discours Mr Romani Rose Génocide des tsiganes
Transcription
discours Mr Romani Rose Génocide des tsiganes
CONFERENCE du 28 Janvier 2012 à Ivry sur Seine (Val de Marne) sur les génocides Juif, Tsigane, Arménien et Rwandais Thème : « Transmettre et entendre » La mémoire et la répression du négationnisme Intervention de ROMANI ROSE Président du Conseil Central des Sinti et Roma d’Allemagne à Heidelberg Auteur d’un discours très apprécié dans le monde entier à l'occasion du 60e anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, le 27 janvier 2005, sur les lieux du Mémorial (où il siégeait aux côtés de Madame Simone Weil), dont on peut trouver le texte dans la revue « Etudes Tsiganes » A propos de la mémoire du génocide des Sinti et Roma Mesdames, Messieurs, Je désire tout d’abord remercier cordialement M. Professeur Kasterzstein pour son invitation à cet événement. Les Sinti et Roma constituent aujourd'hui avec un total de 10 à 12 millions de personnes la plus grande minorité d'Europe. Avec les Juifs ils partagent l'histoire terrible du drame raciste et de l’essai d’anéantissement de l'Europe, occupée par les nationaux-socialistes. Les lieux comme Auschwitz, Majdanek, Treblinka, Dachau, Buchenwald ou Bergen-Belsen sont aussi un symbole pour le génocide de notre minorité, organisé par l'état nazi, et dont la proie fut un demi-million de nos frères. Il n’existe aucune famille faisant partie de notre minorité qui n'ait eu à déplorer l’assassinat de ses proches Ces drames demeurent profondément marqués dans la mémoire collective des Sinti et des Roma. En revanche, la plupart des populations des états européens jusqu'à aujourd'hui n’a guère eu conscience de la dimension historique du crime, du génocide perpétré sur les Sinti et Roma. L’opinion publique sur une minorité est toujours considérablement déterminée par les stéréotypes et préjugés, sur lesquels les nazis ont essayé de légitimer leur crime. Comme aucune autre minorité de l'Europe, les Sinti et Roma sont encore aujourd’hui victimes de discriminations, d’exclusion sociale et de violence raciste. En Allemagne il a fallu presque 40 ans, pour que le génocide, commis par les nationauxsocialistes sur les Sinti et Roma soit reconnu dans le droit international par le chancelier fédéral Helmut Schmidt, alors que la reconnaissance de la Shoah a été une condition préalable de la réinsertion de l'Allemagne dans la communauté internationale : le destin de nos frères a été refoulé et désavoué. Aucune mémoire de ce crime n’existe, ni au plan politique, ni juridique, ni historique. A nos survivants, qui ont été marqués physiquement et psychiquement par la poursuite et par la détention dans les camps de concentration, le jeune état allemand a refusé toute reconnaissance, que ce soit morale ou juridique. Immédiatement à la fin de la guerre l’Holocauste terrible des Juifs a été documenté. Les organisations juives ont donné à la réalisation de ses manifestations mémorielles des impulsions cruciales. En revanche, les crimes commis sur les Sinti et Roma ont au mieux trouvé une mention en tant que note en bas de page dans les livres d’histoire, alors que la politique raciale des nationaux-socialistes contre les Sinti et Roma s’est déroulée parallèlement au destin Juif, commençant par l'exclusion et la déportation jusqu'au génocide. Les Sinti et Roma eux aussi ont été déclarés "Race étrangère" ("Fremdrassige"), qui devait être bannie et finalement "supprimée" de la soi-disant "communauté aryenne". Les fameuses "Loi de de Nuremberg" de 1935 ont été appliquées de la même façon sur les Sinti et Roma et sur les Juifs. Les prescriptions de mise en œuvre de Wilhelm Frick, Ministre de l'intérieur d’Hitler devrait être appliquées sur les Sinti et Roma dans la même mesure que sur les Juifs. Dans le commentaire de ces lois on pouvait lire : « Le sang d'une espèce étrangère est tout sang, qui n'a pas de lien parental avec le sang allemand. Les sangs d'une espèce étrangère sont en Europe seulement les Juifs et les Tsiganes ». (Fin de citation). Les ressortissants de notre minorité ont été systématiquement exclus de tous les domaines de la vie publique. L'utilisation des établissement publics comme le cinéma, le théâtre, les piscines, terrains de jeu et autres leur fut interdit, le traitements dans les hôpitaux refusé. Les salariés ou les ouvriers étaient au fur et à mesure privés de contrats de travail. Les enfants étaient exclus du système scolaire ou recevaient leur cours dans les "classes spéciales pour les Tsiganes". Les propriétaires étaient tenus de ne pas louer d’appartements aux Sinti et Roma. On les a fait exclure des « organisations professionnelles et artisanales », ce qui équivaut à une interdiction de travailler. Laissez- moi vous donner un exemple dans ma propre famille. Mon grand-père, par exemple, qui tenait un cinéma à Darmstadt, devait être exclu de la « Chambre commerciale du film » déjà en 1934 à l'instigation du gouvernement provincial de Hesse-Nassau à cause de son "air Tzigane". Il a porté plainte et reçu tout d'abord gain de cause de la part du président de la « Chambre commerciale du film ». Mais déjà trois ans plus tard suivit une définitive cessation de l'entreprise familiale pour "cause de race". Plus tard mon grand-père était assassiné à Auschwitz-Birkenau. Ma grande mère était assassinée dans le camp de Ravensbruck. Onze membres de ma famille furent des proies de la Shoah. Himmler exigea dans un arrêté daté de décembre 1938 la "Solution définitive de la question Tzigane". Le but de la politique national-socialiste était selon Himmler, "la régulation de la question Tzigane, de ces basses créatures". L’enregistrement total de la population Sinti et Roma sur le territoire allemand fut confié à la "station de recherche sur l’hygiène de la race" créée en 1936 sous la direction de Robert Ritter*. Contrairement aux Juifs, l'appartenance des Sinti et Roma à la minorité, ne pouvait pas se fonder sur le critère de la religion, car la plupart des gens était catholiques. Avec le soutien des organisations d'Etat et de l'Eglise les collaborateurs de "la station de Recherche" menaient des recherches généalogiques et anthropologiques. Les êtres humains étaient "catalogués" d'une façon dégradante, mesurés de la tête aux pieds et sous la menace de violences et étaient forcés de donner des informations sur leurs relations parentales. *Ritter ne fut ni condamné ni inquiété à la fin de la guerre, pas plus que son assistante Eva Justin Au début de la guerre la « station » collaborait de façon étroite avec la Centrale du Crime contre la nation, nommé "Reichssicherheitshauptamt". (Bureau Central de la Sécurité du Reich) Jusqu'à la fin de la guerre l'institut de Ritter réalisa sur 24.000 personnes les soi-disant "expertises de race", qui constituaient une base essentielle pour la déportation des Sinti et Roma dans les camps de concentration. Un huitième de "part de sang Tzigane", ce qui signifie, un seul arrière-grand-père, selon Ritter, devait suffire pour éliminer la personne en question.* En octobre 1939 Himmler ordonna la "Fixation" de tous les Roma et Sinti. Sous la menace d’être envoyés en camp de concentration, il leur était interdit de quitter leur lieux d'habitation. En Avril 1940 furent édictées les premières décisions d’envoi en déportation, ce après quoi des camps de rassemblement furent construits à Hambourg, Cologne et à Hohenasperg, aux environs de Stuttgart. De là en Mai sont partis les premiers trains de déportation avec 2 500 membres de notre minorité dans les ghettos et camps de concentration de la Pologne occupée. Les chances de survie y étaient très minces, la plupart des déportés étant la proie des maladies, de la faim, des maltraitances et exécutions par les commandos meurtriers des officiers SS. Apres l'envahissement de l'Union soviétique en été 1941 les unités de combat, qui étaient formées par le "Rechssicherheitshauptamt » - (administration de la sécurité) ont opéré immédiatement derrière le front. Leur devoir était le "traitement