû U,û9O-J (Èu.oO),
icpozTTjzâp.Evo; i a u x û
eu,s mapzBEiypa Ixavbv,
èvvoâiv oïoî aèv wv
0)pp.ï)(Ta
TCpbc x à y.àXXixxa
xat sra9v,p.vyTa ixatôsiaç,,
àwoSsiXiâo-a; [rrtêsv
Ttpbî XTV
| TCEViaV
Tï|V XOXE,
oto; os
ÈTtaveXTJXoôa icpb; ûu.à;,
si xal (àv et'nto)
p.ï]6Èv àXXo,
yoûv àSo^ôxepo?
OVSEVô; xâiv XlOoyXvçiov.
159
ni-n'eJ5posaii ces-c/ioses-mcmes
comme ayant-résolu de-bavarder,
et cela dans to-guerre
et dans le-désespoir des-choses,
fes-ennemis {'-entourant,
mais le (son) récit
avait aussi quelque-chose d'-utile.
[18] Et, certes-donc, aussi-moi
j'-ai-raconté à-vous
ce songe
à-cause-de cela,
afln-que les jeunes-oens
[leures
se-tournent vers tes c/wses-meilet s'-attachent-à fa-science ;
et, surtout, si quelqu'-un d'-eux,
par-le-fait-de îa-pauvreté,
fait-le-mal-de-propos-délibéré
et incline
vers les choses-inférieures (le mal),
corrompant
nn-naturel non sans-noblesse,
bien je-sais que
aussi celui-là
sera-fortifié
ayant-entendu l'histoire mienne,
ayant-placé-devant lui-même
moi comme-exemple suffisant,
réfléchissant quel, d'-une-part, étant
je-m'-élançai
vers les-choses les-plus-belles
et je-désirai fa-science,
n'-ayant-eu-peur en-rien
de la pauvreté
la me tourmentant alors,
quel, d'-autre-part,
je-suis-revenu vers vous,
si même je n'ajoute
rien d'-autre,
du-moins-certes plus-obscur
gu'-aucun des sculpteurs.
ANALYSE DE L} « ICAROMÉNIPPE »
A n'en considérer que le décor, cette équipée acrobatique
esquissée par Lucien n'est qu'une pure féerie à vol d'oiseau, un
conte bleu dont l'action se passe parmi les légions supérieures de
l'azur et de l'éther. Il n'est pas rare, chez lui, que la subtile et
scabreuse hardiesse des sujets où se complaît d'ordinaire son observation se dissimule derrière la bouffonnerie des détails et l'excentricité des machines.
Voici le motif du Voyage au-dessus des nuages. Dans une autre
elucubration mythologique de Lucien, la Nêeyomahcie, on nous
dépeignait Ménippe, — le même qui ligure dans les Dialogues
des morts, — Ménippe, voyageur curieux et téméraire en même
temps que philosophe cynique, se mettant en campagne pour consulter sur la morale, au fin fond des Enfers, le clairvoyant devin
ïirésias. Semblable apparaît la donnée de l'Icaroménippe, sauf
qu'elle est retournée et comme transposée au moyen d'une adroite
fiction. L'un et l'autre ouvrage atteste une même influence littéraire et, chez l'écrivain, un état d'esprit et d'imagination, une conception et une dose de fantaisie identiques : tous deux doivent
donc dater à peu près de la même époque; dans le premier
comme dans lo second, Lucien harcèle à outrance le dogmatisme
philosophique avec l'autorité de ses tranchantes affirmations. La
nouvelle Académie, avec son probabilisme 1 , n'est pas plus ménagée que lo pyrrhonisme par cet implacable démolisseur.
Ici, le cynique qui avait si lestement dégringolé dans l'Hadès se
1. Il la raille en passant, par échappées (chap. 25). — Fondée par Carnéade,
vers l'an 160 avant notre ère, la nouvelle Académie, sans aboutir à un scepticisme absolu-, enseignait que le probable seul peut tomber sous les prises
de l'intelligence. On nomme probabilisme une doctrine qui professe qu'en
matière de morale on peut en sûreté de conscience suivre une opinion,
pourvu qu'elle soit probable, quoiqu'il y en ait d'autres qui soient plus probables (définition de Liltré). — Les sceptiques ou pyrrhoniens composaient
une secte de philosophes qui affectaient (c'était leur dogme principal) de
douter de tout. Leur chef, Pyrrhon, vécut de 384 à 288 avant J.-C.
LUCIEN. — Extraits.
H
ANALYSE DE L'IC AROME NIPPE.
162
risque à escalader l'Olympe, sans crier gare, pour interpeller dans
son propre palais Zens en personne, Zens, le souverain modérateur
du monde, sur la manière dont l'univers est administré. Cet interrogatoire est conduit sur le mode plaisant, et insolent. L'opuscule,
en livrant accès au lecteur dans l'enceinte même du ciel, lui dévoile en quelque façon la Providence à l'œuvre : ce qui fait éclater davantage encore la visée satirique de l'auteur, irrévérencieux
de parti pris sur le domaine du divin, du surnaturel et du suprasensible, comme en ce qui concerne les connaissances de création
purement humaine.
Consciencieusement, mais avec un peu d'impatience, l'arbitre de
toute créature et de toute chose, peu solennel d'ailleurs en ses
allures, vaque à son rôle absorbant de Roi suprême obligé de faire
le bonheur de tous ses sujets. D'un geste méthodique, il ouvre
une série de soupapes par lesquelles pénètrent jusqu'à lui les supplications des humains : on juge des belles inepties qu'il est forcé
d'ouïr dans le nombre, et de l'embarras où le jette souvent l'énoncé
de vœux contradictoires. L'évidente conclusion qui découle de pareilles facéties, au gré de leur inventeur, c'est l'absurdité de la
conception d'une Providence assujettissant les puissances célestes à
la plus risible des servitudes. Au souci qui l'obsède de s'insurger
contre ce qu'il taxe de superstition joignez la diatribe emportée
de Lucien, déguisé sous les traits du Cynique, contre les philosophes dénués de vergogne et de conviction qu'il flétrit d'un stigmate
public, tous en bloc, qu'on les intitule stoïciens, académiciens,
épicuriens ou péripatéticiens. « Quels étaient, dit Voltaire, les
philosophes que Lucien livrait à la risée publique? C'était la lie
du genre humain; c'étaient des gueux incapables d'une profession
utile.... » Lucien s'exprime en termes analogues : « Il existe une
espèce d'hommes qui, depuis peu, monte à la surface de la société, engeance paresseuse, querelleuse, vaniteuse, irascible, gourmande, extravagante, bouffie d'orgueil, gonflée d'insolence et,
pour parler comme Homère, « de la terre inutile fardeau ». Il
faut lire tout ce virulent morceau décoché contre les personnages
hypocrites et impudents, lubriques et avides, à qui incombait l'instruction morale et intellectuelle de la jeunesse d'alors.
La mise en œuvre du dialogue est délicate et divertissante. Toujours spirituel et courageux au sein du caprice et de l'évocation
fabuleuse, tout ensemble conteur goguenard et censeur sévère,
tour à tour plein d'aimable indulgence ou d'acerbe malignité, Lucien sait introduire dans le vêtement de l'idée la plus folle la parure qui la rehausse et la colore. Nul récit, j'imagine, n'est plus dé-
ANALYSE DE L'ICAROME NIPPE.
163
licicux à cet égard que l'endroit où Ménippe explique à l'ami qui
lui sert d'interlocuteur l'apprentissage auquel il a dû se plier avant
de voler à l'imitation des oiseaux (chap. 10 et 11). Ailleurs (chap.2),
il est fait allusion à l'escapade d'Icare pleuré par Virgile (Enéide,
début du chant VI) : le passage est joli, quoique le persiflage, insinue M. Croiset, pèche peut-être par excès de coquetterie et d'érudition.
En résumé, VIcar orné nippe prouve, une fois de plus, que le
talent original et humoristique de Lucien eut une perpétuelle propension à se jouer complaisamment en ces fictions où de vives
attaques, fruit d'un scepticisme raisonné et souvent raisonnable,
se cachent sous le gracieux et pittoresque badinage de la forme.
L'Histoire véritable elle-même, que l'on peut très bien rapprocher de Vlcaroménippe, est une odyssée invraisemblable comme
le voyage de Gulliver, un tissu de stupéfiantes péripéties où notre
prestigieux ironiste se gausse à miracle des trouvailles mensongères de certains historiens, poètes et philosophes, poussés par onne sait quelle manie à bourrer de prodiges et d'événements bizarres leurs compilations indigestes. L'Histoire véritable, toute
intention de parodie en étant retranchée, ouvre dans l'antiquité
la liste de ces pérégrinations extraordinaires qui tenteront les plumes alertes de nombreux écrivains modernes, les Cyrano de Bergerac, tes Swift, les Jules Verne, héritiers de la verve, sinon du
style, de Lucien.
IKAPOMENinnOS
ICÀROMÉiNIPPE
H
ou
Ï1I"EPNE<λEÀ0£
VOYAGE AU-DESSUS DES NUÉES
MENiniIOS,
ETAIPOS
Ménippe promet à un ami de lui conter les merveilles qu'il a vues
et entendues chez le grand Zeus.
[1] M E N I I 1 I I 0 2 . Oùxoù'v xpic/EAicu p.lv Yjo-av xrcb y-qç
CTabior p-s/pi vrpbç TTJV CSXYJV7|V ô TipôoTo; vjp.?v <TTX6U.ô; '
TOÛVTEUôEV Sa km xbv -qXiov GCVIO Traoacxyya; TCOU TtsvxaxbctO'. *
xb S' àrco TOUTOU I ; aùxôv YJOT] TôV oùpavbv xx\ TT|V axpdicoXtv
T7iv TOU tViôç xai xaÛTa ysvoiT
av ôSoç suÇtovq) aeTùl u.ià;
7ju.Épaç.
E T A I P O S . T i xauxa, Ttpbç XapiTiov, ob MéviTCTCï, àcxpoVOU.SÏÇ xxl "q°"uXl?l T c w ' âvy.u,ïTpstî ; IlàXxi yàp ÈTcaxc,oû)y.ai cou
àxoXouÔùjv TJXI'OU; xxl CEXYJVXç, ETI SE Ta cpopx'.xx Tauxa, c x a Op.ou; xtvaç xal Ttxpacxyyxç, UTCO^EV^OVTOç.
MÉNIPPE, UN AMI.
Ménippe promet à un ami de lui conter les merveilles qu'il a vues et entendues chez le grand Zeus.
[1] MÉNIPPE. Oui. il y avait bien trois mille stades de la terre
jusqu'à la lune, notre première étape : de là au soleil, on monte
environ cinq cents parasanges : et du soleil jusqu'au ciel môme
et à la citadelle de Zeus, il peut bien y avoir un voyage d'un jour
pour un aigle agile.
L'AMI. Que signifie, au nom des Grâces, Ménippe, ce calcul
astronomique, et que mesures-tu-là tout bas? Car voilà longtemps
que je te suis, et je t'entends parler de soleils et de lunes, et prononcer en outre ces gros mots, je ne sais quelles étapes et quels
parasanges; tu as l'air d'articuler une langue étrangère!
MÉNIPPE, UN AMI.
Ménippe promet à un ami de lui conter les merveilles qu'il a vues et entendues chez le grand Zeus.
[1] MÉNIPPE. Ainsi-donc
[1] M E N I i m O S . Oùxoûv
étaient, d'-une-part,
?jcav ixÈv
trois-mille stades
rçHor/iliot CTdéScot
à-partir-de la-terre
àizh Vu?
jusqu'-à la lune
u.Éy.ps T ï p b ; x/|V CEbrjvTjv
la première étape à-nous :
o TrpàiToç araOu-b; T(U.ïV •
de-là, d'-autre-part,
TO èVTEûQEV SE
au soleil en-haut
È7t\ TOV qXcov a v »
7tou 7iEVTaxôsrot Ttapaaâv y « i ' à-peu-près cinq-cents parasanges;
d'-autre-part, à-parlir-de celui-ci
SE TO CCTcb TOUTOU
au ciel lui-même désormais
è î TOV oùpavbv aÙTov qS-/]
et
d-la citadelle
x a l TTjV axpÔ7roXiv
la
(celle) de Zeus,
TT,V TOÛ A l O Ç
cela
aussi, d'-aventure, aurait-été
Tauxa x a l av Y/éVOITO
tm-voyage
d'-un-seul jour
ôSbç p.iâç v)pip«5
pour-un-aigle agile.
[ces),
aETÔ) EuÇcévrp.
L'AMI. Au-nom-des Charités (67r«E T A I P . ripb? XaptTmv,
ô Ménippe,
[ment
ù> MÉVITCTTE,
pourquoi calcules-tu-astronomiqueTt àcTpavou-eï;
et mesures-rw ces-choses
x a l àvau-ETpsî; Taùxâ
u
en-quelque-sorte
tout-bas?
irtoî "0°" Z'îiJ
Car
depuis-longtemps
suivant toi
P à p TtâXai àxoXouâôiv
/-entends toi
È7raxpotôu.at cou
proférant-d'-un-accent-étranger
UTCO^EVt'ÏOVTO?
des-soleils et des-lunes,
[lourds,
ïjXtouç x a l aEXqvaç,
et, -d'-autre-part, en-outre, ces-meds
Bè STI Taûta Ta çopTtxà,
je-ne-sais-quelles étapes
Tivà; cTaôgoùç
et parasanges.
x a l Tcapacdyya;.
166
RIEN.
ICAHOMENIPPE.
IKAPOMENIIUIOS.
MVJ 6xuu.at(T7jC, e> STaïps,
si [ZETEtopa x x l SiaÉfix
ooxw coi Àéyetv • T ô XS-.SXXX'.ûV y x o OTJ TTGO; èJJLXUTôV XoyiÇofixi
Tvjç evayjroç àroo-qu.''xc.
ETAIP.
E è T X , ùjyaôë, xxflxiTEp OC <IWvtxsç acvpo'.ç ETEX-
fxxt'pou TVJV ôSov;
M E N . O ù u.à A''x, àXX' Èv xùxoTç
TQÏç âcTpocc; ÊTCO'.&UU.Y|V
TVJV XTro3Y|u.iav.
EÏAIP.
'HpâxXeiç, [/.axpôv v i v a TOV ovetpov Xsyecc, si' ys
cauTÔv eXaOï; xxTaxoiu.7]8slç Ttapxcxyyaç ô'Xouç.
[ 2 ] M E N . "Ovecoov y à p , tô TXV, OOXOJ COC Xsystv, S; àpTi'toç
acpïyu,xt TTXGX TOO ACO'ç ;
ETAIP.
IiùJç, eavjcOa ; MévcTncoç vjuitv 0'.O7TET7Jç. i r a o s a r t v
Èç ouoavoîj ;
R I E N . K a i fx-qv Èycô coc xcxo' XÙTOU èxït'votj TOO irxvo Acôç
•qxo) xcq;j.£pov, 6 a u u , a c t a xac a x o ù c a ç x a t iScov • si 8s à i r i CTEfç, xac a ù r ô TOùTO ÔTC£p£ua>oac'vou.ac T ô ccspa TCCCTEOJç E û T O -
ysTv.
MÉN". Ne sois point surpris, m o n c a m a r a d e , si j e le semble tenir
des propos sublimes et aériens : c'est q u e , en vérité, j e récapitule à part moi les points essentiels de m a récente odyssée.
L'AMI. Alors, m o n b o n , c o m m e font les Phéniciens, tu réglais
ta route d'après les a s t r e s ?
MÉN. Non, n o n , p a r Z e u s ; mais c'est dans les astres m ê m e s q u e
j'accomplissais m o n voyage.
L'AMI. P a r Héraclès, tu m e contes-là q u e l q u e songe bien long,
si du moins, sans t'en apercevoir, t u a s dormi des p a r a s a n g e s
entiers.
[2] MÉN. Ainsi, m o n cher, j e te parais conter u n songe, moi
qui arrive à l'instant de chez Zeus?
L'AMI. Que dis-tu? Ménippe, tombé de Zeus, nous vient du ciel!
MÉN. Oui certes, m o i qui te parle, je descends aujourd'hui d e
chez le g r a n d et véritable Zeus lui-même, a p r è s avoir ouï et vu
des choses m e r v e i l l e u s e s ; et si tu n e veux p a s y ajouter foi, le fait
m ê m e q u e m o n b o n h e u r te trouve incrédule m e comblera de joie.
M E N . ~Q k x ï p e ,
\LT) Oaup.dcoTpç
Et SoXtil COC ÀÉYECV
jj.ETÉo)pa xac StaÉptx •
yàp Sri
^OYCÏOjAa'. upàç Ègaurov
TO xssâXaiov
xfj; ôuroSTilM'a; Êvayy_oçE T A I P . E r r a , u> «yaôÈ,
evex[j.atpo"j
TïIV ôôôv ao-xpot;,
xaAàirsp ot 4>OCVCXE;;
M E N . Où (ta Aîx,
aXkaÈiro'.oûuïiv TT,V à7toSr)ut'av
èV xoï; aoxpotç aùxoîç.
E T A I P . 'HpâxÀEtî,
iéyeiî TOV ovsipov
Tiva u-axpôv,
si' YE ÏXaÔs; O-IXUT'OV
xaTaxotu/ofistç
Tcapaaâvva; ôXou;.
[2] M E N . P à p Soxû trot
)iysiv ovetpov, w TSCV,
8c àçîyu.a'. àpxt'w;
Tiapà Toù Atôs;
E T A I P . I l u ç Via-flot;
MévtTCTTo; iràpsoriv rjp.î';
SiOîTETïiç
ÈëoùpavoS;
M E N . K a \ [jLriv
Èyo) rixw crot Tr)|i.epov
Ttapà èxsivo-j TOV
Tfâvv Atbç OCVTOû,
xoè àxovera? x a t tôwv
9auu.âo-ia SE si «TtiOTei;,
ÙTcepEuçpatvouat
xa't TOCTO aùx'o
T'O e,\rujyfiv
Tclpx TU'O-TEW;.
167
MÉN. Ô c o m p a g n o n ,
ne t'-étonne pas
si j e - s e m b l e à-toi dire
des-c/io.ses-élevées et aériennes :
car, certes,
j e - c o m p t e envers moi-même
l'essentiel
du voyage r é c e m m e n t fait.
L'AMI. Ensuite, ô m o n - b o n ,
iu-conjecturais
la route p u r - i e s - a s t r e s ,
c o m m e les Phéniciens?
MÉN. Non, non-par Zeus,
mais je-faisais le voyage
d a n s les astres e u x - m ê m e s .
L'AMI. Par-Hèraclès,
fi(-dis le songe
u n - c e r t a i n songe long,
si du-moins tu-fus-caché à-toi-même
ayant-dormi
d e s - p a r a s a n g e s entiers.
[2] MÉN. Car j'e-semble à-toi
dire u n - s o n g e , 6 mon-cher,
wiot-qui suis-arrivé à-l'-instant
de-chez Zeus?
L'AMI. Comment disais-tu?
Ménippe est-présent à-nous
tombé-de-Zeus {du ciel) '
du ciel?
MÉN. E t , en-vérité,
moi je-suis-venu à-toi aujourd'-liui
de-chez ce
fameux Zeus lui-même,
e t ayant-entendu et ayant-vu
.des-cftoses-admirables :
niais si fu-es-incrédule,
je-me-réjouis-extrêmement
aussi de-cela m ê m e
I e être-heureux
au-delà-de toute créance.
168
IKAPOMENIIIIIOS.
E T A I P . Kal itfflç av eywys, ù> OscTcsçie xal 'OàUUVJTIS
MÉvircics, ysvvYjTè; aôxô; xal ÊTréyEtoç WV, àmaTElv Bovai'uTjV
ÛTtepveaiéXoj àvSpl xal (ïva xaâ' "Opv/jpov etTcw) xâVv Oûpaviwvwv svf ; 'AXA' éxsîvà uoi cpàaov, eï ooxsï, xi'va xporcov fipOir,;
aval xal ôTCO6EV srcopiffo,) xAi'uaxa TijAixaùx-qv xb pisysâo; ;
T a pcèv yàp âo-aù XTJV odyiv où Tcâvo eoixa; sxet'vw xw <&puyc,
élffTs Tjptï; s'txâvEiv xal aï olvoyorjaovxa rcoo àvapTracxov ysyovivat xxpôç xou àexoo.
MEN. Zù ptlv TcolXas O-XCOTCXCOV STJXOç ET, xal 6aop.a<jxbv
oùosv E" COI xb rcapâoocjov TOù Xôyou u.u9co Boxe? ixpo<7(pspsî.
'Axàp oôBsv ÊoÉoqcré uot rcpbç TTJV avoSov ours xrjç xXifiaxoç
ours TOO asxou • olxeïa yào àjv pioi xà xxxEpà.
E T A I P . TGUTQ LIèV 7J5Y] xal ûxcèp aùxbv AatBaXov ÈVq<jQa,
L'AMI. Et comment, divin et olympien Ménippe, moi, faible
mortel vivant sur la terre, oserais-je refuser de croire un homme
élevé au-dessus des nuées et qui, pour parler avec Homère, est
l'un des Uraniens [habitants du «'e?)? Mais dis-moi, s'il te plaît,
par quel moyen tu es monté là-haut. Où t'es-tu procuré une échelle
de telles dimensions? Car, pour ce qui est de la figure, tu ne ressembles pas du tout à ce fameux berger phrygien, en sorte que
nous ne pouvons supposer que tu aies été, toi aussi, ravi par
l'aigle à travers l'espace pour verser à boire en un lieu quelconque.
MÉN. Je vois bien que tu railles depuis une heure; aussi bien,
il n'est nullement étonnant que mon récit si étrange te paraisse
avoir l'air d'une fable. Mais je n'ai eu nul besoin, pour mon
ascension, ni de l'échelle, ni de l'aigle : car j'avais mes propres
ailes.
L'AMI. Tu nous cites-là maintenant un exploit supérieur à celui
de Dédale lui-même, si, outre le reste, sans que nous nous en
ICAHOMÉNIPPE.
E T A I P . 7 Q osffTtso-is
xal 'OVJgttiE Msvtrcrcs,
xal rcâiç sytoyE,
169
L'AMI. Ô divin
et Olympien Ménippe,
et comment moi-du-moins,
étant moi-même mortel
av aÙTÔ; YEVVïITÔ;
et vivant-sur-la-terre,
xal Ircfyeio;,
d'-aventure pourrais-je être-incrédule
âv Suvatu,7]v àrcioxstv
à-un-homme élevé-au-dessus-desavSpl ûrcEpvsqpéXco
et un des Uraniens
[nuages
xa\ ivl xôiv Oôpavitivfjûv
(pour-que
je-parle
selon
Homère)?
(t'va sircw xatà "Op.-/jpov) ;
Mais dis à-moi ces-c/ioses,
'A).Xà çpâaov p.ot èxeïva,
si *7-sembIe-6on à toi,
eî SOXEÎ (soi),
de-quelle façon
xtva xpdrcov
(u-t'-es-êlevé en-haut
•npOr]; â'vii)
et d'-où fe-t'-es-procuré
xal ârcoôev èrcopi'oio
une-échelle telle
XAi'gaxa xqXtxa'iixqv
quant à la grandeur ?
xb |isye8o;;
Car, d'-une-part,
r à p o-kv
quant aux choses relatives-à l'aspect,
xà apcpl XTV
| b'itv,
ne-pas '«-ressembles tout-à-fait
oôx sotxaç rcâvu
à ce Phrygien,
[turer
êxetvft) xôi «bp-jyl,
en-sortc-que nous ne pouvoir conjec(IMITE Tjgà; Elxàïstv
os xal YEYOvIvai àvâprcaaxov toi aussi avoir-été entraîné-en-haut
par l'aigle de Zeus,
rcpbç xo'j asxo'J
devant-être-échanson quelque-part.
oîvo^Oïjaovxâ rcoo.
MÉN. Toi, d'-une-part,
MEN. Su gsv
îw-es
manifeste
El SÎ|Xoç
raillant depuis-longtemps,
oxwrcxwv rcâÀai,
et il riy a rien d'-étonnant
xal où8Èv 9aup.aoxbv
si l'étrangeté du récit
El xb rcapâ8oc,ov TOû >.ôyou
semble à-toi semblahle-à nne-fablo.
SOXEî aoi rcpoaipspÈ; p/j6<o.
Mais en-rien ne-fut-besoin à-moi
'Axàp 0Ù8ÈV ÈSé-qrré p,oi
pour l'ascension
rcpb; Tiiv àvoSov
ni de-I'échelle,
oîfxE XïJ; xA.ip.axo;
ni de-l'aigle :
OUXE xov àsxoû '
car les ailes
yàp xà rcxepà
étaient à-moi propres.
rjv pot olxEta.
L'AMI. 7Vdisais
ETAIP. "EpqofJa
cela, d'-une-part, maintenant
xoûxo psv r,8r]
mêmeau-dessus-de Dédale lui-même,
xal ûrcèp AatôaXov auxbv,
si du-moins, on Ire les autres-choses
Eî ys rcpbç xotç àXXot;
IKAPOMENI11I10S.
170
1CAUOMÉN1PPL.
Eï i'£ TTOô; TOIç àXXotç èXeÀ-qOetç 7)U,aç îépx; TE; T) xoÀoiô; S;
àvÔpcoTcou yEvojxsvoç.
M EN. 'OpOtôç, m ÉTXÏps, xxi oùx XTO <rxoxou eixaca; " T ô
AacoâXsiov yàp Èxscvo câptaux TôJV TCTSpùiv xxl a u t o ; Êu.7]yavY|(Tcy.u.T1v.
[3] E T A I P . E l x x , tô ToXjrqpÔTXTE TCXVTWV, oùx èOEOOI'XEI;
U.7] XXI 5Û 7T0U T7)Ç OctÀaTTTjÇ, XXTXTC£(7<nV MEVITCTCEEÔV Tl TcÉXxyoç *y][j.?v ôjdTrsp Tô 'Ixxpiov à7ro8si!;7|ç £TCI TCO <JîXUTOîJ ôvô-
[xaxt;
M E N . OùSajaû; • ô uiv yàp "Ixxpoç àxs x^pùi TTJV TCTÉpw(71V 7]p[/.0(TU.SV0Ç, ETCSIOÏ] TXytffTX TtpÔç TOV -qXlOV IXïÎVOÇ ÈTXXY,,
TCTSpopouYja-xç EîXOTWç xaT£7tE(7SV " TjU/iv Se àxrjpwxx -qv xa
(jJXÔTCTCpx.
E T A I P . II<3; Xsyetç; "HSTJ yàp oùx OèO' Ôrcie; •qpéu.a a s
Tcpoaàyei; Tcpôç TYV àX-qÔeiav TT}ç ô'.-qyqtyswç.
MEN, ^iîoé TCOJC " àsTÔv sùpLEysâ-q uuXXacêùiv, ITI 8 î yuTta
TûV
xapxepôjv,
àxcoTEu.ùv
aùxatç wXÉvatç
xà
TCTEûX—,
doutions, tu es devenu faucon ou geai, d'homme que tu étais!
MÉN. Tu as parfaitement deviné, mon ami, et tu n'as pas dévié
du but : imitant l'ingénieuse invention de Dédale, je me suis
fabriqué, moi aussi, une paire d'ailes.
[3] L'AMI. Ainsi donc, ô le plus téméraire de tous les hommes,
tu n'as pas craint de tomber, toi aussi, en quelque endroit de la
mer, et de donner ton nom à une mer Ménippéenne, comme nous
avons déjà la mer Icarienne?
MÉN. Nullement : Icare, en effet, avait attaché son appareil de
plumes avec de la cire, et, dès que celle-ci se fut fondue à la chaleur du soleil, il perdit ses ailes, naturellement, et tomba; tandis que, au contraire, nos ailes, à nous, n'étaient pas enduites de
cire.
L'AMI. Comment dis-tu? Déjà, en effet, — je ne sais comment,
— tu m'amènes tout doucement à admettre la vérité de ton récit.
MÉN. A peu près ainsi : je pris un aigle d'une bonne taille, et,
avec lui, un vautour de la grosse espèce, je leur coupai les ailes
171
t«-avais-échappé à-nous
étant-devenu un-certain faucon
ou geai
d'homme que tu étais.
MÉN. Xu-as-conjecturé
MEN.Eixaa-aî
avec-justesse, ô compagnon,
op8(ôç, <L STaiOE,
et non loin-du but;
Y.0Ù OÙX XXÔ (TXOITO'J '
y à p ègr|-/avr(a-c£u.r(v xa'i aùxô: car j'-ai-imaginé aussi moi-même
cette invention-ingénieuse
êxeîvo Tô côç'.oga
de-Dédale des ailes.
AaiSàXsiOV T(ÔV 7TTEpii>V.
[3] L'AMI. Ainsi-donc,
[3]ETAIP.Eua,
ô le-plus-audacieux de-tous,
a> ToXlJ.YjpÔTXTE TtâvTWV,
tu ne craignais pas que aussi toi,
oùx èSESOîXSH; JJLïI x a l où
xaTausotov %QM TYJ; ÔaXâTTq; étant-tombé quelque-part de-la mer,
to-ne-fisses-voir à-nous
axoSst'îjïiç f;|Atv
d'-après le nom de-toi-même
eu! T(i) avop.au oeauToO
«ne-certaine mer de-Ménippe,
TI TcéXayo; MSVîTCTCEIOV,
comme la-mer d'-Icare?
WOTCEp TO ' I x â p t O V ;
MÉN. Nullement :
MEN. OùSapuôçcar, d'-une-part, Icare,
yàp U.ÈV ô "Ixapoj,
comme ayant-ajusté acec-de-«a-cire,
XTE Ï1PP.OOJJ.ÉVOÎ xripôi
l'appareil-d'-ailes,
TÏJV ItTÉpwfflV,
dès que celle-ci
ÈTTElSÙ TX*/tOTa ÈXEtVO;
se-fut-fondue au soleil,
ËT01XÏ) ItpÔÇ XÔV ï)XtOV,
ayant-perdu-ses-plumes,
•XTEpoppurioaç
naturellement tomba :
EÈXÔTO); XaTÉlTEOEV •
mais les ailes
Ôè Ta tôxÙTCTSpa
étaient à-nous non-enduites-de-cire.
qv r,pïv àx^poira.
L'AMI. Comment dis-tu?
E T A I P . rioiç Xiyet; ;
car déjà je ne sais comment
yàp T,Ôï] oùx olSa oirui;
Dt-amènes moi tout-doucement
TtpoodtyEtç gEYipéga
à admettre la vérité
u p ô ; Tqv àXqÔEtav
du (de ton) récit.
vffi SiriyrjOEoj;.
T
MÉN. Ainsi à-peu-près :
M E N . ûoÉ rariçayan t-pris-ensem bl e
ooXXaëàiv
«n-aigle d'-une-bonne-grandeur
«ETOV eùu.Eyé9ïi,
et-en-outre, d'-autre-part, un-vautour
ETI SE yùita
des forts (de la grosse espèce),
ttov xapTepiiiv,
ayant-coupé les ailes
àltOTSpùlV Ta TCTEpà
awee-tes-épaules
elles-mêmes....,
ùXévai; avTaïç....,
Ysvéu,sv6ç TIç Upai;
Y, XOXOLôç
il àvflptoTtou.
172
ICAROMÉNIPPE.
IKAPOMENiniIOS.
[xaAÀov 3s xal Ttacav i\ àpyyTj; TïJV sirivocav, û co<. ayoÀT],
?è (/.âXî.ov Btsipi (aot)
<> i
xal Traaav TTJV sitivatav
û'.siu.'..
E T A 1 P . Ilâvu (j.sv oùv ' ai; syoj coi pis Tempo; slp.'. ûTTOTCOV
Aôywv xal Ttpôç xh TSXOç V)S"/J xéyTjva TTJç axpoâa'Eu); ' pvq ovq,
•repoç *I>iXi'ûu, IJLS Tcept'lovjç à v « Trou TTJ; SiT,yrj«TStoJç; Ix TôJV WTOJV
amnoTTi ytévov.
Ménippe avoue sa curiosité vis-à-vis des phénomènes naturels,
qu'il désirait ardemment s'expliquer. Il insiste, à ce propos, sur
l'ignorance et sur la sotte vanité des philosophes de son temps, impuissants à le renseigner.
[4] M EN. "Axous TOI'VUV " où yàp àsTéïôv ys xo Gsauta
XEv/T|VÔTa tptXov lyxxxaAtTrîiv, xal Taùra, <Lç cl) <pv)ç, lx TôJV
ôJTWV àTC7ipTTj|j.£V0v. 'Eycu yao &TC£i8v] Taytcra è;£TàÇojv r à
xaxà TôV pi'ov ysAota xal TaTrecvà xal aêéëaca Ta àvQpoûTnva
TcdvTa eùptaxov, TCAOUTOU; Âsyw xal apyyà; xal SuvacTeiaç,
xaTatppovTJtraç aÙTôJv xal TTJV TCEO! Taùra o*7roo3à|V àqyoÂt'av
s S àpy.-fjç,
si ayù'ki)
(êTTO
G°K-
E T A I P . I l â v u u-sv o u v
wç èyto EÎp.i aot
jASTSMpo; TJTTO TÔW ),ÔYO)V
x a l xéy/qva T,6ïJ
•JTpOÇ TO TÉAOÇ
Xffi OLV-ÇoicttùÇ, •
8ï), TVpO^ <I".ÀtOU,
u.-qir£puSï|; P-£
à7ir,pTr,p.£VOV
SX TÔJV WTtOV Trou âvo)
xf\Q ScflypacU);.
Ménippe avoue sa curiosité vis-à-vis des phénomènes naturels, qu'il désirait ardemment s'expliquer. Il insiste, à ce propos, sur l'ignorance et sur la
sotte vanité des philosophes de son temps, impuissants à le renseigner.
[4] MÉNIPPE. Écoute donc : car ce n'est pas un joli spectacle
qu'un ami qu'on abandonne bouche bée, surtout, comme tu dis,
après l'avoir suspendu par les oreilles. Eh bien! donc, dès qu'une
enquête approfondie sur les affaires humaines m'eut démontré que
tout ici-bas est ridicule, bas, inconstant, j'entends les richesses,
les charges, le pouvoir, je méprisai ces misères, je jugeai que
l'ardeur déployée à les poursuivre est un obstacle aux occupa-
m a i s plutôt j ' - e x p o s e r a i à toi
aussi toute l'invention
depuis fe-principe,
si /e-loisir est à-toi.
L'AMI. Parfaitement :
car moi j e - s u i s à-toi
élevé-en-l'-air p a r les paroles
et j e - s u i s - b o u c h e - b é a n t e déjà
pour la fin (dans l'attente de la fin)
du récit-écouté :
certes, au-nom-du dicu-des-amis,
ne laisse pas moi
suspendu
par les oreilles
quelque-part en-haut
du récit.
Ménippe avoue sa curiosité vis-à-vis des phénomènes naturels, qu'il désirait ardemment s'expliquer. Il insiste, à ce propos, sur l'ignorance et sur la
sotte vanité des philosophes de son temps, impuissants à le renseigner.
[4] MEN. "Axous TO'VJV
avec les épaules mêmes, et
Mais plutôt, je te décrirai toute
l'invention depuis le principe, si tu es de loisir.
L'AMI. Très volontiers; car tes discours me mettent tout en
l'air, et déjà j'en attends bouche bée la fin; ainsi donc, au nom
du dieu des amis, ne me laisse point quelque part au haut de ta
narration, quand tu m'y auras suspendu par les oreilles.
173
yàp TO ttsau.â
(èdT'.v) oùx àoTsïov ye
èyxaTaXtJtEÏv
<ptAov xsxTjvÔTa,
xa'i TaûTa, d>ç au <p-r,ç,
à7rqprr,pivov èx TWV ùlTWVEàp £yù> èTTSIBYI Ta'/'.aTa
à?STâi(a)v
Ta XKTa TOV (lîov
eupiaxov
vcâvTa Ta àvuptoiriva
yeAoîa xal TaTtsivà
xal àësêaia,
Asyt» TTAOUTOU; xal a p y à ;
xal Suvao-Tîîaç.
xataçpovqcra; aÛTâiv
xal ÛTïoAaêiov
TT|V (7TfOUOT|V TTîpl TXUTa
[4] MÉN. Écoute d o n c :
car le spectacle
est n o n a g r é a b l e du-moins
de-laisser
u n - a m i bouche-béante,
et cela, c o m m e tu dis,
s u s p e n d u p a r les oreilles.
Car m o i aussitôt q u e ,
examinant
les-c/ioses relalives-à la vie.
je-trouvais
toutes les choses-humaines
risibles et b a s s e s
et non-fermes [inconstantes]
je-dis richesses et charges
et pouvoirs,
ayant-méprise elles
et ayant-pensé
l'ardeur à-l'-égard-dc ces-c/ioses
17a
lKAPOMENIIinOS.
IC.MtOMENIPPE.
TôJV KXTJOôJI; ff7rouSaicov uTioAaêàiv, àvaxÙTcxEiv TE xat irpbç. xb
irxv àvxëAÉTCEiv È7C£tp<jju.7]v. Koa [AGt IvxauOa tioXlr^
xiva.
Tcapsiys TT|V arcoci'av Ttoôj-xov aiv aùxbç ouxo; G ùTCG XôJV
COCJôJV xaAoùpuvoç. xb-raoç" où yàp elyov EÎICEïV Gù'9' OTCOJç
syÉvexo oùxe TôV ÔY|U.toupy6v Où'TE TTJV àpyvjv où'O' ô xt xb
xÉÀoç eo-xat aùxoîi. "Excsixa 3k xxxà u,£po; £7r!o"XGTc<J5v TCOÀU
y.SÀAov àiropEEV V)vayxa^bu.Yjv ' xoù; xs yàp àffxépaç. ( ou; b
Éc/jpwv OJç bxuy/s xou oùpxvoîi Bi£pp'.u.y.£VOuç xxt xov -qXiov
aùxbv xt TCGXE YJV àpa ÉTTOSOUV EtoÉvat ' p.âXi<7xa SE xà xotxà
(stvat) àsy-oliav
xwv akrflmz orrauSaiorv,
èirEipu>pr(v âvaxùwretv TE
xat àvaêlinEtv
•rcpb; xb 7tàv.
Koù èvxaôGa TtpùiTov U.èV
oùro; 6 xal.oup.svo; xôcrtio;
ûirb TôJV (Toçâv aùxb;
xapstXÉ f-ot
T V ccTiopiav xtvà TtoW-nv •
yàp oùv. btyov ejpeîv
OUTE oTto); ÈyÉvExo
OO'TE TOV OY)p.sovjpybv
175
être embarras
des-rhoses vraiment dignes-de-zèle,
je-m'-eflbrçais-de lever-la-tête
et de-lever-les-regards
vers le tout (l'univers).
Et ici d-'abord. d'-une-part,
celui-ci le appelé monde
par les sages lui-même
fournissait à-moi
l'embarras un-certain grand :
car je ne pouvais découvrir
ni comment i''-devint (il fut créé),
ni le démiurge (créateur),
Où'TE TTJV àp;/-n,v
ni le principe,
cause secrète ; de plus, l'éclair déchirant la nue, le fracas du ton-
Où'TE S TI £<7T«i
Tô TéIQ; aÙToO.
As siTEiTK,
ÈTcnj-xoTtâiv xxrà pipo;,
Y|vayxa!;bp.ïiv àrcopEîv
Tcolo u.allov •
,
yàp àpa èTOOOOV EÎoÉvat
TE TOù; à<7TÉpa; <oo;> Édipiuv
StEpptuuivou; TOù oùpavov
to; ETU-/£
xat TôV rjliov aÙTav
TI TTOTE vjv •
S: ydclto-Ta
Ta xaïà Tï-|V <7EX,T|Vï)V
xaTEçac'vETÔ p.ot aTOTta
xa'i TuavTEldj; napâSo^a,
xa\ ÈSôlaÇov
Tô iroloEtSè;
TIOV oxYip.àTa)v aùrr,;
ïyzw T V aÎTtav
Ttvà ànôppr)Tov •
où p.ï]v à/.là
xai ào-TpaTiT| 3ta?ao-a
X ï I PpovT-i) xaTappaysïo-a
ni ce que sera
la fin de-lui.
D'-autre-part, ensuite,
inspectant par partie (en détail),
j'-étais-forcé d'-être-embarrassé
beaucoup plus :
car, certes, je-désirais savoir
et les astres <lesquels> je-voyais
répandus-à-travers le ciel
comme cela se-trouva (au, hasard),
et le soleil lui-même
quelle-c/iose enfin e'-était;
mais surtout
lesphénomènes relatifs-à la lune
apparaissaient à-moi étranges
et complètement extraordinaires,
etje-croyais
la variété
des aspects-extérieurs d'-elle
avoir la cause
tme-cerlaine secrète :
au surplus,
[la-nue
et I-'éclair s'-étant-élancé-à-traverset /e-tonnerre ayant-éclaté
xa\ ùETô; ï] -/IôJV
et fa-pluie ou fa-neige
nerre, la chute de la pluie, de la neige ou de la grêle, tout cela.
r\ ydilaÇa x«TEvExGEt<ra,
xvjv GEAYjVqv âxoTcà u,Gt xat TCXVXSAôJ; TcapxSolja xocxsipxi'vExo,
xal xô TCGÀUEISEC aux'Tjç xâv ayriy-àxiov aTcôpoT|XÔv xiva xiqv
atxt'xv kysiv ÈQo^aÇov • où U.T|V àÀAà xat àsxpa7T7] oià^aca xat
[îpovx-q xaxappayEÏcrx xat ùETOç -q v-tcùv r\ yàAaÇx XXXEVE-
tions vraiment dignes de nos soins : alors, je tentais de lever les
yeux et d'envisager l'univers. Ici, tout d'abord, me causait un
grand embarras cet ensemble même que les philosophes appellent
le monde : en effet, je ne pouvais découvrir ni le mystère de sa
formation, ni le créateur, ni le principe, ni la fin à laquelle il
aboutirait. Puis, l'examinant en détail, j'e devais nécessairement
douter bien davantage : qu'était-ce, en définitive, que ces astres
que j'apercevais semés au hasard à travers le ciel, qu'était-ce que
le soleil lui-même, voilà ce que je désirais vivement savoir; mais
c'étaient surtout les phénomènes relatifs à la lune qui m'apparaissaient comme étant étranges et tout à fait extraordinaires, et la
variété de ses aspects m'amenait à leur supposer je ne sais quelle
ou fa-grêle étant-lancée-en-bas,
176
ICAROMÉNIPPE.
IKAPOMENinnOS.
y/ÔEÏo-a, xat xaôxa ousei'xasxa Trâvxa xat axéxp.apxx TjV.
[5] Oùxoov STceiOYÎTrîp Où'XOJ 8texsfu.Y|V, aptsxov elvai ÛTceÀau.6avov rasa xwv cpiAoaôcptov xoûxcov l'xaara ÊxuiaÔEtv ' (o[AT|V
yap Ixsivouç ys TTCXCTXV e/Etv av sïTrbtv XYJV aÀrjQsiav. OUTOJ
Ô-/| xoùc àpt'sTouç £TciX£^âu,£Vo; aùxùiv, w; svvjv xsxpvrçpaarQxi
TcpoffdÎTtou x£ xxuÔpaiTcôx'qxi xat ypôaç wypoxTjXi xat yEVEtbu
[3a9uxYjXi, — p.xXtt yàp ûdvaybpxt xtvèc xa; oûpavoyvwv.ovEç
oî àvop£ç aôx>'xa pt,oi xax£cpav7]cav, — TOôTOIç âyvstpiaaç
èptauTÔv xïà cuyvbv àpyuptov xb usv aÙToOev YJ5T|"xaxaêaXù>v,
xb Sa sitrccuôtç àicoStôfiE'.v ITTS XEcpaXai'qj TTJç <rocpiaç OIOU.OAG-
YY,sa;j.£voç, ï);t'&uv p.£T£(oooÀso"yY|i; xs SioâaxeaÔai xat XTJV XôJV
b'Àcov S'.axôuu.YjS'.v xaxaaaOsïv. Oî Sa xoowrov àpa ISr/jcâv
selon moi, échappait à la conjecture et au raisonnement. [5] Ainsi
donc, puisque je me trouvais dans cette situation d'esprit, je me
figurais que le meilleur parti était de me renseigner sur chacun de
ces points auprès de ces fameux philosophes : car je pensais
qu'eux du moins pourraient me dire toute la vérité. En conséquence, je choisis les plus forts d'entre eux, autant qu'il était possible de l'induire d'après l'austérité de leur physionomie, la pâleur
de leur teint et l'épaisseur de leur barbe; les personnages en
question se révélèrent, en effet, immédiatement à moi comme des
vantards au verbe haut et des gens versés dans l'étude du ciel. Je
me remis entre leurs mains, moyennant une grosse somme d'argent : j'en déboursai la moitié comptant, je convins avec eux de
payer le reste plus tard, une fois parvenu au faîte de la sagesse :
je leur demandai de m'apprendre à disserter sur les corps célestes
et à connaître l'ordonnance de l'univers. Mais ceux-ci. bien loin —
177
et toutes ces-choses
étaient difficiles-à-conjecturer
et échappant-au-raisonnement.
[5] Donc, puisque
j'-étais-disposé ainsi,
StExesu.r|V OVTOJE,
je-supposais
ùjre).âp.ëavov
apprendre chaque-c/iose
ÈxttaBeîv exaaxa
rcapà TOUTCOV XôJV cpiXoaôptov de ces philosophes
etvas aptarov •
être le-meilleur :
yàp <<>p.r|V
car le-croyais
sxssvou; YE 5v
ceux-là du-moins, d'-aventure,
£Y;etv EIHEIV
pouvoir dire
Ttâaav xr,v àXrjtfciav.
toute la vérité.
Oôxw ôi| èjrt>.E?(ip.£vo;
Ainsi, certes, ayant-choisi
xoùî àpiffxou; aOxoSv,
les meilleurs d'-eux,
[turer
(oç èvrjv xExp.ripao6ai
comme if-était-possible de-conjeccxuOpwuôxriTÎ xe irpooxÔTrov par-f'-air-sombre du-visage
e
xat ùc/poTïjxi xP° a î
^ f^-pâleur du-teint
xat £Ja8ÙTï)xt yevEtou,
et f'-épaisseur de-fa-barbe,
— yàp os avSpeç
—• car les hommes
xaTS<pâvx,<jâv pot aùxcxa
apparurent à-moi aussitôt
TSVES uâXa ôstayôpas
certains fort grands-parleurs
xat oùpavoyvtojj.ovEç, —
et versés-dans-la-science-du-ciel,
iy/Etphra; èpayxov TOûTOS;
ayant-livre moi-même à-ceux-ci
xat xaTaëaAwv
et ayant-déboursé
àpyuptov <ruxvov>
w«e-somme-d'-argent importante,
Tô p-Èv aùvôOEv -ocr),
une-partie aussitôt dès-f-instant,
3top.oAoyv|<Tâp.Evo;
ayant-convenu avec eux
àTcoSootjEtv xb SE
de-devoir-payer l'autre partie
ela-avôn;
une-autre-fois (plus tard)
[ment)
èjtt xEspaXafo»
au plus-haut-point (au couronner/jç, oocpi'aç,
de-la sagesse,
xat itavxa xavxa
•?|V Suo-Etxasjra
xat âréxp-apTa.
[5] Oùxoûv âraioïyjEEp
YIêKJUV
je-demandais-à
StSdscrxsa-Bai
(jseTetopoXéiTXY!!; TE
xat xaTagaÔEÎv
Tï)V Staxôop.iri(7[v
xoiv ôAOJVOs SE apa
èSÉTiaav ToaoûTov
être-instruit à devenir
habile-à-disserter-en-l'-air
et à-apprendre
l'ordonnance
du tout (de l'univers).
Ceux-ci, donc,
s'-en-fallurent de-tant
LUCIEN.
Evtrails.
12
178
ICAUOMÉNIPPE.
IKAPOMENIllIlOi;,
pis. TTJç 7ixÀatxç èxetV/u; àyvotai; à.TtaXXa.Ça,i, alors xxl s i ; v.siÇouç âitoat'a; çspovTsç svéêaAov, apjrxç xivaç-xai xsX-q xai
àxôtAooç xat xsvà xoù û'Xa; xaï ISsa; xat xà xotaoxoi oo-quipat
tAOu xxxxysovxsî. n O os TCXVTOJV su.01 yoiiv sodxst ^aÀsxajxaxov, ô'xt u/qoèv àxspoç Qaxspo) Àsyovxsç àxo'Xouôov, aXÀà
;AKy(ôy-£vcr Tvivxï. xat ÔTcsvavxta, OJAOJç Ttst'QsoOou xs ovs -qljtouv
xat icpèç xôv aùxou Àbyov éxacxoç ûrcâysiv êTxetpôjvxo.
E T A I l J . "AxoTtov Xsyetç, et oocpoi ô'vxs; ot àvSpsç soxaot'ciÇov xcpô; auxoù; xtspi xûv ô'vxtov xoù ou xà aùxa Ttept xffiv
aùxdiv looÇaÇov.
[6] M E N . Kat u.qv, m éxaips, yeXào-q àxouoaç xrjv TS
àXa^ovstav auxôjv xat xqv sv xotp Xoyotç xspaxoupyiav * oï ys
tant s'en faut! — de m'arracher à cette vieille ignorance, s'en
allèrent me jeter dans des perplexités plus grandes encore, répandant chaque jour sur moi, comme une inondation, je ne sais quels
principes, fins, atomes, vides, matières, idées, et autre jargon analogue. Ce qui me semblait par-dessus tout fâcheux, c'est que, la
doctrine de l'un ne s'accordant en rien avec celle de l'autre, mais
toutes leurs opinions étant contraires et diamétralement opposées,
ils prétendaient nonobstant me convaincre, et chacun tâchait de
m'amener à sa théorie particulière.
L'AMI. Ce que tu dis m'étonne : ainsi des gens, qui sont réellement sages, étaient en lutte réciproque à propos de ce qui est, et
ne raisonnaient pas de même sur les mêmes sujets!
[6] MÉN. Ah ! bien, mon ami, tu rirais si tu connaissais leur
jaclance et le charlatanisme de leurs discours ; d'abord, ils ont
inaùWâ^ai ps
èxet'vqç xq; iraXatà;
àyvotaç,
IOTTS xat σpovxs;
svsëaôôv (ps)
sic aTcopîa; pstïou;,
xaxay_sovxs; pou
âoqpspat
•uvàç àpyàç
•/al xlXq xat àxôpou;
•/ai xsvà xat uXaç xat ï5sa;
xat xà xotaûxa.
As 'à sSôxet èpol
yoûv
XaXeiriôxaxov nâvxtov,
Sri Xsyovxs: pqSkv
ixôXouOov
ctxspoç Oaxépto,
àXXà Ttâvxa pa/ôpsva
xat ûrasvavxîa,
opw; f,;to-jv
rcsî6so-6at xs ps
xat Èxstptiivxo ÛTtâystv (ps)
sxaoxo; irpo; xôv Xdyov
aûxoû.
E T A I P . Aéyst; axoTcov,
s't ô'vxs; aovoi oi avops;
ioxaotaÇov itpô; aùxoùç
TTSpl X(ÔV Ô'vXtOV
xat oùx ISô^a^ov
xà aùxà
itspl xtîiv aj x<ov.
[6] MEN. Kai pqv,
u> sxatpe, ysXâffï)
àxouaaç
xqv xs àXaÇovstav auxûv
xaï xqv xspaxoupyiav
èv xot; Xôyotç. •
ot' ys pkv
Ttpôixa
179
de-délivrer moi
de-cette ancienne
ignorance,
que même portant
{spontanément)
i/s-jetèrent moi
dans des-doutes plus-grands,
versant-sur moi
chaque-jour
je-ne-sais-quels principes
et fins et atomes
et vides et matières et idées
et les telles-e/ioses.
D'-autre-part, ce-qui semblait à-moi
du-moins-certes
le-plus-pénible de-tout,
e'-eso-que ne-disant rien
de-conséquent
l'-un aoec-l'-autre,
[posées)
mais toutes-c/ioses combattant {opet contraires,
cependant r/s-prétendaient
persuader moi
et s'-efïbrçaient-d'amener moi
chacun au raisonnement
de-lui-même.
L'AMI. Tàt-dis ime-c/iose-étrange,
si, étant sages, les hommes
claient-en-lutte réciproquement
au-sujet-des o/ioses-étant
et ne pensaient pas
les mêmes-e/ioses
au-sujet des mêmes-cAoses.
[6] MÉN. Eh !-bien, certes,
ô camarade, fu-riras {rirais)
ayant-entendu
la jactance d'-eux
et le charlatanisme
dans les propos :
eux qui, du-moins, d'-une-part,
d'abord,
180
IKAPOMENinnOS.
ICAROMÉNIPPE.
