Saint Seiya R incarnations é Chapitre 03

Transcription

Saint Seiya R incarnations é Chapitre 03
Saint Seiya
Réincarnations
Chapitre 03
Alexander River Stricken – Bergvin Aelgör
Résidence Aelgör, banlieue d'Athènes. 19 juin 2020 – 14h10
[Alexander River Stricken]
Alexander fronça les sourcils, il n'aimait pas du tout la tournure de cette conversation,
mais pas du tout.
« Que me voulez-vous alors ? Je suis peut-être un artiste, mais ce n'est pas pour cela que
je ne sais pas me battre alors je défendrai chèrement ma vie si vous y attentez de quelques
façons que se soit. » siffla Alexander en se levant et en serrant les poings.
[Bergvin Aelgör – Hilda]
Les sourcils d'Hilda se levèrent si haut qu'ils semblèrent presque toucher la racine de ses
cheveux blancs, alors que son hôte le contemplait avec des yeux équarquillés.
« Mais enfin nous n'avons pas la moindre intention de vous attaquer ! » dit-ce dernier.
Il posa son verre sur la table basse et regarda le peintre.
« Croyez-vous vraiment que je vous aurai reçu ainsi si je vous voulais du mal ? Non, ce
n'est vraiment pas mon genre, monsieur Stricken. Si je vous ai fait venir ici, c'était avant tout
pour être sûr que vous étiez bien celui que je pensais, et vous avez confirmé cette théorie.
Maintenant, nous désirons simplement vous parler... Alors s'il vous plait, restez encore. N'avezvous pas envie de savoir d'où viennent toutes ces images dont vous avez parlé ? Et n'avez
vous pas été témoin d'autres phénomènes étranges ? »
Le maître d'hôtel entra de nouveau dans la vaste pièce et déposa sur la table un petit
plateau sur lequel se trouvait une théière fumante et une tasse, toutes deux faites d'une
porcelaine qui semblait des plus précieuses. Il servit le thé sans un mot, ne tenant pas compte
du silence pesant qui regnait dans la pièce, et tendit la tasse à Hilda.
Cette dernière, qui avait toujours les yeux rivés sur le jeune artiste, attrapa celle-ci sans
même la regarder et en but une gorgée. Le liquide lui avait probablement brûlé la langue, mais
cela ne sembla pas l'affecter.
[Alexander River Stricken]
Il regarda ses deux hôtes, puis il commença à rougir de honte. Si son grand-père avait
été là, il aurait reçu la roustre du millénaire pour avoir osé traiter de cette manière ces deux
personnes. Il se rassit lentement et joua avec son verre, n'osant pas regarder en face Hilda et
Bergvin. Il toussota un peu puis murmura doucement :
« Je suis désolé, je n'aurai pas dû vous accuser de la sorte. Heu... quant aux
phénomènes étranges... il arrive à des moments où je suis très énervé qu'il y ait des
phénomènes inexplicables. Par exemple la statue du Wyvern que j'étais en train de sculpter
était en bronze massif. Mais après avoir découvert la faillite de mon ancienne galerie d'art, ce
n'était plus qu'une boule de métal, je me souviens un jour où je m'étais mis colère contre le
fils d'un de nos domestiques, une statue de marbre qui représentait un dragon chinois a
explosé. Nous n'avons jamais compris pourquoi d'ailleurs. Cependant, il est vrai que je
souhaiterai savoir pourquoi j'ai ces flashs. Vous connaissez vraiment leurs causes ? »
[Bergvin Alegör – Hilda]
Aelgör échangea un regard avec Hilda, avant de répondre :
« Je le pense oui... » dit-il avec sévérité. « Et ne vous excusez pas, vos paroles étaient
compréhensibles. Après tout, nous vous avons pris au dépourvu et ce n'est pas étonnant que
vous ayez été effrayé par nos questions... »
Il attrapa de nouveau son verre et en bu une gorgée, qu'il savoura un moment en
bouche.
« Lorsque je vous ai parlé de mysticisme et de vie antérieure tout à l'heure, ce n'était pas
un hasard. Nous pensons tous deux que vous êtes la réincarnation d'une personne très
particulière... »
Il n'élabora pas d'avantage pour le moment, se contentant de regarder son invité afin de
jauger la réaction de ce dernier.
[Alexander River Stricken]
Alexander les regarda avec stupéfaction, puis pensant à une blague, il demanda :
« Alors ma mère avait raison. Mais je suis quoi alors ? La réincarnation d'un gladiateur ou
d'un légionnaire ? Pour ma part, je préfèrerai le légionnaire. »
Il regarda ses hôtes, mais en voyant leur regard sérieux des deux, il sentit que ce n'était
peut-être pas une blague et demanda :
« Dites-moi que c'est une blague ? »
[Bergvin Aelgör – Hilda]
« Comme je vous l'ai déjà dit, toute cette affaire est on ne peut plus sérieuse. D'ailleurs
je tiens à préciser dès à présent que ce je m'apprête à vous raconter va vous sembler
complètement ubuesque, mais s'il vous plait écoutez-nous jusqu'au bout... »
Hilda s'avança un peu plus vers le jeune homme, et prit la parole à son tour.
« A vrai dire vous êtes à la fois très proche et très éloigné de la réalité... Connaissez-vous
un peu la mythologie grecque ? »
[Alexander River Stricken]
Il regarda ses hôtes très étonné, puis se gratta un peu la tête et répondit :
« Pour tout vous dire, je ne me souviens que des grandes lignes les noms de certains
dieux mais la légende que je préfère c'est l'enlèvement de Perséphone par Hadès. C'est
tellement romantique. Savoir que pour rester avec lui elle mange deux grains de grenade.
C'est beau. Et puis c'est une belle métaphore pour les saisons. Mais pourquoi me demandezvous cela ? »
[Bergvin Aelgör – Hilda]
Hilda eut un léger sourire à la mention du dieu des enfers, mais ce fut Aelgör qui répondit
au jeune homme.
« Et bien toutes ces histoires ne sont pas que des légendes... En fait une grande partie
d'entre elles se sont réellement déroulées. Et oui... les dieux dont vous avez entendu parler,
Hadès par exemple, existent bel et bien. »
C'était dit. Et maintenant que le couperet était tombé ni Aelgör ni son amie ne savaient
quelle pourrait bien être la réaction de l'artiste.
Reposant délicatement sa tasse sur la table, Hilda ajouta :
« En fait pas seulement les dieux grecs, mais les dieux celtes et egyptiens aussi... Oh
bien sûr bon nombre de comtes et légendes ont été encenssés et déformés, mais sur le fond,
ces évênements se sont bel et bien produits. »
[Alexander River Stricken]
Il lança un regard stupéfait vers ses hôtes, mais alors les légendes étaient toutes vraies ?
Mais qui était-il ? Un imposteur, ses parents n'étaient pas ses parents et en fait il avait été
adopté.
« Pourquoi me dites-vous cela ? Qui suis-je alors ? »
[Bergvin Aelgör – Hilda]
Aelgör qui sentit la tension de son invité, leva lentement une main pour le calmer.
« Oh vous êtes bien Alexander Stricken, soyez-en certain. Seulement nous pensons que
vous êtes également la réincarnation de l'un de ces nombreux guerriers dont la mission était
de combattre pour ces dieux... Et d'après vos oeuvres, et ce que vous avez dit, je dirai que
vous étiez autrefois à la solde d'Hadès... » dit-il avec une voix apaisante.
Hilda qui regardait toujours le jeune homme ajouta :
« En fait nous avons de bonnes raisons de croire que ces dieux se sont également
réincarnés dans le corps d'humains, et cela ne peut malheureusement vouloir dire qu'une seule
chose... Une nouvelle guerre se prépare... »
[Alexander River Stricken]
Alexander regarda ses hôtes avec stupeur, la peur d'un futur angoissant se lisait dans son
regard mordoré :
« Alors c'est de là que me venait mes visions ? Mais je ne suis pas un soldat, je n'ai pas
reçu le moindre entraînement militaire. J'ai fais un peu de boxe anglaise quand j'étais au
Collège, mais guère plus. La peinture m'attire plus que la guerre. Je ne pense pas être un bon
guerrier. Peut-être est-ce quelqu'un d'autre ? Non ? »
[Bergvin Aelgör – Hilda]
Hilda eut un air compatissant.
« Nous savons fort bien tout cela... Mais ces flashs que vous avez décrits, ainsi que les
images que vous avez reproduites dans vos différents peintures montrent bien que vous avez
des souvenirs de votre ancienne vie. Des souvenirs qui ne demandent qu'à refaire surface... Et
il viendra un moment où vous pourrez recoller tous ces morceaux éparts, et serez parfaitement
capable de combattre... »
Reprennant une gorgée de son whiskey, Aelgör ajouta :
« Mais il est vrai que pour le moment vous êtes particulièrement vulnérable, et c'est pour
ça qu'il était si important que nous vous retrouvions... avant eux... »
[Alexander River Stricken]
Alexander regarda Aelgör avec inquiétude, il sentait que ce qu'il avait entendu
précédemment n'était rien par rapport à la réponse qu'il allait avoir à sa question. Il prit une
grande respiration un peu tremblante et demanda :
« Qui sont ces "eux" ? Et comment puis-je retrouver ma "mémoire" ? »
[Bergvin Aelgör – Hilda]
« Et bien nous pensons qu'elle va revenir d'elle même, mais comme on dit un petit coup
de pouce sera certainement bien utile... » lui répondit le nordique en joignant les mains.
« Et quant à l'identité de ces personnes, et bien nous ne la connaissons pas exactement
mais nous avons récemment découvert que d'autres que nous étaient à la recherches des
réincarnations... Nous ne savons pas encore s'ils servent Hadès ou un autre dieu, mais une
chose est sûre : ils ont des pouvoirs et semblent posséder un certains nombre d'informations à
votre sujet... »
Hilda qui était restée pensive pendant les explications d'Aelgör, intervint à son tour :
« Pour le moment il vaudrait mieux que nous restions en contact... Nous pourrons vous
défendre, mais nous devons être sûrs que vous restiez dans notre camp... »
[Alexander River Stricken]
Toute cette affaire inquiétait vivement Alexander, il était venu pour changer de galerie
d'art et le voilà tombé dans la quatrième dimension. Il aurait tellement voulu ne pas se lever,
ne pas avoir lu la lettre, ne pas avoir décidé de venir à ce rendez-vous... Mais c'était trop tard,
sa belle journée se transformait doucement en cauchemar. Il se mordilla la lèvre inférieur puis
demanda :
« Que dois-je faire ? Je ne sais pas quoi faire. Je ne suis qu'un artiste. Un simple
artiste.»
Il mit sa tête entre ses mains et murmura doucement :
« J'ai peur. C'est trop pour moi. Je ne suis pas celui dont vous parlez. Ce n'est pas
possible. Je ne peux pas y croire ce n'est pas possible. »
Il redressa la tête et redemanda à ses hôtes :
« Que dois-je faire ? »
[Bergvin AeLgör – Hilda]
Hilda posa doucement sa tasse, et se levant, s'approcha du jeune artiste.
« Restez avec nous, nous vous aiderons à canaliser vos pouvoirs et ensemble nous
pourrons peut-être empêcher cette guerre... » dit-elle en lui prenant les mains, « et si ce n'est
pas le cas, alors nous combattrons ensemble... »
Aelgör approuva d'un hochement de la tête et ajouta :
« Vous dites que vous facionnez une statue du wyvern... C'est certainement un indice
non négligeable. Est-ce que le nom de Rhadamante évoque pour vous un quelconque souvenir
?»
[Alexander River Stricken]
Alexander eut un flash où il vit un homme aux longs cheveux gris et l'air complètement
paniqué qui tenait un casque dans ses bras et l'appelait "Seigneur Rhadamanthe". Il revint sur
terre et murmura :
« Et bien... d'après la mythologie grec, Rhadamanthe est devenu l'un des juges des
enfers au service d'Hadès, avec Minos et Eaque. Il était connu pour sa sagesse. C'est tout ce
que je sais sur lui. Je suis désolé. »
Alexander soupira lourdement, la fatigue commençait à lui peser sur les épaules. Que
devait-il faire ? Les "autres" avaient l'air d'être dangereux et quelque chose en lui lui disait de
faire confiance en Bergvin et Hilda. Il sortit de ses pensées et dit avec un pauvre sourire
tremblant :
« Même si je ne sais pas faire grand chose à part peindre et sculpter, je resterai avec
vous et je vous aiderai du mieux que je peux. Ce qui, je pense, ne sera pas grand chose. »
[Bergvin Aelgör – Hilda]
Aelgör opina de la tête.
« Vous faites le bon choix... Il vaut mieux que vous soyez en sécurité le temps que vous
appreniez à contrôler vos pouvoirs et surtout à accepter les souvenirs de votre précédente
incarnation. Ce ne sera sans doute pas facile et c'est pourquoi vous serez particulièrement
vulnérable durant cette période... surtout compte tenu de l'allégence que vous aviez... »
Il échangea un regard avec Hilda, bien conscient que ses mots soulevaient encore plus
de questions dans l'esprit déjà bien tourmenté du jeune homme. Aussi il décida de préciser sa
pensée :
« Vous étiez au service du seigneur Hadès, et serez sans doute tenté de le rejoindre à
nouveau... Alors je tiens à vous le dire tout de suite : Nous ne sommes pour le moment pas
des alliés, et en restant avec nous vous risquez fort bien de vous retrouver dans le camp
adverse à celui que vous avez servi jusqu'à présent... Pensez-vous vraiment que vous en serez
capable ? »
[Alexandre River Stricken]
Le jeune homme mit ses coudes sur ses genoux et cacha son visage entre ses mains. Il
n'en pouvait plus, il ne comprenait rien et on lui demandait de faire un choix qui allait
définitivement changer sa vie. Il avait peur. quelque chose en lui lui disait qu'il ne devait pas
rejoindre Bergvin, mais son coeur lui disait qu'il avait une chance de faire le bien, de faire ce
que sa mère lui avait toujours dit de faire. Faire le bien... Il redressa sa tête, regarda ses hôtes
et leur dit franchement :
« Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas, mais je vais faire mon possible pour ne
pas basculer du mauvais côté. Je ne veux pas que ma mère puisse avoir honte de moi. C'est la
seule chose dont je sois sûr, c'est que je ferai mon possible afin d'oeuvrer pour le bien. »
[Bergvin Aelgör – Hilda]
« C'est tout ce que nous vous demandons, monsieur Stricken. Maintenant peut-être
pourrions nous discuter d'avantage de votre pouvoir... »
Hilda l'interrompit en levant calmement la main.
« Je crois qu'Alexander souhaiterait d'avantage se reposer un instant... Entre le voyage
et ce que nous venons de lui apprendre, il doit être épuisé... »
Aelgör approuva.
« Tu as sans doute raison, et c'était inconsidéré de ma part de ne pas y avoir pensé. »
Il se leva à son tour et posa son verre.
« Si vous le souhaitez vous pouvez rester ici. J'en serai d'ailleurs très heureux. Comme
vous avez sans doute pu le constanter, la maison est grande et dispose de nombreuses
chambres d'amis. Vous serez sans doute plus confortablement installé que dans un hôtel, et au
moins nous serons auprès de vous... Qu'en pensez-vous ? » demanda-t-il avec sincérité.
[Alexander River Stricken]
En entendant la proposition de son hôte, Alexander soupira doucement.
Il en avait vraiment besoin de repos simplement pour accepter ce qu'il venait de ce dire
sur lui. Avec un sourire exténué, il dit :
« C'est avec un grand plaisir que j'accepte votre offre. Je suis épuisé physiquement et
mentalement après ce que venez de me dire. Il me faut un peut de temps pour digérer toutes
ces informations. Quant à mes... "pouvoirs" la seule chose que je puisse vous dire c'est,
comme je vous l'avais déjà dis, qu'après avoir reçu l'information quant à la faillite de mon
ancienne galerie d'art, la statue en bronze que je sculptais est devenu une boule de métal.
Tout ce que je sais, c'est que je ressentais une rage incroyable, je cherchais quelque chose à
détruire et puis sans que je ne fasses quoi que ce soit, cette colère a disparu, comme si...
comme si je m'étais déchaîné sur quelque chose. C'est tout ce que je peux vous apprendre. Je
suis désolé car je pense que cela ne vous aidera en aucun cas pour savoir ce que vous voulez
connaître. »
[Bergvin Aelgör – Hilda]
« Hum... sans doute de la télékinésie ou de la manipulation de champs
électromagnétiques il semblerait.... cela concorderait en effet avec Rhadamante. En tout cas si
ce pouvoir se déclenche lors d'une émotion forte, vous allez devoir apprendre à le maitriser
rapidement... surtout compte tenu de son offensivité. »
Il se dirigea lentement vers l'extrémité du salon qui donnait sur un couloir.
« Venez je vais vous conduire à votre chambre... Il y a une petite salle de bain si vous
souhaitez vous rafraîchir, et n'hésitez pas à vous reposer aussi longtemps que cela vous est
nécessaire... » dit-il en faisant signe au jeune homme de le suivre.
Hilda les rejoignit à son tour, et ils montèrent à l'étage. Empruntant ensuite un vaste
corridor, ils gagnèrent la dernière pièce qui s'avéra être une charmante chambre aux tons
bleus et visiblement décorée sur le thème de la marine.
« Ce n'est pas la plus grande, mais elle est très confortable... » expliqua Aelgör « et puis
la vue donne sur la mer... Le maître d'hôtel va porter vos bagages dans un instant, alors
mettez-vous à l'aise et vous nous rejoignerez dès que vous vous sentirez mieux... Ah et il y a
le téléphone aussi, alors n'hésitez pas à joindre votre famille ou vos amis. »
[Alexander river Stricken]
Le jeune homme remercia chaleureusement ses hôtes, puis pénétra dans la chambre.
