Prostitution et drogue gonfleront le PIB de 0,2%
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Prostitution et drogue gonfleront le PIB de 0,2%
«PRODUIT CRIMINEL BRUT» 06 juin 2014 07:30; Act: 06.06.2014 07:42 Prostitution et drogue gonfleront le PIB de 0,2% LUXEMBOURG - À partir du mois de septembre, le produit intérieur brut (PIB) prendra en compte l'impact économique d’activités illégales. Un calcul qui ne génèrera pas de croissance forte. Selon le Statec, le nouveau mode de calcul de la richesse d'un pays, incluant les activités illicites, ne changera pas radicalement la donne. (photo: Editpress) 5 Recommander 0 Tweeter 0 Intégrer l'argent de la drogue, de la prostitution ou de la contrebande dans le PIB: l'Italie, la Belgique et la Grande-Bretagne ont fait sensation avec leurs annonces ces dernières semaines. Si certains médias y voyaient déjà un moyen de faire gonfler la richesse générée chaque année sur le territoire et réduire le déficit public, cela n’est que poudre aux yeux. Les pays ne font que transposer un règlement européen. Dès septembre, tous les pays de l’UE feront de même, afin d’avoir un moyen de comparaison plus adéquat. Une manière de compenser les différences entre pays, notamment entre ceux qui autorisent la consommation de drogue et les autres. «Certains pays ont voulu faire plus vite que la musique, c’est cela qui a fait croire à une action isolée, explique John Haas, directeur du département macro-statistique auprès du Statec. Il aurait été mieux que tous les pays transposent ensemble le nouveau système européen de comptabilité (SEC).» Le Luxembourg, pour sa part, l’appliquera le plus tard possible. Soit au 30 septembre. «En théorie, les revenus des activités illégales ont leur place dans le calcul du PIB depuis 1999», indique le spécialiste. Mais, faute de trouver une unité de mesure commune pour ces activités, l'idée avait été abandonnée. Et ce, jusqu'à ce qu'Eurostat planche sur la question. Une réflexion qui aura finalement duré cinq ans. Pas de pic de croissance en Europe lié au sexe et à la drogue Concrètement, les statisticiens ont dû rassembler toutes les données nécessaires à ce calcul particulier. «Nous avons dû prendre en compte le nombre de prostituées au Grand-Duché. Pour ce faire, nous avons coopéré avec tout le monde qui disposait des chiffres, que ce soit la police ou d’autres organisations», explique John Haas. Les prostituées ont alors été réparties en quatre catégories: prostitution de rue, cabaret, salon de massages et call girls. Le même procédé a été appliqué à l’économie souterraine liée au trafic de drogue. Mais consommer de la drogue contribuera-t-il à relancer l’économie? Sexe et drogue doperont-ils la croissance de l'UE? «Non, c’est faux», assure le Statec. «Le PIB augmentera d’environ 0,2%. Étant donné que le volume d’affaires du trafic de drogue et de la prostitution reste relativement stable, cela ne profitera pas à la conjoncture. Une différence de 0,2% contribuerait tout juste à un taux de croissance de trois unités après la virgule», estime l'office statistique luxembourgeois. À quelques mois de leurs applications, les nouvelles règles comptables soulèvent déjà de nombreuses questions éthiques. L’achat de navires de guerre, d’avions militaires ou de blindés, également incorporés dans le calcul, constitueront dorénavant «un investissement» pour le pays, peut-on ainsi lire dans le règlement européen. Que ces mêmes armes puissent ensuite être utilisées pour la destruction - et donc impacter négativement le PIB - n’est mentionné nulle part. Des règles qui devraient donc contribuer davantage à hérisser le poil de ceux qui débattent depuis de longues années sur le sens et le non-sens de considérer le PIB comme unique mesure de calcul de la richesse d’un pays.