0
irptoxoc piv ETCI y r ^ peê-riXÔTeç xat U.TJSèV TôJV -/ap.aî *P)C !"~
viov 7]U.ôJV ÛTTEpsyovTSc, oAX oùBè btjôxEpov xoo TcX-qcrtov osoopxdxeç, svtoc Se xal ûTCô yrjpcoç. '*] àpptoaTi'aç «U;6ÀUC6TTOVX£ç,
ou,coç oùcavoîi TE 7rÉpaTa Siopav Icpairxov xal rbv T]ÀIOV jcepieu-éxpouv xa't xoTç' uxcàp xvjv TEXVjvrjV ÉTreêxreuav, xat uisirsp èx
x<3v àaxéptov xaxaireirôvxeç jieyéÔTj TE aùxtôv xat d^rju.axa
ois^TJEcav, xal TroÀXâxtç, et xéyot, [XYJSE b-Trdtjot crrâocot Meyapo6ev 'AÔTjVaÇé eloxv àxpiéuiç. eTrto'xau.evot, xb u.exaçù XTJç
CSXYJVïIç xat xoO TJXÎOU yeopt'ov bTcécwv etyj TrrJYyEaJv xb [/.eyeÔoç,
èxôXu-wv Xéyetv, àépoç xe b'avTrj xat QaXàxxTjç Bâo-n xal y7}ç
xeptoSouc àvap.expouvxeç, ext Se xuxXouc xaxaypàapovxeç xal
xpt'ycova km xexpaycévotç Siaff^7iu.axtc]ovxeç xat a-cpaipaç xtvàç
Troixt'Xaç, xôv oùpavàv OT|6ev aùxov, Tcspiptexpouvxeç. [7] 'ETCEIxa Se xàxetvo 7rwç oùx ayvwuov aùxcôv xat TravreXtoç xexuaiw-
toujours marché sur la terre et ne sont nullement plus élevés que
nous qui rampons sur le sol; leur vue n'est même pas plus perçante que celle de leur voisin; que dis-je? plusieurs, — soit
vieillesse, soit infirmité, — n'y voient goutte; et pourtant, ils
répétaient partout qu'ils distinguaient les bornes du ciel ; ils évaluaient le tour du soleil, se promenaient dans les espaces situés
au-dessus de la lune, et, comme s'ils étaient tombés des astres, ils
en expliquaient la grandeur et la forme. Souvent, s'il arrivait
qu'on les interrogeât, ils ne savaient même pas exactement combien il y a de stades de Mégare à Athènes ; mais de combien de
coudées d'étendue est l'intervalle qui sépare la lune du soleil, ils
osaient le dire : hauteur de l'air, profondeurs de la mer, circonférences de la terre, ils calculent tout cela, et, en outre, ils décrivent des cercles, tracent des triangles sur des carrés, construisent
des sphères variées, et, apparemment, mesurent en tous sens le
ciel lui-même! [7] Ensuite, comment ne pas taxer non plus d'ar-
181
PeêrixoTeç èiù yf,?
xat b7tepé-/ovxE; jr^Sèv
ïjgûv T<ôV IpYopivtiiv yap.a't,
àXXa OOSè tkSopxôxE;
oléxepov TOO TTXYI<7WV,
es svtoixai
àu.ê).ucoTTovTEç
ùxb yripw; YJ àppwortaç,
o'fj.(«>; stpao-xov Stopâv
Tuipaxâ TE oùpavoû
xatTOptEpiTpovvTOV rjXt'jv
xat èxîëdtTE'jciv
TOI; ûirèp Tï|V ereXtrçvrçv,
xa't ôia-TCEp xaTaitECTÔvTsç
èx xûv àiTÉptov
StE^Effav
p.EYÉ9ï) TE aÔTtbv
xa't axo^axa,
xa't TtoXXaxt;, Et xy^ot,
u.ïi3è èntutauevot àxptêéi;
ÔTtbirot crTdtbtot eiatv
Msyap68sv 'A6r,vaïe,
ÈxôXjAtov XéYEIV
ÔTOcrtiûv urf/eiov
eîrj xb piyEOo;
xb x^ptav
(AETalo Tfj; (TEXvivri;
xat xoO riXtou,
àvap.ExpoôvTèi;
ayant-marché sur terre
et ne dominant en-rien
nous les-p/ens allant sur-le-sol,
mais pas-même voyant
[sin,
d'-«.ne-cwe-plus-perçante ç/ue-le void'-autre-part, quelques-uns même
ayant-la-vuc-faiblc
par vieillesse ou infirmité,
pourtant disaient distinguer
/es-bornes du-ciel
et mesuraienl-tout-autour le soleil
et s'-avançaient-sur
les-espacea au-dessus-de la lune,
et comme étant-tombés
des astres,
parcouraient [exprimaient)
les-grandeurs d'-eux
et les-formes,
et souvent, si cela-se-trouvait,
pas-même sachant exactement
combien-de stades sont
de-Mégare à-Athènes.
osaient dire
de-combien-de coudées
était quant « la grandeur
l'espace
entre la lune
et le soleil,
mesurant
TE oc/Tj aepo;
xa't pbtOv] OaXaTTYjç
xal rceptôSou; yn;,
ôè ETt xaTaypâçovTsçxùxXoo;
xal StaffX'1!J-a'c^0VT£î
Tptyœva èit'i TETpayaivoi;
xa't wepip.ETpO'JVTÉ;
Ttvaç tT9a:pa; xotxtXaç,
Sîjfkv TôV oùpavbv aoTÔv.
[7] "ExEtva SI
ïCûî xa't èxEtvo a'JTtSv
et /es-hauteurs de-l'-air
et les-profondeurs de-la-mer
et les-circonférences de-/a-terre,
d'autre-part, en-outre, décrivant deset
traçant
[cercles
des-triangles sar des-carrés
et mesurant-tout-autour
certaines sphères variées,
apparemment le ciel lui-même.
[7] Ensuite, d'-autre-part,
comment aussi-cela d'-eux
182
[GAROMÉNIPPE.
IKAPOMENinilOS.
183
oùx (sorxiv) ayviopov
xxi TjavxEXSx; xExuipiapsvov,
xb (auToùc) XÉyovxat;
xepi Tari O'JXW; àSvjXwv
àracpodvsirSac pyjSèv
u ; EtxiÇovxa;,
àXXà ùxEpbiaxsivsxOx! TE
•/.oà àitoXip.itâvEiv
xoTç aXXoiç
[WiSspiav ûnepëoXïjv,
Siopvvpévou; povovouyp
uiv xbv rjXtov
Etvat pûSpov,
n'est -il pas irréfléchi
et complètement insensé,
le eux parlant
sur les-eftoses tellement obscures
we-déciarer rien
comme conjecturant,
mais faire-les-plus-grands-efforts et
aussi ne-laisser
aux autres
aucune supériorité,
jurant presque,
d'-une-part, le soleil
être wne-masse-de-fer-rougie-au-feu,
xtbv Xbywv 6x0x7), pabhov xxxapaQEÏv, xoa UXOTTEI, 7rpà; A'.bc,
SE TTJV (JEXT|V/-|V
d'-autre-part, la lune
el èv yEtxbvwv ècxl x i Sbypxxa xxi p.7] 7txp.7toXu Si£xx7)xoxa.
xaxoixsïcôat,
SE TOU; àcrxÉpa;
être-habitée,
d'-autre-part, les astres
pivov, xb TTEpi xûiv ooxioç àS^Xwv XÉyovxaç O.TIOEV w; sixxÇovxac àixocpaiVECÔai, àXX' ÛTcepStaxEiveo'Oat TE xca u/Mb£u,i'av
xotç aXXcnç ùxepêoX-qv àTCoXtuTcxvEtv, piovovouv^i oiou.vuu.svou;
u.uSpov piv Etvai xbv -qX'.ov, xaxo!XEi<j8at SE x-qv OEXYJVT|V,
ùSaxoîcoxETv SE xoù; aaxsc-a;, xoïï vjXt'ou xa.63.7tsp îu.ovta x'.vt
XTjv cxp,â3a EX X7)î OaXaxxT); àvao-7tâ>VTo; xal axcamv auxoT;
xb Tcoxbv è; mou otav£p.ovxo; ; [8] TTJV piv yàp ÈvavTibVqxa
ûSOCTOTCOXEîV,
Ilpibxa psv yàp aÙTcfî; vj xepo xou xbopou yvcjp.7) oiacpopo;,
Et ye TOI; psv àyÉW7)xdç XE xai àv<nA.s9po; eîvat SOXEÏ, oî SE
rogance et de suprême orgueil cette manie qu'ils ont, quand ils
traitent de problèmes aussi obscurs, de ne jamais déclarer leur
avis à titre d'hypothèse, mais de l'imposer avec opiniâtreté et de
n'en laisser prévaloir aucun autre? Peu s'en faut qu'ils ne jurent
que le soleil est une masse incandescente, que la lune est habitée,
que les étoiles boivent les vapeurs humides tirées de la mer par le
soleil avec une espèce de corde à puits et distribuées à chacune
d'elles comme breuvage en égale quantité. [8] Jusqu'où va, en
effet, la contradiction de leurs idées, c'est ce qu'il est facile de
constater; aussi bien, examine, au nom de Zeus, si leurs doctrines
ont la moindre affinité, et si elles ne sont pas radicalement séparées. En premier lieu, la conception qu'ils se font du monde diffère : les uns le croient incréé et indestructible, les autres ont
xoù rjXiou àvaiîTcâivxo;
i7]v îxpiSa Èx TV); BOCXÔTT-Q;
xaOocTOp xiv\ Ipovià
xoù ênxvÉpovxo;
xb uoxbv i\ leroo
aùxoï; ôtTtaffiv ;
[8] Msv yâp (Èort) pàSmv
xavap-aÔEiv
xriv ÈvavxibxYixa xriiv Xôyuv
ÔTuôc-ï) (suxlv),
xoù <jx6itei,
upb; Aib;,
Eî xà Sôypaxâ
Êoxiv èV l'Eixoviov
xoù p.») S;eo-TY)xÔTa
îiâpTtoX'j.
F à p psv TTpôixa
r| yviopr)
TCEpl TQV xoopou
(Èdx'i) âiâçopo; aùxoî;,
EV' ye xoî; pkv
boy.Et ETVOù
XE àyéwrjxo;
boire-de-l'-eau,
le soleil tirant
l'humidité de la m e r
[puits
comme avec wne-certaine corde-àet distribuant
le breuvage également
à-eux tous?
[8] D'-une-part, en-effet, il est facile
rfe-reconnaître
la contradiction des discours
combien-grande elle est,
et examine,
au-nom-de Zeus,
si les doctrines
sont dans les doctrines voisines
et non séparées (en opposition)
infiniment,
Car, d'-une-part, d'-abord
l'opinion
au-sujet d u monde
est différente à-eux,
si du-moins a u x u n s
r'ï-semble être
et non-créé
184
ICAROMENIPPE.
IKAPOMENIIinOS.
xat xov 8ï)u,toopyàv aùxou xat TTJç xaTacrXEUTjÇ TôV xpoTrov
xaî avio>.E6po;,
os Se xoù
îtTteTv ÈTÔÀu-rjo-av • ou; xat p.âXioTa l ô a u p £ o v ôebv u.év xtva
êvoXpicav EîTIEÎV
TEV-VITTJV xaiv o'Xwv ÈStdTXVTaç, où TtOOffXlôeVXaÇ. Se OUTE OÔ£V
TJXOJV OUTï ôrtou éOTCù; s x a o r a êxexxai'vexo " xat'xoi TTOO ye TYJ;
TOO Tcavxb; yevE(Tsoj; aoùvaxov xal yobvov xal TO'TCOV èvvoeîv.
E T A 1 P . MocÀa xivà;, w MéviTrue, xoÀu,Yixà; xal ôauu.axo-
tôv Sqpioupybv auxoû
xoù TôV Tpiirov
TTJ; xarauxEuï); •
où; xoù pcùXtara
È6aûu.aÇov stpiiTavTaç
piv rtva Ôebv
TEYV!TT|V TÔJV Ô'XfOV,
7roioù; avSpa; Àéyetc.
8k ou irpooTtôéwa;
Ménippe continue à énurnérer les inepties de ces philosophes.
Leurs sentiments sur les dieux. — Puis il explique comment il s'est
avisé de s'attacher des ailes aux épaules, et il conte le début de
son odyssée aérienne.
OUTE OÔEV 7]XtOV
O'JTE o7tou é o r w ;
ÈTEXTat'vETO Sxaora •
xottTOi 7rpb ys
TT ( ; yEvÉa-ew;
TOû Tcavràç
MEN. ï t ' 3 , s? axouseta;, w Gaup;x<jcs, 7iEpl TE îOEOJV xal
aawfiaxwv a Ste^épv^ovxat, vj xoù; irept xoù TrÉpxxo; TE xal
aTcsîpou Aoyou;; Kal yàp au xal aux?] veavix'q aùxot; TJ [AX/TJ,
parlé, sans hésiter, et de l'ouvrier, et du mode d'organisation de
l'œuvre; ceux-là m'étonnaient surtout, qui préposaient à l'univers
un certain dieu artisan, sans ajouter ni d'où il était venu, ni où
(Èarlv) àoùvaTOV .èWQEïV
xoù y_pôvov x a \ T07tov.
E T A I P . Aéyeiç,
tb MÉvtTtTO,
xtva; àvSpa;
piâ),a ToÀutYprà;
xoù ôaup.aTon'otoù;.
185
et indestructible,
les autres même
ont-osé dire
le créateur de-lui
et le mode
de-i'organisation :
lesquels aussi surtout
ie-m'-ctonnais préposant
d'-une-part ton-certain dieu
artisan du tout (rie l'univers),
d'-autre-part, n'ajoutant pas
ni d'-où étant-venu
ni où se-tenant
t'Z-fabriquait chaque-oftose ;
cependant, avant du-moins
la naissance
du tout,
il est impossible d' -imaginer
et ?e-temps et I'-espace.
L'AMI. Tn-dis,
ô Ménippe,
certains hommes
1res audacieux
et charlatans.
Ménippe continue à énurnérer les inepties de ces philosophes. Leurs sentiments sur les dieux. — Puis il explique comment il s'est avisé de s'attacher des ailes aux épaules, et il conte le début de son odyssée aérienne.
il se tenait quand il fabriquait tout cela; et cependant, avant la
genèse du monde, il est impossible d'imaginer ni temps ni espace.
L'AMI. Tu me cites-Ià, Ménippe, des hommes bien audacieux et
de fiers jongleurs!
Ménippe continue à énurnérer les inepties de ces philosophes. Leurs sentiments sur les dieux. — Puis il explique comment il s'est avisé de s'attacher des ailes aux épaules, et il conte le début de son odyssée aérienne.
MÉN. Et que serait-ce si tu entendais, mon cher, ce qu'ils
débitent sur les idées et sur les êtres incorporels, ou bien leurs discussions sur le continu et le discontinu? Car parfois éclate entre
MEN. AÈ TS,
eu Ôaufixto-iE,
Ei àxoûffEia;
a StE^kpviovTat
TTEpt TE ÎSEÛJV
XOÙ àffWjAXTOJV,
T) T O Ù ; ).byou;
îtept TOU TOp«TO; TE
xal axEipou ;
Koù y à p au
xoù aûxïj r| pâ-/-q
VEavtx^ (èOTIV) auTO*.;,
MÉN. Mais quoi (que serait-ce).
ô mon-admirable-ami,
si fu-entendais
ce-que t'i.s-débitent
au-sujet et des-idees
et des-êlccs-incorporels,
ou les discours
sur le continu
et 'e-discontinu ?
Et, en-effet, d'-aulre-part,
aussi ce combat
juvénile est à-eux,
186
IKAP0MENinn02.
ICAROMÉNIPPE.
TO?î u.Èv TEXEI TO TCXV Tceptypaçouci, TOÏç Sa XTSXÈç. TOUTO sivxt
TOîç p.EV irEpiypatpO'jdi
ÛTToXau.fjâvouff'.v.
TÉXei T'O rcSv,
TOî; SE ùitolvagêdvQ'Jaiv
Où pvrrv aXXàc xa\ TCOC;J.TCôXXOUç xivèç, eîvxi
TOùç xâffaouç aTceœai'vovTO xx\ TWV cô; TCEOI évbç aùxoù SiaXsyovivwv xxTEyiyvwe'XOV. "'ETEOOç SE ttç oùx EÎpTjVixb; av7)p
-coûro EÏVOO. à t £ ) i ç .
Où jj.ïjv alla, xcu
TIVEç aTcscpouvovco
TOùç xéopouç
TCOXEO-OV TûV OXWV TtaTÉca slvat êSôÇaÇe. [9] IIEDë pvsv yap
TOJV 6EO>V xt' ypYj xx'i Xéyeiv; oit ou TOI; U.ÈV apiOixéç TIç ô 6 E ô ;
TJV, oî Se x a t à xovûv xxl yyTjVÔJv xxl TcXaxavMv èTCWP.VUVTO.
Koù oî U.EV, TOùç xXXouç aTravTXs Osoùç àTCEÀâo-avTsç, évt p.ôvtp
TT]V Tô5V oX(ov àpY'qv àTcÉvejjLov, ojffTE TJ pépia xai ayJJeçôai" p.E
slvai uapuôXXou^
xal xarEyiyvoxrxov
TOV Si«Xsyop.Év(i)v
aoToù J i ; irspl èVôç-
As T:ç Ërspo;
àvî)p oùx Eipovtxb;
ÈSôljasE •aôbep.ov
stvai uaTcpa
T(i)V S),WV.
rocaÙTTiv artoptxv OEUJV àxoùovTX • ot Sa êu.TraXiv êixtSaqViXeuouevot iroXXoùç TE aùxoùç àTcstoaivov xxi oieXôpvevot xbv u,év
eux une lutte ardente, les uns circonscrivant tout dans le fini et
les autres supposant que tout est infini. Allons plus loin : plusieurs
soutenaient qu'il existe une infinité de mondes, et ils condamnaient
ceux qui, dans leurs cours, n'admettaient qu'un monde unique. Un
autre, personnage peu pacifique, opinait que la guerre est la mère
[9] Mev y à p Ttspl T<SV 6sôiv
Tî ypù */.ai àEYE'.V;
Snoy voïç gsv
o 6sbc ^V
TIç àpiGab:)
oï Se Èmûu,vuvTO
x a x à xuvdiv x a i ynvôiv
Xxl TËXaTXVfDV.
K a t oi' (J.ÈV,
à-nsXâaxvTE?
« u a v T a ç T o ù ; â l A o u ; HEOUç,
àitévEgov Ëvl n.ôvq>
de toutes choses. [9] Quant à leurs sentiments sur les dieux, que
Tï)V à p X u v
faut-il aussi en dire ? Pour les uns, la Divinité était un nombre ;
(îiffTE YipÉU.*
•/.a! n e «yoEcrflai
d'autres juraient par les chiens, les oies et les platanes. Ceux-ci,
après avoir chassé lous les autres dieux, attribuaient à un seul
l'empire de l'univers, si bien qu'en les entendant je fus un peu
fâché, moi aussi, de voir une telle disette de dieux; ceux-là, au
contraire, moins avares, prouvaient qu'il y en a plusieurs, et, les
divisant en catégories, ils appelaient l'un d'eux le premier dieu
T< v
^
oï.wv, x
àxoùovTa
TOffaÙTiyv à i t o p t a v 8E<5V •
oi Se Ë'uiraXiv
È7ttSaUVt).E'UÔU.EV0t
«TOfatVOV OWTOÙç
•JtoXXoÙç TE
Xxl StE>.ÔW.£VO!
ÊTtexàXouv
TOV U.ËV TIVX
187
aux uns circonscrivan
daws-Ze-fini le tout,
aux autres supposant
cela être infini.
Et, de plus, aussi
certains déclaraient
les mondes
être très-nombreux
et condamnaient
les-philosophes parlant
de-lui comme d'wft-monde-unique.
D'-autre-part, certain autre
homme non pacifique
pensait fa-guerre
être fe-père [la mère)
du tout.
[dieux
[9] D'-une-part, en-eftet, au-snjet des
quoi faut-if encore dire?
du-moment-que pour les uns
le dieu [la Divinité) était
wn-certain nombre,
les autres juraient
par fes-chiens et /es-oies
et fes-platanes.
Et les uns,
ayant-chassé
tous les autres dieux,
attribuaient-en-partage à-un seul
la direction-suprême du tout,
au-point-que un-peu
aussi moi être-fâché
entendant
wne-si-grande disette de-dieux ;
les autres, tout-au-rebours,
fournissant-en-abondance,
déclaraient eux
et nombreux
et les ayant-séparés
appelaient
l'-un wn-certain
188
ICAROMENIPPE.
IKAPOMENinnOS.
T'.va îrpôjTov 9sbv ÉTtsxaXouv, xotç 8s xà Ssuxspa xat xpfxa
premier dieu,
et assignaient aux autres
le deuxième et fe-troisième rang
xà SevtxEpa xat xpt'xa
de-la divinité.
XTjÇ oeoTTixo?D'-autre-part,
encore les uns
AÈ EXl oï fJ.£V
croyaient la Divinité
•/ryoOvTo xb Oeïov
être une-chose incorporelle
etvat xt a<7<oij.oaov
et sans-forme, les autres
xal au.op<pov, ot 8s
concevaient elle
otsvooûvxo aùxoû
comme au-sujet-d'im-corps.
WÇ TCEpt <xtàu.axoç.
Puis aussi les dieux
Erra xaî ot Oeot
ne-pas semblaient à-tous
oùx ÈSoxouv rtacnv
irpovoEÏv xûv Trpayaâxwv
pourvoir aux choses
xaTàriga?,
relatives-à nous,
ma s
àÂ).à rjcrâv xtvs;
' étaient certains
ot àcptévxeç aùxoùç
les affranchissant eux
0-up.Ttâo-ïK T"C? ÈttgEXefa;,
de-tout le soin,
ôio-irep vigsî; stb.8ap.Ev
comme nous avons-coutume
àTToXÔEiv xûv Xetxoupytàiv
d'-afl'ranchir des liturgies
xoù; 7iapr,êï)x6xa; *
les-ftommes sur-le-retour-de-l'-âge :
yàp Eto-âyouo-tv aùxoùç
car its-intivoduisent eux
où8kv oxt g-n Èotxôxaç
absolument semblables [de-comédie.
vorçoop'j?oprigaatvxwp.ty.otç. aux personnages-figurant-les-gardes
hl 'E'vt0[
D'-autre-part, quelques-uns,
ûmpëàvTE; iràvxa xaûxa,
ayant-surpassé toutes ces-opùu'ort.s,
èTOO-TEOOV oùSè xrjv âpy^v
croyaient pas-même à-1'origino
Etvat xtvàç GEOUç,
être certains dieux,
à U à àuîXt'gnavov
mais laissaient
xbv xôtrgov çÉpEfffiat
le monde se-conduire
àSéaTcoxov
sans-maître
xat àvr,ysg6vsuxov.
et sans-guide.
[10] Totyâpxot
[10] En-conséquence,
àxoùwv xabxa
entendant ces-choses,
rcpwTOV 6:bv,
EVSULOV XOÎÇ OS
sv£p.ov XTJç 8sdxY|XOç. "£xt os ot ptÈv à<7oju.ccxôv xt xal au,opoov rjyouvxo sèvat xb Gstov, ot 8s OJç TïEO'C <roju.axoç aùxou
Stevooovxo. E î x a xat xcpovostv xuïv xa6' 7)u.5ç TcpJCYpcitTtov où
Ttatnv âBôxouv ot 6sot, aXk' 7)0"dv xtvsç ot XT]; cuu.rcào'Yjç Irctu.eAet'aç aùxoùç àcstsvxsç, uierrcsp rjo-stç stc69au,sv aTcoXustv xûv
AstxoupytôJv xoùç TtapT|ëT|XÔxxç * oùbiv yàp oxt u.7] xotç XOJJJUxoïç oopucpop-qu.a<7tv lotxoxaç aùxoùç staàyooc-iv. "Evtot os xauxa,
xtàvxa uTcspSxvxsç, où8è XTJV âpy-qv stvat ôsoûç xtvaç Infor eu ov,
aXX aSso-Tcoxov xal àvïjysfjiôveuxov <pspsx6ai xbv XOOJXOV àxcsAfpvrravov. [10] Totydpxot xaoxa àxoùwv àTctaxEÏv asv oùx
sxôXu.a>v ùddêpepiéxatç xs xal -Xiiysvsfotç àvbpàotv " où u.7|V
styov ys OTTYJ xcTiv Xôywv xpaTcôpievoç àveTctÀYrTtxbv xt otùxojv
et assignaient aux autres le second et le troisième rang de la
divinité. De plus, quelques-uns pensaient que la nature divine est
incorporelle et sans forme j d'autres la concevaient sous la figure
d'un corps. Ensuite, tous n'étaient pas d'avis que les dieux s'inquiètent des affaires qui nous concernent; mais il y en avait qui
les déchargeaient de tout soin à cet égard, comme nous avons coutume de dispenser les vieillards des fonctions publiques : alors,
ils les introduisent dans le monde absolument semblables aux
comparses de théâtre. D'autres, enfin, surpassant toutes ces opinions, ne croyaient même pas qu'il eût existé de dieux dès le
principe, mais ils laissaient le monde aller son train sans maître
et sans guide. [10] Ainsi donc, en écoutant tout cela, je ne me
sentais pas le courage de refuser créance à des hommes dont la
voix était si sonore et la barbe si touffue; et, d'autre part, je ne
savais de quel côté me tourner pour trouver dans leurs enseigne-
189
oûx ÈXÔX11.WV u.Èv
àTturxEÏv àvSpâdtv
vnI/iêpEuixat; xe
je n'osais pas, d ' - u n e - p a r t ,
refuser-créance-à d e s - h o m m e s
résonnant-au-haut-du-cicl
xat YiuyEVEt'oiîoùx et-/ov u-qv ys
8IXï] xôiv >,ôytûv
xpaTOgsvoc E-3poiu.t
et à-la-barbe-touffue :
je ne savais p o u r t a n t d u - m o i n s
de-quel-côté des discours
m'-étant-tourné je-trouverais
190
IKAPOMENI1T1IOS.
EUpOt'/.'. XOcl UTCÔ QxxSpOU rJt-'/jSoca/) 7ï£plTp£7rdy.EVOV. "ÏÎTTS 07]
xb 'Ou.7]pixov IxEÎvo axsyvôjç ETrxayov ' TtoXXxxtç U.£V yào av
(jjpu.7)!Ta Tcioteusiv xivi auTàJv,
ï è'vepoç ôé u.s Ouao; è'pvxev. »
'E<ù' oïç airacrv àu.7]^avôjv ETù y/Ji; "-SV àxoôcrsa-Ôat' TI TCEOI
xouxiov ï.ÀT|9£; a7reyryv(j)<rxov, JAI'XV os Tf|î <7uyvjrâ<T7]î aTcoat'aç
à7caXXay7jV ôJU.TJV e<7£<76at, Et aÛTÔç TcxspwÔEt'ç 7T(oç, àvéX9otu.i
ê; xbv oûpavdv. TOUTOU SE U.OC TcapEÏys TTJV sÀTCioa u.âÀi<rxa
u.£v 7) ÉTctâuu.t'a, SITSITK os xac o Xoyoïrotbç AUîWTCOC, àsxoTc
xai xotvôâpoiç, Èvt'oxs xal XXU.T]ÀOI;, j3âffiy.ov àrcc-œxi'vcov xbv
oùpavdv. Àùxbv p v oûv TcxEpoouTJo-at' TCOTE oùo£u.i5 u.7]yav7J
Suvaxbv E!VXI aoi xxxEœat'vExo * si oè yuTcbç vj àsxou TCEptQeipvrjv Tcxepà, — xabxx yào av u.bvx otxpxsaai xcobç u.sys6oç
ments un seul point qui fût inattaquable et ne fût pas réduit à
néant par l'un d'eux. J'éprouvais donc véritablement ce que dit
Homère :
« Mais un autre désir vint retenir mon cœur. »
A propos de tout cela, fort embarrassé et désespérant d'apprendre sur terre rien d'exact touchant ces matières, j'estimais que
l'unique moyen d'échapper à toute cette incertitude serait de
monter moi-même, muni d'ailes, jusqu'au ciel. Ce qui me fit
espérer le succès, ce fut surtout l'envie que j'en avais, et puis le
fabuliste Ésope, qui nous montre le ciel accessible à des ailles, à
des escarbots, parfois même à des chameaux. Or il m'apparaissait de toute impossibilité qu'il me poussât jamais des ailes à moimême ; mais, si je fixais à mon dos celles d'un vautour ou d'un
aigle, — les seules qui fussent assez solides pour convenir à la
ICAROMÉNI1TE.
VI aÛVÛV àvE7T!Xï]TCTOV
xal irîptvpe7tô[Asvov
u.ijcap.îj ûTCô BavEpo'J.
"Qffvs 6r|
k'itaTVOv àvE/vw;
quelque-chose
191
d'-eux (non-exposé-
et renversé
[aux-attaques
en-aucun-point p a r l'-autre.
De-sorte-que, certes,
j c - s u b i s s a i s réellement
ce-fait homérique :
car, d'-une-part, souvent, d'-aventure,
j'-étais-porté-à me-confier-à
lôpUTiffa IttffTSUSlV
quelqu'-un d'-eux,
vivl avjvtov,
« mais tm-autre esprit
« 3è ëvepo; 6ou.b?
retenait moi. D
spyxE'v U.E. »
A-propos-de toutes lesquellcs-c/ioses
' E : ù arcaxiv eu;
étant-embarrassé
àu,vy/avtov
je-désespérais, d'-une-part,
aTreyiyvaxrxov p.ôv
de-devoir-entendre sur terre
àzoéiTîaua! ènl rr]z
vt àX/jOèç TtEpl voùvtov,
quelque-chose de-vrai sur ces -choses,
d-autre-part, je-pensais
61 <p(A7iV
un-seid moyen-d'-échapper-à
uiav àitaÀXayïiv
toute l'incertitude
o-'jpnrâa-r,; vf,; aTtopîaç
devoir-être, si moi-môme
ëac0"9ai, si a-'Jxbî
ailé en-quelque-sorte
1tV£pw8£Îî TTOÇ
àvé>9oi(« è« vbv oùpavôv.
je-montais au ciel.
As u.à/.t(Tva plv ï| £itiou|i.ta
Mais surtout, d'-une-part, le désir
•^apeiys yo'
offrait à-moi
-f,v i>.7tt'6a TOUTOU,
l'espérance de-cela,
ÏTïstva oè xal
ensuite, d'-autre-parl, aussi
6 XoyoTtoibç Atb-tono;,
le fabuliste Ésope,
àiio^atvwv vbv oùpavbv
montrant le ciel
pâatpov ÔETOÏç
accessible d-des-aigles
xal xav6âpoi(;,
et à-des-escarbots,
êviovE xal xau-ïp.oi;.
parfois même d-des-chameaux.
Mèv obv xavecpaîvEvb u.oi
D'-une-part, donc, apparaissait à-moi
gïvai ôuvavbv où5eu.iàp.7|7av7J n'-êlre possible par-aucun moyen
irv£po^uT,aaf TCOTE'
me-pousser-des-ailes jamais;
os si •aspiOicp.'/iv
mais si je-m'-attacbais
•jrrepà yoirb; TJ àEvoë,
des-ailes de-vautour ou d'-aigle,
— yàp vaôva pôva
— car celles-là seules,
àv 6iapxÉo-ai
d'-aventure, suffire-complètement
jupbç (léyeDoc
en-raison-de la-grandeur
awyaxo; àvôpamivou, —
du-corps humain, —
ÈXSÏVO TO 'OpLYJpixÔV
yàp U.ïV noXXdtX'-î av
192
IKAPOMENiniIOS.
àv9pcù7uvoo 0-oju.axoç, — ^ i x
a
*
v
F-
fy
'
7tet
v
?^ Trpoytopr,-
irai. Kat STJ 5UàXX6COV r à opvsa QaxÉpou O-.EV XT|V 8s;iàv TEXSpuya, xou yu7riç ok xrjv Éxspav aTtÉxsu;ov EU u.aXa. Eïxa otaorîaa; xac xaxà xoùç U>U,OUç TEXatAtocrt xapTîpoTç àpu.oc;ï.p.Evoç
xai Tcpôç axpotç xotç coxuTCTspotc; Aaôâ; xivaç xaïç yspat TtapacxEuâtra; ETtEipoSuvrjV Êptaiixcâi xb Tcpàixov àvaTcrjOùiv, xal xaïç
yspcùv ÛTCEpéxxojv xat ôjffxep oî y/è,V£Ç Ixi yanvatTrEXcoç STcaipôpLEVOç xxt axpoëaxùjv au.a ptsxà xàjç TCXTJ<7E<OC; • érret 3E
ûT:Y)X0UÉ U.0'. xb Ttpxyu.a, xoXaTjcbxEpov 7JSY| XYJç Tfît'paç YJTEXÔ-
[ATCV, xxl àvcXÔtov ÊTù TYJV axpûTcoAtv acprjxa Ip.xoxbv xaxa
xou xpTjpwou csÉptov éc aôxb xb ÔÉaxpov.
[Il]
'îiç
193
ICAROMENIPPE.
01 T
SE àxtvSûvojç. xax£Trxbu.T|V,
ûdjTjAx YJOYJ xa
u.ExÉtopx Ècppbvouv xal apaç àxcb nâpvrjGoç r] àrcb "Tpvcxxou
grosseur du corps humain, — peut-être mènerais-je à bien l'expérience. Je pris donc ces deux oiseaux; je coupai avec beaucoup de
soin l'aile droite de l'un d'eux (Vaigle) et l'aile gauche du vautour. Puis, je les attachai et les ajustai à mes épaules avec de
fortes courroies; j'adaptai aux plumes du bout de l'aile des
espèces de poignées pour les mains ; et alors je m'essayais,
d'abord en sautant, en m'appuyant sur les mains; et, comme les
oies, je volais encore terre à terre, me soulevant sur la pointe
des pieds en même temps que j'agitais mes ailes ; enfin, puisque
la chose me réussissait, je tente désormais l'épreuve avec plus de
hardiesse, je monte sur la citadelle, je me jette du haut en bas,
et m'élance vers le théâtre même.
[11] Gomme j'avais opéré sans danger cette descente aérienne,
je méditais maintenant de gagner les hautes régions de l'éther,
et, parti du Parnès ou de l'Hymette, je volai jusqu'au mont Géra-
la tentative, d'-avenlure,
réussir à-moi.
Et, certes,
ayant-pris-ensemble les oiseaux
je-lranchai très bien,
ÔOTÉTEU.OV pâXa eb
d'-une-part, l'aile droite
U.ÈV TTIV TETÉpuya Seipàv
ÔaxÉpou,
de-l'-un,
8k rby érlpav xou yjTto;.
d'-autre-part, l'autre a«7e du vautour.
Eîxa 3tabr|<xa;
Puis, ayant-lié-autour
y.at app.ocrap.Evoc
et ayant-ajusté
xaxà xoù; àîpov;
aux épaules
xeXapâiac xapxspoïç
avec des-bandes-rie-CMiV fortes
xa'i TiapacrxEuricra;
et ayant-disposé
[extrémités
irpbî xoî; ttfXuirxÉpoiç àxpo:ç aux plumes-du-bout-de-t'-aile auxx:và; Xa&à; xaï; yspadv,
certaines poignées powr-les mains,
xb Ttpûxov
d'abord
ÈTteiptopvjv Èpa-jxoû
j'éprouvais moi-même
àva7t/]Sôiv,
en-m'-élançant,
et fendant l'air acec-les mains
xai vTCEpéxxojv xat; yspcriv
et m'-élevant
y.at ÈTcaipépEVo;
encore volant-à-terre,
EXI yapaiirsxw;
comme les oies,
[même-temps
tûOTtEp oi yn v£ î
xai àxpoëaxwv apa
et aliant-sur-la-pointe-des-pieds enpsxà xf,ç îTT'ccrEwç •
avec le vol ;
ôk èTTEI xb Trpâypa
mais après-que la chose
•JTCïJXOUé poi,
obéissait à-moi [réussissait),
y,5ttôpyjv xvjç xcEÎpa;
j'-essayais la tentative
r(3ï) xoXpripôxîpov,
désormais plus-audacieusement,
xa'i avEXOwv
et étant-monté
èrri XïJV àxpôrcoXiv
sur la citadelle
àsTf/a Èpauxbv
j'c-laissai-tomber moi-même
xaià TOû xprjpvoô"
du-liaut-de l'escarpement
çÉpcov è; xb Oéaxpov aoxô.
portant vers le théâtre lui-même.
[11] Ak d>; y.axEUXôpr)v
[11] Mais, comme je-descendaisàxcvSuveoç,
sans-danger,
[en-volant,
ijjpovouv y;Syj
je-méditais dès-lors
•LepTi'Xà xal pExécopa
des-essa»s-hauts et dans-les-airs,
xai apa; ÈTCExôpnv
et, m'-étant-élevé, je-volais
àirb IIâpvr,8o: rj aTcb 'Tpïixxo-; du Parnès ou de f'-llymette
pkypt rspavEtaç,
jusqu'-aw mont Géranéia,
xrjv Tteïpav av
jtpoy_wpïi<7ai P01Kat &r\
o-yXXaêàjv xà bpvsa
LUCIEN. — Extraits.
13
194
ICAROMENIPPE.
IKAP0MENIIÏII02.
p i y o t TepavEtotç £7C£Tdu.Y|V, s i x ' IXEïSSV ITII xôv 'AxpoxôoivÔov
avco, £tx« OTTEp «POXOYJ; x a l 'Epuv.av6ou p-é/pt irpbç xb T a i 5 ysXOV. "HoYj S' OUV JJt.01 XOO XOAu.7ju.axOC Êxp7£f7.£A£TY;U.ÉV0U, x é AEIÔç XE x a l û'^tTrÉxTjç ysvop,svoç oùxÉxt x a VEOXXWV l a p ô v o u v ,
âXX' £TC1 xbv "OAuuvrrov à v a ê à c x a l wç èVYJV u,àAtrjxa xoucpojç
ÈTci(7ixto"âu.£voi; xb AotTtbv sxstvov euOù xou oûpavou '
x a l xb
jjùv TcpôJxov ÎÀiYYt'ojv Û7xb TOO paOouc, a s x à Se Icpepov
xal
xouxo eûu.apojç. 'Excel Se x a x ' aùxvjv 7)07; X7]V S£ÀYJV7;V Êyôvbu.7)V Tcau.TcoAu XôJV vecpcSv aTcocTcâccaç, 710"9ôu.7|V xdu.vovxoç
euvxoxou, x a l adÀto-xa x a x à TTJV àpiaxepàv Tcxépuya TY;V yurccVTJV. IIpooeÀdcjaç oûv x a l xa6e^ôu.evo; £7t' a ù x â p bTavsTraudpvqv
IL XT]V y7\v avtoOev àTCoëAeTCtov x a l wccTcep b xoù 'Ou.7;pou Zeùç
n é i a ; puis, de là, je m o n t a i à l'Acrocorinthe; puis, j e m ' e n fus
j u s q u ' a u Taygète en passant par-dessus le Pholoè et l'Érymanthe.
Dès lors donc, l'exercice accroissant m o n audace, j e devins d'une
adresse accomplie et capable de voler au h a u t des a i r s . J e ne
songeais plus à imiter les tout j e u n e s oiseaux, m a i s j ' e s c a l a d e
l'Olympe, et, m ' é t a n t pourvu d'une provision d e vivres aussi légère
que possible, je m e dirige dorénavant droit v e r s le c i e l : et,
d'abord l'abîme m e d o n n a le vertige; mais, ensuite, j e supportais
cela aussi facilement. Quand j e fus arrivé d a n s les p a r a g e s m ê m e s
de la lune, après avoir fendu un très grand n o m b r e de n u a g e s , j e
m e rendis compte que j ' é p r o u v a i s d e la fatigue, surtout à l'aile
g a u c h e , celle du vautour. J e m e portai donc vers cet astre et y
fis u n t e m p s d'arrêt pour prendre u n peu d e repos. J e t a n t d'en
h a u t m e s r e g a r d s s u r la terre, c o m m e le g r a n d Zeus d'Homère,
195
puis de-là en-haut
jusqu'à l'Acrocorinthe,
puis au-dessus-dit Pholoè
et de-f-Érymanthe
jusqu'au Taygète.
Mais donc, dès-lors,
l'audace
[moi,
s'-étant-développée-par-l'-exercice àétant-devenu et parfait [très habile)
et volant-au-haut-des-airs,
ne-plus je-méditais
les-eayofoiVs de-jeunes-oiseaux,
mais étant-monté
sur l'Olympe
et m'-étant-muni-de-vivres
légèrement
comme iJ-était-possible le-plus,
w ; èviyv p.âXicrxa,
à-1'avenir je-tendais
xb Xocubv sxecvov
droit au ciel :
S'jbb xoù oùpavoù '
et
d'-abord, d'-une-part,
x a l xb Ttpàixov psv
ayant-le-vertige
par-l'-etïet-de la profondeur,
ùub xoù pdcDouç,
d'-autre-part, après, je-supportais
ôè p.exa à'çspov
même cela aisément.
x a l xoùxo e u g a p û ç .
Mais après-que je-fus déjà
As È7CEL ÈYEvÔp.V)V r,Sï)
auprès-de la lune elle-même,
xaxà xàjv trsXvivYjv aùxïyv,
m'-étant-éloigné
aTcourcâo-a;
considérablement des nuages,
irâp/noXv xwv vsçtôv,
je-sentis
moi-même étant-fatigué,
Ègavxoù xâjAvovxoç,
et surtout
xal pâXtaxa
xaxà xr,v jrxspuYa àptaxspà'v, à l'aile gauche,
la (celle) du vautour.
xvvv yvK'yryi.
Donc, nT-étant-avance
Oiv ^poo-sXào-a;
et m'-asseyant sur elle,
xal xaÔEÇôp.svo; ère auxTJr,
je-me-donnais-un-peu-de-repos
ôiavETcaobaiv
jetant-les-yeux d'-en-haut
àitoëXé7r(jov àvw9sv
vers la terre,
è; Xï)V Y V '
et comme ce-fameux
xal biarcEp èxeîvoç
Zeus d'Homère,
ô Zsùç xoù 'Opripo'j,
èirt xbv 'AxpoxôpivÔov,
slxoc ÙTcàp «hoXorj;
x a i *Epup.âvOou
uixpt xxpo? xb Taûysxov.
11s O'jv r)o7]
xoô xo).p.7i[j.axoç
èv.p.ep.eXETï]u.évou p.01,,
ysvôusvoç xs xsXsio;
x a l inI/mÉTr,:,
oyxéxc ècppôvouv
xà vsoxxtôv,
àXXà à v a ê à ?
èitl xbv "OXoguov
xal ÈTctatxiaâpevo;
xoûqpto-
196
IKAPOMENimiOS.
éxsïvoç, 7.0T! p.sv TfjV xuW ÎTnrouo'Xwv ©pVJXOJV xa1opoju.£voî.
aoxi Ss TTJV Mucôjv, xxt p u r ' oXiyov, es SciÇsts u.ot, TTJV 'EXXaotx, TYJV nepct'oy. xtxi TTJV 'Ivo'.xrjv. ' E ; O>V iuâvxojv uotxiXï]Ç TIVÔÇ TjSovrjç êv£TT'.UvrcXâu.T(V.
E T A I P . Oùxouv xal T a ù t a Xéyoïç «v, u> M l v t u u s , 's'va p.q5è
xa6' sv àTroXei'rcwu.sOa TTJî àucS-zipu'a;, aXX' eï TS' erot xca ôoou
Ttxosoyov tffxopTjxai, xx\ xooxo SîOôJO.EV • wç eywys eux oXt'ya
7rao<7ooxâj àxodîîcOai <7-/7)u.xTdç TE Ttspi y / j ; Xï.1 TôJV SU auTrjç
àTrâvTOJv, olx cos àvcoOev STT'.GXouoùNm xaTssat'vsTo.
MEN. Koù opOùiç ys, <ô Éxx'tpe, EÎXXÇE'.ç ' Siousp ti>ç oTôv xs
àvxêàç èxà TTJV ceXYJvqv xw Xôy<p a,ovxTto8Y)u.e'. xe x.n\ «TUVETciffxÔTCst XT|V 6XT|V XôJV l u i yYJï Siàfkatv.
je contemplais tantôt la contrée des Thraces, peuple de cavaliers,
tantôt celle des Mysiens, puis bientôt, selon mon caprice, la Grèce,
la Perse et l'Inde. Tous ces spectacles me remplissaient d'un plaisir varié.
L'AMI. Eh bien, tu pourrais rire conter cela aussi, Ménippe,
afin que nous ne perdions pas une seule circonstance de ton
voyage, mais que tu nous mettes au courant par le récit des
détails, même accessoires, de ton odyssée ; car je m'attends à
apprendre mainte merveille sur- la forme de la terre et sur tous les
objets qu'elle porte, tels qu'ils se sont révélés à toi quand tu
inspectais tout d'en haut.
MÉN. Tu raisonnes bien, mon ami : ainsi donc, monte en idée
de ton mieux jusqu'à la dune, sois mon compagnon de route, et
examine avec moi toute la disposition des choses qui sont sur la
terre.
ICAHOMENIPPE.
xafloptipsvoî apxt psv
Tïiv {YV) ™v QpTixoiv
luuouôXtov,
à'pxt Se TïJV (yïjv) Muavôv,
xai psxà ôXc'yov (jrpivov),
el 86|ets pot,
Xï|V 'EXXàoa, TïJV Ldepo-tôa
xai xrrv TvStxrjv.
'E^ âuâvxiov (ov
Èvsutp.uXctu.ï]v
xtvb; r,8ovïi;iEoixéXri;.
E T A I P . Oùxoûv,
w Méviuus,
ctv Xéyoti; -/a! xauxa,
"va àuoXstufépsQx
xrl; àirooTjpt'a; o-oo
pï|Sà xaxà sv,
àXXà si' xt v.al
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J<7xôpnxat <rot,
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oïa xaxsçaîvsxô aot
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sunj-xouoûvxt avtoÔsv.
MEN. KGù eîxiÇsiî
op6<iiç ye,
w Ixaïps • Stouep
àvaêà? x(ô Xéyp)
sut TïJV aeXrivïjv
w; otov xé (àoxtv),
xs trjvauoSïjpst
xal .tTovEutTy-ôust
XïJV StâQsatv ôXïJV
xtôv (bvxwv) sut yïjç
197
contemplant tantôt
la terre des Thraces
qui-vivent-à-cheval,
tantôt la terre des-Mjsiens,
et après ««-petit moment,
si i7-semblait-6on à-moi,
l'Hellade, la Perse
et l'Inde.
Par-suite-de tous lesquels-speebicles.
j'-étais-rempli
d'-««-certain plaisir varié.
L'AMI. Eh-bien-donc,
ô Ménippe,
<w-dirais aussi ces-eAoses,
afin-que nows-restions-en-arrière
du voyage de-toi
pas-même par-rapport-à un-point,
mais si quelque-cAose aussi
accessoire de-Ia-route
a~été-conté par-toi,
«ous-sachions aussi cela:
car moi-du-moins
je-m-'attends-à devoir-entendre
non peu-de-cAoses touchant
/a-forme de-la-terre
et toutes les-cAoses qui sont sur elle,
telles-que elles-apparaissaient à-toi
considérant d'-en haut.
MÉN. Et to-conjectures
avec-rectitude du-moins,
ô camarade : c'-est-pourquoi,
étant-monté par-le raisonnement
jusqu'-à la lune,
autant-que possible est.
et pars-en-voyage-avec-moi
et examine-avec-moi
la disposition entière
des-cAoses étant sur terre.
198
ICAROMÉNIPPE.
IKAPOMENinriOS.
La Terre, vue de la Lune.
La Terre, vue de la Lune.
[12] Koù TîpojTÔv j-é g-oi Txâvu paxpàv SôXEI xiva XïJV yqv
ôpav, iroXù Xéym TT;; ffaX^vri; (ipayuxÉpav * (SOTS sya) a^vio
xaraxûd/aç èVi TCOXù -îjTtfJpouv ITOU SÏT| TOC T7jÀiX(xuTa; opvj xca
V) TOCOCÛTTI 6xXaxxa, xai eï ys u-ï] xbv 'PdSiov xoXoocov sôcauàpLTjV xaù xbv ITCI XTJ <I>àpw Tcupyov, eu 'ûrQi, iiocvxeXâ>ç av u.£
ï) yq SisXaÔe. Nùv Se xtxûxoi ùdyYjXà ovxa xoù 0TvEpavE<îXT|XÔxa
xac ô 'iîxeavo; VJOÉU,* Tcpàç xbv vjXiov àîroffxiXêiov 3iEo"7]pt.ouv£
u.01 yfjv stvai xb Qpwuisvov. 'ETISI Se auaS; XïJV odViv èç auxô"
àxevèç àxïipeiffâu.-qv, arcaç b xdjv àvÔpdixwv fiioç rjoTj u.ot
xaxeçiai'vexo, où xaxa EÔVTJ novov xoù TtoXeiç, aXXà xal aùxoi
cratpôjç oE •xXéovxeç, o£ TCOXSJJWûVXEç, oE yeiopyouvxsç;, oi Sixa-
La Terre, vue de la Lune.
[12] Et d'abord, figure-toi voir une terre infiniment petite, je
veux dire beaucoup moins importante que la lune : aussi, dès que
j'eus penché la tête vers elle, je fus longtemps sans savoir découvrir où se trouvaient ces montagnes et cette mer qui nous semblent immenses; si je n'eusse aperçu le colosse de Rhodes et la
tour de Pharos, sache bien que la terre m'eût totalement échappé.
Mais la hauteur de ces deux monuments, qui dominent tout, et
l'éclat du soleil reflété par l'Océan tranquille m'indiquèrent clairement que ce que j'apercevais était bien la terre. Une fois que je
tins les yeux fixés sur ce point, toute la vie humaine aussitôt
m'apparut : je ne vis pas seulement des nations et des cités, mais
encore — et très nettement — les hommes eux-mêmes, occupés à
naviguer, à faire la guerre, à labourer, à plaider en justice; puis
199
[12] K«l TtpdiTov ys
Sovcsi pot opâv
xx|V jfTJv xtva
Ttâvu tiixpàv,
Xéyw rcoXb ppaxuxipav
TÛ? cx.Xr|V7içU>UT:î èyto ôccpvto
xaxaxu'Laî
•Jpxôpoov km uoXù
Ttoû Ecp xà opr)
xï]Xixa\Jxa
xoà v| ôâXaxxa xocaùx-/;,
si ai si' ye \i.r\ Èbsac^tp.r)''
XOV XoXocTCTÔV "PoSlOV
x a i xbv îiôpyov
£Tï\ xr) uXâpn),
ibOt Eô, t| yô 3.v
ôiéXaOé p.s TîavTEXà);.
As vûv xaûxa 6'vxa
'jd/riXà xx'i ôuepavsffTïixôxa
x a i ô 'Qxeavb;
airoo-xiXêwv vjpép-a
Ttpbç xbv rjXiov
8t£<rr|patvÉ poi
xb ôpwp.svov slvai yrjv.
As STtsi arca;
àTCçpsurâppv TY]V ô'd/iv
ii owxb axev;;,
•qbi) âxca; ù Si'o;;
xôiv avbpcôsxMv
xareçaivExô pot,
oô [IOVOV xaxà S'OVTJ
xxi TCOXSIç. aXXà xa'i
auxol traçai; ol TCXEOVXî;,
QÎ TîoXsU.O-JVTSÇ,
ol yeiopyoûvxs;,
oi SixaÇogevoi,
[12] Et d'abord, du-moins,
{/-semble à-moi voir
la terre wne-certaine
tout-à-fait petite,
ie-dis beaucoup plus-étroite
que la lune :
en-sorte-que moi soudain,
ayant-penché-Eo-téte,
j'-hésitais pendant longtemps
où étaient les montagnes
si-importantes
et la mer si-vaste.
et si du-moins ne-pas je-vis
le colosse Rhodien
et la tour
sur le Pharos.
sache bien, la terre, d'-aventure,
eût-échappé-à moi entièrement.
Mais, en-vérité, ces-nionumenlsétant
élevés et dominants
et l'Océan
brillant-par-reflet doucement
au soleil
indiquait à-moi
le étant-vu être /«-terre.
Mais après-que une-fois
j'-eus-appuyé la vue
sur cela-même fixement,
alors toute la vie
des hommes
apparaissait à-moi,
non seulement par nations
et villes, mais encore
eux-mêmes clairement les naviguant,
les faisant-la-guerre,
les labourant,
les plaidant,
200
IKAPOMENinnOS.
Çôusvot, xx yûvxtx, xx Orjpi'a, xal 7txv6 XTrXôjç, Ô7too"x xpstpst
Çsi'Bwpoç apoupa.
E Ï A I P . navreXcoç àiciÔocva rpvy- xaîixx xai aûxotç ÔTxsvav-
ICAROMENIPPE.
xà yùvaca, xà OvipEa,
-/al ànXdir, çiâvf)' ÔTcâcra
à'poupa Çslowpoç xpéçet.
ET.AIP. *X,; xaùxx
xt'x - Sç yap àpTicoç, ci MéviTCTte, X7|V yrjv êtJTJTEtî ùîtô xod
TCXVXEXWç cmiOxva
u,sxai,ù 3tacTT-iqp.aToç I ; (Bpavyj cuvEO"xxXuivy|V, xat et ys U.TJ ô
xa'i ÛTrsvavxia auToî;'
yàp oç àpxt'uc,
w Mévwnre,
êS'Ôxstç Xï)V yrjv
crovEOToêvpiv-qv
è; ppâyu
•j-xh xoO SiaoTYJg.axor,
pExaiju,
xat xcr/a Sv wqBrj;
ôpôfv xc ôcXXo,
Et' ys ô xoXoo-o-b;
pvrj Èp-'cvucré uot,
•nàiç VJV yÊvôp,svo; oiyvui
xaBàrap x:ç Auyxeuî)
8iay[yvuj(T-/.si(;
à'iravxa xà l%\ yrjç,
xou; avÛpwTtooç, xà 6çpîa,
pcixpoû csTv
xà; vcoxxcàç xdiv èp.TtiSwv;...
xoXoaab; lo.-qvuo-é trot, x x / a av «XXo xt ôJYJOTJç ôpxv, TCOJç VîJV
xaOaTctp Auyxsûç xtç xipvco yevbpisvoc, xxavxx otaytyvojaxs'.ç
x i éTCI y-qç, xoùç àvQpwTrou;, xà QTjpt'a, fjuxpou Bstv xx; xûv
lairtôtov VEOXXIX; ; . . . .
Ménippe explique à son interlocuteur comment, d'après les conseils du philosophe Empédocle, il a pu rendre sa vue perçante
comme celle de l'aigle et distinguer ce qui se passe sur la terre.
Puis il poursuit en ces termes :
[15] M E N . KaxxxuUyxi; oùv le. XTJV y?jv éwptov candie, xàç
TtôXs'.c, xoùe xvôpojTxoti;, xx ytyvôu.eva, xxl où xx èv &Ttat'9ptp
p.o'vov, àXXx xa; OTCÔCX ol'xot eTcorrxov oibu.svot XavOxvstv,
les femmes', les animaux, en un mot, tout ce que nourrit la terre
féconde.
L'AMI. Tu dis là des choses tout à fait incroyables et contradictoires entre elles : tout à l'heure, Ménippe, tu cherchais la terre,
réduite par l'éloignemcnt à n'être plus qu'un point; et, si le
colosse ne te l'eût révélée, peut-être aurais-tu cru voir autre chose ;
comment se fait-il maintenant que, devenu soudain semblable à
un Lyncée, tu distingues tout ce qui se passe sur la terre, les
hommes, les animaux, et peu s'en faut les nids de moucherons?,...
Ménippe explique à son interlocuteur comment, d'après les conseils du
philosophe Empédocle, il a pu rendre sa vue perçante comme celle de l'aigle
et distinguer ce qui se passe sur la terre. Puis il poursuit en ces termes :
[15] MÉN. Je me penchai donc vers la terre; et j'apercevais
nettement les villes, les hommes et leurs actes, et non pas seulement ce qui se passait en plein air, mais aussi tout ce qu'ils faisaient à huis clos en se croyant bien cachés : je vis Lysimachos
201
les femmes, les bêtes,
et, en-un-mot, tout ce-que
[rit.
fa-terre qui-procure-l'-épeautre nourL'AMI. TVdis ces-cAoses
entièrement incroyables
[elles) ;
et opposées à-elles-mêmes (entre
car fot-qui récemment,
ô Ménippe,
cherchais la terre
contractée (réduite)
à une-courte-eYendue
par l'intervalle
entre (elle et toi),
et peut-être, d'-aventure, crus
voir quelque-cAose d'-autre,
si du-moins le colosse
n'indiqua à-toi,
[soudain
comment maintenant étant-devenu
comme un-certain Lyncée,
distingues-tu
toutes les-cAoses qui sont sur terre,
les hommes, les animaux,
et de-peu falloir (peu s'en faut)
les nids des cousins?....
