devoir maison n°2 - College Plaisance

Transcription

devoir maison n°2 - College Plaisance
DEVOIR MAISON N°2
EPREUVE DE FRANÇAIS
Octobre 2011
Etienne Lantier, âgé de vingt ans, vient de se faire embaucher dans une mine de
charbon dans le Nord de la France. À 554 mètres de profondeur, sous une température de 35
degrés, il doit remplir les berlines (bennes) de charbon et poussé sur les rails une masse de
700kg. Catherine Maheu, âgée de 15 ans, est chargée du même travail et lui montre comment
faire. Au moment de la pause, Etienne se fait insulter par Chaval, un mineur brutal et jaloux...
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Le jeune homme évitait de répondre, trop heureux jusque-là d'avoir trouvé ce travail
de bagne, acceptant la brutale hiérarchie du manœuvre et du maître ouvrier. Mais il n'allait
plus, les pieds en sang, les membres tordus de crampes atroces, le tronc serré dans une
ceinture de fer. Heureusement, il était dix heures, le chantier se décida à déjeuner.
Maheu avait une montre qu'il ne regarda même pas. Au fond de cette nuit sans astres,
jamais il ne se trompait de cinq minutes. Tous remirent leur chemise et leur veste. Puis,
descendus de la taille, ils s'accroupirent, les coudes aux flancs, les fesses sur leurs talons, dans
cette posture si habituelle aux mineurs, qu'ils la gardent même hors de la mine, sans éprouver
le besoin d'un pavé ou d'une poutre pour s'asseoir. Et chacun, ayant sorti son briquet, mordait
gravement à l'épaisse tranche, en lâchant de rares paroles sur le travail de la matinée.
Catherine, demeurée debout, finit par rejoindre Etienne, qui s'était allongé plus loin, en travers
des rails, le dos contre les bois. Il y avait là une place à peu près sèche.
- Tu ne manges pas ? demanda-t-elle, la bouche pleine, son briquet à la main.
Puis, elle se rappela ce garçon errant dans la nuit, sans un sou, sans un morceau de
pain peut-être.
- Veux-tu partager avec moi ?
Et, comme il refusait, en jurant qu'il n'avait pas faim, la voix tremblante du
déchirement de son estomac, elle continua gaiement :
- Ah ! Si tu es dégoûté !... Mais, tiens ! Je n'ai mordu que de ce côté-ci, je vais te donner celuilà.
Déjà, elle avait rompu les tartines en deux. Le jeune homme, prenant sa moitié, se
retint pour ne pas la dévorer d'un coup; et il posait les bras sur ses cuisses, afin qu'elle n'en vît
point le frémissement.
De son air tranquille de bon camarade, elle venait de se coucher près de lui, à plat
ventre, le menton dans une main, mangeant de l'autre avec lenteur. Leurs lampes, entre eux,
les éclairaient.
Catherine le regarda un moment en silence. Elle devait le trouver joli, avec son visage
fin et ses moustaches noires. Vaguement, elle souriait de plaisir.
- Alors, tu es machineur, et on t'a renvoyé de ton chemin de fer... Pourquoi ?
- Parce que j'avais giflé mon chef.
Elle demeura stupéfaite, bouleversée dans ses idées héréditaires de subordination,
d'obéissance passive.
Émile Zola, Germinal (1885), première partie, chapitre 4.
PREMIERE PARTIE
QUESTIONS (15 points)
I – LE DEBUT DU PARCOURS PROFESSIONNEL (5 points)
1) A quel moment précis de la journée la scène se déroule-t-elle ? (0.5 pt)
2) a) Où Etienne se place-t-il par rapport aux autres mineurs ? Est-il dans la même posture
qu'eux ? Justifiez votre réponse. (1 pt)
b) « s'était allongé » (l.11) : identifiez le temps et sa valeur. (1 pt)
3) Relevez les expansions du groupe nominal ce garçon (l.14). Quelles informations
fournissent-t-elles sur Étienne, sur sa situation? (1.5 pt)
4) Relevez au moins quatre expressions qui montrent la souffrance d'Étienne au travail. (1 pt)
II – LE DEBUT DU PARCOURS AMOUREUX (5 points)
5) a) Relevez les éléments qui caractérisent le physique d'Étienne. Quelle image se dégage du
portrait ? (1 pt)
b) Faites son portrait moral. Appuyez-vous sur ses réactions face à la nourriture offerte et sur
les raisons de son précédent renvoi. (1 pt)
6) a) Quel rôle Catherine joue-t-elle pour Étienne ? (0.5 pt)
b) Transposez au style indirect ce passage : « Tu ne manges pas ? Demanda-t-elle [...] Veuxtu partager avec moi? » (l. 13-16), en commençant par : Elle lui demanda. (1 pt)
7) « Puis, elle se rappela ce garçon errant dans la nuit, sans un sou, sans un morceau de pain
peut-être » (l. 14-15): quel est le point de vue adopté ? Justifiez votre réponse. (1 pt)
8) Quels indices montrent qu'une relation va s'instaurer entre Catherine et Etienne ? (1 pt)
III – LE MONDE DE LA MINE ET LA VISEE (6 points)
9) a) Relevez cinq termes qui renvoient au monde de la mine. (1 pt)
b) « Au fond de cette nuit sans astres » (l. 5) : identifiez la figure de style. Quel aspect de la
mine met-elle en avant ? (1 pt)
10) Identifiez la valeur du présent : « ils gardent même hors de la mine » (l. 8), et de
l'imparfait: « jamais il ne se trompait de cinq minutes ». (1 pt)
11) a) Expliquez, dans ce contexte, les mots « hiérarchie » l. 2 et « subordination » l. 31. (1 pt)
b) À votre avis, Étienne va-t-il accepter longtemps la brutale hiérarchie du monde de la mine ?
