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PA R C D E L O I S I R S
Prairie alpine p
Au cœur du pays de Gex, en Haute-Savoie,
le Vitam’Parc expose depuis un an ses
11 800 m2 de toiture-terrasse végétalisée.
Un chantier référence, presque entièrement
réalisé sur bac acier à grande portée, qui
réussit parfaitement le pari HQE de se fondre
dans son paysage.
vec 11 800 m2 de végétalisation, le Vitam’Parc
de Neydens, en Haute-Savoie, possède une des
plus grandes toitures-terrasses végétalisées de
France. L’ensemble constitue une vitrine grandiose de
l’engouement pour la toiture verte en Rhône-Alpes. Il
faut dire que la région subit l’influence de la Suisse,
pionnière en matière de développement durable,
comme en témoigne le label Minergie. Ce complexe de
loisirs Haute qualité environnementale a été réalisé à
l’image des grands centres commerciaux américains.
« L’idée était de joindre l’utile à l’agréable, avec une grande
structure où les gens peuvent à la fois faire leurs courses et
se détendre », commente Roland Cothenet, directeur de
l’agence rhônalpine de Soprema Entreprises, en charge
du lot étanchéité. Situé au cœur du pays de Gex, entre
les grands centres que sont Genève, Annemasse et
Annecy, le Vitam’Parc ne manque pas de visiteurs potentiels. Et pour ce qui est de la démarche HQE, revendiquée par le bâtiment, impossible de lui dénier la cible
« intégration à l’environnement visuel » !
« La toiture cintrée permet de marier formellement la volumétrie du bâtiment au paysage, détaille Mouktar
Ferroudj, de Gm2a, un des trois cabinets d’architecture à
l’origine du projet. Nous voulions retrouver l’apparence
des prairies alpines. Le site a été modelé sur toute la parcelle. Cela nous a aussi permis de décaisser les voies de circulation de services permettant l’exploitation du site. » La
végétalisation, proposée à l’origine par le cabinet
d’architectes barcelonais L35, recouvre l’intégralité des
espaces commerciaux et de loisirs sportifs. Cette grande
surface courbe est visible du sol et, sitôt que l’on
s’éloigne un peu du bâtiment, semble s’intégrer aux parcelles environnantes, changeant de couleurs au gré des
saisons.
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© Soprema Entreprises
A
Les 12 000 m2 ont été végétalisés à l’aide de rouleaux précultivés de type Toundra.
© Soprema Entreprises
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Le dispositif change de couleur selon les saisons.
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e pour complexe à l’américaine
Le lot végétalisation est en fait constitué de deux parties : une petite zone de 1 500 m2 en contrebas, entièrement sur support béton, et l’essentiel, un peu plus de
10 000 m2, en hauteur, réalisé sur bac acier à grande
portée et affichant des pentes jusqu’à 20 %.
Pour réaliser cette
corniche, l’étancheur
a utilisé un grand
développé de tôle de
3 mètres, cintré pour
obtenir une avancée
de 1,25 mètre.
Première difficulté : la charpente en lamellé-collé.
« Les pannes étaient interrompues au niveau des fermes,
se rappelle Nicolas Sarti, responsable du chantier
pour Soprema Entreprises. Nous avons donc ajouté des
U en acier galvanisé pour assurer la continuité du support et pouvoir poser les bacs acier. » Ces derniers, des
tôles perforées de 75/100 d’épaisseur, ont été disposés sur les pannes de 4 mètres d’entraxe maximum.
Afin d’assurer la sécurité, des pinces de serrage ou des
platines oméga avec potelets porte-filet ont été positionnées à l’avancée des bacs.
Système perforé oblige, un pare-vapeur constitué
d’une feuille d’aluminium de 0,04 mm collée sur un
voile de verre vient se dérouler sur l’acier, surmonté
par l’isolant, une laine de roche de classe C surfacée
bitume de 120 mm d’épaisseur. Soudé en plein sur
l’isolant, un complexe bicouche élastomère assure ensuite l’étanchéité. La couche drainante est constituée
de 4 cm d’argile expansée et recouverte du complexe
de végétalisation : un substrat extensif en rouleau de
type Toundra. « Nous voulions que le bâtiment renvoie
tout de suite l’image que nous avions prévue, or ce système permet d’obtenir un rendu esthétique immédiat »,
explique Mouktar Ferroudj.
© Nicolas Pinzon
10 000 m2 sur bac acier
Simples à mettre en œuvre, les rouleaux précultivés
ont toutefois nécessité une bonne synchronisation du
chantier compte tenu de l’ampleur de ce dernier.
« Nous posions 1 800 m2 par jour, précise Nicolas Sarti.
Or, on ne peut conserver les rouleaux précultivés
plus de deux jours. Il a donc fallu organiser
l’approvisionnement de manière minutieuse pour faire
arriver les rouleaux au fur et à mesure de la pose. » Sans
oublier que les bacs acier n’ont qu’une portance limitée : impossible de stocker l’ensemble sur la toiture.