Ménippe explique à son interlocuteur comment, d'après les conseils du
philosophe Empédocle, il a pu rendre sa vue perçante comme celle de l'aigle
et distinguer ce qui se passe sur la terre. Puis il poursuit en ces termes :
[15] MEN. OÙv
xaTOoeûuVaç è; xqv yr,v
itopmv o-açôiç,
xàç uôluu:, XOùç àvflpcÔTtooç,
t a yiyvôp.Eva,
xa\ où uàvov
xà èv ÙTcaîBpq),
àXXà xai ÔTcoua
ETcpaxiov ot'xot
oiop-Evos iavôiveiv,
xôv uibv
[15] MÉN. Donc,
ayant-penché-fa-téYe vers la terre,
je-voyais nettement
les villes, les hommes,
les-choses se-passant,
«t non seulement
les-cAoses ayant lieu en plein-air,
mais aussi toutes-celles-qne
lYs-faisaient à-la-maison,
pensant être-cachés,
le fils
202
IKAPOMENinnOS.
Auc/iaaycp Tov utôv ETr'.êoiAEÛcvTix, TôV ZEXEûXOU Bî 'Avrioumv
2xpaxovi'x7| Btavsuovxa Xà8pa x/j pvYjxputa, TOV Se ©STxaXôv
'AXI^avSpov OTTO xrfi yuvatxoç. àvatûoûpvEvov xai 'ÀxxàXq) TôV
uîbv kyyiovTcr. xb tpâpu.axov ' ÉxÉpwOî S' au 'ApaaxYjV epovsùovxa
xb yûvaiov xal tôv sùvoùv'ov 'ApëâxTjv e'Xxovxa xà Çt'œoç ITCI
TOV Apiraxïjv" ZxtaxiîvQç. SE b MvjBo; èx xoû ffuiaTcocmu Tcpbç
TÔJV BopUÇÔpOJV EÏXxEXO eSjco XOU TCoBoç, CXU'pO) /pO0"ÔJ X7JV
oîppùv xax7iXoa|U.Évoç. "Opioia Se xoéxotç ev xe Aifmyj xal irapa
Zxuôatç xal ©parjl Yiyvdu-Evx èv xoïç, fBadtXet'o'.ç TJV boav,
cpovsûovxaç, èiTLDOuXEuovxaç, àpTtaÇovxaç, ETciopxoovxac, BEBIG—
xaç, ûTCô XOJV OîXEIOXOXûJV TrpoBiBouivouç. [16] Kal TOC ptàv
xdiv jBactXécov xocaûxYjV xcapsayE pvoc XTJV Btaxpcê'rjv, xà 8 s
xâv tSiaixôjv TCOXÎJ yeXotdxeca' xal yàp au xàxeivouç Éwpwv,
en butte aux complots de son fils, Antiochos, fils de Séleucos,
faisant des signes secrets à Stratonikè, sa belle-mère, le Tliessalien
Alexandre tué par sa femme, le fils d'Attale versant le poison à son
père; d'un autre côté, Arsacès meurtrier d'une femme, et l'eunuque
Arbacos tirant l'épée contre Arsacès; le Mède Spatinos était traîné
par le pied hors de la salle du feslin par ses gardes, frappé au
front avec une coupe d'or. On voyait des scènes pareilles à celles-là
en Libye, chez les Scythes et les Thraces, dans les palais : ce
n'étaient que meurtres, embûches, pillages, parjures, terreurs,
trahisons commises par les plus proches parents. [16] Voilà les
récréations que me fournirent les faits et gestes des rois, mais
ceux des particuliers étaient bien plus lisibles : car en les regardant, eux aussi, à leur tour, je voyais Hermodoros l'épicurien prê-
ICAROMÉNIPPE.
Èmêou>,e.-JovTa Avo-igor/w,
SE 'Avxîoyov
xbv (vcbv) — E).£TJXOU
Siavsûovxa Xaôpa
TVJ p/CjTpijtâ Sxpaxovixr;,
5s TôV ©srccO.bv 'AXs£avôpov
àvatpoop.svov
ôub xaç yvvatxôr,
xai vbv ulôv
iyysovTa 'Axrâbto
xb çâpuaxov •
Se sxépw6i au
'Apo-dx-pv cpovsûovxa
xb yûvaiov
xai TOV EÔvovy,ov 'Apga/.pv
D.xovxa xb çîcpop
Èir'i TOV 'Apo-âxïjv •
5à b MTJOOç Sitatïvo;
ei'ÀxsTo ï\tù TOû Ttoôb;
sx TOû ouaTcoaiou
irpb; Tôiv ooputpôpwv,
xaTrjM>T|uivo; TTJV ocppùv
<rxûeptp /.puo-ôi.
As xv ôpàv
ôuoia TOûTOEç
ytYvop.£va h xe. Aiêûr,
xai irapàSxùôatî xai@pa£i
èv TOî; Ba<rAsioi;,
cpov£ÛovTaç, èingouÂeûovTa;,
àpTiàîovTa:, èTccopxoûvxaç,
Beoiôxa;, TtpoSiSouivou;
ûnô TWV oixewTiTwv[16] Kai uèv
va TCôV pVaaAétov
Tcapsay.s (toi
TTIV oiaTp'.ênv ToiaÛTYjv,
ôè xà xàiv îO'.ùOTWV
(r]v) iroXÙ y£Ào^ÔTepa•
xai yàp au
ieopwv xai Èxeîvou;,
203
dressanl-des-pièges à-Lysimachos,
et, -d'-autre-part, Antiochos,
le fils de-Séleucos,
faisant-rtes-signes-de-tête en-secret
à-la (à sa) marâtre Stratonikè,
d'-autre-part, le Thessalien Alexandre
étaut-mis-à-mort
par la (sa) femme
et le fils
versant à-Attale
le poison ;
et d'-un-autre-côté, d'-autre-part,
Arsacès tuant
la (sa) femme
et l'eunuque Arbacès
tirant l'épée
contre Arsacès ;
d'-autre-part, le Mède Spatinos
était-entrafné au-dehors par-\e pied
hors-de la salle-du-festin
par les doryphores (gardes),
cloué quant-au sourcil
avec-unecoupe d'-or.
D'-autre-part, il-était «-voir
des-e/ioses-semblables à-celles-là
ayant-lieu et en Libye
et chez (es-Scythes et Zes-Thraces
fans les demeures-royales,
des-o-ens-tuant, complotant,
ravissant, se-parjurant,
craignant, étant-traliis
par les plus-proches.
116] t t , d'-une-part,
les-actes des rois
offrirent à-moi
le passe-temps tel,
[ticuliers
«tais,-d'-autre-part, les-actes des parétaient beaucoup plus-risibles;
et
> en-effet, d'-autrc-part,
je-voyais aussi-ceux-là,
20i
EpuôSwpov u-iv TôV
IKAPOMENIIHIOS.
ICAROMÉNIPPE.
'ETCIXOùOE'.OV y.Àtmv évExx 3px^u.ô>v
èiriopxouvxa, TôV STOUXôV Sa 'AyxÔoxXÉx uepl U.KT9OQ XôJ
u,aÔT|Ty] S'.xy.f,6[/.svov, KXsivfav 8è xôv àïjTopa. EX XOù 'ACXXTJTcietoo cpiâXïjv ucDXLpoÛLEEvov. Ti yàp av TOôî CCXXOUî Xsyotjju,
TOÙç. TO'.^copu^oOvTaç, xoùç oexaÇoiiivou;, xoù; oavsi'tjovxaç,
xoù; ÉTraixouvxaç ; "OXtoç yàp iroixt'Xrj xa». 7cavxo5aTC7] TIC TTJV
V) 9Éa.
E T A I P . Kal p.7]V xal xauxa, tî> MEVITCTCS, xaXoJç slys
Xsysiv ' eotxs yào où xvjv xoyoùsxv xspTwXrjv cot
•KTQZG-/^-
o-Ôat.
M E N . n â v x a pcàv É;-?jç 0'.EX9ô?V, ù> ipiXÔT-qç, àSùvaxov, ô'TCOU
ys xa: ôpav aùxà Ipyov fjv " xà uivxot xsœàÀata XOJV Txpy.yaâxcov ToiKuxa Èc&at'vsxo otat arqo-iv "OjaYjûOî xx ITCI TTJç aerniSo;'
ou u.èv yàp YjO-av EtXaTci'vac xal yâaot, ÉxÉpcoO'. Sa ocxxa'Trjpta
tant de faux serments pour mille drachmes, le stoïcien Àgathoclès
plaidant contre un de ses disciples pour le prix de ses leçons,
Glinias le rhéteur dérobant une coupe dans le temple d'Asklèpios.
A quoi bon citer les autres, ceux qui perçaient les murs, ceux qui
se laissaient corrompre, ceux qui pratiquaient l'usure, ceux qui
mendiaient? Car c'était un spectacle tout à fait divers et varié.
L'AMI. Eh bien, tu serais aimable, Ménippe, de me conter
aussi ces détails : car ils semblent l'avoir procuré un plaisir peu
commun.
MÉN. T'exposer tout par le menu, et d'une haleine, mon cher
mignon, c'est impossible, puisque c'était déjà une grosse affaire
de le voir : mais, toutefois, les principaux de ces événements apparaissaient tels qu'Homère décrit les scènes figurées sur le bouclier : ici, c'étaient des banquets bruyants et des noces; là, des
'EpuôStopov u.sv
TOV 'ElCIXoÙpElOV
èiHopxoûvxa
é'vExa yxôiwv opayaiaiv,
SE TôV Excoi'xôv 'Ayaôoxïia
&:xa£ou.evov
w p.a8ï)Tïj
vcepï. pia&oû,
Sk TôV prJTopa KXetviav
ûça'.poùjj.Evov çiâXr,v
èx TOV 'AffxXïjTctet'ou. [Xou;,
Fàp TÎ av ïiyottn TOùC a).Toù;Tor/(opyxoyvTa;,
xoù; cExaïopÉvouî,
TOù; oavEÎsOVTaç,
TOÙ; ÈTCatTO'jvTûtî;
Fàp 8A.W; p QÉa
vjv TIC (9éa) Ttoixiîi'i
xa\ iravTo8aTCT|.
ETAIP. Ksi uf,v,
do MSVITCTCE, Eï-/E xa/.oic
ÀÉysiv xai TavTayàp ëotxE
ïtaeea-/-îia9at trot
T£pTcti)).Y]v où TY|V TV/QVO-XV.
MEN. M b ,
u> çIAôT/]ç,
(èITIV) àôùvaTov 3Iê).8EîV
irâvxa è%rfif
ôuoo ys
xa\ opâv aùxà
r,v k'pyov • pivxot
Ta xqpâXaia TO>V TtpaypctTtov
êçaivETo TotaÔTa
ola pOp,r|poî (p/jcrtv
Ta ÈTci xrjc àffrciSo;'
yàp p.sv où ïjo-av
E'Aantvat xat yâuot,
os ÉTÉptoOi 8tv.ao-Tr,p:a
xai Èxx>.ï)o-tai,
205
Hermodoros, d'-une-part,
l'Épicurien
se-parjurant
à-cause-de mille drachmes,
d'-autrepart, le Stoïcien Agatbociès
plaidant-contre
' e (son) disciple
au-sujet du-salaire,
d'-autre-part, le rhéteur Clinias
dérobant une-coupe
de l'Asklèpiéion.
Car pourquoi dirais-je les autres,
les-oens perçanl-les-inurs,
les se-laissant-corrompre,
les prêtant-à-usure,
les mendiant?
Car, en-un-mot, le spectacle
était un-certain spectacle varié
et divers.
L'AMI. Eh-hien, pourtant,
ô Ménippe, t'Létait bien
de-dire aussi ces-cAoses :
car eltes-semblent
avoir-fourni à toi une
jouissance non" la première-venue.
MÉN. D'-une-part,
ô wion-amour (mon cher ami),
il est impossible d'-exposer
toutes-c/toses à-la-suite,
du-moment-que du-moins
même voir elles
était une-affaire : cependant
les principales des choses
apparaissaient telles
que Homère dit
les-motifs ciselés sur le bouclier;
car, d'-une-part, ici étaient
festins-bruyants et noces,
et, d'-un-autre-côté, tribunaux
et assemblées,
206
IKAPOMENIimOS.
xcù IXXXTJOT'XI, xxQ' STEOOV Sk uipoç EôUS T I ; , IV ysiTovcov Sa
7r£v6tov œXXoe. lœat'vsTO • xxl OTS U,èV I ; TYJV rsxtxrjv àTcoëXÉ'Jyatjj.1, TroXsuoovTac; av écôpojv TOÙç r é x a ç ' ors SE [XETaëaérjv
Èç TOùç SxuSaç, TiXavwuivouç ITCI TôJV âu.acjôov Y|V îOEIV " o.ixpôv
Sa Ê7ccxXlva; TôV ô-pOxXu-bv ÈTT! ôaTsca, TOùç. AlyuTCTt'ooç yewpyoîivTaç; ETcÉêXsTcov, xxl b <I>oivi£ ÊvsTiopEÛETO xxl b KtXti;
sXTpaTsue xal b Axxcov êu.ao"TiyouTO xxl b 'AÔr|vaïoî lotxâÇsTO.
[17] "'ÀTcàvTtov SE TOUTCOV ùTCô TôV XÙTôV yiyvou.svwv jrpôvov,
ICAROMENIPPE.
os xorra sTspov p.spo;
T t ; ËÔO£,
8s àv ystxôvwv
aXXo; ètpat'veTo itev6tov •
xa\ ôTS glv
àTroëXl'hatp.t
s; rèy (YOV) FeTtxr,v,
av Éupoiv TOU; r é r a ;
itoXeuoûvTaç'
ors Se [XETagacr.v
Ë; TOO; Salifias.
7)v îôeîv TiXaviogévouç
Ëir't TùJV àp.a'à)V •
topa sot TJSTI ÊTvtvoeîv Ô7ro:oç TIç b xuxexov OUTOç êcpou'vETO '
èia'Tcep âv £t TIC, TrapaMïTTjO'xui.EVo; TCOXXOUç; ympsuTX;, p.xkXov
Sa TCoXXoÙç. £OpOÙÇ, ETtElTO. TrpQOTXcjstS TWV xSÔvTWV EXOCXTCp
TYJV covtpSi'av àcpÉvTx l'Stov aSsiv uiXoç ' CJIXOTUJ.OUU.SVOU Se
tribunaux et des assemblées; de ce côté, quelqu'un offrait un
sacrifice ; dans le voisinage, un autre se livrait manifestement à la
douleur. Chaque fois que je jetais les yeux sur le pays des Gètes,
je voyais guerroyer les Gètes; si je passais chez les Scythes, je
pouvais les apercevoir errant sur leurs chariots; en détournant un
peu la vue vers d'autres contrées, je remarquais les Égyptiens
cultivant leurs campagnes; le Phénicien poursuivait ses voyages,
le Cilicien exerçait la piraterie, le Lacédémonien subissait le fouet,
et l'Athénien plaidait. [17] Gomme tout cela se faisait en même
temps, il t'est loisible dès lors d'imaginer quel effet produisait
une confusion de ce genre : c'était comme si l'on avait produit
plusieurs choristes, ou mieux plusieurs chœurs, et qu'ensuite on
eût ordonné à chacun des chanteurs de négliger l'ensemble du
morceau pour chanter sa propre mélodie; alors, suppose que
8s ÈTicxXiva;
p.(xpôv TôV ôcpfiaXuôv
ëTù xà érspa,
lîtÉSXETtov TOù; Atyuîtrtouî
yciopyoûvTa;,
xal ô 'l'oivtl
êvercopeiisTo
xa't ô Kt'XtÇ ëXï)<TT£U£
xai ô Aây.Mv
èuao-TtyoÛTo
xae ô 'A8ï]vaïo;
ËoixâÏETo.
[17] Aï ânâvTwv TO-JTCOV
ytyvouivtov <mb
TôV aÔTÔv -/pôvov,
topa (EST!) aot rfi(\
ËTttvoEtv orroié; Tt;
OUTO; o XUXEùIV
ÈoatvETO '
(SoTcsp av et Tt;,
TEapa<7Tr;(7dp.Evo;
TCOXXOù; -/opejTà;,
8è uâXXov 7ioXXoù;xopoy;,
ïirsrra TrpoaTÔ/.ie
sxâoxw Tôiv:' ôôvTuiv
ôçéVTX Trff crovtpSiav
a8Etv î'Su/. uiXo;-
207
d'-autre-part, à «ne-autre partie
quelqu'-un sacrifiait,
d'-autre-part, dans /e-voisinage
««-autre apparaissait se-lamentant ;
et lorsque, d'-une-part,
je-jetais-les-yeux
vers la terre des-Gètes,
d'-aventure je-voyais les Gètes
faisant-la-guerre ;
lorsque, d'-autre-part, je-passais
vers les Scythes,
ii-était à-voir eucc errant
sur les chariots;
d'-autre-part, ayant-détourné
«n-peu l'œil
vers les-autrès-points,
je-regardais les Égyptiens
labourant-ie-soi,
et le Phénicien
voyageait-poitr-a^aiVes
et le Cilicien était-pirate
et le Laconien
était-fouelté
et l'Athénien
plaidait-en-justice.
[17] D'-autre-part, toutes ces-choses
ayant-lieu vers
le môme temps,
loisir est à-toi dès-lors
d'-imaginer quel ««-certain
ce désordre [cette confusion)
apparaissait;
comme, d'-aventure, si quelqu'-un,
ayant-présenté-ponr-lui
beaucoup-de choristes,
ou plutôt beaucoup-de chœurs,
ensuite ordonnait
à-chacun des-gews chantant,
ayant-abandonné le concert,
de-chanter sa-propre mélodie:
208
ICAifOMENIPPE.
IKAPOMENinnOS.
bcàorou xal xb ïoiov xcepai'vovxoç xal xov TIX^CIOV ùircpbaXéo-Qy.t xvj u.syaXo'pcovi'a. TrpoOuu.ouu.évou, àpa Iv8uu.7), r:p6ç A'.bç,
ota yévoix' àv 7] COOTJ ;
E Ï A I P . IlavxâTrar/iv, ci) MÉvtTtTcs, 7tayyE/.otoç xal XExa-
ota YEVHT' av •») cpfiqj
payaÉVq.
MEN. Kal ti/qv, J> ÉxafpE, xotooxoc Trâvxsç Eicdv oî ITCI y q ;
yopeuxal xàx xoiaùx7)Ç àvapaoerxi'aç ô TôV àvOpcuTtojv fiio;
auvxéxaxxai, où U.GVOV àTrmSàtpOsyyop.Évwv, aXXaxai avop.ota>v
xà GT/TJaaxa xal xàvavxi'a XIVGUIAEVWV xal xaùxcv oùSÈv STCI-
vooùvxtov, aypt av aùxâv ëxaaxov o yopqybç aTcsÀàc/) x-qç
(JX7]V7J;, oùoèv sxt SsîaOxi XÉywv " xoùvxeûÔEV Se èu-otoi Tiavxeç
•q'5q CTHOTCôJVXEç, oùxsxi x-qv ffuaa'.yq £XSiV7|V xal àxaxxov
(1>07]V aSovxeç. 'AXX' èv OSXOJ ye Tcoixi'Xm xal TCOÀUEISEI XôJ
Osaxpto
Se Éxâaxou çtf.oT'.p.oup.évou
•/.ai TrspxfvovToç xb l'Stov
xal 7tpo6up.oup.Évou
•ÛTiEpoaXÉcÔai xbv 7i).qafov
xq p.EyaXoï(j07!a,
apoc Èv6up.q, npbî Atb;,
Tca7Ta
aèv
yeXofa
STJTTOUGSV
-qv xa yiyvcîu.£vx,
chacun s'évertue et pousse jusqu'au bout son air particulier, s'efforçant de surpasser son voisin par l'ampleur de sa voix : est-ce
que tu te représentes, par Zeus, ce que serait un tel concert?
L'AMI. Quelque chose, Ménippe, d'absolument ridicule et désordonné.
MEN. Eh bien, mou camarade, tous les habitants de la terre
sont des choristes de cette espèce, et c'est d'une pareille cacophonie que se compose la vie des hommes : non seulement ils
articulent des sons discordants, mais encore ils diffèrent par la
mine, se meuvent en sens contraires et n'ont sur rien les mêmes
idées, jusqu'à ce que le chorège ait chassé chacun d'eux de la
scène, en lui disant qu'il n'a plus nul besoin de lui ; or, à partir
de cet instant, ils sont tous semblables : désormais ils se taisent,
ils ne chantent plus cet air confus et irrégulier. — Cependant, sur
ce théâtre si varié et si multiple, tout ce qui se passait était bien
ETAIP. m Ms'vtmce,
iravxâiTa<7i7 vrayylXotoç
xa't TETapaypivq.
MEN. Kal [M)v,
209
mais chacun rivalisant
et accomplissant \a.-tdche p r o p r e
et s'-efforçant-avec-ardeur
de-surpasser le voisin
p a r - l a puissance-de-la-voix, [Zeus.
est-ce-que /«-songes, au-nom dequel deviendrait le chant ?
L'AMI. Û Ménippe,
tout-à-fait très-ridicule
et confus (discordant).
MÉN. Eh-bien, pourtant,
O) èxatpî, TOIOUTO! S(CTV
ô camarade, tels sont
•navre; ot xopîuxa't Ènl yq;,
tous les choristes qui sont sur terre.
xal ô |3io; roiv àvOpioTcwv
et la vie des hommes
a-uvréraxTat
se-compose
èx t o i a u x q ; àvappLooTta;,
d'ww-tet manque-d'-harmonie,
OU [TOVOV
non seulement
[dants,
cpÔEyYopivayv ànwSà,
faisant- entendre des -sons- discoràXXà x a l àvouoiwv
mais encore dissemblables
xà o-/qp.aTa
qwanf-aux figures
x a l y.'.voup.évo)v Ta èvavxca
et se-mouvant contrairement
Xal EIUVOOVVTMV
et n'-imaginant
oùSÈv Tô aùfb,
rien de-pareil,
jusqu'-à-ce-que le chorège,
a-/pi ô yopqvb;
d'-aventure, ait-chassé-de la scène
av àne),âa-q Tqç crxqvq;
chacun d'-eux, '
[core;
sxatJT07 auToiv,
Xlywv Seïcdlai ouSkv STI '
disant avoir-besoin d'eux en-rien en8s Tô èvTcûfisv
mais, d'-autre-part,
n a v r e ; (sialv) ouoto:
tous sont semblables
crwnàiVTE; qSq,
sc-taisant désormais,
oùxsT'. aooVTS;
ne-plus chantant
sxsîvqv Tqv :i)Sqv
ce chant
crujxpLtyq x a l a r a x r a v .
mêlé et désordonné.
'AÀ/,à È7 lia 6ïâTp(p
Mais dans le théâtre
Où'TO) Tcotxtîap y s
si varié du-moins
et d'-aspects-inulliples,
x a l TTOÀUEIOEÎ,
d'-une-part, en-vérité,
uèv ôqTtou'JSV
toutes les-clioses ayant-lieu
n a v r a Ta yiyvé[XEva
étaient lisibles,
qv yEÀoïa,
[18] mais surtout
[18] fis paAtarta
LUCIEX. — Extrai/j.
14
210
ICAROMËNIPPE.
IKAPOMENIIinOS.
[18] u-ocÀiCTCt ôè êTC' Ixsfvocç. êir/|Si u.c, yeXïv xoTç TCEGI yrjç
ô'pwv IpfÇouçri xal xotç p-éya cppovoocj'.v ITCI x û Tô Hixucovtov
Tceoiov yEcopysiv T\ Mapaôwvo; I/eiv TOC Txspt TYJV OCVOTJV y\
'A/apv7j(îi TcXeOpa xexxvjcïôai ^iXia. TTJ; yocp 'EXXaooç éX-qç,
cô; TÔTE u.0'. àvcoÔEv È&atvsxo, SaxxiiXcov OUQT7Jç TO o.eysOoç TEXTcxptov, xaxà Xdyov, oru.ac, TJ 'AxTix-q TcoXXoffTTjU.opiov -r-p/.
"iïffTS IvEVOOUV ££>' ÔTCÔCTCp TOÎ7, TcXoUaTGlÇ TOUTO'.Ç. u.Éyûc (ûpOVSCV
xaTsXeiTtÊTo ' co/soèv yàp ô TCoXuTcXsôpÔTaTOi; ocùxcSv uu'av Ttov
'Exctxoupsiwv OCTôU-WV ISo'xet p.oc yecopyEÏv. 'AiroêXécpaç Si BYJ
xal êç TYjV LTsXoTcôvvTiCTOv, sera TYJV Kuvoupt'av yvjv ioeov àveU.VYJ<JÔ7|V TCEGI OCTOU ytnçîou, xax' GÙSSV AiyoTCTioo cpaxou TCXOC-
xoxÉpoo, TOCïOUTOI ETCECOV 'Apyeuov xat Aaxeoataoviwv pua;
7]U.£pac. Kat p-qv e'c TIVCC ïSotu.'. ETCC ypuaôp p.sya. c&povouvxa,
risible sans doute. [18] mais il m'arrivait surtout de rire aux dépens de ceux qui se querellent pour les frontières d'un pays, qui
sont bien fiers de labourer la plaine de Sicyone, de s'emparer de
celle de Marathon, dans la partie voisine d'Œnoè, ou déposséder
mille arpents à Acharnes. Toute la Grèce, en effet, telle qu'alors
elle m'apparaissait d'en haut, avait quatre doigts d'étendue, et en
proportion, je pense, l'Attique n'en était qu'une infime partie.
Cela me fit réfléchir au peu de terrain qui restait à ces riches
pour donner carrière à leur orgueil : car, en vérité, celui d'entre
eux qui possède le plus d'arpents me semblait cultiver un seul des
atomes d'Épicure. Puis, jetant les yeux sur le Péloponnèse, et considérant ensuite la Cynurie, je me rappelai pour quel mince territoire, pas plus large qu'une lentille d'Egypte, tant d'Argiens et de
Lacédémoniens étaient tombés en un seul jour. Enfin, si je voyais
È7ff)£i p.oi ysXâv
éTù èxsvvotc TOI; ÈptÇoucrt
«sp'i opcov yûs
xoù TOî; (ppovoûapiv piya
âm TCô ystopysïv
tô iteSt'pv Six'jwviov
q È'yesv
xà Tuepl TVJV Olvo/jv
Mapa6covo;
n xexTÎjaflai
-/Oua 7t>i9pa
'Ayapvriffi.
Eàp T?); eE),Xâô"oç ô'Xqç;,
ci; Isaô/ETo p-oc
TOTE avcoôsv,
oùVc]; TexTapcov SaxTJXwv
Tô piyEÔo;,
-/taxa Xoyov, otu.ai,
211
j7-arrivait à-moi de-rire
[reliant
à-propos-de ces-hommes les se-queau-sujet cfcs-limites de-/a-terre
et des-Aommes s'-enorgucillissant
à-propos du labourer
le territoire Sicyonien
ou avoir
les-terres autour-d'OEnoè
de-Marathon
ou posséder
mille plèthres
à-Acharnes.
Car la Grèce entière,
comme e/te-apparaissait à-moi
alors d'-en-haut,
étant de-quatre doigts
quant à la grandeur,
en proportion, ye-pense,
Y| 'ATTIXù
l'Attique
YJV Tco>AociTï]u.ôpcov.
"llo-TE èvsvoouv
èiti ôTCôCTIù xaxeXsiiKTo
TO'JToiç TOïç icXouaîot;
çpovEîv [xÉya[xciiv
yàp ô uoÀuitXEfipÔTaTo; auèSô-XEI poi yecopysiv
pvc'av Tôiv àxôpcov
'ETuxoup£to>vAÈ8X ânoëXÉJ/a;
xal èç TYçV IU).oTrôvvï)(TOV,
EITOC tSiov
TïJV t'A"' Kuvoupi'av,
àvEp-viiiTÔ-ov
TTcpi SCTOU -/uptov,
«XafJTipou xarà oôoÈv
cpaxou AiyjirTÎou,
TOCTOûTOI 'Apyecwv
•/.ai Aax£8aip.ovîu)v
suEiTov giâç ïit"^PaîKal g'ôv si î8oip.i xiva
était ime-faible-partie-de-f-ensemEn-sorte-que fe-réfléchissais
dans quelle-mesure i7-était-laissé
à-ces riches
d'-être-orgueilleux :
car le-mieux-loli-en-arpents d'-eux
semblait à-moi labourer
un-seul des atomes
Épicuriens.
D'-autre-part, certes, ayant-regardé
aussi vers le Péloponnèse,
ensuite ayant-vu
la contrée de-Cynurie,
je-me-rappelai
au-sujet-de quel espace,
n'étant plus-large en rien
ç/w'-Mne-lenlilie Égyptienne,
tant d'-Argiens
et de-Lacédémoniens
tombèrent en-un-seut jour.
Et pourtant si je-voyais quelqu'-un
[bte.
212
IKAPOMENIimOS.
ô'TI OXXTUXIOU; TS sr/ev OXTJJ xat cptxXa; TSTTapaç, TTXVO xat
èTCI TOôTCO GCV lysÀcov • TO yào Ilayyatov olov aùxoïç u.STàXXotç.
xsyjçptalov TJV TO jjtiyeôoç.
Compétitions et luttes vaines des hommes entre eux.
Petitesse de leurs villes. Entretien de Ménippe avec la Lune.
[19] E Ï A I P . *iî u-axâpts MÉvi7iTC£ TTJ; uapaSôtjou Gsotç.
A t OÏ 8ï] 7IQÀEIÇ, TCpÔç A'.ÔÇ, X a t Ot CCVOpSÇ «ÛTOt TJT|ÀtXOt 8 t £ -
ICAROMÉNIPPE.
cppovouvTa uiya èrù '/puerai, fier à-propos-de son-or,
parce-que tï-avait
QXT0) TE SaXTUÀtOUÎ
huit anneaux
xa'i véxTapaç çtâXaç,
et quatre coupes,
av èyÉXwv
d'-aventure je-riais
aussi beaucoup à-propos-de cela
V,tx\ TtàvU ÈTÙ TOTJTO) '
car le Pangaeon entier
yàp ta Ilayyatov oXov
avec-ses-mines elles-mêmes
gSTâXXot; aÙTOïç
du-volume-d'-un-;
T)V xEyxpiûuov
était du-volume-d'-un-grain-dc-mil!et
quant-à-\a. grandeur.
TO p.éys8o;.
OTt s r x £ v
œat'vovTO avwâsv ;
Compétitions et luttes vaines des hommes entre eux.
Petitesse de leurs villes. Entretien de Ménippe avec la Lune.
MEN. OTu.xi ne TtoXXâxi; TJSYI [/.uppt.7jXcov àyopàv swpaxsvat,
TOÙç ulv gtXouptivouç;, svt'ouç, 8s sljibvTaç, sTépoo; os £7ia.viôvTaç
aùthc sic TYJV TCOÀ'.V ' xat o t/.év Ttç TYJV xbrcoov sxtDspst, 8 8s
àoirxox; 7io9sv r, xuâutou XSTIOç r] mipoîi TjU.tTOu.ov 9sï cpsowv •
stxbç, os stvat TCXO' aÛTolç x x r a Xôyov TOO p.op|/.rjxcov [itou xat
quelque homme tirer vanité de son or, parce qu'il avait huit anneaux et quatre coupes, je m'égayais fort à ce sujet aussi : car
le Pangœon tout entier, avec ses mines, était gros comme un grain
de millet.
Compétitions et luttes vaines des hommes entre eux.
Petitesse de leurs villes. Entretien de Ménippe avec la Lune.
[19] L'AMI. Heureux Ménippe! Quel merveilleux spectacle! Mais
[19] E T A I P .
Q gaxâpie Mévirocs,
Tr,; 6Éocç irapaSôSou.
AI êïj aï ttoÀetç,
npbç Atbç, xai oi avôpsç
aùvot 7tï)),;xoi
StEcpat'vovTo avtoSev;
MEN. Otp.aî O-E
IwpaxÉvat TtoXXàxt; vjoï]
àyopàv p.upp.ïixaiv,
Toù? gèv stXouuivouî,
ivcou; Sk èljiovTaç,
iiÉpou; Sk ÈTtavtôvTap
auiôiç ecç TïJV TiôXiv '
xat o piv TIç
Èxtpépst TTV
| xâirpov,
o 8s àpuâffa; iroSsv
7
les villes, au nom de Zeus, et les hommes eux-mêmes, de quelle
vj XETCOç xuâpou
grandeur t'apparaissaient-ils, vus de si haut?
T| T||X['TO!iOV TTJpOÙ
MÊN. Je pense que tu as souvent déjà regardé une assemblée
de fourmis : les unes décrivent un cercle, d'autres sortent, d'autres
reviennent à la ville; celle-ci emporte un brin de fumier; celle-là,
9st çépwv •
Se (êo-riv) eîxbc
EÎvat Ttapà aÙToî;
xavà Xoyov
qui a enlevé, on ne sait d'où, une cosse de fève ou un demi-grain
TTOû (Itou p.upu.ïjy.a)v
de blé, court en portant son butin ; il est probable qu'il y a chez
xat Ttvaç otxoSôp.ouç
xat Sfiutaytoyou;
elles, proportion gardée pour cette société de fourmis, des archi-
213
[19] L'AMI. '
0 bienheureux Ménippe,
le spectacle incroyable !
D'-autre-part, certes, les villes,
au-nom de-Zeus, et les hommes
eux-mêmes combien-grands
apparaissaient-t7s d'-en-haut?
MÉN. Je-pense toi
avoir-vu souvent déjà
tme-assemblée de-fourmis,
les unes décrivant-un-cercle,
quelques-unes, d'-autre-part, sortant,
d'-autres, d'-autre-part, rentrant
en-sens-inverse dans la ville ;
et l'une une-certaine
emporte le fumier,
l'autre, ayant-enlevé de-quelque-part
ou rtne-cosse de-fève
ou im-demi-grain de-blé,
court portant son butin;
or, il est vraisemblable
exister chez elles
en proportion
de-la vie des-fourmis
aussi certains architectes
et démagogues
214
ICAROMÉNIPPE.
IKAPOMENIIIIIOE.
otxoôdfxouç xivàç xoù S"qp,ccywyoùc; xocl irpuxàvÊn; x a i jiouffixouç
x a l cp'.Xo<roœooç. IlX-qv a ï ye xcoXetç aùxoïç a v o p â u i x a l ç p u p ainxiaïç [iâX'.ffxa Éioxscrav • sî os coi p.ixfbv ooxii
xo xrapx-
3eiyu.a, xb CXVOOCOTIOO:; e ï x a x a i x q ttupu,YJx(i>v xroXixsi'a, xouç
TraXatoùç piuGou; sTcïxxsupai xcSv ©sxxaXàiv " eùp-qxEiç y a p xouç
Mupuiioôvaç,
xo u.a^ip.ojxaxov coOXov, Êx p.upu.ïjx(.ov àvSpaç
y î y o v o x a ç . 'EnEio-q 3 ' oûv xcxvxa cxavâ>; Éojoaxo x a l xaxeyEyéXacrxd ucos, Siaxstcraç eu.auxbv àvETcxbuYjV
« Scopax' s; acycdyoïo Aib; p£xà Saîpovaç; àXXouç ».
[ 2 0 ] Où'TWO crxâSiav àveXrjXuGeiv, x a ï
cpwv-qv •x-poïEp.Évq,
K
M
£Vt,JtTt£
-q ZeÀrjv-q yuvxixefav
» i «pYjirtv, « oiixojç b'vato, 3 i a -
xbVqaai' uxu xi Trobç xbv À c a . » —
« Aéyoïc. av » , -qv O lyoï '
« papb y à p oOSèv, -qv pvq xt qsépetv Séyj. » — « ITpEaêetav » ,
ECOTJ, « x i v i où yaXâirqv x a l oÉ-qcr.v aTiévEyxE xcap' ép-oo x û
tectes, des d é m a g o g u e s , des prytanes, des artistes et des p h i l o sophes. E h ! bien, les cités avec les habitants qu'elles renferment
ressemblaient parfaitement aux fourmilières; et si cet exemple,
ce rapprochement des h o m m e s avec la république des fourmis te
semble mesquin, songe aux anciennes légendes des Thessaliens :
tu trouveras, en effet, que les Myrmidons, la plus belliqueuse des
races, étaient des fourmis transformées en h o m m e s . Or d o n c ,
après que j ' e u s suffisamment considéré et raillé tous ces objets,
j ' a g i t a i mes ailes et repris mon vol
« Vers le palais des dieux, de Zeus qui tient l'égide ».
[20] Je n'avais pas encore monté à la h a u t e u r d'un stade, q u a n d
la Lune, élevant la voix, — une voix féminine, — « Ménippe »,
dit-elle, « puisses-tu réussir dans ton entreprise, et veuille
me
rendre u n léger service auprès de Zeus. » — a P a r l e , » répondisj e ; « cela ne sera p a s lourd, s'il n e faut rien porter. » — « C'est
u n e commission, » dit-elle. « qui n'est point difficile : porte une
215
et prytanes
et artistes
et philosophes.
Seulement, les villes du-moins
Il),YjV ai TïôXEIç yE
croec-'es-hommes eux-mêmes
àv8pâmv aù-roiç,
ressemblaient tout-à-fait
gûxeaav pâXiaxa
aux fourmilières :
xaî; gupp.Y|Xiacç •
mais si l'exemple (la
comparaison)
SE sî XO TtapdcÔEiypa
semble à-toi petit
(mesquin),
Soxsï o-o c prxpbv,
le assimiler des-hommes
xb eixâerat âv6p(»Ttouç
à-la république des-fourmis,
xq 7roXiTeia puppi^xtov,
considère
ÈlU<TX£']iai
les anciennes fables
xoo; iraXaiouç, péftouç
[va;, des Thessaliens :
XIÔV ©ETTOtXtOV •
yàp sOpïjiTEiç TOùç MuppiSô- car t u - l r o u v e r a s les Myrmidons.
xb tpbXov por/iptoxaxov,
la tribu fa-plus-belliqueuse,
yeyovÔTa; txvSpaî
élant-devenus h o m m e s
àx p.-upp.-qx(j>v.
de fourmis qu'ils
étaient.
L\ï oov èTTEISï)
Mais donc, après-que
[ment
•KÛvxa. loipa-o V/.avôiç
toutes-c/i-ose.s étaient-vues suflîsamx a i xaxEyEyÉXacxd poi,
et avaient-été-raillées à-moi
(par
StauEwaî âpauxbv
ayant-agité moi-même
[moi),
àv£itTÔ[JiT|V
je-m'-envolais
« è;
fiiipaxa
« vers fes-demeures
Aibç aiyioyoto
de-Zeus qui-Lient-l'-égide
psxx àXXou; Scdpovocç; »•
vers /es-autres divinités ».
[20] OûTco) àvEX-qXéfiEiv
[20] Pas-encore j'-étais'-monté
oxâbtov,
à la hauteur d'wn-stade,
xal q SEXTJVY; T;poV£p£yq
et la L u n e , ayant-proféré
cpcovqv yuvaixEiav,
«ne-voix féminine,
« Mévinus », op-qrjtv,
« Ménippe », dit-effe,
« ovaio oôxoiç,
ci puisses-fu-réussir ainsi,
[chose
ôiav.ôvï)(rai peut xi
rendre-service à - m o i en-quelque7tpbç xbv Aca. »
auprès-de Zeus. »
[je :
xxc rcpuxavei;
x a \ pouxixoù;
xal cptboabcpo-j;.
— ce 'Av XÉyoi; », qv S' èyw • — « Tu pourrais dire (Parle) », dis
«yàp oOSèv papù,
« car rien de-lourd,
[se.»
ïjv pq 8éT, çépEtv xi. »
si ne-pas if-faut porter quelque-cho— « 'AirÉvEyxe rcapà Èpoù
TW Aie », EOT),
& xcvà iipEogEÎav
— « Porte de-la-part-de moi
à Zeus », Ait-elle,
ci certain message
216
IKAPOMENinnOS.
ICAROMENIPPE.
Atc * atrst'ûqxx yxp XJBTJ, O> MévctfJte, TTOXXX xoù OE'.VX irapà
Tô5V ^'.Xocdçxuv axoùouorx, olç oûSkv ETSûôV ÉffTiv loyov -q t x u a
•xoÀuTcpayu.oveïv, TL'ç EIJJ.'. XX; 7t-qXi'x-q, -q xx'c Si' -qvt'.va a'.Ttav
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trpo; TOQTOV [AS à8sXa>ov ovta pou ouyxooîicat xxl GrxstxtX'.
7rpoxiçoùu.svo'. • où yxp txavà -qv aùxotç a xrept aùxoQ eîp-qxac'.
TOù* HÀibu, Xt'Qov xùxôv etvat xxl p.ùSpov StâTruoov
où -/a>.e7tqv xai Séqocv •
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of; eartv ovSsv é'tepov k'pyov
q 7roXuitpaypoveîv t a èpà,
tt; dpi xal îtqî.ixq,
q xat Stà qvtiva aixtav
ytyvopai Sr/btopo;
q àpcpcxuptoç.
Kai o'i pév çaaîv
pe xatoixeîa-Osi,
ot 3É (çotxtv pe)
liuxpépaoflai tq ôaî.âttq
Si'xqv xatôittpou,
oï Ss ^potrâirrouo-! poi
requête de ma part à Zeus. Je suis excédée à présent; Ménippe.
d'entendre les philosophes débiter sur moi tant
d'effroyables
inepties : ils n'ont d'autre occupation que de se mêler de mes
affaires : qui suis-je. quelles sont mes dimensions, et pour quelle
cause suis-je coupée en deux ou pourvue de deux cornes. Les uns
prétendent que je suis habitée; les autres, qu'à la façon d'un
miroir je suis suspendue au-dessus de la mer; ceux-là m'attribuent
ce qui leur passe à chacun par la tête; enfin, ils disent que ma
lumière elle-même est furtive et bâtarde, qu'elle me vient par en
haut du Soleil, et ils ne cessent de vouloir me brouiller et me
mettre en lutte avec lui, qui est mon frère. Il ne leur suffisait donc
point d'avoir parlé du Soleil comme ils l'ont fait, affirmant que
c'est une pierre et'une masse enflammée!...
toûto 8 tt k'xaato;
av è:tivoqo-q •
Se t a teXeotaTâ
çatuv xoù tb ç<ô; aùtb
sivai pot xXoTupaîov ts
xat vôOov, qxov
avoj9sv rcapà toù 'IDiov,
xat où jraùovtat
7ipoa;poùpsvoi ouyxpoOo-at
xat crtao-tatrat ps
tcpb; toùtov
ô'vta àSsùçov pou '
yàp a dpqxaot
nsp'i toù 'HXtou aùtoù
oux qv txavà autot;,
aùtbv stvat ÀiQov
xat pùopov StaTtupov....
217
non difficile et «vie-requête :
car déjà, ô Ménippe,
je-suis-excédée entendant
heaucoup-de-cboses et terribles
de-la-part des philosophes,
à-qui est nulle autre affaire
que de-se-mêler-de mes-a/faires,
qui je-suis et combien-grande,
ou encore pour quelle raison
Je-deviens coupée-en-deux
ou pourvue-de-deux-cornes.
Et les uns disent
moi être-habitée,
les autres disent moi
être-suspendue-au-dessus-de la mer
à-ia-façon-de un-miroir,
les autres attribuent à-moi
ce que chacun,
d'-aventure, a-imaginé :
d'-autre-part, finalement.
ffs-disent aussi la lumière elle-même
être à-moi volée
et bâtarde, étant-venue
d'-en-haut du Soleil,
et ne-pas ifs-cessent
voulant brouiller
et mettre-en-désunion moi
vis à-vis de celui-ci
étant frère de-moi :
car ce-que ils-disent
au-sujet du Soleil lui-même
ne-pas était suffisant à-eux,
lui être «ne-pierre
et wne-masse-de-fer enflammée....
218
IKAPOMEN1IIIIOS.
ICAROMÉNIPPE.
Elle continue encore quelque temps sur ce ton : elle sait à quels
actes coupables se livrent durant la nuit ces hommes qui prennent
le jour un visage imposant et sévère, une démarche très grave.
Elle contemple, silencieuse, les vols, les crimes, tous les forfaits
qui se cachent dans les ténèhres. Puis elle poursuit :
Elle continue encore quelque temps sur ce ton : elle sait à quels actes
coupables se livrent durant la nuit ces hommes qui prennent le jour un
visage imposant et sévère, une démarche très grave. Elle contemple, silencieuse, les vols, les crimes, tous les forfaits qui se cachent dans les ténèbres.
Puis elle poursuit :
[21] MstxvYjXo xoi'vuv xocOxo. xs- àTrayyeîÂai xto Au xai
Tcpoa-ÔsTvat 8' oxi fx-q oovaxov loxt jxoi xaxà vxopav [XE'VEIV, TJV
;X7| xoùç cooo-ixoùç sxEtvou; £7t'.xpt'dvy| xaï xoiiç StaXex/uxouç
ÈTriaxop-tV/] xai T7)v Sxoàv xaxaoxa!J/Vj xai X7]V 'Àxaofjixstav
xaxacûXspTj xxl rcxua-q xàç Iv xoiç TiEpnraxotî otaxpiëa; • ouxco
yàp av eip-qv/jv ayotix'. o<y7]p.spai xcap' aùxâJv yEcou,sxpoou£VTj. »
— [22] « "Eoxa! xaoxa » , TJV 8' lym, xai ajxa xroàç xà avavXEÇ EXEtVOV XVjV Exil XOÎ) oÙpxVOU,
[21] Totvvv u.Ép.v-qoo
àitayYEiXac xaûxâ xe xqj Ait
xai Tcprjo-usîvat 8È oxt
p.T| sort Svvaxôv u.ot
ptÉveiv xaxà yjypav,
TJV pt-q èittxp h]/*)
èxsîvoui xoù; yjctxov;
xai èiti<7T0îXL'o-ï)
xoO; ôtaxExxixov;
xai xaxatrxâujï) xr]v Sxoàv
xai xaxaçii^Ti
xïjv 'AxaB^ptstav
xai xuavffï) xàç otaxptêà;
èv xotx itsptitaxot? •
a svfia jxèv OUXE (3Oô>V OUI' àvSpàiv tpaivïxo Ëpya • »
[xex' oÀîyov yap xai ïj O-EAYJVTJ SpavEtâ p.oi xaOeiopaxo xai xàjV
yrjv 7)8TJ àTcIxpoTcxov. Aaêwv 8è xov rjXiov èv Seçta, 8ta xffiv
aoxÉpoov irsxojXEvo; xpixaïoç ÉTcX'qot'ao'a x<3 oùpavôj.
Elle continue encore quelque temps sur ce ton : elle sait à quels actes
coupables se livrent durant la nuit ces hommes qui prennent le jour un
visage imposant et sévère, une démarche très grave. Elle contemple, silencieuse, les vols, les crimes, tous les forfaits qui se cachent dans les ténèbres.
Puis elle poursuit :
[21] « Souviens-loi donc de rapporter cela à Zeus, et d'ajouter
qu'il ne m'est pas possible de demeurer dans cette région s'il
n'écrase ces physiciens, s'il ne ferme la bouche aux dialecticiens,
s'il ne détruit le Portique de fond en comble, s'il ne brûle l'Académie et s'il ne fait cesser les discussions des Péripatéticiens :
car c'est ainsi que je pourrais vivre en paix, sans être mesurée
tous les jours par eux. » — [22] « Tu seras satisfaite », répondis-jej et, en même temps, je me dirigeai vers le chemin escarpé
du ciel,
« Où n'apparaît nulle œuvre ou des bœufs ou des hommes : »
bientôt après, en effet, je voyais la lune toute petite, et déjà je
perdais de vue la terre. Laissant alors le soleil à droite, je volai
à travers les étoiles, et, le troisième jour, j'approchai du ciel.
219
[21] Donc, souviens-toi
d'-annoncer ces-choses à Zeus
et ©"-ajouter, d'aulre-part, que
ne-pas t'f-est possible à-moi
de-rester en place,
si ne-pas ff-écrase
ces physiciens
et musèle
les dialecticiens
et renverse le Portique
et foudroie
l'Académie
et fait-cesser les conversations
dans les promenades :
car ainsi
[paix)
yàp O'JTOI)
je-mènerais /a-paix (je vivrais en
av àyoïp.! sïpx,vv)v
étant-mesurèe
yewp.Expoup.évï)
chaque-jour par eux, » —
ô<Tr,|xépat itapà a'JTwv. »
[22] < Taùxa k'trxat », qv Sk [22] « Cela sera », disais je,
xai âua k'xetvov
[èyw, et, en-même-temps, je-tendais
'itp'oç TO àvavxs;
vers les régions-escarpées
Tqv ÈTci xov oùpocvoû,
parAe-chemin vers le ciel,
« EVOOC gsv çat'vExo
« où, d'-une-part, n'-apparaissaient
Ëpya OUTE fJodiv,
de-travaux ni de-bœufs,
OUTE àvSpwv »
ni d'-hommes; »
yàp jxexà oXtyov
car après un-petit laps de temps
xai q aEÀqvq
aussi la lune
xaoEinpaxô ptot
était-aperçue de-moi
fdpaysïa, xai q8q
courte, et déjà
«iréxpimxov xqv yqv.
je-cachais (perdais de vue) la terre.
Aà ),a§ù>v xôv -?|Xtov
Mais ayant-pris le soleil
èv BESIS, 7tsxà[ievoi
à droite, volant
Btà xtijv àaxépwv
à-travers les astres.
xptxaîo;
troisième (le troisième jour)
è«Xx,(Tta<Ta xûi oùpavô).
j'-approchai du ciel.
220
1GAR0MENIPPE.
IKAPOMENIIinOS.
Ménippe arrive au ciel. Zeus l'interroge sur le but de son voyage
et lui demande ce que les hommes pensent de lui-même.
Ménippe arrive au ciel. Zeus l'interroge sur le but de son voyage et lui
demande ce que Ses hommes pensent de lui-même.
Et d'abord, d'-une-part,
i7-semblait à-moi
me-présenter au~dedans aussitôt
irapiEvat EKTW eu ou;
comme j'-étais ;
w; Etyov •
yàp tSuLYiv <av>
car je-pensais <d'-aventure>
ôtaXabetv paÔtw;,
passer-inaperçu facilement,
axe wv asTÔ;
comme étant aigle
ï\ vuucefaç,
à moitié,
8s v)ittfftâ|iïiv TOV àei'ov
d'-autre-part, je-savais l'aigle
familier à Zeus
<TUVT|(iq TÙ> A i t
depuis ancien-temps (longtemps) ;
èX TtxÀaioû •
mais plus-tard je-réfléchis
8k ucrT£pov èXoytffajjfqv
que îfe-prendront-sur-le-fait
û>; xaTatpcopâcroucri
très-vite moi affublé
TCt'/tTTà [1£ 7tôp[XctfJ.£V0V
de-1'autre aile, celle du-vautour.
t-qv Ixlpav TTvépuya yurcô;.
Donc, ayant-jugé
[au-danger
Oîv xptva;
le ne-pas m'-exposer-témérairementTô p.!) TrxpaxivSuveusiv
être te-meilleur,
(îtvai) apta-rov,
m'-é tant-approché,
TCpotreXSwv
je-frappais la porte.
SXQ7TT0V TïJV 6 u p a v .
Alors, Hermès ayant-prêté-l'-oreille
Ak ô 'Epp-rj; ÛTraxouaa;
et s'-étant-informé du-nom (de mon
xa't ÈxTcuu6p.evo; Tô ovop.a
s'-en-allait en hâte
[nom),
àirïJEt xaTa <TTEOU5-ô,V
cppâaoov T(O Att',
devant-dire à Zeus,
xa't p.ETa ôÀt'yov
et après peu
si<j£x>,ri6'qv irâvu SeStàt;
je-fus-introduit tout-à-fait craignant
xa't TpÉp.(ov,
et tremblant,
et je-trouve tous-fes-dieuas
TS xaTotXap.ôavw rcâvTa;
siégeant-ensemble en-même-temps,
<ruyxa9qp.évou; âua,
et-non exempts-de-soucis eux-mêauSk àtppôvTtSa; aÙToy;*
car l'étrange-caractère
[mes :
yàp Tô TtapàSoîjov
Trj; èTctSYip.['a; p.ou
du voyage de-moi
ÛTtETapaTTEv (aÙTOu;) rjffu-/^, effrayait-un-peu eux légèrement,
xa't oaov OùSITCW
[TCOU; et presque déjà
Tcpoff£8oxo)v TtâvTx; àvfiptô- f/s-s'-attendaient-à tous /es-hommes
àadSUaôat TôV auTÔv Tpôxov devoir-arriver de-la même manière
ÈTCTEptOpÉVOU;.
ailés.
Kat Tô 7rpôxov p.kv
Kat TO u,£v TTpôjTOV êodxsi utot ou; styov sùQùç Et'uto Tcaptévxt " paSi'oj-ç yàp \[«v]> <p|j.Y|V StxXxOsTv, axe éç v)p.to-£i'aç tov
aexoç, xbv Sa asTÔv 7jTrtrjTàu.Ylv Ix rtaXatou O-UVTJÔYI TôJ AEE '
uarepov Se eXoytfjotu.Y1v m; TXY^IGTX xaxaaxopxaoum' u-£ yuTroç
TYJV èxipav Tcripuya TC£p!xet'u.£vov. "Aptarov oùv xpt'vaç. TO pYq
TrapxxtvSuvsustv, EXOTTXOV TtpocEXÔàiv XYJV Oiicxv. 'Tiraxotîtiaç
3è h 'Ep^Y/jç xat Touvopta èx7ru9djjt£Voç aTTYJEt xxxx (TTTOUSYIV
opaccov Toi Att, xxt U.ET' oXt'yov g'.cexXYjÔYjV 7TXVU OEOtw; xal
Tpsptojv, xxxaXap.€xvto xe 7rxvxa; a x a cuyxxÔYifJisvouç, oôSÈ
xuxou; aapdvxtSaç " ÛTrsxâpaxxs yào YICV//Y| xi TcxpâSo;dv p.ou
TYjÇ £TttOYj[Jtt'aî, XX! 050V CiÙSsTTO) TCXVTXÇ àvOpd)TCOUÇ à'ptljEcOxt rpooeSixaiv xov aûxov XCOTTOV £7CT£pco[/.£vou;. [23] ' O Se
Ménippe arrive au ciel. Zeus l'interroge sur le but de son voyage et lui
demande ce que les hommes pensent de lui-même.
Et d'abord, je m'imaginai que, tel que j'étais, j'y entrerais aussitôt : car je pensais passer aisément inaperçu, puisque j'étais aigle
à moitié; or je savais que l'aigle depuis longtemps est un familier de Zeus; mais, ensuite, je fis réflexion que je serais trahi
bien vite par Ihine des deux ailes que je m'étais appliquées au
corps, celle du vautour. Je jugeai donc que le plus sage était de
ne point m'exposcr à ce danger, et j'allai frapper à la porte. Hermès m'entendit, s'informa de mon nom, et s'en fut en hâte avertir
Zeus : peu d'instants après, je fus introduit, tout craintif et tremblant, et je trouve tous les dieux assis ensemble et n'étant pas
eux-mêmes sans inquiétude : car l'imprévu de mon arrivée les
troublait légèrement, et ils s'attendaient presque à voir débarquer
tous les hommes dans le même équipage, avec des ailes. [23] Alors
221
èSôXEI p,ot
222
IKAPOMENinnOS.