Pourquoi ? (0.5 pt)
REECRITURE (5 points)
Changez le narrateur dans les lignes 21 à 26 : « Le jeune homme, (…) les
éclairaient. » : Etienne raconte son histoire à la première personne.
DEUXIEME PARTIE
REDACTION (15 points)
Imaginez le début du parcours d’un héros / d’une héroïne de roman : la première journée de
travail ou de stage d’un jeune Homme / d’une jeune fille d’aujourd’hui.
Consignes d’écriture :
– l’énonciation :
 le récit est entièrement à la troisième personne,
 avec le passé simple comme temps de base. Les temps verbaux sont employés en
conséquence ;
– la qualité du récit :
 le texte intègre à bon escient narration, paroles et pensées rapportées (directement et
indirectement, éventuellement au style indirect libre).
 Les éléments de l’histoire sont repris : le cadre spatio-temporel, le personnage et sa
situation.
 Le point de vue est omniscient ;
– la maîtrise de la langue :
 la syntaxe est correcte, ainsi que l’orthographe.
 Le niveau de langue est courant mais évite toute familiarité ou marque d’oralité dans
le récit ;
DICTEE (5 points)
C’était Maheu qui souffrait le plus. En haut, la température montait jusqu’à trente-cinq
degrés, l’air ne circulait pas, l’étouffement à la longue devenait mortel. Il avait dû, pour voir
clair, fixer sa lampe à un clou, près de sa tête ; et cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait
de lui brûler le sang. Mais son supplice s’aggravait surtout de l’humidité, la roche, au-dessus
de lui, à quelques centimètres de son visage, ruisselait d’eau, de grosses gouttes continues et
rapides, tombant sur une sorte de rythme entêté, toujours à la même place. Il avait beau tordre
le cou, renverser la nuque : elles battaient sa face, s’écrasaient, claquaient sans relâche. Au
bout d’un quart d’heure, il était trempé, couvert de sueur lui-même, fumant d’une chaude buée
de lessive.
Émile Zola, Germinal (1885), première partie, chapitre 4.
DICTEE FAUTIVE (6 points)
Recopiez ce texte en choisissant la bonne solution entre
parenthèses :
C’était Maheu qui (souffrais/souffraient/souffrait) le plus. En haut, la
température montait jusqu’à trente-cinq degrés, (l’air/l’aire/l’ère) ne circulait
pas, l’étouffement à la longue devenait (mortelle/mortel/mortels). Il avait
(dut/dû/du), pour voir clair, (fixé/fixait/fixer) sa lampe à un clou, près de
(ça/sa/s’a) tête ; et cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait de lui brûler
le (sens/sans/sang). Mais (son/sont/s’ont) supplice s’aggravait surtout de
l’humidité, la roche, au-dessus de lui, à (quels que/quelque/quelques) centimètres
de son visage, ruisselait d’eau, de grosses gouttes continues et rapides, tombant
sur une sorte de (rhytme/rythme/rithme) entêté, toujours à la même place. Il
avait beau tordre le (coup/cou/coût), renverser la nuque : elles battaient sa
face, s’écrasaient, claquaient sans relâche. Au bout d’un quart d’heure, il était
(trempé/tremper/trempait), couvert de sueur lui-même, fumant d’une chaude
buée de lessive.
Émile Zola, Germinal (1885), première partie, chapitre 4.
Séquence 2
Dominante : lecture
Objectif :
Corrigé du DM n°2 de français
QUESTIONS (15 points)
I - UN RECIT (4 points)
1. La scène se situe au milieu de la matinée, à dix heures (l. 4).
2. a. Étienne se place à l’écart des autres mineurs, dans une posture différente : Étienne, qui
s’était allongé plus loin (l. 13). Les autres sont accroupis, les coudes aux flancs, les fesses sur
leurs talons (l. 8-9). Étienne est obligé d’appuyer son dos contre les bois (l. 13-14), car il n’a
pas l’habitude d’un travail aussi pénible.
b. Le verbe s’était allongé (l. 13) est au plus -que- parfait, temps qui marque l’antériorité
d’une action par rapport à une autre action passée, ici par rap- port au passé simple finit (l.
13).
3. Les expansions du groupe nominal ce garçon sont les suivantes: errant dans la nuit (l. 16),
groupe participial, épithète liée; sans un sou, sans un morceau de pain (l. 16-17), deux groupes
nominaux, compléments du nom. La première expansion souligne le vagabondage du jeune
homme sans gîte ; les autres, son dénuement et sa faim : c’est un chômeur sans emploi ni
logis.