spécial"; ce qui signifie l'extermination systématique des Juifs, et des Sinti et Roma. La politique de l'extermination s'orientait seulement sur le critère de l'appartenance à la "race". A Simferopol, en Crimée, par exemple, en décembre 1941 toutes les familles Roma, après avoir été enregistrées, ont été tuées par les Sonderkommandos de "l'unité de combat D", qui appartenait à la Heeresgruppe Sued (division armée). Ainsi les kholkhozes qui étaient exploités par les Roma, étaient systématiquement dépistés et tous les hommes, femmes et enfants, classés comme "zigeuner" étaient assassinés. Otto Ohlendorf, le commandant en chef de "l'unité de combat D", déclara au procès de Nuremberg: "Il existait aucune différence entre les Juifs et les Tziganes. Pour les deux devaient s’appliquer les mêmes ordres." Au bout du compte Himmler ordonna dans un "Auschwitz-Erlass – (« arrêté"), daté de décembre 1942, la déportation en famille de tous les Sinti et Roma, qui vivaient sur le territoire allemand. Plus de 23 000 Sinti et Roma provenant de plusieurs parties de l'Europe furent déportés au printemps 1943 dans la section B II E du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, nommé par les SS "Zigeunerlager". A leur arrivée on leur faisait tatouer sur le bras un numéro, les nourrissons recevaient le numéro sur leur cuisse: signe visible de déshumanisation et de dégradation de ces êtres humains : devenir des numéros. Presque 90 pour-cent de nos frères, déportés à Auschwitz-Birkenau sont devenu les proies de la terreur ou des conditions meurtrières de la détention dans les camps de concentration dans lesquels ils devaient subir une mort atroce. Durant la célèbre "la liquidation" du "camp tsigane" dans la nuit au 3. Août 1944 les derniers 3 000 (environ) survivants de cette section du camp d’Auschwitz furent tués dans les chambres à gaz** *En ce qui concerne les Juifs c’était un ancêtre sur quatre. **deux fillettes blessées qui s’étaient échappées du camp par miracle furent vite abattues C'est une addition spécifique de l’idéologie méprisante et de la barbarie, d'une logique bureaucratique froide et d'une efficacité meurtrière, qui fut dans l'histoire de l'humanité sans comparaison le symbole devenu aujourd'hui le nom « Auschwitz ». "Le Génocide des Sinti et Roma", disait le Chancelier allemand de l'époque Roman Herzog en 1997, "est issu du même motif de la folie raciste des nazis, et a été exécuté avec la même préméditation et la même intention de l'extermination planifiée et définitive que l'extermination des Juifs. Ils étaient exterminés dans toute la zone d'influence des nationaux socialistes d'une façon systématique et famille par famille, systématique, de l'enfant jusqu'au vieillard. En 600 ans d’histoire européenne, le génocide perpétré par les nationaux-socialistes constitua une rupture avec toutes les formes de poursuite existantes auparavant. Les nationaux-socialistes et leur état totalitariste avaient pris aux membres de notre minorité ainsi qu’aux Juifs, le droit d'exister, simplement parce qu’ils étaient nés Roma, Sinti ou Juifs. Après la guerre et dans les premières décennies des deux nouveaux états allemands l’Holocauste perpétré sur les Sinti et Roma resta longtemps masqué et consciemment exclu de la perception publique. La politique et la justice refusaient aux survivants Sinti et Roma la reconnaissance de leur martyre comme soi-disant "poursuivis pour les raisons racistes", Les conséquences de cette attitude frappèrent non seulement les personnes concernées, mais aussi la perception publique du crime qui avait été commis sur eux. Cette reconnaissance refusée était non seulement une moquerie à l’égard des victimes, mais elle mettait en cause les principes de l'état de droit et d'un début de démocratie. Mais aussi dans la science et dans le domaine de la Culture de la mémoire, dont le noyau était constitué de lieux commémoratifs, créés sur l'initiative des anciens détenus, on ne tenait presque aucun compte du génocide perpétré sur