Pour une petite chambre, elle était spacieuse et il aurait bien voulu avoir une petite chambre
comme celle-là quand il était allé s'ennuyer à Oxford ou Cambridge. Elle possédait un
magnifique parquet doré qui se mariait parfaitement bien avec la frise bleu aux délicates
vaguelettes qui faisait le tour des murs blancs de la pièce. Sur les murs se trouvaient des
marines et des représentations de créatures marines. il remarqua que le lit ne se trouvait pas
parallèlement à la fenêtre, mais face à elle et près de la porte. De chaque côté du majestueux
lit à baldaquin se trouvait deux tables de chevets en bois de pins dont une portait le téléphone.
Sur le mur à droite du lit se trouvait une armoire et à l'opposé, un bureau.
Après avoir regardé la pièce, il s'approcha de la fenêtre et découvrit en l'ouvrant un
balcon qui avait vue sur la mer. Le panorama était somptueux, il était tellement abasourdit par
la beauté des lieux qu'il ne fit pas attention au maître d'hôtel qui lui apporta ses bagages et
repartit comme si de rien n'était. Il décida de rentrer quand une brise fraîche venue de la mer
le fit frissonner, il n'avait pas fait attention que la conversation avait duré si longtemps, car le
soleil plongeait lentement vers la mer. Il rentra dans la chambre, referma la fenêtre et
découvrit que ses bagages étaient sur le lit. Désirant plus que tout se rafraîchir les idées, il alla
vers une porte près de l'armoire et il découvrit la salle de bain. La pièce d'eau était aussi
magnifique que la chambre. Les murs, le sol et le plafond étaient recouvert de mosaïques
représentant des dauphins batifolant dans les flots, des sirènes, des tritons et de maître des
océans, Poséidon entouré de sept créatures représentant chacun une mer, le seul qui fit écho
dans sa tête, fut le dragon des mers.
Il eut un flash violent et se vit s'envolant vers les étoiles, le torse écrasé par une étreinte
puissante, il sentait un corps derrière lui qui possédait de long cheveux bleus, mais le pire,
c'est qu'il sentait qu'il allait mourir. Alexander poussa un cri et ouvrant les yeux qu'il n'avait
pas eut conscience de fermer, il se découvrit seul dans la salle de bain. Il s'approcha du lavabo
et s'aspergea le visage. Dans quelle galère il était tombé. Il avait besoin d'aide. Il retourna
dans la chambre, se précipita vers le téléphone et composa le numéro de son grand-père. De
toute la famille, c'était le seul qui avait les pieds sur terre et il était de bons conseils. En
attendant que quelqu'un décrocha, il murmurait :
« Vite, vite quelqu'un, n'importe qui ! »
Il n'eut pas à attendre longtemps, car à la quatrième sonnerie, James le majordome de la
famille décrocha :
« Vous êtes bien au Manoir Stricken qui est à l'appareil ? »
« James, c'est moi, Alexander. Mon grand-père est là, je souhaiterai lui parler. C'est
urgent. »
pas.»
« Oh ! Bonjour monsieur Alexander. Je vais appeler votre grand-père. Ne raccrochez
« Y a pas de risque » marmonna le jeune homme tandis que le majordome était allé
chercher le patriarche de la famille Stricken.
Quelques minutes, les plus longues de toute la vie du jeune homme, venaient de passer,
quand il entendit la voix familière de son grand-père :
« Bonjour mon cher petit-fils. Alors et ce rendez-vous ? »
« C'est justement pour ça que je t'appelais grand-père. Je crois que j'ai de gros ennuis. »
Alexander rapporta au vieil homme tout ce qui s'était dit et quand il eut terminé, il
murmura :
« Qu'est-ce que je dois faire grand-père ? J'ai vraiment peur. »
« Et bien outre améliorer ton langage, tu vas rester avec eux. Ils vont t'aider. Tu ne t'en
rappelles pas, mais quand tu étais petit, on a tenté de t'enlever, je ne sais pas comment tu as
fait cela, mais l'homme a eut tous les os broyer instantanément. C'est une bonne chose que tu
aies rencontré ses gens. Mais surtout fais leur confiance et retient tes mauvais penchants. Tu
es un bon garçon, mais après ce que tu m'as dis, je crains que tu ne doives lutter contre deux
fronts, les "autres" et toi. Cela va être un combat de tous les instants. »
Alexander se sentait mieux en entendant son grand-père, il lui ferait confiance. Il ne se
rappelait pas avoir tué un homme enfant, alors maintenant qu'il était adulte, quelle
catastrophe ferait-il ? Il allait rester ici. Après une bonne nuit de sommeil, il rejoindrait ses
hôtes afin qu'ils l'aident. Il avait bien fait d'appeler son grand-père plus que ses parents. Ces
derniers auraient hurlé au meurtre et fait n'importe quoi qu'il l'aurait mis très mal à l'aise.
Poussant un petit soupire, il dit :
« Merci grand-père. Tu m'as vraiment bien aidé. »
« Mais je suis là pour ça. Bien, es-tu bien logé ? »
« La chambre est un peu plus petite que celle que j'ai au manoir, mais elle est
magnifique, très confortable et relaxante. »
« C'est parfait. Tu dois être épuisé après le vol et toutes tes émotions fortes, alors tu
devrais prendre un peu de repos. La nuit porte conseil et tu auras les idées plus claire après
une bonne nuit de sommeil. »
« Tu as raison grand-père. Merci pour tout et je te souhaite une bonne nuit. Je t'aime
grand-père. »
Il y eut un peu moment de silence, puis l'homme murmura d'une voix chevrotante :
« Je t'aime aussi mon petit. »
L'homme raccrocha en premier, puis Alexander reposa le combiné, alla prendre une
douche, puis se changea pour la nuit et quand sa tête toucha l'oreiller, il s'endormit comme un
loir. Malheureusement, son sommeil fut parcouru de rêves étranges, de flash. Il entendait une
voix malsaine lui parler en l'appelant Rhadamanthe. Quand le soleil se leva le lendemain, il prit
une bonne douche, puis alla chercher ses hôtes tout en sachant qu'il avait largement raté le
repas du soir et qu'il leur avait fait faux-bond. Il quitta sa chambre, puis s'avança dans le
grand couloir en observant l'architecture du lieu.
[Fred Callaghan]
Il n'avait pas fait cinq mètres qu'il se trouva nez à nez avec un chien loup à la taille
imposante. L'animal le contempla pendant un instant de ses yeux vairons, avant de
s'approcher avec curiosité.
« Oy ! » fit soudain une voix masculine.
Un adolescent d'une quinzaine d'années venait d'apparaitre au bout du couloir. Vêtu
simplement d'un jean et d'un tee-shirt baggy, il avait des cheveux châtains clair et des yeux
marrons. Sa peau pâle était parsemée ça et là de quelques boutons d'acné, et il arborait cet
air ennuyé qu'avaient souvent les jeunes gens de son âge.
« Alors c'est vous le nouveau ? » demanda-t-il sans pour autant se présenter.
Michelle myers – constantin nielopoulos – gabriel o'reilly
Commissariat d'Athènes. 19 juin 2020 – 15h30
[Constantin Nielopoulos]
L'océanographe se tourna vers O'Reilly :
« J'habite une maison près du Pirée. Avez-vous une voiture ? Ce serait plus pratique,
sinon nous prendrons un taxi, Michelle ne peut voyager en transports en commun... »
Normalement, le capitaine du bateau avait dû faire livrer déjà ses bagages chez lui, sa vieille
gouvernante, qui vivait encore là et qui prenait soin de la maison en son absence, avait dû les
réceptionner.
Il décrocha son portable et dit :
« Allô, Athinaï ? Oui, c'est moi... oui, j'ai fait bon voyage, mais j'ai eu un contretemps, je
vais seulement arriver avec des amis... non, rien de grave, ne t'inquiète pas... ah, mes
bagages sont arrivés ? très bien... nous arrivons dans quelques dizaines de minutes, peux-tu
préparer du thé et quelque chose à grignoter ? Merci... oui, à tout à l'heure ! Ah, peux-tu
trouver quelques vêtements pour une dame ? Je t'expliquerai... »
Il raccrocha, se tourna de nouveau vers O'Reilly et Michelle et déclara :
« Ma vieille gouvernante nous attend chez moi, allons-y... »
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly]
« Très bien. » Acquiesça O'Reilly avant de répondre à la question de Constantin. « Non je
n'ai pas de voiture, j'arrive directement des Etats-Unis et n'ait pas eu le temps d'en louer
une... Je vais demander au secrétariat le numéro d'une agence de taxis, je reviens tout de
suite. » dit-il avant de quitter la salle d'attente.
Michelle se tourna alors vers Constantin.
« Athinaï ? Ne me dit pas que c'est cette même gouvernante que j'ai connu alors que
nous étions enfants ? » demanda-t-elle en haussant les sourcils.
[Constantin Nielopoulos]
L'océanographe rit :
« Si, tu as une bonne mémoire, c'est bien elle, je l'ai gardée avec moi quand je me suis
installé seul... »
Sa gouvernante l'avait élevé et il lui portait énormément d'affection. Athinaï était
toujours là pour lui, gardait sa maison, l'écoutait inlassablement parler de son travail et le
régalait de sa cuisine qui soutenait la comparaison avec les meilleurs restaurants. Elle saurait
réconforter efficacement Michelle, ça il en était sûr...
[Michelle Myers]
« Ca alors ! C'est dingue qu'elle soit restée avec toi après toutes ces années ! Tu dois y
être particulièrement attaché... Est-ce qu'elle fait toujours ces pâtisseries délicieuses ? Bon
sang, je me rappelle en avoir mangé tellement une fois que je ne pouvais plus me lever de ma
chaise... »
Les souvenirs d'enfance avait redonné le sourire à la jeune femme, qui semblait même
avoir soudainement retrouvé l'appétit.
O'Reilly les rejoignit à cet instant.
« Le taxi va arriver d'ici une minute, alors nous pouvons partir. J'ai aussi parlé à cet
inspecteur d'Interpole et il nous recontactera dès qu'il aura du nouveau. » dit-il tout en
passant un bras autour des épaules de Michelle.
« Allons-y... »
Effectivement une voiture les rejoignit rapidement devant le commissariat et même si la
tenue de la jeune femme fit hausser un sourcil au conducteur, il ne fit aucun commentaire.
Ils s'installèrent tous trois s'installaient à l'arrière du véhicule, Michelle à côté de la
fenêtre. Elle posa la tête contre cette dernière, regardant au dehors et de nouveau perdue
dans ses pensées alors qu'elle serait toujours son téléphone portable entre ses mains.
[Constantin Nielopoulos]
Constantin interpella le conducteur de taxi dans sa langue maternelle et lui donna
l'adresse. Sa maison se trouvait sur la côte, non loin du port de Mounychie, l'un des trois ports
qui composaient le Pirée. C'était un endroit en dehors de la ville mais assez urbanisé tout de
même.
Ils roulèrent pendant un bon moment, sortirent d'Athènes puis arrivèrent en vue de la
ville du Pirée. Ils traversèrent la ville, passèrent en vue de la marina Zea et continuèrent le
long de la côte jusqu'au petit hameau où habitait Constantin. L'océanographe désigna la
quatrième maison pour que le chauffeur s'y arrête. C'était une maison traditionnelle peinte en
blanc, au toit de tuiles, du moins à ce qu'ils pouvaient en voir car elle était entourée d'un mur
sur ses quatre côtés, délimitant probablement un jardin.
L'océanographe, sortant son portefeuille, paya rubis sur l'ongle la course puis, farfouillant
dans sa sacoche, sortit ses clés pour ouvrir le portail pendant que les autres descendaient. Au
simple bruit de l'ouverture, une replète vieille femme habillée de noir et portant un tablier sur
ses vêtements sortit de la maison.
Elle accourut à lui et le serra dans ses bras :
« Enfin te voilà, je m'inquiétais ! »
Constantin, un peu gêné, se dégagea et dit :
« Athinaï, voici monsieur O'Reilly, qui travaille pour monsieur Myers, et Michelle Myers,
sa fille... tu te souviens d'elle ? elle est venue plusieurs fois à la maison quand j'étais
adolescent... »
Il savait que sa gouvernante avait une excellente mémoire et qu'elle n'avait
probablement pas oublié Michelle. Son regard alla d'O'Reilly à Michelle, revint sur Constantin
puis elle s'inclina légèrement :
« Bienvenue, monsieur O'Reilly, ainsi qu'à toi, Michelle... »
Ayant compris les questions qui agitaient sa gouvernante, Constantin embraya :
« As-tu préparé ce que je t'avais demandé ? »
Athinaï acquiesça :
« Oui, le thé et les gâteaux sont prêts, ainsi que des
vêtements... »
rafraîchissements et des
Elle avait remarqué la tenue "particulière" de la jeune femme,mais ne posa aucune
question. Constantin alors fit un signe invitant tout le monde à entrer dans la maison. Ils
étaient au milieu du jardin simple, nanti de quelques arbres pour l'ombre et où avaient été
posées de ci de là quelques imitations de statues grecques. De là où ils étaient, ils pouvaient
maintenant voir que la maison avait deux étages.
L'océanographe les mena dans la pièce principale, une grande pièce carrée faisant office
de salon et de salle à manger. Le mobilier était en bois d'olivier et quelques cadres au mur
rompaient la monotonie de tout ce blanc. Certains d'entre eux étaient les souvenirs de
missions qui lui tenaient vraiment à coeur, d'autres des photos d'animaux marins ou aussi
quelques reproductions de reliefs grecs. Il resta un instant debout là, avec un sourire de
contentement. Il était si peu souvent chez lui qu'il était toujours aussi ravi de rentrer dans son
home sweet home personnel...
Un plateau avait été posé sur la table ronde, exhalant de bonnes odeurs de thé et de
gâteaux fraîchement sortis du four. Constantin se tourna vers sa gouvernante et vers
Michelle :
« Athinaï, veux-tu montrer à Michelle la chambre d'amis et l'aider si elle en a besoin ? »
La gouvernante acquiesça, sourit et fit un signe à Michelle pour qu'elle la suivre.
Constantin, resté avec O'Reilly, lui désigna une chaise en lui disant :
« Asseyez-vous. Désirez-vous boire du thé ou autre chose ? »
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly]
« Du thé sera parfait merci, à moins que vous n'ayez du café ? » répondit ce dernier tout
en s'asseyant.
Il contempla un instant la cuisine, qu'il parut trouver à son goût et sortit son porte-feuille.
« Michelle a eu de la chance de vous retrouver au commissariat... C'est à croire que la
providence vous avait placé sur son chemin et vous avez été d'une grande aide à ce que j'ai pu
voir. »
Il sortit une liasse de billets qu'il posa sur la table et continua :
« La pauvre, ça a du être un choc terrible, je n'ose imaginer ce qu'ils ont vécu elle et
Aidan, même je ne sais pas ce qu'il s'est réellement passé... Au fait j'espère que ça suffira
pour le taxi ?» ajouta-t-il en indiquant du regard l'argent qu'il avait déposé.
Dans la salle de bain, Michelle enleva lentement son pyjama tâché de sang et contempla
le vêtement alors qu'il glissait sur le sol. Seulement quelques gouttes : Elle n'avait souffert que
de quelques égratinures, alors que son protecteur gisait dans une marre de sang...
Elle ferma les yeux et serra les poings alors que les images saccadées de la nuit
précédente hantaient à nouveau son esprit.
C'est pas le moment !
« Mademoiselle ? » demanda alors Athinaï dans un anglais hésitant.
Remerciant silencieusement cette interruption, Michelle entrouvrit la porte.
La gouvernante de Constantin lui adressa un sourire compatissant en lui tendant une
serviette moelleuse et chaude.
« Merci... » soufla la jeune fille avec reconnaissance.
Elle entra dans la cabine de douche et laissa l'eau presque brûlante délasser ses muscles
endoloris. Elle devait profiter des ces quelques moments de quiétude avant de l'enfer de la
réalité ne reprenne...
[Constantin Nielopoulos]
Constantin regarda O'Reilly et répondit :
« En fait, c'était un hasard si je me trouvais là, j'avais une déposition à faire pour un
incident survenu sur le bateau où j'étais en mission... »
Il acheva :
« Laissez pour le taxi, je pouvais au moins faire cela pour vous... »
Il lui tendit l'assiette de gateaux et dit :
« Mangez un peu, c'est la recette personnelle d'Athinaï... je vais voir s'il y a du café dans
la cuisine, je reviens... »
Il alla dans la cuisine et mit en route un peu de café avant de revenir et de s'asseoir en
face d'O'Reilly.
« Ne vous inquiétez pas, lui dit-il, Athinaï s'occupera bien de Michelle... »
Tout en disant cela d'un ton détaché, il observait sans en avoir l'air l'homme devant lui...
[Gabriel O'Reilly]
Gabriel fut sur le point d'argumenter au sujet de l'argent du taxi – après tout Myers, qui
couvrait tous ses frais, était bien plus riche que le jeune océanographe – mais il se dit que ce
serait faire offense à son hôte.
Suivant ses conseils, il entama l'un des biscuits que Constantin avait apporté et se rendit
compte qu'il était affamé. Il n'avait rien mangé depuis son départ des Etats-Unis, quelques huit
heures auparavant, tant il était inquiet pour la famille Myers et il se rendait compte à présent
que son organisme avait bien besoin de ce petit remontant. Et puis ces gâteaux étaient
absolument divins.
« Si elle s'occupe aussi bien d'elle qu'elle ne fait la cuisine... » commença-t-il alors qu'il
avait la bouche encore pleine, « alors je ne peux que lui faire confiance. »
Il avala la dernière bouchée et prit un deuxième biscuit.
« Dites-moi... Est-ce qu'elle a pu un peu vous dire ce qu'il s'est passé cette nuit ? Tout ce
que je sais c'est que des inconnus sont entrés dans la résidence et l'ont attaquée, elle et
Aidan... »
[Constantin Nielopoulos]
Constantin sourit à la remarque de l'homme :
« Oh, vous pouvez avoir confiance en Athinaï, je la connais bien parce qu'elle m'a élevé
dès ma toute petite enfance... »
Il prit un biscuit lui aussi et réfléchit à ce qu'il allait répondre.
