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Procédures de qualification
LANGUE NATIONALE LOCALE – FRANÇAIS
Gestionnaire du commerce de détail CFC
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Série 2, 2015
« JE SUIS CHOQUÉE QU'ON PUISSE S’ENDETTER SI RAPIDEMENT »
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Dans un cours de prévention donné à des apprentis, Karim Bortolussi, assistant social dans le Jura
bernois, apporte des conseils pratiques : importance d’établir un budget, fonctionnement de l’assurance
maladie, des impôts, des différents contrats, coût des prêts, pièges de la carte de crédit et de la carte
client. Il démontre combien il est facile de tomber dans la spirale de l’endettement et difficile d’en sortir.
« Ne contractez jamais un crédit pour rembourser vos autres dettes car, un jeune sur cinq est confronté à
des difficultés financières et la plupart ont contracté leur première dette avant 25 ans » insiste-t-il.
On distingue déjà les cigales des fourmis, ceux pour qui la distinction sociale passe par la consommation
et les autres, qui ont intégré les règles d’une gestion financière prudente. « Le leasing, ça permet
d’acheter une voiture neuve et de la payer plus tard », fanfaronne un jeune homme. L’assistant social met
en garde : « Avec le leasing, on vous vend du rêve. Mieux vaut encore acheter une voiture à crédit, elle
vous appartiendra et vous pourrez ainsi la revendre en cas de difficultés financières. Mais bien
évidemment, il est toujours préférable d’acheter un objet avec de l’argent liquide, qui existe réellement ! »
« Les apprentis ont une vie très intense et exigeante. Certains accordent beaucoup d’importance à
l’apparence, au téléphone portable dernier cri, aux belles voitures. Et les sollicitations commerciales sont
de plus en plus nombreuses » ajoute leur enseignant. Le saut hors du cocon familial et l’entrée dans la vie
active peut ensuite être parfois difficile à négocier, d’autant plus que le CFC n’est pas forcément
synonyme de rémunération mirobolante. Selon une étude récente, 10 % des personnes avec un CFC
gagnent moins de 3986 francs par mois, soit le seuil des bas salaires défini par l’Office fédéral de la
statistique. « Les jeunes adultes ont souvent tendance à surévaluer leur revenu. En même temps, la
publicité fait croire que tout est abordable », avance Karim Bortolussi.
Dans le questionnaire, rempli à la fin du cours, 20 % des apprentis affirment avoir déjà une ardoise
ouverte, souvent auprès de leurs proches, de petites dettes qui sont parfois le début de l’escalade : « Ces
personnes tentent d’abord de s’en sortir par elles-mêmes, en contractant d’autres prêts ou en s’adressant
à des sociétés privées de désendettement, qui facturent des frais très élevés. Lorsqu’elles nous contactent
après plusieurs années, leur situation est souvent déjà très mal engagée », s’inquiète Karim Bortolussi.
Pour Sébastien Mercier, juriste, ces mesures de prévention, en place depuis quelques années dans les
écoles sont essentielles, mais insuffisantes : « Il faudrait pouvoir toucher davantage les chômeurs, les
familles monoparentales, les jeunes parents et les migrants. » Il ajoute : « Dans un pays qui laisse
beaucoup de place aux banques et aux instituts de crédits, on a parfois l’impression de prêcher dans le
désert, car le surendettement est clairement un problème que l’on ne veut pas voir en Suisse. Tous nos
services de désendettement sont débordés. »
Ces volontés de renforcer la prévention se heurtent aux contraintes budgétaires des cantons et des
communes. Mais aussi, sur le plan national, à une majorité parlementaire qui reste très attachée à la
responsabilité individuelle et à la liberté économique dans ce domaine. Au mois de juin 2013, le Conseil
National renonçait ainsi à l’idée de taxer les prêteurs pour financer massivement la prévention, comme
cela se fait par exemple pour l’addiction au jeu générée par les casinos et devrait se faire pour l’alcool.
Retour en classe où les ateliers qui permettent notamment de confronter les apprentis à leur attraction
pour les marques finissent de convaincre les derniers récalcitrants. « Je suis choquée de voir à quelle
vitesse on peut s’endetter, ça va m’inciter à la prudence », note cette élève. « C’était très intéressant, mais
j’ai envie d’en savoir plus », affirme un autre. « Je suis un peu anxieux à l’idée de devoir gérer tout ça »,
s’inquiète encore un apprenti. Karim Bortolussi, relève que ces cours doivent servir à prolonger la
discussion au sein des familles. « A plusieurs reprises, des parents d’élèves sont venus chercher de l’aide
auprès de notre service de désendettement sur conseil de leurs enfants. »
D’après Samuel Jaberg, www.swissinfo.ch, 17 octobre 2013
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Cette série d'examen ne doit pas être utilisée comme exercice avant le
1er janvier 2016
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