1) FORMATION DES ROYAUMES DE FRANCE ET D`ANGLETERRE .
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1) FORMATION DES ROYAUMES DE FRANCE ET D`ANGLETERRE .
1) FORMATION DES ROYAUMES DE FRANCE ET D’ANGLETERRE . a) LES DIVISIONS DE L’AN MILLE Comment se présente l’Europe après la dislocation de l’Empire carolingien au X è, s. ? Quelle est la place du royaume des Francs ? i) Une Europe sans unité Vers l'an mille, l'Europe est très différente de ce qu'elle était vers 800. À l'est et au nord sont apparus de nouveaux États chrétiens : Hongrie, Pologne, Danemark ; les îles Britanniques sont divisées en petits royaumes. En Espagne, les petits royaumes chrétiens du Nord sont sans cesse menacés par les musulmans. L’Empire carolingien a été remplacé par l'Empire germanique. L'empereur est alors le personnage le plus puissant d'Occident : il est roi de Germanie et d'Italie, mais son territoire est divisé en de multiples États, les uns minuscules et réduits à une cité, d'autres plus étendus, comme la Bavière en Allemagne. Du X au XIIIè, s., l'empereur germanique et le pape se livrent une longue lutte pour savoir lequel des deux est supérieur à l'autre, La querelle des Investitures, achevée en 1122, accentue les divisions des villes d'Italie entre partisans du ¦pape et partisans de l'empereur. ii) Le royaume des Francs vers l’an mil Depuis le partage de Verdun en 843, le royaume des Francs, ou Francie occidentale, est limité à l'est par l'Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhône. C'est un vaste territoire, mais là aussi, le morcellement l'a emporté après l'éclatement de l'Empire carolingien. On y parle des langues différentes : la langue d'oc, le basque et le catalan au Sud, la langue d'oil (français, picard) et le flamand au Nord, le breton à l'Ouest. Le royaume est divisé en principautés puissantes. Les principales sont le comté de Flandre, le duché de Normandie, le duché des Francs (entre Senlis et Orléans), le duché d'Aquitaine, le comté de Toulouse. Lorsqu'en 987, le roi carolingien Louis V meurt sans enfants, les grands seigneurs choisissent comme roi Hugues Capet, le duc des Francs. Son domaine n'est pas très important, mais le duc appartient à une famille réputée pour sa lutte contre les Normands, et deux de ses ancêtres ont été rois des Francs aux IXè et Xè s. Son autorité reste cependant fragile, même si les ducs et les comtes, chefs des grandes principautés, doivent lui obéir. Vers l'an mille, l'empereur germanique est le souverain le plus important de l’Occident. En 987, le duc des Francs, Hugues Capet, est élu roi. Ses descendants forment la troisième dynastie française, les Capétiens. b) LES PREMIERS CAPÉTIENS Comment les descendants d’Hugues Capet ont-ils affermi progressivement leur pouvoir ? i) La faiblesse des premiers Capétiens Les premiers rois capétiens, peu puissants, vivent uniquement du produit de leur domaine. Leur influence ne dépasse guère la Loire. Hugues Capet a été élu par les grands seigneurs, son trône n'est donc en principe pas héréditaire ; toutefois, pour assurer sa succession, il fait couronner son fils de son vivant. Ses successeurs agiront de même jusqu'au XIIè s., et auront la chance d'avoir chacun au moins un fils pendant onze générations. ii) Des atouts importants - Si certains seigneurs sont plus puissants que le roi, seul celui-ci possède le prestige donné par le sacre : c'est alors que le roi reçoit son épée, qu'il est marqué du signe de la croix avec le saint chrême* et qu'il est couronné. Il devient alors un personnage inviolable, comme les évêques. On raconte aussi qu'il peut guérir les malades après la cérémonie. Par le sacre, il devient un personnage au-dessus des autres, roi par la volonté de Dieu. Les premiers Capétiens ont d'autres atouts : LA FORMATION DES ROYAUMES DE FRANCE ET D’ANGLETERRE - - - le domaine royal est riche. Pour l'administrer, le roi s'entoure de conseillers qui forment la cour* ; le roi ne prête hommage à personne. En revanche, tous les nobles, quel que soit leur rang, lui doivent l'hommage pour leurs terres dans le royaume sous peine d'être félons ; le roi peut enfin compter sur l'appui de l'Église, et sur celui des villes dont les habitants réclament sa protection contre leur seigneur. iii) Une puissance grandissante Peu à peu, les premiers Capétiens augmentent leur puissance. Louis VI (1108-1137), bien conseillé par l'abbé de Saint-Denis, Suger, est considéré comme le premier « grand roi » capétien. Il assiège puis détruit les châteaux des seigneurs révoltés, protège l'Église et crée la première administration royale. Grâce au sacre, les premiers Capétiens affermissent peu à peu leur pouvoir. Après de lents progrès, leur puissance augmente sous le règne de Louis VI (1 108-1137). c) LA RIVALITÉ ANGLOFRANÇAISE Aux XIIè, et XIIIe s., les rois d’Angleterre menacent les Capétiens. Pourquoi ? L’Angleterre Normands 2 conquise par les En 1066, le duc Guillaume de Normandie débarque en Angleterre et s'empare du pays après avoir battu le roi saxon Harold à Hastings. Surnommé pour cette raison « le Conquérant », Guillaume distribue à ses fidèles les biens des partisans du roi saxon tué. Guillaume exige que les hommes libres lui prêtent