les Sinti et Roma. Un facteur central de cette situation était le fait, que les anciens responsables du "Service Général de la sécurité du Reich", responsables de la déportation des Sinti et Roma et des Juifs, avaient réussi, déjà après un très court temps une fois la guerre finie, à récupérer des fonctions importantes dans la nouvelle bureaucratie. Pour cela ils devaient systématiquement cacher ou minimiser la gravité de leur rôle crucial dans l'organisation du génocide des Sinti et Roma. Pour se défendre, les anciens officiers de SS justifiaient la déportation des Sinti et Roma dans les camps de concentration comme "une mesure préventive contre le crime". De nombreux fonctionnaires qui avaient fait partie de la SS dans la police continuèrent après la guerre une action de criminalisation systématiques des Sinti et Roma : les numéros tatoués sur leurs bras étaient utilisés comme des caractéristiques significatives particulières. Même les fonctionnaires, qui avaient participé directement à des interventions localisées aboutissant à des déportations des Sinti et Roma, retrouvaient souvent sans problème leurs anciennes fonctions dans l'administration de la république allemande. Il n'était pas rare que les survivants de l’Holocauste tzigane après leur retour des camps de concentration qui tentaient de faire aboutir une demande d'indemnisation se retrouvent en face des même personnes, qui les avaient fait déporter des années auparavant. Le fait que les coupables retrouvaient leur pouvoir sur leurs victimes est un indice important sur la façon dont était traité le génocide perpétré sur notre minorité dans l’Allemagne d'après-guerre. Ce « maquillage » était favorisé, marqué, par la continuité presque ininterrompue d'une façon de penser raciste sur les "Zigeuner", qui renouait directement avec l’idéologie raciste des nationaux socialistes. Nos parents avaient vécu sous le joug de l'état national-socialiste comme une dictature surpuissante, et ils se trouvaient livrés à la machinerie de l'extermination presque démunis. Après 1945 il y eut aucun état comme Israël ou les Etats-Unis qui comme dans le cas des Juifs leur offrirent une protection. Beaucoup de Sinti et Roma se virent eux-mêmes contraints à dissimuler leur identité. C’était une condition nécessaire à leur éventuelle ascension dans une société qui pratiquait une politique raciste toujours quotidienne. Contrairement à l’antisémitisme, qui après 1945 avait largement reculé dans le domaine politique et scientifique, la politique anti-tsigane continuait : notre minorité restait stigmatisée ouvertement dans les media. Premièrement, dans le domaine du fonctionnement politique, pour construire une réelle citoyenneté, cette image raciste est pour toujours inséparable de notre propre histoire. C’est avec des actions publiques comme la grève de la faim qui a eu lieu à Dachau à Noël 1980 en mémoire de la déportation, qu’on prépare la société à un processus de lutte contre les préjugés. C‘est pour cela que fut fondé en 1982 le Centre de discussion qui a ouvert un chemin au Centre allemand de Documentation sur les Sinti et Roma, fondé en 1990 à Heidelberg ; qui fut le premier pas vers une documentation ineffaçable qui mettait à jour le génocide des Sinti et Roma et donna l’impulsion essentielle d’une étude historique et politique de ce génocide, comme dans le cas historique des Juifs, afin d’établir une contribution importante comme dans le cas des réalisations effectuées sur l’holocauste juif en Europe Ceci fut un premier pas à suivre afin d’établir un centre pour les Sinti et Roma, mais il est nécessaire de faire reconnaître leur génocide et qu’il reste ancré dans la mémoire collective. Il ne faut pas oublier que même les Allemands, eux, ne se sont libérés de la dictature que grâce aux conditions de la capitulation militaire qui a détruit le parti national-socialiste, cette association de malfaiteurs. De plus, les Allemands ont mis une dizaine d’années pour réaliser que notre pays, en 1945, s’était libéré