Zsùç U,XàX <po6epùiç optu,ô TE xat TITXVWSE; sic soi XTriôurv
Ç/T|!3t '
« xi; Tiôflev si; àvSptiiv ; itdûi TOI 7txd/.t; "qoÈ Tox^e: : »
ICAROMÉNIPPE.
[23] Aà à Zsb;
a7ri8wv Et; ÈflÈ
pàAot CpoëEpÙK XE ôptueu
xat xtxavwSÉ;
'.Eyoi SE m; TOUT Tjxoucja, p.cxpo2 piv IçÉÔavov ùxcb xou SEOUç,
EtffTTjXEtv os opuoç àyavyjç xxi. ùTCô TTJç p.EyaXoacJvîaç £U.SE-
« xi; TTOGEV eî; àvSpûv ",
Tuôth (SOTL) TOI TCX6).I;
êpovTTjuxvoç. Xpovw o' Èu.xuTOv àvaXaëàVv XTtavxa o!7]yoùu.T|V
rfiï XOXïJE;; »
s a ^ â i ; avwSsv ap!;au.svo;, en; ÈTCtÔopvqcx'.pu va ptEXECûpa lxu.a-
— As èyù ù*>; TÉxouua TO-JTO,
pxxpoû p.Èv ÈTsGavov
ôirb xob Ssou;,
3à opta; EÎo-xrîxeiv
âvavf,; v.ai Èp.ëeêpovxïip.Évo;
•jTib TT,; pLEyaXocptovîaç.
As "/pôvia àvaXotSàw èpauxbv,
Sty|yoiju,Y)v ôtTravxa traçai;
àptjdtpevo; OVU>6EV,
w; ÈTctOupTpjaiu,t
èxn,a6eïv xà pexétopa, [cpoo;,
w; ëXSotpt itapà xob; cpiÀoabu>; àxo-jcraip.! (aoTôiv]
XEyôvxwv xà Èvavxca,
«h; âitayopsOffatp.i
StaxTetôpsvo; ûTCô TWV Xôywv,
stxa É^-fi; xr,v àuivoiav [a/Aa
v.tx: TK Tctspà xat 7ràvTa xà
u-Éxpi Ttpb; xbv oùpavôv
SE 7rpo<rÉ9-nxa ÈTC\ xcacrt
xà ÈTcêtrxaXpLéva
ÛTrb XT,; SeXriv-çç.
Obv 6 ZEO; p-EtSiàc/a;
xai Èuavsi; pttxpbv
xwv ôspôwv, cprjotv •
« Ttxt; 5v >iyot
Ttsp't "ûxo'j v.où 'EcptâXxoo,
STIOO xatMéviitTto;
ÈxôXptvja-Ev àvEXSEîv
Içxbv oùpavôv;
'AX).à vûv pev
xa^oviaiv ai siù E,évia,
Oeïv, djç eÀÔoiy.i Traça xoù; cptXooôcpouç, à>; xàvavxt'a XsyôvTtov
axouo-y.'.u,'., <I>; x7ca.yopeûcratu.t Sias7tu)p.£Voç UTCô XGTV Xôywv,
EIXX ÉÇTjî X7]V ÈTClVOiav Xxl XX TCTSpà XXS TOtXXx TtâvXX p i ^ p l
—pbç xiv oupxvdv • ÈTCt Tcaot SE 7rpoerÉ9TjXa t a ùTTO TYJç 2EXVJVTJç ITCEO'TXXU.EVX. Msiotâoaç oùv b Z E Ù ; xat pnxpbv £7xav£tç TôJV
ôtppùwv, « Tt av XÉyoi xt; » , tpYjo-iv, « "iîxou TcÉpt xat 'EcptàXxau, ôTCOU xat MEVITCTTOç èxoÀu.Tio"£v Iç TOV oupavbv avsAfjsïv ;
AXXa vDv p.sv STCI ;svtâ os XXXOUJJ.EV, aù'otov os » , EçTJ, « vrEpt
Zcus, attachant sur moi, d'un air tout à fait terrible, un regard
perçant et farouche comme celui d'un Titan, me dit :
a Quel es-tu? d'où viens-tu? Ta cité? tes parents? »
Pour moi, quand j'entendis cela, je faillis mourir de frayeur •
mais, pourtant, je restai debout, la bouche largement ouverte, et
comme foudroyé par celte voix puissante. A la longue, je me
ressaisis, et je racontai franchement toute l'aventure en reprenant
de haut, mon désir de connaître les espaces célestes, mes visites
aux philosophes, les propos contradictoires que j'avais entendus,
mon désespoir quand j'étais tiraillé en tous sens par leurs discours, puis mon idée qui en avait été la conséquence, mes ailes
et tout le reste jusqu'à mon arrivée au ciel : à tout cela j'ajoutai
la commission dont m'avait chargé la Lune. Alors, Zeus, après
avoir souri et un peu défroncé les sourcils : « Que dire maintenant », s'écrie-t-il, « d'Otos et d'Éphialtès, du moment que
Ménippe, lui aussi, a osé monter jusqu'au ciel? Mais, aujourd'hui^
223
[23] Cependant, Zeus,
ayant-regardé vers moi
très terriblement et rudement
et comme-un-Titan
(d'un air farouche), dit :
ci Qui, d'-où es-tu des-hommes?
où est à-toi ville
et parents? »
—Mais moi dès-qne j ' e n t e n d i s cela,
presque, d'-une-part, je-m'-évanouis
par-le-fait-de la crainte,
mais pourtant je-me-tenais-debout
bouche-béante et foudroyé
par la forte-voix de Zeus.
[même,
Mais ouec-ie-témps ayant-repris moije racontais toutes-c/ioses clairement
ayant-commencé d'-en-baut (du décomme-quoi j'-avais-désiré-de [but),
connaître-à-fond les-c/iosesaériennes,
comment je-vins auprès des philocomment j -entendis eux
[sophes,
disant les-c/ioses-contradictoires,
comment je-renonçai
tiraillé-cn-tous-sens par les discours,
puis, à-la-suite, l'invention [choses
et les ailes et toutes les-autresjusque vers le ciel;
d'-autre-part, j'-ajoutai à tout-eeto
les-c/ioses recommandées
par la Lune. v
Donc, Zeus ayant-souri
et ayant-relâché Mit-peu
des sourcils, dit :
« Quoiquelqu'-un,d'aventure,dirait
sur Utos et Éphialtès,
du-moment-que aussi Ménippe
a-osé monter
vers le ciel?
Mais maintenant, d'-une-part,
nows-appelons toi à i'-hospitalité,
224
ÏCAROMENIPFE.
IKAPOMENfflnOS.
ô)v ï]XE'.ç •^OT|riaTi'a,avT£ç àTco7t£u.'|iou,£v ». Kxl apca éÇavaoraç
èSOCSIÇEV iç Tô STt-qxotoxxxov xou oùpavoO • xaipo; yap '4 V
£7tt
TôJV sù^tov XXOSÇECTOX!.
[24] MEXX;û TE irpotwv xvÉxptvs JXE TCEOI TôJV èv xyj y/j
7ipXYp.xx(i)v,
T
* Tcpôjxx JJLèV ÈXEÎVX, TTOCCOU VUV ô crupdç eariv
covto; ETCI XT}ç 'EXXxoo;, xat et acpo^paTjpcôjv ô rapuirt -/Ecptcov
XCX8IX£TO, xac si xàXxyavx Sstxxt TCÀECOVOç icrou-êpc'aç ' pLExxSÈ
Tjptoxx SE xi; £Tt XecTTExac xuW aitô OetStou, xat oc YJV atxcav
èXXÉTCoisv 'ASrivaï&i xà Aioccca xooroûxtov ITôJV, xxt £C Tô
'OXuu.Trt'eiov aûxcô IcxtxEXÉtjac otavoouvxxi, xxl et (TUVEXTJçQTIaxv 01 xbv Èv AwStéV/j vewv crs<ruX7]XÔTs;. 'ETCEE OS TtEpi xoûTWV <XTCSX01VX[J.7|V, « E'cTXS {1.01, MEVETUTXS », £CpY], « TTSp! 0£
èu.orj oc avOpcoTtoc xt'va yvcoixcriv s/oucrt ; » — « Tcvx », expT|v,
a oÉocxoxa, vj xcfjv EÙrjEêsffxxx-nv, paatXsa CTE elvxc CXXVXOJV
nous t'offrons l'hospitalité; et demain », poursuivit-il, « après
nous être occupés des affaires qui t'amènent, nous te congédierons. » En même temps, il se levait et allait se poster à l'endroit
du ciel le plus commode pour entendre : car le moment précis
était venu de s'asseoir pour écouter les prières.
[24] Chemin faisant, il me questionnait sur les choses de ce
monde; d'abord il demanda combien le blé valait actuellement
en Grèce; si, l'an passé, l'hiver nous avait fort éprouvés, et si les
légumes avaient besoin d'une plus grande abondance de pluies ;
ensuite, s'il existe encore quelqu'un des élèves de Phidias, pour
quel motif les Athéniens avaient négligé les Diasies pendant tant
d'années, s'ils songeaient à lui terminer son temple Olympien, et
si l'on avait pris les voleurs qui avaient pillé le sanctuaire de
Dodone. Lorsque j'eus répondu à cet interrogatoire : « Dis-moi,
Ménippe », ajouta-t-il, « quelle opinion les hommes ont-ils de
moi? » — « Quelle opinion, maître?» répliquai-je; « mais la plus
pieuse vraiment : ils pensent que vous êtes le roi de tous les dieux. »
225
Oî aupiov », eç*|,
« "/pï)(i,aTi<javTE;
ixîp\ <5v ïjxetç,
à7TOTcé[xi];op.Év (CTE) ».
Kai âp.a i^avaxxàç
ÈëâotÇsv
ïi TO ETT/lXOdUaTOV
xoû oûpavoû "
yàp xatpbç rjv
xadéÇEcrôat ëIC\ xtôv EO'/MV.
[24] Te [if/ralù 7rpot«v
àvéxpivé p.E
Trsp'ixôv xpa-fiJtdcTwv èv x'îîyçi,
xà ixptôxa IXèV sxetva,
Ttôcrou vûv ô «npô;
ècjTiv tovioçÈVi rr,s 'EXXâôo:,
xa'i Eî à ^EIJAWV
TOpucrt
xxOixETO ï)p.ôiv eroéSpa,
xai si xà Xcc/avoe
Seixat £Tco[J.ëptaç irXsîovo; •
Se jiexà Tipwxa
et XeGrexat sxtxt;
xtôv à™ $£18101;,
xat St' ?|V atxt'av
'A6rivaioisX).tra)tsvxà Aiâtrtx
xocroùxtov èxôv,
xat Et Stavooëvxat
£7iixE>io-at aùxtp
xo 'OXuptTctEtov,
xat Et o\ aEcnjXrixéxE;
xov VEO>V èV AwScivv]
o-uvcXr^ôïjcrav. Aè sust
ànsxptvâ|rryv iiEpt xoùxtov,
« EîTXé [AOI, Mévt7uixs », EçV],
Se itept èptoû xt'va Yvioptïjv
oi àv6pwnot £-/oe<Tt; »
— « Tt'va », e<p]v, « Séo-Ttoxa,
ï] xV EÙtTEêEcrrdxviv,
ITE slvat fîatnXÉa
mais demain », dit-ii,
« nous-étant-occupés-des-affaires
au-sujet desquelles tit-es-venu,
«ous-congédierons toi ».
Et en-même-temps s'-étant-levé
ff-marchait
[mieux
vers l'endroii-d'-où-r-on-entend-ledu ciel :
car le-moment-opportun était
de-s'-asseoir aux prières.
[çant
[24] Et dans-l'-interva!le s'-avanihinterrogeait moi
touchant les chpses sur la terre,
d'abord, d'-une-part, cela,
ponr-combien aujourd'hui le blé
est à-vendre dans la Grèce,
et si l'hiver, l'-an-passé,
atteignit nous fortement,
et si les légumes
[plus-grande ;
ont-besoin d'-abondance-de-pluie
d'-autre-part, après, if-demandait
si est-laissé (reste) encore quelqu'-un
des-descendante de Phidias,
et pour quel motif
?es-Athéniens ont-négligé les Diasies
pendant tant-d'années,
et si iis-songent-à
exécuter à-lui
le temp/e-de-Zeus-Olympien,
et si \es-hommes ayant-pillé
le temple à Dodone
ont-été-pris. Mais après-que
j'-eus-répondu touchant ces-choses.
« Dis à-moi, Ménippe », dit-il,
et sur moi quelle opinion
les hommes ontAès? »
— « Quelle », disais-je, « maître,
que (sinon) la plus-pieuse,
à savoir toi être roi
TIXVXWV 8EWV; »
de-tous /es-dieux? »
LUCIEN. — Extraits.
15
226
ft£0jV ; »
IKAPOMENIimOS,
ICAROMENIPPE.
« Tlat^Etç e/aw », KDT), « xb SE çpiXôxatvov aû-TÔv
àxpiêwç oloa, xav pvr, lé-(rfi. ' H v yâp 7XOTE -/P ovo ? ° T Î
J ;
°'
aavTtç èSôxouv otÛTOÎ; xat ïaTpbç xal uâvTa oÀcoç 7|V syu>,
psaxal SE Aibç Tiàcrat pÈv àyvtai,
iràirai S' àvOptoiHov àyopat •
XOCt 7) AwSwVT] TOTE xa\ 7) Ilïffa Xxu,Tipat X7.1 irspiêXs7tTOl TCa<7'.V
7.<jaV, UTCO SE TOU XX7TVOÎ3 TÔJV OofflôjV OÙSè àvaêXÉTCE'.V p-Ol
Sovaxbv qv " s ; où 3s èv ÀsXcpotç jxÈv 'ATCOXXWV xb uavTEiGV
xaT£(TT7)(7aTO, èv nepyâp.w SE xb tatTfEÎov 6 'ÀSXXTITC.Oç xat xb
PJSVSISEIOV èysvETO èv ©pffxvj xat t b 'Avouêîosiov Iv AtyôuTai
xat Ta 'ApTEat'crtov èv 'Ecpsctp, èTCI xauxa plv otTcavTsc ôsouat
xat TOùTOI; TtavTjyûpEti; àvâyouor xat Éxaiôu-êaç TtaptaTàatv,
èui Se âWirep TtapTiêTjxoTa îxavwç TSTtp.7|xsvat vopx'Çoucxv, av
0
otà TîÉVTE oXwv êTWV Oua-wcriv èv 'OXopria. Totyapouv ^"XP "
TÉpouç âv p-ou TOÙç pcouoùç tootç xàiv nXaTwvoç voatov r] xûv
XpuaiTCTtou ouXXoytau.<J5v. »
— « Tu plaisantes évidemment », dit-il ; « je connais parfaitement
leur amour de la nouveauté, quoique tu n'en dises rien. Oui, il
l'ut jadis un temps ou je leur semblais un prophète, un médecin,
où j'étais tout en un mot;
Rue ou place publique était pleine de Zeus;
alors, Dodone et Pise étaient brillantes et célèbres parmi tous les
mortels, et la fumée des sacrifices m'obstruait la vue ; mais, depuis
qu'Apollon a fait établir à Delphes la résidence de ses oracles,
qu'Asklèpios lientàPergameune maison de médecin, que laThrace
a élevé le Bendidéon, l'Egypte l'Anubidéon, Éphèse l'Artémision,
tout le monde court à ces sanctuaires nouveaux ; en leur honneur
on convoque des réunions solennelles, on offre des hécatombes ;
quant a moi, comme si j'étais en décrépitude, on croit m'avoir
suffisamment honoré en célébrant, tous les cinq ans, un sacrifice
à Olympie. Aussi verrais-tu mes autels plus froids que les lois de
Platon ou les syllogismes de Chrysippe. »
— « Ilai'ÇEiç. ïyuri », EOïjt
bk oîoa àv.piëw;
xb çfXbxatvov aùxtôv,
xa't av p.Y| >éyr,;.
Tàp YpOVOÇ. rjv TCOXE
OXE xai ÈSôxouv autoîç
pâvTi; xat taxpb;
xa't o),oûç èytô rtv Txàvxa.
SE Trâaat àyuta't ukv
(ïltrav) pearai Aibç,
Ss icâcrai àyopa't àvâptomov •
Xal TOTE Yj AcùStOVY)
xat v| ITïaa Xjaav
[atv,
Aapirpai xa'i TtsptSlETtrot auâtSè ûxo xov xaitvoû
XfÔV OVXTKôV QÙ6È Y[V
buvaxov pot àvaêXéustv
Se il, ou pàv
AîrôXbtov xa-rsaTTJaaro
xb pavTEîov èv AsXçotç,
SE ô 'AoxXriTttbç
xb iaxpEtov èv IlEpyaptp
xa't xb BevStâEtov
ÈylvEXO ÈV ®Ç>tXY.1\
x a t xb 'AvouêtSstov
èv A'tyuTtxo)
x a t x b 'Apxepisxov èv 'Etpéaw,
pàv àrtavxEç, Gé'auo'i
Èiti xauxa xat
àvayouat TtavïiyûpEtç xoùxot;
xa't Ttapto-xâa-tv IxaxôuSa;,
6è vofuÇovcnv
XEXtprjxévat ixavtôç èpè
ujoTtep xap'^ë'/jxôxa,
av Stà itévxe sxoiv b'Àwv
Ôûffojo-tv èv 'OAuputa.
Totyapouv av iSot;
xouç Pwpoûç pou uvuxpoxspou;
xtôv vôptov Il>,âx(ovoç [uou. »
ï) xtôv auXXoyiaptôv Xpuouit-
227
— « Tw-plaisantes étant tel », dit-tV,
mais je-sais exactement
l'amour-du-nouveau d'-eux,
q u a n d - b i e n - m ê m e ne-joas tu-dirais.
Car « « - t e m p s était autrefois
lorsque m ê m e j e - s e m b l a i s à-eux
devin et médecin
et, en-un-mot, moi j ' - é t a i s tout,
or. toutes rues, d'-une-part,
étaient pleines-de Zeus,
[mes;
d'-autre-part, toutes places d'-homet alors Dodone
et Pise étaient
brillantes et célèbres pour-tous
et par-suite-de la fumée
des sacrifices pas-même était
possible à-moi de-Iever-les-yeux ;
mais depuis que, d'-une-part,
Apollon a-établi
la résidence-de-ses-oracles à Delphes,
et,-d'-autre-part, Asklèpios
la maison-de-médecin à Pergame,
et depuis que le Bendidéon
a-été-fait en Thrace
et l'Anubidéon
en Egypte
et l'Artémision à Éphèse,
d'-une-part, tous courent
à ces-sanctuaires et
célèbrent ries-réunions à-ceux-ci
et amènent des-hécatombes,
d'-autre-part, iis-pensent
avoir-honoré suffisamment moi
comme étant-en-décrépitude,
si pendant cinq ans entiers
iis-ont-sacrifié à Olympie.
[rais
En-conséquence, d'-aventure, iw-verles autels de-moi plus-froids
çue-les lois de-Platon
ou les syllogismes de-Chrysippe. »
228
IKAPOMENIIinOE.
1CAR0MÉNIPPE.
Zeus écoute les prières des hommes : vœux criminels
ou ridicules.
Zens écoute les prières des hommes rvœux criminels ou ridicules.
[25] Totaux' àxxx OUC/.ôVTEç à » ixou,£8y le xô x w ? ! ' o v £ v o a
ISet aûxbv xy.6sCdp.svov Staxouo-ou xâv eûv/ôv. Gupt'Ssç ôs Tjcav
S|T|ç TOïç <7Top.t'o(ç Tùiv a>peâxcov loixuïai Tcaip,aTa sy-^ooo'ai, xal
Ttxp' éxacTT] Opdvoç sxsixo v;pucrouç. KaôtWç oûv sauxov eiù
XTJç TcpoJTTjç ô Zsùç xat àapsÀôjv xô Tt<3p.y Trypstv_s xot; £ov_ouivotç éXUTûV " YJOV^OVTO 8S 7tavxayd8EV TT]; y/jç Siaaiopa xat
TioixtAa ' awTraûaxtJiliaç yàp xat aûtoç, ITCVJXOUOV ày.x xcôv
sùvtov. ^Haav 8è xotat'Ss ' « vù Zsû, Saff'.Xsuo-at' p.ot ylvotxo'
d> Zsu, xx xpdp.p.oà p.ot ouvxt xat xà cxôpoSa " w 6sot, xov
Tvaxépa ptot xxv_sa)c àTcoOavetv » ' 8 os xtç êsTn., « E"6s XXTJOOvop^oatp-t xàjç yuvatxoV st6sXa0otpt ÈTCtêouÀEucaç XùJ aSsXcpôV
vÉvotxd p.ot vtXYjoat XTJV St'xayv, cxE^Oïjvat xà *OXûp.irta » . Tôôv
TcXsdvtwv os o o.sv Boppàv TJU'V'ETO £Ttt7tvsoo"at, 8 os Noxov' 6
Zeus écoute les prières des hommes : vœux criminels ou ridicules.
[25] Tout en devisant de la sorte, nous arrivâmes à l'endroit où
Zeus devait s'asseoir pour écouter les prières. Il y avait à la suite
l'une de l'autre des trappes semblables aux orifices des puits et
munies de couvercles: devant chacune d'elles était placé un trône
d'or. Zeus, donc, s'assied auprès de la première, ôte le couvercle,
et se met à la disposition des suppliants : les prières s'élevaient
de tous les points de la terre, diverses et variées ; je m'étais penché moi-même aussi, et j'entendais en même temps que lui ces
vœux. Us étaient exprimés ainsi : « Ô Zeus, qu'il me soit donné
de régner ! Ô Zeus, fais pousser mes oignons et mon ail ! Ô dieux,
faites que mon père meure bientôt! s Un autre disait : « Puissé-je
hériter de ma femme ! Puissé-je ne pas être surpris tendant des
pièges à mon frère ! Qu'il me soit accordé de gagner mon procès,
d'être couronné aux Jeux Olympiques ! » Les navigateurs imploraient, l'un le souffle de Borée, l'autre celui du Notus; le labou-
229
[25] A'.EÎjedvxEç voiaùxa arra
acpixopsôa èç vb ywpiov
ëvôa k'âîi aùvbv
xaOsÇôpEvov
Ôiaxoùoat vûiv EÙYWV.
Àè OvptSe; vjaav êljîj;
Èotxufat
voî; aToptoiç xwv tppEâvwv
s'younai uuipava,
xat irapà ÉxâovY]
Opovoç ypvirou; EXEITOOôv o ïtiiç xaOt'aaç. laovbv
ènù xr\ç Trptoxï]î
xal açEAtùv vu Ttwpa [voie'
7tapEÎyev Éauvbv voî; sùyopÉoè itawaydÔev ryj; yîj;
vjvjyovTo Siâtpopa
xat îtotxi),a " yàp xat aùvb;
aupirapaxôéjaç
È7cû.xoiiov àpa vo'iv Ejydiv.
Aè ï](rav votaioî •
«• 7 Q ZEû, yévoiTÔ peu
$K.m\tv<joi.i ' w ZE-J,
va xpôppva
[25] Discourant de-telles certainesnous-arrivâmes à la place [choses,
où t7-fallait lui
s'-asseyant
écouter les prières.
[suite,
Or des-petites-portes étaient à-lasemblables
aux orifices des puits,
ayant des-couvercles,
et auprès-de chacune
Mtt-trône d'-or se-trouvait.
Donc, Zeus, ayant-assis lui-même
près-de la première
et ayant-ôté le couvercle, [des-vœux ;
présentait lui-même aux-uens faisan tet de-tous-côtés de-la terre
îds-souhaitaient des-c/toses-diverses
et variées ; car aussi moi-même
m'- étant - p e n c h é - e n - même - temps
j'-écoutais ensemble les prières.
Or e/fes-étaient telles :
« 0 Zeus, puisse-t-il-arriver à-moi
de-régner ; ô Zeus,
les oignons
xat va crxépoôa epuvat pot'
w 6soi, vbv navlpa pot
àxoflavetv vayÉwç. » •
ô Se vt; ecpvq, « Elus
xATjpovoprio'atptvvîeyuvaixbe '
et les plants-d'-ail pousser à-moi;
ô dieux, le père à-moi
mourir vite (bientôt) » ;
[que
l'un wn-certain dit : « Fassc-le-ciclj'-hérito de-la (de ma) femme ;
fasse-le-ciel-queje-sois-caclié
ayant-tendu-des-pièges au (à mon)
puisse-t-il-arriver à-moi
[frère;
d'-avoir-vaincu le procès, [piques »!
d'-avoir-été-couronné aux Jeux OlymD'-autre-part, des-<?e?!s naviguant
l'un souhaitait
Borée souffler-favorablement ;
l'autre, le Notus :
EïBE ÀâOoipt
IntêouXEOcraç vùi àSEXçôV
yévo'.vd pot
vtxrjciat Xï]V Stxïjv,
crvEqpflyvat va 'OÀùputa ».
Ae vâiv irbEovvutv
'6 pÈv ÏJUXEVO
Boppav È7rnrvEÎJa'at,
a 8E Nbvov '
230
IKAPOMENIIfflOE.
1CAROMENIPPE.
Sa yEiopyàî f|xsi ôexbv, b os x v a a s ù ç -qÀ'.ov. 'Ercaxoûojv 5s ô
Zsùî
x a i TTJV £ Ù x V
5
1
s * * " ^ à x p t ê ù j ; sc>TâÇojv où TTXVTX
ÛTClO"YVetTO,
àXV STEpOV U.ÈV ESCOXS 7TXTY|p, STEpOV S' àvSVE'jaî.
T à ç |xsv y à p otxat'aç TûJV SÙY_6JV irpostsTO avw osa TOU <JTOU.I'OU
x a i STO x à osçtoc xaxsxiQst apÉpojv, xàç os àvouiouç. à-xpxxxouç
aoQiç à7rs7rsu.T:ev à7ro<pu<ïû)V x â x o j , ï v a u.T|Ss TiXinsiov ysvoivxo
TOU oùpavou. ' E m p.ia; os xtvoç e ù v r , ; x a l àm>poùvxx aùxàv
sÔsac-àuyqv • SOo y à p àvSpwv x à v a v x t x EÙyopivwv x a i x à ç ï a a ç
6u(7t'aç 6TCt(rY_vouu.svcov oùx £Ï/.sv ÔTroxépw [/.âXXov sTtivsûffsisv
a ô x ô v " w a x s STJ xb 'AxaS-qy.aVxbv sxstvo sTUSTtôvOsi, x a i ouos'v
xt àTcoai-qvaffôai Sovxxbç àrv, àXX' oiffTcsp 6 Etùopcov sxstv^sv STî
x a t S'.£ffX£7rx£To.
[ 2 6 ] 'ETCSI OS t'xavdJç sv>pT1u.axto's r a t ; s ù / a ï ç , srcï xov s^-qç
p.sxaëàç 9povov
x a t xv)V Seoxspav
OuptSa,
xaxxxùaVx;
xotc
reur sollicitait la pluie, et le .foulon le soleil. Le père d e s dieux
écoutait, pesait attentivement chaque souhait, et ne promettait p a s
le succès à tous,
Mais il exauçait l'un, et refusait à l'autre.
Celles d e s prières q u i étaient justes, il les laissait m o n t e r j u s q u ' à
lui p a r l'ouverture et les plaçait aussitôt à sa droite ; mais les
d e m a n d e s impies, a u contraire, il les renvoyait en b a s , sans effet,
en soufflant dessus p o u r les empêcher d'approcher d u ciel. A propos d'un certain v œ u , j e le vis fort embarrassé : deux h o m m e s
énonçaient des souhaits contradictoires, promettant des sacrifices
égaux, e t il n e savait lequel des d e u x satisfaire d e préférence ; il
éprouvait donc cet é t a t d'esprit des Académiciens, et n'était capable de prendre aucun parti, m a i s , comme Pyrrhon, il s'abstenait
encore, et il examinait.
[26] Quand il se fut suffisamment occupé de ces prières, il p a s s a
sur le trône voisin, près de la seconde trappe, et. se penchant, il
8s à yswpyôç
231
d'-autre-part, le laboureur
demandait de-/a-pluie,
Si ô xvaçsùç qXtov.
d'-autre-part, le foulon, du-soleil.
As à ZEU; sTiaxoucov
Cependant, Zeus, écoutant
x a t èifîTàÇwv àxpigôi;
et examinant exactement
SxâaTÏ)V TqV EÙYT|V
chaque vœu,
n e - p a s promettait toutes-choses,
ooy_ ûTncryyveïTo raivra,
mais fc-père des dieux,
aXlà Ttaxqp
d'-une-part, donna (accorda) f-une,
p.èv sotoxsv sxepov,
d'-autre-part, refusa P-autre.
3s àvsvsvcev exepov.
F à p [xèv irpocriExo
Car, d'-une-part, «7-laissait-monter-àavto Sià TOU OTOJM'OU
en-haut à-travers ['ouverture
[lui
xàç 8ixataç TOOV eojçtîiv
les justes des prières
x a t xaTSTtÔsi çépcov
et tes déposait portant
sjtt xà osïià, 5s
à droite ; d'-autre-part,
à7réiisp.7r£v aùâiç
ff-renvoyait en-sens-inverse
a7tpâxxouç xàç àvoffcou;
sans-effet les impies.
àjtocpucroiv x à r a ,
les dissipant-par-son-soufile en-bas.
i'va p.qSs yÉvotvro
afin-que pas-même effes-fussent
•nAçcrtov TOU oùpavou.
près d u ciel.
As eut puS; TIV'O; sùy-fo
Mais à-propos-do u n e certaine prière
x a t sosao-âpqv aùxôv
aussi je-vis lui-même
àrropoûvra' yàp 5ùo àvSpôiv étant-embarrassé :car, deux h o m m e s
sù*/op.évtov xà IvavTia
implorant les-c/ioses-contraires
x a t ùm.<7yjvw\i.ivu>v
et promettant
xàç Ôucrfaî taa<;
les sacrifices égaux,
oùx EV/EV OTCOTÉpW aÙTWV
Zeus n e savait auquel d'-eux
ÈirtVSÙ<7SlEV pàXàov •
îV-accorderait de-preférence ;
alors oq èTCSTCÔVOSI
en-sorte-que, certes, tV-éprouvait
sxsivo xb 'AxaSïjpaVx'ov,
cet état d'esprit
Académique,
x a t /jv ouvaxbç
et -îf-n'était capable
aTtocprivaodJac oùoév xc,
de-déclarer nulle certaine-cho.se,
oûVXà aScrusp ô Ilùpptov
mais, comme Pyrrhon,
î7-s'-abstenait encore
ÊTTEtYEV £ Tt
et examinait.
xat Siîav.STtTETO.
[26] Mais après-que if-se-fut-occupé
[26] As èTC\ È-/P'0!JLaT"TEV
suffisamment
des prières,
txav5>; xaïç EÙ-/x'î,
ayant-passé
psxaoà;
sur le trône à-la-suite
ÈTtt TOV Ûpôvov sc/n;
et à-la deuxième petite-porte,
x a t TTJV SsutÉpav &upîoa,
•iyrei UETôV,
232
. ICAUOMËNIPPE.
IKAPOMENiniIOS.
23}
opxotç irjyàAtt.ts xoù TOÏç ôavûouffi. Xp-qu-aTica; SE xoù TOUTOIç
xxEaxiid/a;
ayant-penché-la-tête
xoù TôV 'ETï'.xoopsmv 'Epu.ôoaipov ETCirpidyaç, U.STEXOCÔEÎUTC'
èCT/OXMÇS
TOîç Spxoi; XGù TOïî ôU.VùOUGT.
ZZ-consacrait-son-loisir
aux s e r m e n t s et aux-oens j u r a n t .
As -/p-qpaTio-aç xoù TOOTOCç.
xoù suiTpitj/aç
TOV 'E7rixoopsiov
'EppôSwpov,
p.£Tîxa6sÏ£To
eut TOV ttpôvov ï\r&
Tcpocrsijwv xX-qSôiri
xaù çrjgcaç xal oiiovoïc.
EZTOC èxst9sv p.£vqsi
éTù TïIV ôupîSa Tdiv 9-joi<i>v.
ôià rj; ô y.aTrvô; àvtùtv
àTcriyi'£>.>,£ Tô> Ad'
Tô ôvopioi èxùarov TOûÔ'JOVTOç.
A è àroxTrà; TOôTWV
TCpoo-éTaTTS xoîç àvÉpioiç
xoù TOIïç oipatç
S SEI TTOIEïV '
« T-qpepov ôérto
Ticxpà HxûSai;,
àorpaiïTÉrto trapu Aiêvinv,
VIçéTIO irapà "EX),ï)cri,
SE au ô BoppSç
irveuirov èv AoStx,
Or, s'-étant-occupé aussi qe-ceux-ci
e t ayant-écrasé
l'Épicurien
Hermodoros.
tl-quittait-son-siège
pour le trône à-la-suite,
[bruits
devant-appliquer son attention aùxet aux-présages et aux-augures.
Buis, de-là, i7-passa
à la petite-porte des sacrifices,
à-travers laquelle la fumée montant
annonçait à Zeus
le-nom de-chacun sacrifiant.
Alors, s'-étant-écarté-de
ces-choses,
ZZ-enjoignait a u x vents
e t a u x saisons
ce-qu'ZZ-faut faire :
« Aujourd'hui qu'-t7-pleuve
chez Zes-Scythes,
qu'-t7-éclaire chez Zes-Libyens.
qu'-î7-neige chez /es-Grecs,
et toi, le Borée,
souffle e n Lydie,
kid TOV é ^ ç ôpo'vov xX^Sôc. xoù cp7Ju.cit;xai ottovof; Tcpooéçwv.
E I T ' EXEIÔEV ITCI r q v TôJV ôuctcôv ôupr'Sa (/.eTvçjet, Si 7]C ô xauvèç
àvtàtv àTrVJYyeXXs Tù> A U TOÎ> ÔUOVTOç ÉXOùTTOU TOOVOJJUX. 'ATTO-
axà; Sa TOUTOJV rcpociraTTs xc-fç àvsuotç xoù TOùC wpcuç a Se":
TCOIEîV - « Tqpiepov irapx 2 x u 6 x i c UÉTW, rcapà Ài'êuorv OUTTOXTCTETIO, Tiap' "EÀÀY|ou vicDSTw, cù Se 6 Boppaç TIVEOTOV EV
AuSt'a, uo Se ô NOTOç 7)cuv*t'av a y s , o SE ZÉopupoç TOV 'Aopi'av
oiaxuu.aiV£Ta>, xoù TTJç yjxXaÇYiç ôaov u i S i a v o i /iX'.oi SiasxESan87|Ta)a'av ùTTEO KctTtTraooxi'aç. »
Ménippe convive des dieux; Description du banquet.
[ 2 7 ] ' A T ï ï V T W V SE 7jSvj C/EOôV a û x ô SiwxTjptéviov, aTrqstu.EV
prêtait l'oreille aux serments e t à ceux q u i les faisaient. Après
avoir vaqué à cette occupation et foudroyé l'épicurien Hermodoros,
il quitta ce siège pour le trône suivant, afin de prendre connaissance des présages, des oracles et des augures. Puis, d e là, il se
rendit à la trappe des sacrifices, p a r laquelle la fumée, en montant, apportait à Zeus le n o m de chacun de ceux qui sacrifiaient.
Après s'être acquitté de ces soins, il commande a u x vents e t a u x
saisons ce qu'il faut faire : « Aujourd'hui, qu'il pleuve chez les
Scythes, qu'il éclaire chez les Libyens, qu'il neige chez les Grecs 1
Toi, Borée, souffle en Lydie; toi, Notus, reste tranquille, et que le
oï o-j ù NO'TO?
et toi, le Notus,
ays rjo-uyùav,
3s ô Zécpupoc;
Siaxop-aivÉTO} TôV 'ASpixv,
xoù ô'crov -/O.iot
péôtpvoi TT|ç 7_aXaÇrjç
3iaffxs3otc,8riTwis,av
ÔTtàp Karoraôoxîaç. »
conduis tranquillité [reste en repo*);
d'-autre-part, que le Zéphire
soulève l'Adriatique,
et qu'environ mille
médimnes de-la grêle
soient-répandus
s u r Za-Cappadoce. v
Zéphire soulève les flots de l'Adriatique ! Qu'environ mille médimnes de grêle soient répandus s u r la Cappadoce ! »
Ménippe convive des dieux. Description du banquet.
[27] Quand toutes choses, à p e u près, eurent été désormais
Ménippe convive des dieux. Description du banquet.
[27] M -qor|
o-ysSbv àirâvTiov
Olp)X'(]U.év(OV CCJT(i),
[27] Mais déjà
presque toutes-r/wses
ayant-été-réglées à-lui [par lui).
234
IKAPOMENtnnOS.
iç ib <7ou.irdfftov " osércvou yàp YJOYJ xatob; YJV. Kat" u.e ô 'EffA^ç
xapaÀaëoôv XXTSXXIVE Ttapà ràv riava xal TôV Kopûêavxa xal
TôV "ATTYJV xal
TôV SaëàÇ-.ov, TOùç fcETOÔcou; TOUTOU; xal
«p.çpi6dXou; OEQU;. Kal àorov TE YJ AYJU.Y]TY)P Tuapscjqs xal b
Atôvuso; olvov xal ô *HpaxX.YJ; xpéa xal [aûpxa YJ 'AopootTYj
xxt ô IIocrECoôjv u,aivi5aç. "Afaa os xal TYJC; afaêpooaaç. Yjcé'f/.a
xal TOU vixxapo; Ttap£y£uô'u.Y|V • ô yàp [OSXTTO-TOç ravuu.-qST,;
ûTCô cp[Xav9p&)7ti'aç, ES ÔEao-aixo âxoëXÉxovTâ Trot TôV At'a, xcTûÀYJV àv 7j xat oûo TOU vÉxxapoç ÉvÉvEt p.ot œépcov. Oî os Oeot,
OJ; "Ou.Yjpdç TCOU Xéyei, xal aùxoç, olpvat, xaÔotTcsp Èyù> XXXEï
xEOsapiÉvoç, ouxs fftxov 'ÉSouiriv OUXE xt'vouffiv alOoxa olvov, àXXà
XYJV àp.êpoct'av xapaxc'ÔEVxat xal TOU véxxapo; u.EÔûcrxovxat,
u,âÀt(ixa osYJSQVxai 0-iTOÛu.svot TôV EX xùiv 6UQ-ICJ5V xarcvôv aùxây
réglées par lui, nous nous rendîmes à la salle du festin: car c'était
précisément l'heure du souper. Hermès, m'ayant pris avec lui, me
fit étendre auprès de Pan, de Corybas, d'Attès et de Sabazios, ces
divinités étrangères et équivoques. Dèmèter offrait le pain, Dionysos le vin, Héraclès les viandes, Aphrodite tes baies de myrte, et
Poséidon les mendoles. Cependant, je goûtais aussi en cachette à
l'ambroisie et au nectar : car l'excellent Ganymède, par bonté d'âme,
s'il voyait Zeus regarder de quelque autre côté, me versait en hâte
une ou môme deux cotyles de nectar. Quant aux dieux, comme
Homère le dit quelque part et comme moi-même, j'imagine, j ' e n
fus témoin là-bas, ils ne mangent pas de pain et ne boivent pas
de vin rutilant, mais ils se font servir l'ambroisie et s'enivrent de
nectar ; mais le régal qu'ils préfèrent et qui les charme, c'est la
fumée provenant des sacrifices qui monte jusqu'à eux avec la
ICAROMÉNIPPE.
àx^Etgsv è; xô <TUij.7i6<Ttov •
yàp rjSq xatpô;
GEt'irvou ^vKal ô 'Epgr}c
irapa'/.aëtov ps
xaxéxXtvé (U.E) xapà xôv IlSva
y.a'c xov Kopvêavxa xal
TôV "Arrqv xal TôV SaëâÇiov.
235
nows-nous-en-allionsverslasalle-ducar déjà le-moment
[festin :
du-repas était.
Et Hermès,
ayant-pris-près-de-im moi,
faisait-coucher moi auprès-de Pan
et de Corybas et de
Attès et de Sabazios,
TOUTOU; TOU; 6EOV; PETOI'XOU; ces dieux étrangers-domiciliés
xal àpcpiëôôou;.
Kat -ô Aïjpqr/jp itapEÏyev
apvov TE
xal à Atôvuo-o; olvov
xa't 6 'HpaxÀïî; xpéa
xal q 'Acppoot'r/j gôpra
xal à IIoo-Eiôàiv pasviSa;Ak âpa xal
itapEyEuôjjtïjv àjpépa
TTJ; àpëpooda;
xal TOU véxxapo; *
yàp ô [SéXTIO-TOç ravupin.ôvj;,
ûirô tptXavûpwntaç,
êî fkào-atTO TôV At'a
àrtoê),ÉTcovTdt TCOI,
àv Èvéyet pot çépwv
xoxûXijv ïj xal Sûo
TOU véxxapoç. Aè ol 6eol,
w; "Opvjpo; Xéyet
TOJU,
xal xaâàTOp èyôj auYo;,
oîpat, TEÛEapIvoç Ta èxeï,
et équivoques.
Et Dèmèter offrait
le-pain
et Dionysos 'e-vin
et Héraclès tes-viandes
et Aphrodite fes-myrtes
et Poséidon fes-mendoles.
Et en-même-temps aussi
je-goûtais doucement
l'ambroisie
et le nectar :
car l'excellent Ganymède,
par bonté,
sh7-avait-vu Zeus
[direction,
détomnant-les-regards dans-qnelqued'-aventure, versait à-moi portant
wne-cotyle ou même deux
du nectar. Mais les dieux,
comme Homère le dit quelque-part,
et comme moi même,
[là-bas,
je-pense, ayant-contemplé les-cftoses-
OUTE ESOUCIV OïTOV
ni-ïie mangent dw-pain,
o-j'xE Titvoucrtv otvov a't'9o7ia,
àX).à TxapaxîÛEVTat
Tï|V àpêpofftav
xal peQôoxovxa'. ToûvéxTapoç,
os qSovrat paXtoxa
atTOÛpevot TôV xaitvôv
Ix Tôiv Ûoo-tôiv
àvEv/jvsypévov
xvtoï) aùiri
ni-ne boivent dw-vin rutilant,
mais se-font-servir
l'ambroisie
et s'-enivrent du nectar,
et, d'-autre-part,se-réjouissentle-plus
se-nourrissant-de la fumée
provenant-de les sacrifices
portée-en-haut avec
Ja-vapeur-de-la-graisse elle-même,
236
1CAROMÉNIPPE.
IKAPOMENiniIOS.
xvi'ffy) <xv£V7]V£yu,svov xxl xô alixa 8è xâv îEûSUOV, S xoïç 3ojp.otc
oi ÔùQVTEç Tcspt^souo-iv. 'Ev 8è TÔJ ÔEnrvoj o TE 'AxcôXXcov ÊX'.Ôxpto's xat 6 2eiÀ7jvbç. xdpSaxx u>py-qo"axo xaï at Moucrat otv'a(TTôScat TTJ; TS 'Hc.ooou ©eoyovc'aç yj(7av TjiAtv xat TTJV Tcpwx-qv
(i)5-rjV xwv ujjLveov xàiv ILvSapoo. KaTtstSài xo'pcç rcv, avîTcxudpvsOa m; Eî^EV IxaoToç txavôjî ÛTcorJEêpsyutévot.
[28J
"AW.ot uiv pa BEOS TE xat àvéps; lirrcoxopuarat
evSov Travviiy_toi, su.s 6' oùx ïyz VTq8op.o; OTCVO;-
àvsXoytÇoaTrv yào rcoXXà p-sv xat aXXa, aaXXov 81 ÈxeTva, TCôJ;
ev xoaooxw "/povtp b 'ATCôXXOJV où muet Tcwywva, r\ Ttàiç y t yvexac vu? év oùpavoi xoo TJXI'OU Tcapôvxcq aei xat ffuvsuwymuwivou. T o r e u.èv oùv u.txpdv Tt xaxÉSaoOov, è'OJOEV OE éçavacrxàç
ô Z s ù ; TcpoxéxaxxE XTqpùxxetv IxxXrjfft'av.
vapeur même de la graisse, et aussi le sang des victimes dont les
sacrificateurs arrosent les autels. Pendant le repas, Apollon joua
de la cithare, Silène dansa le cordax, et les Muses, s'étant levées,
nous chantèrent une partie de la Théogonie
d'Hésiode et la pre-
mière ode des hymnes de Pindare. Et quand on en eut assez, chacun s'en fut se coucher, tel quel, et passablement gris.
[28]
Les autres dieux dormaient durant la nuit entière,
Ainsi que les héros au panache ondoyant;
Mais le profond sommeil avait fui ma paupière;...
car j e roulais mille réflexions, entre autres et surtout celles-ci :
comment, depuis si longtemps, la barbe n'était-elle pas encore
poussée à Apollon, et comment faisait-il nuit dans le ciel, le soleil
s'y trouvant toujours et prenant part au festin? Alors, pourtant, je
m'endormis un peu; mais, dès l'aube, Zeus se lève et ordonne de
convoquer l'assemblée par la voix du héraut.
237
et, d'-autre-part,
le sang des victimes,
que les-oens sacrifiant
répandent-autour des autels.
TE£piy_ésv<7tv TOî; 3OùU.OïE.
D'-autre-part, pendant le repas,
ÀÈ èv TW SetTcvto
et Apollon joua-de-la-cithare
TE ô 'AmJXXwv ÈxiOâptCE
et Silène
xat ô EsiXuvôç
dansa Ze-cordax
ù>py;r|<7aTO xdpSaxa
et les Muses, s'-étant-levées,
xat at MovJdxt àvaaTâaou
chantèrent à-nous
ïjffav Y; u.tv
et de-la Théogonie d'-Hosiode
Tïj; TE ©Eoyoviaç 'HcnôSou
et la première ode
Xat TYVV 7rpd)TT)V djôriv
des
hymnes les de-Pindare.
Tùiv vavwv Ttôv ILvSâpou.
Et-après-que
satiété était,
Kat EltEcSï) XÔpOÇ T|V,
nous-nous-reposions,
àvETcauôtiEOa,
comme chacun se-trouvait,
ûç èxaa-ro; EI/EV,
suffisamment un-peu-mouillés(it) res).
ÎXXVÔÎC VltOëeêpSypivOt.
[28] D'-une-part, certes,
[28] MEV pà
et Zes-autres dieux et les-hommes
TE ukloi 6EOT xat àvÈpeç
au - casque-orné - d'-une - crinière-deÎTTTCOXopvJcrrat
dormaient toute-la-nuit,
[cheval
E'JSOV Travvvjvvoi,
d'-autre-part, te-sommei! profond
8è VTCVûç vr]6utioç
ne-pas avait moi;
oùx EYE èpi '
yàp àv£).oy^ôp.Y)v
car je-réfléchissais,
[tres-cftoses,
p.kv xat iroYYà a/.),a,
d'-une-part, aussi à-beaucoup-d'au8è p.a).7ov
et,-d'-autre-part, de-préférence
ÈXEtva,
«-celles-là
TCÙiî ÈV TOCOTJTW y.p6vw
comment pendant tant-de temps
ô 'ArtSW.wv ou oue; lu/jycova, Apollon ne-pas fait-pousser de-laou comment ïa-nuit
[barbe,
Tj 7TÔJC vùï
devient dans ce-ciel,
yéyvsTai Èv aùpavài
le soleil étant-présent toujours
TOù 'bXtou TcapôvToi; àet
et se-régalant-ensemble.
xat auvEouyoupivov.
D'-une-part, donc alors
[sorte,
MîV OOV TOTE
je-m'-endormis «n-peu en-quelquexaxÉSap6ov atxpôv TC,
maisj-d'-autre-part, dès-l'-aurore,
SE Êroflev ô ZEÙ?
s'-étant-levé ordonnait
[Zeus
ÈSavaffTa; itpoff£xaTxs
de-convoquer-par-le-héraut
XYipÙTTECV
Èxx),r](T[av.
Z'-assemblée.
xai Se
T6 aTp.a xàjv Upecuv,
o ol âùovTsç
238
IKAPOMENiniIOI.
Discours de Zeus. Sa rancune et ses menaces contre les philosophes.
— Conclusion du dialogue.
[29] KàiretOY] rapyia-av cMravreç, a p ^ e r a i Xsystv « T-qv
tj.lv alri'av TOO ^uvaYaysïv ôu.àç 6 ^DiÇèç OSTOç ?évoç TictpsaivTrTXE " TIOCXOCE Ss i6ouXô'[i.svoç ûu.ïv xotvwdaaQat Txepl TWV ©'.ÀOCOcptov, U-OCXECTTOE Ô7îô TTJç SSXYJVYJ; xoù wv sxes'v/] p.Éu.^STaE upo-
xpairetç syvcov pvnxéi;' STTE TCXSOV TTapaxeïvai TTJV otâtrxsdyiv.
Vévoç, yocp TE avôpwTrwv IEJTEV, où 7rpb 7toXXor> T<3 SI'W ITTITTOXàcrav, apyov, ptXôvsixov, XEVO'SO^OV, ôçùy-oXov, ùTOXE^VOV,
Û7tô[Acopov, TSTuepeopivov, ùëpetoç àvoÉTtXscov, xoci, ïva xaô
"Op.7)pov £ÏTCW, « ITOJCTIOV à/_9oç apoùp-qç ». OSTOE TOE'VUV SEç
<7U(TT7)U.(XTOE oïoEEpsôevTse; xat
Siaœôpouç Xoytov XaêupEvôouç
éTrivovjffotvTsç, <n asv 2TIIKXOùç covopvxxacrtv éaoToùç, OE Ss
'ÀxaS^fxcuxoùç, ot oè 'Emxoupefouç, oï Sa IlepETCOETTjTEXoùc;,
xxi àXXoc 7toXXtp yeXoEcrrepa TOUTCOV. "EueiTa Sa ovojxa ersu.vôv
Discours de Zeus. Sa rancune et ses menaces contre les philosophes. —
Conclusion du dialogue.
[29] Et après qu'ils furent tous là, il commence à les haranguer : « Le motif qui m'engage à vous réunir, c'est cet étranger
arrivé hier qui me l'a fourni: depuis longtemps, d'ailleurs, je
voulais vous consulter au sujet des philosophes; mais c'est surtout la Lune et les plaintes qu'elle m'adresse qui m'ont poussé,
déterminé à ne plus différer davantage l'examen de cette affaire.
En effet, il existe une certaine espèce d'hommes qui, depuis peu,
monte à la surface de la société, engeance paresseuse, querelleuse,
vaniteuse, irascible, quelque peu gourmande et folle, bouffie
d'orgueil, gonflée d'insolence, et, pour parler avec Homère, « de
la terre inutile fardeau ». Ces hommes donc, divisés en plusieurs
groupes, ont inventé divers labyrinthes de paroles et se sont
nommés, les uns Stoïciens, les autres Académiciens, ceux-ci Épicuriens, ceux-là Péripatéticiens, et autres appellations beaucoup
plus ridicules que celles-là. Ensuite, s'abritant derrière le nom
ICAROMÉNIPPE.
239
Discours de Zeus. Sa rancune et ses menaces contre les philosophes.
Conclusion du dialogue.
[29] Et-après-que tous étaient-préï/-commence-à parler :
[sents.
« D'-une-part, cet étranger d'-hier
a-fourni le motif
du réunir vous :
[temps
d'-autre-part, voulant depuis-longavoir-communiqué à-vous mes idées
au-sujet des philosophes,
ayant-été-poussé surtout
par la Lune
VîTO TTJ; EEX^Vï)ç
et fes-c/ioses-dont celle-là se-plaint,
xat (Lv èxsivr) usuçeTac,
j'-ai-résolu-de ne-plus différer
syvcov (AïJXÉTE TcapaTEivat
l'examen pendant plus-longtemps.
TÏ]V StdÉfTXSlhlV sut TTXSOV.
Pcip Tt ysvo; àvôpcoTrtov sovËv, Carwne-certaine race d'-hommes est,
étant-venue-à-la-surface-de
STceiroXâaav
la vie (la société)
70) fi fa)
non avant beaucoup (depuis peu),
où irpb xoXXoù,
paresseuse, querelleuse,
àpybv, tpiXovecxov,
éprise-de-vainc-gloire, irascible,
xsvdSoljov, 6t;vyoXov,
quelque-peu-gourmande, un-peuùirdXEYVov, ûïroLtwpov,
aveuglée-ymr-i'-orgnetf',
[folle,
TSTUipoigévov,
pleine d'-insolence, et,
iva7t)xwv vêpewî, xai,
pour-que je-dise selon Homère,
t'va sïîrco xatà "Op.Y)pov,
« inutile fardeau de-/a-terre ».
« ÈTtocrtov xy;6o; àpovJpïjç ».
Ceux-ci,
donc,
OUTOI TOSVUV
ayant-été-divisés en groupes (sectes)
Staips6év7sç si; a-uarripaTa
et ayant-imaginé
xa'i sjtivovio-avTeî
ôiaçdpoucXaêupfv&ouç Xdywv, divers labyrinthes de-paroles,
les uns ont-nommé
Ot' (XSV (jovojxâxaiTEv
eux-mêmes Stoïciens,
sauToùi; STOHXOÙç,
les autres Académiciens,
oï 6s 'Axa6/ip.aïxoùç>
les
autres Épicuriens.
OÏ 6e 'ETCEXOUpEÉOUÇ,
les
autres
Péripatéticiens.
oï Ss IIspiTraTXUXoè:,
et autres-noms de-beaucoup
xaï aXXa xoXXcïi
plus-risibles gtte-ceux-ci.
ysXoEOTspa TOVTWV.
D'-autre-part, ensuite,
As STtSETa
ayant-mis-autour-d'-CM« la vertu
uspiOéiievoi Tï;V àpsvriv
[29] Ka\ È7I£ISY) oÉTtavreçTca-
ïp/ETat Xsysiv *
[pïjerav,
« Mèv o'jxo; ô ?£vo; XulS°<;
xapscryvyraE Trjv a'ifiav
TOû ^uvayayEîv ùp-âç •
os [3oi)>i6p.£vo; itâXai
xoiveocrao-Bai ùpïv
ItSpï Tthv £ptXo<7Ô(ptûV,
7tp0Tpax£[^ [/.âXiara
240
IKAPOMENiniIOS.
TYjv àpïTV]V Tcep'.6éu,ev!>t xai xiç ôippuç s7râoavT£ç xal nojyiovaç l:nffTcaffxu.svoi wepiép^ovTat STmrXaffTcp s/yquaTi xaxâTCTUffta. TJG-q 7C£piffT£ÀXovT£c, s(j.çjspe?ç ptaÀiffxa r o i ; Tpayix&l;
Ixeivoiç uiroxptxaTç, OJV TJV àapÉXy] TIç f à Ttpc-ffojTxsia xai TYJV
ypuffOTcxffTov èxsiVqv ffT0A7|V, TO xaxaX£nrdp.Evov EffTiyeAbiov
àvôctÔTïtov éTtxà 8pa^u.ùjv èç xbv ayûiva u,3uiff6wu.svov.
