Télécharger - Thèses d`exercice de Santé

Transcription

Télécharger - Thèses d`exercice de Santé
1
UNIVERSITE TOULOUSE III PAUL SABATIER
FACULTE DE CHIRURGIE DENTAIRE
Année 2016
Thèse n° 2016-TOU3-3080
THESE
Pour le
DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
Présentée et soutenue publiquement par
MERCIER Pauline
Le 21 Novembre 2016
LA CREATION D’UN CABINET DENTAIRE EN ENTREPRISE INDIVIDUELLE
Directeur de thèse : Docteur VERGNES Jean-Noël
JURY:
Président de Jury :
Professeur SIXOU Michel
1er assesseur :
Docteur JONIOT Sabine
2ème assesseur :
Docteur HAMEL Olivier
3ème assesseur :
Docteur VERGNES Jean-Noël
3
4
5
Remerciements
A mes parents, pour leur soutien inconditionnel et sans faille. Vous m’avez permis
d’être celle que je suis aujourd’hui, plus forte, plus sûre de moi, et de m’accomplir dans la
vie. Papa, tu es un modèle d’amour, de travail et de réussite, merci pour TOUT. Maman, tu es
la sagesse et la patience, pleine d’attentions et de sentiments, merci pour tout ce que tu
donnes sans rien reprendre. Je vous aime du plus profond de mon cœur.
A mes sœurs, de me permettre de connaître ce qu’est le partage, les rires, les pleurs.
A Marlène pour toutes ces années à veiller l’une sur l’autre, à savoir que c’est souvent loin
des yeux mais près du cœur. A Elsa, mon petit bout de femme que je protègerai toujours. Je
veux faire de notre vie des souvenirs communs. Je vous aime bien plus que vous ne le pensez.
A Emilien, mon Amour, mon chat, mon Lou, mon confident, mon ami, mais surtout
mon futur mari, je tiens à te dire merci. Merci de ta patience durant ces années d’études pas
toujours faciles à concilier avec notre vie de couple. Tu as été et tu seras toujours là. La
première de nos conclusions est que le plus grand bonheur est de t’avoir retrouvé et de vivre
à tes côtés. Je t’aime.
A mes grands-parents, qui ont toujours gardé un œil sur ma vie et mes études. Je suis
heureuse de vous avoir, Papi, Mamie, vous êtes si précieux. Je vous aime.
A mes beaux-parents, Yves et Claudie, merci pour leur gentillesse en toute occasion
et leur soutien ; à Lucie et Pierre, merci de me soutenir dans mes projets, et d’être des Amis
avant tout. Je vous aime.
A mon binôme de « choc », Marine, pour son amitié, pour ces années passées
ensemble, sans se quitter d’une semelle et pour ton hospitalité ! On a eu besoin l’une de
l’autre, on a évolué ensemble, grandit aussi. Rien n’aurait été pareil sans toi. Merci pour
tout. Love ma Nine ! A Diane, pour son soutien démesuré, son amitié et son hospitalité aussi.
Je sais que malgré la distance, te revoir sera toujours un bonheur. Je te souhaite de réussir et
de vivre heureuse. Love Didou.
A mes ami(e)s, Luciole, ma colocataire des dernières années étudiantes et mon amie
de toujours ; à Slide, ma grande copine, mon acolyte de nos soirées d’ados à la « BAMA »
aujourd’hui devenue Maman ; à Pierrot, comme un frère, sans parler on se comprend, tu me
manques ; à Valoche et Sucette, Belette et Jerèm, des amis sur qui je compte désormais ; à
Jojo et Angélique, un couple avec le cœur sur la main. Je vous aime et je vous dis merci
d’être présents chaque instant.
A ma cousine Laura, pour ces années de complicité et ses conseils avertis en tant
qu’amie et « bonne psychologue »
6
A Papi « casquette », qui repose en paix.
A Tonton Bernard, parti bien trop tôt.
A mon Thomas, mon frérot, qui me manque tant…
7
A notre président de jury,
Monsieur le Professeur Michel SIXOU
-
Professeur des Universités, Praticien Hospitalier d’Odontologie,
-
Doyen honoraire de la Faculté de Chirurgie Dentaire de Toulouse,
-
Docteur en Chirurgie Dentaire,
-
Docteur de l'Université Paul Sabatier,
-
Habilitation à Diriger des Recherches (H.D.R.),
-
Ancien Vice-Président Délégué à l’Université Paul Sabatier,
-
Lauréat de l'Université Paul Sabatier.
Nous sommes honorés que vous ayez accepté la présidence de ce jury pour ce travail de
fin d’études.
Nous vous remercions pour votre écoute et votre disponibilité tout au long de nos études
et de notre formation clinique ainsi que pour votre bienveillance.
Nous somme sensible à la confiance que vous nous avez porté et aux conseils que vous
nous avez prodigués.
Veuillez trouver, par le biais de ce travail, l’assurance de notre respect le plus sincère.
8
A notre jury de thèse,
Madame le Docteur Sabine JONIOT
-
Maître de Conférences des Universités, Praticien hospitalier d’Odontologie,
-
Vice Doyen de la Faculté de chirurgie dentaire de Toulouse,
-
Responsable de la sous-section « Sciences Anatomiques et physiologiques,
Occlusodontiques,
-
Biomatériaux, Biophysique, Radiologie »,
-
Docteur en Chirurgie Dentaire,
-
Docteur d'Etat en Odontologie,
-
Habilitation à diriger des recherches (HDR),
-
Lauréate de l’Université Paul Sabatier.
Nous sommes très honorés que vous ayez accepté de juger ce travail de fin d’étude.
Nous vous remercions de nous avoir donné le « goût » de l’exercice de l’art dentaire
grâce à vos dispenses de cours lors des premières années de préparation aux concours de
médecine et dentaire.
Nous sommes très reconnaissants de l’enseignement théorique que vous nous avez donné
ainsi que des conseils pratiques lors de nos vacations cliniques.
Votre gentillesse, votre écoute et votre confiance tout au long de ces années ont été
bénéfiques et enrichissants.
Nous vous remercions pour toute la bienveillance que vous avez transmise aux patients et
à vos étudiants.
Veuillez trouver, au travers de ce travail de thèse, toute notre reconnaissance et nos
meilleurs sentiments.
9
A notre jury de thèse,
Monsieur le Docteur HAMEL Olivier
-
Maître de Conférences des Universités, Praticien Hospitalier d’Odontologie,
d’Enseignement et de Recherches Dentaires.
-
Responsable de la sous-section « Prévention, Epidémiologie, Economie de la Santé,
Odontologie Légale ».
-
Enseignant-chercheur au Laboratoire d’Ethique Médicale et de Médecine Légale de la
Faculté de Médecine de l’Université Paris Descartes (EA 4569).
-
Docteur en Chirurgie Dentaire.
-
Spécialiste Qualifié « Médecine Bucco-Dentaire ».
-
Docteur de l’Université Paris Descartes.
-
Habilitation à Diriger des Recherches.
-
Chevalier dans l’Ordre des Palmes Académiques.
Nous sommes très honorés que vous ayez accepté de siéger dans ce jury afin de juger
le travail accompli.
Nous vous remercions pour votre dévouement tout au long de nos études, votre écoute
lors de vos enseignements et notamment lors du cursus clinique à l’Hotel-Dieu.
Nous sommes très reconnaissants de votre confiance accordée ainsi que de votre
grande disponibilité. Votre porte a toujours été grande ouverte pour discuter avec nous de
nos soucis rencontrés, de nos états d’âmes et de nos diverses interrogations et propositions.
Nous vous remercions infiniment pour tous vos conseils partagés et vos valeurs
humaines.
Veuillez trouver, au travers de ce travail, toute l’expression de nos meilleurs et
sincères sentiments.
10
A notre directeur de thèse,
Monsieur le Docteur Jean-Noël VERGNES
-
Maître de Conférences des Universités, Praticien Hospitalier d’Odontologie,
-
Docteur en Epidémiologie,
-
Docteur en Chirurgie Dentaire,
-
Professeur associé, Oral Health and Society Division, Université McGill –Montréal,
Québec – Canada,
-
Maîtrise de Sciences Biologiques et Médicales,
-
Master2 Recherche – Epidémiologie clinique,
-
Diplôme d’Université de Recherche Clinique Odontologique,
-
Lauréat de l’Université Paul Sabatier
Nous sommes très honorés que vous ayez accepté de siéger dans ce jury et de diriger ce
travail.
Nous vous remercions pour votre confiance dans ce projet ainsi que pour tous vos
conseils avertis et votre sensibilité sur le sujet.
Vous nous avez transmis des valeurs humaines indispensables tout au long de notre
cursus de formation. Ces valeurs seront des piliers et des guides sur lesquels nous nous
appuierons et auxquels nous penserons à chaque étape de notre développement professionnel.
Votre empathie, envers le patient mais surtout envers vos étudiants, nous a permis de
grandir et de s’assumer afin de devenir des praticiens égaux à nous-même. Grâce à vos
approches « centrées sur la personne », nous gardons à l’esprit que le soin apporté sera
toujours le plus satisfaisant pour le patient qui se présentera à nous. Vous nous avez transmis
l’idée de la différence de chacun dans les façons d’être, d’interpréter et de réagir et cela
constitue la plus grande richesse de notre métier. Un immense merci pour votre courage,
votre patience et votre générosité : cela restera une source d’inspiration pour nous.
Nous sommes très sensibles à votre humilité et votre dévotion.
Nous espérons que ce travail sera à la hauteur de vos attentes et que vous y trouverez
toute l’expression de nos meilleurs sentiments et notre sincère gratitude.
11
Table des matières
Introduction
13
Première partie : Le choix du lieu et du mode d’exercice
16
I.
II.
Le choix du lieu d’exercice
1. Etude de marché et démographique
17
2. Etude de l’emplacement
18
Choix du mode d’exercice et de la forme juridique
1. L’entreprise individuelle
21
21
b. Le régime fiscal de l’EI
23
c. Le régime social de l’EI
23
Deuxième partie : Les moyens matériels
II.
20
a. L’exercice en Entreprise Individuelle (EI)
2. L’entreprise individuelle à responsabilité limité
I.
17
L’immobilier : le choix du local, la location ou l’achat
23
27
28
1. Le choix
28
2. La location
30
3. L’achat et ses différentes formes juridiques
31
4. Le financement selon l’option choisie
31
Le matériel
32
1. Le choix du matériel
32
2. Louer ou acheter son matériel
35
12
Troisième partie : L’étude prévisionnelle et de faisabilité
37
I.
Le prévisionnel comptable
38
II.
Les aides et les subventions
41
III.
Les démarches auprès des organismes financiers
41
Quatrième partie : L’installation
44
I.
Le choix de l’architecture du cabinet : plans et ergonomie du cabinet
45
II.
L’Intervention des différents organismes compétents
48
III.
Autorisations administratives et inscriptions
51
1. Inscription au tableau de l’ordre départemental
51
2. L’immatriculation à un centre de formalités des entreprises
52
3. L’affiliation à la caisse de retraite
53
4. La souscription d’un Responsabilité Civile Professionnelle (RCP)
53
Cinquième partie : bien préparer le début d’activité
54
I.
