"Argus mars avril 2012" au format
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"Argus mars avril 2012" au format
Risques et pollutions industriels L’argus des accidents technologiques La réaction chimique impromptue, un risque sous-estimé… Le mélange de produits incompatibles est à l’origine de nombreux accidents. Aria en fournit de nombreux exemples* En mars et avril 2012, 245 accidents ou incidents survenus en France ou à l’étranger ont été recensés dans la base de données Aria du ministère du développement durable. Sans compter les quelques dizaines de canalisations de gaz arrachées ou percées lors de travaux, 16 de ces 245 événements impliquent des rejets de matières dangereuses (fioul, gazole, effluents…) polluant les eaux superficielles et 15 sont relatifs à des feux de déchets. Régulièrement évoqués dans ces colonnes, plusieurs réactions chimiques inattendues ont aussi été répertoriées ce bimestre, lors d’un mélange accidentel de produits incompatibles à Le Châtelet-en-Brie (77), du décapage à l’acide nitrique de pièces métalliques en présence d’un dépôt de résidus à Braine (02) ou du remplissage avec de l’acroléine d’un récipient en polyéthylène inadapté à cette substance à Rouen (76), par hydrolyse enfin, lors de fortes pluies, d’une substance chimique stockée dans des fûts abîmés à Saint-André (La Réunion). Ces 4 accidents illustrent la diversité des causes et circonstances de ces situations accidentelles impliquant des substances incompatibles, pour lesquelles les facteurs organisationnel et humain sont prépondérants, et qui montrent la nécessité d’une vigilance appropriée. Toute mise en œuvre d’un produit chimique doit ainsi être précédée d’une réflexion quant aux réactions éventuelles avec d’autres substances présentes à proximité, sur la compatibilité des contenants et contenus, ainsi que sur les risques inhérents à un stockage inapproprié des produits chimiques sensibles à la température, l’hygrométrie de l’air… Leurs conditions de conservation et dégradation éventuelle avec le temps doivent également faire l’objet d’une surveillance toute particulière. Photo Sdis aria.developpement-durable.gouv.fr * Cf. sur le site Aria les accidents n° 4460, 6004, 11664, 12164, 18036, 19145, 21245, 24357, 25706, 26799, 27784, 34589, 34810, 37516, 39202, 41603… Véronique Pasquet Chargée de recherche au CNRS Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie Direction générale de la prévention des risques - BARPI Pour vous tenir informé(e) de ses dernières parutions relatives au retour d’expérience sur accidents industriels, le BARPI vous propose de vous abonner à sa newsletter bimestrielle sur www.aria.developpement-durable.gouv.fr. N° 124 - Juillet-août 2012 - Préventique 89 Risques et pollutions industriels Réactions inattendues n 24-03-2012 02 - Braine 25.62 - Usinage Dans une entreprise assurant la maintenance d’échangeurs à plaques, une émission accidentelle d’oxydes d’azote a lieu vers 9 h lors du décapage de pièces en titane dans un bain d’acides nitrique et phosphorique à 30 %. Des riverains apercevant un panache de « fumées rousses » alertent les secours. Les contrôles effectués par les pompiers aidés d’une CMIC ne relèvent aucun risque pour le voisinage. Selon, l’exploitant, une réaction chimique entre le bain acide et les dépôts de résidus (de composition parfois indéterminée) sur les plaques d’échangeurs serait à l’origine du rejet. n 29-03-2012 974 - SAINT-ANDRé 10.81 - Fabrication de sucre Photo Sdis 22 Un feu se déclare vers 4 h au niveau d’un conteneur entreposé sur le parc à cannes d’une sucrerie. Ce conteneur de 12 m de long contient 40 fûts de 50 l d’hydrosulfite de sodium anciennement utilisé pour le blanchiment du sucre. Des déchets caoutchouteux (courroies) et métalliques (divers matériels usagés) sont entreposés à l’avant du conteneur en attente d’évacuation par une société spécialisée. Le gardien alerte la responsable sécurité