de grands massacres perpétrés par le national-socialiste. Le discours du Président de la République Richard von Veizäcker en 1985 fut très important :il a mis l’accent sur des points importants : « Alors que la politique anti-tsigane continuait, le 8 mai fut un jour de libération pour nous :il nous a sauvé d’un système d’assassins inhumains basé sur la violence » (fin de » citation). Cela est devenu un point remarquable ‘élément fondateur de notre culture politique. Chères Mesdames, Chers Messieurs, L’héritage du massacre perpétré par le national-socialisme, est un crime contre l’humanité qui ne peut pas ainsi demeurer un crime écrit s’il n’est pas transmis aux générations suivantes. Ce legs est une obligation particulière –que nous avons, nous, les Allemands, plus que toutes les autres sociétés, – de lutter pour que cet abîme de barbarie ne puisse jamais se renouveler. Mais la responsabilité des crimes nazis contre l'humanité ne peut pas être supportée, devenir une charge pour les générations de l’après-guerre. Je conçois plutôt cet héritage comme une obligation spécifique qui nous incombe à nous, Allemands, - mais aussi à la communauté internationale dans son ensemble – afin que cet abîme d'inhumanité ne se reproduise jamais. La responsabilité de notre pays, qui émerge de l'expérience historique de l'Holocauste est une partie intégrante de notre culture politique et de celle de nos partenaires nationaux et doit faire aussi partie de notre identité européenne. Celui qui cherche à minimiser ou à nier ce crime, comme cela se fait à l'extrême droite, qui nie l'une des pièces de notre patrimoine historique, celui-là, comme nous tous, Allemands, ne peut pas échapper à l'avenir. Si les néo-nazis se sont également engagés depuis de nombreuses années dans une série de meurtres racistes en Allemagne, comme cela est récemment apparu comme une habitude insupportable, la sécurité des Tsiganes et les Juifs nous dans ce pays est remise en question. L'échec important de la confiance mise entre les mains des autorités de sûreté et dans le droit allemand a été un choc insurmontable. La tâche principale des politiciens et de la police, en particulier les organismes de protection constitutionnelle, doit être de regagner une confiance perdue. Les Sinti et des Roma dans de nombreux pays de l'Europe sont depuis longtemps la cible favorite de groupes qui s’acharnent à promouvoir la propagande de la haine raciale et à la transmettre principalement par le biais de l'Internet. C’est une caractéristique de la violence à caractère raciste. Même les représentants des partis bourgeois de certains pays n'hésitent pas à faire usage d'un outil populiste dans l'arsenal des clichés de l’anti-tsiganisme pour aller à la pêche aux votes. Cette agitation de préjugés mise au profit de leur propre avantage politique consiste à organiser la préparation par la droite d’une idéologie raciste efficace à insérer dans le courant dominant de la société. Exacerbée par la crise économique, la recherche de boucs émissaires créée un tel climat social que cela abaisse le seuil de la violence de plus en plus. La fonction de bouc émissaire est terrtible et est accessible à tout moment. La lutte contre le racisme et la discrimination n'est pas seulement un problème allemand, c’est un engagement paneuropéen. Celui qui condamne le complot anti-tsigane pas aussi cohérent que les militants de l'anti-tsiganisme qui eux, n'ont pas la passivité, l'indifférence, ou la demi-teinte des rencontres Il faut renforcer non seulement la crédibilité des valeurs de la communauté européenne à partir du sol jusqu'à la question, mais tout ce que raconte Auschwitz se présente comme notre engagement historique partagé. Dans l'élaboration de stratégies efficaces de lutte contre la menace radicale de l’extrême droite et néo-nazie, la clarification historique joue certainement un rôle essentiel. Se souvenir des crimes nazis contre l'humanité devra être au centre de ces luttes, être au centre des activités parascolaires, au