[30] « TOIOUTOI SE OVTEç, avÔpwTccov u.Èv àTcâvTwv xaxaopovoufft, Ttspi ÔsôJv 5s àXXoxoTO. Sr£;£p^ovxxi, xai ffuvâyovxsç
£Û£:aTtàT-qxa |xeipâxta xajv xe itoXuôpùXvjxov apETTjv xpxyqioooct xal xàç Twv Xôywv aitocia; ÈxôiSàffxouffi ' xai irpoç aèv
xoùç p.aO-qxàç xapxept'av àsl xal fftocppoffôVqv eTcaivoust xal
TTXOûTOU xal TJSOVYJç xaxaîrxusuffi, [AôVOI SE xai xaG' sauToùç
y£vôu,£V(S'. xi av Xey&i TIç ô'ffx piv èffQi'ouffiv, ôitcoç OS TTEptÀei'youffi xùiv oëoÀôiv xsv pÛTr&v ; Ta os Tcavxwv Seivôxaxov, oxi
respectable de la vertu, avec leurs sourcils dressés, leurs longues
barbes étalées, ils se pavanent en tous sens, déguisant sous des
dehors trompeurs l'infamie de leurs mœurs, absolument semblables à ces acteurs de tragédie dont les masques et la robe
brodée d'or à peine enlevés ne laissent subsister qu'un avorton
grotesque, qu'on paie sept drachmes pour la représentation.
[30] a Eh bien, tels qu'ils sont, ils méprisent tous les hommes,
débitent sur les dieux de prodigieuses inepties, ramassent de
petits jeunes gens faciles à duper pour leur déclamer leurs bavardages sur la vertu et leur apprendre l'art des raisonnements inextricables; devant leurs élèves, toujours ils exaltent la fermeté et
la tempérance, ils ravalent richesse et plaisir; mais, une fois seuls
et livrés à eux-mêmes, qui pourrait dire leur gloutonnerie, leur
avidité à lécher la crasse des oboles? Ce qu'il y a de plus révoltant
ICAHOMÉNIPPE.
241
Ôvopa asiAvôv
comme-nom respectable
xai £7rdpavcsç xàç otppëç
et ayant-relevé les sourcils
xai ljiiffjracro(p.£vo! îtioyiavaç et ayant-allongé fes-barbes,
ïTEpsépyovTat 7rep«TxéXXovxêç ifs-circulent enveloppant
r^bv] xaxàTTxuffxa
aies-mœurs méprisables
[se),
<rj(ï)paxi èni7tXâffTtp,
d'-une-apparence fardée (trompeup-âXiora Èfjupepeiç
tout-à-fait semblables
èXEI'VOIç xoî; ùnoxptToiîç
à ces acteurs
xpayixoîç, wv âjv TIç
tragiques, desquels si quelqu'-un
àqséXï) xà Ttpoffio-rceîa
a-enlevé les masques
xai Èx£ivr(v xrjv
ffxoXàjv
et cette robe
Xpuaàma<jTov,
brochée-d'-or,
xô xaxaX£i7r6u.Evév Èemv
le restant est
àvGpw-inov yeXoîov
tm-petU-homiue ridicule
psp.iff6iop.evov êicxà Spay_p<ov loué sept drachmes
èç x'ov àyâiva.
pour la représentation.
[30] « As OVXEç xoioSxot,
[30] 4 Mais (or), étant tels,
pèv xaxaçpovoûoTv
d'-une-part, e'fs-dédaignent
(iTrâvxwv àvÔptoTtoov,
tous /es-hommes,
Se SiE;épy;ovx«i
d'-autre-part, i7s-débitent
àXXdxoxa
au-sujet dos-dieux,
7usp\ ôsciiv,
des-choses-e xtraordinaires
xai ffuvàyovxEç pstpàxia
et, réunissant des-jeunes-gens
eÙEç«Tcâxï)xa
faciles-à-duper,
xpaywSoûo-i x-qv Xî àpexïjv
i/s-déclament-sur la vertu
TcoXuopuXïjxov
rabâchée-sans-cesse par eux
xai ÊxSiSâffxoijffi
et enseignent
[discours ;
xàç à-Ttopiaç xàiv Xdywv
les raisonnements-sans-issue des
xai pèv Txpbç xoùç pa8r)xà;
et, d'-une-part, devant les disciples
èiraivo-jffiv âei
r'fe-louent toujours
xapxept'av xai tro)spoffUVTJV
endurance et modération
xai xaxairxiiovffi
et conspuent (méprisent)
itXoûxou xai -cj5ovTJç,
richesse et plaisir,
81 pdvoi xai
mais,-d'-autre-part, seuls et
ysvôpevoi xaxà éaoxoù;
étant-devenus livrés-k eux-mêmes,
xi xtç àv XÉyoi
quoi quelqu'-un, d'-aventure, dirait-i7
oo-a pèv èffôiouiriv,
tout-ce-que, d'-une-part,i7s-mangent,
OTCMç Si TcspiXêi'xouffi
comment, d'-autre-part, i7s-lèchentTôV pûirov xtiiv oêoXôiv;
la crasse des oboles?
[autour
AÈ xô Seivôxaxov Tcàvxwv,
Mais le plus-terrible de-tout,
LUCIEN. — Extraits.
16
242
UTnôsv aûtol jjnrjxs xoivôv avJTî totov êîmreÀoîivTe;, àXÀ' àvpsïoi
Xal TCSptTTOt XaÔEffTuVrEÇ,
ours TTOT' èV TtoAÉp.pj svapiôpuoi oûV èvi âovXâj,
ouxoç xûv aXXwv xaxqyoûoîi<u xai Àoyouç xtvaç -rc.xpoù; cuu.ajopïjo-avxeç xat Xotoopt'aç xivaç êxu*£u,eXsTTjXOT£; ETTtxtiAâio-'.
xal ôvetSiÇoum xofç TcXïjm'ov • xat ouxoç aùxoJv xa '"pàixa.
cpépscôat SoxsT, oç av u.£yaÀo<pwvoxaxôç, XE à] xxl ixau,toxaxoç
xai Tcpôç xxç 6Xxff©7i[JLÎa; Gpoujuxaxoç.
[31] « Kxi'xot xôv SiXT£tvou,svov aùxôjv xxl (ïowvxa xxl
xxxqyopoOvxa XûJV xXXwv r]v £07], « 2 ù 8E Svj xi Trpaxxorv
"
T
ICAROMÉNIPPE.
IKAPOMENITIIIOE.
uyv_xvetç, "G T t ' œôJUEV, Tcpbç GEôJV, as TCOôç XôV pi'ov cuvxe-
« XeTv ; » cpxrq av, s! xx Si'xaia xat àX-qÔrj QéXot Xéysiv, oxt
« HAEIV aèv vj yecoûyslv à) uxpxxeusffôxt vj xtva xéyvrjV UEXEé« vxt Tceptxxov stvxf txot Soxef, xsxpxya Se xat aùyu.ô xxl
« yju^poXouxôj xxl àvuTCÔS-qxoç xou y£tu.ôjvo; 7C£ptépy_oaat xxl
que tout le reste, c'est que, ne contribuant en rien pour leur
compte ni au bien public ni au bien particulier, mais demeurant
inutiles et superflus,
nuls à la guerre, et nuls aussi dans le conseil,
ils font néanmoins le procès aux autres, entassent je ne sais quels
discours amers, s'appliquent à accumuler des reproches blessants,
censurent et insultent autrui : chez eux, la palme semble obtenue
par le plus braillard, le plus impudent, le plus effronté dans ses
calomnies.
[31] « Et pourtant, si tu demandais à cet obstiné déclamateur
qui crie si fort et qui accuse les autres : « Et toi, quelle est ton
« occupation? En quoi pourrions-nous dire, au nom des dieux,
« que tu contribues au bien de la communauté? » il répondrait,
s'il voulait être juste et sincère en son langage : « La navigation,
« l'agriculture, l'état militaire ou n'importe quelle profession me
« semble inutile à étudier; mais je vocifère, je suis sale, je prends
« des bains froids, je me promène pieds nus l'hiver, et, comme
243
oxi aùxot è7rt-eXoûvTEç pxjSÈv
u-éTS xoivôv udJTE ÏStov,
àXkà xa8exx(iix£;
à/peioi xat Ttspcxxot,
svapiQu-ioi
OUTE TCOTè èV noXÉpxp
O'JTE Èvt (îouArj,
8p.toç xaxrrYOpoûox xâiv aAAtov
xat xupqfiopvjxavTEç
riva; Xôyoui; mxpoùî
xal èx[ji.Ep.eÀETY)xÔTE;
xivàç AotSopîaç
È7UTip.wxi xat
ovEifisÇo'Jxt xoîç TTAïJXîOV *
xat o-Jxoç aùxoiv SOXEï
çspExâat xà Tipôixa,
ô; av r,
5j,Eya>.ocpu>vÔTaTÔ; TE
xat hap-oixaToc -xat
[p.éaî.
GpaxbxaToç ?rpô; xà; pAaxçTj[31] « Kat'xot yjv Epv;
xôv aùxwv 6iaTEivop.svov
xat poôivxa
xat xaxriyopovvxaTàiv aXXtov,
« As où 8ïJ xt
« xuYxâvEi; TrpaTTwv,
« ïj vi <pôJp,Ev, irpôç 9ewv,
c'-esl-que eux-mêmes n'-accomplisni commun ni particulier, [santrien
mais demeurant
inutiles et superflus,
entrant-en-ligne-de-conipte
ni jamais dans /a-guerre
ni dans /e-conseil,
pourtant ifs-accusent les autres
et, ayant-entassé
certains discours amers
et s'-étant-exercés-à
certaines injures,
i7s-font-des-reproches et
[chain:
adresseut-des-récriminations au proet celui-ci d'-eux semble
emporter-pour-lui le premier-pnte,
qui, d'-aventure, serait
et doué-de-!a-plus forte-voix
etle-plus-impudentet
[pos.
lc-plus-hardi pour les mauvais-pro[31]«Et-cependant, si iw-demandais
à-celui d'-entre-eux faisant-effort
et criant
et accusant les autres :
« Mais toi, certes, quoi
« te-trouvesdn faisant, [des-dieux.
« ou en-quoi dirions-nous, au-noni
« cri O-UVTEXEÎV
« toi contribuer
« npôç xôv 3fov; »
av cpac/i, EI 8ÉXot
XÈyEiv xà Stxaia
xal àXrjvri, 8xi
€ Aoxeî [loi Etvai xeptxxbv
« uÈv ITXEîV
« ?i yewpyefv
« r; <7TpaTE-J£(76ai
« ï] gEtiÈvat xtvà tiyytft,
« 8è xéxpaya xat a-j-/pài
« xat d,'u-/poXoux(S
« xai 7repiépv_op.ac
« à la vie (à la société humaine)? »
d'-aventure, îï-dirait, sb7-voulait
dire les-cAoses justes
et vraies, que
« 77-semble à-moi être superflu,
<i d'-une-part, de-naviguer
* ou de-labourer
[rières
ï ou de-faire-des-expéditions-guer« ou d'-étudier quelque art,
« mais je-crie et je-suis-sale
« et je-me-lave-à-l'-eau-froide
« et je-me-promène
<lkk
IKAPOMENIimOE.
ICAROMÉNIPPE,
« wffTceo ô M6JU.ûç, t a ûTCO TôJV àùUwv yiyvdu.£va ffuxotpxvxôj •
« Xat El |Jt.£V TlÇ wd/0JV7]X£ TOJV TCAOUCTIOV 7toAoxeXôj<:, xoOxo
« 7toXoTrpayu,ovôj xal àyavaxxaJ, et os TôJV tptÀcov xcç vj êxat'pcov
« xxxàxeixai VOCJôJV eTctxoupt'aî Te xa^t OepxTcsi'aç Sedaevoc,
« àyvoûj. « — Toiauxa uiv èrrxtv T|{itv, tô Ôeot, xaùxa Ta
Opép.u.axa.
[32] « Oi Se o-q 'E7rtxoûpemt aùxôjv Xeyo'y.evot uâÀa Srj xat
uêptaxat e'tct xal où u,expt'oj; TJUOJV xaôstTtxovxat, avjxe e m u s XemÔat TôJV àvÔpwTuvoJv Xéyovxe; xooç Ôeoùç u.rJTe OAOJç x a
ytyvôueva eTctc-xoTtctv. "iioxe ôjpa ùuïv XoytÇeaQat, Stoxt YJV
axta? oùxot rcstcai xbv 8tov ouv7i9ôj(jtv, où uexpt'wç Tceiv-quexe.
Ti'c yàp àv exi Ôùtretev ôuTv TCXSOV oùSèv e^etv irpoo-âoxôjv ;
d
À
u.ev yàp ï) ZeX-qvvj aïxtaxat, Trâvxe; -Xxoùffaxe xoù tjévou /Oèç
oiTiyoou.evou " Tcpbç xauxa SouXeùeo-Ôe à xat xoTç avÔpcoTcotç
yevotx' àv oja>eXtu,ô)xaxa xat 7]|/.ïv aocpaXeaxaxa. »
« Mômos, je médis de ce que font les autres. Si quelque riche
dépense largement pour sa table, je me mêle de la chose et je
« m'emporte; mais qu'un de mes amis ou de mes camarades soit
<L alité, malade, réclamant assistance et soins, je l'ignore. » —
Telles sont, ô dieux, ces infâmes créatures !
[32] « Quant à ceux d'entre eux qu'on appelle Épicuriens, ils
sont assurément aussi d'une insolence extrême et nous attaquent
sans mesure : ils affirment que les dieux n'ont cure des affaires
humaines et ne surveillent absolument pas ce qui se passe. Ainsi
donc, voici le moment pour vous d'y réfléchir, attendu que, si
ces gens-là parviennent une fois à convaincre le public, vous
serez réduits à une affreuse disette. Qui voudrait, en effet, vous
offrir encore des sacrifices, n'ayant plus rien à attendre de vous?
Les griefs de la Lune, vous tous les avez entendus hier de la
bouche de l'étranger : en conséquence, prenez la résolution qui
pourrait être et la plus avantageuse pour les hommes, et la plus
sûre pour nous, s
«
«
«
«
«
«
avoTrôS-qxoç xoû x^P-ôivoç
xat ôjGirep à Mtôu-oç
(TuxocpavTài xà ytyvdueva
ûxcb xtôv aXXtov •
xat et usvxtçxffivirXouiTÎtov
ânj/wvyjxe
245
« sans-chaussure ^enda-zut-l'hiver,
« et, comme Mômos,
• [(faites)
« fc-censure les-choses devenant
« par les autres :
[riches
« et si, d'-une-part, quelqu'-un des
« a-fait-des-provisions-de-bouche
« TCOXDXEXôJç,
« somptueusement,
« 7îoX'j7ipayu.ovbi TOûXO
« xat àyavaxxôj, si Se
« xtç TôJV tpîXtov TJ Ixaipcov
« xaxdty.etTat votrôiv
« 8EÔ|XEVO; T e
OTtxoopta;
« xat ôspaTiEtaç, àyvoôj. »
— Totavxà èariv p.èv
T|[MV, OJ 6eoi,
xaëxa xà 8péu.uata.
[32] « Aï Sri ot aùxôjv
XeyôjjtEvot 'E7rtxoûpetot
eïfft 8ïI xa't p.iXa ûêptoTa't
xa't xa9à7rxovxat rju-ôiv
où p.expfwp, Xéyovxs;
« je-m'-inquiète-de cela
« et je-m'-indigne ; si, d'-autre-part
« quelqu'-un des amis ou camarades
a est-étendu étant-malade,
« ayant-besoin et d'assistance
« et de-soin, j'-ignore. »
— Telles sont, d'-une-part,
à-nous, ô dieux,
ces créatures !
[d'-entre-eux
[32] et D'-autre-part, certes, les
étant-appelés Épicuriens
sont, certes, aussi très violents
et s'-attaquent-à nous
non modérément, disant
TOùç 6EOùç !AïJXE ÈTctp,eXeto-6at les dieux ni-ne s'-occuper
xôJv àvôpwnîvMv
u.ï|Te èitto-xoTcstv ôlu>;
xà ytyvôueva.
"Ocre topa èuTiv ù(j.tv
XoyfÇïtTÔai, Stoxt rjv âwaï
ooxot SovïiOôia-tv
Tiemat xov St'ov,
7reiviri(7ET£ où p.expt'toç.
Tàp xî; av 8ùo-eiev k'xt
ôiuv, TtpoaSoxôiv
ÊljEtv oùSàv TCXSOV ;
Tàp pèv Ttàvxeç, ïixoùaaTS
xoo ^évou Striyoujjtévou yjiïi;
S T) SEXT|VïI aïxtaxat '
xcpoç xauxa flo'jXsùeafls
fi Sv yévotxo
[xcotç
xài (î>9£Àt|ju>>xaxa TOïç àvBptoy.a\ ào-çaXécrxaxa àiptlv. »
des-choses humaines,
ni-ne surveiller du-tout
les-c/ioses devenant (ayant lieu).
Ln-sorte-que f'-heure est à-vous
d'-aviser, parce-que, si une-fois
ceux-ci ont-pu
persuader la vie (la société),
uows-aurez-faim non médiocrement.
Car qui, d'-aventure, sacrifierait enà-vous, s'-attendant-à
[core
ne-devoir-avoir rien de-plus? [tendu
Car, d'-une-part, tous uoiti'-avez-enl'étranger racontant hier
ce-que la Lune accuse :
d'après cela, prenez-le-parti
qui, d'-aventure, deviendrait
et le-plus-avantageux aux homme?
et le plus-sûr pour-nous. »
24.6
ICAHOMÉNIPPE.
IKAPOMENIIinoS.
[33] EÎTCOVTOç xauxa xoG A'.bç vj sxxXTjata ot£T£6opuSY|TO,
xa! eùSoç iêoiov arcavxE; - « Kspaûvwo-ov, xaxacpXEÎjov, éirtTpi•Aov, kç xè SapaQpov, È; xbv Tapxapov tôç xoùç rïyavxaç ».
'Ho-uv^tocv os b Zsù; auQic Tcapayysi'Xa!;,
<c
"Ea-xai xauxa wç
SOûXSOÔE, s_-rj, xa! 7CaVT£Ç STClTptyovXaC aUXT, OiaXEXTlXYJ.
IlX-qv xo yg vov Etvat où 6EU.'.î xoXaffOYjvat' xiva • lEpopYqvia
yâo e<mv, tôç ïaxs, a-qvtov xouxcov xsxxàcwv, xat TJOT} TYJV
Êxe^eipi'av ir£pnnyy£iXàaV|V. 'Eç vscoxa oùv, apv_op.£vou Tjpoç,
xaxo! xaxujç àxcoXoOvxai xw o-p.sp§aXÉ<p XEpauvû. »
''H xat xuav£rj<rtv èTI' ôcppûat VEû'ITE Kpovîuv.
[34] « Hep! Ss MevtTCTtou xauxa », ftpr;, « p-oc Soxeï TcspiaipsÔévxa aûxàv x i xxxepà, tva p j | xa! aû6i; EX9Y| TCOXS, 6TCô XOU
'Eoaoo Iç XYjv y?|V xaxEvsv/ÔTJvai XTjaspov. » Ka! 8 U.EV, xauxa
e'.Tcoiv, SiéXur/e xbv cûXXoyov, lu.È os b KuXXvjvioç xou oe^toG
[33] Dès que Zeus eut parlé en ces termes, l'assemblée fit grand
tapage, et tous aussitôt de s'écrier : « Foudroie, embrase, écrase !
Au gouffre ! Au Tartare, comme les Géants ! » Mais Zeus, ayant de
nouveau commandé le silence : a II sera fait comme vous le
voulez, » dit-il, « et tous seront écrasés avec leur dialectique. Seulement, pour aujourd'hui, il n'est pas permis que personne soit
châtié; car il y a, comme vous le savez, une hiéroménie de la
durée de ces quatre mois, et j'ai déjà publié la trêve. L'année
prochaine, donc, au début du printemps, ces misérables périront
misérablement, frappés par la terrible foudre. »
Zeus dit, et fit un signe avec ses sourcils sombres.
[34] « Pour ce qui est de Ménippe, » continua-t-il. « je suis d'avis
qu'on lui enlève ses ailes, afin qu'il ne revienne jamais, et qu'Hermès le descende sur la terre aujourd'hui même. » —A ces mots, il
leva la séance; et le dieu de Cyllènè, me tenant suspendu par
247
[33] Zeus
[33] Toû Aibe
ayant-dit ces-choses,
s'môvTO; xauxa,
l'assemblée avait-fait-tumulte,
•r\ ÈxxXïjcrta Ôiexeuop-Jêrjxo,
et aussitôt tous criaient :
xa\ eùSùç oéxavxs; iêôwv •
« Kepaôvcoo-ov, xaxdtçAeîjo'v, « Foudroie, embrase,
écrase, dans le gouffre,
ÈTiîxpi'pov, èç TÔ Sâpaôpov,
dans le Tartare,
s; xôv Tdpxapov,
comme les Géants ! »
<5)ç xoùç rt'Yavxaç. »
Mais Zeus, de-nouveau
As ô Zsù; ctùfii;
TtapaYYEiAaç àjau/tav, ï<pr\ ' ayant-commande /a-tranquillité, dit :
« T aviva Êcrxat <o; SouÀeaOe, « Cela sera comme aoMS-voulez,
xai Tcâvxsç ÈTCixptJ/ovxat
et tous seront-écrasés
oiaXsxxixrj aùxr).
aaec-fa-dialectique elle-même.
IlXrjv xô Y£ vûv Eivat
Seulement, pour le moment du-moi ns
oùx (k'ciTi) Qsut;
ne-pas est permis
xivà xoÀatrBïjvai •
quelqu'-un être-châtié :
car, comme aows-savez,
Y«p, (I>Ç tc/TE,
c'-est fa-biéroménie (temps de fête)
ècrtYv ÎEpop-vrvta
de-ces quatre mois,
xoùxiov XETxâptov p.rjvtôv,
et déjà j'-ai-publié
xai T|5r) Txsptv)YY£iAaiJ.nv
la trêve.
TTTV Èx£y_£ipiav.
Donc, pour f'-année-prochaine,
Oùv èç vstoxa,
/e-printemps commençant,
[ment
f|poç àp/^ou,évou,
misérables ils-pèriront misérablexaxo'i àuoXoûvxat xaxû;
par-la foudre terrible. »
Tiii xspavivtji ŒU.£pSa),É(i). »
Lefils-de-Cronos dit
Kpoviaiv q
et fit-un-signe
xai veOuE
de ses-sourcils d'-un-bleu-sombre.
ÈTCl ClCppOfyt X'JXVÉrjOTV.
[34] « D'-autre-part, au-sujet-do
[34] a: As xcspi MEVITCTCOU, ï
dit-tf,
[Ménippe, »
k'cprj,
« ceci semble-son à-moi :
« xaûxa ëoxsï poi "
lui ayant-été-dépouillé-de
aùxôv Txspta'.peBsvxa
les ailes, afln-que ne-pas
xà Tcxspà, i'va p.q
aussi de-nouveau ff-vienne jamais,
xa'i au6t; sAôq TCOXS,
ètre-descendu aujourd'hui
xaxsvsY_0-?|Vai xqp.epov
sur la terre
È; XTJV Ynv
par Hermès. »
ûTCO TOû 'Eppoù. »
Et lui, d'-une-part, ayant-dit cela,
Ksi b pèv, ÊLTtcbv xaûxa.
congédia l'assemblée.
ScÉAucTS xôv a-JÂAoYov'
et-,d'-autre-part, le dieu-de-Cyllènè,
8à ô KuXAqvioç
248
IGAROMENIPPE.
IKAPOMENIimOE.
WTO; à7roxp£p.à(Ta; Tcspl ào'Tcécxv yQÈç xaTéQ-qxs osccov èç TôV
Ksp7.u4£ijcdv.
"AiravTa axïjxoaç, aTiavTa, m ÉTaïpg, T7. I ; oupavou.
"ATTELUU, TûI'VUV xal TOÎç IV TTJ ÏIoixt^Yi TcspiTtaTouat TôJV tptXo—
(TO'OCOV a ù r i TCCUTCC sùaYYEÀioûp-Evoç.
l'oreille droite, s'en fut me déposer hier, vers le soir, dans le Céramique.
Voilà tout, mon camarade, tu sais tout ce que je rapporte du
ciel. Je m'en vais de ce pas faire ce même récit à ceux d'entre les
philosophes qui se promènent dans le Pœcile : quelle bonne
nouvelle !
ayant-suspendu moi
fjar-l'oreille
droite,
TOS wvo; 5E£IOîJ
me
déposa
portant
xaTÉ8r,xe cpépwv
dans le Céramique
Èç TôV KeparAEi'/ôv
hier vers fe-soir.
"/6lç 7i£p\ laite p av.
0 camarade,
'Ci éxatpE,
tu-as-entendu tout,
axYJxoaç ArcavTa,
toutes
Ies-càoses du ciel.
ârtavca "à ï\ oùpavoîi.
Je-m'-en-vais
donc
"ATCEtU.! TOIVUV
devant-annoncer-heureusement
E'jayy£>.toéu.Evo;
aussi ces-choses elles-mêmes
xa\ xaôxa aura
à-ceux des philosophes
TOtî XÛV CpwXoaÔï'WV
Tî£pi7raxoô<rcv èv TVJ noixOoj. se-promenant dans le Poecile.
ar;oitp£u.a(jai; su.s
2^9
ANALYSE DE « CHARON »
D'après l'antique mythe hellénique adopté par Virgile, Charon
est le vieux passeur chargé de transporter en sa barque les ombres des trépassés sous la langue desquels on avait placé une
obole (le denier de Charon). L'épithète 'iuv.û'rcou.TTÔ:, « conducteur
des âmes», qu'Euripide, dans Alceste (v. 362), attribue à Charon,
convient également à Hermès, le dieu — fils de Zeus et de Maïa
•— qui correspond au Mercure des Latins. Hermès, héraut et messager des dieux, devait (c'était une de ses nombreuses attributions)
conduire les Mânes dans l'Érèbe ou séjour des ténèbres, et parfois les en ramener; car, en même temps qu'il annonce Zeus, le
dieu du jour, il est le courrier des divinités de la nuit.
Tels sont les deux personnages principaux, les deux protagonistes du dialogue qu'on va étudier et qui, avec ses épisodes créés
exclusivement, de toutes pièces, par l'imagination de Lucien, demeure une des plus parfaites manifestations de son talent monté
à son apogée. Ici, la science de la composition égale l'autorité des
jugements et l'ampleur dramatique de la mise en scène. Pour le
fond même, nulle originalité. Le dialogue a pour sujet un vieux
lieu commun philosophique (les hommes vivent comme s'ils étaient
éternels, oublient qu'ils doivent mourir), où Lucien n'apporte de
nouveau que ses qualités de goût et de mesure.
Charon, l'impassible et incorruptible nocher de l'Hadès (ou
royaume des morts), sort pour la première fois de l'empire de Pluton : accompagné d'Hermès, son ami et son guide, il vient apprécier sur place la vie et les occupations de ses futurs clients. Voilà
le simple canevas, l'ingénieux motif qui va permettre à l'écrivain
de condenser son opinion sur les manèges et les agitations d'icibas. Jamais encore l'ironie n'avait communiqué à ses pensées autant de force et d'éclat. Du haut des monts entassés qui leur tiennent lieu d'observatoire, nos deux ascensionnistes d'un nouveau
genre voient grouiller à leurs pieds toutes les passions, toutes les
illusions de ce misérable globe; et, du coup, se dévoile à leurs
regards, tout masque de grandeur et d'opulence étant arraché,
252
ANALYSE DU CHARON.
l'existence de l'homme en ce monde, si inquicle et si chélive :
aucune obscurité ne l'offusque aux yeux du couple divin qui, en
termes sinistres ou diserts, la jauge au plus juste, avec sa fragilité et ses incertitudes sempiternelles.
Demandez-vous ce que vaut l'humanité considérée dans son ensemble, et comment elle se gouverne avec sa faible judiciaire; et
supposez comme spectateur un sage, le sage absolu, un être quelconque n'ayant rien de terrestre, un pur esprit, curieux, désintéressé, lucide, et qui, planant sur elle, l'inspecterait d'assez haut
pour l'embrasser tout entière d'une prise unique : quelle idée con
cevra-t-il d'elle? C'est le problème dont le Charon est la solution,
traduite comme sur un théâtre. Le raisonneur idéal, le contemplateur (sittffxoirûv), c'est le vieux nocher du Styx, qui, debout,
installé près d'Hermès sur la cime de trois ou quatre montagnes
amoncelées, Pélion sur Ossa, Parnasse sur OEta, domine l'univers
entier. Au-dessous de lui s'ébattent les hommes, à peine perceptibles dans un vague lointain, disséminés dans les campagnes ou
pressés dans les villes, toujours effarés et affairés comme les hôtes
d'une fourmilière. Ils ne sont pas seuls à peupler les cités. Au milieu d'eux, autour d'eux, au-dessus d'eux, partout circulent de silencieux fantômes qui participent à leurs moindres actes. Charon
s'étonne, interroge Hermès : « Ce sont, » explique le messager
des dieux, mieux instruit que son compagnon par ses fréquentes
allées et venues sur terre et sur mer, « ce sont les espérances, les
craintes, les folies, les plaisirs, les convoitises, les colères, les haines et autres passions semblables.... ;> — Ému de pitié en face
de tant d'aveuglement gratuit et volontaire, Charon voudrait élever
la voix et crier à tue-tête, dût-elle se bouclier les oreilles pour ne
rien entendre, quelques saines vérités à cette tourbe stupide qui
s'abandonne aux duperies de vains spectres. Peine inutile! Hermès,
moins généreux ou plus insouciant, l'en dissuade et l'en empêche :
« Mon très cher, » s'écrie-t-il, a tu ne sais pas en quel état les
« ont mis l'ignorance et l'erreur : une tarière ne suffirait plus pour
« leur déboucher les oreilles, tant ils les ont obstruées de cire,
ce comme Ulysse ferma celles de ses compagnons, de crainte qu'ils
a n'entendissent les Sirènes. Comment alors ceux-ci pourraient-ils
« t'entendre, lors même que tu braillerais à te rompre la poitrine?
« Ce que fait chez vous le Lèlhè, l'ignorance le produit ici. A
« peine en est-il parmi eux un petit nombre qui, n'ayant pas in« troduit de cire dans leurs oreilles, inclinent vers la vérité, voient
ce clairement les choses, et les reconnaissent telles qu'elles sont. »
La conviction délinitive du terrible moqueur qu'est Lucien tou-
ANALYSE DU CHARON.
253
chant la gent humaine, c'est qu'elle perd son temps à poursuivre
ou à éviter des fantômes, séduisants ou affreux. Tout ce qui fait
naître les appréhensions comme les convoitises des malheureux
mortels leur semble être quelque chose, mais, en réalité, n'est
rien. Cette incapacité qu'ils éprouvent à saisir par la vue ou par
l'ouïe ce qui est, ces ténèbres que volontairement ils se rendent
impuissants à dissiper, voire même qu'ils épaississent, cet appât
mensonger qui les amorce, ces mirages qui les abusent, cet aimant
qui les attire invinciblement, — toutes ces images, familières
et devenues banales, conviennent bien ici, — voilà les infirmités
qui, selon Lucien, donnent la clef de tant de maux : l'homme
prend à tâche de s'alimenter de déceptions; il ne veut pas être
détrompé, il s'efforce de rêver sans dormir. « Borné dans son pouvoir, infini dans ses vœux, » pour parler comme le poète, il se
montre insatiable, il se garde expressément de se contenter de ce
qu'il a ou de souhaiter ce qu'il lui est possible d'obtenir encore ;
et, pourtant, — Horace l'avait déjà proclamé. — l'existence tranquille et le bonheur sont à ce prix! Autrement, chacun est mécontent de son sort, comme l'avoue l'auteur des Satires, et comme
l'ont répété (qu'on les baptise Épicuriens, Académiciens ou Stoïciens)
tous ceux qui se piquent de philosophie calmante et consolante.
Philosophe, Lucien l'est en ce sens que ses aperçus moraux, en
dépit de son ton léger et de ses allures mondaines et indépendantes, présentent toutefois essentiellement une affinité très
grande (et qui saute aux yeux) avec les enseignements des diverses
écoles, qu'il s'agisse du Portique ou bien des jardins d'Acadômos
ou d'Épicure; à quelques-unes même de ces graves pensées il a
donné comme un regain particulier de force. De ce nombre est la
cruelle pensée de la mort, de la brièveté de la vie, avec les conclusions et les recommandations usuelles qui en découlent : ne
point trop compter sur le lendemain, ne jamais s'attacher éperdument aux objets qui s'évanouissent, jouer sur cette scène du
monde — sans murmure comme sans pose — le rôle qui vous a
été départi, etc. A cet égard, l'austère Manuel d'Épictète, les
rigides Pensées de Marc-Aurèle, ou encore les Oraisons funèbres
des prédicateurs de notre dix-septième siècle, ne tiennent pas un
autre langage que le citoyen de Samosate avec ses boutades mordantes; et, par le fait, le Charon n'est autre chose qu'une méditation en action, qu'une leçon en règle sur la destinée humaine.
Quelle n'est pas la stupeur de Charon parmi le remuement et les
puériles menées des hommes qui ne paraissent pas môme apercevoir la maie Mort, cette infatigable ouvrière, la Mort sans cesse
254
ANALYSE DU CHARON.
ANALYSE DU CHARON.
présente et active au milieu d'eux, la lugubre faucheuse! Et
cependant, elle a des rigueurs à nulle autre pareilles! Hermès
s'en ouvre, par de vives images, à son compagnon de route; et
tous deux criblent à l'envi de brocards (car ils ont belle et sarcastique humeur) ces empressements ridicules et vains, ces espérances prolongées contre toute espérance et que nul obstacle ne
déconcerte. En vérité (car les souvenirs classiques ressuscitent
volontiers en un tel sujet), vous croiriez par moments écouter
l'accent grondeur et sensé de notre La Fontaine, exprimant le
vœu que
Dialogues des morts. Il y professe l'absolu mépris des biens terrestres, en un langage âpre, dénigrant, agressif. Comme on l'a
justement observé à propos de l'entretien que nous venons d'analyser, l'intraitable et sombre nocher dont le rude bon sens traite
avec un dédain si transcendant les illusions terrestres et d'outretombe, Charon, tout maussade qu'il a coutume de se montrer d'ordinaire, se déride au cours de son escapade avec Hermès, et la
vivacité, la naïveté de son étonnement mêlent un élément comique
à sa philosophie : quand un fantôme — ou un conducteur de fantômes — découche, c'est le moins qu'il s'amuse un peu, dirait
Théophile Gautier. — Le dixième dialogue, lui, est plein d'éloquence et de brutalité : les défunts encombrent les berges du
Styx ; la nacelle qui doit leur faire franchir les ondes suprêmes
risquerait de s'abîmer sous la charge ; le passeur enjoint donc à
ses passagers d'aujourd'hui de se dépouiller de tout ce qu'ils ont :
il ne les recevra que nus comme vers. La fiction est claire; tous
sont contraints d'abandonner ce qui faisait leur joie et leur orgueil :
beauté, force, fraîcheur, santé, grâce, pourpre, diadème, faste,
cruauté, folie, insolence, trophées, etc....
On sortit de la vie ainsi que d'un banquet,
Remerciant son hôte, et qu'on fît son paquet.... »
« La Mort, » prononce Hermès, « a des messagers et des ser« viteurs très nombreux : frissons, fièvres, phtisies, péripneumo« nies, épées, repaires de brigands, coupes de ciguë, juges, tyrans.
« De tous ces périls les hommes n'ont cure tant qu'ils prospè« reut; mais qu'un échec arrive, ce sont des clameurs, des do« léances, des hélas] à n'en plus finir. Et pourtant, si tout d'abord,
« dès le principe, ils s'étaient mis dans la cervelle qu'eux-mêmes
« sont mortels, et qu'après avoir séjourné dans la vie pendant
« cette faible durée de temps, il faudra qu'ils en sortent comme
« d'un songe et laissent tout sur la terre, ils vivraient plus sagece mentet mourraient avec moins de regrets ; mais, tout au rebours,
« comme ils espèrent jouir éternellement de ce qu'ils possèdent,
« quand le ministre de la Mort, se dressant devant eux, les appelle
« et les emmène après les avoir enchaînés par la fièvre ou par
c une maladie de consomption, ils s'indignent d'être arrachés à
ce la vie contre leur attente.... »
Et Charon de faire chorus avec Hermès : il assimile plaisamment
les hommes, avec leur passage plus ou moins éphémère en cette
vie terrestre, aux bulles ou globules d'air qui, se formant sous une
cascade et composant l'écume, crèvent, les unes plus tôt, les
autres plus tard. La comparaison est aussi enjouée et familière
qu'elle peut l'être au cours d'une aussi triste dissertation. — Et
le dernier mot de la sagesse, le précepte par excellence qui s'impose à Lucien comme à Charon son interprète, c'est qu'il faut
vivre « en ayant toujours la mort devant les yeux ». La vie n'est
qu'une lente préparation au trépas. Certes, Terlullien, l'abbé de
Rancé ou Bossuet n'eussent pas prêché sur un autre mode, ni
conclu d'autre sorte.
Deux mots de rappel, pour Unir, sur le rôle de Charon dans les
255
Ces noirs tableaux, qui viennent de leur être déroulés d'avance
avec leurs commentaires, épouvantent peut-être nos jeunes lecteurs. Mais qu'ils se rassurent ! La touche alerte et la verve brillante du peintre leur plairont plus, nous en avons l'assurance,
que ne les troublera la source de son inspiration. N'oublions pas.
au surplus, que toutes les œuvres de Lucien, si sérieuse qu'en
puisse être la matière, sont, comme les Contes de Voltaire, de
simples railleries. Il châtie en riant.
XAPÎ2N H EniZROnOYJNTES
E P M H S KAI X A P Û N
Charon explique à Hermès le but de son excursion sur la terre
et le prie de vouloir bien lui servir de cicérone. Hermès hésite,
puis accepte. 11 consent à obliger un ami, dût-il lui en coûter
cher.
[1] E P M I I 2 . T i veXa;, où Xccpuvv ; -q xi TO TcopOu-Etov
àitolntùv Ssïïpo àvsÀTJXuOa; éç x-qv -qo.£xspxv, où xâvu Etcofrojç
eTrtj/ojpnxÇsiv xdïç àvio Ttpocyp.ao'iv ;
X A P i l N . 'ETCEâùuvqtra, w 'Epu/q, tSsïv OTCOTCÉ Éaxi xà év
TÔJ Bt'o) X7.Î 7 7ip(XXXOUO''.V OC àvOpCOTTOl £V 7UXÔJ Tj TCVtOV GTE-
poùaevot TCOCVXEç oïu.tocjoua'i xaxtovxEç xcap' 7j[J(.âV oùûEi; yàp
aùxàiv aSaxooxc OIETCVVEIKTEV. A'[x-qxâu,£VOç oùv xcapi xcâV'AtSou
xat aùxbç oicnrep b ©exxaXôc èXSLVOç VEavt'crxoç p/av •qu.épav
XCTTOVECOç yevécrâat, àvEXvjXuôa s; xô cptSç, xat p.ot OOXôJ Iç oéov
HERMES ET CHARON.
Charon explique à Hermès le but de son excursion sur la terre et le prie
de vouloir bien lui servir de cicérone. Hermès hésite, puis accepte. 11 consent à obliger un ami, dût-il lui en couler cher.
[1] HERMÈS. Pourquoi ris-tu, Charon, et pourquoi as-tu quitté
ta barque afin de monter ici, en notre terrestre séjour? Tu n'avais
nullement coutume de venir inspecter les choses d'en haut.
CHARON. J'ai eu envie, Hermès, de voir ce qui se passe dans la
société humaine, ce qu'y font les hommes, de quels biens ils sont
privés quand ils descendent tous en gémissant chez nous : car
aucun d'eux n'a fait la traversée sans verser des larmes. J'ai donc
prié Hadès, moi aussi, à l'exemple de ce jeune Thessalien, de me
laisser un seul jour abandonner mon bateau, et je suis monté à la
lumière. Il me semble que je t'ai rencontré à propos : car tu
CHARON ou LES CONTEMPLATEURS
HERMES ET CHARON.
Charon explique à Hermès le but de son excursion sur la terre et le prie
de vouloir bien lui servir de cicérone. Hermès hésite, puis accepte. 11 consent à obliger un ami, dût-il lui en coûter cher.
^ [1] E P M H S . T( yeXâî,
<o Xâpwv ;
!
q xf àTroXiTtwv
xô 7rop6p.Eîov
àvs>.Y|),u6aç SsOpo
k TT]V qp.Exépav (yqv),
oùx etwSwî Travo
ÈTur/mptâÇeiv
xot; repâyu-ao-n/ avw;
X A P Q N . ? Q «Epjwi,
ÈTTEGvp.qixa îèEÎV
ÔTroïa gffxt xà
èV xôi fKw xa'i S 7ipaTxo'jcHv
oi avGpw7voi âv aùxô
q xhaov a"t£poôp.Evoi
IîOîVTE; oîpiwïoucri
xaxtdvxE; Tcapà YJPL2ç •
yàp oùcVtç aôxdiv
ôtÉ7r)isu<7£v àSaxp-JTi'.
Oùv xa\ aùxo;
ôJOTTEP èxEÎvo;
ô veavlaxo; 0ETTa).àç
atxqo-âu.Evo; vvapà xou "Atôou
YEVéO-BO» XtadvEw;
U-tav quipav,
àveXqX'jOa è; xb pwç,
xat ooxw [AO!
ÊvTExuy.qxévai aot è; Slov •
LUCIEN. — Extraits.
[1] HERMÈS. Pourquoi ris-to,
6 Charon?
ou pourquoi ayant-quilté
la {ta} barque
cs-to-monté ici
j u s q u - à notre pays.
ne-pas ayant-coutume tout-à-fait
de-venir-souvent-voir
les choses en-haut?
CHARON. Ô Hermès,
j*-ai-désiré avoir-vu
quelles sont les-c/toses
dans la vie et cc-que font
les hommes dans elle
ou de-quelles-cftoses étant-privés
tous gémissent
descendant chez nous :
car aucun d'-eux
n'-a-fait-la-traversée sans-larmes.
Donc aussi moi-même,
comme ce-fameux
jeune-homme Thessalien,
ayant-obtenu-par-priére d'Hadès'
d'-être-devenu ayant-quitté-le-baleau
pendant un-seul jour,
/'e-suis-monté à la lumière,
et je-semble à-moi
avoir-rencontré toi à propos :
j7
ÊvTETo^YjXÉvX'. coi ' ÇsvayqGsi!; yàp EU otS' |oxt p.s Çiqi/jispivocrxùJv xoù ôîtcJE;; exaaxa eb; av dSwç, airavxa.
E P M . Où ayolq
u.0'., w TCop9u.su" * àirép^oy-at yâp TI oca-
xov"qo"d;x£vo; T û àvio Au xàW avôpojTC'.xôJv ' 8 Se ô!;ù6uu.o; éVrt,
xat Séota p.ï] jspaoûvxvxx U.E ô'XOV ûu.exEpov ÈâtjY] stvac, ixapaOOÙç TÙj ÇdcpCp, Yj, OTCSO XOV ''HfflaKTXOV TCpcpT|V ÈTCOtYXTê, pi'^Yj
xàu.è xExxytbv xoù" TTOOO; axb xo3 6s<77te<ïiQu pVqXoîS, d>; ÛTtoaxdtÇwv yéXtoxa Ttapsyxuuii xat aùxoç o'tvo^oSv.
XAP.
C1IAR0N.
XÀPQM.
258
IIsptdeJE'. oôv a s aXXto; TcXavcouiEvov ûrcsp yqç, xa^
xauxa Ixatpoç; xa't !;UU.TCXOUç xat çuvStaxxopoç ôjv ; Kat [XYJV
xaXojç etysv, eu M a t a ; Ttaï, éxsivwv youv ai u.£u,v-qff9at, oxt
IXTJSETCWTCOXé trs à] avxXeTv ixÉXsuo-a r\ TcpoaxwTcov elvxt • aXXa
tri» u.èv péyxstç éTù xou xaxao"xpwu,axoç IxxaO&îç, (ou.ou; oûxw
xapxsooù; eywv, q s? xtva XàXov vsxpbv IùOOIQ, Èxstvoi xcap'
guideras mes pas d'étranger, j'en suis sûr; nous nous promènerons ensemble, et tu me montreras chaque détail, en dieu qui
connaît tout.
IIERM. Je ne suis point de loisir, nocher : je m'en vais m'acquitter pour le Zeus d'en haut de certaine commission relative
aux affaires humaines; or, il est irascible, et je crains que, si je
m'attarde, il ne me condamne à vous appartenir exclusivement,
après m'avoir plongé dans les ténèbres, ou que, me traitant
comme autrefois Hèphaestos, il ne me saisisse par le pied et ne
me précipite du divin séjour, moi aussi, afin que, échanson boiteux, je devienne à mon tour un objet de risée.
CHAR. Me verras-tu donc avec indifférence errer au hasard sur
la terre, et cela, quand tu es mon camarade, mon compagnon
de traversée, et passeur comme moi? Et pourtant, il serait beau,
fils de Meea, de te rappeler au moins que je ne t'ai jamais encore
invité à vider le bateau ou à te pencher sur les rames; mais tu
rondes, étendu sur le pont, quoique tu aies de si puissantes
épaules; ou bien, si tu trouves quelque mort bavard, tu causes
yàp olSa s3 oxt SJEvayrja-si;
259
car je-sais bien que to-piloteras
moi te-promenant-avec-moï
xat SscSetç sxaora
et tw-montreras chaque-cAose
top av Eiêw; auavxa.
comme d'-aventure sachant tout.
EPM. 2>/OXY) oùx (sari) pot,
HERM. Loisir ne-£>as est à-moi,
w irop8p£Û ' yàp àTtÉpyopac ô nocher : car je-m'-en-vais
5ia-/.ovïi<TÔp.Evô;
devant-faire-une-commission [maines
certaine-commission des-cAoses huxi xtôv àvOptoTuxûv
pour-le Zeus oT-en-haut :
•ne Aiï avio '
d'-autre-part, lui est irascible,
8g o èaxtv o£û8upo;,
et je-crains que-ne iMaisse
xat SsSta p-è, èàtrq
moi ayant-tardé
p£ ppaSOvavxa
être tout-entier vôtre,
stvat ô'Xov ûuixEpov,
ayant-livre moi aux ténèbres,
rcapaboû; (ps) xôi Çop»,
ou, ce-que ii-a-fait
5), drap siroique
à-Hèphaestos tout-récemment,
xbv "Hçatorov 7ipwqv,
ii-précipite aussi-moi
pfijcn, xat Eps
du-haut-de la divine demeure
a7tb xou bzciziijlov pqXo'j
ayant-saisi moi par-lo pied,
TExayàw xo3 iroSbç,
afin-que, boitant-un-peu,
J>; ùTroc-xâÇwv
,/e-fournisse du-vive
irapÉyoïpt yéXtoxa
aussi moi-même versant-du-vin.
xat aOxb; oîvoyowvCHAR. Donc, fM-verras-avec-indifXAP. 03v TiEpid^si
moi errant au-hasard
[férence
ps TcXavoopsvov àXXw;
sur terre, et cela
[traversée
•jTckp yrjç, xat xabxa
étant camarade et compagnon-dea>v Éxaîpoç xat l-upTcXo-j;
et passeur-d'-ombres-avec-toi?
xat ^uvStâxxopoc;
Et pourtant ii-serait bien,
Kat prjv eiysv xaXwç,
ô fils de-Mœa,
[ceci,
t>i 7caî Mata;,
ai pEpvrja-Sat yoôv Èxeévtov,
toi te-souvenir, du-moins-certes, deque jamais-encore
OXt pqOETttblTOXE
j'-ai-ordonné toi ou écoper
ExéXE'jerâ ITE q àvxXstv
ou être penché-sur-Ies-rames :
T\ Etvat TCpÔtTXtlMtOV "
àXXà au psv péyxstç. [paxo;, mais toi, d'-une-part, iw-roniles
ÈXTabstç, eut xoô xaxatTxpti)- étendu sur le tillac,
È'yiov wpo-j^Qijxo) xapxEpob;, ayant des-épaules tellement fortes,
ou si fu-as-trouvé
T) Et EvipOt?
quelque mort bavard,
xtvà vexpbv XâXov,
tw-causes-avec celui-là
StaXiyv) sxst'vw
pendant la traversée entière;
mapà xbv îIXOûV oXov •
U.S IçjpTrEptVOOTÔW
260
ô'Xo-v TôV
XAPQN.
JTXOîJV
CHARON.
o'.aÀsYfi " syà) Sa TrpsaêuxT]; »v
XTJV QIXWTCI'ï.V
IpSXXW U.ÔVOÏ. 'ÀXXx TCpÔÇ, XOÎi TJGtXpOÇ, à) <piXx7.T0V 'EpuApiOV,
Sa èy<i> u)v itp£o€ôx'/iç
èpÊTJto pôvoç
TYjV 8lX(i)TT!(XV.
u.r| XXXXXI'TC7|ç
xxl ioùiv
JAS,
7r£piYJYT|iTai Ss va lv
STCKVSX9G'.U.I '
TôJ
[îtcp àjtavxa, éo; xi
(ôç 7jv u,s cù à<p7|Ç, oùosv xwv xœpXùJv
S'.oîdio ' xaQxTtsp yàp exstvot cpàXXovTai SioX«r9at'vovx£ç iv xw
axoxcp, ouxw 07] x7.y<o aoi £U,TcaXtv au.ëXu<oTTa> Tcpô; xb cptoç.
'AÀXà Sbç, ai
KOXXTJVIE,
u,ot lç àst a£U,VY]<jop.evq>
XTJV
yâptv.
[2] EPM. Tooxo xà TCpïyu.x irX-qyôov aïxtov xaxacx^(7£Tai
p.oi ' ôpoi yoov
TJSTJ
xàv p.t<j9àv
Xov TcavxaTcaciv 7)p.ïv
XTJç
£<JÔU.SVOV.
TCEpiTjYTJffEwç oux axovSo-
t
ÏTCoupYYlT^ov °^ °V w î ' xt
yàp av xat xtàOoi TIç, ôTTôTS cpi'Xoç xiç Sôv [JiâÇotxo ; ITàvxa
p.£v oùv (je îoeîv xa9' kxacxov axpiêôj; àarj/avov Icrtv, to
7cop9u.£o '
TCOXXôJV
yap xv
èXôJV
7] Siaxpiêvj ylvoixo, eixa lus
uèv x7iouxx£(j9at oSTJtjîi, xaOaTrsp àuoSoxvxa, ûjxb xoO A'.bç,
avec lui pendant tout le trajet, tandis que moi, vieux comme je
suis, je manœuvre seul l'embarcation à deux rames. Eh bien, au
nom de ton père, mon cher petit Hermès, ne m'abandonne pas,
montre-moi tout ce qui se passe dans la vie, afin que je revienne
après avoir vu quelque chose : car, si lu me délaisses, je serai
tout semblable aux aveugles : ils trébuchent et glissent dans
l'obscurité; de même, en vérité, moi aussi, par un effet contraire,
j'ai la vue faible à la lumière. Allons, dieu de Cyllènô, rendsmoi ce service, et je m'en souviendrai éternellement.
[2] Voilà une affaire qui me vaudra des coups; cela est sûr,
je vois d'ici le salaire réservé à ton guide : cela ne se passera pas
pour nous absolument sans coups de poing. Mais il faut t'obliger
néanmoins : car cominent refuser, lorsque c'est un ami qui vous
fait violence? Toutefois, nocher, il n'y a pas moyen que tu voies
toutes choses isolément avec exactitude : car ce serait l'occupation
de plusieurs années; et puis, il faudrait que Zeus me fit réclamer
'AXKô. 7ipbî xoô irocxpb ç,
tu (ptXxaxov e Epu.àpœv,
gX xccxaXwtïj; p.£,
Se iiepr/iyvio-ai
aîravxa xà èv xâ) fhw,
Sic èiravsXOotfu
iSàw x a l xi "
wç7|V (Èàv) o\> àcpîjç p.s,
Siotaa) oôSÈv Ttov TUïAWV • <
y à p xaOàitep èXEîVOI
(TçâlAovxat 5ioW6ouvovreç
£V Tti) (TXÔTO),
OUTW ùr\ x a l èyài
àp,ë),otoTT(<) trot sp,7ta),iv
rcpbç xb cpcoç.
'AXlct, <i> KoXXT|Vi£,
Sbç TT|V X^P'V P 0 t
tt,e[AVï)ffop.èvç) èç àsC
[2] E P M . Touxo xb 7rpâyp.a
xaxao-xrnJExat poi
at'xiov TîXviywv •
ôpoi yoûv r\8r,
xbv p.»j6bv x?jç ïteptïiyVjcjstoç
Ètrop-Evov T|pïv
oùx àxdvSuXov jr«VT(xiTa<jtv.
As opoiç (i7roopyr|Tiov •
yàp xî xas xtç
av irâfloi,
Ô7TOTE XIÇ 0)V CpiXoÇ
pià^oixo; Mèv ouv
èerriv àp-/)X«vûv, oj TTopfipsû,
as ISsîv iràvxa
xaxà ÉV.atrxov àxptêôiç '
yàp r) SiaxpiôX «v
yévoixo TroXXoiv èxâiv,
s l t a SEï)(7EI èpk pàv
xrjpÛTT£ff9ai ûub xoû Aibç,
261
mais,-d'-autre-part, moi étant vieux
je-dirige-avec-Ies-rames seul
l'embarcalion-à-deux-rames.
Mais au-nom du (de ion) père,
ô très-cher petit-Hermès,
ne-pas abandonne moi,
mais mène-moi-autour-de
toutes les-c/ioses dans la vie,
alîn-que je-revienne
ayant-vu aussi quelque-c/iose :
car si tu délaisses moi,
je-ne-différerai en-rien des aveugles :
car comme ceux-là
bronchent glissant-à-travers
dans l'obscurité,
ainsi, certes, aussi moi
[bours
j'-ai-la-vue-faible à-toi tout-au-reen-face-de la lumière.
Mais, ô dieu-de-Gyllènè,
accorde le bienfait à-moi
devant-m'-en-souvenir pour toujours.
[2] HERM. Cette affaire
deviendra à-moi
cause de-coups :
je-vois, du-moins-certes, déjà
le salaire de-la conduite
devant-être à-nous
[ment,
non sans-coups-de-poing entièreMais cependant il-faut-obliger toi :
car quoi aussi quelqu'-un
d'-aventure souffrirait-iV,
lorsque quelqu'-un étant ami
contraint? D'-une-part, donc,
î7-est impossible, ô nocher,
toi avoir-vu toutes-eftoses
une à une exactement :
car l'occupation, d'-aventure,
deviendrait do-beaucoup d'années,
puis i7-faudra moi, d'-une-part, [Zeus,
être-redemandé-par-le-héraut par
263
XAPÛN.