environnement de l’établissement qui lui demande d’appeler les secours, et prévient le directeur du site qui se rend sur les lieux. Sur place à 4 h 30, les pompiers attaquent le feu de caoutchouc et de bois (palettes et plancher du conteneur), enrayent le panache de fumée qui se dirige vers la mer et établissent un périmètre de sécurité. L’inspection des installations classées (IIC) informée à 7 h 30 se rend sur place. Le personnel est évacué et les industriels voisins sont prévenus. Compte tenu des vents dominants et des habitations proches, une station de mesure mobile de l’ORA (Observatoire régional de l’air) est mise en place à la demande de l’IIC. Le feu de matières plastiques et de bois est maîtrisé à 14 h. Des teneurs élevées de CO et d’H2S (~ 100 ppm après ventilation) sont mesurées dans et à proximité du conteneur. Constatant que de la fumée s’échappe de 5 fûts, les secours refroidissent le conteneur, dont la température s’élève à 110 °C en partie haute et à 70 °C en partie basse. Les fûts d’hydrosulfite accessibles étant à 90 °C, au-delà de la température de décomposition du produit, ces derniers sont extraits et placés sous double sarcophage dans des bidons de 200 l comblés de sable, eux-mêmes placés dans des GRV d’1 m³ également comblés de sable. L’opération est achevée vers 22 h 30. Le dispositif de surveillance du Sdis est levé le lendemainà 8 h 30. Le-Châtelet-en-Brie 90 Préventique - N° 124 - Juillet-août 2012 L’incendie est dû conjointement aux fortes pluies qui ont balayé la Réunion et au stockage dans des conditions inadaptées en fûts abimés d’hydrosulfite de sodium réagissant violemment au contact de l’eau. La réaction fortement exothermique conduit à la formation de SO2, mais le milieu confiné (fûts) et la température élevée ont également favorisé un important dégagement d’H2S. La gestion des déchets sur le site ne respectait ni l’arrêté préfectoral, ni les conditions de stockage mentionnées dans la fiche sécurité du produit : aire de stockage non étanche, protection contre les intempéries non assurée, zones de stockage des différents déchets non clairement identifiées, aucun tri efficace en place. Stockés depuis plus de 5 ans, certains de ces déchets auraient dû être éliminés depuis longtemps. L’exploitant est mis en demeure d’évacuer les déchets non dangereux dans un délai de 15 jours et les déchets dangereux, pour lesquels certaines filières ne sont pas encore bien organisées, sous 3 mois. Un arrêté de mesures d’urgence est proposé pour réglementer le stockage des déchets de combustion dans l’attente de leur élimination et prescrire les conditions minimales devant être respectées : équipements de protection individuels, moyens de détection et protection contre l’incendie en quantité suffisante et correctement répartis… n 11-04-2012 76 - ROUEN 38.22 - Traitement et élimination des déchets dangereux Dans une société traitant des déchets dangereux, des employés inhalent des vapeurs d’acroléine lors du transvasement du contenu de 2 fûts de 200 l de cet aldéhyde dans une cuve de 1 000 l en polyéthylène. L’acroléine et le plastique étant chimiquement incompatibles, une réaction exothermique dans la cuve a entraîné l’émission de vapeurs. La température dans les fûts était de 12 °C et de plus de 50 °C dans la cuve pour un point d’ébullition de l’acroléine de 53 °C. Les 15 employés du site et ceux de l’entreprise voisine sont évacués. Appuyés par une cellule mobile d’intervention chimique (CMIC), les pompiers prennent en charge 4 employés incommodés. L’aide d’un réseau professionnel d’expertise (Transaid) est sollicité pour conditionner et éliminer le produit. Les fûts sont placés sous hotte aspirante avant transvasement de leur contenu, 2 h plus tard, dans des fûts compatibles de 100 l avant évacuation vers un site spécialisé dans l’incinération des déchets dangereux. La municipalité, l’inspectiondes IC et la police ont été informées de l’accident. n 