corrige romanisation

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corrige romanisation
Histoire:
La romanisation de la Gaule
CORRIGÉ
Question
Le rôle des villes dans le processus de romanisation.
Les Romains ont mis presque moins de temps à romaniser la Gaule qu’à la conquérir. En
moins d’un siècle, de nombreuses villes sont fondées où le mode de vie romain triomphe avec
une déconcertante facilité. La romanisation de la Gaule s’est effectuée par plusieurs vecteurs
dont celui de l’urbanisation qui est le thème central du corpus documentaire proposé.
Comment la ville romaine s’est-elle imposée en Gaule, et comment expliquer l’adhésion du
peuple gaulois au mode de vie citadin romain ?
La civilisation romaine est urbaine « les villes sont les lieux fondamentaux de la
romanisation » (document 1) dans laquelle Rome — l’Urbs — sert de modèle (document 2).
Par sa notoriété, ses fonctions, l’Urbs « la ville » fut la capitale économique, politique et
culturelle de l’Empire mais aussi le centre d’un vaste réseau routier (les fameuses « via »).
Élément d’un réseau, la ville apporte sa contribution à un vaste ensemble. C’est la raison pour
laquelle de nombreuses villes romaines doivent leur localisation
à leur situation
géographique, soit près d’une voie romaine comme Nîmes sur l’axe de la célèbre Via Domitia
qui relie l’Italie à l’Espagne, soit près d’un fleuve comme Arles (document 4) ou encore
Burdigala et « son fleuve qui bouillonne imite le reflux de la mer » (document 3) ; toutes ces
villes sont dans cette configuration.
« Rome a donné à toutes les villes de l’Empire sa structure, son aménagement de
l’espace urbain » nous rappelle J.P. Martin dans le document 1.
Les similitudes que dévoilent le document 2 et le document 4 en sont les preuves
irréfutables. Une ville ceinte de remparts où les rues s’organisent de la même façon, en
fonction d’un plan géométrique déterminé par deux voies centrales perpendiculaires : le cardo
(du nord au sud) et le decumanus (d’ouest en est). « On admire au dedans les rues qui se
croisent, l’alignement des maisons et la largeur des places » nous rappelle Ausone dans le
document 3. Tout autour du forum, les édifices publics comme la curie (le sénat local), les
lieux temples comme la Maison Carrée de Nîmes (document 5) vouée au culte impérial ou
encore des bâtiments commerciaux et administratifs (les basiliques).
À quelques encablures du forum, des monuments de loisirs plus imposants comme les
théâtres (Orange, Arles...), les odéons, les cirques (le cirque Maximus à Rome pouvait
accueillir 250.000 turfistes), les arcs de triomphe (Orange...), les thermes (ceux de Cluny) et
bien sûr les amphithéâtres (Nîmes et Arles). A côté de ces bâtiments publics, les bâtiments
privés se composaient pour les élites urbaines des domus (villa urbana construite autour
d’une cour intérieure (l’atrium) avec plusieurs pièces généralement richement décorées par
des fresques et un confort surprenant pour l’époque comme l’eau courante) et des immeubles
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Histoire:
La romanisation de la Gaule
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(les insulae) de trois ou quatre étages souvent dangereux (incendies fréquents) où s’entassait
la plèbe (le peuple).
Pour autant, la ville romaine est globalement moderne, confortable, agréable donc
attrayante. Bien alimentée en eau par les célèbres aqueducs (le mieux conservé étant celui
du Pont du Gard représenté sur le document 5), ses rues sont pavées, dotée de nombreuses
fontaines : «et puis ses fontaines, fontaines dont on ignore la source, fontaines saintes,
bienfaisantes, intarissables, limpides » insiste le poète Ausone, mais aussi d’égouts et même
de trottoirs. Dans cette ville l’individu n’est jamais dépaysé car elle est toujours la même.
Cette standardisation du modèle urbain romain a été un vecteur capital dans le processus de
romanisation.
Mais au-delà des ces aspects urbanistiques, les monuments diffusent aussi des
coutumes, des croyances, des loisirs impliquant un mode de vie qui s’impose rapidement et
quasiment de manière uniforme à toute la Gaule, même si la Narbonnaise conquise en 118117 av. J.-C. sera à un degré supérieur toujours plus romanisée : « C’est ainsi que, dans les
Gaules, se signalent des périodes plus importantes que d’autres dans la genèse de
l’urbanisation », rappelle J.P. Martin.
Parmi les nombreux édifices à vocation de spectacle ou de loisirs, retenons les
thermes (gratuits) et les amphithéâtres (documents 2 et 4). Les thermes, lieux de détente
mais aussi de sociabilité, renvoient à l’importance de l’eau dans le monde romain. Le Pont du
Gard qui alimentait en eau la ville de Nîmes reste, près de 2000 ans après sa construction, un
chef d’œuvre de l’architecture romaine (document 5).
Les amphithéâtres sont les lieux où sont organisés les jeux, combats de gladiateurs,
fauves contre gladiateurs... Offerts au nom de l’empereur ou d’un représentant des élites
locales, il s’agissait de flatter les instincts les plus bas de la population à des fins politiques.
« Du pain et des jeux » : au-delà de la formule, il est important de souligner que les jeux du
cirque renforcent la cohésion du peuple gallo-romain et que cette uniformisation du mode de
vie sous-tend la romanisation. Une cohésion qui se retrouve aussi dans les édifices cultuels
comme la Maison Carrée où était célébré le culte de l’empereur.
Il existe bien d’autres vecteurs pour expliquer la romanisation de la Gaule comme par
exemple la diffusion du latin mais surtout comme le rappelle à sa façon J.P Martin « Il faut
souligner qu’il n’y a jamais eu romanisation forcée ». La romanisation par l’urbanisation et son
mode de vie sont indissociables de la Pax romana et de cette faculté d’intégration citoyenne
qui fit la grandeur de Rome expliquant par la même l’exceptionnelle durée de cette civilisation.
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