Son instinct lui soufflait de ne pas parler des faits étranges survenus cette nuit-là, aussi
finit-il par dire :
« Tout ce que je sais, c'est qu'ils ont été attaqués en pleine nuit par des gens et qu'Aidan
a été très gravement blessé en la défendant, guère plus que vous malheureusement... »
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly]
L'homme resta pensif pendant un moment.
« Evidemment on pourrait croire que ces personnes avaient dans l'idée de cambrioler la
maison, ou encore de kidnapper Michelle pour demander une raçon, mais mon instinct me dit
que c'est autre chose. Et puis je connais M. Myers, même s'il ne s'agit que d'une résidence
secondaire, je suis sûr que la propriété était sécurisée et sous surveillance... Leur coup a dû
être préparé minutieusement... »
Il passa une main dans ses cheveux en bataille, mais ils retombèrent aussitôt sur ses
yeux fatigués.
« Je vais téléphoner à une agence de location de voitures. Avoir un véhicule nous sera
sans doute bien utile... » dit-il en se levant.
Il s'éloigna de quelques pas et sortit son téléphone portable de sa poche. Il composa
rapidement un numéro tout en s'approchant de la fenêtre, contemplant ainsi le petit jardin sur
lequel elle donnait.
Quelques instants plus tard, l'océanographe entendit Michelle descendre doucement les
escaliers. Vêtue sobrement d'un jean et d'un sweat-shirt à l'effigie d'une des université
d'Athènes, elle s'avança vers lui et lui adressa un léger sourire.
Les vêtements lui avaient été confiés par Athinaï, dont la nièce qui faisait ses études dans
la capitale, venait régulièrement chez l'océanographe durant les week-ends et parfois même
les vacances. Les deux jeunes femmes faisaient sensiblement la même taille, aussi la
gouvernante de Constantin avait insisté pour qu'elle prenne les vêtements. Par contre le prêt
ne comprenait pas les sous-vêtements, et la jeune fille se sentait un peu gênée alors qu'elle
s'asseyait à la place qu'avait occupé O'Reilly.
[Constantin Nielopoulos]
L'océanographe lui rendit son sourire mais remarqua immédiatement sans le vouloir
qu'elle ne portait pas de soutien-gorge. Voulant se donner une contenance et se sentant rosir
sous son hâle, il lui tendit l'assiette de gâteaux d'un air engageant :
« Manges-en, ça va te remettre d'aplomb... c'est le remède miracle d'Athinaï contre tous
les maux... veux-tu du café ou du thé, à moins que tu ne désires quelque chose de frais ? »
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly]
« Du café sera parfait, merci... J'en aurais bien besoin, toute cette fatigue commence à
s'accumuler, même si je sais parfaitement que je serai incappable de fermer l'oeil à cet
instant... »
Elle attrapa un biscuit et mordit timidement dedans. Ses yeux s'illuminerent un bref
instant et elle adressa un sourire enjoué à Constantin.
« Ils sont vraiment bons... Athinaï est toujours le même cordon bleu qu'autrefois. Je
comprend maintenant pourquoi tu l'as gardée avec toi, si elle te fait de bons petits plats
comme ça... »
Elle s'interrompit lorsqu'0'Reilly les rejoignit.
« Voilà les arrangements sont faits, nous disposons désormais d'une voiture. Je me suis
permi de donner votre adresse... » ajouta-t-il à l'attention de Constantin « Un contact de
monsieur Myers va nous la conduire ici avec quelques affaires pour Michelle. »
Il regarda cette dernière et lui sourit chaleureusement.
« Tu as meilleure mine d'ailleurs, tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir... »
La jeune fille baissa les yeux.
« Merci... Vous savez j'ai hâte d'aller à l'hopital, mais en même temps... J'ai peur de ce
qu'ils vont nous dire là-bas... Ici, c'est comme si le temps était arrêté, comme si rien ne
pouvait nous atteindre... »
Elle soupira et grignotta une autre bouchée du gâteau.
« Pas très courageux comme réflexion, ça... »
[Constantin Nielopoulos]
L'océanographe alla dans la cuisine chercher le café prêt, puis,
versa dedans avant de la pousser vers elle :
prenant une tasse, en
« Voilà, ton voeu est exaucé... »
Il en versa une tasse pour O'Reilly, puis pour lui-même avant de dire :
« Il est tout à fait normal que tu ressentes cela, tu es encore sous le choc. Repose-toi
tranquillement, mange encore quelques gâteaux et nous reviendrons ensuite à la réalité... »
Il avait conscience d'être un peu confus dans ses propos mais il ne voyait pas quoi dire
d'autre. Après tout, vu ce qu'elle avait subi, c'était parfaitement normal, voir Aidan lui
rappelerait impitoyablement tout ce qui s'était passé. Sans mot dire, il sirota pensivement
une gorgée de café. La réalité reviendrait bien assez vite, cela il en était sûr...
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly]
« C'est bien ça le problème, justement... » soupira-t-elle.
Suivant les conseils de Constantin elle trempa ses lèvres dans le café chaud et en bu une
gorgée.
« Monsieur Nielopoulos a raison, ce n'est pas le moment de faire des pronostiques... Ca
ne servirait qu'à t'inquiéter d'avantage et pour rien... Nous verrons bien ce que dirons les
médecins une fois que nous serons à l'hôpital. » rencherit O'Reilly tout en acceptant la tasse
que lui offrait leur hôte.
« Je t'ai également réservé une chambre d'hotel pas loin de l'hôpital, comme ça tu pourras
t'y rendre aussi souvent que possible...
- Merci Gabriel, merci à tous les deux... »
Elle savoura son café avec un certain plaisir et mangea quelques gâteaux. Peu à peu son
visage s'épanouit et elle reprit des couleurs pour le plus grand plaisir des deux hommes.
« Quand pouvons-nous y aller ? » demanda-t-elle finalement à Constantin, alors que la
sonnerie de la porte retentissait.
« Ca doit être pour la voiture... Je vais aller voir... » dit O'Reilly tout en rejoignant Athinaï
qui était partie ouvrir.
« Ca te dérange si on y va maintenant ? » demanda Michelle tout en jetant un oeil à la
porte d'entrée.
[Constantin Nielopoulos]
Le jeune homme se leva et dit :
« J'arrive tout de suite, juste le temps de me rafraîchir un peu... »
Il grimpa à l'étage, se passa un peu d'eau sur le visage avant d'enfiler un t-shirt propre,
puis il redescendit quatre à quatre avant de dire à Athinaï :
« Je t'appelle pour te dire quand je rentre, ne t'inquiète pas. Peux- tu déballer mes
bagages, s'il te plaît ? Merci... »
Puis il dit à Michelle :
« On peut y aller quand tu veux... »
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly]
O'Reilly avait fini son entretien avec le collaborateur de monsieur Myers et avait à la main
les clés de la voiture qu'il avait demandé. Michelle de son côté avait remi le blouson qu'elle
portait lorsque Constantin l'avait trouvée au comissariat, et était prête à partir.
« Bien allons-y, alors... » dit O'Reilly tout en sortant de la maison.
Ils regagnèrent la voiture, et le bras droit de Myers se mit au volant. Michelle indiqua à
son ami de prendre la place du mort car il était le seul à connaître l'itinéraire.
Malgré quelques légers embouteillages aux abords de la ville, ils arrivèrent rapidement à
l'hôpital américain dans lequel était soigné Aidan.
« Bonjour, nous venons prendre des nouvelles d'un jeune homme qui a été amené ici
cette nuit : Aidan Scott... » dit O'Reilly à l'homme qui tenait l'accueil.
« Oui il a été admis en soins intensifs... » répondit ce dernier après avoir consulté ses
registres « C'est au deuxième étage, ascenceur F sur votre droite au fond du hall... »
Les trois jeunes gens trouvèrent facilement le service, mais au moment où ils entrèrent
dans le long couloir aux couleurs ternes, Michelle ne put s'empêcher de ralentir le pas.
O'Reilly se tourna alors vers elle et lui prit la main.
« Aller... » dit-il avec douceur « On est là, ne t'inquiète pas... »
La jeune fille parut sur le point de rétorquer quelque chose, mais s'abstint et hocha de la
tête tout en reprennant sa progression.
Ils regardèrent aux travers des vitres, derrière lesquelles malades et blessés étaient
soignés jusqu'à ce qu'ils parviennent enfin à la chambre qui les effrayait tant...
A l'intérieur le père de Michelle leur tournait le dos. Assis assez inconfortablement sur
une chaise pliable, il contemplait d'un air pensif le patient hématié qui reposait sur le lit.
Ce dernier était un jeune homme qui ne devait pas même avoir trente ans, encore que
ses traits altérés par la faiblesse et un large hématome sur la tempe droite le vieillissaient. Ses
cheveux châtains retombaient sur ses yeux fermés, et un tube sortait de sa gorge, relliant la
pauvre victime à un appareil de respiration artificiel. Diveres perfusions et électrodes étaient
également implantées aux rares endroits de son corps qui n'étaient pas recouverts de
bandages...
Michelle eut le reflexe de plaquer sa main devant sa bouche.
« Mon Dieu ! » souffla-t-elle.
[Constantin Nielopoulos]
Constantin observa un instant le corps inconscient d'Aidan, puis se contenta de poser
une main sur l'épaule de Michelle, conscient que les mots n'avaient aucune place ici, ils
n'auraient pu masquer l'effroyable vérité ni même adoucir le choc subi par la jeune fille.
Aidan avait visiblement été très gravement blessé en se défendant, et Constantin sentir la
formidable force qui le maintenant en vie là où un humain "normal" serait mort.
Il se souvenait bien d'Aidan mais il avait du mal à le reconnaître dans cette momie reliée
à ses appareils. Pourtant, malgré ses blessures, il exhalait de lui une force énorme que
Constantin pouvait ressentir au fond de lui-même...
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
O'Reilly adressa un regard compatissant à la jeune fille, avant de toquer doucement à la
fenêtre. Monsieur Myers se retourna aussitôt et eut l'air soulagé de voir les trois jeunes gens.
Il sortit de la pièce et etreignit sa fille.
« Je suis si content de te voir ! Aidan est toujours inconscient... » dit-il en se tournant
brièvement vers le patient, puis vers O'Reilly.
« Gabriel, merci encore de t'être déplacé aussi rapidement, et Constantin... »
Il avisa le jeune homme par dessus l'épaule de Michelle.
« Merci également d'être resté... Ca compte beaucoup pour nous... »
Attrapant sa fille par les épaules, il la regarda un court instant, et son expression reflétait
à la fois la joie d'avoir sa fille à ses côtés mais également l'angoisse qu'il ressentait au sujet de
son beau-fils.
« Ils n'autorisent que deux visiteurs à la fois, mais je dois parler à Gabriel un instant,
alors je vais vous laissez tous les deux... » ajouta-t-il en regardant tour à tour la jeune femme
et l'océanographe.
Michelle parut intimidée, voir même un peu effrayé, mais après une dernière
embrassade, entra finalement dans la chambre.
Le changement qui s'opéra en elle fut si soudain que Constantin aurait pu se demander
s'il s'agissait bien de la même personne.
Michelle était passé de la jeune fille paralysée par l'inquiétude à une femme dont la
détermination était désormais si forte qu'elle en était presque palpable.
S'approchant lentement mais résolumment du lit, elle s'assit à la même place qu'avait
occupé son père un peu plus tôt. Ses yeux n'avaient pas quitté un seul instant la pâle figure
qui reposait sur le lit, et sans un mot, elle attrapa sa main qu'elle posa contre sa joue.
« Aidan... »
Ses yeux s'écarquillèrent soudain et elle regarda Constantin.
« Je ne sens pas sa présence... » dit-elle avec stupeur.
[Constantin Nielopoulos]
Comment ? Sa présence ? Constantin n'y comprenait plus rien. Bon, elle était peut-être
"spéciale" comme lui, mais probablement plus que lui si elle pouvait le "sentir" ainsi.
Lui, tout ce qu'il pouvait sentir, c'était la force d'Aidan, une force dont la nature lui était
inconnue. Avant de partir plus longuement dans ce genre de réflexion, il passa son bras
autour des épaules de Michelle et lui dit d'un ton réconfortant :
« Même si tu ne peux pas le sentir, il est là, j'en suis sûr... Les gens dans le coma
entendent tout ce qu'on leur dit, tu sais... »
[Michelle Myers]
« C'est ce qu'on dit, mais cette absence de sensation... » Elle fit une courte pause durant
laquelle elle posa une de ses mains sur la joue bleuie du jeune homme.
« Comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'arrive à percevoir les gens... C'est comme si j'avais
une idée de leur être, de ce qu'ils sont, bons ou mauvais... Et j'arrive également à déceler ce
qu'ils ressentent : s'ils mentent, s'ils sont en colère, ou bien heureux... Il y a toujours quelque
chose, que j'arrive à le définir ou non. Mais là... C'est comme si c'était une coquille vide ! »
[Constantin Nielopoulos]
Là, l'océanographe ne comprenait pas tout, mais il la croyait sur parole. Lui aurait été
bien incapable de faire cela, mais ce qu'elle disait était assez étrange. Aidan, dans un coma
profond, aurait-il expérimenté une sorte de dédoublement de l'âme et du corps ? Les gens
ayant expérimenté ce genre de choses se disaient souvent, pour ceux qui se réveillaient,
s'être vus flottant au-dessus de leurs corps.
Cela heurtait profondément sa logique scientifique, mais il n'y
explication très... parapsychologique, c'était le mot.
voyait là que cette
Sachant qu'il n'aurait besoin de rien dire, il se contenta de regarder Michelle, puis Aidan,
d'un air interrogatif et soucieux...
[Michelle Myers]
La jeune fille se mordit les lèvres d'un air pensif.
« Mais tu as sans doute raison... Peut-être qu'il peut vraiment m'entendre, ou du moins
sentir notre présence. Et nous devons lui donner tout le courage que nous pouvons... »
répondit-elle en captant le regard de l'océanographe.
Elle s'approcha du blessé et, avec une douceur infinie, l'embrassa sur la joue.
« Aidan, c'est moi, Michelle... Je vais bien, grâce à toi. Mais maintenant il faut que tu
continues à te battre pour moi... On compte tous sur toi et surtout on sait bien de quel bois tu
es fait. Alors tu ne vas quand même pas nous faire croire que tu vas te laisser faire par ces
maudites blessures, hein ? »
Elle eut un léger sourire.
« Et tu sais qui j'ai rencontré ? Constantin ! Je ne sais pas si tu te souviens de lui, mais
tu l'avais rencontré un été, quand j'étais adolescente... On s'est retrouvés au commissariat et
il est ici avec moi. Lui aussi est inquiet pour toi, mais il sait bien que tu vas t'en sortir. »
Elle jeta un nouveau coup d'oeil au concerné, avant d'ajouter dans un murmure à peine
audible.
« Tu me manques tu sais... Alors reviens-vite s'il te plait... Je... je t'aime. »
[Constantin Nielopoulos]
L'océanographe, qui se sentit soudainement tout ému, ne put parler tout de suite mais
finit par retrouver la parole et par dire sur un ton qu'il espéra le plus optimiste possible :
« Hé, c'est Constantin, tu te souviens de moi ? J'espère bien... il ne faut pas te laisser
abattre, on t'attend tous ici avec impatience et je sais que tu peux t'en sortir... »
Il avait légèrement accentué l'inflexion du "sais", ceci pour marquer davantage sa
détermination. S'ils étaient sûrs d'eux, Aidan le sentirait et cela ne pourrait que l'aider
davantage dans sa lutte vers la vie...
[Michelle Myers]
La jeune femme regarda Constantin avec reconnaissance.
« Merci... Tu sais je pense que tu avais raison, et que quelque part – peut-importe où – il
nous entend... »
Elle déposa de nouveau un léger baiser sur le front du blessé et se redressa, ses mains
enfermant toujours celle d'Aidan.
« Je suppose que maintenant il ne nous reste plus qu'à... »
Elle s'interrompit soudain avec un hoquet de surprise et ses yeux inquiets se posèrent sur
la vitre de la chambre. L'océanographe fit instinctivement de même, mais tout ce qu'il put voir
fut deux infirmiers qui déambulaient tranquillement avec un chariot ainsi qu'une troisième
personne qui venait de prendre une autre allée et était désormais hors de vue.
Michelle était restée pétrifiée, les yeux fixés sur une chose invisible.
[Constantin Nielopoulos]
L'océanographe resta perplexe : qu'avait-elle pu donc voir pour se figer à ce point-là ? Il
n'y avait rien là de particulier au lieu, des infirmiers, des visiteurs. Avait-elle vu quelqu'un
qu'elle connaissait, qu'elle avait "senti" ? C'était peut-être la personne qui avait pris l'allée et
qu'il n'avait pas vu...
En tout cas, quoi qu'il en soit elle restait figée, les yeux dans l'invisible et, si ça ne
l'étonna pas, cela l'inquiéta. Posa doucement une main sur son épaule pour la faire revenir le
plus doucement possible à la réalité, il questionna :
« Que se passe-t-il ? Qu'as-tu vu ? »
[Michelle Myers]
« Rien... » murmura la jeune fille encore sous le choc.
Son regard se détacha lentement de la vitre pour se porter sur l'océanographe.
« Mais j'ai sentit quelque chose... Plusieurs sentiments... mauvais... de la méchanceté, de
la frsutration... de la colère. Mais aussi cet effroyable désir de destruction. Constantin, ces
choses je les avais senties hier soir juste avant... Est-ce que ça veut dire que nos agresseurs
sont ici en ce moment ? »
Son ton s'était élevé crescendo et elle parlait désormais avec précipitation. Regardant
tout autout d'elle, elle finit par se lever.
« Que va-t-on faire s'ils décident d'attaquer à nouveau ? S'ils sont venus finir ce qu'ils
avaient commencé ! »
Elle se rapprocha d'Aidan, cherchant inconsciemment à protéger le vulnérable jeune
homme.