Le choix du laboratoire de prothèse
55
II.
Choisir son logiciel dentaire
55
III.
La gestion des déchets
56
IV.
Les urgences médicales : trousse de secours et formation aux
gestes d’urgence
La publicité
57
58
V.
VI.
L’insertion dans les annuaires téléphoniques et la création de
la plaque professionnelle
59
Conclusion
60
Bibliographie
62
Annexes
64
Glossaire
78
13
INTRODUCTION
14
Vouloir exercer en tant que chirurgien-dentiste libéral en France en 2016, c’est vouloir
devenir à la fois soignant et chef d’entreprise.
Vouloir créer son propre cabinet dentaire, c’est vouloir s’implanter professionnellement où on
désire vivre, mais aussi prendre des risques et se lancer dans une aventure chargée de
rebondissements et de difficultés.
Le cursus universitaire ne donne pas toutes les clés nécessaires au projet très personnel de
création d’un cabinet dentaire. Les aspects cliniques et théoriques du métier sont connus de
tout praticien mais la gestion particulière d’une entreprise est une expérience de terrain
essentiellement.
S’installer dans un endroit choisi par le praticien est un choix personnel autour duquel
plusieurs éléments décisionnels entrent en jeu. De plus, créer son cabinet c’est déterminer en
premier lieu son mode d’exercice. Ici sera abordé le choix de la structure en Entreprise
Individuelle : le praticien décide d’exercer seul. Le choix du lieu et de la forme juridique sera
donc ancré dans une première partie.
La création d’un cabinet dentaire en Entreprise Individuelle requiert la présence de locaux et
de matériel. Le choix du lieu d’exercice ainsi que les différentes solutions concernant
l’obtention d’un local pour l’exercice de la chirurgie-dentaire seront précisés dans la seconde
partie de ce développement. Suite à cela, les moyens matériels seront abordés afin de discuter
de la sélection de l’équipement nécessaire à toute activité dentaire.
Un élément charnière à toute création d’entreprise viendra compléter ce travail : l’étude
prévisionnelle et de faisabilité fera l’objet d’une troisième partie qui appuiera les deux
précédentes à travers des explications comptables et un développement sur les aides et
subventions et les démarches auprès des organismes financiers. En effet, les jeunes praticiens
sont souvent effrayés par l’importance des obligations juridiques, sociales et fiscales et de
surcroît lors de la création d’un cabinet dentaire en Entreprise Individuelle. Pour pallier à cela
et montrer que tout est réalisable, cette partie permet de se rendre compte des attentes
comptables et fiscales lors de ce projet.
15
L’installation en tant que praticien libéral en entreprise individuelle et lors d’une création
requiert beaucoup d’investissement de la part du praticien en amont de ce projet.
La réflexion au sujet de l’organisation architecturale des futurs locaux de soins demandera
une exigence particulière et il faut toujours garder à l’esprit que beaucoup de normes
viendront régir ces plans. La quatrième partie de cette thèse décrira l’installation en ellemême avec le recours aux organismes compétents ainsi que les inscriptions et démarches à
effectuer dans le but d’ouvrir un cabinet en bon et due forme.
La dernière partie permettra de donner les dernières clés indispensables afin de finaliser une
création de cabinet. En effet, chaque praticien devra faire des démarches afin de rechercher
les prothésistes dentaires qui pourront lui convenir à la réalisation de ses travaux prothétiques,
mais il nécessitera aussi le choix d’un logiciel dentaire afin d’accomplir les tâches
quotidiennes administratives du cabinet. De plus, certains points comme la gestion des
déchets infectieux, la gestion des urgences médicales, et les notions de publicité du cabinet
seront mis en avant dans cet ultime développement.
Une multitude d’étapes se succèdent et cette thèse n’a pas pour prétention d’apporter toutes
les réponses aux interrogations que peut se poser un chirurgien-dentiste s’apprêtant à créer
son cabinet. Néanmoins, nous avons cherché à regrouper et à transmettre de façon la plus
exhaustive possible, les différentes informations primordiales à la création d’un cabinet
dentaire dans le cadre d’une entreprise individuelle de façon à rendre cette ambition plus
accessible pour ceux qui ne se penseraient pas capables de se lancer dans cette belle aventure.
16
PREMIERE PARTIE :
Le choix du lieu et du mode d’exercice
17
I.
Le lieu :
Le choix du lieu d’exercice est influencé bien souvent par des motivations personnelles : le
lieu de naissance et le lieu de vie, mais aussi les avantages financiers ainsi que les besoins en
santé publique.
La création d’un cabinet dentaire en libéral tient compte pleinement du projet personnel de
chacun et d’un projet de vie souhaité.
1. Etude de marché et démographique
L’étude de marché - préalable à une création de cabinet permet de connaître les besoins de
santé concernant la profession et l’offre existante. Grâce à ces études il est possible
d’imaginer quelle sera l’activité professionnelle et de se projeter ou non dans la région
choisie.
Les besoins de santé peuvent nous être renseignés par la Caisse Primaire d’Assurance
Maladie (CPAM) départementale. (1) Le contact téléphonique avec la caisse primaire du
département concerné permet d’avoir des informations qui peuvent nous être transmises par
fichier informatisé via des mails par exemple.
La section départementale de l’Union Française de Soins Bucco-Dentaires (UFSBD) peut
également nous renseigner sur certains points de besoins de santé dans la région concernée
par la création du cabinet dentaire. (2)
Certains syndicats départementaux ont la possibilité de nous fournir des informations relatives
à ces besoins de santé, en voici une liste non exhaustive :
-
la Confédération Nationale des Syndicats Dentaires (CNSD),
-
la Fédération des Syndicats Dentaires Libéraux (FSDL),
-
l’Union des Jeunes Chirurgiens-Dentistes (UJCD-Union Dentaire)
-
le Syndicat National des Chirurgiens-Dentistes de Centres de Santé (SNCDCS)
-
le Syndicat national des Femmes Chirurgiens-Dentistes (SFCD).
18
L’étude démographique - quant à elle permet de connaître les besoins de la population
locale, de se renseigner sur l’âge moyen des habitants de la commune et d’appréhender les
habitudes de vie dans la commune choisie.
L’INSEE, la mairie et la préfecture sont capables de renseigner les praticiens sur le nombre
d’habitants de la commune mais surtout sur l’évolution de la population : la désertification ou
l’attrait de la commune, l’évolution de l’âge de la population, les grands projets industriels,
l’installation d’infrastructures publiques (armée, école…).
Cette étude est primordiale pour la création d’un cabinet dentaire car la viabilité de
l’installation en dépend directement. (3)
La démographie professionnelle - permet de connaitre le nombre de praticiens déjà installés
dans le lieu d’exercice choisit et ses alentours. Cette démographie corrélée à la démographie
générale permet de savoir quelle est la densité professionnelle.
La connaissance de cette densité professionnelle ne suffit pas à elle-même, nous devons tenir
compte du vieillissement de la profession.
La démographie professionnelle recense aussi les autres professions médicales, les
pharmacies, les laboratoires de prothèses ainsi que les fournisseurs.
Ces données peuvent être transmises par le conseil de l’Ordre départemental, l’INSEE ou
d’autres organismes tels que les syndicats dentaires. (4) (5)
2. Etude de l’emplacement :
Tout chirurgien-dentiste a la possibilité de s’installer où il le souhaite à condition d’un accord
préalable du conseil de l’Ordre et en conformité avec le code de déontologie.
Chaque praticien est libre de choisir son lieu d’exercice, sa ville, son quartier et ses locaux.
L’indépendance et le désir de créer son cabinet, de réaliser son projet, en fonction de raisons
familiales ou d’attrait pour un lieu, est une des motivations essentielles des praticiens faisant
le choix de la création d’un cabinet dentaire.
L’exercice libéral en entreprise individuelle facilite ce choix.
19
L’activité économique autour du cabinet dentaire va influencer le choix du lieu d’exercice.
En effet, la décision d’implantation va dépendre de la vie locale de la population, de la ville
ou du village en question, de ses ressources, de ses commodités, du cadre de vie professionnel
et du rythme de vie personnel. La prise en compte de l’environnement est donc nécessaire et
va influencer l’attachement du praticien à cette zone, ses conditions de travail, qui influeront
sur la qualité du service de santé rendu.
Plusieurs éléments vont donc conditionner l’implantation du futur cabinet et la faisabilité du
projet :
-
Le lieu choisi,
-
la vision de la pratique professionnelle,
-
les considérations démographiques locales,
-
les avantages financiers éventuels,
-
l’avis du conseil de l’Ordre,
-
le nombre de praticiens dans la zone géographique…
Le choix du lieu d’installation - se fait essentiellement entre deux zones : les zones rurales et
les zones urbaines.
Il faut avoir en tête les aides possibles lors de l’installation en fonction de la zone choisie car
la présence de Zones de Revitalisation Rurale (ZRR) et de Zone Franche Urbaine (ZFU) peut
influencer ce choix. De plus, ces zones sont souvent sous-dotées en professionnels tant leur
« attractivité » peut paraître faible. L’Etat a pour cela mis en place des aides à l’installation
afin de rendre ces lieux plus attrayants pour les professionnels de santé en général et bien sûr
pour les chirurgiens-dentistes en particulier. Ces aides incitent à faire venir les professionnels
dans certaines communes grâce à des exonérations d’impositions ou bien par le biais d’aides
financières pour créer le cabinet.
Ces avantages doivent être largement pris en compte lors du choix du lieu d’exercice car ils
sont loin d’être négligeables et peuvent constituer un bon « coup de pouce » lors de
l’installation et des premières années de création de patientèle.
20
Le 21 juillet 2009, la loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » (HPST) crée le Contrat
d’Engagement de Service Public. Ce dispositif prévoit d’accorder aux étudiants en médecine
et en odontologie une allocation mensuelle dès la 2ème année des études de 1200 euros. En
contrepartie de cette allocation, l’étudiant ayant choisi ce contrat, s’engage – pendant le
nombre d’années égal à celui durant lequel l’allocation a été perçue et pour deux ans
minimum – à choisir une spécialité peu représentée ou de s’installer dans une zone où la
densité médicale est faible (ZRR et ZFU en faisant souvent partie).
De plus, cette souscription permet d’obtenir un accompagnement au moment de l’installation.
(6)
II.
Choix du mode d’exercice et de la forme juridique :
En France, 91,5% des chirurgiens-dentistes exercent en libéral et la moitié d’entre eux
travaillent en exercice individuel.
L’exercice en entreprise individuelle est en baisse par rapport à l’exercice en société mais
reste un choix audacieux et personnel lorsque le besoin d’indépendance est grand.
En effet, l’évolution de la pratique tend vers une mise en commun des moyens humains et/ou
matériels.
Les Sociétés Civiles Professionnelles (SCP) - permettent un regroupement de praticiens dans
la pratique dentaire. Il s’agit donc d’une « société de personnes » exerçant une profession
libérale avec une mise en commun des honoraires.
La société doit s’inscrire au tableau de l’Ordre des Chirurgiens-dentistes et ayant une
personnalité morale, elle doit également être immatriculée au registre du Commerce et des
Sociétés.