CHARON.
oà 31 xat aùxbv xojÀùstv èvEpyeîv x i xoG ©avaxou êpya, xai
comme m'-étant-enfui-servi!ement,
xaGàtuep arcoSpctvxa,
d'autre-part, aussi empêcher
èï xcù xcoXùetv
as aùxbv èvspystv
toi même d'-accomplir
xà 'Épya xou ©avâxou,
les besognes de-la Mort,
xal SqpiovJv rqv àpy/qv
[va et causer-du-dommage-à l'empire
ÏÏXoùxtovoç p.-!) vexpaywyovv- de-Pluton ne-pas amenant-les-morls
TCOXXOU xoo ypôvov •
pendant long temps;
xa't eïxa ô xsXtùvqç
et-ensuite le publicain
Aiaxbç àyavaxT-qa-ei
Eaque s'-indignera
Èp.jroÀàiv p.ïj8è oooXbv.
ne-touchant pas-même «nc-ohole.
Aè wç <av> ïfioiç
Maiscomment<d'-aventure>iu-verrais
x« xetp iXatoc xtov yiyvopivtov, les c/ioses-capitales des ayant-lieu,
xoûxo ffi-/\ (âoxl) O-XE«XéOV.
cela désormais est devant-ètre-exa
XAP. r û 'Epu.fi, a-ixbp
CHAR. Ô Hermès, toi-même [miné.
èmvAst xb psXxiffrov •
imagine le meilleur :
Se èyù) oioa oùëàv
mais moi je-ne-sais rien
xoiv vràp yîjî, wv |évo;.
des-ràoses sur terre, étant étranger.
EPM. Màv xb oXov.
HERM. En un mot,
& Xccpwv, Set Y|u.tv
ô Charon. ft-faut à-nous
TIVOç -/wptou -J'I/UXQù,
certain endroit élevé,
uç xaxiSotç Tiâvxa
alin-que fw-contemples toutes-e/toses
àno Èxeivoo • Se et p.kv
du-haut-de celui-là : mais si, d'-uneqv Suvaxbv o-ot
{/-était possible à-toi
[l ia, 'C
àveXGeîv è; xbv oùpavbv,
ate-nionler jusqu'au ciel,
oûx 3.v èxâpvojAev •
ne-pas, d'-aventurepiottif-peinerions:
yàp àv xaftetopa;
car, d'-aventure, fw-contemplerais
àxptêwç àiravxa
exactement toutes-c/ioses
èX TTEpturTfà?du-haut-de wn-feï-observatoire.
Aè èTTS\ où Ôèfjuç (ia-ci)
Mais puisque ne-pas permis est
(ue) kù ?uvôvxa e'.otoXotç
toi toujours étant-avec des-fantômes
ÈTriêaxeùeiv
mettre-lc-pied-sur
xoiv fiaa-tXsîwv xoû Atb;,
les palais de Zeus,
wpa (àdx'tv) r,p.îv
te-moment
est à-nous de
[haute.
TtEpiaxorcstv xi opoî û^qXov. regarder-autour quelque montagne
[3] XAP. ~Q 'Epp.rl, oïxOa
[3] CHAR. Ô Hermès, sais-fa
àrep èyw el'wfia Xéystv
ce-que moi /-ai-cou tu me-de dire
Tïpo; ûu.6t;; ÈTiEiSàv TrXéwgev; à vous, quand nmis-naviguons?
Pàp Ô7rôxav xb uvsùp-a
Car,'Jorsque le vent
[tombe-sur
xaxatyfaav ègitÉxq
s'-étant-élancé-avec-impétuosité
x^ ôOôvq irXayix
lo voile oblique (en travers)
262
TT|V nXoùxtovoç àpyqv tvjp.touv u.7) vsxpaytoyoîivxGC TtoÀXoO xoQ
-/_pôvou' xàxa b xeXtovYjî Aîaxbç àyavxxxrjffE'. u/qS' OGOAQV
SU.TCOACOV. l i ; 0£ xa xetoaAatx xtov yiyvoy.svcov < a v
b tootç,
xouxo rjST] GXSTCXÉOV.
X A P . Aùxbç, OJ 'Eou.'q, âTC'.vÔE'. xb SsXxtffxov
-
lycb aï
euSèv oioa xcov ûTLÈO y q ; , çsvoç cbv.
E P M . T b u.èv oÀov, o> Xâptov, bJeqXou xivo; qu-Tv oeï
vcopt'ou, u>ç àxc' IXJI'VOU -jîivxa, xaxL'So'.; " sot 3s e'i u.èv éç xbv
oùpavov àveÀÛEiv Suvaxbv 'qv, oûx av exau.vou.sv' Ix TrsptwTCTjç
yap av àxptêojç aTtavxa xaOïwpa;. 'ETCêI Sa où Gspuç siScoXoiç
as\ Êjuvbvxx i7itêaxeÙ£tv xwv pbxcnAeûov xou A'.bç, topa "q[/.Tv
ôdVqAbv xi opoc Tuspio-xoTreTv.
|_3j X A P . OiaOx, à) 'Epu.Yj, ctTTEp elcoGa Xéyetv iyto xxpbç
bpvaç, ÈirsiSàv TTXEWU.EV ; 'Orcdxav yàp xb Tmùux xaxatyt'crav
itXayt'x xvj ôGbv-q epnrstrq xai xb xuu.a ùqVqàbv àoOvj, XOXE
par le héraut, comme un esclave fugitif; toi, de ton côté, tu
serais empêché d'accomplir la besogne que te donne la Mort, et
l'empire de Pluton éprouverait du dommage si tu restais longtemps sans conduire les ombres ; ensuite, le publicain Eaque enragerait, s'il ne touchait plus une obole. Que tu voies les principaux
de ces actes, voilà ce qu'il faut aujourd'hui considérer.
CHAR. Toi-même, Hermès, avise pour le mieux : moi, je ne
sais rien de ce qui se fait sur la terre, en ma qualité d'étranger.
HERM. Avant tout, Charon, il nous faut quelque endroit élevé,
d'où tu puisses dominer l'univers ; s'il t'était possible de monter jusqu'au ciel, nous éviterions toute fatigue : car d'un pareil observatoire tu contemplerais nettement le monde entier. Mais, puisqu'il
ne t'est pas permis, vivant sans cesse avec les fantômes, d'escalader
les palais de Zeus, il est opportun que nous cherchions autour de
nous quelque haute montagne.
[3] CHAR. Tu sais, Hermès, ce que j'ai coutume de vous dire,
quand nous naviguons? Que nous soyons, en effet, assaillis parle vent soufflant avec impétuosité par le travers de la Voile, et
264
XÀPÛN.
ûptslç u.sv UTC' ayvotaç xeXsÛExe xqv ô6ôvX|V axsTXxi xj svSoovat
c-Xi'yov xoèi ttoooc, TJ covsx3pau,E"tv TôJ TTVÉOVXI, iyw Si x-qv •qo'iijqixv ayetv 7iapaxsAeuou.at ôjxïv ' xùxbç yàp eiSsvat xb jiÉAxiov.
Kaxà xaôxà 5xj xa! où Ttpxxxs ÔTtoux xaÀfii; SJçEW vopu'ÇE'.ç,
xuêEovqTTji; vûv ys <Xv - éyw Se, ojCTtsp ircSaTatç vôptoç, fftwTtr,
XX6ESO0U.X! TXXVXX 7têc6ôuLEvo; XEAEûOVTI cot.
Hermès et Cliaron s'occupent de choisir un poste d'observation
favorable à leur enquête.
E P M . 'OpQmç XÉyE'.ç ' aùxb; yàp EÔ7op.xt xi Troixrxsov xat
Ë£eupxjo-io xqv txxvxjv ffxoir-qv. 'Ap' onv b Kaûxxffo; ETUXXJSE'.Oç
X] 6 Ilapvxijabi; TJ mJrqAôxEpo; au.coofv b 'OAupvTroç Ixeivoat ;
Kat'xot où cpaOXov o àvEfxvxjcrÔXjV è; xbv 'OAutuiov àTuSciv '
duyxau-Eiv SE xi xxt uTcoupyT|Cxi xat cï bel.
C1IAUON.
xai xo xuua
àpôxj ùtjeriVov,
TOTc ÛpEÏç pLSV
ûxb ayvoia; XE^ESETE
OTEfXat Tqv OôOV/JV
vj âvSoôvou oXiyov
xoy 7to8b? r\
<ruvsxSpap.Eîv xw TTVéOVXI,
8k éyù
7rapûr/Ê),suo[ia[ Op.ïv
aysiv TY|V •J)OTJXtav '
yàp aèxbç etSevai
TO pÉXxiOV. Aï] du xai
xaxà xà xoxà upxxTE
à/rcôcra vopiÇsiç E^EIV xaXôc,
8>v vov ye xuêepvqxïjç '
8s èyw, (otrirep
vôpoç (ÈffxW) eittSdtxou;,
xa6sSoîip,ai mcnrôj
ireiôop-evoç irctvxa
noi XEXEUOVTI.
que le flot se dresse bien haut, alors, vous, dans votre ignorance,
vous me priez d'amener la voile, ou de lâcher un peu le câble, ou
de courir avec le vent; mais moi, je vous prescris de vous tenir
tranquilles : car moi seul, vous dis-je, je connais la meilleure
manœuvre. Uses-en donc de même à ton tour : ce que tu juges
à propos de faire, dis-le, puisque te voilà maintenant mon pilote.
Quant à moi, comme c'est l'habitude pour les passagers, je m'assoirai en silence, et j'obéirai ponctuellement à tes ordres.
Hermès et Gharon s'occupent de choisir un poste d'observation favorable
à leur enquête.
HERM. Tu as raison : oui, moi seul je saurai ce qu'il faudra
faire et je découvrirai le point de vue favorable. Le Caucase ne
conviendrait-il pas, ou le Parnasse, ou l'Olympe, là-bas, qui est
plus élevé que ces deux monts? Ce n'est pas une mauvaise idée
que d'avoir songé à l'Olympe en l'apercevant; mais il faut m'aider
un peu et me prêter main-forte, toi aussi.
265
et-qwand le flot
a-été-soulcvé haut,
alors vous, d'-une-part,
par ignorance ordonnez
fi'-amener la voile
ou de-lâcher tm-peu
du câble ou
de-courir-avec \e-vent soufflant,
maisj-d'-autre-part, moi
je-recommande à-vous
de-conduire {garder) la tranquillité :
car j e dis moi-même savoir
le meilleur. Certes, toi aussi
selon la-même-/açon. fais
ce-que fu-crois être bien.
étant maintenant du-moins pilote :
mais moi, comme
coutume est aux-passagers,
je-m'-assoirai en-silence,
obéissant en-toutes-e/ioscs
à-toi ordonnant.
Hermès et Gharon s'occupent de choisir un poste d'observation favorable
à leur enquête.
HERM. Pu-dis avec-rectitude :
car je-saurai moi-même
quoi est devant-être-fait
et je-découvrirai
\blc).
le point-de-vue suffisant (co?iuen«TT,V <TXOIïY|V txavxjv.
XApa oùv 6 Kauxaaô; (èCTIV) Est-ce-que donc le Caucase est
convenable ou le Parnasse
àiriTrjSeto; î| o riapvaa-ab;
ou celui-là l'Olympe
ï) ÈXElVOffl â "OXupLivo;
plus-haut o/ue-tous-les-deux?
ù'j/qXoxEpo; àpzpoîv:
Certes, ce-que je-me-suis-rappelé
Katxoi o àvsp.vT|cr6iqv
ayant-regardé vers l'Olympe
àitiSùv È; xbv "OXo|A7rov
n'est pas mauvais :
oùx (SCTTI) cpaùXov "
mais r'Z-faut aussi toi
8e 5Eï xaî as
prendre-de-la-peine-avec un-peu
o-uyxap.eîv r:
et aider moi.
xatù7roupyf|Sra[.
EPM. AlyEiî opQôi? •
yàp Estiropiat aùxb;
xi (sari) itotïixéov
xaî è|sup7Jo-w
266
XAP.
XAPON.
GHARON.
-
npôoraTTS ' uTîouoy-qtîto yàp ocra B-uvarà.
E P M . "Ou/qpoç o TcotYjT7]î çpY)fft Toù; 'AÀcoéoj; uîéaç, Sùo
xal aufoùç. ovxaç, sxt -rcaTSaç IQsÀ'rjcct' TCOTI TVJV "Oaaav ex
ffàÔpwv àvx<j7râoavTaç ènriôsTvat T û 'OAuauop, eixa xb HyjXtov
ÉTC' aux'/j, ixavTjV xaûxYjv xXt'aaxa s'^siv oiop-évoui; xat Tcpocrfiatriv âîxi xbv oùpavôv. 'Exet'vto u.èv oùv xùi ustpaxi'cn — àxxcrfiaAto yy.p TjcrxTrjv — ot'xaç ÊxtffCtxTjV vu» Bs — où yap STCI
x'/xôj xùiv ôeâjv xauxa pouX£Ûop.ev —• r( oùy\ oixo3op.oop.ev
xai auxoi xccxà xà aôxà l-îTtxoXtvBodvxeç èTtâXXTjXa xà opiq, cï>;
evyotpev àa>' ô'|7iXoxécou âxpiSecrépav xiqv axoTtYjv;—
Aussitôt fait que dit : ils élèvent une sorte d'échafaudage de
montagnes, Pélion sur Ossa, Parnasse sur OEta. Après quoi, ils se
hissent avec précaution, s'asseyent chacun sur un sommet du Parnasse, et jettent les yeux autour d'eux. Mais Gharon se plaint
d'y voir fort mal.
[6] X A P . 'OpôJ yôjv 7roXXr|V xat Acp.v7jv rtvà
p^yolX^v
TreptppÉoocrav xai opTj xai iroxap-où; xoù Kcoxoxoo xac IIopcCHAR. Commande : je te seconderai de mon mieux.
HERM. Le poète Homère conte que les fils d'Aloée, qui étaient
deux, eux aussi, voulurent jadis, encore enfants, arracher l'Ossa
de ses bases et le mettre sur l'Olympe, puis poser le Pélion pardessus, se figurant qu'ils auraient là une échelle suffisante pour
parvenir jusqu'au ciel. Pourtant, ces deux jeunes gens subirent la
punition de leur fol orgueil; mais nous, — qui ne formons pas ce
plan pour nuire aux dieux, — pourquoi ne pas bâtir, nous aussi,
de la môme façon, en amoncelant les montagnes les unes sur les
autres, un poste d'où nous puissions avoir de plus haut la vue
plus nette?....
Aussitôt fait que dit : ils élèvent une sorte d'échafaudage de montagnes,
Pélion sur Ossa, Parnasse sur Œta, Après quoi, ils se hissent avec précaution, s'asseyent chacun sur un sommet du Parnasse, et jettent les yeux autour d'eux. Mais Charon se plaint d'y voir fort mal.
[6] CHAR. J'aperçois une vaste étendue de terre entourée et
baignée par une sorte de lac immense, des montagnes, des fleuves
XAP. npôcraTTs
yàp Û7ro,-jpy-qr/(j>
oira Sova.TCt.
EPM. ' 0 Ttotntriî "Op.-qpô;
çrqffi xoùç ulsaç 'A),o>Éo>;,
ù'vxaç Sùo xat aviToùç,
ETi •jta.XËa.i êQePqa-a; uoxe
àvacTtâr/avTa; rqv "Oacrav
sx fSàOpwv
èmôttvai Ttîi 'OVJu,rap,
eixa xb ILqXiov km auTÎj,
oïopivou;; sÇstv txavqv
TaÔTV)v x7tu,axa
[vdv.
xai TrpôcSaaiv km TOV ovpaMèv ouv
èxEtvoo TO) p-Etpaxim
— yàp vjG-rqv àTacrÔâAO) —
ÈTtcràvqv. Bt'xaç •
Bè vù> — yàp
où pVjXsùogEv vaùra
èûi xaxtë vûiv 6si5v —
Tt oùy_t olxo6op.oijp.ev
xat aùxot
xaxà xà aura
ivuxtAivSovivTeç rà Ôf/;
èuàXAT|Aa, tu; sy_otp.ev
TTJV axoTfqv àxptêeo-TÉpav
àxà •JJjïjàovépo'j ;
257
CHAR. Commande :
car j -aiderai
autant-que possible.
HERM. Ee poète Homère
dit les fils d'-Aloée,
étant deux aussi eux-mêmes,
encore enfants avoir-voulu jadis,
ayant-renversé l'Ossa
de scs-fondements,
le placer-sur l'Olympe,
ensuite le Pélion sur lui,
pensant devoir-avoir suffisante
cette échelle
et moyen-de-s'-approcher vers le ciel
D'-une-part, donc,
ces-deux jeunes-gens
— car ils-étaient-tous-deux fous —
ont-payé justice [ont été punis) :
mais,-d'-autre-part, nous-deux— car
ne-pas nous-projetons ces-choses
pour le-mal des dieux —
pourquoi ne-pas bâtissons-nous
aussi nous-mêmes
selon le même-mode,
faisant-rouler(amoncelaju) les monts
P-un-sur-l'-autre, afin-que nous-eusle point-de-vuë plus-exact
[sions
de plus-haut?....
Aussitôt fait que dit : ils élèvent une sorte d'échafaudage de montagnes,
Pélion sur Ossa, Parnasse sur Œta. Après quoi, ils se hissent avec précaution, s'asseyent chacun sur un sommet du Parnasse, et jettent les yeux autour d'eux. Mais Charon se plaint d'y voir fort mal.
[6] X A P . 'Opùi yf,v TIOAXV
xat Tiva ).(p.viqv
p.syàVqv itepippsouaav
xat opi\ xai rcovagou;
getÇova; voû KUIXUTOO
xai IluptcpXsyéOovTo;
[6] CHAR. Je-vois une-terre grande
et certain marais [lac)
grand coulant-tout-autour
et montagnes et fleuves •
plus-grands que-\e Cocyte
et Je-Pyriphlégéthon
268
CHARON.
XAPQN.
,
oXeysôovToç u,e/Çovaç xxi àvftpw7roo; TTXVU ©-[.tixçoûç. xai Tiva;
OWXEOùç. aÛTaiv.
E P M . IIOXEIç SXE7VXI eic.v, où; ©wXsoù; slvxt v6u,t'Çe'.ç.
X A P . OtaQa oùv, a> 'Ecp.T|, côç ouoàv Tjafv Trs7rpxxTa:,
aXXà [xaT-qv tôv Ilapvao-a-ôv aô-r/j KaaraXi'a xoci TïJV OS'TYJV
xxi TX àXXx op-q aeTextvyjo"ajjt,sv ;
E P M . " O n Tt ;
X A P . OuSÈv axpiëèç. Èyw youv à m TOO Ù']/Y]XOU ôpto • ISEôpt,qv Se ou TrdXetç xxi op7) aûro pio'vov waTTEp EV ypaapaïç ôoxv,
àXXx TOùç àv6p(û7rou<; auToùc xat a 7TpxTTouox xxi oTx Xsyou(TIV ' nioTTEp* OTE [AE TO TTpôjTOV ÈVTUytOV EtScÇ; y£X(SVTX Xxi
qpou p.£ o Tt ysXqrinv • àxouoaç yàp TIVOC qo-9qv É; Û7rec-
êoXqv.
E P M . Tt' SE TOUTO qv ;
XAP.
'ETCI 8EÎ7TVOV, oipvat, xXqOsiç. ùTIO TîVOç TOJV CCU'XOJV s;
T/)v ôrrepxtav, « MxXtffTX q'pu), » ei>q • xxi IXETX^ù XsyovToç,
X7CO TOÙ TÉyOUÇ X£pXU.£Ç lu.TCE<JOUffa, oûx OtS' QTOU XlVq<7XVTOÇ,
X7TÉXTEIV£V auTov. 'EyéXxo-a oùv, oûx È7UTSXéO"XVTO; TTjV û«rôplus grands que le Cocyte et le Pyriphlégétlion. des hommes tout
petits et leurs espèces de tanières.
HERM. Ce sont des villes, ce que tu prends pour des tanières.
CHAR. Sais-tu donc, Hermès, que nous n'avons rien fait qui
vaille, mais c'est en vain que nous avons déplacé le Parnasse avec
la fontaine de Castalie, l'OEta et les autres montagnes?
HERM. Qu'est-ce à dire?
CHAR. Pour mon compte,'je ne vois rien distinctement d'une si
grande élévation: je ne prétendais pas seulement voir des villes
et des montagnes comme sur des cartes, mais les hommes euxmêmes, ce qu'ils font et ce qu'ils disent, comme lorsque, m'ayant
rencontré tout à l'heure, tu m'as vu rire et tu m'as demandé de
quoi je riais : j'avais, en effet, entendu quelque chose qui me comblait d'aise.
HERM. Qu'est-ce que c'était?
CHAR. Un homme invité à dîner, je pense, par un de ses amis
pour le lendemain, lui répondait : « Sans faute, je viendrai s ; cl.
tandis qu'il parle, une tuile tombe du toit, détachée je ne sais
comment, et le tue. Alors, j ' a i ri de ce qu'il n'a pas rempli sa
269
xaiàv6?(àirou; rexvy <T|itxpoù;
xaî vtva; cpofXeoùç aÙTÛiv.
EPM. 'Exeïvxtelffsvirà^siî,
OVççCOXEOù; vojuÇEt: EivaiXAP.OhrOa o5v,tù *Epu.r„
ù>ç oùSèv TrkirpaxTai rjg.iv,
àïloi p.îT£xtvvi<Tau.£v
UXT-çV TôV Ilapvactfôv
KaoraXi'a aùrrj
et hommes tout-à-fait petits
et certaines tanières d'-eux.
HERM. Celles-là sont des-villes,
que tanières tu-penses être.
CHAR. Sais-tw donc, ô Hermès,
que rien n'-a-été-fait à-nous (par
mais nous-avons-déplacé
[uows),
en-vain le Parnasse
croec-Castalie elle-même
•/.ai T/,V OLTYJV
et l'OEla
/.ai va aX),a opr) ;
EPM. " O T I T S ;
XAP. 'Eytb yoùv
opù oùSsv àxpiëè;
àîrô TOù i'l;/|Xov ~
3k èSEopiqv oùx opïv
rcôXstç xai opq
a-JTÔ govov coarcspsv ypacpaiç,
àXXà TOÙ; àv9pd)7rovi; avToù;
/.ai â
TCpâTTouçn
xai ota )iyo'j<riv •
(ocTisp OTE
ÈVTU-/WV (aoQ Tô irpôirov
Eiôéç (AS yaXâivTa /.ai
Tjpov (AE o TI y£À(pv)v
yàp àxoùo-a; T'.vb;
via-Griv è; Ù7tep6o),T)v •
EPM. Aè vi TOôTO i)v;
XAP. KXï}6et;
èJII Setuvov, olpai,
et les autres montagnes?
[quoi)?
HERM. Parce~que quoi
(pourCHAR. Moi, du-moins-certes,
je-vois rien exact (distinctement)
du-haut-de l'élévation :
mais je-demandais non-pas «-voir
villes et montagnes
[caries,
cela-même seul comme dans desmais les hommes eux-mêmes
et ce-que i/s-font
et les-choses-que //s-disent :
comme lorsque,
ayant-rencontré moi d'abord,
/«-as-vu moi riant, et
'u-demandais-à moi de quoi je-riais
car ayant-entendu quelque-càose
je-me-suis-réjoui à /'-excès.
HERM. Mais quoi cela était ?
CHAR. Ayant-élé-appelé (invité)
a wn-dîner, je-crois,
•JTTO TIVO? TôJV (pi'Xcov
par quelqu'-un des amis
iç TTïV ùaTspaiav,
« Mâ).i<TTa rfctt, » SçTJ/.ai [AETa^ù XéyovToç,
xepap.i; èjAiTE^oOa-a
àitô TOû TÉyov;,
oùx oïSa STO-J xivVavTo:,
àTcéXTESVEV avTÔv.
Oùv £yé>.a<7a, î
(aÙToû) oùx ÈTtiTeXÉo-avTo;
pour le lendemain,
i Sûrement, je-viendrai «.disait-// :
et pendant parlant,
«nc-tuile étant-tombéc-sur-/«»
du-haul-de le toit,
je ne sais qui ayant-remué elle,
lua lui.
Donc, j'-ai-ri,
lui ne-pas ayant-accompli
270
XAPfJN.
cyctrtv. " E o t x x Sî xas vuv ÛTroxaTaêrja'SGQa!, OJç p.5XXov |SÀ£itoiu.! x a i àxoûotjju.
Hermès, en récitant u n e formule d'Homère, fait que Charon
distingue parfaitement le p a n o r a m a qu'il a sous les yeux.
[7]
E P M . "Ey'
TqV OTtOO-yeiTCV.
Aè xat vûv k'o ixa
ûitov-aTaêritrETÔat,
m; pXÉiioip.1 •/.où
àxoûo'.pt pSXXov.
271
la promesse.
Mais aussi m a i n t e n a n t je-crois-bon
de-devoir-descendre-un-peu-plus-bas,
afin-que je-visse et
entendisse d a v a n t a g e .
à r p s u . * ; • x a i TGOTO y à p Éyà> tàffou.at coi
x x l ô;uSîpxso*TaTov Iv Ppxjf_ef à/rc^avcâ, Tcap' 'Ou-rjoau TCVX
x a i irpo; TOOTO s7r(pOT|V Xxëwv " xàïtEiSàv EI'TCW t a Eirq, p.Éu,vri(;o
u.T|X£Tt au.ëXuwTT£tv, aXXà ua^djç 7totVTX ôpav.
XAP.
CHARON.
A s y s uo'vov.
EPM.
'AyXùv 6' «3 TOI àrc' ôcpoa>,|jiwv sXov, 5] icpV; êirîîsV,
o<pp' s3 yiYviôo-xn; rigèv 9sbv r\8ï x a i àvSpa.
*
t EffTiv ; YjOï, o p x ; ;
X A P . 'l'Tceptpuùiî ye • TutpXb; h Auyxeùç éxsïvoç d»ç TCOO;
Epti " OJCTTE ïÙ TO ETtè TOUTW TTCOOTOloao'Xé LIE XXt à7COXp£V0U
ÉpojTtSvTi. 'AXXà pouXet x à y w x a x à t b v "Opvripov Epcopiat e s ,
toç p.â8r,ç. oûo' a û t o v XJXEXETYJTOV o v r a IXE TOJV 'Op/ypou ;
promesse. Mais j e préfère maintenant descendre u n peu p l u s b a s .
alln de mieux voir et de mieux entendre.
Hermès, en récitant une formule d'Homère, fait que Charon distingue
parfaitement le panorama qu'il a sous les yeux.
[7] HERM. Ne bouge p a s : je vais guérir ton i n f i r m i t é . e t te
donner sur-le-champ le regard le plus perçant, en e m p r u n t a n t
pour cela u n e formule à H o m è r e ; et q u a n d j ' a u r a i récité les vers,
souviens-toi de n e plus avoir la vue faible, mais de tout voir avec
lucidité.
CHAR. Parle seulement.
HERM.
J'ai chassé le brouillard é p a n d u sur tes yeux,
Pour qu'ils distinguent bien les h o m m e s et les dieux !
Qu'est-ce? y vois-tu à p r é s e n t ?
CHAR. Oui, et encore, à merveille; le fameux Lyncée était
aveugle auprès de m o i ; là-dessus, sers-moi aussi de maître et
réponds » m e s questions. Mais veux-tu qu'à m o n tour j e t'interroge en citant H o m è r e , p o u r t'apprendre q u e j e n e suis p a s non
plus étranger à la poésie homérique ?
Hermès, en récitant une formule d'Homère, fait que Charon distingue
parfaitement le panorama qu'il a sous les yeux.
[7] E P M . v E-/s àTpép.« '
[7] HERM. ^Tiens-toi sans-hougor :
car, moi, je-guérirai à-toi
aussi cela, et rendrai
xai TOùTO, x a i àTtocpctvm
toi à-la-vue-très-perçante
(<re) o^oSEp/Éora-ov
en «n-court-fem/Js, ayant-pris
èv fipayeï, Xaëù>v
d'Homère certaine formule
îtapà 'Ou/ôipo-J Tivà âTT<»>S?]V
aussi pour cela :
xai upôç TOUTO "
et-après-que j'-aurai-dit
x a i ÈTUEtSàv eùrco)
les vers, souviens-toi-de
Ta STCV), p.Ép.VïlO-0
ne-plus avoir-la-vue-faible,
pnxÉTt apëXotoTTEiv,
mais de-voirtoutes-e/ioses nettement.
àXXà opàv TtâvTa a"a;pù>;.
CHAR. Dis seulement.
X A P . Asys u.ôvov.
HERM. d'-ai-enlevé, d'-autre-part.
E P M . "EXov 8k
en-sens-inverse à-toi
a3 TOI
des yeux ie-hrouillard,
ànb ôçôaXpitôv àyXuv,
qui était-dessus a u p a r a v a n t , afin-que
rj âTr-qsv 7tpiv, oçpa
fu-distingues bien soit dieu,
ytyvujo-xrçç E3 Yjjjtsv Osôv
soit aussi h o m m e .
viSè xai àvSpa.
Qu'est-ce? U(-vois m a i n t e n a n t ?
T t èOTIV ; ôpàç ï;SY, j
CHAR. Merveilleusement
X A P . TTiEppodi;
du-moins :
us-fameux
Lyncée était
èXEÏVOî ô Auyxeu; (rjv)
aveugle en comparaison de moi :
TVçXOç w; irpb; èpé"
en-sorte-que toi, là dessus,
t!)0"Te (TU TÔ Élu TOUTO)
enseigne-en-outre moi
TtpoabiSacry.E p.s
et réponds à-moi-interrogeanl.
x a i omoxpivou ÈptoTcôvTi.
Mais veux-fw-çwe aussi-moi
'AXXà poùXst xai Èyw
epu>u.as us xaTàTov"Opy]pov, j ' i n t e r r o g e toi selon Homère,
afin-que tw-apprennes moi étant
ù>i pâOric p.s àVra
n o n - p l u s moi-même non-exercé
où8è auTÔv àp.eXÉTïiTov
des-oers d'-Homère ?
T(5v 'Ou.Y)pou ;
yàp âyù) !â<T0u.at CJOI
XAPQN.
272
E P M . Kod 7TO9SV où £"/£'.; fi TôJV Exst'vou eiÔsvotc, vaùr/jç
à il xoi Trpôc'XWTco; oùv ;
XAP.
'OpSî, ovEioisTixàv xouxo s; TTJV TÉv-vqv. 'Eyoù SE
ù - ô T S 3t£7rdpôu.ïuov aùxôv àrcoÙxvdvTy., TTOXAX pxuyopoouvxoç
àxoùca; êviwv Ixt u.épt,vTjU.yi ' xai'xoi /^([/.cuv vju.x; où u.txpbç
TOTE xaT£Xau.6av£v. 'ETTE! yàp TjoiaTO aSeiv où irccvo aunôv
xiva (ùo-qv xoiç TcXéouaiv, où; é- IloffeiSôiJv o-ovvjyayE Ta<» v £ r^~
Xy.Ç XOÙ 5T0Cpap£ TOV TcdvxOV, <jJ37TEp TOpÙVYjV Tivà £U.ë7.Ad>V TTJV
Toiaivav, xai itàffaç TOC; OuÉAXa; cùpdGuvE xai àXXa 7ioAXà,
xuxffiv TTJV Oy.Xaxxav, ùTTO TWV ITTOJV V/ECUWV aœvco xai yvdço;
Èu-TrEodùv ôAiyou SEïV 7tîptsTpEijj£v TJU.IV TTJV vaov • OTE rap xai
vauTiao-a; èxsTvo; XTr.Tjp.EOE TôJV pxJicoSiôùv TOC; TtoXXa; aùtTJ
—XUXXTJ xai XasùêSsi xai KùXXWTTI. Où Y"_aXsTrbv oùv -qv Ix
TOOOÙTOU ép.£TOu ùXiyx yoov S'.ac&uAâ~TS'.v,
HERM. Et comment peux-tu connaître quoi que ce soit de ses
omvres, étant toujours sur l'eau et courbé sur tes rames?
CHAR. Vois-tu, cette question est injurieuse pour mon talent.
Mais moi, lorsque je passais Homère après sa mort, je l'entendis
débiter bon nombre de morceaux épiques, et je m'en rappelle
encore quelques-uns ; certes, une tempête assez violente nous
assaillait alors. Car à peine eut-il commencé à débiter je ne sais
quel chant peu favorable aux navigateurs que Poséidon amassa
les nuages et troubla les ondes, y plongeant son trident comme
une cuiller à pot; il déchaîna tous les orages et beaucoup d'autres calamités, bouleversant la mer; ainsi, grâce à ses vers,
l'ouragan et les ténèbres qui soudain fondirent sur nous faillirent
faire chavirer notre embarcation; alors, aussi, le poète eut mal au
cœur et vomit la plupart de ses rapsodies avec Scylla, Charybde
et le Cyclope. 11 n'était donc pas difficile de retenir une faible
partie au moins d'un si grand vomissement.
CHARON.
EPM. Kai «dûev <rù ê'XîI;
eîoÉvai xi TOW èXEIVOV,
wv àst vaux*];
•/ai upbo-xwito;;
XAP. 'Opàç, TOûTO (ÊOTIV)
ovsiStaxixb'i è; TT|V TÉy_vr|V.
Aè ârù> ôUôTE 8is7r6p6geuov
aùtbv à7rorJavôvxa,
à-/oùcra;(aÙTOÛ)
paiJHpo'oOvTo; woXXà
uiu.vy)u.ai
k'-rc ivicov •
-/aéroi y_Eip.wv où p.ixpb;
xaxsXâu.ëavEv T)P-5; xôxe.
Fàp kWi np?axo aSsiv
xivà à>8r|v où 7rdvu aïorov
xoïç irXéouc-iv, où; o Iloo-etSàW
«uvïjyays xà; vEçsXa;
xai Èrdipa^e xbv TJôVXOV,
èp.ëaXà)v xT|V xpiaivav
(So-Tisp xtvà TOpùvqv,
[Xa;
xai âipd6uvE Ttâo-a; xà; 6uéX•/al ixoXXà dXXa,
xuxcôv xr\v ÔccXarrav,
ùx-b TôJV èTCWV
273
HERM. Et d'-où toi peux-tu
savoir quelque-c/iose des-aers de-ceétant toujours nautonier
[lui-là,
et penché-sur-la-ramc?
CHAR. Vois-r«, cela est
injurieux pour l'art.
Mais moi lorsque je-passais
lui étant-mort,
ayant-entendu lui
récitant beaucoup -de -vers,
je-me-souviens
encore de-quelques-uns ;
en-vérité, «ne-tempête non petite
s'-emparait-de nous alors ;
earaprès-que fl-commenca-à chanter
certain chantnon tout-à-fait favorable
aux-oens naviguant, à-savoir-que Poa-rassemblé les nuages
[séidon
et a-troublé la mer,
ly-ayant-plongé le trident
comme certaine cuiller-à-pot,
et a-soulevé tous les orages
et beaucoup d'autres-c/ioses,
bouleversant la mer,
par-l'-effet des vers
dcpvo) vsiu.<àv -/.ai
yvdço; Èpjtîa-wv
ireptÉxpEéjev rjuvtv Tbv vaûv
oXîyou Setv
ors itEp y.ai ê/Eîvoç
vauxteca-a; àTiTip-îc-E
xàç TcoXXàç xoiv paibwStàiv
SxùXXt) abxfi
•HCù XapùëSst xat KùxXwm.
Oùv UM où xaXsTtbv
SiaçuXâTTEiv yoùv ôXfya
soudain tempête et
obscurité élant-tombée-sur-nows
retourna à-nous l'embarcation
de-peu falloir (peu s'en faut) :
lorsque précisément aussi celui-là
ayant-eu-mal-au-cœur vomit
la plupart des morceaux-épiques
auec-Scylla elle-même
et Charybde et le-Cyclope.
Donc, î'I-était non difficile [tes-cAoses
de-retenir, du-moins-certes, cte-peli-
à-z TOO-OÙTOU éUéTOU.
d'nra-si-grand vomissement.
LUCIEN. — Extraits.
18
275
XAPQN.
CHARON.
Apparition de Milon de Crotone, applaudi par les Grecs
pour sa vigueur, et du grand conquérant Cyrus, fils de Gambyse.
Apparition de Milon de Crotone, applaudi par les Grecs pour sa vigueur,
et du grand conquérant Cyrus, fils de Cambyse.
274
[8] X A P . Enté yap p.01 •
TIC x* ap' 06' èfftl ita^taxoç avqp Trùç TE piya; TS,
*s!;a)poç. àvôpbjuiov XEsaXïjv x«\ EopÉa; (ogouç ;
E P M . Mt'Xwv OUTOç ô ex Kpôxwvoç à0Xirçrrçç. 'ETrixpoToutfi
S' aôxôj oî "EXX-qvsç, oxt xbv xaopov apàiievoç cpépet 3ià xoo
cxaotou uitrou.
X A P . Kai Tcôctp Sixaiôrepov xv Épi, o> 'Eppvq, ercaivoïev,
oç aùxôv coi xôv MiXtova p.ET oXt'yov çuXXaëoov êv6"qrjou.ai iç
xb cxaotoiov, ÔTtôrav rjxyi rcpbç "qu-xi; OTCO TOO âvxXtoTOTxxoo
TôJV àvTayojviŒTÔJV xaTairaXaiffOsi; TOO ©avaxou, pvrjSs Çuveiç
OTCWç ooixbv UTtoiïxsXiÇEi ; Kàxa olpv.dô;eTxt "qp-Iv S^XaS-f], p.eu,vTip.évoî TôJV cxecpavwv xoûxwv xai TOO xpoToo " vov Sa o.eya
topoveï 6auu.aCdji.evoc ÉTù xy TOO Taôpoo apopS. Ti'o' oûv otY|6oju.ev; ""Apa ÉXiriÇstv aùxbv xxl Te6vq;ec6at' TCOTE;
Apparition de Milon de Crotone, applaudi par les Grecs pour sa vigueur,
et du grand conquérant Cyrus, dis de Cambyse.
[8] CHAR. Voyons, dis-moi :
Qui donc est ce héros très gros, brave et robuste,
Qui dépasse tous par le chef, le large buste?
HERM. C'est Milon de Crotone, l'athlète. Les Grecs l'applaudissent, parce qu'il a soulevé ce taureau et qu'il le porte à travers le
milieu du stade.
CHAR. Et combien plus justement, Hermès, pourraient-ils me
complimenter, moi qui bientôt m'emparerai de Milon lui-même
pour le mettre dans mon canot, lorsqu'il sera venu chez nous.
terrasse par le plus insaisissable des adversaires, la Mort, sans
avoir même compris par quel croc-en-jambe elle l'a renversé!
Alors, sans doute, il gémira devant nous, au souvenir de ces couronnes et de cet applaudissement; mais, pour l'instant, il est bien
fier d'être admiré pour son exploit du taureau. Que devons-nous
donc en penser? Faut-i! croire qu'il s'attend, lui aussi, à mourir
un jour?
[8] CHAR. Car dis à-moi :
« et qui, certes, est cet homme
très-gros et brave et grand,
dépassant les-bommes quanta la-lèle
et (es-larges épaules ?
HERM. Milon est celui-ci,
E P M . MîAuiv (ÈGTTtv) O-JTO;
l'athlète de Crotone.
ô iOX^T-qç EX KpÔTCOVO?.
D'-autre-part, les Grecs
As 0'. "EXàï)VEç
applaudissent à-lui,
ÈrctxpoToija'tv au™,
parce-que ayant-soulevé le taureau
ô'xi àpâp.evoc xàv xavpov
t7-porte lui
cpépEi (avTov)
Stà pécrc-u TOU craôtov- [pov, à-travers /e-milieu du stade.
CHAR. Et combien plus-justement.
XAP. Kai 7tôo-q) Sixaiôxeô Hermès, d'-aventure tls-loueraient
w 'Eppri,av «ratvoUv épie,
qui après peu (bientôt),
[moi.
bç p-exà ô)iY0V
ayant-saisi
à-toi
^uÀXaStov trot
le Milon lui-même,
TôV MCXbiva aÙTov
le déposerai dans la barque,
iv6r|0-op.ai é; Tô axa<pî8iov,
lorsqu'î'Gsera-venu vers nous
ÔTtôxav TJxrj Ttpoc rprâ;
ayant-été-vaincu-dans-la-lutte
xaTa^aXataSd;
par le plus-insaisissable
OTTO TOû àvaXfOTOTcarou
des adversaires,
T(bV àvTaYO)VUTT(i>V
la Mort,
-où ©avàxo'j,
ne-pas-même ayant-compris comment
[i.-r\5t Çuveiç OTTW;
e(le-donne-un-croc-en-jambe-à lui ?
'jTtOdXEXîiiEi auîov ;
Et-ensuite, «i-gémira à-nous
Ka\ sixa oigtô^ETat ïigfv
à-savoir, se-souvenant-de
S'qXaSï], p.£p.vï)p.évoc
ces couronnes
TOVJTOJV Tft)V <TTEÇ>àv(DV
et de-l'applaudisseinent;
XOÙ TO'J x p Ô T O U "
mais maintenant il est fier
SE VJV <ppovEÏ \iiya.
étant-admiré
à-propos-de
6aup.aCbp.svoc èIT\
l'action-de-porter le taureau, [nous"!
Tï) epopà TOU xaùpou.
Mais réellement, quoi penserionsAè oôv TI oîvjÛnitxEv ;
Est-ce-que nous penserions
*Apa auTov
lui s'-attendre-à
èXTU'ÇEIV
devoir-mourir aussi un-jour?
TE6vq?EO-6at X « [ 7T0TE;
[8] XAP. Eàp dite pot« TE TIC apa êcmv oSe àvrip
TcayioTOç TE T|Uî TE piyac,
£?ojroç àvôpcoTcwv xecpa),Y]v
xai sôpéaç t>î\j.auç,;
276
CHARON.
XAPQN.
E P M . Ilôôev ÈXE/VO; OXVXTOU vùv u.VT|U.ovîûffïtev xv èv à/./.?,
TocauTYj ;
X A P . "Ex TOUTOV oùx et; [/.xxpxv yèXojTa 7)U,ïv Ttapé^ovxa,,
ÔTtoxav irXs-q u.7]S' èptt'ôx quiv, o ù / oitw; xaupov, ITI àpxi9at
ouvxu.£Vt>ç, [9] où 6s jxot êxetvo étire,
rî; T' ap' 53' aXio; ô <7cU,vb; àvrtp;
où/ ''EXXïJV, ôJ; eotxsv àrcô yoùv i-q; (JTOXTI;.
E P M . KOpo;, w Xâptov, b Kao-Sùcou, 6; TT)V àp/>\v irxXxt
MijScov è/ovrwv vùv riepo-âjv vjo-q enoir/iev etvat. Kai 'Acraupt'tov B' evxy/oç oùxoç éxûxnr1<Ts xoù BaëuXôôva irapedrqcaTO "
xxi vùv èXacet'ovTt èTCî, Auot'av êotxev, tî>; xaOeXwv rbv Kpoïcov
a o / o t àiravTwv.
XAP.
' O Kooîffo; Se icoù n o t e xàxetvô; êortv ;
Entretien de Crésus et de Solon, écouté par Hermès et par Charon.
E P M . 'Exetce àicôêXeUvov èç TTJV u.eyxX-qv àxpôicoXtv x-qv
TO iptirXoùv T £ t / o ; ' Sxpoei; èxetvat, xat TOV Kpoïerov XUTOV
bpxç -qo-q ÏTû XXI'VYI; /puc-q; xx9vjasvov, XôXoivt TôJ 'AÔqvxup
HERM. Comment cet homme songerait-it à la mort aujourd'hui
qu'il jouit d'une pareille vigueur?
CHAR. Laisse-le, il ne tardera point à ' n o u s prêter à rire,
lorsqu'il voguera, impuissant désormais à soulever, je ne dis pas
un taureau, mais même un moucheron; [9] mais toi, réponds à
ceci :
Quel est donc, par ici, cet autre héros auguste?
Il n'est pas Grec, comme il y paraît du moins par son costume.
HERM. C'est Cyrus, Charon. le fils de Cambyse, qui a donné
désormais aux Perses la suprématie détenue depuis longtemps par
les Mèdes. Il vient de triompher des Assyriens et de soumettre
Babylone; et maintenant il semble avoir envie de marcher contre
la Lydie, pour abattre Crésus et devenir maître du monde.
CHAR. Ce Crésus aussi, où peut-il être?
Entretien de Crésus et de Solon, écouté par Hermès et par Charon.
HERM. Regarde de ce côté cette grande citadelle entourée d'un
triple mur : c'est Sardes, et tu vois précisément Crésus lui-même
EPM. TIÔBEV ÈXEÎVO; vîiv
xv p.vrjUovEÙo-EiEv Savârov,
(tov) èV ToaaûTï) àxgrj;
XAP.
"Ex TOùTOV
irapÉ^ovva ïjp.ïv yé),toTa
O-JX sic jxaxpàv,
oirÔTav TTàÉïJ, [xvjSs
3uvdp.svoç ert âpanOat qp.ïv
Èfi7ït6a, où/_ OTIM; Taùpov,
[ 9 ] 5 è (TU EÎ7IÉ U-Ol EXEÏVO,
fî TIç âpa (Èariv) 35s aÀAOç
d âvïjp 0-Ep.vdc;
oùy. (etmv) "EAÙTQV,
tôç EOIXEV yoùv
àna TYJç. UTOXïJE.
277
HERM. D'-où celui-là maintenant,
d'aventure, se-souviendrait-*/ de-laétant dans une-telle vigueur? [mort,
CHAR. Laisse celui-ci
devant-fournir à-nous dit-rire
non dans long temps,
lorsque //-voguera, ne-pas-même
pouvant encore soulever à-nous
M«-moucheron,encore bien moinsim[9] mais toi, dis à-moi cela, [taureau ;
et qui. certes, est cet autre,
l'homme auguste?
ne-pas il est Grec,
comme //-paraît, du-moins-certes,
d'-après le [son) costume.
E P M . ~Q Xâptov, KCpo;
HERM. Ô Charon, c'est Cyrus,
'j (uibî) KagëùtTov,
le fils de-Cambyse,
o; ÈTtotr,o-£v Trjv aPX'uv
qui a-fait l'empire
[Perses,
vùv Yjârj slvat Tlspaxôv,
maintenant désormais être auxMr,3tov
/cs-Mèdes
È/ôvrtov nâÀat.
/'-ayant depuis-longtemps.
[lui-ci
Koù 5' svay^oç. OUTO;
Et, d'-autre-part, tout-récemment cesxpâtïjo-sv 'Atra-vjpitov
s'-est-rendu-maître des-Assyriens
y.a't 7raps<TTr(<raTO BaêuÀtova- et a-soumis Babylone :
[homme
xa\ vu; EOIXEV
et maintenant, //-ressemble à un
èXaueiovn èn\ AuSt'av,
ayant-envie-de-marcher contre /a-Lywç, y.afisXtbv TOV Kpoîiov
afin-que. ayant-abattu Crésus, [die,
xp/ot âirâvTtov.
//-dominât toutes-c/ioses.
XAP. Aèy.a'i Èxeîvoç
CHAR. D'-autre-part, celui-là-aussi.
fj KpOttJO; TtO'J ÎTOTÉ èc-riv ;
Crésus, où, d'-aventure, est-*/''
Entretien de Crésus et de Solon, écouté par Hermès et par Charon.
HERM. Regarde de-ce-côté
vers la grande forteresse,
la [celle) ayant
TYJV (e/ouo-av)
le triple mur :
TÔ Tpt7r7oûv Teî/o; celle-là est Sardes, et déjà
èxeivcu SâpSEï;, xai r;5r)
£i«-vois Crésus lui-même
ôpâ; TOV Kpoîiov aÙTÔv
;6r,(iEvov èid xXfvr); y^ç-jar^, assis sur tm-lit d'-or,
E P M . 'Àiro6Xe4'ov èXEîIE
èç TTJV p,eyâ/iy,v àxpdiro).tv,
278
BtaXeyôutevov. BoûXei àxodi(op.£v aùxàiv o xt xal Xéyouffi ;
X A P . IIxvu u.àv oùv.
[10] K P O I S O Z . *Q ijévs 'AÔYivoTe, sTSsç yàp «ou TôV
TTÀOûTOV xxl TOLIç OTnaaupoùç xat ocro; aarjUtoç y_puaoç ecTtv
vjuuv xat "r-qv aXÀrjV TCoXuTÉXstav, étire utot, xtva. Tjyvj TôOV
àiravxwv xv6pi/J7roav euoaiaovécjTaTov elvat.
X A P . Tt apa ô ZoÀwv épet;
E P M . ©otppet" oùoèv àyevvèç, où Xàptov.
ZOAÏ2N. ril Kpoïa-s, oÀt'yot pùv oî Euoai'pLOVEç, èyo> Se oùv
oiBa KÀsoëtv xal Birwvx yjyouaxt eùoatu.ovea'TâTCjuç yevéoôat.
< [ E P M . y Toùç TTJç tepetaç ixatoa; TT]ç 'ApydÔev arqorv
OSTOç, TGùç a a a
CHARON.
XAPQN.
irporqv aTrciôxvôvTaç, éicst T-qv [XTjTÉpa ùTïG-'
BtavTEç eÏAXDffav sirl TT(ç air-qv-qç ayot npô; Tô t'epôv.
K P O I Z . "EOTO) " eyéToic/xv êxeïvot t a updata t'qç eûSatacviaç* ô SeuTepoç oï Ttç av erq ;
Z O A . TéXXoç 6 'A9Y|VXÏGç, 3ç eu t e êëi'ai xat àireôavev
ÛTtèo t-qç iratpt'Soç.
assis sur un lit d'or et conversant avec Solon rAthônicn. Veux-tu
que nous écoutions ce qu'ils disent?
CHAR. Très volontiers.
[10] CRÉSUS. Athénien mon hôte, tu as vu ma richesse, mes trésors, tout ce que je possède d'or en lingots, et le reste de ma magnificence; eh bien, dis-moi quel est celui de tous |es hommes
que tu juges le plus heureux.
CHAR. Que va donc répondre Solon?
HERM. Sois tranquille, Charon, rien de vulgaire.
SOLON. Crésus, bien rares sont les gens heureux; pour moi, de
tous ceux que je connais, j'estime que Cléobis et Bilon lurent les
plus fortunés.
<HERM.> U parle des fds de la prêtresse d'Argos, qui, dernièrement, moururent ensemble après avoir traîné jusqu'au temple leur
mère sur le chariot auquel ils s'étaient attelés.
CRÉS. Soit : qu'ils aient le premier rang de la félicité; mais le
second, à qui serait-il?
SOL. A Tellos l'Athénien, qui a dignement vécu, et qui est mort
pour la patrie.
279
StaXsyôgÊvov SdXiovc
rai 'Aâïivat'w. BoûXec
àxouatùfi.sv avjTâiv
o u xal XÉyouo-t ;
XAP. Tlâvu (jiv ouv.
[10] K P 0 I S 0 2 .
~Q i-svs 'A6r]vaTs,
*fàp sTSeç TGV uXoÛTdv pou
et conversant-avec Solon
l'Athénien. Veux-tw
qite-noMS-écoutions e u x
ce q u e aussi é(s-disent?
xal TOIIç flqaaupou;
et les trésors
et ce-que d'-or non-monnayé
est à-nous
et l'autre magnificence,
dis à-moi, qui fit-juges
être fe-plus-heureux
de-tous les hommes.
CHAR. Quoi, certes,
le Solon dira-î-ii?
HERM. Aie-confiance : il ne dira
rien de-vil, ô Charon.
SOLON. Ô Crésus, d'-une-part,
les-oens heureux sont peu-nombreux,
d'-autre-part. moi de-ceux-quoje-sais
j'-estime Cléobis et Biton
être-devenus fes-plus-henreux.
<HERM.> Celui-ci dit
les enfants
de-la prêtresse la (celle) d'-Argos,
les étant-morts
ensemble dernièrement
après-que, s'-étant-attelés,
ifs-eurent-tiré la (leur) mère
sur le char
jusque au temple.
CRÉS. S o i t :
çwe-ceux-là aient
le premier-rano du bonheur :
mais qui, d'-aventure, serait le seSOL. Tellos l'Athénien]
[cond?
lequel et vécut bien
. - .•
et mourut pour la patrie.
xat 8<roç XPy<T°? aa-qgôç
âaxtv 'qp-îv
xal TT)V â'XXY|v iroXuxéXetav,
slité p.ot, riva ïiyvj
elvat eùSaigovéaToiTov
âxaVTdOV XÔ)V àv6p(C7IWV.
XAP. Tt àpa
à EdXcov Èpst;
E P M . ©appst- (èpst)
OVCJÈV aysvvàç, w Xàptov.
SOAQN. T û Kpoîas, p.kv
o't eèSatgovéç (etertv) oXt'yot.
8ï èyto tôv ol5a
ïjyoOjjtat KXéoêtv xal BtTtova
yevéaOat £Ù3acp.ovEaTà-couç.
< EPM. > Ouxdç tpqaiv
TOùç iraîSaç
TVJ; ispefaçfqç 'ApydOev,
TOÙç àiroBavôvraç
àpa irpqrqv,
èitel ùiroSùvTEç
Ei'Xxuaav TY|V jxv)vdpa
êirl rqç à.nr^i\z
ay_pt irpbç TO Updv.
K P O I S . "ECTTW
sxetvot èyevtotjav
va uptoTa TïJç euSaip.ovt'a;"
3e vîç av et'-t] o Ssuvspoç;
E O A . TéXXoç ô 'Albivaioç,
OÇ TE Èël'tO £\>
[Soç.
xal àuéOavev ûuèp T-qç n a r p t -
CHAR. Très volontiers.
[10] CRÉSUS.
Ô hôte Athénien,
car fw-as-vu la richesse de-moi
280
XAPQN.
CIIARON.
K P O I 2 . ' I L y à i o î , ojxà6<xpp.oc, ou coi SOXOJ £Ô8aip.co-v elvai ;
S O A . OÙOETTGJ o I S a , tô K p o t s s , r]v u-V) 7rpo; T 6 xéXo; açt'x'/j
TOU St'ou ' ô y à p BavxTOç àxptt>7)ç eXeyyoç TôJV TGTOùTCOV x x l
TO a / p i Tcobç TO TÉpu,a eùSati/.ôv»; S t a ë t â v a i .
XAP.
KocAA'.OTa, m S ô À w v , ô'Tî 7]U.WV oùx ÉTCiXéX'rjcro:!, âXXà
Tcapà T ô Trop9u.eïov a ù t ô k^ioîq
yt'yvsaâai r q v vcepi TôJV TOIOù-
TOJV x p u n v .