[Constantin Nielopoulos]
L'esprit profondément cartésien de Constantin reprit le dessus :
« Peut-être quelqu'un ressent-il cela dans le voisinage, mais nous n'avons aucune preuve
qu'il s'agisse de tes agresseurs. Restons cependant sur nos gardes, on ne sait jamais... »
Il avait parlé sur un ton lénifiant afin de tenter de mettre un baume sur les nerfs à vif de
la jeune femme. Il y avait probablement un fond de vérité là-dedans, alors il laissa ses sens
fonctionner à plein régime...
[Michelle Myers]
« Non... ce sentiment est vraiment trop fort ! Et puis j'ai aussi ressenti une puissance
bien trop forte pour qu'elle ne provienne d'un être humain ordinaire ; une puissance
comparable à celle que tu dégages en ce moment même : Cette personne est comme nous.»
La jeune fille regardait désormais son ami droit dans les yeux, et il ne faisait aucun doute
qu'elle ne lâcherait pas l'affaire.
« Constantin... Je sais que tu essaies de me rassurer, mais on ne peut pas se permettre
de prendre les choses à légère. S'il te plait, va chercher mon père et Gabriel pendant que je
reste ici. Si ces hommes sont vraiment ici, alors on est tous en danger et il vaut mieux rester
groupés. »
[Constantin Nielopoulos]
Puissance ? Quelle puissance ? Il n'avait pas conscience d'en dégager une particulière à
ce moment-là, mais puisqu'elle le disait... Il obéit et, entrouvrant la porte, héla discrètement
Mr Myers et O'Reilly et leur dit d'entrer dans la pièce. Si ces hommes étaient là, autant ne
pas attirer leur attention...
Asgeir Hanssen – john follmer – kyle et sean anders – aaron
grayson
Musée d'art d'Athènes. 19 juin 2020 – 14h30
[Aaron Grayson]
« Non, vous avez raison", admit Aaron. « Mais restons optimistes » reprit-il avec un
sourire discret.
« Si vraiment notre rencontre n'est pas le fruit du hasard, comme j'en viens à le penser,
nous devrions avoir le coeur net assez rapidement, vous ne pensez pas ? Venez, rapprochonsnous des autres. » dit-il en se dirigeant vers le groupe que formaient le Norvégien, Kyle et
Sean. « Histoire de ne pas tout perdre de la conférence... »
Aaron s'étonnait lui-même. Il y a quelques années, la simple idée de pénétrer dans un
lieu aussi chargé de passé l'aurait fait fuir en courant. Et là, pas un seul fantôme ... Ou bien il
contrôlait mieux son don, ou bien toutes les oeuvres de la salle étaient des copies. Peut-être
un peu des deux, se dit-il en faisant un signe de tête à Sean. Il regarda le garçonnet en
conversation animée avec le Norvégien. Apparemment, Kyle s'était fait un nouvel ami...
[Kyle et Sean Anders – John Follmer]
John approuva.
« Vous avez raison, ce serait dommage de ne pas écouter les commantaires du
conférencier, surtout que cette visite a l'air particulièrement intéressant. » dit-il alors qu'il
continuait pourtant à réflechir à la conversation qu'il avait eu avec son compatriote.
Les deux hommes rejoignirent le petit trio au moment où Sean répondait à Hanssen.
« Merci, mais il a parfois tendance à se montrer un peu indiscret et je ne voudrais pas
que vous soyez gêné par ses questions. » dit-il tout en posant une main sur l'épaule de son
fils.
Ce dernier eut un petit rire et se tourna alors vers Follmer et Grayson.
« Hé, vous arrivez enfin ! C'est dommage vous avez raté quelque chose d'intéressant,
heureusement d'ailleurs que monsieur Hanssen était là pour répéter les explications du
conférencier, j'avais pas tout entendu... D'ailleurs pourquoi vous êtes restés en arrière ? »
demanda-t-il.
La main de Sean se resserra un peu plus sur son épaule et l'enfant sembla comprendre le
message, car il n'insista pas d'avantage.
« Nous parlions politique et philosophions sur ce qui rend une personne spéciale... »
répondit John avec honnêteté mais sans pour autant dévoiler le fond véritable de sa
précédente conversation.
« Ah... »
C'était moins intéressant que le métier du norvégien, aussi Kyle se tourna de nouveau
vers lui et demanda :
« Si ça vous embête pas, vous pourriez m'expliquer un peu plus ce qu'est un ferronier
d'art ? C'est la première fois que j'entend parler d'un tel métier, je savais pas que ça
existait...»
[Asgeir Hanssen]
Le norvégien eut un sourire et répondit à Sean :
« Il ne me dérange pas du tout, au contraire, ne vous inquiétez pas
l'habitude des enfants... »
pour ça, j'ai
En effet, il avait toujours eu une ribambelle de cousins et petits- cousins chez lui, et
appréciait la compagnie des enfants. Pourtant, Kyle avait quelque chose de spécial qu'il
n'aurait su définir...
Il abaissa le regard sur l'enfant :
« Je travaille le métal pour faire des objets d'art, je les répare et les restaure aussi... »
[Kyle Anders]
L'enfant eut l'air dubitatif.
« Et y'a des gens qui paient pour ça ? Je veux dire... » poursuivit-il en réalisant sa gaffe
« A part des antiquaire, je vois pas trop qui pourrait avoir besoin de ça... »
Il rougit légèrement, espérant qu'il n'avait pas été impoli, mais sachant parfaitement
qu'une fois encore il avait parlé trop vite.
[Asgeir Hanssen]
Le norvégien rit du lapsus de l'enfant :
« Oui, jeune homme, il y a des gens qui paient pour cela et je ne fais pas que de la
restauration, on me demande parfois de créer des balustrades ou des grilles originales en fer
forgé... »
C'est vrai que son métier n'était pas très connu du grand public et il mettait un point
d'honneur à satisfaire la curiosité de ce petit garçon si étrange...
[Kyle Anders]
« Ah je comprend mieux maintenant ! Alors quelque part vous êtes un artiste vous aussi,
comme ces gars qui ont fait toutes ces statues pendant l'antiquité... »
Il eut l'air pensif.
« Finalement ça doit être bien sympa à faire... Et puis j'aime bien les trucs manuels,
même si mon père dit toujours que je suis peut-être trop maladroit pour en faire... D'ailleurs je
doute qu'il me laisserait utiliser des outils pointus, parce que je suppose que vous en servez
souvent... Mais au fait c'est pour ça que vous êtes en Grèce ? Vous allez retaper un vieux
machin qui date de l'antiquité, hein ? » demanda-t-il.
[Asgeir Hanssen]
Proprement impressionné par le débit vocal de l'enfant, le norvégien parvint à répondre :
« Il faut beaucoup de pratique, voilà tout, et oui, on m'a engagé pour réparer quelque
chose ici. Tu me parles de l'Antiquité, en fait les techniques de travail et de mélange des
métaux n'ont pas beaucoup changé depuis cette époque, malgré l'évolution technique nous
utilisons les mêmes outils... »
Il regarde une statue de bronze restaurée représentant Poséidon, dieu
apprécia d'un regard expert la qualité du travail de l'artisan avant de dire :
des mers, et
« Tu vois, cette statue a été faite à partir d'un bronze à haute tenir d'arsenic, ce qui le
rend plus solide et plus malléable à la coulée... »
Autant essayer de combler la curiosité de son jeune interlocuteur.
[Kyle Anders]
L'enfant ouvrit de grands yeux.
« De l'arsenic ? Mais c'est du poison ça ! » dit-il avec un air effaré avant de regarder la
statue avec un oeil méfiant.
« Ca veut dire que la personne qui a créé ça, a rajouté du poison dedans ? Je ne
comprend pas trop... Et puis ça devait être dangereux... »
En tout cas c'était bien intéressant.
[Aaron Grayson]
Grayson, quant à lui, prit Sean à part alors que Hanssen poursuivait son explication
métallurgique.
« Follmer et moi avons essayé de retrouver où nous nous sommes déjà rencontrés. » ditil en guise d'explication.
« Mais sans succès pour l'instant. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a un certain
talent pour faire parler les autres s'épancher sur lui-même. Evitez de trop lui parler si vous
tenez à vos secrets, j'en ai fait les frais moi-même à l'instant ! »
Le plus étonnant dans tout ça, c'est que quelque part John continuait à lui sembler
sympathique, au point qu'il aurait certainement voté pour lui s'il l'avait pu.
[Sean Anders – John Follmer]
Sean comprit qu'il y avait un sens caché aux paroles de Grayson, mais ne montra pas sa
curiosité. Et puis Grayson était un homme étrange qui avait déjà prouvé qu'il aimait jouer sur
les mots...
« C'est vrai que j'y ai réfléchi de monc côté, mais ce fut pour moi aussi un échec...»
John haussa des épaules.
« Et bien nous voilà pas plus avancés que tout à l'heure... enfin presque... »
Il jeta un oeil sur le docteur qui intercepta son regard.
« Au moins tant que nous sommes ensemble nous avons d'avantage de chances de
trouver à quelle occasion nous avons bien pû nous rencontrer, si encore tel est le cas... »
Les sourcils du docteurs se levèrent légèrement.
« Que voulez-vous dire par là ?
- Ne trouvez-vous pas étrange que malgré nos efforts conjoints, aucun de nous n'arrive à
se souvenir d'une précédente rencontre ? »
Le regard de Sean se ferma un peu plus.
« En effet c'est étrange, mais quelle autre explication pourrait-il y avoir ? » demanda-t-il
en regardant Grayson, le défiant d'approuver les propos du politicien.
[Aaron Grayson]
John marquait un point. Malgré leurs efforts conjoints, aucun d'entre eux ne parvenait à
glaner le moindre souvenir d'une rencontre passée.
« Il paraît que dans des circonstances traumatisantes, des groupes de personnes peuvent
être frappés d'une amnésie collective. Mais franchement, je ne suis pas convaincu, et vous ? »
Et il rajouta à mi-voix :
« Ca n'explique pas tout, je dirais même que ça pose encore plus de questions ... Comme
si il n'y en avait pas déjà assez comme ça ! »
[Sean Anders – John Follmer]
John eut un léger rire aux paroles de Grayson.
« Oui moi non plus je n'en suis pas convaincu. Si j'avais souffert d'une abscence de
souvenirs à un moment de ma vie, je m'en serais certainement souvenu ! »
Sean au lieu de partager l'amusement du politicien, parut encore plus sombre.
La vérité était que lui même avait eut bien souvent des absences depuis la mort de sa
femme : L'alcool était un bon réconfortant. Il lui permettait d'oublier. Non seulement les
souvenirs, mais également le présent. A tel point d'ailleurs qu'il se réveillait parfois dans son
bureau sans pouvoir se souvenir de la nuit qui avait précédé, ni de la quantité de boisson qu'il
avait ingéré. Par chance ces soirs là Kyle était chez ses grands-parents ou chez un ami, et ne
voyait pas la décrépitude dans laquelle il se trouvait à ces moments là...
John qui avait remarqué l'air soudainement réservée du médecin, le contempla pendant
un instant avant d'ajouter.
« Non... s'il n'y avait pas Kyle j'aurai bien pensé qu'on aurait pu se rencontrer il y a bien
longtemps, mais ce n'est apparement pas le cas... Cependant, il y aurait également une autre
explication possible... »
cela sembla raviver l'attention du docteur, qui le regarda à nouveau avec intérêt.
« Peut-être que c'est le contraire ? » Expliqua Follmer « Peut-être nous sommes-nous
rencontré, ou plutôt croisés, récemment - ce qui expliquerait les souvenirs - mais sans faire
suffisament attention pour se rappeler exactement de l'endroit et du moment. Seul notre
subconscient aurait gardé en mémoire l'image des uns et des autres. Ce serait possible, non ?
Nous sommes tous en Grèce. En tant que touristes nous avons de fortes chances de nous
rendre dans les mêmes endroits – la preuve étant que nous sommes tous là en ce moment –
et le fait que nous ne ressemblons pas vraiment à des grecs aurait pu suffir à capter notre
attention, sans pour autant que nous nous en rendions compte... »
Sean regarda tour à tour Grayson et Follmer.
« Ce serait effectivement une explication tout à fait logique, même si je ne suis ici que
depuis trois jours... »
[Aaron Grayson]
« Je ne suis pas convaincu de ça non plus. » répondit Aaron, « Athènes est une grande
ville, même si les touristes ont tendance à fréquenter les mêmes coins. Mais sait-on jamais... »
Pour avoir passé toutes ces années dans la rue, il avait un certain don de physionomiste
et était certain d'une chose : il avait déjà vu ces personnes, mais pas récemment, et pas à
Athènes, ou bien... Il éprouvait une certaine frustration à ne pas reconnaître ces gens et
commençait même à en perdre ses repères.
« Ecoutons plutôt le conférencier, ça nous reviendra peut-être. »
Il laissa son regard dériver et aperçut du coin de l'œil Sean Anders, qui s'était emmuré
dans un silence obstiné. Cet homme cachait quelque chose, mais à bien y réfléchir chacun ici
semblait avoir des squelettes dans son placard.
[Sean Anders – John Follmer]
Le docteur eut un léger sourire en se rappelant que c'était effectivement la raison qui les
avait conduits ici et qu'il serait bien dommage de ne pas profiter pleinement de la visite.
Se rapprochant instinctivement de son fils, il ne fut qu'à moitité surpris de le trouver en
grande conversation avec l'européen. Décidemment Kyle était impayable. Il espérait seulement
que l'homme qui était harassé de cette façon ne regretterait pas trop sa visite abrégée, car
lorsque l'enfant était ous le charme comme c'était le cas maintenant, il était difficile de lui faire
lâcher prise. Autant demander à un rotweiller de laisser un os...
John de son côté avait rejoint le petit groupe qui entourait le conférencier qui présentait
les concepts de l'art archaique.
« De cette période nous reste bon nombre de poteries peintes, mais ce serait une erreur
de penser qu'il s'agissait de la principale expression de l'art grec à cette époque. En effet pour
ce peuple, la peinture était la plus prestigieuse forme d'art, un peu comme elle l'était en
europe occidentale pendant la Renaissance, et certains peintres étaient extrêment célèbres.
Comme Polygnote par exemple. Tenez, voici d'ailleurs l'une de ses oeuvres... » dit-il en
s'approchant d'un vase.
« Thésée enlevant Hélène, une vraie merveille n'est-ce pas ? Il est datée entre 430 et
420 avant Jésus Christ... »
[Aaron Grayson]
Grayson buvait littéralement les paroles du conférencier, dont il s'était lui aussi
rapproché. Il regardait attentivement le vase, impressionné par la vivacité du pigment, restée
intacte après tous des siècles.
Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu d'oeuvre aussi ancienne et si bien
conservée.
Il sentit le sang sourdre vers ses tempes et se rappela soudain pourquoi il ne s'était
jamais aventuré dans un musée depuis toutes ces années. Anciennes comme elles étaient, les
oeuvres exposées étaient chargées d'Histoire, et des esprits de leurs contemporains grecs. La
migraine qui commençait à poindre ne présageait rien de bon, et il chercha la sortie du regard,
paniqué à l'idée de ce qui pourrait arriver. Sa perception du monde avait changé subtilement,
sans qu'il puisse vraiment définir comment.Il se dirigea vers Follmer, pâle comme la mort.
« Je dois sortir une minute. Je vous retrouve dehors... » dit-il en se dirigeant d'un pas
chancelant vers l'extérieur.
[Asgeir Hanssen]
Décidément ce petit avait un sacré répondant, ça ne lui déplaisait pas. Le ferronier
répondit :
« Oui, c'est un poison en effet mais, mélangé au cuivre et à l'étain, il permet de rendre
le métal plus liquide et donc plus facile à travailler... »
Quelque chose alors le fit se retourner et il vit l'un des hommes qui se trouvaient avec le
père du petit Kyle sortir précipitamment, pâle comme de la cire. Que lui arrivait-il ?
[Sean Anders – John Follmer]
John haussa un sourcil devant l'attitude étrange de son compatriote.
« Vous n'avez vraiment pas l'air bien, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée d'y
aller seul... Si vous le permettez, je pourrais peut-être vous accompagner. Non pas que je sois
un spécialiste pour tout ce qui est médical, mais je voudrais pas que vous soyez victime d'un
malaise sans personne pour vous aider... » dit-il avec une inquiétude sincère.
Il avait beau connaître l'homme depuis peu de temps, il ne pouvait pas décemment le
laisser ainsi.
Sean se trouvait alors à quelques mètres de deux hommes, mais il remarqua cependant
la condition du vagabon et s'approcha de lui.
« Monsieur Follmer a raison, il serait peu prudent que vous restiez seul en ce moment. Je
vais vous accompagner : un médecin ne sera sans doute pas de trop même si comme je
l'espère ce malaise n'est que passager... »
Il rejoignit rapidement vers Kyle et Hanssen.
« Monsieur Grayson ne se sent pas très bien, alors je vais l'accompagner un instant
dehors. Tu peux continuer la visite, je vais demander au conférencier de garder un oeil sur toi.
Et puis je crois que tu es plutôt bien accompagné... » dit-il à l'enfant en faisant référence à
Follmer et Hanssen avec lesquels Kyle avait particulièrement sympathisé.
[Asgeir Hanssen]
Hanssen acquiesça et ajouta :
« Ne vous inquiétez pas, nous veillerons sur lui. J'espère que monsieur... Grayson va vite
aller mieux... »
Son instinct, venu d'on ne savait où, lui soufflait que ce malaise avait quelque chose
d'étrange, plus d'un malaise causé par un problème physique quelconque. Il ne savait pas
d'où cette certitude lui venait mais elle était bien là. Cette sombre histoire de connaissance
venue d'une autre vie lui revint alors en tête. Cela avait-il un rapport avec ce malaise ? Il
continua à suivre ce que le conférencier disant tout en gardant un oeil sur Kyle, un coin de
l'esprit occupé par cette histoire...