Les Sociétés Civiles de Moyens (SCM) – permettent aux praticiens concernés par cette
démarche, de s’associer ou de collaborer afin de mettre en commun certaines dépenses et
investissements matériels du cabinet. En effet, l’évolution des techniques et de leur mise en
œuvre au cabinet nécessite de plus en plus d’avoir recours à des matériaux et matériels plus
21
élaborés et leur coût est important. La présence d’au moins deux praticiens au sein de la
structure est obligatoire.
Les Sociétés d’Exercice Libéral (SEL) - permettent au praticien d’exercer seul au départ
mais ont pour vocation l’évolution de la pratique et sont pertinentes lorsque le praticien
projette de travailler plus tard avec de nouveaux praticiens et de faire évoluer le cabinet en
terme de matériel et de personnels soignants.
Lorsque l’on souhaite exercer seul et qu’il n’existe pas de vocation à l’association ou à
l’évolution du cabinet avec de nouveaux praticiens, deux formes juridiques prévalent :
l’entreprise individuelle (EI) et l’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL).
1. L’entreprise individuelle :
a. L’exercice en entreprise individuelle (EI)
L’exercice en entreprise individuelle (EI) - est une forme d’exercice qui permet
l’indépendance totale du praticien.
Aucun lien de subordination ni d’association ne peut remettre en cause les décisions du
praticien. La responsabilité est donc entière tant sur le plan clinique et thérapeutique que sur
le plan entrepreneurial et financier.
Le praticien gère son « affaire » comme il l’entend dans le respect des règles et
règlementations applicables à l’exercice de sa profession, mais il doit aussi respecter les
obligations comptables et fiscales relatives à son entreprise.
L’exercice individuel confère une certaine liberté à la pratique professionnelle (horaires, jours
d’ouverture, congés, choix des investissements…) mais il impose de nombreuses obligations
que le praticien seul ne peut pas partager.
Cette pratique nécessite d’avoir auprès de soi des conseillers privilégiés (expert-comptable,
conseillers juridiques, banquiers…)
22
Face à l’avantage de l’entreprise individuelle, la responsabilité du praticien est engagée à tous
les niveaux, qu’ils soient financiers ou patrimoniaux.
En effet, si l’entrepreneur emprunte pour les besoins de son activité professionnelle, il est
responsable indéfiniment du paiement total de son emprunt sur son patrimoine personnel.
La responsabilité est infinie sur le patrimoine personnel du praticien pour toutes les dettes qui
pourraient naître de son activité (dettes aux fournisseurs, dettes sociales, dettes bancaires…).
Cet aspect peut corroborer le fait d’une baisse depuis ces dernières années des installations
sous forme individuelles tant le risque financier est important, mais aussi l’envie des
praticiens à vouloir exercer leur profession de façon collégiale avec souvent une mise en
commun des moyens matériels.
Il faut savoir cependant que l’entrepreneur individuel peut déclarer auprès de son notaire
l’insaisissabilité de son patrimoine immobilier personnel pour le protéger en cas de
défaillance de son activité de chirurgien-dentiste.
Une simple déclaration notariale d’un coût approximatif de 400 euros permet ainsi de
sauvegarder ses biens immobiliers personnels.
Cette déclaration est inscrite sur le registre SIREN.
L’insaisissabilité peut porter sur :
-
sa résidence principale : loi du 1er Août 2003 pour l’initiative économique
-
sur tout bien immobilier, bâti ou non, qui n’est pas affecté à un usage professionnel :
loi du 4 Août 2008 pour la modernisation de l’économie (résidence secondaires,
terrains, etc…). (7)
A noter que depuis le 6 Août 2015, la loi Macron pour la croissance et l’activité permet une
insaisissabilité de droit de la résidence principale de tout entrepreneur individuel. Cette
protection de droit ne vaut qu’à l’égard des créanciers professionnels dont les droits naissent
postérieurement à la publication de la loi, soit après le 7 Août 2015. (8)
23
b. Le régime fiscal de l’entreprise individuelle
Le choix fiscal - reste restreint car l’entrepreneur individuel est imposé dans tous les cas à
l’impôt sur le revenu sur la totalité de son bénéfice non commercial.
Cependant, ce régime reste très avantageux dans le cadre d’une implantation d’un cabinet
dans une zone pouvant bénéficier de l’exonération d’impôt en ZRR ou ZFU.
En effet, quand cette exonération est accordée, le praticien ne paiera aucun impôt sur le
revenu pendant 5 années à 100% et 3 années dégressives (75%, 50% et 25%).
Après plusieurs années d’exercice, et pour éviter d’imposer la totalité de son bénéfice à
l’impôt sur le revenu (impôt progressif), il pourrait être judicieux de modifier son statut
juridique pour passer en EIRL et pouvoir ainsi opter pour l’impôt sur les sociétés sur les
bénéfices.
Cette option doit être analysée en fonction du régime fiscal personnel du praticien (situation
familiale, nombre d’enfants, revenus total imposable).
Le recours à un conseiller fiscal, un expert-comptable, reste indispensable.
c. Le régime social de l’Entreprise Individuelle
Les cotisations sociales - sont calculées sur le bénéfice total du praticien (exonération ou
non).
Cependant, il existe une exonération de charges sociales lors de la première année
d’installation : l’ACCRE.
Cette exonération est valable pour les 12 premiers mois et renouvelable 2 fois 12 mois si l’on
en fait la demande et que celle-ci est acceptée.
2. L’entreprise individuelle à responsabilité limitée :
Le nouveau statut d’entrepreneur individuel à responsabilité limité (EIRL) - vise à
réduire le risque pour l’entrepreneur en cas de difficultés financières en protégeant son
patrimoine personnel depuis sa création le 1er Janvier 2011.
24
Cette création est simple à mettre en œuvre : il faut s’inscrire au tribunal de commerce
(déclaration d’affectation de patrimoine au greffe du tribunal de commerce ou sur
www.guichet-entreprises.fr); comme pour l’entreprise individuelle.
Cette option permet de protéger le patrimoine personnel de ses dettes professionnelles.
Cela permet donc à l’entrepreneur individuel de limiter sa responsabilité à son patrimoine
affecté tout en protégeant son patrimoine personnel assimilé à du patrimoine non affecté.
Les biens professionnels constituent la garantie des créanciers et la responsabilité de
l’entrepreneur est limitée à l’actif dédié à son entreprise. Un actif en lien avec l’activité de
l’entreprise peut être affecté et celui-ci doit donc être déclaré.
L’entrepreneur pourra en outre bénéficier sur option du régime fiscal des sociétés (impôts sur
les sociétés).
Ce nouveau statut d’entreprise pourrait donc convenir aux chirurgiens-dentistes libéraux.
Sur la forme, l’EIRL est une variante de l’entreprise individuelle et n’est donc pas une
nouvelle société. L’EIRL ne nécessite donc pas la création d’une personne morale et ne doit
donc pas être inscrite au tableau du conseil de l’Ordre, ni à quelconque autre tableau.
Pour exercer sa profession dans le cadre de l’EIRL, l’entrepreneur individuel utilise une
dénomination comprenant son nom précédé ou suivit immédiatement des termes
« entrepreneur individuel à responsabilité limitée » ou des initiales EIRL.
L’ensemble des documents professionnels (incluant les imprimés professionnels) doit
contenir :
- la dénomination,
- le lieu de dépôt de la déclaration d’affectation du patrimoine,
- le numéro d’immatriculation au registre spécial des EIRL,
- et l’objet de l’activité professionnelle à laquelle le patrimoine est affecté.
25
Sur la forme, une déclaration du statut d’EIRL doit être effectuée par les praticiens auprès de
leur conseil départemental. Pour le fond, la « déclaration d’affectation » de ses biens
nécessaires à l’exercice de la profession auprès du registre professionnel compétent permet de
séparer son patrimoine personnel et professionnel.
Cette option juridique de l’EIRL est facile et peu onéreuse et elle est ouverte aux
entrepreneurs individuels sur personne physique, notamment pour les professions libérales
que ce soit en micro-entreprise ou non.
En cas de difficultés financières concernant l’activité professionnelle, les créanciers
professionnels de l’EIRL ne pourront saisir que les biens actifs déclarés au patrimoine
professionnel de l’entreprise ; les biens faisant partie du patrimoine personnel seront eux
protégés en cas de difficultés de paiement.
Il faut néanmoins savoir que lors de fraude ou de manquement aux obligations, l’entrepreneur
individuel à responsabilité limité ne bénéficiera pas de la séparation des patrimoines
personnels et professionnels et engagera donc sa responsabilité sur la totalité de ses biens et
de ses droits, qu’ils soient affectés ou non.
En résumé, les avantages principaux de l’EIRL sont :
-
Une responsabilité limitée
-
Un formalisme réduit (déclaration d’affectation simple à rédiger) sauf si les biens ont
une valeur supérieure à 30 000 euros ou si ce sont des biens immobilier (évaluation
par des professionnels, acte notarial…)
-
Une déclaration d’affectation pouvant évoluer chaque année
-
L’option pour l’impôt sur les sociétés : le chirurgien-dentiste est soumis de droit à
l’impôt sur le revenu (IR) dans la catégorie BNC (Bénéfice Non Commercial) mais a
la possibilité d’opter pour le régime de l’impôt sur les sociétés (IS) sans créer de
personne morale. Le taux de cette imposition sur les sociétés est de 15% sur le
bénéfice allant jusqu’à 38 120 euros et 33% au-delà.
-
En cas de mariage sous le régime de la communauté : protection des biens personnels
d’appartenance familiale.
26
Tandis que les limites de l’EIRL se situent dans :
-
Un formalisme plus important que l’EI (Entreprise Individuelle)
-
L’accès au crédit et les garanties offertes par l’EIRL : en effet, certains biens
personnels peuvent servir de gage aux créanciers professionnels (caution personnelle)
et limite donc la protection que pourrait offrir le statut de l’EIRL. Pour pallier à cela,
des organismes de cautionnement des EIRL avec des mécanismes de garanties ont été
mis en place avec l’établissement financier public Oseo et la Siagi. Dans la pratique,
ces organismes peuvent se porter caution à hauteur de 50% de l’engagement financier.
Ceci impliquera la caution du chef d’entreprise à 50%.
-
Absence de régime social de faveur : il n’y a pas d’avantages particuliers en ce qui
concerne les exonérations de charges sociales dans le choix de l’EIRL. (9) (10)
27
DEUXIEME PARTIE :
Les moyens matériels
28
I.
L’immobilier : le choix du local, la location ou l’achat
1. Le choix :
Le choix du local - reste une décision primordiale pour l’exercice de notre profession.
En effet l’exigence de la règlementation sans cesse renouvelée nous impose d’avoir des
locaux conformes aux normes.
Tout d’abord, les locaux destinés à l’habitation ne peuvent pas être affectés à l’usage d’un
cabinet dentaire sans une autorisation préalable qui est délivrée par le maire de la commune
concernée.
Cette disposition concerne uniquement les communes de plus de 200 000 habitants et les
départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.
Si cette situation n’est pas respectée, une sanction existe : une amende civile de 25 000 euros.
