L`apôtre Paul, du persécuteur au persécuté
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L`apôtre Paul, du persécuteur au persécuté
Invitation à s’instruire de l’histoire du christianisme Comme figure inaugurale de notre histoire du christianisme, nous vous proposons celui qui fut le premier à apporter l’Evangile en Europe... L’apôtre Paul, du persécuteur au persécuté Le persécuté A Rome, dans sa cellule froide et humide, un homme âgé dicte une lettre en faisant les cent pas. Grelottant, il aimerait bien avoir son manteau d’hiver. Il se sent seul en pensant à toutes les personnes qui l’ont abandonné et aussi à l’épée du bourreau qui va bientôt s’abattre sur son cou. Est-il découragé et pense-t-il que sa vie a été un gâchis ? Non, car il est prêt pour la mort. Il fait écrire : « Car pour moi, je sers déjà de libation, et le moment de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. » Il va être exécuté parce qu’il croit que Jésus est Seigneur. Le persécuteur Revenons quelques années en arrière… Par une journée chaude et ensoleillée, un jeune homme en mission va bon train sur la route conduisant « La seule manière évangélique de répandre le parfum, c’est de briser le vase qui le contient. » Auteur anonyme I 16 à Damas. Il vit en pharisien selon la secte la plus stricte de sa religion juive. Fier de l’héritage de ses pères, il obéit à la loi mosaïque jusque dans les moindres détails, persuadé qu’il jouit de la faveur de Dieu. Un sentiment d’importance l’habite, car il porte des lettres du grand prêtre l’autorisant à arrêter tout Juif qui croit dans la divinité et la résurrection de Jésus-Christ. Pour lui, la foi chrétienne est ridicule, blasphématoire et dangereuse, car elle porte atteinte au monothéisme judaïque et doit donc être combattue à tout prix. N’at-il pas récemment consenti et assisté à la lapidation d’un certain Etienne, disciple de Christ ? Il est maintenant à la tête d’un mouvement de terreur visant à détruire le christianisme. latés plus haut parlent pourtant de la même personne : Paul de Tarse. Que lui est-il donc arrivé ? Comment le vieillard qui, dans sa cellule, est prêt à mourir pour sa foi en Christ a-t-il pu, dans sa jeunesse, être un opposant farouche au christianisme ? Pour comprendre, revenons sur la route de Damas. Soudain Paul (appelé alors Saul) est aveuglé par une lumière éblouissante venant du ciel. Terrassé, il tombe à terre et entend une voix qui lui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Lorsqu’il demande qui lui parle, une réponse étonnante lui parvient : « Je suis Jésus que tu persécutes. » Tremblant et saisi d’effroi, l’esprit de Paul fonctionne à toute allure : Jésus de Nazareth est vivant ! Avec une logique implacable, il réalise * qu’il a tort et que les chrétiens ont raison. Jésus est le Bien que séparés de trente Sauveur promis ressuscité ans, les deux événements re- des morts. Paul demande alors : « Seigneur, que veuxtu que je fasse ? » Le contexte En l’an 34 de notre ère, l’Eglise des premiers jours fondée par le Seigneur Jésus-Christ est persécutée. Rendues furieuses par l’affirmation des chrétiens selon laquelle Jésus est vivant, les autorités juives mènent une campagne d’intimidation et d’arrestations contre les meneurs. Les premiers disciples sont dispersés, beaucoup sont arrêtés, certains sont exécutés alors que presque aucun païen n’est encore sauvé. Cependant, en l’espace de trente ans, l’Eglise devient un mouvement pluriethnique dynamique qui atteint, au moyen des nouvelles voies de communication d’alors, tous les coins de l’Empire romain et même la maison de César. Que s’est-il passé ? Dieu était bien sûr à l’œuvre, accomplissant ses desseins. Mais s’il y a eu un homme qui a été envoyé et dirigé par Lui pour ce changement si remarquable, c’est bien l’apôtre Paul. trente-neuf coups de fouet, trois fois il est battu de verges, une fois il est lapidé, trois fois il fait naufrage et il passe une nuit dans l’abîme. Ces souffrances s’ajoutent aux soucis quotidiens que lui occasionnent les églises, souci que nous connaissons