Le gui - Jardin de Nantes
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Le gui - Jardin de Nantes
Thème : Végétal - Date : 17 février 2003 - N° 1219 www.jardins.nantes.fr Ma fleur préférée Ma fleur préférée est subtile, changeante, toujours débordante de générosité. De la valse des odeurs, elle est souveraine. Mystérieuses fragrances, énigmatiques parfums, tout comme les petits jours, ses effluves se suivent et ne se ressemblent pas. Rivale incontestée des plus précieux fumets, elle détrône aisément le délicat melia ou l'héliotrope gourmand. On la trouve au détour des allées ou cachée près des bancs, elle attire l'oeil ou bien le nez. L'apothéose c'est au plus chaud de l'été, elle accumule, elle engloutit, pour vous offrir enfin un coeur grouillant de générosité. Cette petite merveille aussi surprenante que déconcertante se nomme Buscida mysterium... Retirez lui ce titre un peu ronflant, ajoutez lui des poignées... Je sors la mienne tous les dimanches et vous ? La Baronne au royaume des odeurs Christelle Busson Dictons de février Soleil qui rit à la sainte Eulalie fait des pommes et des prunes, mais pas de vin (Anjou). Février n'est jamais si dur et si méchant qu'il ne nous fasse don de sept jours de printemps (Dauphiné). L eg u i Unparasitequiporte bonheur SI LE GUI EST CONNU PAR LE JARDINIER COMME UN PARASITE, C’EST AUSSI ET AVANT TOUT UNE PLANTE RICHE EN SYMBOLES ET PROPRIÉTÉS MÉDICINALES. Légende Parmi tous les habitants du Walhalla, le beau Balder est le protégé du dieu Odin. Balder fit un jour un rêve effrayant dans lequel il voyait sa mort fort proche. Bien entendu il se confia alors à Odin qui accepta de le protéger, mais pas à l’aide de cuirasses ou de gardes du corps. Le dieu fit promettre d’abord à la terre, puis à la mer, le feu, le vent, les pierres et les poissons de ne nuire en aucun cas à Balder, jusqu’au plus petit parmi les plantes et les animaux, tous prêtèrent le ser- ment d’être favorable à Balder. Odin organisa alors de grandes fêtes pour son favori, durant lesquelles le jeu préféré consistait à éprouver l’invulnérabilité du beau Balder. Mais cela rendait le méchant dieu Loki jaloux et il chercha alors de par la planète entière un allié pour tuer Balder. Hélas tous avaient promis à Odin. Loki finit par trouver à l’ouest une plante qui n’avait pas fait la promesse et se trouvait dans un arbre touffu. Elle lui dit qu’elle se cachait parce qu’elle ne voulait pas prêter le serment au dieu Odin et elle ajouta ; "Je me nomme Mistel (c’est d’ailleurs le nom allemand de la plante) et je fais ce qui me plaît de faire". Dans un de ses rameaux Loki confectionna une flèche et, lors des jeux, pour mettre à l’épreuve Balder, chargea un vieil aveugle nommé Holdür ,en guidant juste sa main ,de tirer sur Balder qui en mourut aussitôt. Tout le Walhalla fut en deuil et les dieux se repentirent d’avoir cru Balder invulnérable. Le destin parvint toujours à s’emparer d’une circonstance infime ou d’un oubli pour frapper ceux qu’il veut perdre. Comme Achille meurt pour une petite place vulnérable au talon, Siegfried succombe à cause d’une feuille collée à son dos, et Balder a péri parcequ’une seule petite plante s’était soustraite au serment d’Odin. Coutume et tradition A l’époque des celtes les druides munis d’une serpe d’or allaient cueillir cette plante sacrée au moment du solstice d’hiver, en recherchant surtout sur les chênes, symboles de force et d’immortalité.. Le druide clamait alors "O Ghel an Heu" ,c’est à dire en celte "Le grain germe". Au moyen-âge par déformation cela aurait donné "Au gui l’an neuf". De plus, le gui était paré de vertus thérapeutiques et même miraculeuses ce qui poussait les hommes à une grande considération pour cette plante. Une tradition nordique dit que si des ennemis se rencontraient sous le gui dans la forêt ils devaient cesser le combat jusqu’au lendemain. Sans doute estce là l’origine d’échanger en début d’année un baiser sous une boule de gui en signe d’amitié, mais plus encore de bienveillance, d’amour et de fécondité. Cette tradition est encore bien présente un peu partout en Europe. ces d’arbres différents. Sa forme de boule si particulière vient du fait que chaque rameau d’un an donne naissance à deux prolongements symétriques aussi bien vers le bas comme vers le haut. Curieusement le gui est dès le début capable de photosynthèse : on peut donc dire en fait qu’il est semiparasite. C’est une plante monoïque fleurissant en mars-avril et qui fournit alors la nourriture à beaucoup d’insectes butineurs y compris les insectes auxiliaires mangeurs de pucerons. La baie visqueuse et collante contient une graine que les grives vont propager car elles trouvent là leur nourriture hivernale. La grive avale les baies et lorsqu'elle se pose au sommet d’un arbre les graines rejetées avec les fientes se collent aux branches après avoir glissées vers le bas. C’est ainsi qu’elles restent suspendues au bout d’un fil de glu en attendant qu’un coup de vent ne les colle sur une branche où un premier suçoir pénétrera l’écorce si elle est assez fine et souple pour peu que les conditions atmosphériques soient bonnes. Un autre oiseau assure la dissémination du gui c’est la fauvette à tête noire. Elle décortique les baies sur place et c’est en nettoyant son bec contre les branches que les graines s’y fixent. Les nombreuses graines produites par la plante ne donnent pas nécessairement une boule, car la mésange bleue quant à elle se nourrit des graines collées aux branches. Elle équilibre ainsi un peu le système car en 35 ans de vie le gui produit près de 30.000 baies. Vertus Ses propriétés médicinales signalées sont assez nombreuses : antispasmodiques, antitumorales, guérissant la coqueluche, décongestionnant, antihémorragique, mais aussi pour soigner l’hypertension artérielle et l’artériosclérose et accessoirement comme diurétique. Il ne faut pas confondre le gui avec une autre Loranthacée : Loranthus europaeus, qui ne possède aucune propriété curative. Ses baies étant mortelles, seul les feuilles et l’écorce sont utilisées en phytothérapie. Le principe actif majeur est la viscotoxine complétée par la choline et l’acétylcholine. Certains consomment de l'infusion de gui et même du vin de gui. Vu la toxicité reconnue des baies et des feuilles, nous nous garderons bien d'en donner ici des recettes. Botanique Le gui (Viscum album) est une plante parasite de la famille des Loranthacées. Il est utilisé, comme son nom l’indique, pour fabriquer la glue et également comme plante médicinale. Il est beaucoup répandu dans les régions de l’ouest grâce au climat océanique qui lui est favorable. Nous le trouvons principalement sur le pommier, le peuplier de culture et le saule, malheureusement pour les druides, rarement sur le chêne et le poirier. Il est malgré tout capable de s’implanter sur 175 espè- 2 Désormais face au gui, sans le laisser pour autant envahir un arbre jusqu’à son épuisement, voyez le comme une plante qui pourrait guérir et plus encore comme un porte-bonheur. Pascal JOSSE 1 1 - Rameau en fleurs 2 - Rameau portant des fruits 3 - Fleurs femelles 4 - Fleurs mâles 3 4 Crédits : . Herbier légendaire de Marie Gevers . Ouest France du 5 janvier 2003 . Plantes médicinales Atlas illustré . La hulotte 49