Lorsque le local prévu à l’installation fait partie d’une copropriété, l’accord de l’assemblée
des copropriétaires est indispensable dans deux cas distincts :
-
Pour l’apposition d’une plaque professionnelle sur la façade de l’immeuble,
-
Pour le changement d’affectation d’un local d’habitation en local professionnel.
L’accès aux personnes handicapées – depuis la loi n°2005-102 du 11 Février 2005 pour
l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées
est une réglementation incontournable. Tous les établissements recevant du public, même
ceux existants, doivent donc respecter les normes en matière d’accessibilité aux personnes
handicapées.
Cette réglementation est renforcée par le décret de loi du 17 mai 2006 relatif à l’accessibilité
des établissements recevant du public, des installations ouvertes au public et des bâtiments
d’habitation.
Deux arrêtés complètent cette norme : celui du 1er Août 2006 et du 21 Mars 2007. Ces articles
ainsi qu’un guide sont en lignes et disponibles sur le site du conseil de l’Ordre.
29
Par conséquent, le cabinet dentaire doit permettre aux personnes handicapées de pénétrer,
circuler, sortir et de bénéficier des prestations existantes au sein de la structure dans des
conditions normales de fonctionnement.
Ainsi :
-
Tout cabinet dentaire créé dans un bâtiment neuf (construit depuis 2007) ou suite à un
changement d’affectation d’usage doit être conformes aux normes d’accessibilité,
-
Pour tous les autres cabinets créés avant 2007, une partie du local devra être mise aux
normes d’accessibilité avant le 1er Janvier 2015 afin d’offrir l’ensemble des prestations
existantes au sein du cabinet
-
Dès le 1er Janvier 2015, les parties des locaux subissant des travaux de modifications
devront être mises aux normes d’accessibilité aux personnes handicapées.
Toutefois, des dérogations existent et sont accordées par le Préfet sur avis de la commission
consultative départementale de sécurité et d’accessibilité.
Quatre motifs de dérogations sont prévus par la loi :
-
Impossibilité technique liée à l’environnement ou à la structure du bâtiment ;
-
Préservation du patrimoine architectural,
-
Disproportion manifeste entre la mise en accessibilité et ses conséquences,
-
Refus par l’assemblée générale des copropriétaires de réaliser des travaux
d’accessibilité.
Des sanctions pécuniaires sont prévues dans certains cas particuliers si les normes ne sont pas
réalisées. (11)
Le choix du lieu est fait par le praticien lui-même ou peut être imposé si la commune
d’accueil du cabinet fait venir le praticien dans des locaux déjà prévus pour son activité :
l’exemple principal est celui des maisons médicales.
Indépendamment du local adapté à la profession, la possibilité d’avoir des stationnements et
parkings à proximité du cabinet reste un élément déterminant dans la décision d’installation
en ces lieux. (« Pas de parking, pas de business. »)
30
2. La location
En début d’activité, beaucoup de praticiens préfèrent louer des locaux professionnels plutôt
que de les acquérir par manque de financement. Mais c’est aussi une facilité d’installation qui
permet au praticien de se créer une patientèle et lui laisse l’opportunité d’évoluer dans son
activité en reportant l’acquisition d’un local mieux approprié, mieux situé, plus accessible.
Il existe plusieurs types de location :
-
La location peut être individuelle, c’est la formule la plus répandue. Le praticien loue
seul son local professionnel et paye l’ensemble des frais inhérents à la location.
C’est une option choisie par beaucoup de commerçants et artisans (besoin de stocker
de la marchandise) mais aussi pour certaines professions libérales ayant un souci de
confidentialité accrue et des équipements spécifiques (avocats, comptables, dentistes,
kinésithérapeutes…)
-
Il existe aussi la location partagée qui permet à plusieurs entrepreneurs de louer un
même local afin de partager les frais de location (loyer, internet, téléphone,
électricité…). Ce choix locatif est de plus en plus répandu et se justifie mieux pour
certaines professions libérales (architectes, journalistes…).
Le type de bail diffère selon l’activité voulue et l’utilité du local :
-
Le bail commercial existe essentiellement pour les entreprises et s’adresse à des
professionnels exerçants une activité commerciale, industrielle ou artisanale. Ce bail
est soumis aux règles du Code du commerce.
Un bail commercial a une durée minimale de 9 ans avec un loyer qui peut être révisé
tous les 3 ans. Au terme des 9 ans de bail, le propriétaire du local a l’obligation
d’accepter le renouvellement de celui-ci si le locataire le souhaite (sinon il devra
justifier les raisons qui le font renoncer au renouvellement).
31
-
Les baux professionnels ne nécessitent pas de statut particulier et sont moins
réglementés que les baux commerciaux.
La durée doit être d’au moins 6 ans et si elle dépasse les 12 années, le locataire devra
demander le renouvellement de son bail.
Il n’y a pas d’obligation pour le propriétaire des locaux de relouer au locataire sortant
lors de l’expiration du bail professionnel. Ceci peut donc mettre en danger le
professionnel et fragiliser son activité. (12) (13)
3. L’achat et ses différentes formes juridiques
Les praticiens voulant acquérir leur local professionnel dès la création du cabinet sont rares
mais leur choix reste pertinent dans la mesure où le risque financier est prévu (se reporter à la
partie sur le prévisionnel comptable).
Cette acquisition permet de constituer un patrimoine immobilier qui sera financé par
l’exploitation ou par le loyer versé à une Société Civile Immobilière (SCI).
Les objectifs concernant l’achat des locaux sont multiples En voici quatre principaux :
-
Eviter les inconvénients de la location et des baux associés (bail commercial par
exemple) et les possibles hausses triennales de loyers ;
-
Eviter des déménagements non désirés (expiration du bail sans possibilité de le
renouveler)
-
Pérenniser l’activité de l’entreprise dans les mêmes locaux.
-
Eviter les conflits avec les propriétaires
Soit le dirigeant achète en son nom propre, soit il passe par une SCI, la dernière solution étant
la plus adaptée et la plus recommandée. (12)
4. Le financement selon l’option choisie
En cas de location - le praticien versera un loyer au propriétaire qui sera déductible de son
chiffre d’affaire et génèrera des charges qui viendront réduire son résultat imposable.
32
Dans le cadre d’une acquisition - deux possibilités s’offrent au praticien :
-
Soit il décide d’acquérir le bien en son nom propre et peut l’inscrire à l’actif de son
bilan en tant que bien immobilier par la souscription d’un emprunt dont les échéances
seront réglées mensuellement par le cabinet dentaire.
Les intérêts d’emprunt seront dans ce cas déductibles du chiffre d’affaire et le bien
immobilier pourra être amorti sur une durée variant de 15 à 25 ans. Cette dotation aux
amortissements viendra aussi réduire le bénéfice du praticien.
-
Soit il acquiert le bien par l’intermédiaire d’une SCI : dans ce cas précis, c’est la SCI
qui va emprunter pour financer cette acquisition, un bail sera établit envers le
chirurgien-dentiste qui lui-même versera un loyer à la SCI tous les mois permettant à
la SCI d’honorer ses échéances d’emprunt.
Protection juridique du praticien via la structure d’une SCI. Ce montage juridique dissocie les biens immobiliers des biens d’exploitation (matériel).
Cela peut permettre, en cas de défaillance du praticien dans son activité, de sauvegarder son
bien.
Cette possibilité relève du bon vouloir du tribunal qui aura à statuer sur la défaillance. En
effet, la SCI ne protège en rien le patrimoine mis à l’actif de cette société. La responsabilité
reste entière et infinie sur le patrimoine personnel du chirurgien-dentiste.
La création d’un SCI nécessite au minimum deux personnes qui peut permettre de trouver des
financeurs extérieurs afin d’acquérir le bien utile à son activité.
II.
Le matériel :
1. Le choix du matériel :
Le choix du matériel dentaire - commence souvent par le choix du fauteuil de soin. En effet,
cet achat constitue une grosse part du budget de l’installation et correspond à un élément clé
de l’exercice et de sa bonne pratique selon l’ergonomie voulue par le praticien. Ce choix
reflète aussi la personnalité du praticien et son esthétique est liée au goût de chacun (couleur,
aspect, choix du concept de distribution des éléments rotatifs…).
33
Vient ensuite le choix d’autres matériels importants tels que les dispositifs de radiologie intra
et/ou extra-orale, les éléments permettant le fonctionnement du fauteuil comme le système
d’aspiration et le compresseur, mais aussi tous les appareils de stérilisation.
Concernant le système d’aspiration, il faut anticiper ce choix en fonction de l’exercice
souhaité et de la future installation du cabinet puisque en fonction du nombre de fauteuil, le
système peut être plus ou moins adapté selon sa puissance. Il en est de même pour les
compresseurs qui s’adaptent au nombre de fauteuil au sein de la structure.
Les distributeurs commerciaux de fauteuil proposent également un choix d’appareils de
radiographie en fonction de la marque qu’ils vendent, et il en est de même pour les appareils
de stérilisation. Il faut donc bien se renseigner sur le choix de leur produit.
Certaines sociétés de vente de matériel dentaire permettent de fournir tous ces équipements et
facilite donc cette démarche, en effet, le praticien s’adresse alors à un seul interlocuteur.
Il existe aussi des centrales de distribution de matériel qui permettent grâce à des catalogues,
de commander tous les produits nécessaires à l’installation, en référençant presque toutes les
marques disponibles sur le marché.
Afin de se positionner sur telle ou telle marque ou référence de matériel, il est intéressant de
pouvoir se rendre sur des congrès où tous les distributeurs d’équipements mais aussi de petit
matériel sont présents.
Le congrès de l’ADF (Association Dentaire de France) en est un exemple précis et parait très
utile dans le processus d’installation. Se rendre à ce congrès permet de découvrir les produits,
de les tester, de demander des tarifs et des devis, et donc de repartir avec déjà des solutions et
des propositions.
Il faut garder à l’esprit que tout matériel peut s’acheter neuf, mais peut aussi faire l’objet d’un
achat d’occasion. Cela peut être approprié lors d’une première installation pour limiter le
budget lors de la création du cabinet.
34
Il faut néanmoins connaître les particularités du matériel proposé à la vente d’occasion.
Cette forme d’achat peut aussi se faire via des connaissances directes, des groupes de ventes
sur les réseaux sociaux, mais également par le biais de distributeurs de matériels qui vendent
aussi bien des produits neufs que d’occasion. En effet, ces sociétés rachètent souvent du
matériel chez des praticiens voulant renouveler leur propre installation, et les revendent en
occasion.
Il faut ensuite lister tout le petit matériel souhaité pour l’exercice de la profession.