[ 1 1 ] 'AXXà Ti'vaç êxei'vou; ô K p o u r o ç êxTclpvTtei v] Tt s r d TôJV
ojo.tov cploQuct ;
EPM.
lIXn/Gouç T<3 Iluôitp j / p u c a ç avxTtâTjor utaGov TôJV
y_p'r|ffu,6jv, ô ç / wv x a t àTcoXECTat pxxpov ù a t s p o v " (ptXôpvotVT'.ç
SE O aVY]p ixTOTCWÇ.
XAP.
' F x s t v o y à o ê o r t v ô v-puaàc, TO Xau/Tpàv 8 àirocTtX-
&£'., rà uTtcoypov U.£T' lpu0rju.aTOç ; NOv y à p rcptoTOv sloov
àxoùojv à e t .
EPM.
' E x e t v o , ai X à c t o v , TO aot'Siuov ovop.cc x a i Tcsptpà-
v-rrrov.
XAP.
K s i pvjv oùy opôj o Tt à y a ô ô v OCÙTOJ TcpôcEoriv, ù
pïj
a p a ëv TOOTO povov, 6'TI SapùvovTat ol COECOVTSç, aÙTÔ.
GRÉS. Et m o i , m i s é r a b l e , j e n e te s e m b l e p a s être h e u r e u x ?
SOL. J e n ' e n sais rien e n c o r e , Crésus, t a n t q u e t u n'es p a s a r rivé a u terme de t a vie : c a r c'est la m o r t qui est la p r e u v e exacte
en pareil c a s , et q u i décide si l'on a m e n é u n e existence h e u r e u s e
j u s q u ' a u bout.
CHAR. C'est fort b i e n , Solon, d e ne n o u s avoir p a s oublié, m a i s
de croire q u e m a b a r q u e m ê m e t r a n c h e s o u v e r a i n e m e n t ces q u e s tions.
[11] Mais q u e l s s o n t c e s h o m m e s envoyés p a r Crésus, et q u e
portent-ils s u r leurs é p a u l e s ?
HERM. Des b r i q u e s d'or qu'il c o n s a c r e à Apollon Pythien en r é c o m p e n s e d e s oracles q u i c a u s e r o n t s a p e r t e u n p e u p l u s t a r d :
ce prince a i m e les devins d ' u n e m a n i è r e é t r a n g e .
CHAR. Ainsi, c'est de l'or, cette m a t i è r e b r i l l a n t e avec d e s r e flets, ce m é l a n g e d e j a u n e e t d e r o u g e ? Car c'est auj'ourd'liui la
p r e m i è r e fois q u e j ' e n ai vu, m o i q u i en e n t e n d s parler s a n s cesse.
HERM. Oui, Charon, c'est là cet objet si v a n t é et si d i s p u t é .
CHAR. Eh bien, j e n e vois p a s quel a v a n t a g e il p e u t offrir, si
ce n'est, en vérité, celui-là seul, d'alourdir ceux q u i le p o r t e n t .
KPOIE.AàÊyb>,<j>y.â6ap!/.a,
où êoxdi croi EIVOU EÙSae'gwv ;
S O A . Où3É7tco otâa,
ai KpoïcE,
r,V p.Y| àlffxTJ
ïrprjç ih liloç
lO\j (Itou "
281
CRÉS. Mais moi, ô ordure,
ne-pas semblé-je à-toiêtre heureux?
SOL. Ne-pas-encore je-sais,
ô Crésus,
si ne-pas tfc-es-arrivé
à la fin de-la {de la) vie :
car la mort
[sèment
y a p 6 6avaTo;
x a t ih Staêiàivat £'j8acpôv<>>; et le-/afPd'avoir-passé-sa-vie heureuà y P ' irpb; TÔ TSppa (èarVv)
jusqu'au bout est
E>,Eyy_0:;àxpiërj;T<ovTOioÙTtov. fa-preuve exacte des telles-eAoses.
X A P . KâXbtora, w SôXtov,
CHAR. Très-beau, ô Solon,
o u oùx iîriliXriaat r][/.à}v,
que ne-pas frr-as-ouhlié nous,
alAà à^ioîç Tï)V xpt'oiv
mais Zw-estimes la décision
irepl TûV TOtoÙTtov
[aùrb- au-sujet des telles-càoses
I'5yve(j0xi i t a p à Tô TtopOpiEcov devenir vers la barque elle-même.
[11] 'Al.) à r i v a ; èxecvov;
[11] Mais quels-àommes ceux-là
Crésus envoie-t-ff,
Ô Kp OÏ<70 Ç ÊXTTÉgTtEl,
ou quoi portent-î'fs
ï) Tt cpÉpouatv
kiz\ Ttôv âîp.O)V ;
[OÙ;) sur les {leurs} épaules?
HERM. /f-consacre au-dieu Pythien
E P M . 'AvaTtG^o-t Tô> TI-Jdes-briques d'-or
irMvôouç y^aiHrS.i
comme-salaire des oracles,
puaUbv Tôiv yprjOjxtiov,
en-verlu desquels aussi «7-périra
U7TO Jiv xat omoXEtTai
wn-peu plus-tard : or l'homme
pcxpov ùo-TEpov' ôè 6 àv/ip
est ami-des-devlns étrangement.
(SOTL) çtXâp-avTiç èxTÔxcoç.
CHAR. Car l'or
X A P . Pàp ô Xpvrrb;
est ce-me7af le brillant
èOTLV èxEîvo TO Xap.irpbv
qui jette-des-reflets, le un-peu-jaune
b «Tcoo-TÎXëEt, TO •Jirarypov
avec rougeur {couleur rouge) ?
p-ETa èpuâvjp.aToç;
Car maintenant
Pàp- vûv
j'e-vis lui pour-fa-première/bis
EISOV (aÙTOv) 7tpô>TOV
entendant toujours parler de lui.
àxoùcov aEt.
HERM. Ô Charon, c'est là
E P M . m Xâpoiv,
ce nom chanté
êXEIVO TO ovoptot aotoigov
et digne-d'-être-disputé {enviable).
xa\ 7i£ptp,àyT|TOv.
CHAR, Et pourtant ne-pas je-vois
X A P . Kat p.ï)v ouy bptîl
b Tt ayaGbv irpotTEo-Tt-j aÙTÔi, ce que de-bon s'ajoute à-lui,
sinon,certes, seulement celaunique
Et p.Y] apa pbvov TOOTO IV,
que Ies-^ens portant lui
OTt oî çiÉpovtE; aÙTO
sont-alourdis.
JîapùvovTat-
XAPQN.
282
CHARON.
E P M . Où yocp olo-Oa ocot TroXeaoi oià
TOUTO
xat iwiëouXat
xat XyiiTTTJp'.a xat eTC'.opxtou xat cpovot xat o£cu.a xat
TCAOUç.
ptaxoèç xat Ipvrropt'at xat SouXstat ;
X A P . Ata TOUTO, où 'Epuy/j, 10 u.7j TTOÀù TOU yaàxou o t a -
©Épov ; OtSa yàp
TôV
v/aÀxbv, oêoXov, tôç otaOa, 7rapa
TôSV
xaxaTcXeôvTtov Éxàarou sxXéytov.
EPM. Nai * àXXà 6 y^aXxb; u.èv oxolbç, «Sors où xcâvu
<JT;OU-
5à£sTat ùTC' auTôiv ' TOUTOV oè oXtyov sx iroXXou TOU 8à6ouç oi
u-ETaXXeùovTEç avopuTTouat •
TTXTJV
àXXà êx T'rj; yrjî xat
OùTOç
ùiourep 6 u-ôXuëSoç xat ik aXXa.
X A P . Astvrjv Ttva Xéystç
oî
TOOOUTOV
TôJV
àvôpajTroov
TXV
àêeXTept'av,
spaiTa èpfioTV wv-pou xat Sapéoç XT7]U.aToç.
EPM. 'AXXà où ZoXcov ye êxïtvoç, ù> Xâpwv, Ipav aùxou
©atvrrat, diç bpaç' xavay^Xa yàp [tou Kpoùrou] xat TTJç u,syaXauva'aç TOU [iap^àpou
HERM. Tu ne sais donc pas tout ce que l'or cause de guerres,
de complots, de brigandages, de parjures, de meurtres, d'emprisonnements, de longues navigations, de commerces et de servitudes?
CHAR. Quoi! ce métal, Hermès, qui ne diffère guère du cuivre?
Car je connais le cuivre, percevant une obole, comme tu sais, sur
chacun de mes passagers.
HERM. Oui, mais le cuivre est commun : aussi ne s'en souciet-on pas beaucoup, tandis que l'or est rare, on fouille à une grande
profondeur pour l'extraire; mais, d'ailleurs, on le tire de la terre,
lui aussi, comme le plomb et les autres métaux.
CHAR. Tu nous cites-là un terrible effet de la sottise humaine,
qui s'éprend d'un tel amour pour cette chose jaune et pesanle!
HERM. Mais ce Solon du moins, Charon, ne l'aime évidemment
pas, comme tu vois: car il raille Crésus et sa jactance de barbare....
283
HERM. Car ne-pas sais-O*
quelles guerres et embûches
et brigandages et parjures
et meurtres et liens
et navigation longue
xat TTXOU; gaxpbç
et marchés et esclavages
xat èuTtopLat xat SouXeîat
arrivent à-cause-do celui-ci?
(yiyvovxat) Stà TOUTO;
X A P . r Q tEppvrp Stà TOUCHAR. 0 Hermès, à-cause~de celuiTO pà) Staçépov
[TO, le ne-pas différant
.
[ci,
TTOXU TOU y^aXxoù* ;
beaucoup du cuivre?
Pàp otSa T'OV y_aXxbv,
Car je-connais le cuivre,
èxXÉywv oêoXbv, « ; olcrOa,
percevant mie-obole, comme iu-sais,
Ttapà §.xàaT0u TCOV
de chacun des-mor£s
xaTaTtXeovTtov.
naviguant-cn-descendant le Styx.
HERM. Oui : mais, d'-une-part,
EPM. N a r àXXà usv
le cuivre est vulgaire,
[beaucoup
à y_aXxd; sort TTOXU?,
de-sorte-que ne-pas zf-est-recherché
WO"TE où oTtouSiÇETat itàvu
par eux. : mais,-au-contraire,
ùirb auTÛv " oï
les-Aommes extrayant-les-métaux
ot p.£TaXXeùovT£ç
mettent-au-jour-en-fouillant celui-ci
àvopÙTTouct TOUTOV oXtyov
de la profondeur grande :
[peu
ex TOU [3à6ouç TCOXXOù •
IùYJV àXXàxat OUTO;
mais, d'-ailleurs, aussi celui-ci
(yfyvÊTat) èx xrtç yfj;
provient de la terre,
wavrsp 6 utoXuëSo;
comme le plomb
xat t a àXXa.
et les autres-me'faita;.
CHAR. TVdis certaine terrible
X A P . Aéye:; TtvàôstvXv
TTTV aëEXTEpîavTtSv àv6pojTtwv, la sottise des hommes,
qui sont-épris d'-un-tel amour
ot èpàiatv TOffOUTOV spuiva
xTripaToc ûr/poû xat [Sapioç. d'-w«-objet jaune et lourd.
EPM. 'AXXà où' ye
HERM. Mais non-pas du-moins
èxîîvoç SdXwv, a> Xâpwv,
ce Solon, ô Charon,
patvETat èpav auToû,
paraît aimer lui,
wç ôpâç' yap
comme £w-vois : car
xaxayeXS [TOU Kpotaou]
iJ-se-moque-de [Crésus]
xat xr\i u.EyaXauyja;
et de-la jactance
TOU Sapêâpou..-.
du barbare....
EPM. Tàp oùv. otaÔa
o<roc TcoXagoi xat È7ttëou),a\
xat ),v)<7Tr|pia xat èmopxtat
xat cpovot xat oeapà
285
XAPQN.
CHARON.
Solon se moque, en effet, de Crésus qui se figure qu'Apollon
l'ythien sera plus heureux si on lui consacre des briques d'or. Le
fer, d'ailleurs, est bien plus utile que l'or. Et Crésus, froissé, de
répliquer à Solon :
Solon se moque, en effet, de Crésus qui se ligure qu'Apollon Pythien
sera plus heureux si on lui consacre des liriques d'or. Le fer, d'ailleurs, est
bien plus utile que l'or. Et Crésus, froissé, de répliquer à Solon :
284
[12] K P O T 2 . 'Ael CTô u.00 TW 7TXOOTU> Tcpo<j7roXeu,ETç xal
rpGovsfc.
[13] E P M . Où cpépEt ô AuSoç, OJ Xotpwv, TVJV
rappr^t'av
xal TïjV aXrjOstav TCOV Xôycov, àÀÀct fjévov a ù t w Scxel TO
7rp5yu.Gc, 7C£V7|Ç àvôpavxoç ouy^ ÙTrOTTT'qcracov, TQ SE TrapiCTapvtvov lÀsuGéptoç XÉywv. MEp.vYJTSTat S' oûv puxpov ua-TEpov TOU
SôXwvoç, orav OCÙTQV SET) àXôvTX ETCI TTJV Ttupàv âvxyGTJvxt *
TJxouffx yap rrjç. KXtoôouç. TcpwY|v avayiyvoocxoùcrr^ TX ÉxàcTO)
EXtXÊxXtOXp.ÉvX, Iv OIÇ Xxl TOC-UTSC ÈyéypXTCTO, Kpolaov pVSV
aXàùvat u7io Kùpou, Kupov Se OCÛTOV ôTT' éxstvYjCît TTJç Maao-ayÉTiSo; aTtoGavsïv. ' O p a ; TTJV 2xu9i'3a, T-qv ETC! TOû ÏTCTCOU
TOUTOU TOU XEUXOU IçeXaùvourjav ;
XAP. N-rj Ata.
Apparitions successives de Tomyris, de Cambyse, de Polycrate.
E P M . Tôpuiptç èxetVYj EXTI" xxl TT]V X£<paXr]v ys XTTOTESolon se moque, en effet, de Crésus qui se figure qu'Apollon Pythien
sera plus heureux si on lui consacre des briques d'or. Le fer, d'ailleurs, est
bien plus utile que l'or. Et Crésus, froissé, de répliquer à Solon :
[12] CRÉS. Tu fais toujours la guerre à ma richesse : tu en es
jaloux.
[13] I1ERM. Le Lydien, Charon, ne peut souffrir la franchise et
la sincérité de ces propos, mais il lui semble élrange qu'un homme
pauvre, et qui n'a pas peur, dise librement ce qu'il a dans l'esprit. Ah ! certes, il se rappellera Solon sous peu, lorsque, captif,
il devra être conduit au bûcher; car j'entendis Clotho tout dernièrement lire la destinée de chaque homme : il y était écrit que
Crésus serait pris par Cyrus, et que Cyrus, à son tour, périrait par
le fait de la reine des Massagètes, que voici. Vois-tu cette femme
Scythe, celle qui s'avance, montée sur ce cheval blanc ?
CHAR. Oui, par Zcus.
Apparitions successives de Tomyris, de Cambyse, de Polycrate.
I1ERM. C'est Tomyris : elle tranchera la tête de Cyrus et la plon-
[12] K P O I S . Su Tcpoo-Tcoxa\ çOOVEîç «el
[tsu-eiç
TO> TAOùTO pou.
[13] EPM. TÛ Xdporv,
à AuSô; Où <pépsi
TT|V irappnoîav xal
TTVV àVqSsiav vtëv l.ôyiuv,
àXlx TO icpSypa
ôQXEï au™ lévov,
avôpwitoç ïuéviq;
oùx ù«07tTr|ffa'ow>
Se Xéytov èXsuôépw;
tbTtapiffTdtptsvov.
Aà o3v ptEp-v-qoETat
TOU SoXoovoç u.txpbv ûorepov,
otav oif\ aÙTÔv âXôvTa
àvay;9-qvat èTù Tqvuupdtv
yàp -qxoucra Tq; Ktaifioûç
jrpoyqv àvaytyvwcrxoùfl-iqç;
r à È7TtxExXcoopéva âxâarw,
èv oî; xal xaûra
èqiyoxmo, plv Kpotoov
àXcôvai ûîtb Kùpou,
8s Kûpov aÙTÔv
àtroGaveiv ôTCO
èxEivqar TT]ç Mao-o-ayÉTtooî.
' O p à ; Tqv £xu&T'5a,
Trrv à^slaùvouctav
[12] CRÉS. Toi, fw-fais-la-guerre
et portes-envie toujours
à-la richesse de-moi.
[13] IIERM. Ô Charon,
le Lydien ne-pas supporte
la franchise et
la sincérité des discours,
mais la chose
semble à-lui étrange,
wrt-homme pauvre
ne-pas ayant-peur,
mais disant librement
le-moi venant-à-l'-idée à lui.
Mais réellement i/-se-souviendra
de Solon wn-peu plus-tard,
lorsque ii-faudra lui ayant-été-pris
être-conduit-en-haut au bûcher :
car j'-entendis Clotho
dernièrement lisant
[cun,
lès-destinées ayant-été-filées à-chadans lesquelles aussi ces-choses
avaient-été-écrites,d'-une-partCrésus
être-pris par Cyrus,
et,-d'-autre-part, Cyrus lui-même
mourir par-le-fait-de
cette /emme-Massagète.
Tït-vois la reine-Scythe,
la (celle) s'-avançant-à-cheval
ETCI TOUTOU TOU ITCTCOU
sur ce cheval
TOû àEUXOû ;
XAP. N-f) Aîa-
le (celui qui est) blanc ?
CHAR. Oui,-par Zeus.
Apparitions successives de Tomyris, de Cambyse, de Polycrate.
EPM. 'ExEcvq âo-TlTopupiçHERM. Celle-là est Tomyris :
xal KÙTï) àTTOTEpoûcra
et ceile-ci, ayant-coupé
T-qv xEfaVqv ye TOû Kùpou
la tête du-moins de Cyrus,
286
XAPQN.
CRARON.
a o u c a TOO Kûpou auT-q I ç acxôv Êu.SxÀs't •jrXqqoTj aïu-aTOç.
la plongera dans ime-outre
pleine de-sang.
TYt-vois, d'-autre-part, aussi
le fils de-lui,
le jeune-homme?
'Exeïvôç; ÈCTI Kap.6varri; '
Celui-là est Cambyse :
OUTOç (îatnXevtTei
celui-ci régnera
psTa TôV rrotTÉpa
après le (sou) père
•/ai (TtpaXEiç u,opi'a
et, ayant-élé-défait maintes-/bis
TE ÈV AlëÛï]r
et en Libye
et en-Éthiopie,
xal AîBtomXx
finalement ayant-été-rendu-fou,
Tô TeXsuTaiov pavEiç
il-mourra
àiroOavEÎTat
ayant-tué le-bœuf Apis.
àTroxTefvaç TOV "Airtv.
CHAR. Ô abondant swjel-de-rire !
X A P . *Q uoXXoô YéXWTO;
Mais maintenant, qui,
'AXXà vûv TÎ;
d'-aventure, regarderait-eiï-/ace eux
àv TtpocroXsAiEiEv aurouç
ÛTKpippOVOÛVTaÇ OUTWÎ
dédaignant tellement
Tôiv àXXiov ; q xtç
les autres? ou qui,
àv moTEweiEV co;
d'-aventure, croirait que
avTûç, [/Èv Ëorat
celui-ci, d'-une-part, sera
[tôt],
aîyjAàXcoToç p s t à oXlyov,.
prisonnier-de-guerre après peu (6ienoôxo; ôk k'|ei TVJV XEçaXr,v
• celui-ci, d'-autre-part, aura la lête
EV à x x ù a"(j.aTo;;
dans wne-outre de-sang?
[14] Ak Ttç ÈttTtv, <o t E p p r l
[14] Mais qui est, ô Hermès,
Èxeîvoç ô Èp.Tr£7rop7rïip.Évoç
celui-là le agrafé
èçeuTpfôa uopçupàv,
d'-un-manteau de-pourpre,
o (ly_u>v) T ° Siâôqpia,
le ayant le diadème,
ai ô pâyEipo;
et à-qui te cuisinier
KVaÔÉSdKTl TôV ôaxTiiXiov
présente l'anneau,
àvaTÊjxwv TOV r/6ùv
ayant-coupé-en-long le poisson
Èv vriaiii apupipOTï] ;
dans tme-île baignée-tout-autour?
SE E-j/Etai eivaî
Or, iî-se-vante-d'-être
T I ; SaaiXEo;.
certain roi.
E P M . IlapcpSEiç EÔ ys
IIERM. Jw-parodies bien du-moins
7]Sï], W XÔptOV.
à-présent, ô Charon.
'AXXà ô p à ; IIoXvxpàTï)v
Eh-bien, Ot-vois Polycrate,
TOV Tijpavvov S a g i t o v ,
le tyran des-Samiens,
otôpîvov EÏvai
pensant être
TcaveoSaîgova • àvàp
tout-à-fait-heurcux : mais
' O p a ç oà x a l TôV uîov aÛTûO TOV VEXVUTXOV ; Kau.6û<77j; éXEÏVQç
èffTtv • OUTOç pxorXsûffEi u.£Ty. TOV TcaTÉpx xac [xupi'a scpaXelç
EV TS Atëu-q x a t Aiôtoirtot T ô TEXEOTOCÎOV jxavdç àrcoGavôtTat
àTcoxTet'va; TOV ^ATTIV.
X A P . *iî TCOXXOU yéXcoTOî. 'AXXà vuv TI'ç àv aÛToùç TrpoaêXÉ'J/EtEV OUTWÇ UTCgpqpûOVOUVTaç TWV âXXwV ; Tj TIÇ ÛCV TC'.0"T£UastEv ù x [XïT' ôXi'yov OUTOç ptev aî/pvaXwToç EO"TXC, OUTOç SE
TYJV x£q>aÀ7]V e'Çei Èv àcxù» a'to.aToç ;
[ 1 4 ] 'ËXSIVOÇ OS TIÇ êsTCV, d) 'Ëp7-T|, Ô T7]V TCOpOOpXV ECSEÎTpt'Sa lu.TCETCOpTCT|U.£VOÇ, Ci TO Ûlâoïjp.a, OJ TOV OaXTUAl.OV Ô U.Xyetpoç avaSi'Stocn TôV îv-Oùv avaTEuoov
vf|t7tp sv àjiiptpÛTïi ; ftaarXEv; SE T I ; Evjrerai etvai.
E P M . Eu y£ TcapwSsïî TJSYJ, W Xàpiov. 'AXXà IIoXuxpdT^v
ôpaç TôV Sapcfwv TÛpavvov, rcavEuSat'jaova oiôf/svov e i v a f ôcràp
géra dans une outre pleine de sang. Vois-tu aussi son fils, cet
adolescent? C'est Cambyse : il régnera après son père, et, après
mille échecs en Libye et en Ethiopie, il doit finir par mourir fou.
après avoir tué Apis.
CHAR. Oh ! quelle dérision ! Mais, pour l'instant, qui oserait les
regarder en face, ces puissants si pleins de mépris pour les autres? et qui croirait que, tout à l'heure, celui-ci sera prisonnier de
guerre, et celui-là aura la tête dans une outre de sang?
[14] Mais quel est cet autre, Hermès? lin manteau de pourpre
s'agrafe à son cou, il porte un diadème; son cuisinier lui tend
l'anneau qu'il a trouvé en fendant un poisson; la scène est
dans l'île, en pleine mer: il déclare être roi.
IIERM. Voilà une bonne parodie, Charon. Tu vois Polycrale, tyran de Samos; il se figure être tout à fait heureux: mais celui-
ÈgêaXet kç àaxôv
Tzl-f\p-/] a f i x a i o ; .
c
O p 5 ; SE v a !
TOV uîov aùtoû
TôV vEavàrxov ;
287
XAPÛN.
288
CHARON.
x a t oùroç aÙTÙç ôTCô TOù TiapeGTâiToç o'txÉxoo Matavôpt'ou TCOOOûOEIç 'OpoiV/j xù> Garpoory; àvaGXoXoircmjTjffSTai àOXioç éXTTECOJV TTJç eùoa!u.ovt'aç èv a x a p s t TOU y^pdvou. K a l TaîiTX y a p
T-qç KXwQorjç ÉTcrjxouffx.
XAP.
" A y a u x u K à I O ô û ù ç , yîvvtxùiç x a t e a ù x o ù ç , <5 BEAT!-
GTT], x a t x à ç xeçaÀàç à7rÔT£u,vs x a t avxcxoXoTctÇs, oùç stoôjGtv
avÔpwTcot ô'VTEç. ' E v TOGOùTCO Ss ÉTcaspiffôuiffav âtp ùtj/r|Xox£poo
àÀyetvôrepov xaTaTCEGoûu,£vo'. " lyà) os y s X a a o u a t TOTS yvooptGaç
aÙTojv sxaaxov y u a v ô v èv TOJ GxaçptSt'tp, [ATJTE xyv Tcopcpuptba
py/jTS TlàpXV Y| JcXlVïjV JfpUG'qV XOU.ll)oVTaç.
i
L'essaim des passions h u m a i n e s .
[ 1 5 ] E P M . Mas TO. p i v
TOùTWV wos siJE!, T-qv oà -jrXyÔùv
ôpôtç, ( ù X à p o j v , xoùç TcXè&vraç aùxéSv, xoùç TE&Xsu-OÙvxaç, x&uç
OLxa^o|j.Évouç, xoùç yeojoyouvxaç, xouç oavet'Çovxaç, xouç irp&Ga'.xoùvxaç ;
XAP.
'OpùJ Tcotxt'X-qv xtvà XYJV xùpëTjV x a t U.£GTOV Tapayyqç
xùv Btov, x a t xàç TTOXEIç ye aûxûjv èotxot'aç xoTç Gp/rjvsGtv, év
là m ê m e aussi, livré a u satrape Orœtès p a r son serviteur ordinaire
Mœandrios, sera mis e n croix, l'infortuné, déchu d e son b o n h e u r
en u n clin d'oeil. Voilà, en effet, ce que j ' a i ouï dire à Clotho.
CHAR. Allons, Clotho, bravo ! Brûle-les, m a chère, coupe les
têtes et mets en croix, afin qu'ils sachent qu'ils sont h o m m e s !
Qu'ils soient élevés bien haut, p o u r t o m b e r de p l u s h a u t d ' u n e
chute plus d o u l o u r e u s e ; p o u r m o i , j e rirai bien alors, q u a n d j e
reconnaîtrai chacun d'eux nu d a n s m a nacelle, n ' e m p o r t a n t avec
soi ni vêtement de p o u r p r e , ni tiare, ni lit doré.
L'essaim des passions humaines.
[15] HERM. Tel sera leur sort. Mais vois-tu, Charon, cette m u l t i tude de gens qui naviguent, font la g u e r r e , plaident en justice,
labourent, prêtent à usure, ou m e n d i e n t ?
CHAR. J e vois le désordre sous divers aspects, u n e société
pleine de confusion, les villes des h o m m e s , semblables a u x ruches,
xod ovxoç aùxoç TtpoSoGEiç
T(5 GaxpaTf/] 'Opotfq
ôuo McaavSptou
xou OîXETOU TrapEGxâixoç
àvaaxoXoTCicrGïiaexat àôXtoç
èx7r£Gwv zffi EÙoaqj.ovîaç
èv àxapeï xou vpovov.
K a l y à p ÈTCqxoyaa
xaûxa xîjç KXcodoûç.
289
aussi celui-ci lui-même ayant-été-livré
au satrape Orœtès
par Mœandrios,
le serviteur préposé,
sera-mis-en-croix fe-malheureux
étant-tombé (déchu) du b o n h e u r
en un instant.
Et, en-effet, / - a i - e n t e n d u
ces-choses de Clotho.
X A P . "Ayauxt KAWÔOûç.
CHAR, ./'-admire Clotho
(bravo!),
brûle eux courageusement,
«> PSXXî'GXï],
ô excellente (ma chère),
x a t ànÔTSgvs x à ; xsçaXàç
et coupe les têtes
xai àvaGXOÀôirtïs, à>ç
et mets-en-croix, alin-que
s'fs-sachent étant h o m m e s .
elSfîiGtv ôvxeç avôpwTTo:.
D'-autre-part, qu'-i7s-soien t-élevés
Aè ÈTratpéafltOGav
à un-le\-degré,
devant-tomber
èv TOGOVTW xaxa7tSGOvp.svo!
àXyEtvdxEpov àçp' ùtl/TjXoTÉpov • plus-douloureusement de plus-haut :
mais moi, je-rirai alors
8è ijù> yeXâaopat xôxe
ayant-reconnu chacun d'-eux
yvcopàra; É'xaarov aùxdiv
nu d a n s la (ma) b a r q u e ,
Yvpivov sv toi GxaçsSt'tp,
M - e m p o r t a n t ni
xopuSovraç gvjxs
•/.aïs aùxoù; yevvixtôç,
XT|V EropcpupîSa EJLVJTS xtâpav
rt xÀtvqv xP'JGïjv.
le vêtement-de-pourpre, ni tiare
ou lit d'-or.
L'essaim des passions humaines.
[15] E P M . K a i gèv
xà XQ'JXWV É'iJEl CLSE,
Oê opàç Xï)V itVfiôùv
aûxâiv, m Xâpa>v, xoùç
ETXIovxaç, xouç 7roAEU,oûvxaç,
xoùç Sixa^ogivou;,
[Çovxaç,
xouç yswpyoûvxaç, xoùç SavEtxouç TcpoGaixoûvxaç;
X A P . 'Opài TÏJV xùpë^v
xivà uotxi),Y)v xai
xôv pîov pLEGTov xapa^pç,
x a i xàç izolv.i ys aùxdiv
loiXUl'aÇ TOÏÇ ffJJL^VSGlV,
LUCIEN. — Extraits
[15] HERM. Et, d'-une-part,
les-desO'ns de-ceux-ci seront ainsi;
d'-autre-part, to-vois la m u l t i t u d e
d'-eux, ô Charon, les (ceux)
naviguant, les faisant-la-guerre,
les étant-en-procès,
les labourant, les prêtant-à-usure,
les m e n d i a n t ?
CHAR, de-vois le tumulte
««-certain varié et
la vie pleine de-trouble,
et les villes du-moins d'-eùx
semblables aux ruches,
19
290
Y
c;
XAPÛN.
rr
\
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I
aTtaç u.sv toiov rt
r
M
CHARON.
,
,
s
,
„
XEVTOOV £/£i xa: TGV 7t/v)(7tov XSVTSL,
ôÀt'yot 8é TSVEç [u)a*7T£p oxpTJXEç] ayouon xai tpépoust xô ùTCOSSÉcrepov. ' O 8E TTEomETopiEvoç aùraù; Ix xacoavouç GOTOç ô'yXor,
VIVE; slot'v ;
E P M . 'EX7ci8sç, OJ Xapwv, xj.l oEi'aaxa xai ayvotai xat
TjSovH! xai œiXapyupt'at xai ôpyal xat a-iffVj xai r à xonxuxa •
xoûxœv os 7) ayvota u.àv XXTW ^uvavap,su.txxa'. aùxot; xai £up>
TroXtxeuExai ye vq A ta xat xb uto-oç xai TJ opyY] xat Ç7|XoxuTtfa
xai aptadia xat aTtopta xat auXapyupt'a, ô ccéëo; 8è xai ai êXTct3sç ÛTtEpâvoj TCEXoptevot, 8 asv EXTCXYJXXE'. lq.TttTcx»v èvt'oxE xai
uTC0TtT7j55£tv TtoiEi, at o EATTIOEç u7tEp xeoaÀYJç aKOpouptevat,
ÔTtbxav uocXtaxà o''rjxat xtç ÉmX'qùpecQat aùxcov, avaTfxâaEvat
o'tyovxat, xs/arvôxaç auxoù; a7roXtTcoucat, 07tep xat xàv T à v t a Àov xaxio rcaa^ovxa ooaç OTZO XOU uc-axoç.
[16] *Ilv 8è àxEvtaYjÇ, xaxôdyet xai xàç Mot'pa; avw éTUXXOJ-
dans lesquelles chacun a son propre aiguillon et pique le voisin :
quelques-uns, comme des guêpes, pillent et rançonnent les plus
faibles. Mais cette foule qui vole autour d'eux en secret, quelle
est-elle?
HERM. Ce sont, Charon, les espérances, les craintes, les
erreurs, les plaisirs, les convoitises, les colères, les haines, et le
reste; au-dessous, la déraison, qui se mêle aux hommes, chez
qui, par Zeus, elle a droit de cité, ainsi que la haine, la colère, la
jalousie, l'ignorance, le doute et l'avarice ; tout au-dessus, voltigent la terreur et les espoirs : l'une épouvante les mortels,
quand parfois elle fond sur eux et les fait trembler; les espoirs
planent sur leur tête, et, au moment précis où l'un d'eux s'imagine qu'il va s'en saisir, ils s'envolent et disparaissent, les
laissant la bouche ouverte, comme Tantale, que tu vois dans les
Enfers torturé par la vue de l'eau.
[16] Si tu fixes les yeux par ici, tu apercevras encore, là-haut,
sv oli â'itaç gèv
291
dans lesquelles tout-fna'fyfrfw.d'-unea certain particulier aiguillon [part,
Xai XEVVSÏ TÔV TlX'OCFfoV,
et pique le voisin;
31 TIVEç oXtyoi
d'-autre-part, certains peu-nombreux
[aXTTTEp ffÇïixE;]
[comme des-guêpes]
ayoxtm x a i tpépouac
emmènent et emportent
TU ÔTroSEstTTEpOV.
le-parti inférieur (les plus faibles).
AÈ OUTOÇ OY.Xo;
Mais cette foule
h 7repi?i£T(ip.evoî aôxouç
la (celle) volant-autour-d'eux
en secret,
ix xoû a ç a v o ë ;
rive; EÏalv ;
quels sont-iXs?
[Charon,
E P M . 'EXTrtësç, £ Xâpwv,
HERM. Ce sont /es-espérances, û
x a i Ssipaxa xai ayvotat
et Zes-craintes et Zes-ignorances
x a i ï|5ovaï xai çiXapyupfat
et Zes-plaisirs et /es-avarices
xai ôpyal xat \y.<ri\
et Zes-colères et Zes-haines
xai t a totadra et les-passions telles :
8È tOUTWV T| à"yvota
mais de-celles-ci la déraison,
giv ^uvavapéu.txtac
d'-une-part, s'-est-mêlée
aôtoïç xâto) xai VT) Ata
à-eux en-bas, et, par Zeus,
xai TQ ptaoç xai -'i\ ôpyX;
aussi la haine et la colère
xai ÇïjXotuiua xai àgaôla
et jalousie et ignorance
•/.al adopta xai (ptXapyupt'a
et doute et avarice
?'jp,vro),ttE'jetat ye,
on t-droit-de-bourgeoisie d u-m o i ns,
SE ô çoëoç
d'-autre-part,
xai aï êXUîOEç itetôgEvot
la crainte et les espérances voltigeant
Cnrspâvto,
tout-à-fait-au-dessus,
O [ASV ÈXTtXuttEt
l'une frappe-d'-effroi
ÈpjTt'îtttov Ivt'ote
tombant-sur-e«a3 parfois
Xai TtOtEt ÙTtOimjfTO'EtV,
et fait trembler,
3è al ÈXitt'Se;
d'-autre-part, les espérances
aîtdpoôpsvai ôjrèp XEçaXîiç, planant au-dessus-de leur-têlc,
ôîtotav pàXtatâ Tt;
lorsque précisément quelqu'-un
ottgrai £7uX7y.lEa'9ai aurwv,
pense devoir-saisir elles,
avajrtàpEvat oi'^ovtai, [taç, s'-envolant eZZes-disparaissent,
â7toXmoCio-at aûtoù; x£X?)vb- ayant-laissé eux bouche-béante,
ce-que aussi Zw-vois
ortsp xai ôpà;
tbv TavtaXov xàtwîiâay.ovta Tantale en-bas souffrant
par-le-fait-de l'eau.
[fixement,
VTtb TOû ûoatoç.
,[16] As T)V àtEvtV/j;,
[16] D'-autre-part. si Zw-regardesxatbipEt xai t a ; Motpaç
Zt<-verras aussi les Moires (Parques)
SY.EC Xt l'SlOV XEVTpOV
CHAROM.
292
XAPQN.
6oûcaç Ixx3xq> xàv XXOXX.TCIV, ào* ou Y^pxyuTfixt ^UU.6S6Y|X£V
aTcxvxa; Ix XETCXWV v7]u,àxo>v.
Opxç xxÔxirEp apxvyvix xivx
xxxxêxivovxx la éxacxov XTCO xôiv àxpxxxwv ;
X A P . 'Opôï TCXVU XETCXSV EXXCTOV v^p-a ÈTUTEeirXEyuivov ys
xx TtoXXa, xoïïxo' pièv Èxsfvw, EXE"îVO Ss xXXup.
E P M . Eixôxwç, w uopOu-eu • eïaapTXi yàp r/.sivto ulv é-Tcb
xoûxou (povsoGïyvxt, xoûxw SI 6TC' âXXou, xal xX7ipovo[ii.7Jsai' ys
xoîJTQv JJ.IV èXEIVOU, oxou av vj puxpoxeoov xb vqjix, Ixsïvov SE
xu xodxou * XOLOVSE yxp xi TJ È7ttuXoxv\ STrjXot. 'Opa^ 3 oûv xicb
XETCXOU XCEU.XU.ÉVOUÇ airxvxx; ; Kxt ouxo; jilv XVXXTEXXOEI;
xvco p.ExÉwpôî sari xal jisxx juxpbv XXXXTTEGWV, xTcoppxyévxGç
xou Xt'vou, èTIE'.SXV u,-nxÉxi xvxÉvy/) Tcpbç xb fïxpoç, jiiyav xov
JboaiQV èûyxxexx'., ovxoc SE ôÀiyov àrco y-qç xtiopodaevoç, y,v
les Destinées qui filent à chacun sa trame : il se trouve que tous
y sont suspendus par des fils ténus. Vois-tu comme des fils
d'araignée descendant des fuseaux vers chacun des hommes?
CHAR. Je vois un fil fort mince attaché à chaque homme, la
plupart du temps du moins : l'un pend à celui-ci, l'autre à
celui-là.
1IERM. C'est tout naturel, nocher; car l'arrêt du Destin veut
que celui-ci soit tué par celui-là, et celui-là par tel autre; que
celui-ci hérite de celui-là, dont le fil est plus court, et réciproquement : car voilà ce qu'indique cet enchevêtrement. Mais
vois-tu comme ils sont tous suspendus à un fil mince? Celui-ci,
tiré en haut, s'enlève dans les airs, et bientôt, dans sa chute (car
le fil se sera rompu, ne pouvant plus résister au poids), fera un
grand bruit; celui-là, à peine soulevé de terre, s'il vient aussi à
avio âTtr/.XuÔooxaç
ÉxàoTw xbv axpaxTov
MTô ou gnuëéëvjxev
aîiavxa; ïjpTïJGSat
èx v/)p.âTtov XETTTûSV.
'Opà? xaôaxsp xtvà àpâvyia
xaxaëxîvovTa 611? exaoxov
«TTô TôW ccxpâxToiv ;
XAP. 'Opôi ixaoxov vqu.a
(ôv) irâvu XE7IT"OV
£7UTCïr).EYpivQv yz
xà iroXÀà,
TOûTO p.Èv èxcîvti),
èxeïvo SE aX),tp.
EPAf. Ei-/bTwç,â>7top0uEÛ'
yàp £i'p.apxai
èxEi'vw jisv
tpovEuOcvac ûirb TOUTOU,
TOûT(I) SE ÛTtb SX), ou,
xal (îi'u-apTat) TOûTOV u.èv
xXr]pcvofMj(roti yE ixEt'vou,
ôTO'J TO vf,jta
av vj u.!xpbTEpov,
èXEïVOV 6s
au TOUTOU '
yàp ïJ ImitXoxr)
Si\>.oX TI TOIôV6E.
'Opà; S'ouv xTuavra;
xpEu.ap.Evou; àirb XETTTOU;
Kxl OUTO; uiv
àvaoîTaa&Elç avu
SO-TI [tsTÉwpo;
xod u.Exà juxp'ov xaTaitEo-wv,
TOû Xîvou àTtoppayÉvTo;,
èitEtôàv U.TJXÉTI àvTÉxi]
Ttpbs T'O pâpo;,
èpyàiTETai p-Éyav TOV ebôcpov,
OUTOç SE aio>poJp.Evoi;
oXiyov àirb yr,;,
>îv xa\ jtlo-r,,
293
en-haut filant
à-chacun le fuseau (la destinée),
auquel î/-s'-est-trouvé
tous être-suspendus
par des-fils ténus.
[gnée
Vois-fw comme certains fils-d'-araidescendant vers chacun
provenant des fuseaux?
CHAR. Je-vois chaque fil
étant tout-à-fait ténu
entremêlé (noué) du-moins
la plupart-rfn-femps,
celui-ci, d'-une-part, à-celui-Ià.
celui-là, d'-autre-part, à-un-autre.
HERM. Naturellement, ô nocher :
car il-a-été-fixé-par-le-Deslin
à-celui-là, d'-une-part,
d'-étre-tué par celui-ci,
[tre,
et à-celui-ci, d'-autre-part, parnn-auet il a été fixé celui-ci, d'-une-part,
hériter du-moins de-celui-là,
dont le fil,
d'-aventure, serait plus-petit,
celui-là, d'-autre-part,
en-sens-inverse, de-celui-ci :
car l'entrelacement-des/t/s
montre quelque-chose de-tel.
Vois-ïw donc tous
suspendus à un-/ï/-délié?
Et celui-ci, d'-une-part,
ayant-été-enlevé-violemment en-haut
est suspendu-dans-les-airs
et après peu étant-tombé,
le fil ayant-été-brisé,
après-que ne-plus ii-rcsiste
à la pesanteur (au poids),
produira grand le bruit,
celui-ci, d'-autre-part, planant
peu à-distance-de terre,
si aussi t/-tombe.
29k
XAPÛN.
xa! TTÉCY), âito^TjTt xEt'asTW, u.oyiç xa! xou; yeixoffiv l , a x o u aôevxo; xoo TCT«u,axo<;.
X A P . IlayysXotac xauxa, â> 'Eppvîj.
La Mort et ses acolytes.
CHARON.
xefcrexat à^oçyxi.
TOU Tmégaxoç ÊEaxouffosvxo;
Hoytç xal TOI; yeiTocrtv.
XAP. Tavxa, w 'Epuà),
èo-t! TrayyÉXoia.
[17] E P M . Kal u,7]v oûS' etTCSÏv I/otç av xaxà XT|V âîjtav
OTOOç IffTÈ xaxaylXac-xa, w Xâptov, xal a-âXtaxa al ayav arcou8a! auxôjv xa! xo aExaçù xù>v IXTCûBWV ofysaôai àvapTràcTouç
ytyvopivouç ûTTO XOV [UXTUTTOO ©avàxou. "AyyeXo! Se xat ûTCTJ-
pexat auTou p.âXa TCOXXO!, a>ç opac, vjTrt'aXo: xat Txupexo! xat
tp6dat xat 7repi7TV£uu,ovi'ac xal ^t'tprj xat XrjffTTJpia xat xoivsiaxat Stxatrxa! xat xupavvot • xat xouxwv OOSEV SXœç aûxoù;
EiaÉp^sxai, êffx' àv eu Txptxxxwatv, oxav Se ccpaXâct, TCOXU XO
ôxoxoî xat ataî xa! ot'aot. El SE sùGù; k\ àpyyrjç IVEVOOUV ô'TI
GVTJTOI TE etctv aûxol xa! oXt'yov xouxov /_pôvov ÈTiiS7]afj<ravTsç
xtp pt'op àrciaciv wo-7i£p ï\ àvEtpaxoç, ixâvra ÛTièp yrjç àajEvxsç,
tomber, touchera le sol sans fracas, et c'est à peine même si ses
voisins auront entendu sa chute.
CHAR. Tout cela est bien plaisant, Hermès.
La Mort et ses acolytes.
[17] HERM. Eh' bien, en vérité, Charon, tu ne saurais exprimer
avec assez d'énergie à quel point ces destinées sont l'isibles, surtout quand, parmi leurs trop ambitieux efforts et leurs espérances,
ils disparaissent, ravis par cette excellente Mort. Elle a pourtant
des messagers et des ministres bien nombreux, comme tu vois :
frissons, fièvres, maladies de consomption, péripneumonies, épées,
troupes de brigands, coupes de ciguë, juges et tyrans; de ces
périls, aucun absolument ne hante leur esprit, tant qu'ils sont
heureux : mais éprouvent-ils un échec, que d'exclamations :
« Hélas! Grands dieux! Malheur à moi! » Ah! si, dès le principe,
ils réfléchissaient qu'eux-mêmes sont mortels, et qu'après avoir
voyagé dans la vie durant ce court laps de temps, ils doivent en
sortir comme d'un rêve en laissant tout sur la terre, ils vivraient
295
sera-étendu sans-bruit,
la chute ayant-été-entendue
à-peine même par-les voisins.
CHAR. Ces-choses, ô Hermès,
sont tout-à-fait-plaisantes.
La Mort et ses acolytes.
[17] EPM. Kal prjv
ov6è av
e'xoiç eîitsïv
xaxà TT)V àliav
[17] HERM. Eh-bien, pourtant,
ne-pas-même, d'-aventure,
iw-pourrais dire
[nable)
selon le mérite (d'une façon conveGTCW; eut! xaxayËXaora,
combien c'-est digne-de-risée,
(i) Xdpwv, xal fiâXtaxa
ô Charon, et surtout
al ayav (XTeovâai aùxâiv
les trop (excessifs) efforts d'-eux
xal xo oî'xEcr&at
et \e-fait-de s'-en-aller
ptsxa^u xtôv èXm'Swv
parmi les espérances,
devenant enlevés
Ytyvojrsvo-j; àvap7rd<Txouç
•JTXô TOû fiikxlemu ©avâxo-j. par l'excellente Mort.
As ayyE).oi xa! ùir/ipÈxat
Or, messagers et serviteurs
aùxoû (ela\) ptâXa TCOXXOI,
d'-elle sont très nombreux,
a>; ôpàç, YjxciaXoi
comme Ot-vois, fièvres-froides
xal Ttupsxol xal ç9ôac
et lièvres-brûlantes et consomptions
xal TtspiTxvEupovÉai
et péripneumonies
xal Çîipri xal XïjaT'/'jp'.a
et épées et brigandages
et ciguës et juges
xal xwvsta xal ôtxaoral
et tyrans ; et de-ces-e/ioses
xal xupavvoi • xal xoéxiov
ooSèv oXto; sî<7ép-/sxat avxoùç, aucune absolument ne-hante eux,
l'are av îrpdxxwaiv là,
tant-que,d'-aventure, ils prospèrent;
8k' Sxav <TçaXe3<7(,
mais lorsque !?s-ont-subi-un-échec.
TCOXO ' (saxi) xb àxoxal
grand est le aie !-aïe !
xal aiaï xai oïpot.
et hélas! et malheur-à-moi!
Aè et Eù9O; i% àp/ïj;
Mais si aussitôt, dès m-principe,
Èvevdovv Sri
«7s-songeaient que
xk' éîaiv Qvrjxol avxol
et îïs-sont mortels eux-mêmes
xal èTci8ï]p.rl«7avxE; xw flxo
et, ayant-fait-un-séjour-dans la vie
TOôTOV ôTiyov -/pdvov
pendant ce faible espacc-efe-temps,
àraaatv tDOuEp E^ ovEtpaxoç. t7s-s'-en-iront comme hors-d'ùna<pÉvxs; rcâvxa vusp yf,ç,
ayant-laissé tout sur terre. [songe,
XE av EÇCOV (jWtppovÉtrcEpov
et ils vivraient plus-sagement
296
XAPQN.
eÇoov -TS avffwcppovÉffTspovxai -qxxov '/JVECOVTO àro8avovT£ç.
Nuv SE Iç asl iXTrKjavxE; ^pTjffsffOa'. xoïç irapotknv, ÉTteiSàv êirtaxaç. b 6n7]pÉTT|Ç xaXT) xai aTCQcyvj •JîSSVJO'O'.ç xai uupExoj 7) TYJ
O9ôT), àyavaxTOUci Tcpoç x-qv àycoyYjv, OùTCGXE TLpQaooxqo-avxEç.
aTroc'7ra(î6,q(T£o,9ai auxûv. *H xc' yào oûx av ironçoEuv Ixetvoç
b xqv oîxi'av <j7rou§Y] otxooop.oou.Evoc; xal xouç Éoyàxaç IxviaTiép/(ov, d p.â6ot oxt 7) nùv SçEI xÉXoç aùxoj, 8 oè acxi Èirtôetç
xbv opoœov âneiat xqi xX7]povop.w xaxaXnrojv airoXaÛEtv auxà|Ç,
aùxoç ovqSs 0£i7rvqaaç ô a.9Xio; lv aùxq ; 'Exsïvo; aèv yàp b,
yat'pwv oxi ôippsva Ttatoa xéxoxsv aùxiji q yuvq xai xoù; cptXouç
Stat xouxo édxiôjv xai xoovopta xou Tcaxpàe XIGEUEVO;, et q i r i erxaxo wç £Ttx£XTj£ yevoptEvoç b rtaïç XEÔvqcjsxat, àpa av trot
Soxet yat'pstv èV aùxài y£vvwu.£vw ; 'AXXà Xô at'xtov, oxt xôv
plus sagement et seraient moins désolés de mourir ! Mais, par le
fait, comme ils ont espéré user éternellement des biens qu'ils possèdent, quand survient le ministre de la Mort qui les appelle et
les emmène, enchaînés par la fièvre ou la phtisie, ils sont furieux
d'être entraînés ainsi, car ils ne s'étaient jamais attendus à se
voir arracher à leur fortune. Que ne ferait pas, en effet, cet
homme qui se donne tant de peine pour se faire bâtir une maison
et qui presse si vivement les ouvriers, s'il apprenait que, à peine
son logis terminé et le toit posé, il s'en ira, laissant à son héritier
la jouissance de celte demeure, sans avoir pu lui-même, le
malheureux, y prendre un seul repas? Celui-là est enchanté de ce
que sa femme vient d'accoucher d'un garçon : en conséquence,
il traite à sa table ses amis, et donne à l'enfant le nom de son
père • s'il savait que ce fils doit mourir à l'âge de sept ans, croistu qu'il serait si content de sa naissance? Mais le motif de sa joie,
CHARON.
XûÙ rjVlôiVTO qXTOV àîIoGaVOVAè vûv
[XEç.
âX7T['aavxeç xP'GasaGat
è; àel xoî; Ttapouaiv,
297
ets'-affligeraient moins étant-morts.
Mais, en-réalité,
ayant-espéré devoir-user
pour toujours des-ôiens présents,
èitêtSàv â tJTnqpéxirjc
après-que le serviteur de la Mort,
iitiaxà;
s'-étant-dressé,
xa>.q xai àitàyq
appelle et emmène eux
neSyjaa; x<j> irups™
îes-ayant-entravés par-la fièvre
rj T^ çGOï], àyavaxxovat
ou la consomption, ils-s'-indignent
ixpb; TVJV aywyYjv,
en-raison-de l'action-d'-emmener,
OUTTOTE TrpoaSoxqaavTs;
ne-jamais s'-étant-attendus-à
ànoaTiaa-Gïiaea-Gat aùxriiv.
devoir-être-arrachés d'-eux (de ces
*H yàp xi
Ou-bien, en-effet, quoi
[biens).
ovx av KorçaEisv
ne-pas aurait fait
celui-là le faisant-construire-pour-lui
àxetvo; ô oixoSopougEvo;
la maison en-hâte
xr,v otxtav OTTOUS/J
xal ÈTtto'jrépxtùv xou; Epyàxa;, et pressant-vivement les ouvriers,
si i7-avait-appris
si pâGoi
que l'une (la maison)
OTl r\ U.EV
aura fin à-lui, l'autre (lui-même),
ÊUt Xé).O; aùxà), ô 81
âiuGei; àpxi xbv opoepov
ayant-placé récemment le toit,
âlEElCTl
s'-en-ira
xaxa),iTC(<)v xô xXïipovôgfd
ayant-laissé à-1'héritier
àrroXauEiv auxri;,
le plaisir de jouir d'-elle,
lui-même
aùxbe
pas-même ayant-soupe
p.Tj5s 8£tuvr|(7a;
le malheureux dans elle?
6 aGXto; éV aùxq ;
Celui-là, d'-une-part, en-effet.
'EXEîVO; gèv yàp
le se-réjouissant
o xa'Pwv
de-ce-que la (sa) femme
8xi ri yuvri
a mis-au-monde à-lui
TéTOXEV auxâi
un-enfant mâle et traitant
itaï8a àppEva xai itrxcâiv
les (ses) amis à-cause-de cela
xoù; cpcXou; Stà xouxo
et plaçant (donnant) à l'enfant
xai xiGégEvo;
le-nom du père (de son père à lui),
xb ô'vop.a xou 7taxpb;,
si i7-savaitque l'enfant,
Eî TjTctaxaTo w; ô irai;
étant-devenu àgé-de-sept-ans,
y£VÔ[AEVO; irixÉTT|£
mourra, est-ce-que, d'-aventure,
xîGvT^Exai, àpa av
fl-semble à-toi de-yoîr-se-réjouir
ooxst aoi yaîpetv
Èiù aùxoi yEvvtdpévw;
à-propos-de lui étant-engendré?
298
uiv
XAPON.
SÛTUyOÎJVTa £TTt ©W TCOCtBl IxsTvoV Ôp5p, ©OV ©OÙ aOATjTOÛ
Tta©spa ©ou 'OXûp-iïia vsvtxTjXÔTOç, ©bv yst'rova 8s ©bv I x x o p.i'ÇovTX ©o TcaiScov oùy_ ôpa où8è o;8sv à © ' oïaç a û © û xpdxT|<;
sxpsp.aTO. Toùe. p.àv y à p
©cep; ©ôJV b'pcov Sia©epou.évou; bpaç
osot scsù, x a t ©oùç Çuvayst'pov©aç ©à YpYjpva©a, £t©a, Tcplv a r ; o Aauirat otùxôjv, xaÀouu.évoui; utp* uiv êîTCOV ©ffiv àyyéXojv ©s x a t
ÙTC7|0£TÔJV.
[18] X A P . 'Opco ©atî©a iràv©a, xat ©cpbç lu.au©bv ye svvoffi
b ©t ©ô 7j8ù aùxotç u a p à ©ov. fiîov, -/y ©t sxstvô èsxtv, ou C©Epôp.svoi ayavaxToùatv. *Hv youv ©où; SaatXéaç ïSYJ ©tç au©ùiv,
o'tTcsp eùSataov£(ïTa©ot sîvat .ooxoutTtv, sÇto ©otî àêeëatou xat,
d>ç ©7];, à«.©têôXou ©T|Ç ©uyr,c;, TcXet'w ©bùv TJSÉWV ©a avtapa
eûpVjcrst TcpoaûVrx aùxoïç, cpdbouç. xat ©apavàç xat p-W'q xat
ÈTitêouXàç xat ooyàç xat
xoXaxstaç • ©oûrotç, yap àçtavTsç,
c'est qu'il voit tout heureux à cause de son fils le père de quelque
athlète vainqueur aux Jeux Olympiques ; quant au voisin, qui
porte en terre son petit enfant, il ne le voit pas, et il ne sait, pas
à quel fil fragile le sien était suspendu. Et les gens qui contestent
pour étendre les limites de leurs domaines, tu vois comme ils
sont nombreux! Et ceux qui entassent des richesses, et qui, ensuite, avant d'en avoir profité, sont appelés par les messagers et
les ministres dont j'ai parlé !
