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EI27_P44-46:EI10_version 15/10/10 15:37 Page 44 R É A L I S AT I O N > PA R C D E L O I S I R S Prairie alpine p Au cœur du pays de Gex, en Haute-Savoie, le Vitam’Parc expose depuis un an ses 11 800 m2 de toiture-terrasse végétalisée. Un chantier référence, presque entièrement réalisé sur bac acier à grande portée, qui réussit parfaitement le pari HQE de se fondre dans son paysage. vec 11 800 m2 de végétalisation, le Vitam’Parc de Neydens, en Haute-Savoie, possède une des plus grandes toitures-terrasses végétalisées de France. L’ensemble constitue une vitrine grandiose de l’engouement pour la toiture verte en Rhône-Alpes. Il faut dire que la région subit l’influence de la Suisse, pionnière en matière de développement durable, comme en témoigne le label Minergie. Ce complexe de loisirs Haute qualité environnementale a été réalisé à l’image des grands centres commerciaux américains. « L’idée était de joindre l’utile à l’agréable, avec une grande structure où les gens peuvent à la fois faire leurs courses et se détendre », commente Roland Cothenet, directeur de l’agence rhônalpine de Soprema Entreprises, en charge du lot étanchéité. Situé au cœur du pays de Gex, entre les grands centres que sont Genève, Annemasse et Annecy, le Vitam’Parc ne manque pas de visiteurs potentiels. Et pour ce qui est de la démarche HQE, revendiquée par le bâtiment, impossible de lui dénier la cible « intégration à l’environnement visuel » ! « La toiture cintrée permet de marier formellement la volumétrie du bâtiment au paysage, détaille Mouktar Ferroudj, de Gm2a, un des trois cabinets d’architecture à l’origine du projet. Nous voulions retrouver l’apparence des prairies alpines. Le site a été modelé sur toute la parcelle. Cela nous a aussi permis de décaisser les voies de circulation de services permettant l’exploitation du site. » La végétalisation, proposée à l’origine par le cabinet d’architectes barcelonais L35, recouvre l’intégralité des espaces commerciaux et de loisirs sportifs. Cette grande surface courbe est visible du sol et, sitôt que l’on s’éloigne un peu du bâtiment, semble s’intégrer aux parcelles environnantes, changeant de couleurs au gré des saisons. > © Soprema Entreprises A Les 12 000 m2 ont été végétalisés à l’aide de rouleaux précultivés de type Toundra. © Soprema Entreprises > Le dispositif change de couleur selon les saisons. 44 · ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 27 · OCTOBRE 2010 EI27_P44-46:EI10_version 15/10/10 15:37 Page 45 e pour complexe à l’américaine Le lot végétalisation est en fait constitué de deux parties : une petite zone de 1 500 m2 en contrebas, entièrement sur support béton, et l’essentiel, un peu plus de 10 000 m2, en hauteur, réalisé sur bac acier à grande portée et affichant des pentes jusqu’à 20 %. Pour réaliser cette corniche, l’étancheur a utilisé un grand développé de tôle de 3 mètres, cintré pour obtenir une avancée de 1,25 mètre. Première difficulté : la charpente en lamellé-collé. « Les pannes étaient interrompues au niveau des fermes, se rappelle Nicolas Sarti, responsable du chantier pour Soprema Entreprises. Nous avons donc ajouté des U en acier galvanisé pour assurer la continuité du support et pouvoir poser les bacs acier. » Ces derniers, des tôles perforées de 75/100 d’épaisseur, ont été disposés sur les pannes de 4 mètres d’entraxe maximum. Afin d’assurer la sécurité, des pinces de serrage ou des platines oméga avec potelets porte-filet ont été positionnées à l’avancée des bacs. Système perforé oblige, un pare-vapeur constitué d’une feuille d’aluminium de 0,04 mm collée sur un voile de verre vient se dérouler sur l’acier, surmonté par l’isolant, une laine de roche de classe C surfacée bitume de 120 mm d’épaisseur. Soudé en plein sur l’isolant, un complexe bicouche élastomère assure ensuite l’étanchéité. La couche drainante est constituée de 4 cm d’argile expansée et recouverte du complexe de végétalisation : un substrat extensif en rouleau de type Toundra. « Nous voulions que le bâtiment renvoie tout de suite l’image que nous avions prévue, or ce système permet d’obtenir un rendu esthétique immédiat », explique Mouktar Ferroudj. © Nicolas Pinzon 10 000 m2 sur bac acier Simples à mettre en œuvre, les rouleaux précultivés ont toutefois nécessité une bonne synchronisation du chantier compte tenu de l’ampleur de ce dernier. « Nous posions 1 800 m2 par jour, précise Nicolas Sarti. Or, on ne peut conserver les rouleaux précultivés plus de deux jours. Il a donc fallu organiser l’approvisionnement de manière minutieuse pour faire arriver les rouleaux au fur et à mesure de la pose. » Sans oublier que les bacs acier n’ont qu’une portance limitée : impossible de stocker l’ensemble sur la toiture. Un planning précis des livraisons de