En voici une série non exhaustive :
-
Set de consultations, précelles, sondes, miroirs, spatules à bouche
-
Des spatules à ciments
-
Des pinces de Miller pour l’occlusion avec le papier d’occlusion (fin et épais)
-
Des fraises pour turbines, micro-moteur, contre-angle, pièce à main : ces fraises
peuvent être rangées dans des mini-séquenceurs ou porte-fraises permettant d’avoir
directement la séquence souhaité lors d’un soin. Des fraises spécifiques pour chaque
acte sont recommandées ainsi que des fraises courtes pour les soins pédodontiques
-
Des seringues avec aiguilles et anesthésiques
-
Des cardes (brosse spécifique) pour le nettoyage des fraises
-
Un arrache-couronne avec ses inserts
-
Le set endodontique : micro-moteur, localisateur d’apex, séquence de limes manuelles
et rotatives, une réglette, des fouloirs, des cônes de Gutta Percha, des pointes papiers,
de l’hydroxyde de Calcium, de L’hypochlorite, du ciment de scellement endodontique
-
Le set à digue
-
Les instruments rotatifs : turbines, contre-angle, pièce à main, micro-moteur
-
Les instruments chirurgicaux : daviers, syndesmotomes, élévateurs, curettes, râpe à os,
pince gouge, compresses, fil de sutures, éponges hémostatiques…
-
Des portes empreintes plein et/ou perforés
-
Matériaux à empreinte, d’occlusion
-
Lampe à composite
-
Négatoscope
-
Fibre pour attelle de contention
-
Composites avec matrices, strips à polir, fil dentaire etc.
35
-
Ciment de scellement provisoire et définitif
-
Système de polissage
-
Excavateurs
-
Brunissoir, fouloir…
-
Résines et couronne provisoires en coffret en polycarbonate
-
ETC.
(14)
2. Louer ou acheter son matériel :
Comme en matière d’immobilier, le matériel peut faire l’objet d’un achat ou d’une
location avec option d’achat (crédit-bail) - Le petit matériel (petit équipement) est pour la
plupart du temps acheté au départ pour les besoins de l’exploitation et au fur à mesure en tant
que bien consommable. Pour les gros équipements, deux choix sont possibles : l’acquisition
par un emprunt sur l’exploitation ou le financement par crédit-bail.
Cette deuxième solution est souvent proposée par le fournisseur de matériel qui est lié à un
organisme financier.
Cette solution est plus simple et plus rapide. En effet, le fournisseur s’occupe de toutes les
démarches auprès de l’organisme de crédit-bail en fonction du montant de l’investissement
sans que nous soyons obligés d’aller solliciter une banque.
Elle a aussi l’avantage de ne pas avoir besoin d’apport de fonds au départ. En effet,
l’organisme de crédit-bail finance la totalité du matériel alors que par emprunt, il faut bien
souvent compléter par un apport personnel du praticien.
Cette pratique peut s’expliquer par le fait que le matériel n’appartient pas au praticien et que
le fournisseur peut reprendre à tout moment le matériel à la moindre échéance impayée, ce qui
limite grandement son risque. Il s’agit bien d’une location avec option d’achat.
L’option d’achat signée dans le contrat initial s’élève pour le plus souvent à 1% du prix
d’acquisition. Il s’agit là d’une simple possibilité pour le praticien de devenir propriétaire de
son matériel pour une somme modique en fin de crédit-bail (le plus souvent au bout de 7 ans).
36
Il peut cependant ne pas vouloir lever cette option et repartir sur un nouveau matériel avec un
nouveau crédit-bail. Le fournisseur reprendra donc l’ancien et le remplacera par le nouveau
choix.
La location pure de matériel est le plus souvent proposée par les fournisseurs pour financer
l’outil informatique (ordinateur, imprimante, photocopieur) car ce matériel peut devenir
rapidement obsolète pour les grands utilisateurs.
Cependant dans notre profession la fréquence d’utilisation de ces équipements n’est pas
importante et le choix d’une acquisition par emprunt ou par crédit-bail s’avère judicieux.
En effet, cela permettra de conserver le matériel pendant de nombreuses années sans
échéances pour ceux qui le souhaite.
Bien entendu face à tous ces emprunts et crédit-baux, de grands économes peuvent aussi faire
le choix de l’autofinancement par un apport privé ! (15) (16)
37
TROISIEME PARTIE:
L’étude prévisionnelle et de faisabilité
38
I.
Le prévisionnel comptable
Avant toute installation, il est nécessaire d’analyser la faisabilité du projet de création du
cabinet dentaire.
Comme nous l’avons vu précédemment, après le choix du lieu, du matériel, de la structure
juridique, le prévisionnel comptable va nous permettre de connaître tous les besoins
nécessaires à l’exploitation, et bien entendu les ressources adéquates.
Cette étude prévisionnelle va aussi matérialiser le futur compte d’exploitation du praticien :
-
Chiffre d’affaire (honoraires)
-
Achats divers
-
Fournitures consommables
-
Les services extérieurs
-
Les loyers et crédit-baux
-
Les impôts et taxes
-
Les cotisations sociales
-
Les charges financières
L’aide d’un expert-comptable reste indispensable à cette étape clé du projet d’installation.
En effet, même si les chiffres avancés restent prévisionnels, ils donnent rapidement une idée
de la faisabilité de la réalisation et de l’ambition du praticien créateur.
Les prévisions avancées et les hypothèses étudiées relèvent toujours de la responsabilité du
praticien. L’expert-comptable ne pourra qu’analyser les chiffres que le praticien escompte
réaliser et c’est avec un œil de professionnel des informations financières qu’il pourra valider
les projections. L’expert-comptable n’apportera jamais une assurance sur la réalisation future
des chiffres du praticien, mais cette étude nous permet de savoir les chiffres minimum à
réaliser pour équilibrer le compte d’exploitation.
Le risque d’installation par la création d’une structure dentaire reste réel n’ayant aucune base
du chiffre d’affaire pouvant être vraiment réalisé au départ.
Les besoins - Les besoins immobiliers peuvent être traité de deux manières : soit par le
versement d’un loyer, soit par l’acquisition du local. (cf paragraphe sur le financement du
local). Le loyer constitue une charge d’exploitation.
39
Comme chaque créateur d’entreprise, le praticien souhaitant créer son cabinet doit connaître
tous les besoins nécessaires pour commencer :
-
Les investissements : gros équipement
-
Le petit matériel
-
Le stock de départ et les consommables
Les devis établis par les fournisseurs serviront pour l’étude de gestion et nous permettrons
d’analyser les financements nécessaires.
Les ressources - Face à ces dépenses d’investissement, il est nécessaire au départ de trouver
les financements adéquats afin d’équilibrer la trésorerie de départ :
Ces financements peuvent être de trois catégories :
-
L’apport personnel
-
L’emprunt bancaire
-
Le crédit-bail
Le compte de résultat prévisionnel - Il va permettre au praticien de connaître l’ensemble de
ses recettes et de ses dépenses qui finaliseront son compte de résultat (d’exploitation).
-
Concernant les recettes, dans la création d’un cabinet il est souvent difficile d’estimer
les honoraires qui pourront être générés lors de la première année d’activité.
Le praticien doit alors s’imaginer de façon réaliste et mesurée les honoraires futurs
qu’il pourra réaliser sur les actes qu’il effectuera.
Les remplacements sont essentiels pour se rendre compte des honoraires de base que
l’on peut obtenir sur un mois d’exercice. Ceci permet de le transposer sur une année
d’exercice.
Les spécialistes de la comptabilité ont souvent les statistiques de la profession
permettant ainsi d’encadrer le chiffre d’affaire réalisable.
-
Les dépenses : même si le praticien a une certaine idée des dépenses nécessaires à son
activité, il est parfois compliqué d’évaluer leur montant. L’expert-comptable reste à ce
stade un interlocuteur privilégié pour veiller à n’oublier aucun poste de charges en
fonction de l’activité.
40
Il apparait dans les statistiques que l’achat des matières premières pour un dentiste,
représente 20 à 25% du chiffre d’affaires ce qui fait ressortir une marge brute
d’exploitation de 75 à 80% des recettes.
Certaines charges externes demandent cependant une recherche de la part du praticien
pour approcher au mieux les dépenses réelles :
o loyers des murs
o crédit-bail
o assurance
o honoraires divers : expert-comptable….
o Cotisations professionnelles
o Cotisations sociales
o Impôts locaux
Toutes les autres dépenses (électricité, eau, produit d’entretien, fournitures
administratives, entretien, service bancaire) sont évaluées de manière forfaitaire par le
professionnel choisit.
-
L’ensemble des recettes déduction faite des charges ci-dessus feront ressortir un
résultat avant amortissement.
Une dotation aux amortissements sera calculée et viendra minorer pour obtenir le
résultat d’exploitation (charges non décaissées).
Après déduction des charges financières et des charges sociales, nous obtiendrons le
bénéfice net du praticien (correspondant à un résultat avant imposition sur le revenu).
Pour ceux qui sont en ZRR ou ZFU, ce résultat ne sera pas imposable les premières
années.
La capacité d’autofinancement (la CAF) - la capacité d’autofinancement correspond au
résultat net de l’entreprise ajoutée au montant de la dotation aux amortissements de l’année
d’exercice.
Cette capacité, cette trésorerie, doit nous permettre de rembourser le montant des emprunts et
couvrir les prélèvements personnels du praticien (sa rémunération).
L’excédent restera en trésorerie dans l’entreprise pour permettre de financer d’éventuelles
dépenses non prévues (la maladie, le congé maternité, du matériel défectueux, etc.).
41
Seuil de rentabilité et besoin de fonds de roulement - Compte tenu des charges du praticien
et de la marge brute de production de services, le prévisionnel fait ressortir un seuil de
rentabilité qui correspond au chiffre d’affaire qu’il faudra réaliser sur une année pour pouvoir
couvrir l’ensemble des dépenses.
Dans toute installation, il ne faut surtout pas négliger le besoin en fond de roulement
nécessaire pour permettre de régler les premières factures sans avoir encore encaisser les
premiers honoraires (voir annexe 1).
II.
Les aides et subventions
Chaque créateur d’entreprise doit se renseigner au préalable des aides qu’il peut obtenir pour
la création de son entreprise.
Ces aides peuvent être directement versées par le conseil départemental. (17)
Les mairies fournissent parfois des aides matérielles telles que les locaux souvent par le biais
de création de maisons médicales.
En effet, dans les zones rurales des efforts très importants sont faits pour inciter de nouveaux
praticiens à venir s’installer en campagne ou en zone sous-dotée.
Il existe aussi des aides indirectes comme l’aide à la création d’entreprise (ACCRE). Il s’agit
de l’exonération des cotisations sociales obligatoires (maladie, maternité, invalidité, décès,
vieillesse de base, et allocations familiales) lors des douze premiers mois de l’installation.
On note aussi de possibles exonérations d’impôts en ZRR et ZFU (Cf paragraphe sur le choix
du lieu d’exercice).
III.
Les démarches auprès des organismes financiers
L’étude prévisionnelle établie, il reste à convaincre les organismes financiers d’aider à
financer tous les besoins nécessaires à la création du cabinet. Le premier rendez-vous avec le
banquier peut être fait non-accompagné mais il est parfois nécessaire d’avoir un conseil
auprès de soi lors de cet entretien pour appuyer ses projets et les ancrer dans une démarche
économique et financière réalisable.
42
Un premier rendez-vous à la banque doit faire ressortir notre envie de réaliser le projet
- il est important de montrer la motivation et la croyance dans la création de l’entreprise et du
cabinet.
Il faut être convaincu et convainquant : convaincu de son métier, de ses atouts, mais aussi être
convainquant devant l’interlocuteur et le persuader de la faisabilité et de l’intérêt de la
démarche de création de la structure dentaire.