[Kyle Anders]
Le jeune garçon de son côté avait du mal à se concentrer sur la suite de la visite, aussi
intéressante était-elle. Son esprit était bien sûr occupé par Grayson, qui avait vraiment l'air
mal au point. Il se souvint que Constantin avait eut un malaise lui aussi un peu plus tôt, c'était
d'ailleurs à cette occasion qu'il avait rencontré l'océanographe, et puis il y avait surtout le fait
qu'il connaissait ces deux hommes. Ca il en était sûr.
Il tira doucement sur la manche d'Hanssen.
« Il y a quelque chose qui cloche. » dit-il avec une sévérité qui ne cadrait pas avec son
jeune âge. « Depuis ce matin, j'arrête pas de rencontrer des gens que j'ai l'impression de
connaître et en plus ils tombent malades... »
Il cherchait une réponse, et même s'il ne savait pas vraiment si le norvégien pourrait le
lui en donner une, il avait besoin de parler avec quelqu'un.
[Asgeir Hanssen]
Le ferronnier abaissa le regard sur l'enfant qui avait l'air maintenant catastrophé et il
tenta de l'apaiser :
« Allons, je suis sûr que tu n'y es pour rien... »
Mais c'est vrai que tout cela avait l'air étrange tout de même, lui dictait sa légendaire
intuition. Mais qu'est-ce qui pouvait bien clocher ? Lui-même n'aurait pu donner une réponse à
ce fait...
[Kyle Anders – John Follmer]
« Oui je sais bien que je n'y suis pour rien, d'ailleurs comment j'aurai fait ? Mais vous
trouvez pas que c'est étrange ? »
Il s'approcha un peu plus d'Hanssen et murmura.
« C'est peut être une malédiction... Peut-être que quelqu'un à Athènes va tous nous
rendre malades... Ou alors un virus ? Comme dans 'Alerte' et nous ne sommes que les
premiers sur la liste ! Mince dans les films les premiers malades ne survivent jamais ! »
Il fut interrompu brutalement par John qui avait apparement tout entendu de leur
conversation.
« Calme-toi bonhomme... Il n'y a ni virus, ni malédiction. En ce qui concerne monsieur
Grayson, il avait l'air déjà un peu fatigué dans la file d'attente, ce qui est probablement dû au
décalage horaire... Beaucoup de personnes ne sentent pas bien après un voyage, et puis il
n'est peut être pas habitué à avoir autant de monde autour de lui... »
Il avait en effet cru comprendre que Grayson était plutôt du genre solitaire.
[Asgeir Hanssen]
Le ferronnier était plutôt du genre à avoir les pieds sur terre mais l'empressement de
Follmer à trouver une explication qui convienne au gamin lui parut suspecte. Qu'avait-il donc à
cacher, lui ou Grayson ?
Lui sentait bien, avec son instinct particulier, qu'il y avait bien autre chose que cela.
Il regarda Follmer d'une façon méfiante pour bien lui faire comprendre qu'il ne croyait
rien de ses explications et répondit à l'enfant :
« C'est peut-être une coïncidence après tout, ou pas, mais ne laisse pas ton imagination
s'emballer tout de même... »
[Kyle Anders – John Follmer]
Kyle n'eut pas tellement convaincu mais acquiesça cependant.
« Si vous le dites... Et c'est vrai que papa dit toujours que je me fais des idées. »
John ébouriffa les cheveux de l'enfant, qui le gratifia d'une grimace désapprobatrice.
« Et puis même s'il y a souvent des virus qui trainent, ils ne sont pas dangereux... Peutêtre de quoi se sentir un peu malade ou seulement un gros rhume. Aller, je suis sûr que
monsieur Grayson va revenir bientôt et sera de nouveau en pleine forme. Ton père est avec lui
après tout ! » dit le politicien pour le rassurer.
Ces paroles suffirent à rendre le sourire au jeune garçon.
« Ca c'est vrai ! Mon père est le meilleur médecin du monde ! »
John lui fit un clin d'oeil avant de regarder Hanssen.
« Au fait je ne me suis pas présenté... John Follmer, ravi de faire votre connaissance. »
dit-il en tendant la main au norvégien.
« Et rassurez-vous je n'ai pas l'impression de vous avoir déjà rencontré... » ajouta-t-il
avec humour.
[Asgeir Hanssen]
Bien que restant quelque peu sur son quant à soi, Asgeir prit la main tendue en
répondant :
« Asgeir Hanssen mais je crois que vous le savez déjà... enchanté également... »
La remarque humoristique de Follmer déconcerta quelque peu Asgeir: pourquoi alors
avait-il l'impression d'avoir rencontré l'enfant ?
[Kyle Anders – John Follmer]
John ne s'attendait pas à rencontrer tant de personnes en si peu de temps. Habitué à
être constamment entouré, il pensait que ces vacances serait avant tout synonyme de solitude,
mais curieusement la perspective de sympathiser avec des gens qui ne le connaissait pas pour
son métier ou sa famille était en fait bien agréable.
Il adressa un sourire aimable à l'européen et continua.
« Vous êtes déjà venu à Atènes ? Je ne voudrais pas vous déranger pendant la
conférence, mais si vous aviez quelques coins intéressants à me conseiller, je serai plus que
preneur. »
Sa remarque amusa Kyle qui ajouta :
« Je crois que je l'ai dérangé bien plus que vous avec toutes mes questions ! Mais si je
vous embête, il faut le dire hein... je me rend pas toujours compte... »
[Asgeir Hanssen]
Asgeir répondit à la question de John :
« Non, c'est la première fois que je viens ici, je travaille plutôt en Europe occidentale
ordinairement, aussi je ne peux pas vous aider vu que j'ai du mal parfois à me situer moi
même... »
Il abaissa le regard sur Kyle et sourit :
« La curiosité n'a rien de dérangeante, à mon sens, ne t'inquiète pas pour ça, et c'est
rare de rencontrer un enfant si curieux de tout... »
[Kyle Anders – John Follmer]
« Ah bon ? Enfin c'est vrai qu'en général on m'oublie pas ! » assura Kyle en rigolant.
Le petit groupe avait à présent atteint l'extrémité de la galerie dédiée à l'exposition qui
touchait à sa fin.
« Apparement c'est fini... Zut, ça a pas duré assez longtemps et en plus on a pas eut
l'occasion de faire complètement connaissance. » dit-il avec un air un peu déçu.
Il continuait à avancer mais s'arrêta brusquement pour faire volte face.
« Je sais ! Comme avec mon père et monsieur Grayson on a prévu de faire d'autres
visites dans le coin, vous pourriez venir avec nous ! Après tout on s'entend bien et on est tous
là pour visiter la ville ! Alors qu'est ce que vous en pensez ? » dit-il avec enthousiasme.
John fut un peu dérouté de prime abord, mais finalement conquis par l'idée. Il se tourna
vers Hanssen.
« Et bien à moins d'une bonne excuse, il semblerait que nous soyions partis pour
poursuivre notre découverte des trésors grecs tous ensemble... »
[Asgeir Hanssen]
Le ferronnier se souvint alors du cambriolage au dépôt du musée et répondit :
« Je ne suis pas contre, mais il se peut que je doive partir à un moment ou à un autre,
travail oblige, j'attends qu'on m'appelle... »
Il préférait les prévenir tout de suite, pour éviter que l'enfant ne soit déçu
essentiellement...
[Kyle Anders – John Follmer]
« Décidemment vous êtes tous bien occupés... » répondit l'enfant un peu contrarié.
Puis se rappelant que ni Hanssen, ni Follmer ne connaissaient Constantin, il ajouta :
« Je dis ça parce que ce midi on a rencontré un océanographe qui devait venir avec nous
faire les visites, mais il a du aller au commissariat... »
La remarque fit hausser un sourcil à John, qui répondit, amusé,
« Ah bah ça alors, tu en as des relations toi ! »
L'enfant rit.
« Oui, c'était pour un témoignage je crois, comme dans les films mais je sais pas à
propos de quoi. Il l'a pas dit... »
Le conférencier conclut alors son exposé et remercia les visiteurs qui déjà commençaient
déjà à s'éparpiller.
« Ah on dirait bien qu'il est l'heure de rejoindre ton père... » dit John avec un sourire, «
Peut-être aura-t-il une idée de notre prochaine destination, si toutefois notre présence ne le
dérange pas, et puis nous aurons des nouvelles de monsieur Grayson.»
« Oh ça ne le dérangera pas ! » assura Kyle, qui tendit la main à Hanssen.
« Alors vous venez avec nous ? » demanda-t-il en indiquant la sortie de la tête.
[Asgeir Hanssen]
L'instinct d'Asgeir lui soufflait de suivre ces gens, il ne savait pas pourquoi mais il restait
intrigué par eux. Décidément, le petit Kyle avait le chic pour se faire des amis, on dirait... Il
leur emboîta le pas vers la sortie...
[Kyle Anders – John Follmer]
Kyle gambada devant les deux hommes, et fidèle à sa réputation de moulin à paroles
avait déjà trouvé un nouveau sujet de conversation.
« Qu'est qu'on va bien pouvoir aller visiter maintenant ? J'aurai bien aimé aller sur le port
pour voir les bateaux... d'ailleurs Constantin m'a dit que je pourrais peut-être visiter le sien !
Comme c'est un océanographe il en a un super grand et super bien équipé ! D'ailleurs je me
demande s'il est toujours au comissariat... » ajouta-t-il, pensif.
John eut un rire amusé et échangea un clin d'oeil avec Hanssen. Cependant son visage se
figea bien vite lorsqu'il remarqua que le garçon s'était arrêté soudainement à quelques mètres
d'eux.
« Kyle ? » demanda-t-il, intrigué par le changement de comportement de l'enfant.
Ce dernier ne répondit pas, comme absent. Son regard était perdu dans le vide et il ne
sembla même pas conscient de la présence des deux hommes lorsque ceux-ci le rejoignèrent.
« Kyle ! » répeta encore John en posant une main sur son épaule.
Le garçon sortit de sa torpeur avec une insipiration soudaine et les regarda avec de
grands yeux.
« Je l'ai vu ! » dit-il avec stupeur. Il tourna la tête vers chacun de ses deux compagnons,
et reprit :
« Constantin je viens de le voir ! Il était pas au comissariat mais dans un endroit qui
ressemblait à un hopital ! Et y'avait plein de gens avec lui ! »
Follmer ne répondit rien mais tourna la tête vers Hanssen, lui faisant silencieusement
part de son étonnement.
[Asgeir Hanssen]
Décidément ce môme était tout sauf normal. Comment pouvait-il "voir" des choses à
distance ? De plus, Asgeir avait une impression étrange, comme s'il "ressentait" quelque
chose qui s'exhalait du petit garçon.
Persuadé de se faire des idées, il regarda Follmer et haussa les épaules pour montrer son
ignorance, puis son regard se posa sur l'enfant. De qui pouvait-il bien parler ?
[Kyle Anders – John Follmer]
L'enfant qui avait maintenant l'air effrayé, baissa la tête devant la stupeur des deux
hommes.
« Ce n'est pas la première fois que ça arrive... » avoua-t-il dans un murmure.
John s'agenouilla devant lui et lui releva le menton d'une main.
« En fait ça m'arrive de temps à autres, mais la dernière fois... la dernière fois... »
Sa voix se brisa et des larmes silencieuses coulèrent de ses yeux emeraude.
« C'est quand ma mère est morte ! Alors ça veut dire que Constantin est en danger aussi,
et... »
*Merde* pensa Follmer, et attrapant le garçon, il le serra contre lui.
« Kyle ce que tu penses être des visions est seulement le résultat de ton imagination... Tu
penses à une personne et ton cerveau analyse où elle pourrait bien être. Ensuite tu t'imagines
l'endroit dans ta tête avec beaucoup de détails... »
L'enfant secoua la tête.
« Mais ces détails sont vrais ! Quand j'en parle après, je me rend compte que j'avais
raison et que ces détails étaient bien réels ! »
Ses mots n'affectèrent pas le politicien, qui reprit avec le même calme :
« Certains de ces détails étaient fatalement vrais puisque tu es un garçon très intelligent
et perspicace. Mais je suis sûr que beaucoup d'entre eux étaient faux mais que tu n'y a pas
prêté attention parce que tu étais trop attentif à ceux qui étaient vrais. »
Il fixa le regard de l'enfant et son ton changea imperceptiblement.
« Tu as juste pensé à Constantin et ton imagination a fait le reste d'accord ? Il va très
bien, et je suis sûr que tu le retrouveras bientôt » dit-il.
Kyle sembla hypnotisé par ses paroles et se contenta d'ôpiner de la tête.
« D'accord. » dit-il en sechant ses larmes du revert de la main.
« Tiens d'ailleurs c'est pas ton père qui est là-bas ? Mais si, et il discute avec monsieur
Grayson qui va apparement beaucoup mieux ! Pas de virus destructeur en vue ! » ajouta John
avec un sourire qui contamina l'enfant.
« On peut pas voir les virus ! » répondit-il, sa bonne humeur retrouvée, avant de courir
rejoindre Sean et Aaron.
John se releva et se tourna vers Hanssen.
« Cet enfant est différent... Vous y croyez-vous ? »
[Asgeir Hanssen]
Différent ? Dans quel sens exactement ? Le ferronnier n'aurait pu exactement le dire
mais il fallait bien admettre qu'il avait quelque chose d'étrange tout de même. Etait-il affligé
des "pouvoirs" donc Follmer et Grayson avaient parlé plus tôt ? C'était tout de même étrange
qu'il soit capable de "voir" des choses à distance comme cela. Asgeir n'était pas du genre à
croire au paranormal, mais ce qui venait de se passer le déroutait quelque peu.
Il répondit à Follmer:
« Probablement, oui, un petit surdoué, sans aucun doute... »
[John Follmer]
Le politicien qui avait en fait sondé Hanssen se contenta de lui adresser un léger sourire
avant de suivre l'enfant.
Apparemment Hanssen était du genre terre à terre et ne croyais pas aux pouvoirs de
l'enfant... Ou alors il cachait bien son jeu.
Yu-Lan Wong – Adam Peters
Hôpital américain d'Athènes, 18h
[Yu-Lan Wong]
Yu-Lan ferma les yeux et secouant la tête. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait... ou
plutôt si, il ne comprenait que trop bien où l'infirmier voulait en venir.
/A l'aide! Adam! Grand-père... quelqu'un!/ appela-t-il dans le secret de son esprit tandis
que des larmes de terreur et de désespoir mêlé venaient mouiller ses joues.
[George]
L'étau formé par les mains de l'infirmier se ressera un peu plus sur les hanches fines du
tibétain, y laissant l'emprunte de ses doigts.
« Ah c'est tellement bon... »
La voix rauque de l'infirmier résonna dans la pièce. Sa main droite s'insinua entre les
fesses du jeune homme et son pouce vint presser le sphincter qui y était dissimulé.
« Oui... »
Mais à peine eut-il franchit la mince barrière, que Yu-Lan entendit avec effarement un cri
suraigu. L'infirmier avait en effet été arraché à sa proie et littéralement projeté à l'autre bout
de la pièce.
Georges heurta le mur opposé avec une violence inouie, laissant échapper un hoquet de
surprise et de douleur. Son corps retomba lourdemment au sol et son regard sidéré se voila
alors qu'il perdait connaissance.
Toujours allongé sur le lit d'examen, Yu-Lan vit son sauveur s'approcher de lui à grands
pas.
« Venez, il ne faut pas rester ici »
Le jeune métis remarqua alors que le visage du nouveau venu ne lui était pas inconnu.
Une image floutée lui parvint alors à l'esprit. Celle de ce jeune homme qui se trouvait dans la
salle de radiologie ce matin là alors qu'il était encore catatonique. Les mêmes cheveux
châtains qui retombaient sur des yeux verts, une stature imposante et le même polo noir à
rayures blanches.
Il aida le patient à se relever et le couvrit sommairement avec la nuisette chifonnée.
« Vous pouvez marcher ? »
[Yu-Lan Wong]
Trop choqué pour feindre un état catatonique, Yu-Lan hocha la tête. L'arrivée de son
sauveur était réellement providentielle. Avec un temps de retard, le tibétain songea enfin à
arracher le morceau de scotch qui le baillonait.
« Oui... Partir vite ! » acquiesça-t-il d'une voix basse.
Il espérait qu'Adam pourrait le retrouver...
[ L'inconnu ]
Le jeune homme passa un bras solide autour des épaules de Yu-Lan et ils se dirigèrent
vers la porte. Par chance la clé était encore dans la serrure et l'inconnu la déverouilla
rapidement.
Ils sortirent dans le couloir désert. Une chaise roulante trainait un peu plus loin et il
installa le tibétain dedans.
« Ca ira plus vite, et éveillera moins les soupçons. » expliqua-t-il « Il faut aussi vous faire
sortir d'ici, cet endroit est dangereux pour vous, et je ne parle pas uniquement de cet
homme... L'hôpital tout entier est infesté de personnes malvaillantes. A croire qu'ils se sont
donné le mot... »
Il marchait vite, faisant rouler la chaise devant lui et semblant épier la moindre présence
suspecte.
« Je ne suis même pas sûr qu'on est le temps de vous trouver des vêtements... »
Ils avaient presqu'atteint les ascenseurs, lorsqu'au détour d'un couloir une figure se
profila soudain.
« Yéti ! »
Adam, désormais habillé d'un jean et d'une chemise bleu foncé, les bras chargé d'autres
vêtements, courrait vers eux l'air inquiet.
« Qu'est ce qu'il s'est passé ? » demanda-t-il au tibétain tout en posant une main sur sa
joue bleuie.
Un râle se fit soudain entendre derrière le tibétain et les grands yeux bleus d'Adam
s'agrandirent avec stupeur.
[Yu-Lan Wong]
Yu-lan se retourna mais ne vit rien. Son sauver avait disparut.
« Où être lui ? » s'étonna-t-il. « Il m'aider à partir... » expliqua-t-il à l'intention d'Adam.