rouleaux, du positionnement des transporteurs et des grues a donc © Photo Pro Event/D. Keller L E V I TA M ’ PA R C Les espaces sportif et commercial ne constituent qu’une partie du Vitam’Parc, un projet de 70 millions d’euros proposant 40 000 m2 d’activités, de loisirs actifs et de bien-être pour tous. D’un point de vue architectural, l’ensemble propose, en plus d’une toiture végétalisée, l’usage de matériaux innovants comme un immense dôme en ETFE (éthylène tétrafluoroéthylène), polymère thermoplastique déployé sous pression, sur charpente bois, constituant ainsi une alternative au verre. Situé près de Neydens (74), entre les grandes agglomérations d’Annemasse, Annecy et Genève, ce centre inauguré en mai 2009 est conçu pour accueillir 630 000 visiteurs par an. ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 27 · OCTOBRE 2010 · 45 EI27_P44-46:EI10_version 15/10/10 15:37 Page 46 R É A L I S AT I O N > © Soprema Entreprises La toiture en bac acier est cintrée et affiche des pentes jusqu’à 20 %. © Nicolas Pinzon Le bâtiment vise clairement la cible HQE « intégration au paysage ». été établi, précisant les zones périphériques à libérer ainsi que les plages de pose de la couche drainante (l’arrosage n’étant nécessaire que les premiers mois, le temps de la prise racinaire, aucun système d’irrigation n’a été intégré). Et au-delà de cette contrainte journalière, hors de question de laisser le chantier s’éterniser : « Les rouleaux précultivés se posent idéalement au début de l’automne, or la livraison du chantier était prévue pour septembre, commente Nicolas Sarti. Nous avons donc planifié la pose en avril et mai. Il est délicat d’effectuer ce travail en été ou en hiver, surtout dans cette région où on atteint facilement les – 20 °C. » Planning serré Dernière contrainte chronologique : le phasage des lots. Sur un chantier aussi étendu, les différents corps de métier se sont croisés à plusieurs reprises. Ainsi, le mur d’escalade du complexe sportif (15 mètres de haut) traverse la toiture, protégé par une « bulle » en ETFE. Le raccord entre cette partie et l’acrotère béton sur lequel remontaient les costières d’étanchéité accueillait notamment une réalisation de serrurerie, qui n’a pu être effectuée qu’après la pose des semis. Une inversion dans le déroulement prévu des opérations, qui a fatalement eu des conséquences sur le résultat et nécessité une correction ultérieure. Pour l’architecte, l’intégration des joints de dilatation au 46 · ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 27 · OCTOBRE 2010 dessin de la toiture a également constitué une contrainte : « Les bandes stériles obligatoires de part et d’autres risquaient de créer une rupture dans le complexe. » La conception a permis de ne faire apparaître qu’un seul joint, « coupant » transversalement la toiture. « Nous l’avons traité de manière traditionnelle, en double costière », précise Nicolas Sarti. Quant aux descentes d’eaux pluviales, elles sont réparties en noues de rive, le long des bandes stériles gravillonnées entourant le complexe. Les relevés ont pour leur part fait l’objet d’un traitement classique : un enduit d’imprégnation à froid, surmonté d’une équerre de renfort et d’une feuille de bitume élastomère avec armature polyester non tissé. Enfin, une corniche encadre une partie des rives, là où la toiture forme un auvent au-dessus de la zone de livraison du supermarché. Également réalisée par Soprema Entreprises, elle devait à l’origine être conçue en composite d’aluminium. « Nous avons finalement opté pour un grand développé en tôle de 3 mètres, que nous avons façonné pour obtenir une avancée de 1,25 mètre », indique Nicolas Sarti. Dernier ouvrage traité : la terrasse basse, en béton, dont la pente n’excède pas 3 %. Le complexe bicouche a été posé en indépendance au-dessus du pare-vapeur et de l’isolant en polyuréthanne de 80 mm. En ce qui concerne la végétalisation, même problématique, même solution : elle a également été réalisée en rouleaux précultivés. À noter que, dans une logique HQE, les différents acrotères du bâtiment ont été isolés. Inauguré l’an dernier, le bâtiment constitue toujours une référence technique en matière de végétalisation de grande surface. En 2009, les responsables du projet de nouveau parc des expositions de Villepinte, au nord de Paris, ont ainsi visité les installations savoyardes avant de construire la toiture du complexe nord-francilien. Avec 15 000 m2, cet ouvrage occupe depuis la marche haute du podium des végétalisations hors normes. JULIEN MEYRAT LES INTERVENANTS Maître d’ouvrage : Migros France Maître d’œuvre : Soprema Entreprises Rhône-Alpes Architectes : Luisa Badía (L35-Barcelone), Mouktar Ferroudj (Gm2a-Paris), Antoine Muller (Gmaa-Genève) Étanchéité : Sopralene Flam Jardin Végétalisation : Sopranature, système Toundra