[18] CHAR. Je vois tout cela, et je me demande, à part moi,
quel charme ils trouvent au cours de la vie, et de quoi ils s'indignent d'être privés. En tout cas, si l'un d'eux considère les rois,
qui passent pour les plus heureux des hommes, outre l'inconstance
et, comme tu dis, l'incertitude de leur fortune, il trouvera qu'ils
sont exposés à plus de chagrins que de plaisirs : craintes, troubles, haines, complots, rancunes et flatteries; voilà parmi quels
dangers ils vivent tous ; j'omets les deuils, les maladies et les
CHARON.
'AXXà ©à ai'-ubv (iaviv),
Sri ôpà ©bv (isv
EÙTuyoûVra eut ©ai TtaiSt,
299
Mais la cause de sa joie est
que if-voit l'un (un autre homme)
étant-heureux à-propos-de l'enfant,
èXEÎVOV,
celui-là,
©bv Tca©Épa ©où à6bvi©où
le père de-1'athlète
[ques,
©OÛ V£VlXYjxÔ©0Ç 'OAÛp-TCKX,
le ayant-vaincu ffl«û>/ewa?-01ympi5 è oùy_ ôpà ©bv yeî©ova
mais ne-pas il-\o\t le voisin
©bv èxxopiÇovta
le portant-en-terre.
©b ©catSt'ov,
le (son) petit-enfant,
où8è OÏSEV âicb oî'aç xpôxr|Ç
et-ne-pas lï-sait à quelle trame
Èxpép.a©o ocjrôi.
lY-était-suspendu à-lui.
Mèv yàp ôpàç ©oùç
D'-une-part, en-effet, tu-vois les
Staqpspopivovç Ttep't ©ôiv 5po>v oens-disputant au-sujet des limites
offoi s'ia©, x a t ©ouç
combien-nombreux i7s-sont, et les
|vvay£cpov©a;©à xprjua©a,
entassant les richesses,
eïra xal.oup.Évouç,
ensuite étant-appelés,
Ttplv aTtol.aùaa: aù©âiv,
avant-d'avoir-joui d'-elles,
ÙTCÔ (DV etTTOV
par ceux-que j'-ai-dit,
©(ôv àyylX(ov©ExaVjTtT|pe©côv. les messagers etaussi serviteurs.
[18] X A P . 'Opw
[18] CHAR, /e-vois
©câv©a ©au©a,
toutes ces-c/toses,
xal èvvow ys npbç Èu.au©bv
et je-réfléchis du-moins envers moi 1
5 ©t (ècr©i) ©b 7]8u aÙTOtç
ce que est l'agréable à-eux
[môme
Trapà ©bv jlcov,
pendant la vie,
r] ©c ècmv ixEÏvo, ou
ou quoi est cela, dont
OTEpôgEvot ayavaxTOÙfftv.
étant-privés «Ys-s'-indignent.
Du-moins,-certes, siquelqu'-un d'-eux
ToÛV TjV T!Ç aÛTtOV
a-vu les rois,
i'Sr| ©ou; SowtÀéaç,
lesquels passeut-pour
oîitsp Soxoùcnv
être fes-plus-heureux,
elvat EÙ8atu.ovso-©a©Oî,.
outre l'instabilité
'i\u> ©où a6e6aiov
et, comme tw-dis,
x a i , OJç <pYJç,
i'-équivoque de-la fortune,
àpcpiêbÀou T©]; ©ùy_r|Ç,
if-trouvera
les tourments
£upr,a-Êi ©à à v i a p à
s'-attachant
à-eux
7tpooôv©a aÙTOÏç
plus-nombreux que-les plaisirs,
7t).£l(j> TCOV YjOEOJV,
craintes et troubles
çôêouç xat ©apayà;
et haines et machinations
xat pua/j xat ÈTttêouXà;
et colères et flatteries :
xat opyàç xat xobaxet'aç •
car
tous
yàp àitav©£ç
XAPÛN.
CHARON.
EUVECSCV • sco irévÔYixal vôcouç xal TCXQïI,^!; woTtu.t'a; B-qXaoïj
ÇûvEto-cv TouTotç1
sont-avec (vivent exposés à) cesËdi TTéVBVI xa\ vocou;
je-lais.se deuils et maladies [choses ;
xac rcâb-q, 8ï]Xa8ï]
et souffrances, à-savoir
SpXovTa a-jTdiv k% tcorcgcaç. dominant eux à titre-égal,
[ceux-ci
Aà oTtou TOC TOûTWV
Mais, du-moment-que les-affaires dc(èCT'C) vtovqpà, xacpôç (èerre)
sont mauvaises, occasion est
XoyîÇEGÔat oïa âv ECV)
de-jugerquelles,d'aventure,seraient
300
âvçrv-ovTX aÙTÔJv. ^OTTOU 8s Ta TOUTWV 7rovT|pa, Xoy^£<76at x a t sbç ola TX TôJV cScu>TôW av erq.
Fragilité de la vie humaine. Luttes et ambitions folles des mortels.
Faut-il les avertir? Mais à quoi bon?
[19] 'EÔéXw. ô' oiîv COI, OJ 'EpU-TJ, ECTCECV WTCVC EOCXEVXC
r à TôJV 'COCCOTCôV.
les-affaires
301
des particuliers.
u.oc 'eoo;av oc avôpwnbc xac ô Bt'oç a x a ; OCUTôJV. "HSTJ TCOTî
Tcou.cpdXuY*î év û'oxTc SQEOCGOJ ûTCô xpouvw TIVC xaTapaTTovTc
£l STXt
àvtcTau.évaî, TXç œuaaXiSa; Xlyoj, àa»' J>v EuvaY P
°
àcpoôç ; 'EXEC'VOJV TOC'VUV a ï asv TCVEç pccxpat' e'ccc xa\ aÛTc'xa
èxpXYstcxc aTtécëificav, a î S' èTCC TCXEOV Scapxouac xal TcpoGvtopoucojv XOTXï? TôJV CCXXOJV 67isocpucoju.evat lç
U-EYCOTOV ô'YXOV
aipovTXc, sera UCEVTOC xàxscvx'. TCOCVTWî s;sppâY'qaàv TCOTS" oô
Y^p ocov TE àXXw; ye.virîfa.1. Todro EGTCV ô avOptoTcou fitoç *
artavTsç. breo —veûpiaTo; ELCTCEcpua-rjUcÉvoc ot u.Èv aEÏÇooç, oï SE
ÈXxTTOUÇ." XXC 0* U.EV oXiyO/pÔVCOV £7_OOCC xac OJXUU,OpOV TO
souffrances qui les dominent, en effet, au même titre que les
autres mortels. Or, d'après les épreuves de ces privilégiés, il t'est
loisible de conclure quelles doivent être celles des simples particuliers.
Fragilité de la vie humaine. Luttes et ambitions folles des mortels.
Faut-il les avertir? Mais à quoi bon?
[19] Je veux donc, Hermès, te dire à quoi m'ont paru ressembler les hommes et leur existence entière. As-tu déjà regardé parfois les gouttes d'eau qui s'élèvent sous la chute violente d'une
source, j'entends les bulles dont la réunion constitue l'écume ?
Eb bien! de ces bulles, les unes, fort légères, crèvent et s'évanouissent aussitôt ; les autres, au contraire, durent plus longtemps, et, se joignant à leurs voisines, s'enflent démesurément et
arrivent à une grosseur considérable, puis, néanmoins, elles aussi,
éclatent complètement en fin de compte : car il n'est pas possible
qu'il en soit autrement. Voilà l'image de la vie humaine : tous
sont gonflés par un souffle plus ou moins fort ; les uns ont une
Fragilité de la vie humaine. Luttes et ambitions folles des mortels.
Faut-il les avertir ? Mais à quoi bon ?
[19] Mais.-réellement, je-veux dire
[19] Akoviv ÈBéXoJ êÎTTEïV (roi,
û\ 'Epu.ïp «Tivc oi avUpujTCOC ô Hermès,, à-quoi les hommes [à-loi,
et toute la vie d'eux
xaï oLTCxi ô pfo; OCJTôJV
ont-semblé à-moi ressembler.
k'Soïâv pot Èotxévat.
As-fu-vu déjà quelquefois
'EuEâaco -q8vj TCOTè
dans f'-eau des-bulles
év {ISau TCopjpbXuYaç
s'-élevant sous certaine
orvccTTauivac verd TIVC
source se-précipitant-avec-force,
xpovvôi xaTapaTTOVTi,
Xéyh) TOCç cpucraXîSaç,, àreb J>v je-dis les globules, desquels
l'écume se-compose?
ô àçpbç ttuvayscpETac ;
"Execvwv TOCVJV aï psv TCVEï De-ceux-ci. donc, les uns certains
sont petits et aussitôt
elac ptxpaï xal aôrûca
ayant-crevé se-son t-étein ts(c'»«ito uis),
êxpayeïa-ac àjréa-êï|<rav,
aï SE Stapaoûarv èitt irXéov, les autres durent plus longtemps,
•xa'c ÔTrEpç'jGuiiiEvac
[vacç et, enflés-outre-mesure,
TôJV aXXcov irpoo-yroipo-jccov aù- les autres s'-adjoignant à-eux,
at'povTat è; pÉycarov ô'yxov, s'-élèvent à très-grande grosseur,
puis, pourtant,
E l T a pEVTOC
aussi-eux
M ï èxEîvac
ont-éclaté parfois complètement
èÇeppây-po-dv TCOTE TCXVTCJJ; •
car ne-pas est possible
yàp oùx (ïGTCV) oîov TE
les choses arriver autrement.
Yevéo-6ac aXXw;.
La vie rfe-F-homme
' O fiéoC à'/ÔpcÔTCO'J
est ceci : tous
ÈffTl T O C T O ' (XTCaVTE;
ÈpTCEÇUOfiqpÉvOC UTtb TTVE'jpXTO; ayant-été-gonflés par ttu-souflle
les uns plus-grands,
oï p'îv pEcÇou;,
les autres moindres :
oï Sk ÈXaTTOu;
et
les uns ont
xa\ oï p.kv svo'jor!
302
XAPDN.
©û<ïT|U.a, oî 5à àu,a xw Çuo-xTjVai ÉTtaùaavxo- xcàar S' oùv
àîroppayTivai àvayxoiïov.
E P M . OôSèv y^sfpov au xou 'OuAjpou eïxaaac, cô Xàpwv,
oç cpuÂXoiî xo yévoç aùxwv ôu.oio7.
[20] X À P . Kai xotouxoi ô'VTEç, m 'Epu-Yj, opaç oîa aroioucrt
xat wç cpiXoxtv.oovxGU acpoç «ÀÀ-qXouç «pv^ôjv "Épi xai xtu.û>v
xaî XTijffscov au.tXXoiu.evoi, a r a o a-iravxa xaxaAtTcôvxac aùxoo;
8ETJ(TS'. s va oÇtokov ev^ovxaç vjxeiv arap' Yipiaç. BoùÀei oùv, sarstTisp l'p' ùdp-qXou éap.èv, àvaêoTjaaç 7ra|X[Jtiys9£ç rcxpaivéaco
aùxofç à7rÉj(£a9ai uiv xùiv u.axaiiov TTOVCOV, ÇTJV 8è àe: xbv
9âvaxov Tcpô OCDGIXÀU.ôJV eyovxac, Xsywv, « * i î [xaxaioi, xi
eo-jrouodxaxe Ttepl xaùxa ; naùaaaGe xdtxvovxeç ' où yap èç aei
BioScsaSs" oùSsv XOJV evxaùGa o-epwwv àfotôv èaxtv, où5' av
àiràyoi xtç aùxffiv xi £ùv auxâi ànoGavcév " aXX avâyxv) auxôv
enflure éphémère et meurent d'une prompte mort; les autres, dès
l'instant de leur formation, cessent d'être : tous, enfin, doivent
nécessairement crever.
HERM. Ta comparaison, Charon, n'est nullement inférieure à
celle d'Homère, qui assimile à des feuilles la race des hommes.
[20] CHAR. Et cependant, ainsi faits, Hermès, tu vois comme
ils se comportent, avec quelle émulation ils luttent pour les
charges, les dignités et les biens, toutes choses qu'il leur faudra
quitter, munis d'une seule obole, afin de venir chez nous. Veuxtu donc, puisqu'aussi bien nous sommes sur une hauteur, que je
leur donne, — en criant de toute ma force, — le conseil de
s'abstenir des vains travaux, et de vivre en ayant toujours la mort
devant les yeux? « Insensés, » leur dirais-je, « pourquoi poursuivre avec cette ardeur de pareils objets ? Cessez de vous fatiguer : car vous ne vivrez pas perpétuellement'; rien n'est éternel
de ce qui est désirable ici-bas, et nul ne saurait rien emporter
avec soi en mourant, mais il faut partir nu : cette maison, ce
CHARON.
303
xb çùaï)[ia obiyoypôviov
le gonflement qui-dure-peu
xoù lùxûpopov, oï 6à
et de-destinée-brève, les autres
ont-cessé
ÈTcaùaavTO
apa T<5 Çuaxïjvai •
en-mâme-temps-que le être-formés ;
5e oùv (semv) âvayxaïov
mais,-réellement, il est nécessaire
irâai àuoppaYTJvat.
[po>v, à-tous de-crever.
[ron,
EPM. Su efxaoac, w XâHERM. Toi, iw-as-comparé, ô CbaoùSèv yefpov xoû 'Op.T|pou,
nullement pire que Homère,
ôç ôpocoT tpùXXoiç
qui assimile à-des-feuilles
xb yévo; aùxûv.
la race d'-eux (des hommes).
[20] CHAR. Et étant
[20] X A P . Kai ôvxe;
tels, 6 Hermès,
xoioOxoi, ut 'Epudj,
iu-vois quelles-càoses fls-font,
opà? oia Tcoioum
et comme fis-entrent-en-compétition
W(l à)Ç <pi>.oTip.ovvxxi
les uns avec les autres,
7rpbç aXÀVjXoUi;
rivalisant au-sujet des-charges
àp.i>,X(iiu;£voi 7rep'i àpyûv
et honneurs et biens,
X0» XlgWV XOÙ XTTJlTEWV,
WKto aTtavra Se^aei
lesquelles toutes-e/toses £i-faudra
eux ayant-quitté
aùxoù; xaxaXtTcôvxaç
venir vers nous,
ïjxetv Ttapà rjpiaç
ayant une-sewie obole.
eyovxaç evaoëoXov.
BoùXei oùv, èweÎTTcp
Veux-fw donc, puisque-aussi-bien
èapèv ÈTt'i ûtpï]),oO,
nows-sommes sur wn-endroft-haut,
àvaëoï]<7aç Ttappiyeâs;
que, ayant-crié très-fort,
irapaLVcirijL) aùxoîç
je-conseille à-eux
«TtéyEaBai plv
de-s'-abstenir, d'-une-part,
xâW 7r6vo)v f/.axaca>v,
des fatigues vaines, et
[jours
de-vivre, d'-autre-part, ayant touÇrjv 8e ê'yovxaç àù
la mort devant Zes-yeux,
TOV Ôdvaxov irpb oç9aXp.ôiv,
disant : « O insensés, pourquoi
Xéywv, « ^Q p.dxccioi, xi
vous-êtes-vous-évertués pour cesèffitouSâxaxe Tcepi xaOxa ;
Cessezvous-fatiguant: car [eàoses?
naùcaarle xâpvovxE;- yàp
ne-pas uows-vivrez pour toujours :
où fktoa-Eafie èç àei '
aucune des-c/toses dignes-d'-égards
oufiev xtov <rep.vwv
ici-bas n'-est éternelle,
ÈvxaOBâ èffxtv àtScov,
et-ne-pas quelqu'-un d'-eux, [cAose
ou8é xiç auTtjv
d'-aventure, emporterait quelqueav aTcâyoi xc
avec lui-même étant-mort :
^ùv aÙTÔJ àTcoâaviôv •
mais nécessité est
aAXa avâyxï) (éaxiv)
aùxbv pkv, oi'yea9ai yup,vbv, lui-même, d'-une-part, s'-en-aller nu,
XAPflN.
304
CIIARON.
u.Èv yuuvàv oP/eaOo», x-qv oixûxv Se xoù xbv aypàv xcti xô / p u ot'ov «eî àXXiov eîvxi xod u,eTaêxXXsiv xoùç 3e<77côxaç. » E i
x a u x a xod x à xoiaûJxx I? S7t7]xôûu lp.êûr|<Txi|JU aùxoTç, oùx àv
oïst u.syaXx wtpsXY^TÎva'. xbv fStov x a t cwtppovEBrseouç av ysvé-
[ 2 1 ] E P M . T i 2 u.axâpi£, oùx otoGx oxcio; a ù x o ù ; vj a y v o t a
xcù Yj àTiaxT) StaxsOeôcacriv, <ùç fi/qo' àv xpuTTixvqi exi SiavotydKjvaù a ù x o ï ; x à inxa., xocouxai x'qpw s ë u c a v a û x a , cnov iisp b
'OSucffEÙç xoùç Éxaipouç 'ÉSoaoE Sést X'q; SEtpïjvcov axpoâ<7£<oç.
ITôOEV ouv àv éxeîvot à x o o o x i Sov-qOstsv, Y|V x x i crû xexpayàe.
"Oirep y à p 7tap' ûpt/v TJ AVJÔTJ
Sûvxxzt,
TOUTO
évxaîJÔx 7) àyvoiac t p y â Ç e x a t . IR-qv àXX' etaiv aùxwv ôXt'yot où
TtapaSeSsypiÉvoi x i v X"qpbv éç x à ôjxa, ctpàç xvjv àXvj8etff.v àrcoXXI'VOVXEC, oçù SîSopxôxïç Iç xà. Tcpàyaaxoc x a t xaxEyvwxoxs;
o î à êoxiv.
XAP.
Oûxotiv sxefvot; youv é[Jt,ëo7Jffu}[Ji.sv ;
c h a m p , cet or, doivent toujours passer à d'autres et changer de
maîtres ». Si je leur criais cela et d'autres choses semblables d'un
lieu oh j e serais e n t e n d u , ne penses-tu p a s q u e les vivants en
retireraient g r a n d profit et deviendraient beaucoup plus s a g e s ?
["21] HERM. Mon cher, tu ne sais p a s dans quelles dispositions
les ont mis l'ignorance et l'erreur : m ê m e u n e tarière n e pourrait
plus leur ouvrir les oreilles, tant elles sont bouchées de cire,
comme Ulysse ferma celles de ses compagnons, de crainte qu'ils
n'entendissent les Sirènes. Comment donc ceux-là seraient-ils en
état de t'entendre, lors m ê m e que tu crierais à te rompre ? En
effet, ce q u e fait chez vous le Lèthè, l'ignorance le produit ici.
Néanmoins, il en est p a r m i eux u n petit nombre qui, n'ayant
point introduit d e cire dans leurs oreilles, se dirigent vers la
vérité, voient clairement les objets, et reconnaissent ce qui en est.
CHAR- Eh bien, donc, si nous criions au moins pour ceux-là?
305
d'-autre-part, la maison et le c h a m p
et l'or être
{appartenir)
àù àX).(iiv xx'i
toujours à-d'-autres et
p-ETaêoiW.Etv TOÙ; Ssuirôxa;. » changer les maîtres. »
Eî lp.ëoij(7atp.[ aùxoï;
Sije-criais à-eux
1% èTïïIQXOOU
c6a'. xcapà TTOXU ;
Siappayyjc;
bï xnv olxtav y.ai TôV àypbv
xal TO xpu<rfov ecvai
d'un-lieu-où-je-fusse-enlendu
•taûxa x a i xà -oiaOxa,
ces-choses et les-choses telles,
oùx oïsc (aùxoù;) av
ne-pas penses-ftt eux, d'-aventure.
d>psX7]0fÉvxt gs-fâXa xbv [k'ov ôtre-aidés g r a n d e m e n t p o u r - l a vie
xcù i v YsvâtrOai
et, d'-aventure, devenir
crtoçpovEoxÉpouî raxpà rcoXù ; plus-sages de beaucoup ?
[cher),
[21] E P M . 7 Û uaxxpiE,
[21] HERM. Ô b i e n h e u r e u x
{mon
oùx otoùa o m o ;
n e - p a s tw-sais comment
T) ayvota xal i) ànârq
l'ignorance et l'erreur
otaTsGïixaa-tv aùxoù;,
ont-disposé eux,
[riérc
ib; p.vjoè Tpo7Tâvo>
au-point-que p a s - m ê m e p a r - t m e - t a xà ôjxa aùxot;
les oreilles à-eux,
àv éhavoixSnvca exi,
d'-aventure, être-ouvertes encore.
TOO-OOTO) -xripw È'êv<jav aùxà, p a r - t a n t - d e cire z7s-ont-bouché elles,
oîôv îrîp «5 'OSoo-o-aù;
ce-que Ulysse
eSpaoE xoù; éxac'po'Jî
flt-à
les {ses) compagnons
[rênes.
SéEtin; àxpoâiTEuîEEtpTJvwv. par-crainte de-1'audition
des-SiIlôôev oùv ÈxEïvoi av
D'-oh, donc, ceux-là, d ' a v e n t u r e ,
S-JVï]6ETEV àxoùoai,
pourraient-ifs entendre,
vjv xaV où
q u a n d - m ê m e aussi toi
StappayT); xExpàyco;;
fw-éclaterais criant?
P à p ôTCEP ri Ar,8() r
Car ce-que le Lèthè
ôùvaxat irapà ùuîv,
peut chez vous,
TOûTO v) â'yvota
cela, l'ignorance
èprâÇsTat Èvxaôôa.
fe-produit
ici.
'AXyàirHvo/.fyoïaùrtiivEtoiv Mais seulement peu d'-eux sont
où TtapafieSsyuÉvot
ne-pas ayant-reçu
TôV x-rçpbv è; xà ojxa,
la cire dans les oreilles,
àiroxXtvovTsç
inclinant
Trpb; rriv àX^ôstav,
vers la vérité,
SEôOPXOTE; ô5ù
voyant d'-une-vuer-perçante
I ; xà irpâyaaxx
vers les choses
x a \ xaxEyvwxbxEî oîà âo-xcv. et ayant-reconnu quelles-cAoses sont.
X A P . Oùxoûv èp.6oyio-<au-ev
CHAR. Donc crierions-nous
Êvtei'voiî yoûv;
pour-ceux-là du-moins,-certes ?.
LUCIEN. — Extraits.
20
306
CHARON.
XAPÛN.
EPM. llspiTTàv xa! TOOTO, Àe-yeiv 7rpi; aÙToù; a ïffar/iv.
' O o a ; OTCM; a7roff7caffavTs; xù>v TLOÀXûV xaxaysXàiffi TûV ytyvouivcov xa! oûSap/q oùSajxSç àpIffXGVtai aùxotç, àXXà 8-qXo!
ilai Spa.cu.ov 'qS-q fiooXsûovTsç uap' ufxôîç arcb TOU (îtou ; Ka'c
yàp xa! pv.ffouvta'. ÊXâyv-ovTs; aùirôjv t a ; aaaQi'aç.
X A P . Eu ye, oj yevvàSar 7cXrjV irâvu ôXi'yoi elfflv, d>
E P M . 'Ixavo! xa! oûrc-r. 'AXAà xaTi'a>u.sv -qo-q.
Les nécropoles. Inanité des monuments et des sépulcres
fastueux. Les villes mortes ou disparues.
[22] X A P . !,Ev e n à7rô9ouv, w T.paàj, eîSsvai, xa! ao<
Bîtlja; aùxô èvreXq £<rq xqv 7reprqyqff[v 7ceTroi-quivo;, t a ;
àito6qxa; TWV ffcoptixcov, !'va zaxopuxxouffi, Boùç ôeàsaffÔot*..
E P M . 'Hpi'a, d> Xapwv, xat xéuSou; xat xaceouç xaXoùV.
xz xotauxa. IlX-qv xa Tcpb xmv TîOXîOJV Èxstva xa v_wu.axa boa;
xat t a ; ffrqXaç xa! Trupauioa; ; 'Exstva xcavxa vsxpoooxeta
xat ffwuarroc&uXaxtà Icxt.
HERM. Peine inutile encore! A quoi bon leur dire ce qu'ils
savent? Vois-tu comme ils se sont retranchés à l'écart du vulgaire?
Ils rient de ce qui se passe, ils n'en approuvent absolument
rien, mais déjà, visiblement, ils méditent de s'enfuir chez vous en
quittant la vie. Car ils sont détestés de ces hommes qu'ils convainquent d'ignorance.
CHAR. Bravo, nobles cœurs! Mais ils sont bien peu nombreux.
Hermès.
HERM. Ils sont assez comme cela. Mais descendons maintenant.
Les nécropoles. Inanité des monuments et des sépulcres fastueux.
Les villes mortes ou disparues.
[22] CHAR. Il y a une chose encore, Hermès, que je désirerais
savoir ; et quand tu me l'auras montrée, tu m'auras fait une description parfaite : fais-moi voir les lieux où ils déposent les corps,
où ils les enfouissent.
HERM. Ils appellent, Charon, ces endroits-là des monuments,
des tombeaux et des sépultures. Vois-tu, à l'entrée des villes, ces
amas de terre, ces stèles et ces pyramides? Tout cela est destiné
à recevoir les morts et à garder les cadavres.
EPM. K«\ tO'JtÔ (ÈOTl)
TiepixTÔv, )iysiv
irpb; auTO-j; a t'ffatrtv.
Upa; oiro>;
airoarcâa-xvTg; xôiv noÀXâv
xaTayeXwert xcov ytyvop.svuv
xat àpÉffxovxat aùtat;
oùSapq oùSapoK,
à/\Xâ elfft SrjXot
PouXs-uovxe; qSq ôpaap.bv
•Jtapà ôp.â; àrco xoû ph'ou ;
Kat yàp xat p,ta-oijvTai
jXeyyovxs; t a ; àp.a8ta; aùxûv.
XAP., ES ye,
tu yevvâSat ' wXqv
eîcrtv xâvu oXîyot, w "Eppàj.
EPM- Kat ouxot (ëiatvj îxa'AXXà xaTt'wp.sv r[Sq.
[vot.
307
HERM. Aussi ceci est
superflu, de-dire
à eux ce-que ^7s-savent.
Vois-fw comme,
s'-étant-séparés du vulgaire,
ifs-raillent les-choses se-passant,
etne-se-plaisent-à elles
nulle-part en-aucune-façon,
mais sont évidents
méditant déjà /a-fuite
vers vous loin-de la vie ?
Et, en-effet, aussi r'Is-sont-détestés
convainquant les ignorances d'-eux.
CHAR. Bien, du-moins,
ô Aommes-généreux : seulement
ids-sont tout-à-fait rares, ô Hermès.
HERM. Aussi ceux-ci sont suffisants.
Mais descendons à-présent.
Les nécropoles. Inanité des monuments et des sépulcres fastue
Les villes mortes ou disparues.
. [22] X A P . 'Enoflouv,
<L eEpp.-îi,
stSsvai en êv,
xa\ fieras aùxo ptot
SffV) 7rs7Cotv)p.évo;
xqv 7T£ptV|yTr](Ttv èvxsXq,
ôou; ÔÊtxaacrSat
t a ; a7io6tn,xa; TôV aut^âruc/,
i'va xaxopûxToufft.
EPM. T£2 Xâptov, xaÀoùo-t
tà.Totaûxa ajptoe
xa't xépéou; xat xâ»ou;.
nXqv ôpâ; èxëfva xà //optata
t a xpo tciiv Tiôi.eoov
[5aç;
xa't t a ; uxqXa; xat itupap-tIlayta èxeîva
Èati vexpoSoxëta
xa't itopaToçuXaxta.
[22] CHAR. Je-désirais,
ô Hermès,
savoir encore une-chose,
et, ayant-montre elle à-moi,
ta-seras ayant-fait
la description-détaillée parfaite,
m'-ayant-donné L-occasfon-de-voir
les lieux-de-dépôt des corps,
oùdfs-erifouissent eux.
HERM. Ô Charon, l'ùs-appellent
les-lieux semblables monuments
et tombeaux et sépultures.
Mais vois-to ces amas-de-ierre
les à-l'-entrée des villes
et les stèles et pyramides?
Toutes ces-c/ioses-là
sont Zes-Iieux-recevant-Ies-cadavres
et ies-lieux-gardant-les-corps.
308
XAP.
XAPQN.
Te oùv Ixetvoi o-TEcavoôo-'. TOù? XI'OGU? xa\ yptouor
aépw, oî 5à xat Ttopav vyjaavTsç upb xûv y/wfÀotTiov xx: fSoGpc-v
T'.và opûçavTs; xat'ouat TS TKUTC TX TLOXUTEÀYJ- ôs^uva xat è?
r à opûyu.aTa otvov xxt US/U'X?&TOV> coç yoov ï i x â a a t ^ l x y s o u orv;
E P M . Oûx oltjGx, to TrofGu.su, Tt Taîrca Ttpbc toù; sv "AtSou.
ITsTrKjTsrjxafjt S' oùv TOC; oùuyàç àvaTcsu,Ttou.sva; XOTCOÔEV SeiTCvetvuiv d>? oïôv TS TCSpiTtsToasva; TTJV xvcaav xa\ TOV XXTCVQV,
Tct'vEtv oï àrcà TOU SôGpou xb [XCXïXPXTOV.
XAP.
'Exetvouç e n Tct'vetv -q eo-Qtetv, eiv r à xpavta ^uycô—
Taxa; Katror ys/loTo? élu.', col Àéytov TXùra, oc-quépat xaTayovn. aÙToû? " otoô' oùv et ouvatvr' av ETC âve/\6e"tv, a7ca£
ÙTcoyGovtot yevôuevot. 'Eiret xot xat itayyeXoV av, où 'Epu.Tj,
ertad/eç oûx ôXîya TrpâyaaTa syanv, ei eoet u-vj xaTayetv nvôvov
aÛToùç, àXXà xal aùGtç àvâyetv Tciojxévouç. T i î uxxaiot, TTJç
CHAR. Pourquoi donc ces gens-là couronnent-ils les pierres et
les frottent-ils de parfum, tandis que d'autres, ayant construit un
bûcher avec du bois entassé devant les tombes, creusent une
fosse, y font cuire ces mets somptueux, et versent dans les trous
ainsi creusés du vin et du lait miellé, autant, du moins, qu'on peut
le conjecturer?
HERM. Tu ne sais pas, nocher, en quoi cela concerne ceux qui
sont chez Hadès. Mais, réellement, ils se sont persuadé que les
âmes remontent d'en bas pour prendre part à ces repas autant
que possible en voltigeant autour de la graisse et de la fumée, e t
qu'elles boivent le lait miellé répandu sur la fosse.
CHAR. Eux! boire ou manger encore, eux dont les crânes sont
tout secs ! Mais quoi ! je suis ridicule de te dire cela, à toi qui,
chaque jour, les fais descendre ici : tu sais, en effet, s'ils pourraient désormais revenir là-haut, une fois devenus nos hôtes
souterrains. Aussi bien, ton rôle serait tout à fait grotesque,
Hermès, toi qui as tant d'occupations, s'il te fallait non seulement
nous les amener, mais encore — et inversement — les conduire
là-haut pour boire. Les sots! quelle déraison! Us ne savent pas
CHARON.
309
XAP. Tt oùv èxeïvot
CHAR. Pourquoi donc ceux-là
XTStpetvoOxt TOù? Xi9ov?
couronnent-ils les pierres
xat xptouar pùpo),
et ies-frottent-iis de-parfum, [cher
o'i Sa xa't véuavTe? nupàv
les autres aussi, ayant-élevé wn-bûiipô Tôiv /(epâTtov
devant les amas (tombes)
xa't âpôijavTÉ; vtva [3o6pov
et ayant-creusé certaine fosse,
TE xat'oofft vauTt ( = taùra) et brillent (font cuire) ces
Ta oEïirva 7ro).UTe/.Y)
mets somptueux
xa'iêxxÉaucTV è? Ta ôpùygaTa et versent dans les trous-creusés
otvov xat u.E>txpaTov,
vin et hydromel,
[conjecturer?
où? yoûv etxâaat;
[pLeC, autant du-moins,-eertes, qu'on peut
EPM. Oûx otcrôa, w iropGHERM. Ne-pas lit-sais, ô nocher,
Tî Taûrâ (êtTTi} 7tpo?
quoi ces-choses sont par-rapport-à
Toù? {ovTot?) èv (otxo>) "AtSov. les étant dans la maison d'-Hadès.
A ï oùv itexto-Tïùxao-t Ta? im- Mais-,réellement,iis-ont-cru lésâmes
àvaiïE(j.irouiva? xârcoGEv [yà? étant-renvoyées d'-en-bas
[ble
osiTtvsïv pèv w? otov TE
souper, d'-une-part, autant-que possiTtEptTtïTO|/.ï'va? TTJv xvtcrav
voltigeant-autôur-de la graisse
xa\ xôv xairvbv,
et la fumée,
SE ixtvetv TO ps>.txpaTov
et, d'-autre-part, boire l'hydromel
àizb TOV pAOpou.
provenant-de la fosse.
XAP. 'Exst'vov? ut'vEiv r]
CHAR. Ceux-là boire ou
êo-Ôietv ETI, wv
manger encore. etw:-dont
Ta xpavta (èUTI) ^ p o t a t a ;
les crânes sont tout-secs !
KatTot stpà yeXoïo?
Et-certes, je-suis plaisant
Jiéywv Taùrâ aot,
disant ces-choses à-toi,
xatàyovtt aùtoù? ôonpipaf conduisant-en-bas eux chaque-jour:
oîo-Ga oùv et àv SiivatvTo
tu-saisdonc si, d'-aventure, iis-pouràvèXÔEtv eTt, aux?
remonter encore, une-fois
[raient
y-Evônevoi ÙTtoyoôvtot.
étant-devenus souterrains.
'ETtît TOI xa't, w 'EppLvjj
Attendu-que, certes, aussi, ô Hermès,
av ETraaye?
d'-aventure, tu-éprouverais
irayyÉXota,
im-sort-très-plaisant,
eywv irpdtyu.aTa oùx ôXtya,
ayant affaires non peu-nombreuses,
et eoet p.ïj p.ôvov
si ii-fallait non-pas seulement
xavâyeiv aùvov?, àXî.à xa't
çonduire-en-bas eux, mais encore
aùôt? avdyetv (aùroù?) 7ttojxé- en-sens-inverse remonter eux devan t""ûgâTatot^ïiîâvota?, [vou?i Ô insensés, la déraison,
[boire,
oùx êIOOTE? 'oXt'xot? clpot?
ne-pas sachant par-quelles bornes
Ta Tipâyuava vExpâiv
les affaires des-morts
310
CHARON.
XAPQN.
avot'ocç, oux etàOTEi; 7]Atxotç opotç 0!a/.=xp'.xxt Ta vsxpffiv xat xa
Çwvxoov TTpàyu.axa, xa) oîa xà 7tap' vjp.îv Icxi, xal ôxt
xat xà ÇWVTWV
[23] E P M . 'HpâxX£ic, w; TCOàùV xov "Ouxqpov EixavxAsïi;.
' A X A ' énEt'irsp àvlu-v-qaàç [A£, éBEXW eroi Oîïrjai xbv xoû 'Ap/iXXEOJç xâcoùv. 'Opaç xôv ETCS T/| 8aXaxx7j ; Sîyetov piv Ècxtv
èxEivo xo Tptoïxôv • àvxixpù ôx ô Àîaç xsôûtTcxat Èv x â ' P o t xei'w.
X A P . Où u-eyâXot, a!) 'Epu/q, ot xàsot. T à ç TCOASC; SE x i ;
STCKJTqu-Quç SEÏçQV p.0'. ïJ8T|, aç xâxu) àxouop.£V, xqv Nivov xqv
SapoavaTxàXXou xoù Ba6uÀ<J3va xat Muxqvx; xal KXewvaç x a :
xqv "IXtov aùxqv " TroXXoùç. youv p.É|j,vqp.xi StaTcopÔu-eùtraç
ÈXEIQEV, tbç SÉxa oAmv ET<3V p.q vswXxqcai p.qo£ SiaJpupat xà
Txaanoiov.
E P M . e H Nivo; [AEV, w TCop8u.Etj, àTCoXcoXEV qoq xal ou§s
SiaxÉ/.ptxai,
xal oîà £<TTt
xà Tcapà qgïv, xat Sxt
TE 6 àvqp àxup,6ô;
TE o; EXl.a/E xvggov
xaxÉfiavô opài;,
8È èv lîj xipâ) (ei<r:v)
r
Ipo; TE xpsiwv 'Ayap.ép.v(ov •
Sa Tcâ't'ç QsxtSo; quxogoiô
(Èortv) laoç ©spar'xq.
Aè Tcàvxs; E'KTIV égaiç
xâpqva àp.evqvà VEXVWV,
TE yupivot TE Iqpcù
xaxà XEtp.ôiva a<7cpoSE),6v.
[23] EPM. 'HpâxlEtc, à)s
noXùv ETtavxAEtçxbv "Op.-qpov.
'Alla âxEmEp àvÉptvqaâî p.E,
È8èX(i) Ssî^aî aot
xbv xàçov XOTJ 'A^tXXÉinç.
quel immense abîme sépare les affaires des morts et celles des
vivants, ni comment se gouverne notre empire :
Mèv Êxsfvô èaxtv
xb Tponxbv Stystov •
5s àvxtxpo ô Aîa;
xâxSav' ôp.â>; S T' àxujiLëo; avqp o; x' ë/.Xavs xùp.êou,
èV 8È cq Ttu-yj ~Ipo; xpsfwv t' 'ÀrxgÉiAvtov •
©spffÉxï) S' t<7o; QèxcBo; irai'; rpjxép.oio.
llâvxe; 8' eîa'iv ôu.8>; VSX-JMV au.svqvà xâpqva,
Y'jpvot TE Sqpoî TE xax' àovpoûî/.bv /.Eipiôva.
'Opà; xbv ÈTCI xq ôaAàxxq ;
Tous les morts sont égaux, ensevelis ou non ;
Pareil honneur attend Iros, Agamenmon;
Et le fils de Tbétis, la charmante déesse,
Est semblable à Thersite, En une même presse.
Ombres sans consistance et spectres inconnus
Dans le pré d'asphodèle errent maigres et nus.
xéSairxat èv xû 'POITEIM.
XAP. r Q 'Eppq, ot xâipot
a'jy. Etar p.Eyàbot.
.
[23] I1ERM. Par Héraclès ! comme tu nous inondes d'Homère !
Mais, puisque tu m'y as fait songer, je veux te montrer le tombeau
d'Achille. Vois-tu celui qui est au bord de la mer? C'est là lé
promontoire de Sigée, près de Troie : en face, Ajax est enseveli
sur le Rhoetée.
CHAH. Ils ne sont pas grands, Hermès, ces tombeaux! Mais,
maintenant, désigne-moi ces villes fameuses dont nous entendons
parler aux enfers, la Ninive de Sardanapale, Babylone, Mycènes,
Cléones, et Ilios elle-même : je me souviens, en vérité, d'avoir
passé beaucoup de morts qui venaient de ce pays-là, à telles,
enseignes que, durant dix années entières, je n'ai pu tirer ma
barque à sec, ni la radouber.
HERM. Ninive, mon cher nocher, a péri à présent : il n'en reste
Ak SEUÔV got q5q
xà; ixbÀEtç xà; £Tti(Tqp.ou;,
à; axoùop,EV xâxo>,
xqv Ntvov xqv SapSavaTcâlAo'j
xat BaSu).(iiva xal Muxqva;
xal KXswvà; xal xqv "Duov
yoôv p.épLvqp.at
[aÙTqv
8[aTcop6p.c\j<ra; 710M.0Ù; èXEï(L; 8sxa èxâiv oAcov
[6sv,
p.q vstol.xqaat
\i.rfiï 8iaAô?at xb axaçi'Biov.
EPM. 'H Ntvo; gè'v,
a) itopOgsù, ait6),(i)).£v -q8q
311
et les [celles) des-vivants
ont-été-séparées,
et de-quelle-nature sont
les-choses chez nous, et que
et l'homme sans-tombeau
et celui-qui a-obtenu tm-tombeau
mourut [meurt) également,
et dans un-seu£ honneur sont
Iros et ?e-puissant Àgamemnon ;
et T-enfant de-Thétis à-la-belle-chcest égal à-Thersite.
[velure
Mais totis sont semblablement
têtes sans-consistance de-morts,
et nus et secs
dans Za-prairie d'-asphodèles.
[23] HERM. Par-Hèraclès, combien
abondant tw-puises Homère !
Mais puisque ta-as-fait-souvenir moi,
je-veux montrer à-toi
la sépulture d'Achille.
Vois-fu la [celle] près-dc la mer?
D'-une-part, celui-là est
]ç-promontoire Troyen de-Sigée :
mais,-d'-autre-part, en-face, Ajax
a-été-ensevel i sur le Rhœtée.
CHAR. Ô Hermès, les sépultures
ne-pas sont grandes.
Mais montre à-moi maintenant
les villes les célèbres,
[bas,
lesquelles nous-entendons-ncwi ter enla Ninive la de-Sardanapale
et Babylone et Mycènes
et Cléones et Ilios elle-même :
du-moinSj-certes, je-me-souviens
avoir-passé beaucoup de-là-bas,
au-point-de, pendant dix ans entiers,.
ne-pas avoir-relâché
ni avoir-fait-sécher la (ma) barque.
HERM. Ninive, d'-une-part,
ô nocher, a-péri maintenant.
312
XAPON.
CHARON.
ï/yvo; £tt Xocxôv aÛTïjç, oùo' ôlv eïàro-iç orrou TîOTÈ -qv. CH BaêuXOJV os GO'. êxei'v7) l<7T!V 7] eûrcupyoç, 7] TOV uiyav Tcept'êoXov,
OÙ pvsxà 7T0Xù Xat aÙXT] rX/qTT|671<TOU£V7j, OJCTTCSp 7] Nl'vOÇ. MuXTjvaç os xa! KXscovxç aloyûvop.at Sstçat o*ot, xai u.àÀi<7xa xb
"IXiov.
'ATUOTCVIçSU; yàp
xyi uisyaX7|yopta xwv
u-ovsç, vùv os
6U,EîJ,
-
TSÔVXO :
se oio' oxi
ITCôJV.
TOV
"Ou/qpov
XXTEXOOJV STCI
nXTjV àXXà TcàXxt u,Èv -qffxv eùSoci-
xal auxat. 'AiroGvvyjxouffE yap, d> rcop-
xai TtoXstç, waTrep avGpanroi, xat
Tô
TrapaSo^oraTOV, xai
7;otau,ot oXot * 'JvâXvûu youv oùàs xâcopoç exi IV "Apyst x a x a Xs^TTSTai.
XAP.
LTaTraî xû>v siratvcov, "Opvqp£, xat xàiv ôvoaàxaiv •
« "IXtoç t'p7j » xat « sùpuâyuta » xat « luxxcu.svat KXsarvat'. »
— [24] 'AXXà p u T ^ ù Xôycov, xt'vsç Ixsïvot siatv ot
TïOXEUOSV-
TSç, à] uTcsp xt'vo; àXXvjXou; oovsùoua'tv;
plus trace, et tu ne saurais dire où elle pouvait bien être. Quant
à Babylone, la voici : c'est cette cité aux fortes tours, à la vaste
enceinte; bientôt on devra la chercher, elle aussi, comme Ninive.
Pour Mycènes et Cléones, j'ai honte de te les montrer, et surtout
llion. Car, de retour aux Enfers, tu étrangleras, j'en suis sûr,
Homère pour l'emphase de ses vers. Mais quoi! c'étaient jadis des
cités prospères; aujourd'hui, elles sont mortes, elles aussi. Car
les villes, ô nocher, meurent comme les hommes, et, — ce qui est
le plus étrange, — des fleuves entiers : une chose certaine, c'est
qu'il ne reste plus à Àrgos le moindre vestige du lit de l'Inachos.
CHAR. Pourquoi ces éloges, Homère, et ces épilhètes : « Ilios
la sainte, Ilios aux larges rues, Cléones bien bâtie? » — [24] Mais,
tandis que nous causons, quels sont ces hommes qui combattent,
et pour quel motif est-ce qu'ils s'entre-luènt?
xat O'jôè ïyvo; aôxq;
(èoTtv) ïxt XotTTOV,
ouôï av «Tcoi;
OTIO'J 1ÏOTÈ Ï ) V .
H BaSuXùv Se èaxfv
«rot IxEtvq y] e&rupYoe,
7) xbv giyav TrepîSoXov,
Ç'uv7|9"qao[xév7i xaVaûxq
où p.exà TtoXô,
wffriep q Nîvoç.
Ah aiffyYJvojia: Ssïijat «roi
Muxqva; xat KXewvàc,
xa\ [ictAtaxa xb "IXtov.
Tàp otSa su oxt xax£X9wv
otTroxvtiU:; xbv "OuripQv lut
Xï) p.eya).Y)Yopta xàiv èTOôV.
AXXà TTXYJV itâXat p,èv
rjo-av eùôatgovEç, Se VJV
aoxat xeovào-t xat.
Tàp, w Tiopftpeô, jrôXst; xat
àîto9vxo-xouo-tv,(off7rçp àvflpw-
xat xb TcapaSo|ôxaxov, [xcot,
xat Ttoxagot 3Xoe '
YoOv ovSè
xâtppoî 'Ivà/ou
xaraXetTrexat ext èv "ÀpY£t.
XAP. "Op-vjpî, Trax-at
xwv È7xat'vwv xal
xwv àvoaâxwv « "IXto; ïpq »
xa\ « sûpuâyuca » xat
« KXewvat £TJxxip.£vai. »
— [24] 'AXXà fjtsxaijù Xôytov,
xtvs: etatv Èxeïvot
oi îroX£o.oôvxî;
7) VTcèp xtvoç
çOVEÛOUO-IV
àXXqXc-y;;
313
et aucun vestige d'-elle
n'est encore de-reste,
et-ne-pas, d'aventure, fu-dirais
où par-hasard effe-était.
Babylone, d'-autre-part, est
à-toi cette-lutte la aux-belles-tours,
la ayant la grande enceinte,
devant-être-cherchée aussi elle-même
non-pas après long-ie/njos,
comme Ninive.
Mais je-rougis de-monlrer à-toi
Mycènes et Cléones,
et surtout llion.
Car je-sais bien que, étant-descendu,
fu-étrangleras Homère à-cause-de
l'exagération des vers.
Mais seulement autrefois, d'une-part,
e/Jes-étaient heureuses, mais maintecelles-ci sont-mortes aussi.
[nant
Car, ô nocher, fes-villes aussi
meurent, comme tes-hommes,
et — le plus-étrange —
aussi des-lleuves entiers :
du-moins,-certes, pas-môme
le-lit cfe-f'-Inachos
[Argos.
n'-est-laissé (ne subsiste) encore h
CHAR. Homère, à-quoi-bon
les éloges et
les termes : « Ilios fa-sainte »
et « aux-larges-rues » et
« Cléones bien-bâtie? »
— [24] Mais, pendant nos-propos,
quels sont ceux-là
les faisant-la-guerre,
ou pour quel-motif
s'-égorgent-ïfs les-uns-les-autres?
XAPQN.
314
Les batailles. — Conclusion du dialogue.
CHARON.
315
Les batailles. — Conclusion du dialogue.
EPM. 'Apysfoo; ôpSç, <£ Xxpwv, xat Aaxeoatpvt'ou; xal
xbv •/]U,I9VY1X<X EXEïVOV <jTpxTï|ybv ' O O p à o a v , xbv ÈTctypacpovxa
TO TpOTiaiOV Ttp aUXOU a!U.KTt.
XAP.
Txrèp TI'VOç o' aùxoïç, w 'Epu-Tj, ô TtôXeao; ;
EPM. 'Yirèp TOO 7rsStou aùxoû Iv 5 jxàyovxai.
XAP.
*£2 xrj; ivot'aç, o't ys oùx icaaiv bxc, xav ô'À-qv xvjv
IIsXoTrdvvTjaov ExocffToç aÙTtov xT-iqo-covTat, u.oyi; av iroSiatov
Xàêoiev TOitov Ttapoc TOO Aiaxoîj ' xb SE ireSt'ov TOIîTO CCXXOTE
cîXXot yewpyrjO'ouot, 7ioXXaxiç êx BâÔpwv xo xpôiraiov àvaciraaavxE; toi apdxpw.
E P M . OOTOJ p-sv xauxa eaxai ' 7)0.61; Se xaxa&avxs; 7)Sï)
xat xaxà x ^ p a v eô6sTYJGavxE; aûÔtç xà opv) a7uaXXaxxoju.e6a,
lyà> p.èv xaô' a lsxàXv]V,'(ïù Si STCI TO TEop6u.£Îov • rjl-oo SE <TOI
xai aùxô; [XET' oXt'yov vexpocToXwv.
X A P . Eu ys êTcotTrjtrotç, ou ' E p ' p j • eùspysTYj; I ; âel àvaysLes batailles. — Conclusion du dialogue.
HERM. Tu vois des Argiens, Charon, et des Lacédémoniens; et
ce général à demi mort, c'est Othryadès, qui trace une inscription
sur son trophée avec son propre sang.
CHAR. Mais à quel propos, Hermès, sont-ils en guerre?
HERM. A propos de la plaine même où ils luttent.
CHAR. Oh! quelle folie! Ils ne savent donc pas que, quand
bien même chacun d'eux posséderait tout le Péloponnèse, avec
peine obtiendrait-il d'Eaque un pied de terre; cette plaine, tantôt
les uns, tantôt les autres la laboureront, et maintes fois la charrue
renversera ce trophée de sa base.
HERM. Oui, il en sera ainsi; mais, nous, descendons à présent,
remettons bien à leur place les montagnes, et allons-nous-en,
moi aux commissions dont on m'a chargé, toi à ta barque : je
viendrai te visiter en personne bientôt, amenant des morts.
CHAR. Tu m'as rendu service, Hermès : tu seras inscrit pour
EPM. ~û Xâpwv, <5p5;
HERM. Ô Charon, tu-vois
'ApyeîouçxaVAaxsSatpiovfoii; Argiens et Lacédémoniens
xat èXEîVOV xbv arparriyàv
et celui-là le général
'OôpuâSav f,p.i6vïjTa,
Othryadès à-demi-mort,
xbv ÈTriypdçovTa TO xpôiratov le inscrivant le trophée
Tô) aipaxi aùxou.
['Ep^r), «•wec-Ie sang de-lui-même.
XAP. Aè ÛTtèp xivo;, u>
CHAR. Mais pour quoi, ô Hermès,
(ëOTVJ) a-jToï; ô irdXep.0; :
est à-eux la guerre ?
E P M . 'Yxèp toO ITSSîO'J
HERM. Pour le territoire
aÙToO èv w p.dx<wai.
lui-même sur lequel i/s-conibattent.
XAP. *Q x% àvoi'aç,
CHAR, ô la déraison,
os ys oux î'daa'iv oxt,
ena;-qui du-moins ne-joas savent que,
xat av xTïio-wvTai
quand-même tls-posséderaient
Exauxo; aûTdlv
chacun d'-eux
TTjV EU).07rÔvVY)<TOV 5).V)V,
le Péloponnèse tout-entier,
p-ôyt; av XdëcuEv
à-peine, d'-aventure, recevraienUïs
mxpà TOû Ataxoû
de-la-part-d'Éaque
TOTTOV Ttooiaîov
un-endroit d'-un-pied :
os dXÀot
mais d'-autres
y£(Opyr|ffoua-tv aXXoxs
laboureront une-autre-fois
TOÙTO TO TTEÔIOV,
ce territoire,
àvaaTrâaavxs; TtoMdxi;
ayant-arraché souvent
TÔ> àpOTpOJ
par-la charrue
Tô xpôuatov EX pdOptov.
le trophée de «es-bases.
E P M . T a û x a p.èv
HERM. Ces-choses, d'-une-part,
Ë d T a t OUTCO • SE ri|XEÎÇ
seront ainsi : mais nous,
xaxaêâvTS; qSq
étant-descendus maintenant
x a t EÛOETviiTavTE; a 3 9 i ;
et ayant-remis de-nouveau
Ta ô'pv) x a x à ycopav
les montagnes en place,
aTcaXXaxxtopeâa, èyw piv
allons-nous-en, moi, d'-une-part,
vers lesquelles-c/ioses je-fus-envoyé,
x a x à a ÈaraVirv,
toi, d'-autre-part, vers la [ta) barque :
I7U Se èïù TO TtOpOjXEtov "
rfew SE (soi
je-viendrai, d'-autre-part, à-toi
aussi moi-même après peu-de-temps,
xat aùxô; aexà oXt'yov
amenant-des-morts.
VEXptXJTcAriiv.
CHAR. Ô Hermès,
XAP. T û 'Epuàj,
tw-as-fait bien du-moins : .
È7tor/]i7a; z\> ys -
316
CHARON.
XAPQN.
avayeypiiijir,
eùspyéTYiç è; kzl'
yàp «vâu-vy/ xi
317
toujours au rang de mes bienfaiteurs ; car, grâce à toi, j'ai tiré un
vrai profit du voyage. — {Hermès s'éloigne.) Voilà donc les soucis
des malheureux humains : des rois, des briques d'or, des héca
tombes, des batailles : et de Charon, pas un mot!
iK-scras-inscrit-comme
bienfaiteur pour toujours :
car j'-ai-tiré-profit en-quelque-c/wse
TTJç à7re>5n[i.!aç Stà ai. —
du voyage à-cause-de toi. —
Oia iari T ï Trpayjiarx
Quelles sont les misères
T(iiv xaxoôatp.ovd)v àvQpcorctov des malheureux hommes!
Sa<7i),£Î;, îtAtvGoç ypwaî,
Rois, briques d'or,
ixaTÔpiëxt. pâ^at *
hécatombes, batailles :
aï Xâpwvo;
mais de-Charon
ouoeiç Xôyoîaucun mot.
FIN.
FIN.
Ypâuvrj ' ùvàu/qv yâp t t otà es ryjç aTrooinuiac. — Oia iaTt
r à TCSV xaxoSatpLo'vaiv àvâpoiTitov irpotyp-axa " pao-tAeîç, TuXfvôoi
/pusau, £JtQCTo'u,éoct, O-Oc^oti * Xaptovoç Se oùcViç Xc-yoç.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
ANALYSE DU Timon
1
Timon -
6
APPENDICE DU
Timon.
116
ANALYSE DU Songe
121
Le Songe
ANALYSE DE
124
L'Icaroménippe
161
164
Icaroménippe
ANALYSE DU Charon
251
Charon
51599. — Imprimerie
256
LAIIERE,
rue de Fleurus, 9, à Taris.

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