Il s'interrompit soudain et s'assombrit.
« Il m'a protéger du mauvais homme... pourquoi lui partir maintenant? Tu as vu lui,
Adam ? »
[Adam Peters]
Le jeune anglosaxon avait toujours le même air perplexe affiché sur le visage.
« Il a disparu d'un coup... » dit-il d'un ton absent, avant de se reprendre.
« On a pas le temps de s'attarder là-dessus, il faut partir d'ici au plus vite ! D'après ce
que j'ai pu voir certaines personnes on bien envie de faire de toi leur nouveau rat de
laboratoire... »
Prenant à son tour possession de la chaise roulante, il se dirigea vers le couloir par lequel
il était apparu. Il tourna ensuite à gauche et trouva refuge dans un débara qui était resté
ouvert.
« Passe ces vêtements... » dit-il à Yu-Lan, puis voyant que celui-ci était encore sous le
choc, entreprit lui même de retirer la nuisette à moitié déchirée.
« Yéti... » dit-il tout aidant le jeune asiatique à enfiler un tee-shirt noir bien large pour
lui, « ce méchant homme, c'était l'infirmier de tout à l'heure n'est-ce pas ? »
[Yu-Lan Wong]
Le Tibétain sursauta et détourna le regard.
« Oui... C'étrait lui... » murmura-t-il doucement.
Il n'avait aucune envie de songer à ces instants cauchemardesques pendant lesquels il
s'était retrouvé à la merci de son agresseur. Puis, il fronça le nez.
« Quoi être un rat de larobatoi ? » demanda-t-il à brule pourpoint.
[Adam Peters]
« Euh... On tu sais quand on fait des expériences sur des animaux, on utilise souvent des
rats... C'est des grosses souris avec des dents pointues et une grande queue et c'est gros
comme ça... » répondit le jeune homme tout en mimant ses dires.
« En tout cas c'est pas tout mais il faut qu'on se magne, tiens... »
Il attrapa le pantalonde coton qu'il avait emmené et força Yu-Lan à s'appuyer contre le
mur alors qu'il le forçait à enfiler le vêtement. L'étroitesse du cagibit ne lui facilitait pas la
tâche mais il parvint tout de même à habiller le tibétain rapidement.
« Allez viens... »
Il entrebailla la porte, et soulagé de découvrir un couloir encore désert, fit sortir Yu-Lan.
« J'ai un pote qui habite dans le coin, on va aller chez lui... Mais déjà il va falloir sortir
d'ici sans se faire repérer, sinon ça risque d'être tendu... » dit-il en l'installant de nouveau dans
la chaise roulante.
Le stress de la situation aidant, Adam avait complètement oublié que son jeune ami
n'allait probablement pas comprendre grand chose au vocabulaire qu'il employait.
« Tu me fais toujours confiance, hein ? »
[Yu-Lan Wong]
Effectivement, Yu-Lan n'avait pas suivi grand chose au monologue de son compagnon et,
conscient de l'urgence de leur situation, se contentait de hocher sagement la tête. La dernière
phrase du jeune homme, pourtant, attira son attention.
« Oui, Adam. Je fais confiance à toi, » dit-il simplement.
C'était la vérité. Certes, il n'avait pas le choix après tout, l'anglo-saxon était la seule
présence connue pour le Tibétain mais quelque chose dans son attitude à la fois protectrice et
décontractée le rassurait...
[Adam Peters]
Adam lui fit un clin d'oeil.
« Ok, alors on est go ! »
Ils avancèrent rapidement à travers le couloir et bifurquèrent ensuite à droite. Deux
aides-soignants discutaient entre eux d'un dossier et ne les regardèrent même pas lorsqu'ils
passèrent devant eux.
Adam était particulièrement pressé de quitter l'endroit, mais il ne fallait surtout pas
attirer l'attention du corps médical.
Un autre couloir et soudain il fit pivoter violemment la chaise roulante, désiquilibrant
presque le pauvre Yu-Lan. Empreintant une porte battante au dessus de laquelle il était
indiqué « Soins intensifs » il accélera légèrement le pas.
« Merde ! » marmona-t-il entre ses dents, il a fallu que Fersen soit dans le coin... «
Désolé Yéti, mais changement d'itinéraire... »
Il regarda derrière lui afin de vérifier que le docteur ne les avait pas suivis et manqua de
heurter un groupe de deux personnes qui discutait devant l'une des chambres
« Désolé ! » dit le jeune homme en grec, en leur adressant un sourire d'excuse.
Le plus grand des deux hommes qui avaient bien failli faire les frais de son innatention,
avait des cheveux bruns qui retombaient en boucles éparses sur un front halé, et des yeux
sombres. Il lui rendit son sourire, mais répondit en anglais.
« Ce n'est pas grave. »
Adam tourna alors légèrement la tête vers la pièce attenante et eut un hoquet de
surprise.
« Yéti, regarde. » dit-il dans un souffle.
Dans la chambre se trouvait un patient qui n'avait vraiment pas l'air au meilleur de sa
forme. Son torse était couvert de bandages et son visage pâle arborait un magnifique
hématome au niveau de la tempe. Cependant il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait bel et
bien de l'inconnu qui avait aidé Yu-Lan à peine quelques minutes plus tôt...
L'homme qui avait répondu à Adam suivit son regard avant de considérer les deux
fuyards avec méfiance.
« Vous désirez quelque chose ? » demanda-t-il.
Michelle myers – constantin nielopoulos – gabriel o'reilly –
Richard Myers
Hôpital américain d'Athènes. 19 juin 2020 – 17h50
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
Les deux hommes étaient au milieu d'une conversation animée. Murmurant avec
véhémence, le père de Michelle faisait de grands gestes et semblait avoir perdu quelque peu
de son sang froid en l'absence de sa fille.
L'interruption de Constantin ne le calma pas d'avantage.
Ils rejoignirent rapidement l'océanographe et Richard se dirigea directement vers
Michelle.
« Que se passe-t-il ? » demanda-t-il avec une certaine inquiétude. Il avait peur que l'état
d'Aidan ait empiré.
« Papa, j'ai l'impression que les hommes qui nous ont attaqués sont ici à l'hôpital... »
répondit Michelle dont l'angoisse semblait désormais un peu plus sous contrôle.
Myers regarda tour à tour la jeune fille et son ami.
« Comment ? Tu les as vus ? Il faut prévenir la sécurité ! »
Michelle baissa les yeux.
« Non je les ai pas vus, je les ai... sentis... » murmura-t-elle.
Il était évident que ni son père ni Gabriel n'étaient au courant de son don d'empathie.
Myers fronça les sourcils mais la jeune fille refusa d'élaborer d'avantage. Il se tourna
alors vers Nielopoulos.
« Qu'est ce que cela veut dire ? » demanda-t-il, ses yeux s'écarquillant légèrement alors
qu'il attendait une réponse.
[Constantin Nielopoulos]
Comment diable l'océanographe aurait-il pu donner la bonne explication sans passer
immédiatement pour un dérangé d'esprit ? Il décida de tenter une explication valable mais
politiquement correcte.
« Je ne peux pas vous dire exactement pour quelle raison, mais vous devez avoir
confiance en Michelle. Vous la connaissez mieux que moi, ce n'est pas son genre que
d'affabuler quand la situation est grave, aussi grave que maintenant. Ce n'est pas le choc non
plus, je la sais assez forte pour se reprendre assez vite malgré tout ce qu'elle a subi. Elle ne
dirait pas cela sans en être sûre, et nous devons faire confiance à son instinct... »
Il martela chacun de ses mots, sûr de lui, utilisant toute sa force de conviction. Il savait
qu'il pouvait faire confiance à Michelle et voulait vraiment éviter de s'expliquer sur les vraies
raison de cela...
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
Celà n'eut aucun effet sur l'homme qui garda le même air dubitatif.
« Je pense plutôt que c'est de la peur... Mais je suppose que c'est tout à fait
compréhensible après ce qu'il s'est passé... »
Il s'approcha de la jeune femme et l'entoura de ses bras.
« Ma chérie, nous allons rester tous ensemble afin de dissuader ces personnes si par
quelque folie ils se seraient aventurés ici. Et puis ils n'oseront jamais attaquer à l'intérieur d'un
hôpital... »
Une aide soignante qui passait dans le couloir jeta alors un coup d'oeil à travers la vitre
et entra dans la chambre.
« Excusez-moi... » dit-elle dans un anglais fortement emprunt d'un accent grec « Mais
nous ne pouvons autoriser plus de deux personnes à entrer dans la chambre. Il faut que le
patient ait autant de calme que possible. »
Myers approuva.
« Vous avez raison.» Puis regardant les autres visiteurs : « Sortons dans le couloir parler
de tout ça plus calmement... »
Tous obtempérerent et le petit groupe se reforma devant la fenêtre, permettant ainsi à
Michelle de garder un contact visuel avec son demi frère.
« Papa ce n'était pas que de la peur... » dit-elle dans un murmure et sans même regarder
ce dernier.
« Je ressens les émotions des gens. J'ai toujours eu ce don ou du moins depuis que je
suis en âge de le comprendre... Et tout à l'heure j'ai nettement ressenti de la colère, de la
méchanceté et l'insatiable désir de vouloir faire le mal... »
Elle fit une courte pause avant de se tourner finalement vers eux.
« Quelqu'un de mauvais est ici et ce n'est pas un humain ordinaire. »
Richard eut un soupir à peine audible et échangea un regard avec Gabriel qui hocha de la
tête.
« Bien je suppose qu'il est temps de parler de certaines choses alors. A moins que
monsieur Nielopoulos souhaite ajouter quelque chose... » demanda-t-il calmement. Et le
regard qu'il adressa à Constantin lui intimait d'étrangemment de dévoiler leur secret...
[Constantin Nielopoulos]
Le regard bleu-vert de l'océanographe se voila légèrement mais c'est
manifestation physique qu'il eut. Il ne cilla même pas et ajouta :
la seule
« Je n'en dirai pas plus qu'elle, monsieur, sauf peut-être qu'il existe des humains que le
destin a doté d'étranges capacités et il se trouve que j'en fais partie aussi, ne me demandez
pas pourquoi ni comment... »
Il n'avait pas envie d'en dire plus, c'était déjà bien assez difficile comme ça de
reconnaître sa "spécialité"...
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
Richard regarda le jeune homme pendant un long moment avant de répondre.
« Je dois moi aussi être franc avec vous deux... » dit-il finalement et sa voix s'était
considérablement adoucie.
Il se tourna vers Michelle et son regard trahissait un amour infini.
« Ma chérie, j'ai toujours su que tu avais ce pouvoir... Je l'ai su même avant que tu ne
t'en rendes compte. Et pour tout te dire j'aurai préféré que tu n'en prennes jamais conscience.
Quand à monsieur Nielopoulos... et bien j'avais certain doutes mais ce n'est qu'après vous
avoir observé il y a quelques minutes que j'en ai eu la certitude. »
O'Reilly s'était appuyé contre la vitre de la chambre. Les yeux baissés sur le linoléum du
couloir, il semblait perdu dans ses pensées.
« Et le fait que vous soyez ici, je veux dire que vous et Michelle vous soyez retrouvés à
un tel moment est à la fois rassurant et considérablement inquiétant... » poursuivit Myers tout
en posant ses mains sur les épaules de sa fille.
Celle-ci le regardait avec effarement, alors que dans son esprit, bien trop préocupé par
les récents événements, essayait tant bien que mal d'assimiler les paroles de son père.
« Quelles sont vos capacités monsieur Nielopoulos ? » demanda soudainement la voix
douce d'O'Reilly qui n'avait pas bougé.
[Constantin Nielopoulos]
Constantin ne pouvait pas le croire ! Monsieur Myers avait laissé sa fille porter un tel
fardeau seule ? Son regard bleu-vert se chargea de colère alors qu'il regardait le père de
Michelle qui semblait avoir une bonne connaissance de ces pouvoirs particuliers dont sa fille
et lui-même étaient dotés. Il savait aussi des choses sur les événements étranges dont sa fille
avait été témoin et victime, ainsi que peut-être sur celui dont lui-même avait été victime, ce
cadavre retrouvé dans la Méditerranée.
La dernière réflexion de Mr Myers le fit réfléchir et le fit se questionner sur ce qu'il était
en réalité. Et en quoi cela était-il inquiétant qu'il se trouve là ? Tout cela dépassait son
entendement était un peu trop flou pour lui. Il se rapprocha de Michelle, comme pour l'aider à
porter cet excédent émotionnel. Il était comme elle, il savait donc plus ou moins ce qu'elle
pouvait ressentir. Ses propres parents savaient-ils qu'il était "spécial" ? Il n'aurait pu
le dire.
A la question d'O'Reilly, il répondit sans ciller :
« Je suis intimement lié à la mer, comme si je pouvais ressentir tout ce qui s'y passe, ce
qui me rend parfois malade, du moins je pense que les deux sont liés sans en être vraiment
sûr.Il m'arrive aussi de faire preuve d'une sorte de charisme particulier... excusez-moi d'être
vague mais je ne peux pas définir mieux... »
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
Richard s'était tourné vers le jeune homme lorsque celui-ci commença à parler, et son
regard inquisiteur semblait sonder l'océanographe au plus profond de lui même.
« Voilà qui est fort intéressant en effet... » dit-il d'une voix curieusement atone.
« Et c'est uniquement en terme de sensations que cette capacité se déclare ? » ajouta-til, et se rendant compte que sa question était un peu confuse, précisa :
« Je veux dire, vous dites subir les aléas de la mer mais est-ce réciproque ? Votre
humeur a-t-elle jamais influé les marées ou autre chose ? »
Myers, qui s'il a quelques minutes faisait mine de ne rien connaître des pouvoirs des deux
jeunes gens, semblait à présent particulièrement intéressé et renseigné...
O'Reilly releva la tête et regarda à son tour Constantin avec une intensité nouvelle.
L'annonce des pouvoirs du jeune homme semblait intriguer le bras droit de Myers et il le
considerait à présent avec un respect qu'il n'avait montré jusqu'à présent.
[Constantin Nielopoulos]
Tout ce revirement hérissait le poil de Constantin. Comment ces gens qui soit disant n'y
connaissaient soit disant rien la minute précédente pouvaient-ils en connaître maintenant plus
que lui sur ses propres pouvoirs. Et pourquoi O'Reilly le considérait-il à présent avec ce
respect nouveau ?
Méfiant et ne quittant pas le côté de Michelle, il répondit tout de même à la question :
« Je ne sais pas à quoi vous faites allusion, je n'ai jamais remarqué que la mer se calmait
ou s'énervait en même temps que moi... »
Il disait cela en toute bonne fois, en tout cas il n'avait jamais observé pareil
phénomène...
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
M. Myers qui n'avait pas lâché l'océanographe du regard, répondit :
« Pas encore, du moins... » dit-il énigmatiquement.
Michelle intervint à son tour.
« Papa qu'est-ce que c'est que tout cette histoire ? Tu savais pour moi et Constantin ?
Comment ?... Et pourquoi n'as tu rien dit !? »
Une sonnerie aïgue empêcha l'homme de répondre, et tous tournèrent la tête vers la
vitre qui les séparaient de la chambre.
Une alarme venait de se déclencher, et si l'on pouvait faire confiance aux films médicaux,
cela signifiait que l'électroencéphalogramme du patient s'était emballé avec force avant
d'afficher un tracé plat.
Une infirmière se précipita dans la chambre suivie d'un aide-soignant. A eux deux ils
soulevèrent le corps inanimé et placèrent un planche de bois en dessous.
« Oh mon dieu ! » souffla Michelle alors que l'infirmière commençait un massage
cardiaque.
Et elle se précipita vers Constantin qui était le plus proche de la porte, voulant
visiblemment entrer dans la pièce à son tour.
[Constantin Nielopoulos]
La réflexion de Mr Myers étonna Constantin mais il n'eut pas le temps d'y penser car
l'état d'Aidan s'aggrava brusquement. Il eut le bon réflexe de retenir Michelle qui voulait se
précipiter dans la chambre et dit :
« Non, tu ne ferais que les gêner, laisse-les agir pour lui... »
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
O'Reilly s'était joint à l'océanographe et à eux deux ils parvinrent tant bien que mal à
maîtriser la jeune femme presqu'hystérique, permettant ainsi à médecins et infirmiers d'entrer
avec précipitation dans la chambre du blessé. La voix de Michelle s'était muée en une sorte de
sanglot sans fin, mais aucune larme ne coulait de ses yeux clairs.
Richard Myers quand à lui était resté pétrifié devant la vitre, contemplant d'un regard
mort la scène qui se déroulait sous leurs yeux, complètement impuissant face à la redoutable
fatalité.
A l'intérieur le médecin injectait une dose d'adrénaline dans l'une des perfusions du
patient pendant qu'une jeune infirmière se saisissait du défibrilateur.
« C'est bon ! » cria un aide soignant une fois qu'il eut découpé les bandages qui
recouvraient la poitrine d'Aidan et l'avoir rasé.
Michelle recouvra sa bouche d'une main tremblante lorsqu'il placèrent les électrodes, et
que le médecin ordonnait à l'ensemble du personnel médical de s'éloigner.
Le corps se souleva sous le choc et les alarmes confirmèrent la décharge électrique.
Une fois, deux fois, trois fois, mais l'électocardiogramme restait toujous obstinément plat.
« S'il te plait bats-toi... » murmura O'Reilly qui soutenait toujours Michelle.
Cette dernière tourna alors son visage défait vers les deux hommes.
« S'il vous plait ! Laissez-moi y aller, s'il vous plait... »
[Constantin Nielopoulos]
L'instinct de l'océanographe, ou était-ce autre chose, lui hurla de la laisser faire et il
s'écarta en disant :
« Je sais qu'elle peut le faire, laissez-la ! »
Une gravité qui ne lui était pas habituelle s'était répandue sur son visage et son regard
prit une hauteur certaine alors qu'il insistait :
« Laissez-la... »
Ce n'était pas une supplication, c'était comme une sorte d'ordre...