Il est essentiel de montrer une envie de réussir pour appuyer la validation par les organismes
financiers du projet.
Pour cela, il est primordial de connaître parfaitement ce que l’on présente au banquier :
-
prévisionnel comptable,
-
devis de matériel, des travaux,
-
savoir expliquer à quoi correspond chaque montant inscrit sur ces documents.
Suite à la présentation de ces documents, le praticien et le banquier vont alors discuter des
différentes possibilités de financement (crédit-bail, emprunt, financement personnel…).
Lors de l’entretien préalable et de la présentation du projet, le banquier demandera
certainement si des apports financiers personnels peuvent être amenés. En effet, il faut avoir à
l’esprit qu’une banque finance mais jamais en totalité : il est, en règle générale, demandé un
apport personnel allant de 10 à 15% de l’emprunt demandé. Cela permet une meilleure
acceptation du dossier.
Cette démarche auprès des organismes financiers doit être faite dans différentes banques pour
bénéficier de propositions différentes et avoir la possibilité de faire un choix le plus
avantageux possible.
Le choix entre plusieurs propositions doit tenir compte des garanties demandées par le
financeur. Ces garanties peuvent être plus ou moins importantes et surtout plus ou moins
handicapantes.
43
Trois catégories principales de garanties existent et peuvent être inscrites dans les offres
financières :
- nantissement du matériel,
- caution personnelle,
- hypothèque de l’immobilier.
L’étape suivante de ces démarches est celle de la réception des offres de financement L’étude de ces offres permettra ensuite de faire un choix de financement et de choisir aussi la
banque la plus avantageuse.
Pour étudier les offres reçues, il est possible de reprendre contact avec son conseiller
financier, son expert-comptable, pour que celui-ci argumente les propositions et permette au
praticien de faire le meilleur choix pour son entreprise.
Vient ensuite le moment de reprendre un rendez-vous auprès de la banque choisie. Lors de
cette nouvelle rencontre, il est souvent possible de négocier des taux d’intérêts, de rediscuter
des devis, de les affiner pour que la banque établisse de nouvelles offres ; ou bien d’accepter
et de valider les offres déjà établies.
44
QUATRIEME PARTIE :
L’installation
45
I.
Le choix de l’architecture du cabinet : plans et ergonomie du cabinet
Lors de la planification du cabinet dentaire - la répartition des espaces est un des aspects
les plus importants et permet de définir les différentes zones fonctionnelles, afin de les
disposer correctement les unes par rapport aux autres. Toute cette répartition prend en compte
les besoins de chaque personne, le chirurgien-dentiste, ses employés et les patients. De plus,
les trajets de chacun au sein des espaces conditionnent les plans mais aussi la taille des salles
pour une ergonomie optimale dans chaque pièce (Voir annexe 2).
Les pièces nécessaires pour chaque création d’un cabinet dentaire sont :
- la salle d’accueil et de secrétariat,
- la salle d’attente,
- la salle de soin voire deux salles de soins,
- une salle de stérilisation,
- des toilettes accessibles aux personnes handicapées,
- une zone de stockage des Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI),
- ainsi qu’un local technique.
Il faut noter que si du personnel est employé au sein de la structure, des pièces
supplémentaires sont imposées par la législation. (Article R 4227 et R 4228 du Code du
travail).
Ces pièces sont :
- des toilettes pour le personnel ne devant pas communiquer directement avec les locaux de
travail,
- un coin repos-cuisine avec de bonnes conditions d’hygiène et de sécurité pour permettre à
chaque personne employée de se restaurer.
Il est possible de créer des pièces accessoires telles que la salle de radiologie, un laboratoire
de prothèse, un bureau privatif pour le praticien, une salle de chirurgie etc.
Cela va être conditionné par la pratique désirée du chirurgien-dentiste, de ses futures
possibilités d’évolution dans sa pratique, ainsi que de l’espace restant disponible.
46
Le confort du patient est à considérer en premier lieu lors de la conception du cabinet et de
l’aménagement des locaux ceci dans le but de rassurer le patient.
Des facteurs anxiogènes tels que le bruit (turbine, ultrasons, aspirations…) et les odeurs
(eugénol, résine…) peuvent placer le patient dans un état de stress dès le franchissement de la
porte d’entrée du cabinet. Il est conseillé de réduire ce stress grâce à l’aménagement
architectural du cabinet ; et en offrant un beau sourire accueillant !
La zone d’accueil et administrative - doit donc être calme, confortable, relaxante. La
décoration, les matériaux, le mobilier et un fond sonore peuvent contribuer à la mise en
confiance et au confort du patient dès son accès dans le cabinet.
La salle d’attente - doit dégager une ambiance conviviale et diminuer le stress du patient lors
de son entrée dans la pièce par le biais d’un fond sonore musical, de revues et magazines etc.
La zone clinique - quant à elle est vouée à apparaître comme un lieu organisé, avec une
atmosphère accueillante et sécurisante avec la présence de technologies adaptées. Ceci
renforce la confiance du patient envers le praticien.
La conception de la salle de stérilisation - doit faciliter l’hygiène, la communication, et une
bonne organisation avec des rangements rationnels et adéquats.
La salle de stérilisation devient de plus en plus une « vitrine » du cabinet et il est intéressant
de la concevoir partiellement ou totalement vitrée afin que la patientèle puisse se rendre
compte directement du respect des règles d’hygiène et d’asepsie.
Cette salle est séparée en deux zones : la zone humide et la zone sèche.

La zone humide comprend les bacs de pré désinfection ainsi que les étapes de lavage,
rinçage, séchage des instruments. Cette zone est initiée par un conditionnement des
déchets de soins à risques infectieux (DASRI).

La zone sèche permet l’emballage sous sachets soudés des dispositifs médicaux
stérilisables ensuite grâce à l’autoclave. Ces matériels pourront être stockés ensuite
dans des rangements appropriés.
47
Il est toujours essentiel de garder à l’esprit l’accessibilité des différents lieux du cabinet aux
personnes à mobilité réduite et les normes architecturales en termes de radioprotection.
En termes de sécurité sanitaire - les articles du code de santé publique R.4127-204 et
R.4127-269 décrivent les obligations à suivre pour être en règle avant, pendant et après
l’exécution des soins et cela englobe tous les aspects de la vie professionnelle.
Le guide d’accueil de l’Ordre National des Chirurgiens-Dentistes remis lors de la demande
d’installation précise que des précautions doivent être mises en œuvre au cabinet dentaire et
qu’il convient de les respecter. Un protocole rigoureux d’hygiène et d’asepsie doit favoriser
un traitement efficace du matériel entre chaque patient. Les Agences Régionales de Santé
(ARS) et les conseils départementaux ordinaux sont très vigilants dans ce domaine.
Pour une sécurité sanitaire optimale, des points précis sont à vérifier :
-
Produits de nettoyage et d’antisepsie normés pour la désinfection des mains ainsi que
pour le traitement des surfaces et l’entretien du matériel,
-
Des gants à usage unique
-
Une propreté générale des locaux, du mobilier, des vêtements professionnels,
-
Une bonne gestion des déchets
-
Etre équipé d’un séparateur d’amalgame même si celui-ci n’est pas utilisé,
-
Des revêtements de sols, murs et plafonds non poreux (pas de tissus, de moquette etc.)
et facilement lavables sont à recommander.
Le matériel fait donc l’objet d’une grande vigilance face à cet aspect sanitaire.
En particulier, tout cabinet doit obligatoirement disposer d’un stérilisateur performant,
régulièrement contrôlé et entretenu.
Le stérilisateur fait l’objet d’un contrat de maintenance avec le fournisseur et il est conseillé
de prévoir un contrat de remplacement dans les 24h en cas de panne. Cette maintenance doit
être tracée : l’article R.5212-1 et les suivants du Code de la santé publique prévoit cette
traçabilité.
48
Il est à noter que les stérilisateurs à vapeur chimique et à chaleur sèche sont à prohiber car ils
ne permettent pas une stérilisation efficace contre les prions ; le procédé de référence étant
celui de la stérilisation via la vapeur d’eau. (18)
II.
L’intervention des différents organismes compétents lors de l’installation :
Plusieurs démarches sont à prévoir dans un ordre bien précis lorsque les plans architecturaux
du cabinet sont validés.
Lorsque les plans du futur cabinet sont définitifs et acceptés, il convient de les
transmettre à une Personne Compétente en Radioprotection (PCR) - afin qu’elle réalise
une étude du projet et une analyse des plans en fonction des normes de radioprotection
nécessaires dans un cabinet dentaire autour des dispositifs radiologiques.
Grâce à des calculs de doses et en fonction des distances, des surfaces et des matériaux, la
PCR rend un rapport d’analyse au praticien avec les détails des normes requises en terme de
présence de plomb dans les murs sols et plafond si besoin.
L’épaisseur de plomb requise dépend du matériau présent et de son épaisseur et de la distance
de l’appareil radiologique jusqu’à sa surface (Voir annexe 3).
Il faut ensuite soumettre ces informations et ces plans détaillés à l’architecte responsable des
travaux afin qu’il mette en œuvre et coordonne l’utilisation de plomb par les artisans chargés
des travaux.
Le fournisseur de matériel dentaire - (fauteuil, appareil radiologique, appareils de
stérilisation, compresseur, aspiration…) doit aussi être prévenu lorsque les plans du cabinet
sont effectifs et les étudie de façon à rendre un plan détaillé avec des instructions techniques
précises en lien avec l’installation des matériels au sein du cabinet (Voir annexe 4).
Ces instructions sont données à l’architecte qui doit se charger de les faire suivre à chaque
professionnel intervenant sur le chantier dans le but qu’aucunes erreurs de travaux et de mise
en place du matériel ne soient commises.
49
Il vient ensuite le moment de l’installation du matériel dans tous les espaces dédiés
(radiologie, fauteuil, stérilisation, compresseur, aspiration..) par les techniciens de la société
choisie.
Lorsque l’installation technique est faite, il faut alors se retourner à nouveau vers la
personne chargée de la radioprotection (PCR) - afin qu’elle fasse un contrôle initial des
appareils radiologiques et un contrôle de la structure des murs, et/ou plafonds et sols pour
vérifier l’équivalence de plomb requise pour être aux normes.
La détention d’appareils de radiologie - implique de respecter la réglementation prévue par
le Code de santé publique et le Code du travail.
Les obligations suivantes doivent être respectées :
-
La déclaration des appareils auprès de l’Agence de Sureté Nucléaire (ASN) comme
décrit dans les articles L.1333-4 et R.1333-19 du code de Santé Publique est valable
jusqu’à la fin de vie des générateurs. Si des modifications sont réalisées sur ces
appareils, une nouvelle déclaration devra être faite. Elle concerne :

les appareils de radiographie intra-buccale, de radiographie panoramique (2D ou
3D), de téléradiographie crânienne, les appareils mobiles et/ou transportables et
portatifs de radiographie dentaire.

La procédure de déclaration se fait grâce à un formulaire établit par l’ASN
disponible sur le site www.asn.fr qu’il est nécessaire de remplir et de
retourner à l’ASN accompagné d’un dossier justificatif (contenu précisé sur
le site du Conseil National de l’Ordre (CNO)). Un numéro de déclaration
sera alors attribué.