4. Les expressions qui montrent la souffrance d’Étienne au travail sont : les pieds en sang (l.
3), les membres tordus de crampes atroces (l. 3), le tronc serré dans une ceinture de fer (l. 34), ses cuisses, afin qu’elle n’en vît point le frémissement (l. 24-25).
5. a. Étienne est caractérisé par l’adjectif « joli » (l. 31) et par les deux groupes nominaux
avec son visage fin et ses moustaches noires (l. 31-32) : c’est un beau garçon, qui paraît plus
délicat que les autres mineurs.
b. Étienne est également plus raffiné que les autres, et il garde sa fierté malgré sa faim: il
refusait, en jurant qu’il n’avait pas faim, la voix tremblante du déchirement de son estomac (l.
19-20). Quand il finit par accepter la nourriture offerte, il sait se maîtriser, en se retenant pour
ne pas la dévorer d’un coup (l. 24). Étienne peut cependant perdre son sang-froid et se
montrer violent; il avoue ainsi à Catherine avoir perdu son précédent emploi : parce que
j’avais giflé mon chef ( l.35)
➜6. a. Catherine guide les premiers pas d’Étienne dans le métier, comme l’indique le horstexte: elle
lui montre comment faire. Elle continue à se soucier de lui et se montre généreuse et
prévenante en partageant son repas : Déjà, elle avait rompu les tartines en deux (l. 23). Au
début, elle joue le rôle de bon camarade (l. 26).
b. Elle lui demanda s’il ne mangeait pas et s’il voulait partager avec elle.
7. Dans cette phrase, le point de vue adopté est interne. C’est celui du personnage de
Catherine, sujet du verbe se rappela (l. 16); ce sont ses pensées qui sont rapportées par le
narrateur.
8. Catherine semble trouver Étienne séduisant: Elle devait le trouver joli, avec son visage fin
et ses moustaches noires (l. 30 à 32). Elle paraît heureuse, allongée près de lui : Vaguement,
elle sou- riait de plaisir (l. 32). Un tendre sentiment pour- rait naître entre Catherine et
Étienne.
9. a. taille (l. 8), mineurs (l. 9), briquet (l. 11), rails (l. 13), bois (l. 14).
b. La figure de style employée est une métaphore, qui assimile l’obscurité du fond de la mine
à celle de la nuit. L’absence des étoiles insiste sur la noirceur et la dureté du monde de la
mine, où toute lueur de vie et d’espoir a disparu.
10. Il s’agit d’un présent de vérité générale : c’est une posture habituelle à tous les mineurs.
L’imparfait est un imparfait d’habitude, comme le souligne l’adverbe jamais
(l. 7).
11. a. La hiérarchie (l. 2) de la mine, c’est l’organisation sociale de la mine; chaque mineur
occupe une place en fonction de sa qualification: le manœuvre est en bas de l’échelle sociale
et est soumis à l’ouvrier spécialisé, ce qu’implique le mot subordination (l. 37), qui signifie
«sous les ordres d’un supérieur».
b. De par son caractère, Étienne semble peu prédisposé à la soumission et à la passivité; il
reconnaît qu’il a été renvoyé du chemin de fer: Parce que j’avais giflé mon chef (l. 35). Insulté
par Chaval, il se contient pour ne pas répondre, trop heureux jusque-là d’avoir trouvé ce
travail de bagne (l. 1-2). On peut imaginer qu’il va se révolter contre ce monde qu’il
découvre.
REECRITURE (5 points)
Prenant ma moitié, je me retins pour ne pas la dévorer d’un coup; et je posais les bras sur mes
cuisses, afin qu’elle n’en vît point le frémissement. De son air tranquille de bon camarade,
elle venait de se coucher près de moi, à plat ventre, le menton dans une main, mangeant de
l’autre avec lenteur. Nos lampes, entre nous, nous éclairaient.
0.5 par bonne réponse
-0.25 par faute de recopiage à hauteur d’1 point au total
-0.5 pour transformation indue
DICTEE (5 points)
C’était Maheu qui souffrait le plus. En haut, la température montait jusqu’à trente-cinq
degrés, l’air ne circulait pas, l’étouffement à la longue devenait mortel. Il avait dû, pour voir
clair, fixer sa lampe à un clou, près de sa tête ; et cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait
de lui brûler le sang. Mais son supplice s’aggravait surtout de l’humidité, la roche, au-dessus
de lui, à quelques centimètres de son visage, ruisselait d’eau, de grosses gouttes continues et
rapides, tombant sur une sorte de rythme entêté, toujours à la même place. Il avait beau tordre
le cou, renverser la nuque : elles battaient sa face, s’écrasaient, claquaient sans relâche. Au
bout d’un quart d’heure, il était trempé, couvert de sueur lui-même, fumant d’une chaude buée
de lessive.
Émile Zola, Germinal (1885), première partie, chapitre 4.
-0.5 pour les fautes grammaticales
-0.25 pour les fautes lexicales
-0.25 pour 4 fautes d’accent
-0.25 pour 4 fautes de ponctuation

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