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
O'Reilly avait lâché Michelle en même temps que l'océanographe, convaincu lui aussi par
les paroles de cette dernière.
Elle se précipita aussitôt dans la chambre. Le médecin et les infirmières qui avaient
entendu les paroles de Constantin malgré le tintamare des différentes alarmes, restèrent pour
ainsi dire pétrifiés devant le spectacle de cette jeune femme qui se jeta littéralement sur le
blessé.
« Aidan ! »
S'écroulant sur le corps inanimé, ses cheveux pâles recouvrant le visage du jeune
homme, Michelle avait presqu'hurlé ce nom.
« Reviens Aidan... »
Elle posa sa tête sur le torse rougit par les chocs électriques.
« Reviens... »
Et Constantin pu voir clairement une douce aura émaner de la jeune femme, alors que la
courbe tant espérée renaissait à nouveau sur l'oscilloscope...
« Rythme sinusoïdal... » murmura l'infirmière d'une voix choquée.
[Constantin Nielopoulos]
L'océanographe observa gravement la scène sans émotion excessive.
Quelque part, cela ne l'étonnait guère, mais les pouvoirs de Michelle étaient plus étendus
que ce qu'il avait pensé et il ne put quand même s'empêcher de se sentir un peu étonné.
Pouvait-elle aussi ressusciter les morts ? Et cette aura douce et bonne qui avait aussi un effet
sur lui et apaisait la tension de ses muscles ?
Tout le monde semblait choqué, il y avait de quoi et il devait presque être le seul, avec
probablement Mr Myers et O'Reilly, à ne pas l'être. Voir revenir un mort à la vie était une
expérience particulière, ça c'était sûr...
Il n'osa pas bouger et continua à observer la scène sans rien dire...
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
Le médecin, qui était resté un instant choqué, se reprit finalement et injecta un nouveau
médicament à son patient. Il donna ensuite quelques indications à son équipe et se tourna
alors vers les visteurs.
« Il est revenu parmi nous. » dit-il avec un soulagement évident. « C'était presque
inespéré, mais il faut croire que ce jeune homme est un vrai battant ! »
Michelle releva la tête, et le sourire qu'elle affichait aurait illuminé les ténèbres les plus
sombres.
« S'il vous plait, nous aurions besoin que vous quittiez la pièce maintenant... » demanda
l'infirmière d'une voix douce.
Elle semblait hésitante, mais après le miracle qu'avait accompli Michelle, c'était bien
compréhensible.
Pourtant Michelle se leva aussitôt et sortit rejoindre son père et ses amis.
Gabriel la prit dans ses bras et la serra fortement.
« Merci Michelle... » fit soudain la voix atone de Richard Myers.
Il tourna vers eux un visage baigné de larmes.
« Merci, ma chérie... »
La jeune femme se mit soudainement à trembloter. La réalisation de ce qu'il avait bien se
produire emmergeait peu à peu dans son esprit.
« Nous devrions nous asseoir... » dit O'Reilly tout en soutenant la jeune femme.
Tous s'éloignèrent un peu plus loin dans le couloir, et Michelle se laissa tomber sur l'une
des chaises en plastique, son père s'asseyant aussitôt à ses côtés.
Le médecin sortit à son tour de la chambre et s'éloigna dans l'autre sens. O'Reilly qui
avait observé le départ du praticien, échangea un regard avec Myers senior et partit dans la
même direction, laissant Constantin seul avec le père et la fille.
« Ma chérie, je savais que ton pouvoir était immense, mais ce dont tu viens de faire
preuve a dépassé mes espérances les plus folles... »
Myers se tourna alors vers Constantin.
« Vous aussi vous avez des capacités immenses, moins que Michelle pour le moment, et
quelque part c'est préférable... »
Il fit une pause avant de reprendre.
« Mes enfants je pense qu'il est temps pour vous d'apprendre qui vous êtes
réellement...»
[Constantin Nielopoulos]
Préférable? Pourquoi préférable ? Etait-il une sorte de mutant qui possédait le contrôle
de mers et qui, avec de l'entraînement, pourrait provoquer tempêtes et typhons si l'envie lui
en prenait ?
Avait-on procédé à des mutations génétiques sur lui et mr Myers aurait-il été mis au
courant ? Et pourquoi ce "qui" il était réellement ? Lui savait parfaitement qui il était en tout
cas...
Toutes ces questions tournaient dans sa tête et il regarda d'abord
Myers sans rien dire, son regard océanique indéchiffrable...
Michelle, puis Mr
[Michelle et Richard Myers]
La jeune fille répondit.
« Quoi, maintenant tu vas nous dire que nous sommes des mutants comme dans X-Men
ou ce genre d'ouvrages de science fiction ? »
L'homme eut un léger sourire et regarda l'océanographe.
« Je dois t'avouer ne sais pas vraiment comment cela se manifeste au niveau du code
génétique, mais il y a un peu de ça. En fait cela risque même de vous paraître encore plus
invraissemblable. Vous devriez vous asseoir monsieur Nielopoulos, car mes propos ne sont
absolument pas exagérés... »
Il fit une courte pause avant de poursuivre.
« En fait pour commencer je vous parlerais de mythologie. Mythologie grecque dans votre
cas, ce qui semble être bien indiqué compte tenu de l'endroit où nous sommes. Et bien, les
dieux qui peuplent toutes ces légendes sont bel et bien réels. Ils existent oui... » dit-il en
interceptant le regard ahuri de sa fille, « Et quand ils doivent intervenir dans le monde des
humains ils n'hésitent pas à utiliser le corps d'humains ou même à se réincarner... Oui la
réincarnation... Cet aspect là aussi est important, car des mortels peuvent se réincarner
également selon ces même principes évoqués par la philosophie boudhiste. Et vos pouvoirs
sont directement hérités de vos précédentes vies, au cours desquelles vous étiez intimement
liés à ces dieux de légende... »
Michelle ne dit rien, mais tourna la tête vers Constantin afin de percevoir la réaction de ce
dernier.
[Constantin Nielopoulos]
Constantin, qui s'était assis, avait écouté sans rien dire ce que mr Myers venait de dire.
Ainsi il était la réincarnation d'un être de la mythologie de son pays, un...dieu ??? C'était
trop gros pour être vrai, mais en effet ça expliquerait ses capacités spéciales ainsi que celles
de Michelle. Elle aussi avait réagi comme lui, pensait qu'ils étaient des mutants genre X Men
ou humains améliorés genre Gundam Seed mais là... des dieux ????? Comment pouvait-il
croire ça sans penser qu'il était soudainement devenu fou ? Et pourtant mr Myers était
parfaitement sérieux en leur exposant cela, ce n'était donc pas une plaisanterie, loin de là. Il
pressentit que cela avait un rapport avec l'agression subie par Michelle et Aidan, et sentit que
Michelle avait tourné son regard vers lui. Il tourna la tête vers elle, puis vers mr Myers et
répondit :
« Alors, si je suis votre raisonnement, je serais la réincarnation d'un dieu océanique
genre Triton ou Phorcys ? Convenez que c'est assez étrange tout de même que les dieux, qui
sont censés être omniscients si je me souviens bien, aient besoin de corps de mortels pour
s'incarner... et, si c'est vrai, pourquoi nous avoir choisis nous ? »
Il agissait là en pur scientifique mais cela le préoccupait énormément...
[Michelle et Richard Myers]
« Vous êtes particulièrement perspicace, monsieur Nielopoulos, mais vous n'y êtes pas
tout à fait. Comme je l'ai dit si certains dieux se réincarnent dans le corps d'humains ordinaires
fusionnant ainsi complètement avec ceux-ci, d'autres ne se contentent que d'utiliser leur corps.
Cela leur permet de pouvoir évoluer sur Terre pendant un certain temps sans pour autant
risquer de compromettre leur véritable enveloppe charnelle, car bon nombre d'entre eux en
ont une... Hadès par exemple. Dans votre cas vous êtes apparement la réincarnation de l'être
humain qui a eut la mauvaise fortune de servir de receptacle à l'âme de Poséidon il y a
cinquante ans de ça. Apparement ce passage express a néanmoins suffit à marquer votre
karma pour qu'aujourd'hui encore vous de tels stigmates... »
Michelle sursauta.
« Quoi ? Alors c'est pour ça que tu es lié de cette façon à la mer ??? »
Son regard ébahi interrogeait Constantin, comme si ce dernier possédait les explications
à un phénomène qu'ils s'étaient avoué à peine quelques heures auparavant.
Mais il y avait d'autres questions.
« Et... Et moi ? »
Richard eut un sourire sans joie.
« Toi ma chérie, tu es un cas bien différent. Car la déesse Athéna ne s'installe pas
uniquement dans un corps choisi. Non, elle renait complètement à intervalles réguliers sous
forme humaine fusionant ainsi complètement avec l'enfant dès l'instant même où celui-ci est
créé. Ce principe peu courant chez les dieux lui permet d'être au plus proche des mortels, car
c'est son rôle de les protéger... de protéger la Terre et ses habitants... »
Michelle semblait médusée. Le souffle coupé elle semblait boire les paroles de l'homme
mais sans pouvoir les assimiler pleinement.
[Constantin Nielopoulos]
Constantin resta silencieux après la révélation de mr Myers, réfléchissant à ce qu'il venait
d'apprendre. Nulle part il n'avait
entendu parler d'un humain ayant été le réceptacle
involontaire de la puissance du dieu Poséidon, le dieu des tempêtes, des eaux et des mers,
connu pour ses colères mémorables mais aussi pour ses nombreuses conquêtes, aussi bien
mortelles que divines. Alors il serait la réincarnation de cet humain particulier choisi par les
dieux ? C'était trop fort pour être vrai, et pourtant...
Mais son étonnement grandit lorsqu'il entendit ce qu'était Michelle... carrément une
déesse ! Pas la réincarnation d'un réceptacle, la déesse elle-même incarnée. Son regard bleuvert s'élargit et, alors que mille idées tournaient dans son crâne, une seule surnagea :
Poseidon... Athéna... dieux rivaux !
Il regarda alors Michelle, une expression indéchiffrable sur le visage...
[Michelle et Richard Myers]
L'homme comprennait aisement la stupeur des deux jeunes gens. Après les avoir laissés
digérer ces informations pendant une bonne minute, il s'aprêtait à présent à poursuivre ses
explications, lorsqu'il remarqua qu'O'Reilly était réapparu.
droit.
« Excusez-moi un instant. » dit-il tout en se levant et en allant à la rencontre de son bras
Michelle posa sa tête entre ses mains et soupira.
« Toute cette histoire devient de plus en plus dingue... Je veux dire, tu y crois toi ? »
demanda-t-elle en relevant la tête et en regardant à nouveau Constantin.
« C'est moi ! Je veux dire, est-ce que j'ai vraiment l'air d'une déesse ?! Déesse de la
sagesse qui plus est, du moins si mes souvenirs sont exacts. Ma culture en mythologie est
vraiment déplorable... »
Elle fit une courte pause.
« De toute façon mon esprit est tellement embrouillé que j'ai l'impression de nager en
plein rêve... »
[Constantin Nielopoulos]
Constantin crut bon d'ajouter :
« Déesse de la guerre, du savoir et de l'artisanat, si mes souvenirs sont bons... enfin, ce
n'est pas ça qui importe mais ceux qui nous menacent, parce que je pense maintenant que je
suis compris dans le lot... »
C'était tout aussi incroyable pour lui, mais son esprit cartésien reprenait assez vite le
dessus parce qu'il se sentait de moins en moins en sécurité. Si les hommes qui avaient
attaqué Michelle et Aidan étaient là, aucun d'eux ne le serait et il importait de prendre les
mesures qui s'imposaient le plus vite possible parce que, dieux grecs ou pas, ils étaient encore
mortels...
[Michelle Myers]
« Mon Dieu, mais tu as raison ! » dit-elle l'air effaré, alors qu'elle réalisait que les paroles
du jeune homme étaient pleines de sens.
« Et comme en plus tu as certainement été vu avec moi, ils vont se douter que toi aussi
tu es spécial ! Oh Constantin je suis désolée, quelque part c'est de ma faute. Après tout si tu
ne m'avais pas aidé, peut-être que tu aurais été hors de danger... »
Elle se mordilla les lèvres pensivement.
« Je ne sais pas ce que papa à prévu, ou ce que nous devrions faire... Rester ici n'est
certainement pas une bonne idée, car ils sauront où nous trouver, mais en même temps je ne
peux pas abandonner Aidan... » Elle avait baissé la voix, et regardant l'océanographe, finit sa
phrase dans un murmure :
« Surtout que lui aussi est en danger... et pas uniquement parce qu'il cherche à me
protéger... » dit-elle sur un ton entendu.
[Constantin Nielopoulos]
En clair, ils étaient tous en danger, mieux valait aviser mais ne pas aviser trop longtemps
parce qu'ils étaient en danger. Mais comment faire ? Aidan était intransportable.
Il leva le regard sur Michelle et lui dit :
« J'ignore ce que ton père et mr O'Reilly ont prévu, mais je serais d'avis qu'ils nous en
fassent part vite... »
Il se sentait de plus en plus mal à l'aise ici et, plus vite ils auraient décidé quoi faire,
mieux cela vaudrait...
[Michelle Myers – Gabriel O'Reilly – Richard Myers]
« Pfff... déesse de la sagesse et de la guerre, mon oeil ! Je ne suis même pas capable ne
serait-ce que d'entrevoir une solution pour le moment ! Je ne suis qu'une gamine effrayée, pas
une être divin... »
Un peu plus loin Richard Myers était toujours en grande conversation avec son bras droit,
mais il s'interrompit soudainement et s'approcha de la fenêtre qui les séparait de la chambre
de son beau-fils.
« Michelle ! » appela-t-il alors.
La jeune fille bondit littéralement de sa chaise et accouru à lui, Constantin sur ses talons.
« Regarde... »
Elle obéit. Ses yeux clairs se tournèrent lentement vers la pièce attenante et rencontrant
alors ceux de son demi-frère.
« Aidan... »
Elle se précipita dans la chambre. Un sourire éclatant illuminant son visage pâle, elle posa
délicatement ses mains sur celles, trop froides, du jeune homme.
« Tu nous as fait une de ces peurs... »
Myers père pénétra à son tour dans la pièce, semblant presqu'intimidé par le bonheur qui
l'emplissait peu à peu de voir ainsi les deux jeunes gens sains et saufs.
« C'est vraiment une histoire qui fini bien... » dit O'Reilly d'une voix très douce, comme
s'il craignait d'interrompre les retrouvailles.
Il regarda Nielopoulos l'air un peu gêné.
« Mr Myers m'a dit vous avoir parlé à propos de vôtre véritable identité. Vous savez que
vous êtes certainement en danger vous aussi ? »
Il tourna la tête vers la petite famille enfin réunie et ajouta,
« Vous devriez rester avec nous... Ce serait mieux ainsi, pour vous protéger et puis... Je
pense que Michelle en serait vraiment heureuse... »
[Constantin Nielopoulos]
Constantin aurait bien voulu fuir à toutes jambes, mais son instinct lui soufflait qu'il
serait bien mieux protégé avec ces gens qui semblaient en savoir plus long sur lui que luimême. Il fit un signe à Aidan et répondit à O'Reilly :
« Je vais rester, en effet, je veux en savoir plus sur tout cela... »
[Gabriel O'Reilly]
Gabriel hocha la tête, l'air rassuré.
« Vous faites le bon choix, même si de part votre passé j'avais tout d'abord quelques
réserves... Mais monsieur Myers semble convaincu que vous êtes digne de confiance, et c'est
vrai qu'après ce que vous avez fait pour Michelle je n'aivai pas raison de douter de vous non
plus. »
Il semblait sur le point d'ajouter autre chose, mais au lieu de ça tira Constantin par
l'épaule lui évitant ainsi d'être percuté par une chaise roulante.
Le jeune homme qui poussait l'engin s'excusa aussitôt avant de regarder avec une
consternation évidente la silhouette d'Aidan qui était toujours entouré de Michelle et son beaupère.
Gabriel qui avait remarqué l'attitude du jeune homme fronça les sourcils.
« Vous désirez quelque chose ? » demanda-t-il.
A l'intérieur de la chambre, Aidan reprennait difficilement contact avec la réalité.
« Aidan nous sommes vraiment heureux que tu te sois réveillé... C'était presqu'inespéré,
mais tu nous as prouvé une fois de plus de quel bois tu étais fait ! » dit Richard avec fierté et
un bonheur que lui même avait peine à contenir. Michelle quand à elle avait les yeux emplis de
larmes. Elle serrait les mains du jeune homme avec force.
là...»
« C'est vrai que j'ai crû à un moment que tu n'arriverais pas à t'en sortir... Mais tu es
Aidan cligna des yeux une fois, puis deux et essaya de parler. Cependant le tube qu'il
avait dans la gorge l'empêcha d'émettre le moindre son. Il s'agita et porta la main à sa
bouche, essayant d'extraire lui même le corps étranger.
« Non n'y touche pas, c'est pour ton bien ! On va prevenir le médecin que tu es réveillé et
il te l'enlèvera. »
Les paroles de Michelle ne semblèrent par faire effet, car au lieu de se calmer, Aidan eut
l'air encore plus nerveux. Il regardait tout autour de lui et son regard se focalisa finalement sur
la vitre qui les séparait du couloir.
Ses yeux s'écarquillèrent et il fit signe à Michelle...
Aaron Grayson – Sean Anders
Extérieur du musée d'art d'Athènes. 19 juin 2020 – 15h15
[Aaron Grayson]
Le regard vide, Aaron n'aspirait qu'à sortir le plus rapidement possible de cette salle,
s'éloigner de ces artefacts.
« Merci, John » dit-il.
« Sean... Je vous assure, je vais bien, juste besoin d'un peu de calme. M'éloigner de cette
salle... »
Il tenait debout seul, mais Sean eut plus d'une fois l'impression que la chute n'était pas
loin. Aaron semblait surtout regarder les objets exposés avec une appréhension mal déguisée.