-
Les mesures de protection des personnes travaillant au sein du cabinet :

La désignation d’un personne radio-compétente (PCR) en fait partie.

L’analyse des postes de travail

Délimitation en zones surveillées et zones contrôlées

La transmission à l’IRSN du relevé actualisé des sources et des appareils
radiologiques

La formation des travailleurs ainsi que leur classement en catégorie A ou B
50

Le suivi radiologique grâce aux dispositifs de dosimètres passif et/ou
opérationnel.
-
La formation à la radioprotection des patients : elle doit être renouvelée tous les dix
ans (article L.1333-1 du code de santé publique).
-
La maintenance et le contrôle des installations de radiographie dentaire : les contrôles
d’ambiance, les contrôles techniques de radioprotection, et les contrôles de qualité.
-
Il est obligatoire de signaler les incidents liés à l’utilisation de rayonnements ionisants
auprès de l’ASN. (18) (19)
La sécurité incendie - au sein des cabinets dentaires est une norme obligatoire à adopter.
Le cabinet est un établissement recevant du public (ERP) de type U, c’est-à-dire un
établissement de soin sans hébergement de 5eme catégorie pouvant recevoir moins de 100
personnes.
Cette catégorie d’établissement rend obligatoire la présence de dispositifs de sécurité
incendie.
En effet, chaque cabinet dentaire doit être doté :
-
d’extincteurs portatifs à eau pulvérisée, de 6 litres au minimum, conformes aux
normes, à raison d’un appareil pour 300 mètres carrés, avec un minimum d’un
appareil par étage de travail.
Ces extincteurs doivent être accessibles au public et utilisables par le personnel du
cabinet et aussi maintenus en bon état de fonctionnement.
L’emplacement de ces dispositifs est signalé à l’aide d’un pictogramme.
-
Un système d’alarme doit être mis en place
-
La liaison avec les sapeurs-pompiers doit être faite par téléphone urbain
-
Des consignes précises doivent être affichées bien en vue, elles indiquent : le numéro
d’appel des pompiers, l’adresse du centre de secours le plus proche ainsi que les
dispositions immédiates à prendre en cas de sinistre.
Suite à cela, une inspection des membres du conseil de l’Ordre départemental peut avoir lieu
pour s’assurer que le futur cabinet ouvrira dans de bonnes conditions : normes handicapées,
sécurité incendie, et normes de radioprotection.
51
III.
Les autorisations administratives et inscriptions
1. Inscription au tableau de l’ordre départemental :
La demande d’inscription à l’ordre est obligatoire - pour tout chirurgien-dentiste quel que
soit son mode d’exercice. Cette demande est adressée au président du conseil de l’ordre
départemental par lettre recommandée avec accusé de réception.
Les modalités sont les suivantes :
-
Enregistrement de son diplôme au greffe du tribunal de grande instance de son lieu
d’exercice et au bureau d’hygiène de la préfecture ou de la sous-préfecture de son
département
-
un questionnaire ordinal concernant son curriculum vitae (il faut joindre une photo
d’identité aux normes de celles de la carte d’identité française en mentionnant au verso
le nom, le prénom ainsi que l’adresse et le lieu de naissance)
-
un acte de naissance établi il y a moins de trois mois
-
une attestation de nationalité délivrée par une autorité compétente si la pièce d’identité
n’atteste pas de la nationalité
-
2 photocopies du diplôme ou du certificat provisoire certifiés conformes
-
Une déclaration sur l’honneur certifiant qu’aucune instance pouvant donner lieu à
condamnation ou sanction pénale susceptible d’avoir des conséquences sur
l’inscription au tableau n’est en cours à son encontre
Cette inscription doit se faire au plus tard dans le mois qui suit l’installation.
Une cotisation ordinale annuelle obligatoire sera demandée (sauf la première année d’exercice
où le jeune diplômé est exonéré).
En cas de création d’un cabinet, il faudra fournir également :
-
Une pièce justificative de la jouissance du local (attestation de propriété ou photocopie
du bail de location)
-
Une pièce justificative de la jouissance du matériel (photocopie des factures par
exemple)
-
Une attestation sur l’honneur certifiant que le local n’as pas une apparence
commerciale (photos à l’appui par exemple).
52
Suite à l’inscription, la signature d’une convention de tarifs de sécurité sociale sera faite.
Conformément aux dispositions de l’article L.162-9 du Code de la Sécurité Sociale, les
rapports entre les organismes d’assurance maladie et les chirurgiens-dentistes sont définis par
des conventions nationales conclues entre l’Union Nationale des Caisses d’Assurance
Maladie (UNCAM) et une ou plusieurs des organisations syndicales les plus représentatives
de la profession.
Il est possible de ne pas vouloir être conventionner et de pratiquer des tarifs libres dans
certaines conditions et pour cela il faut adresser un courrier à la sécurité sociale par lettre
recommandée avec accusé de réception.
2. L’immatriculation à un centre de formalité des entreprises
L’immatriculation à un centre de formalités des entreprises (CFE) - doit se faire en
suivant ; si cela n’a pas déjà été fait avant la création du cabinet lors des premières
expériences professionnelles du praticien (remplacements, collaboration etc..). En tant que
professionnel libéral, le CFE en question est l’URSSAF.
L’ordre des chirurgiens-dentistes informe l’ARS de l’immatriculation du praticien et celle-ci
va délivrer une carte de professionnel de santé comportant son numéro RPPS (ancien numéro
ADELI).
Le CFE (URSSAF) demande le choix juridique de l’exercice, le choix fiscal, les ayants-droits,
et informera les autres organismes tels que les services fiscaux, l’INSEE, la CPAM, la
CNAVPL et la CAF. Un numéro SIREN est ensuite attribué au praticien correspondant à son
immatriculation.
Il faut néanmoins s’assurer que la CPAM est au courant de l’inscription car l’affiliation au
régime de l’assurance maladie doit être faite dans les 30 jours suivants le début d’activité.
Pour les sociétés - l’inscription au tribunal de commerce est obligatoire. Dans ce cas précis,
c’est le greffe du tribunal qui fait office de Centre de Formalité des Entreprises.
53
3. L’affiliation à la caisse de retraite :
L’affiliation à la caisse autonome de retraite - est prévue par le Code de Sécurité Sociale et
rend obligatoire les cotisations vieillesse et invalidité décès quel que soit le type d’activité
autre que le salariat.
Pour cela la demande de l’inscription auprès de la Caisse Autonome de Retraite des
Chirurgiens-Dentistes et des Sages-Femmes (CARCDSF) doit se faire dans le mois qui suit le
début de l’exercice.
4. La souscription d’une Responsabilité Civile Professionnelle (RCP) :
L’assurance responsabilité civile - est nécessaire avant tout exercice de l’art dentaire. Cette
assurance responsabilité civile professionnelle (ARCP) obligatoire prévue par le Code de la
Santé Publique permet notamment aux praticiens de pouvoir prescrire des ordonnances.
54
CINQUIEME PARTIE :
Bien préparer le début d’activité
55
I.
Choix du laboratoire de prothèses
Le choix du laboratoire de prothèse est une étape primordiale dans le début d’activité.
En effet, pour anticiper l’ouverture, il faut au préalable trouver et faire un contrat avec un
prothésiste afin de s’assurer de la faisabilité des soins prothétiques au cabinet lors des
premiers jours d’ouverture.
Ce choix peut se faire par connaissance du laboratoire, par conseil d’autres praticiens, mais
aussi par leur situation géographique par rapport au lieu d’exercice et par les services qui
peuvent être associés.
Un laboratoire de prothèse étant situé proche géographiquement du cabinet aura des
avantages :
-
un moindre coût en livraison
-
un échange privilégié entre prothésiste et praticien : chacun pouvant se déplacer et
venir à la rencontre de l’autre.
Hors, des offres de coursiers existent afin de se faire livrer des prothèses élaborées dans des
laboratoires éloignés. Ce coût supplémentaire peut être vite compensé par des travaux
prothétiques soignés et préférés par le chirurgien-dentiste.
Il ne faut pas oublier que le choix du prothésiste se fait aussi par une certaine affinité établie
au préalable. La communication facilitée ainsi que la compréhension du travail à accomplir
entre le praticien et son prothésiste reste un critère essentiel à prendre en compte lors de ce
choix.
II.
Choisir son logiciel dentaire
Le choix du logiciel dentaire est important pour l’activité quotidienne au cabinet.
Le praticien doit sélectionner un logiciel correspondant à ses aptitudes en informatique
essentiellement mais aussi il doit lui permettre une fluidité d’exécution des actes
informatiques entre chaque patient.
56
Les congrès dentaires tels que celui de l’ADF permettent de tester les différents logiciels
existants et de se faire une idée sur ce que le praticien veut avoir à son cabinet.
Des commerciaux départementaux peuvent aussi venir directement à la rencontre du praticien
afin de faire des démonstrations du logiciel retenu.
Les logiciels dentaires les plus répandus sont : JULIE, VISIODENT, LOGOS, et KODAK
TROPHY.
III.
La gestion des déchets
Comme nous l’avons précédemment vu, il existe au sein du cabinet une zone de gestion des
déchets à risques infectieux obligatoire.
Le code de la santé publique (article R.4127-269 et R.1335-1 et suivants) impose à tout
chirurgien-dentiste d’assurer la gestion des déchets issus de son activité de soins dans le
respect de la règlementation en vigueur.
La signature d’un contrat de collecte avec un collecteur-transporteur agréé pour les déchets à
risques et un autre contrat pour le recyclage des déchets d’amalgames s’avère nécessaire.
Ce contrat de collecte mentionne plusieurs choses :
-
Son objet avec l’identité des parties contractantes et la durée du service
-
Les modalités de conditionnement, d’entreposage, de collecte et de transport
-
Les modalités du prétraitement ou de l’incinération
-
Les modalités de prise en charge des déchets
-
Les assurances
-
Les conditions financières
-
Et les clauses de résiliation de la convention.
Ce contrat prévoit la mise à disposition pour le praticien de conteneurs nécessaires et
spécifiques à chaque type de déchets et en fonction du poids des déchets existants, une
périodicité de collecte sera établie.
57
La périodicité de la collecte se fait comme suit :
-
Trimestrielle si la quantité de déchets est inférieure à 5 kg
-
Mensuelle si elle est supérieure à 5 kg par mois et inférieure ou égale à 15 kg par mois
-
De 7 jours si cela dépasse les 15 kg par mois et inférieure ou égale à 100 kg par
semaine
-
De 72 heures si la quantité est supérieure à 100 kg par semaine.
Les déchets à risques sont :
-
Les coupants et piquants
-
Les déchets contaminés à risques infectieux
-
Les déchets d’amalgame secs
-
Les boues d’amalgames issues des séparateurs (obligatoire sur chaque unit de soin)
Il faut être conscient du fait que chaque praticien est responsable de ses déchets depuis leur
production jusqu’à leur traitement final. (18)
IV.
Les urgences médicales : trousse de secours et formation aux gestes d’urgence
Le chirurgien-dentiste doit exercer son activité en assurant la sécurité de ses patients ainsi que
celle de ses employés.