Un planning précis des livraisons de rouleaux, du positionnement des transporteurs et des grues a donc
© Photo Pro Event/D. Keller
L E V I TA M ’ PA R C
Les espaces sportif et commercial ne constituent qu’une partie du Vitam’Parc, un projet de
70 millions d’euros proposant 40 000 m2 d’activités, de loisirs actifs et de bien-être pour tous. D’un
point de vue architectural, l’ensemble propose, en plus d’une toiture végétalisée, l’usage de
matériaux innovants comme un immense dôme en ETFE (éthylène tétrafluoroéthylène), polymère
thermoplastique déployé sous pression, sur charpente bois, constituant ainsi une alternative au
verre. Situé près de Neydens (74), entre les grandes agglomérations d’Annemasse, Annecy et
Genève, ce centre inauguré en mai 2009 est conçu pour accueillir 630 000 visiteurs par an.
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© Soprema Entreprises
La toiture en bac
acier est cintrée et
affiche des pentes
jusqu’à 20 %.
© Nicolas Pinzon
Le bâtiment vise
clairement la cible
HQE « intégration
au paysage ».
été établi, précisant les zones périphériques à libérer
ainsi que les plages de pose de la couche drainante
(l’arrosage n’étant nécessaire que les premiers mois, le
temps de la prise racinaire, aucun système d’irrigation
n’a été intégré). Et au-delà de cette contrainte journalière, hors de question de laisser le chantier
s’éterniser : « Les rouleaux précultivés se posent idéalement au début de l’automne, or la livraison du chantier
était prévue pour septembre, commente Nicolas Sarti.
Nous avons donc planifié la pose en avril et mai. Il est
délicat d’effectuer ce travail en été ou en hiver, surtout
dans cette région où on atteint facilement les – 20 °C. »
Planning serré
Dernière contrainte chronologique : le phasage des
lots. Sur un chantier aussi étendu, les différents corps
de métier se sont croisés à plusieurs reprises. Ainsi, le
mur d’escalade du complexe sportif (15 mètres de
haut) traverse la toiture, protégé par une « bulle » en
ETFE. Le raccord entre cette partie et l’acrotère béton
sur lequel remontaient les costières d’étanchéité
accueillait notamment une réalisation de serrurerie,
qui n’a pu être effectuée qu’après la pose des semis.
Une inversion dans le déroulement prévu des opérations, qui a fatalement eu des conséquences sur le résultat et nécessité une correction ultérieure. Pour
l’architecte, l’intégration des joints de dilatation au
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dessin de la toiture a également constitué une
contrainte : « Les bandes stériles obligatoires de part et
d’autres risquaient de créer une rupture dans le complexe. » La conception a permis de ne faire apparaître
qu’un seul joint, « coupant » transversalement la toiture. « Nous l’avons traité de manière traditionnelle, en
double costière », précise Nicolas Sarti. Quant aux descentes d’eaux pluviales, elles sont réparties en noues
de rive, le long des bandes stériles gravillonnées entourant le complexe.
Les relevés ont pour leur part fait l’objet d’un traitement classique : un enduit d’imprégnation à froid,
surmonté d’une équerre de renfort et d’une feuille de
bitume élastomère avec armature polyester non tissé.
Enfin, une corniche encadre une partie des rives, là où
la toiture forme un auvent au-dessus de la zone de livraison du supermarché. Également réalisée par
Soprema Entreprises, elle devait à l’origine être
conçue en composite d’aluminium. « Nous avons finalement opté pour un grand développé en tôle de
3 mètres, que nous avons façonné pour obtenir une
avancée de 1,25 mètre », indique Nicolas Sarti.
Dernier ouvrage traité : la terrasse basse, en béton,
dont la pente n’excède pas 3 %. Le complexe bicouche
a été posé en indépendance au-dessus du pare-vapeur
et de l’isolant en polyuréthanne de 80 mm. En ce qui
concerne la végétalisation, même problématique,
même solution : elle a également été réalisée en rouleaux précultivés. À noter que, dans une logique HQE,
les différents acrotères du bâtiment ont été isolés.
Inauguré l’an dernier, le bâtiment constitue toujours
une référence technique en matière de végétalisation
de grande surface. En 2009, les responsables du projet de nouveau parc des expositions de Villepinte, au
nord de Paris, ont ainsi visité les installations savoyardes avant de construire la toiture du complexe
nord-francilien. Avec 15 000 m2, cet ouvrage occupe
depuis la marche haute du podium des végétalisations
hors normes.
JULIEN MEYRAT
LES INTERVENANTS
Maître d’ouvrage : Migros France
Maître d’œuvre : Soprema Entreprises Rhône-Alpes
Architectes : Luisa Badía (L35-Barcelone), Mouktar Ferroudj
(Gm2a-Paris), Antoine Muller (Gmaa-Genève)
Étanchéité : Sopralene Flam Jardin
Végétalisation : Sopranature, système Toundra

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