Du reste, une fois que les deux hommes aient quitté la salle et qu'il l'ait aidé à s'asseoir, Sean
remarqua qu'Aaron n'était plus aussi fébrile, bien que son teint soit encore d'une pâleur
alarmante.
« Je vous prie de m'excuser... » articula-t-il enfin. « Ca ne m'était pas arrivé depuis assez
longtemps. »
[Sean Anders]
Les sourcils du médecin se froncèrent légèrement.
« Bon, déjà vous répondez à ma première question avant même que je n'ai eu à la
poser... » dit-il avec humour mais son regard était on ne peut plus sérieux.
« Vous n'aviez vraiment pas bonne mine là haut... » ajouta-t-il revenant à l'essentiel. «A
quelle occasion ces malaises se sont-ils déjà produits ? Souffrez-vous de quelque maladie ? »
En tant que médecin, il lui fallait reccueillir un maximum d'informations afin de pouvoir
aider au mieux Grayson. Et si ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait, cela voulait
sans doute dire qu'il s'agissait d'autre chose qu'un simple malaise dû au décalage horaire ou à
une autre cause bénine.
Ses pensées dérivèrent alors sur Nielopoulos, qui lui aussi avait eut quelques frayeurs à
peine quelques heures plus tôt. Cet aspect, additioné à tous ces autres mystères qui avait
jalonnés sa journée, commençait à lui octroyer un sérieux mal de crâne.
Il posa une main sur l'épaule de l'homme, un peu inquiet de le voir encore si pâle. Sa
paume tiède se réchauffa légèrement au contact, et Grayson pu sentir les derniers effets du
malaise s'estomper bien vite...
[Aaron Grayson]
Aaron reprenait peu à peu des couleurs et une respiration régulière.
La remarque de Sean l'aurait presque fait rire. Une maladie ?
Peut-être que c'était cela après tout. Il savait que dans un temps pas si lointain, les
personnes pourvues de pouvoirs tels que les siens, les médiums et mentalistes en tout genre,
finissaient bien souvent dans les asiles d'aliénés. Pourtant il avait plus d'une fois eu la
confirmation que son don n'était pas une supercherie, ce qui aurait pourtant simplifié bien des
choses... Il décida de jouer cartes sur table.
« J'ai ça depuis que je suis gamin, le terme médical qui revient le plus souvent est la
thanatophobie. Mais cette explication ne me satisfait pas vraiment ... Je réagis de façon
intense dès que je me trouve dans un endroit où une personne est décédée, d'accord. » dit-il
le plus naturellement du monde.
« Mais cela arrive parfois quand je suis en contact avec des objets très anciens. Donc en
quelque sorte, ce que je voudrais, c'est une seconde opinion... »
Il prit une lourde inspiration en attendant sa réaction, sans le quitter du regard.
D'ordinaire, il mettait des heures, voire des jours à se remettre de ses crises, or la douleur
s'était brusquement estompée dès que Sean avait commencé à le soigner. En se remémorant
la conversation qu'il avait eue plus tôt avec Follmer, il se dit qu'Anders n'était certainement pas
un médecin comme les autres.
[Sean Anders]
Dire que les explications de Grayson étonnèrent le médecin était un doux eiphémisme. Il
ouvrit de grands yeux, et s'approcha inconsciemment du malade.
« La thanatophobie ? C'est bien la première fois que j'entend ce terme, et vous dites que
cela a été diagnostiqué par des docteurs ? »
La première idée qui lui venait à l'esprit était qu'il s'agissait d'un syndrôme psychiatrique,
ce qui après tout pourrait tout à fait cadrer avec le personnage, mais il n'osait pas trop
affirmer ses doutes. Après tout peut-être que Grayson n'avait pas très envie d'étaler ses
problèmes surtout s'ils étaient d'ordre mental.
Pourtant il lui avait clairement demandé son avis, alors c'était peut-être bien autre
chose... quelque chose de plus mystérieux, que les connaissances scientifiques encore bien
trop souvent dépassées avaient expliqué de façon érronée.
« En tout cas ces symptômes ne relèvent pas vraiment de ma compétence... cela semble
presque... mystique, si vous me pardonnez l'expression. J'espère au moins que ça n'a jamais
été plus grave que ces malaises. » demanda-t-il.
[Aaron Grayson]
« Diagnostiqué, c'est beaucoup dire... Certains de vos collègues semblent penser qu'il
suffit de nommer un mal en Grec pour le traiter, mais personne n'a jamais pu me proposer de
traitement efficace. »
La suite le laissa songeur. Mystique ? Sean avait sans doute raison. Il était en tout cas
très touché de son attitude. En bon médecin, il ne se souciait que du bien-être de son patient.
Pour lui, un malaise était grave s'il était douloureux, un point c'est tout. Tandis que ce qui
inquiétait le plus Grayson à chacun de ses malaises, c'était les manifestations qui
accompagnaient ses crises, apparitions fantomatiques et autres, qui le contraignaient
généralement à passer son chemin.
« Quant à la gravité, disons simplement que ça aurait pu être pire. Je ne sais pas ce que
vous m'avez fait ni comment, mais je pense que vous sous-estimez de beaucoup vos
compétences. Alors merci, Sean. Ce n'est pas tous les jours que je rencontre un médecin qui
peut guérir un de ces malaises. »
[Sean Anders]
« C'est vrai que j'ai certain don pour la guérison, ce qui est tout de même bien utile pour
pratiquer mon métier... » répondit le médecin avec un sourire qui se mua en un rire amusé.
« Excusez-moi, mais j'étais en train de penser que mon voyage était presque providentiel
pour vous comme pour monsieur Nielopoulos. Si j'avais su j'aurai apporté mon sac de
consultations avec moi, ainsi que mes honoraires... »
Son visage devint plus sérieux.
« Mais votre cas reste cependant un peu inquiétant, surtout si vous ne bénéficiez d'aucun
traitement... Avez-vous déjà consulté au Beth Isral Hospital à Boston ? C'est là que je travaille,
et si jamais cela vous tentait je pourrais aisemment vous avoir un rendez-vous avec nos
meilleurs spécialistes... »
La proposition n'était pas annodine. La plupart des docteurs qui y travaillaient avaient un
emploi du temps tel qu'il fallait souvent plusieurs mois avant de pouvoir avoir un rendez-vous,
et encore fallait-il être recommendé.
[Aaron Grayson]
Grayson ne savait comment réagir face à une proposition si spontanée.
Quelque part, il doutait encore que les médecins, neurologues et autres psychiatres
puissent encore faire quelque chose pour lui. Mais cet homme arrivait de manière
providentielle, sorti d'un prestigieux institut américain...
« Hé bien, je... suppose qu'il n'y a pas de mal à essayer. Merci, Sean. » dit Grayson,
réalisant à peine la chance qu'il avait. C'était une vraie aubaine, mieux valait pour l'instant
cacher les aspects les plus ésotériques de sa situation pour ne pas effrayer le médecin.
« C'est étrange... Moi qui n'ai vraiment pas l'habitude de me confier, c'est la seconde fois
que je raconte mon histoire à des étrangers aujourd'hui. »
[Sean Anders]
Le médecin haussa un sourcil à la confidence.
« Vraiment ? »
Il n'avait pas vraiment envie de paraître pour quelqu'un de curieux, mais ne put
s'empêcher de demander :
« John Follmer, c'est ça ? Je vous ai vu discuter tout à l'heure... et si l'on en croit vos
expressions à ce moment là, je doute qu'il ne s'agissait que de l'art grec au Vème siècle...
D'ailleurs je dois vous avouer que votre entretien n'est pas vraiment passé inaperçu... »
En effet mis à part Kyle qui avait absolument voulu savoir quel avait été leur sujet de
conversation, le norvégien leur avait également jeté un certain nombre de coups d'oeil...
[Aaron Grayson]
« On ne peut rien vous cacher ! » répondit Grayson avec un sourire fin.
« Follmer a voulu en savoir plus sur ma maladie, ou plutôt le don qui l'accompagne. Et il
s'est montré assez insistant, je dois dire. »
Ce n'était pas exactement vrai, le politicien ne s'était pas montré insistant outre mesure.
mais quelque chose dans son attitude avait incité Grayson à se confier à lui avec une facilité
déconcertante.
Mais ce n'était pas ce qui était le plus troublant. Plus il se repassait la scène dans sa tête,
plus il se disait que Follmer savait ce qu'il faisait en l'interrogeant de la sorte... Avait-il
rencontré des gens comme lui dans le passé ?
[Sean Anders]
Les paroles de Grayson firent tilter le médecin.
« Le don ? Vous n'utilisez pas ce terme par hasard n'est-ce pas ? »
Sa voix était calme, mais il ne faisait aucun doute qu'il incitait à son tour le vagabon à se
confier... Les termes choisis par Grayson avaient beau être mystérieux, il était clair que
l'homme sondait le terrain... Comme s'il savait qu'Anders était lui aussi différent.
Quelle étrange coincidence.
[Aaron Grayson]
« Non » répondit Grayson. Sean lui paraissait honnête, et puisqu'il se proposait de
trouver un remède à son mal, autant qu'il soit mis au courant de tous les éléments de la
situation.
« Depuis que je suis gamin, j'ai des dons de médiumnité. Seulement, je ne les contrôle
pas très bien. C'est pour ça que j'ai des maux de tête assez intenses quand ça se déclenche. »
Il regarda le médecin, comme pour le jauger.
« Bien sûr, je comprendrais que vous ne me croyiez pas, le contraire m'étonnerait
d'ailleurs... »
La voix d'Aaron était très posée, comme s'il exposait un problème par étapes, en bon
cartésien.
« Mais la dernière séance que j'aie tentée avec un psychiatre s'est transformée en un
autre genre de séance, avec esprits frappeurs en prime. J'ignore ce qu'est devenu le
docteur Angier depuis, mais à mon avis son scepticisme n'est pas sorti intact. Moi, je ne sais
pas trop quoi en penser, mais en tout cas votre aide serait la bienvenue si vous pensez pouvoir
tirer ça au clair. »
[Sean Anders – Kyle Anders – John Follmer]
Sean resta pensif pendant un moment.
« Tirer ça au clair, je ne pense pas malheureusement, je suis autant dans le flou que
vous... mais... Je vous crois. » dit-il finalement en regardant Aaron droit dans les yeux.
« La science est remplie de phénomènes inexpliqués que certains appelent paranormal,
d'autres affabulations... mais pour ma part je pense que la vérité est là quelque part et que
nous sommes seulement trop effrayés pour la regarder en face. Moi le premier. »
Ses yeux se détournèrent un instant avant de revenir sur la vagabon.
« Et pourtant mon 'don' aurait dû m'y forcer... » ajouta-t-il en employant volontairement
le même terme qu'avait utilisé Aaron un peu plus tôt.
« Papa ! »
Kyle venait de les rejoindre, un peu essouflé par sa course.
« Alors la visite s'est bien terminée ? » demanda le docteur en se relevant.
« Oui c'était super ! Dis j'ai demandé à John et à... euh... Asgeir ? » il se tourna vers le
norvégien qui le suivait à quelques mètres, inquiet de savoir s'il n'avait pas écorché son nom,
« de venir avec nous continuer les visites, tu es d'accord n'est-ce pas ? Ils sont super sympas !
»
Sean tendit une main à Aaron l'aidant à se relever à son tour, et répondit.
« Bien sûr que non, c'est bien de faire de nouvelles connaissances et c'est vrai qu'ils sont
très sympathiques... Décidemment cette journée aura été forte en nouvelles rencontres ! »
John et Asgeir arrivèrent finalement à leur hauteur et Sean s'approcha d'Hanssen.
« Merci de vous être occupé de Kyle. J'ai cru comprendre que vous alliez vous joindre à
nous pour la suite de notre visite de la ville ? Vous avez une envie particulière, ou une idée du
prochain endroit que nous pourrions aller voir ? »
De son côté John s'était approché d'Aaron.
« Vous avez l'air d'aller mieux. » dit-il avec un sourire rassuré. Puis plus bas,
« C'était votre pouvoir n'est-ce pas ? »
[Asgeir Hanssen]
Le norvégien eut un sourire :
« Ce n'était rien, c'était un plaisir. Et, quand à visiter autre chose... »
Il ouvrit son sac à dos et en sortit un guide en anglais d'Athènes qu'il feuilleta :
« Nous devrions trouver quelque chose là-dedans, non ? Que diriez-vous de commencer
par le Parthénon et l'Erechtheion, sur l'Acropole ? Là-dedans, ils disent que ce sanctuaire
d'Athéna en marbre, ou du moins ce qu'il en reste après les siècles écoulés, vaut le détour au
delà de l'aspect purement touristique du terme... »
[Kyle et Sean Anders]
L'enfant tiqua aux propositions d'Hanssen.
« Erec-quoi ? Ca c'est un nom pas possible ! » dit-il, moqueur.
Sean lui adressa un sourire mi-amusé, mi-indulgent, avant de répondre au norvégien.
« L'acropole me semble effectivement être une excellente idée, et nous ne pouvons pas
décemment venir à Athènes sans la visiter ! En plus à cette heure-ci, il y aura peut-être moins
de monde, ce qui ne sera pas un mal. »
Il jeta un coup d'oeil aux deux hommes qui étaient restés en retrait.
« Nous allons tout de même faire part de cette idée à ces messieurs qui sont de nouveau
en pleine discussion, mais je pense qu'ils seront d'accord. Avez-vous une voiture, au fait ? La
mienne est garée un peu plus loin, si vous voulez profiter du voyage. »
Il s'était approché d'Hanssen et regardait le livre par dessus son épaule, s'impregnant des
photos de lieu qu'il semblait connaître. Il mit cette impression sur le compte des quelques
livres d'histoire et géographie qu'il avait feuilletés au cours de sa vie, et ne chercha pas plus
loin.
[Asgeir Hanssen]
Le norvégien était venu en métro et accepta de grand coeur la proposition d'Anders :
« Merci de me le proposer, j'en ai loué une à mon arrivée mais je l'ai laissée à l'hôtel... »
Autant en profiter pour visiter un peu puisque Sartakis ne le rappelait pas...
[Sean Anders]
« Y'a pas de problème, nous vous redéposerons là-bas une fois la visite finie si vous le
désirez » répondit le médecin en sortant ses clés de sa poche. « Ou autre part, selon ce qu'il
vous arrange...»
[Aaron Grayson]
Aaron hocha la tête en réponse à Follmer, mais ne dit rien. Sean n'avait certainement pas
repris son mot de "don" par hasard, et les soupçons que lui et Follmer avaient entretenus
semblaient justifiés.
Toutefois il décida de ne rien en dire au politicien : il resterait discret jusqu'à ce que Sean
décide de lui même de leur en dire davantage...
Il avait entendu le médecin faire allusion à lui et à Follmer et se rapprocha de lui.
« Tout va mieux, grâce à vous. Je m'en veux de vous avoir fait rater une partie de la
visite... » dit-il d'un ton contrit.
« Mais maintenant que le malaise est passé, qu'avez-vous prévu pour la suite du
programme ? »
[Sean et Kyle Anders – John Follmer]
Sean, heureux de voir que les deux s'étaient de nouveau joint à eux, lui répondit :
« Et bien monsieur Hanssen proposait d'aller visiter l'Acropole, et nous avons tous pensé
que c'était une bonné idée. »
John approuva de la tête.
« En effet, c'est un site incontournable que je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter. »
Comme Grayson semblait du même avis que le politicien, l'Acropole recevait ainsi
l'unanimité des voix.
« Par contre je ne suis pas garé tout prêt... Alors si vous acceptez de m'attendre un peu,
je pourrai vous rejoindre ici. » demanda Follmer en regardant plus particulièrement Sean.
Ce dernier réflechi un instant.
« Nous sommes cinq, donc si ça ne vous gêne pas d'être un peu serrés à l'arrière, on
devrait pouvoir se contenter de mon véhicule... A moins bien sûr que vous préferiez prendre le
votre. »
John haussa des épaules.
« Pas particulièrement, et ce sera sans doute plus simple de n'en utiliser qu'un seul pour
le moment... surtout pour se garer une fois là-bas. »
« En plus je prend pas beaucoup de place ! » ajouta Kyle.
Le docteur regarda l'ensemble du groupe et déclara :
« Et bien il semblerait que nous soyions tous prêts pour une nouvelle visite ! »
Kyle sauta de joie.
« Super ! J'ai trop hâte ! »
Et il partit en courant dans ce qui devait être la direction de la voiture.
Tous le suivirent à une allure plus modérée et quelques minutes plus tard ils étaient
installés dans le véhicule.
La mercedes grise qu'avait loué Anders était en fait relativement spacieuse. Follmer et
Grayson qui s'étaient assis à l'arrière de part et d'autre de l'enfant n'étaient aucunement gênés
par le manque de place.
A l'avant Anders mit le contact et se tourna vers Hanssen qui était à la place du mort.
« Heureusement qu'il y a un plan d'Athènes dans votre livre, je me suis toujours méfié
des panneaux d'indication et comme les athéniens semblent être des conducteurs assez
indisciplinés je suis bien content d'avoir un copilote... »
Il démarra le véhicule et s'inserra rapidement dans la circulation qui commençait à se
faire plus dense.
« Vous avez dit être venu ici pour le travail, je suppose que compte tenu du patrimoine
culturel de ce pays il y a de quoi faire, mais sur quel projet êtes-vous exactement ? »
A l'arrière Kyle ne cessait de regarder Aaron.
« Vous avez l'air d'aller mieux... C'était pas un virus n'est-ce pas ? » finit-il par demander
au bout d'un moment. Une certaine anxiété était décelable dans sa voix.
« En tout cas j'espère que vous n'êtes pas malade, parce que vous pourriez pas continuer
à faire les visites et ça ce serait trop nul... »
Il se tourna subitement vers le pare-brise arrière, sur lequel il posa un regard intrigué.

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