bien aussi aujourd’hui. Y a-t-il un chrétien qui a souffert davantage pour sa foi ? Durant les trente ans qui suivent sa conversion, l’apôtre Paul se consacre complètement à la cause de Christ. Toute sa personnalité change. Il aime son prochain, il prie pour tous et dit à qui veut l’entendre comment ses péchés peuvent être pardonnés. Le missionnaire Au moment de sa conversion, Jésus donne à l’apôtre sa feuille de route : il l’établit « pour être la lumière pour les nations ». Entre l’an 34 et 64 environ, Paul parcourt des milliers de kilomètres avec un message d’amour et de pardon dans des territoires qui appartiennent aujourd’hui à la Turquie, la Grèce, la Syrie, l’Italie et aux îles de Chypre et de Malte. D’innombrables personnes expérimentent le salut en Jésus-Christ et des douzaines d’églises sont fondées avec des résultats spectaculaires. Les vies sont transformées. Le message de l’Evangile conduit les gens à s’aimer plutôt qu’à se haïr, à travailler plutôt qu’à voler, à dire la vérité plutôt qu’à mentir, à se demeurer fidèles plutôt qu’à se tromper. Les hommes et les femmes, qu’ils soient esclaves ou libres, comprennent qu’ils sont d’égale valeur aux yeux de Dieu. L’écrivain Rédiger des lettres est quelque chose de naturel pour l’apôtre. Il écrit à toutes sortes de destinataires. Ses manuscrits ont toutefois une valeur unique car, dès qu’ils sont lus, les gens y voient la parole de Dieu. Si les mots ont été écrits par la main de Paul, c’est le Saint-Esprit qui les a inspirés. L’apôtre Pierre appelle les épîtres de Paul les « Ecritures ». Si le style des lettres est parfois hardi, héroïque, vif et combatif, il est aussi tendre, délicat, doux et encourageant. Paul n’hésite pas à rompre avec les règles de grammaire ordinaires. Sa logique est brûlante du feu qui l’habite. Ses mots sont tantôt comme un torrent de montagne écuMalgré tout le bien qu’il mant, tantôt comme un doux fait, l’apôtre Paul est l’une ruisseau serpentant au milieu des personnes les plus haïes des verts pâturages. de l’Antiquité. Les Juifs le considèrent comme un traî- Les écrits de Paul abordent tre parce qu’il a abandonné les thèmes les plus imporleur foi alors que les païens tants : Dieu, Christ, le péché, (incroyants) le voient com- le salut et la sanctification. me un fauteur de troubles Ils touchent aussi aux choses qui dénonce le polythéis- les plus ordinaires : des salume. Un passage de la Bible tations à des amis, une de(2 Corinthiens 11) montre à mande de livre, un appel à ne quel point sa vie est remplie plus se disputer. Ce n’est pas d’épreuves : cinq fois il reçoit à un admirateur passif que ces textes révèlent toute leur beauté et puissance, mais à un lecteur assidu et sincère qui s’efforce de les mettre en « Le croyant est un pratique dans sa vie. Le théologien On a demandé une fois à un théologien renommé quelle était l’affirmation la plus profonde qu’il ait jamais lue. Il a répondu avec les paroles d’un chant d’enfant : « Jésus m’aime, et ça je le sais, car la Bible me le dit. » L’apôtre des païens aurait approuvé de tout cœur. Le grand thème répandu sous sa plume, tel le sang dans ses veines, est l’amour de Dieu pour les pécheurs. Au jour décisif où Paul tomba à terre, il découvrit l’amour et la grâce de Dieu en JésusChrist. Se pourraitil que lui, persécuteur des chrétiens, puisse être pardonné ? Oui ! L’apôtre conclut donc que si lui, « le premier des pécheurs », a pu être sauvé, il y a de l’espoir pour tous. témoin qui montre, il n’est pas un philosophe qui démontre. » Jean de Saussure * Paul approche de la fin de sa lettre. L’esprit de l’ancien persécuteur, toujours clair et vif, réfléchit à la conclusion. Doit-il parler Ruines de l’antique et de ses souffrances, ou de son magnifique bibliothèque œuvre, ou encore des nom- d’Ephèse, l’une des villes breux convertis de son mioù l’apôtre Paul a nistère ? Non. Il termine en exercé son ministère parlant de son Sauveur et de sa grâce : « Que le Seigneur soit avec ton esprit ! Que la grâce soit avec vous ! » (Fin de la deuxième épître à 17 Timothée.) I I