un serment de fidélité. Il divise le royaume en comtés dans lesquels il nomme un fonctionnaire, le sheriff, qui rend la justice et lève les impôts. Restés vassaux du roi de France pour la Normandie, les rois d'Angleterre n'en possèdent pas moins, en biens propres, davantage de terres que les Capétiens. Le royaume des Plantagenêts Geoffroy Plantagenêt, comte du Maine et d'Anjou, épouse la petite fille de Guillaume le Conquérant ; puis il conquiert la Normandie. Son fils, Henri Plantagenêt, épouse Aliénor d'Aquitaine, la femme divorcée du roi de France Louis VII, et réussit à se faire reconnaître comme héritier de la couronne d'Angleterre. En 1154, Henri Il Plantagenêt domine un immense territoire qui s'étend de l'Angleterre à la Gascogne. Afin d'affaiblir ce vassal plus puissant que lui, le roi de France Philippe Auguste soutient les révoltes des fils d'Henri II, Richard et Jean, contre leur père, puis celles du prince Jean contre son frère le roi Richard, qui succède à son père en 1189. Henri Il se heurte également à la puissance de l'Église anglaise, et doit reculer après l'assassinat, en 1170, de l'archevêque de Cantorbéry, Thomas Beckett, par des chevaliers de l'entourage royal. i) l’Angleterre au XIIIè siècle Après la mort de Richard Coeur de Lion en 1199, son frère Jean sans Terre lui succède. Il est très impopulaire, car il augmente les impôts, multiplie les arrestations et les confiscations. En 1214, après la défaite de Bouvines, les grands seigneurs veulent limiter le pouvoir royal. En 1215, ils imposent la Grande Charte au roi Jean : celui-ci doit promettre de n'emprisonner aucun homme libre sans jugement et de ne pas lever d'impôt sans l'accord des nobles et des évêques. C'est la base des libertés anglaises. La monarchie anglaise s'affaiblit au long du XIIIè s. Le fils de Jean sans Terre, Henri III (12161272), vaincu par une révolte des barons en 1265, accepte le contrôle du Parlement. Son fils Édouard I" (1272-1307) doit le réunir régulièrement pour obtenir l'argent nécessaire aux guerres contre le pays de Galles et l'Écosse. Le royaume est agrandi à la fin du règne, mais le roi d'Angleterre a perdu une partie de son pouvoir, au profit du Parlement. L'Angleterre est conquise en 1066 par les Normands. Régnant à partir de 1154, les Plantagenêts sont plus puissants que les Capétiens, mais doivent accepter un LA FORMATION DES ROYAUMES DE FRANCE ET D’ANGLETERRE contrôle de leur pouvoir par la Grande Charte de 1215. d) LES GRANDS ROIS CAPETIENS Quels sont les grands rois capétiens du XIIIè s. ? i) Phillippe Auguste (11801223) un roi conquérant Lorsqu'il devient roi de France, Philippe Auguste est bien moins puissant que le roi d'Angleterre. Il décide donc de l'affaiblir en favorisant révoltes et intrigues contre lui. En 1200, il accuse Jean sans Terre d'être félon et confisque la Normandie, l'Anjou et le Poitou. Le roi d'Angleterre s'allie alors à l'empereur germanique et au comte de Flandre ; ils sont vaincus en 1214 à Bouvines par l'armée du roi de France, renforcée par les milices des villes. Philippe Auguste renforce l'autorité royale en nommant dans les provinces des hommes chargés de rendre la justice en son nom, les baillis. Contre les grands seigneurs, il s'appuie à la fois sur les petits nobles et sur les bourgeois des villes à qui il donne des libertés. Il fait entreprendre d'importants travaux à Paris. À sa mort en 1223, le domaine royal a triplé de surface. ii) Louis IX (1226-1270), un roi chrétien Louis IX, appelé saint Louis, est le petit-fils de Philippe Auguste. Roi très chrétien, il se soucie des pauvres et des malades, rendant une justice équitable pour tous. Il se montre cependant intolérant envers les hérétiques albigeois et les juifs ; il participe à deux croisades et meurt de la peste à Tunis. Sous son règne, le royaume connaît une grande prospérité : les famines disparaissent, le commerce est florissant grâce à une monnaie d'or et d'argent de bonne qualité. Les guerres privées sont interdites et la paix est signée avec l'Angleterre en 1259. C'est surtout par cette prospérité qu'il a laissé un bon souvenir. Philippe le Bel fera pression sur le pape pour qu'il soit canonisé*. iii) Philippe le Bel (1283-1314) Petit-fils de Louis IX, Philippe le Bel se heurte à une crise économique et à la révolte des Flamands, qui battent les Français à Courtrai en 1302. Voulant être mieux obéi, le roi développe l'administration royale et lève régulièrement l'impôt. Il s'oppose par la force au pape, afin de faire accepter l'idée qu'il n'y a pas d'autorité supérieure à la sienne dans le royaume. Pour obtenir l'argent nécessaire à sa politique, il exige des dons forcés de la part des juifs et des banquiers lombards, fait condamner les Templiers* afin de s'emparer de leurs biens, et fait frapper de la monnaie qui contient moins de métal. Pour faire accepter sa politique, il réunit les premiers États généraux* du royaume en 1314. 3 Les courts règnes de ses successeurs affaiblissent la monarchie. Mais l'absence d'héritier mâle ouvre une crise de succession, la première depuis Hugues Capet. Au cours du XIIIè. Philippe Auguste, Louis IX et Philippe le Bel accroissent le domaine et la puissance des Capétiens.