centre de l'éducation. Le génocide nazi perpétré contre notre minorité est malheureusement encore trop peu inscrit dans les manuels et les programmes. Il s'agit d'un devoir de notre politique d'enseignement que d’entretenir cette mémoire dans les ministères chargés de l'éducation et chez les autorités scolaires. Il est nécessaire d’accorder une plus grande attention à ce chapitre de l'histoire non seulement en Allemagne mais dans tous les pays européens. Ceux-ci doivent suivre les recommandations de la Convention-cadre européenne pour la protection des minorités nationales, et remplir leur obligation d'informer les établissements d'enseignement au sujet de leur passé et aussi du présent des Sinti et Roma. Cela dépendra du courage et de la détermination de toutes les générations Cela dépendra du courage et de la détermination de la génération actuelle de vaincre la misanthropie à venir afin que le racisme dans notre société n'ait plus aucune chance Je veux que des gens courageux qui, malgré les risques, ne se détournent pas de leur mission. Pas seulement pour eux-mêmes ce qui serait regarder du mauvais côté, mais afin que ce ne soit pas en vain de se lever pour les persécutés. Pour éduquer les jeunes, renforcer leur courage moral, nous avons besoin d'exemples tirés de l'histoire, qui serviront ainsi de modèles. De nombreux membres de notre minorité pendant la période du national-socialisme, ont consacré leur vie avec courage pour leurs semblables .Les exemples que nous avons hérités de la période de la dictature nazie rendent le choix très clair : avoir un courage moral qui n’est pas accompagné de la volonté de prendre des risques c’est ne pas avoir de courage. Nous avons besoin d'instruire la jeune génération, car le spectateur qui regarde au loin contredit simplement la compréhension fondamentale de la démocratie. Le courage ne peut pas être imposé d'en haut. Car celui qui possède le courage moral, il comprend le vrai sens de la confiance en soi, donc de la conviction intérieure et de la perspicacité. Il prend sa responsabilité pour lui-même et pour les autres. Il est absolument urgent d’instruire l'Allemagne quant aux crimes nazis afin de sensibiliser les jeunes aux formes actuelles de l'exclusion et la violence raciste. En particulier, le traitement des minorités est un test décisif de notre compréhension de la démocratie. Nous avons besoin de donner aux jeunes l'exemple que la démocratie et l'humanisme ne sont pas un cadeau qu’on reçoit à la naissance, bien sûr, mais les gens ont besoin de se sentir très attachés à ces valeurs. Dans la mesure où ceci sera réalisé, c’est d'une importance cruciale pour l'avenir de notre communauté et notre culture démocratique dans la maison commune européenne. Je vous remercie de votre attention Romani Rose Traduit de l’allemand par Jeanne Gamonet (Sinti), Lucia Presber (Kali), et Valy Süleymanoglu (Turc d’Iran réfugié politique). Photo page suivante : Romani Rose (à gauche), Christian Wulff (avec le chapeau), Président de la République fédérale d’Allemagne et Dieter Grauman (avec l’écharpe blanche), président du Conseil Juif central d’Allemagne, assistant à la cérémonie de la mémoire du 60e anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz le 2 Janvier 2005 (la date sous la photo est erronée). of Auschwitz on January 27, 2011 in Oswiecim, Wulff Attends Auschwitz Holocaust Commemoration In This Photo: Christian Wulff, Romani Rose, Dieter Graumann German President Christian Wulff (2nd from L), Romani Rose (L), head of the Central Council of Sinti and Roma in Germany, and Dieter Graumann (with scarf), head of the Central Council of Jews in Germany, attend a memorial ceremony at the Auschwitz I memorial and former concentration camp on the 66th anniversary of the liberation of Auschwitz on January 27, 2011 in Oswiecim, Poland. Auschwitz was the biggest Nazi concentration camp during World War II and is infamous for its gas chambers where hundreds of thousands of Jews and other victims were murdered.