Le code de la santé publique (article R. 4127-204 et 205) prévoit et oblige le dentiste à porter
secours en cas d’extrême urgence à un patient en danger immédiat et de parer aux accidents
courants de ses employés. Par conséquent, il est obligé de posséder une tousse d’urgence au
sein de son cabinet.
La trousse d’urgence est obligatoire - mais il n’existe pas de contenu type de celle-ci.
Toutefois, il est recommandé de disposer :
-
De matériel permettant de reconnaitre, confirmer et surveiller une urgence :
tensiomètre, lecteur de glycémie capillaire, oxymètre de pouls ;
-
Du matériel permettant la prise en charge d’une urgence : bouteille d’oxygène (avec
une A.M.M.) ainsi que du matériel d’inhalation et d’insufflation, matériel pour
injection sous-cutanée et intra-musculaire, un défibrillateur ;
58
-
Des médicaments : aspirine, atropine, épinéphrine, glucagon, salbutamol, terbutaline,
trinitrine.
Il est recommandé aussi de pouvoir disposer très rapidement de numéros d’appels d’urgence.
L’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence – de niveau 2 est destinée aux
professionnels de santé. Celle-ci est délivrée à l’issue d’une formation dispensée par des
structures de formations des professionnels de santé, sous la responsabilité d’un médecin
directeur scientifique et pédagogique d’un centre d’enseignement des soins d’urgence
(C.E.S.U.). Tout ceci est réalisé en lien avec le centre d’enseignement des soins d’urgence du
SAMU correspondant à la zone de formation. (18)
V.
La publicité
Avant l’ouverture du cabinet dentaire, il est primordial d’informer la population à ce sujet afin
de se constituer d’ores et déjà une future patientèle.
Les articles R. 4127-215 et R. 4127-225 du code de la santé publique prohibent toute forme
de publicité directe ou indirecte.
Il faut donc se tourner au préalable vers le conseil de l’ordre départemental afin d’obtenir les
conditions requises pour l’information de l’ouverture du cabinet.
La charte ordinale relative à la publicité et à l’information dans les médias ainsi que celle
concernant les sites internet fournissent des repères déontologiques fondamentaux et
permettent de savoir distinguer l’information permise et la publicité prohibée.
Pour la parution d’articles dans la presse écrite locale, le conseil de l’ordre peut fournir un
texte « type » afin de respecter toutes les normes déontologiques applicables à ce genre de
parution.
Il est néanmoins autorisé et conseillé d’anticiper l’ouverture du cabinet avec la réalisation de
carte de visites qui seront disposée et en libre-service au sein du cabinet pour les patients
venus se faire soigner. (18)
59
VI.
L’insertion dans les annuaires téléphoniques et la création de la plaque
professionnelle
Tous les praticiens peuvent apparaître dans l’annuaire téléphonique - comme prévu par
l’article R.4127-217 du code de la santé publique.
Néanmoins, concernant les annuaires en ligne, il appartient au chirurgien-dentiste de refuser
les mentions non autorisées par le code de déontologie afin de ne pas présenter un caractère
publicitaire à cette insertion.
La plaque professionnelle - est un élément clé de l’affirmation d’ouverture du cabinet et du
début d’activité du praticien mais sa création est rigoureusement règlementée.
L’article R.4127-218 du code de la santé publique mentionne les indications pouvant figurer
sur cette plaque.
Il faut faire attention à la mention de diplômes et de titres particuliers en s’adressant au
conseil national de l’Ordre afin d’avoir toutes les autorisations requises en matière
d’inscription des mentions.
L’intitulé des plaques et des imprimés professionnels - est régit par l’article L.4111-5 du
code de la santé publique précise la notion de titre de formation et de titre professionnel : « le
médecin, le praticien de l’art dentaire, la personne exerçant la profession de sage-femme peut
faire usage de son titre de formation dans la langue de l’Etat qui le lui a délivré. Il est tenu de
faire figurer le lieu et l’établissement où il l’a obtenu. L’intéressé porte le titre professionnel
de médecin, chirurgien-dentiste ou sage-femme. »
Les modèles sont soit :
-
NOM Prénom
-
Chirurgien-dentiste (mention du titre professionnel)
Ou
-
Docteur NOM Prénom
-
Docteur en chirurgie dentaire (mention du titre professionnel)
-
Diplômé de l’Université de …
(18)
60
CONCLUSION
61
Il est évident qu’après de longues études de formation à la chirurgie dentaire, les jeunes
praticiens diplômés ne se tournent pas forcément vers la création d’un cabinet dès leur sortie
de la faculté.
La peur de l’échec et des responsabilités peuvent freiner et retarder le chirurgien-dentiste à
vouloir s’installer et créer sa propre entreprise.
Le défi de la création d’un cabinet dentaire en entreprise individuelle est double : celui de
s’assumer en tant que praticien libéral à part entière et face à ses patients ainsi que d’adopter
le rôle d’un chef d’entreprise et de gestionnaire administratif, financier et fiscal de façon
indépendante ; le praticien reste seul face à ses nouvelles responsabilités.
Malgré de nombreuses étapes à traverser afin d’aboutir à l’ouverture de son propre cabinet, le
chirurgien-dentiste doit rester convaincu du potentiel qu’offre sa profession et de
l’opportunité qu’elle donne.
La création d’un cabinet dentaire est une des possibilités de notre exercice. Si le besoin
d’indépendance est grand et si l’envie de réaliser un projet professionnel propre à soi-même
est présente, il est envisageable pour chacun de se lancer dans le défi de l’entreprise
individuelle.
Créer son cabinet est un processus long, difficile et ambitieux certes, mais qui permet
certainement au praticien qui le désire de s’accomplir pleinement, pour le plus grand bénéfice
de ses patients.
Vu le 27/10/2016
Le président du jury, Pr M. Sixou
Le directeur de thèse, Dr JN Vergnes
62
BIBLIOGRAPHIE ET REFERENCES :
Consulté le 27/10/2016
(1)
http://www.ameli.fr/l-assurance-maladie/statistiques-et-publications/donneesstatistiques/professionnels-de-sante-liberaux/index.php
(2)
http://www.ufsbd.fr/espace-public/contactez-lufsbd-pres-de-chez-vous/
(3)
http://www.insee.fr/fr/bases-de-donnees/defaut.asp?page=recensements.htm
(4)
http://www.insee.fr/fr/theme.asp?theme=6&sous_theme=0&type=2&nivgeo=0&n
ivgeo=99&produit=OK
(5)
http://carto.ordre-chirurgiens-dentistes.fr/cartoncd/easy/portal/oncd
(6)
http://social-sante.gouv.fr/grands-dossiers/pts/zoom-sur-les-dispositifs-en-faveurdes-futurs-et-jeunes-prfessionnels-de-sante/le-contrat-d-engagement-de-servicepublic-cesp/
(7)
http://www.notaires.fr/fr/linsaisissabilite-du-bien-immobilier
(8)
http://www.net-iris.fr/veille-juridique/actualite/34972/la-loi-macron-instaureune-insaisissabilite-de-droit.php)
(9)
http://www.odre-chirurgiens-dentistes.fr/actualites/annees-encours/actualites.htlm
(10)
http://www.dentalgest.com/index.php/chef-entreprise/164-gestion/354-leirl
(11)
http://www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr/chirurgiens-dentistes/securisez-votreexercice/relations-patients/accessibilite-des-handicapes.htlm
(12)
https://www.generali.fr/professionnel/dossier/locaux-professionnels-acheterlouer-fevrier-d1/
(13)
http://www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr/chirurgiens-dentistes/selectionnezvotre-contrat/tous-les-contrats/contrat-de-location.html
(14)
http://www.lefildentaire.com/articles/pratique/ergonomie-materiel/sur-quelscriteres-choisir-son-equipement/
(15)
http://www.cmvmediforce.fr/materiel-medical/credit-bail-materiel-medicalleasing/
(16)
http://www.asf-france.com/publications-asf/Livrets/Le-financement-locatifequipement-des-entreprises.pdf
63
(17)
http://www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr/devoir-chirurgien-dentiste/les-aides-alinstallation.html
(18)
Guide d’accueil du CNOD (Conseil National des Chirurgiens-Dentistes)
(19)
https://professionnels.asn.fr/content/download/101794/746122/version/1/file/DEC
-GX.pdf
64
ANNEXES
Annexe 1 :
65
66
67
68
69
70
71
72
Annexe 2 :
73
Annexe 3 :
74
75
Annexe 4 :
76
77
78
GLOSSAIRE
A.C.C.R.E. : Aide au Chômeur Créant ou Reprenant une Entreprise
A.D.F. : Association Dentaire Française
A.M.M. : Autorisation de Mise sur le Marché
B.N.C. : Bénéfice Non Commercial
C.A.F. : Capacité d’Autofinancement
C.A.F. : Caisse d’allocations Familiales
C.A.R.C.D.S.F. : Caisse Autonome de Retraite des Chirurgiens-dentistes et Sages-femmes
C.F.E. : Centre de Formalités des Entreprises
C.N.O. : Conseil National de l’Ordre
C.P.A.M. : Caisse Primaire d’Assurance Maladie
D.A.S.R.I. : Déchets d’Activité de Soin à Risque Infectieux
E.I. : Entreprise Individuelle
E.I.R.L. : Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée
E.R.P. : Etablissement Recevant du Public
I.N.S.E.E. : Institut National de la Statistiques et des Etudes Economiques
I.R. : Impôt sur le Revenu
I.S : Impôt sur les Sociétés
P.C.R. : Personne Compétente en Radioprotection
R.C.P. : Responsabilité Civile professionnelle
S.C.I. : Société Civile Immobilière
S.C.M. : Société Civile de Moyen
S.C.P. : Société Civile Professionnelle
S.E.L. : Société d’Exercice Libéral
U.F.S.B.D. : Union Française de la Santé Bucco-Dentaire
U.RS.S.A.F. : Union de Recouvrement pour la Sécurité Sociale et les Allocations Familiales
Z.F.U. : Zone Franche Urbaine
Z.R.R. : Zone de Revitalisation Rurale
79
MERCIER Pauline
2016-TOU3-3080
CREATION D’UN CABINET DENTAIRE EN ENTREPRISE INDIVIDUELLE
Résumé :
La création d’un cabinet dentaire en entreprise individuelle est une des possibilités qu’offre la
profession de chirurgien-dentiste. Chacun est libre de choisir son mode et son lieu d’exercice
et ainsi de pratiquer l’art dentaire de façon personnelle et propre à chaque praticien. En effet,
créer son propre cabinet est un enjeu personnel et une envie profonde doit nourrir ce choix.
Il faut noter que la difficulté de s’installer et les risques à prendre par le biais de cette
démarche ne sont pas à négliger et beaucoup de notions particulières doivent être abordées
afin de rendre ce projet réalisable et surtout réussit.
Title : Creation of a dental office as a sole trader.
Discipline administrative: Chirurgie dentaire
Mots-clés: Création – Cabinet dentaire – Entreprise Individuelle
Intitulé et adresse de l’UFR : Faculté de Chirurgie dentaire. 3 chemin des Maraîchers 31062
Toulouse Cedex
Directeur de thèse : Docteur VERGNES Jean-Noël