s d`art - Magazine Racines

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s d`art - Magazine Racines
Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous
Par
Création ou rénovation,
Yvelise Richard
le monde du vitrail n'a pas
de secret pour David Palmer
à Foussais-Payré.
Les artisans d
L es métiers d’art
ouvrent leurs
Les métiers d'art répondent à trois critères principaux :
• un métier au sens technique :
connaissance et pratique d'un ensemble de savoir-faire complexes, souvent
longs à acquérir, fondés sur une transformation de la matière (bois, verre,
métal…).
• une production d'objets uniques ou de petite série, présentant un
caractère artistique et de création.
• un professionnel maîtrisant ce
métier dans sa globalité.
Il n'y a pas de définition juridique
stricte et les professionnels se répartissent dans des statuts très divers :
• artisanat (et inscription au registre des métiers) : “le caractère artistique ou extraordinaire de la production”
permet de distinguer ces métiers au
sein de l'artisanat.
• petite industrie (et inscription
au registre du commerce) : au-delà
d'un certain nombre d'emplois lié au
caractère artisanal et selon le même
critère que précédemment.
• profession libérale (maison
des artistes, artiste indépendant…) :
avec pour l'essentiel des activités de
conception ou de production d'œuvres
d'art.
(Définition donnée par la Mission Pays de la
Loire - Métiers d'art).
Métiers de tradition, de création o
de conservation et de restauration du patrimoine
les métiers d'art comptent 217 professions. Des artisan
Du côté de la Vendée
David Palmer, vitrailliste
A
u 6 de la rue Sainte Catherine, à FoussaisPayré se loge un atelier de
fabricant de vitraux, Vitrarius™,
à peine plus grand qu'une échoppe d'antan. Deux pièces, fort
encombrées de travaux en cours,
c'est, depuis près de deux ans,
l'antre de David Palmer, sujet britannique marié à une “Poitevine”.
Cet artisan, maîtrisant l'art de
composition des vitraux, réalise
à la commande des créations
pour des portes, des fenêtres ou
des attrape-lumière. “En Angleterre, ce sont les portes extérieures dans les rues des grandes
villes qui comportent des vitraux ;
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ici, on les trouve plutôt dans les
maisons : portes d'intérieur (couloir). J'en ai même vu en décoration dans une salle de bain.”
À côté de ses œuvres uniques,
David Palmer restaure les fenêtres en verre blanc serti de plomb,
comme celles de style Renaissance (place Belliard à Fontenay).
Ou bien les vitraux des églises,
que le vent ou les ballons de foot
font souffrir : ce fut le cas récemment à Saint-Maurice-des-Noues
où la mairie fit appel à son savoirfaire. “Le style que je préfère, c'est
celui du XIXe siècle anglais (époque Victoria) Dans un vitrail, c'est
le plomb, plus friable, qui cède le
décembre 2006
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s
r
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Du côté du Poitou…
Du côté de l’Anjou
Jean-Joseph, le sculpteur aux symboles
s d’art
s ateliers
n ou bien métiers
oine, immobilier ou mobilier,
sans nous ont ouvert leurs ateliers.
premier. Bien sûr, le verre peut être cassé:
mais si la peinture est bien faite, elle ne
bouge pas.” Notre artisan propose ses
compétences aux particuliers et aux collectivités : une étude personnalisée du
projet avec maquette (dessin préliminaire) puis carton après acceptation du devis.
Sa carrière de vitrailliste, David Palmer l'a débutée il y a plus de dix ans,
même si sa passion pour le verre (soufflé ou imprimé, coloré ou blanc) remonte à plus longtemps. En 1995, à 48 ans,
David quitte son travail d'enseignant à
l'université de Portsmouth. Il acquiert les
techniques de découpe et de peinture du
verre, lors de stages intensifs (école de
restauration, ateliers professionnels d'entretien des cathédrales de Salisbury et de
Canterbury). Il poursuit sa formation à
Curzay-sur-Vonne dans la Vienne, auprès
du musée du Vitrail, avant de s'installer
à Foussais-Payré où le couple Palmer possédait une maison de campagne.
Contact : Atelier Vitrarius, 02 51 51 40 34 ou
sur le site www.vitrarius.com
U
n atelier dans un garage,
donnant sur une salle d'exposition où sont présentées
quelques œuvres d'art, de styles et
d'influences contrastés. D'un côté de
l'atelier, les établis et leurs outils ; de
l'autre, les machines (scies, tourneuses…) : le territoire de Jean-Joseph
Dixneuf, sculpteur sur bois à SaintLéger-sous-Cholet. “J'ai commencé
mon apprentissage à 16 ans chez un
sculpteur de Tiffauges, en 1974, avant
de travailler comme ouvrier chez un
patron à Cholet.” En 1983, JeanJoseph s'établit à son compte dans
l'une des zones artisanales de la
région choletaise et se crée une nouvelle clientèle : des particuliers, et de
nombreux artisans. “Dans mon
métier, j'apprécie beaucoup la diversité de mes contacts : ébénistes,
menuisiers mais aussi des maçons ou
des couvreurs pour certaines rénovations extérieures.”
Ébène, noyer…
Dans ce domaine, Jean-Joseph
Dixneuf peut se vanter de toucher
à tout et un peu partout : patrimoine religieux d'Anjou, maison à pans
de bois en Bourgogne, bâtiments
publics (Palais de justice de Paris),
décoration à La Réunion (élaboration de moule pour un lustre en
bronze magistral)… Son talent de
créateur, il l'a mis au service de l'église de la commune angevine du FiefSauvin (chemin de croix
contemporain). Quand l'inspiration
le saisit, il fait chanter le bois, taillant ébène, palissandre, chêne ou
noyer (“qui est gras à travailler,
agréable sous l'outil”). Alors naissent de ses burins des pièces uni-
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ques, souvent symboliques comme
sa prise de la Bastille, célébrant le
Bicentenaire de la Révolution.
Jean-Joseph a une autre corde
à son arc : formateur reconnu et
agréé par la Région, la Société
d'encouragement des métiers d'art
(Sema), l'ANPE, il accueille parfois
un ou deux
stagiaires en
formation de
trois mois
(minimum). “Il
faut répondre
individuellement
aux objectifs
que se fixent les
gens, souvent
en reconversion. Certains
stagiaires avaient
vraiment la
Gouge à la main,
sculpture dans
Jean-Joseph
Dixneuf sculpte
le sang et en
un motif floral sur un petit buffet.
vivent aujourd'hui. Nous restons en contact.”
Par ailleurs, notre artisan anime
des stages pour les particuliers: “cela
va de deux heures, pour une initiation
à une semaine ou des cours à l'année.” Il intervient aussi tous les quinze jours auprès de l'association Clair
Obscur lors d'ateliers bois et sculptures.
Aujourd'hui, les travaux en cours
(ornement de portes de meubles,
projet de création de boiserie d'alcôves pour un château du XVIe siècle, copies d'une Vierge à l'enfant
en tilleul…) ne manquent pas.
“Mais sculpter reste une activité très
aléatoire, très dépendante des commandes…” confesse Jean-Joseph,
en caressant la porte de buffet
posée sur l'établi.
Renseignements au 02 41 58 69 72.
décembre 2006
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Du côté du Poitou
Olivier Courtot fait des cuivres
I
nstallé à Frontenay-RohanRohan (Deux-Sèvres), Olivier
Courtot crée des vases, bas-reliefs,
rampes d’escaliers, cheminées ou
sculptures, en métal noble. C’est
la dinanderie, un métier d’art plus
que millénaire…
À la croisée de l’artisanat et de
l’art, le métier d’Olivier Courtot,
47 ans, pourrait offrir à Julien
Lepers une “Question pour un
champion” : “je perpétue l’art de
la dinanderie, qui suis-je ?”
Dans son atelier, cet artisan
artiste travaille le métal noble en
fine feuille (cuivre, bronze florentin, argent, étain), et au marteau
s’il vous plaît, pour en faire des
œuvres d’art. Olivier Courtot est
sans doute le seul dinandier en
France à décorer ses pièces, qui
vont des vases au calice pour le
clergé, en passant par des œuvres
monumentales : “J’enrichis mes
pièces d’incrustations d’argent en
poudre comme le faisaient les Chinois sur le bronze, il y a 3 000 ans,
ou de décors de couleurs patinées
en jouant avec les réactions chimiques des métaux”, explique l’ancien compagnon chaudronnier,
détenteur des secrets de la dinanderie par ses maîtres croisés, pendant seize ans, lors de son “tour
de France” d’apprentissage. Olivier Courtot ira ensuite observer le
travail des métaux nobles au Népal
ou au Canada, avant d’ouvrir un
premier atelier à Paris en 1982.
“J’ai coutume de dire qu’il faut dix
minutes pour comprendre le métier,
et dix ans pour l’apprendre. On
travaille parfois la résonance à
l’oreille, et l’on donne 3 600 coups
de marteau précis à l’heure. Plus
on tape le cuivre, plus il durcit”,
reprend le dinandier, restaurateur
à l’occasion d’œuvres anciennes
ou abîmées, dont les connaissances de la déco ont été affinées à
partir de vieux livres sur le sujet.
Une quinzaine
en France
Une rampe d’escalier
pas comme les autres,
œuvre du dinandier.
“Je crée également des gardecorps d’escaliers, des bas-reliefs,
et des sculptures. Vous savez, la
statue de la Liberté est un personnage en feuilles de cuivre travaillées, et serties entre elles, sur une
structure de métal !”. Ah bon ? Rien
n’est impossible au dinandier, dont
une quinzaine subsiste en France
selon Olivier Courtot, qui a même
conçu une cheminée en forme de
coquille Saint-Jacques ouverte :
“Les vases sont réalisés en un seul
morceau, et plusieurs étapes de
martelage. C’est la technique de
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“Il faut dix minutes pour comprendre
le métier, et dix ans pour l’apprendre”,
explique Olivier Courtot, dinandier
à Frontenay Rohan-Rohan.
la rétreinte, qui consiste en fait à
déplacer les molécules du cuivre
pour le former. Parfois, il faut
chauffer les pièces, puis les refroidir à l’eau, pour qu’elles retrouvent leur soupl e s s e . ” La
dinanderie proprement dite a
débuté au XIe siècle dans la vallée de la Meuse, notamment à
Dînant. Elle a sans doute inspiré
l’orfèvrerie liturgique, et s’est
découvert un âge d’or au XXe siècle avec la décoration des paquebots ou grands magasins
parisiens. Jean Dunant (18771942) en fut un maître dont les
pièces valent aujourd’hui de l’or
(on parle d'une pièce vendue aux
enchères à un million d'euros en
2005) : “Nous créons aussi des
prototypes pour l’art de la table.
Le formage du métal est fait de
gestes qu’il ne faut pas perdre,
liés à une grande connaissance
de la matière, de la chimie et du
dessin.” Du grand art en fait !
Dominique Michonneau
Contact : 05 49 05 21 15
et www.ocourtot.fr
décembre 2006
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