19-04-2012 77 - LE CHâTELET-EN-BRIE 10.71 - Fabrication de pain et de pâtisserie fraîche Dans une pâtisserie industrielle, un opérateur mélange à 12 h, par erreur, 1 000 l de soude en solution et 1 000 l d’acide nitrique à 30 % ; 800 l d’acide nitrique se répandent sur le sol. La zone d’emballage des produits est évacuée et des pompiers spécialisés en risques chimiques interviennent. Équipés de scaphandres, ils aspirent les produits et neutralisent les flaques restantes avec du carbonate de calcium fourni par l’entreprise. L’intervention s’achève à 17 h 30. L’industriel évalue sa perte à 125 keuros : 35 keuros de produits contaminés et 90 keuros dûs à l’arrêt de la production. Risques et pollutions industriels Pollution des eaux et des sols L’exploitant constate que les planches en contreplaquées obturant le bassin d’orage ont bougé. Les pluies des 2 derniers jours ont par ailleurs favorisé l’écoulement des eaux d’extinction. Le bassin d’orage est obturé avec une banne étanche recouverte de terre. L’inspection des IC note une mauvaise gestion des eaux d’extinction qui auraient déjà dû être traitées plus tôt. L’exploitant les recyclait dans son process. Les périodes de grands froids ont toutefois perturbé leur recyclage en février, l’eau gelée ne pouvant être traitée. L’inspection des IC demande à l’industriel de prendre de suite les mesures nécessaires pour rendre opérationnels ses bassinsd’orage et de confinement. (photo page suivante) n 2-03-2012 14 - Pont-l’évêque 549.41 - Transports routiers de fret Au voisinage d’une entreprise de nettoyage de citernes routières, des poissons morts et des irisations à la surface du ru Mordouet sont signalés à la mairie dans la matinée. Le responsable technique de la commune et la police municipale se rendent chez l’exploitant à 10 h 30. Ce dernier confirme également une nuisance olfactive qu’il attribue à du styrène. Les pompiers installent des barrages flottants, puis localisent à 11 h 30 le rejet au niveau d’un drain en bordure du parc de l’entreprise ; 250 l de produit seront récupérés. L’endommagement d’une canalisation d’eau vers 13 h lors des opérations de curage conduit à une forte dilution du polluant. Une entreprise spécialisée est mandatée pour décaisser les terres qui sont stockées dans l’établissement et collecter les effluents dans des emballages adaptés avant leur élimination. L’accident est déclaré à l’inspection des IC à 15 h. L’Onema prélève des poissons morts pour les analyser. En fin de soirée, la mairie et des tiers relogent pour la nuit 14 riverains se plaignant encore d’une odeur résiduelle. Le lendemain, les pompiers épandent des produits absorbants et dispersants. L’exploitant évoque un non-respect des consignes d’égouttage des citernes : le 29-02, un chauffeur de retour d’une livraison de styrène a vidangé le produit résiduel en ouvrant les dômes et la vanne de fond en limite de propriété au lieu de vidanger dans l’aire prévue à cet effet, vers des fûts destinés à l’élimination. L’employéest mis à pied. L’exploitant effectue des analyses dans les sols et la nappe (via les piézomètres). Les consignes sont rappeléesaux employés. n 5-03-2012 45 - SAINT-CYR-EN-VAL 10.85 - Fabrication de plats préparés Dans une usine agroalimentaire, une fuite d’huile sur une bride de canalisation entraîne un départ de feu à 11 h 20. Une alarme alerte les techniciens qui la situe, puis l’identifie sur la « zone épurateur ». Chauffée à 290 °C, l’huile minérale est le fluide caloporteur chauffant les friteuses de l’établissement. L’exploitant déclenche son POI, l’équipe d’intervention interne attaque le feu avec l’eau d’une borne, pendant que les techniciens coupent les énergies (gaz et électricité). Avertis par l’alarme, les 86 employés se dirigent vers les points de rassemblement. Vers 11 h 45, les pompiers publics prennent le relais des secours internes et utilisent 420 m³ d’eau avant de parvenir à maîtriser le sinistre. Les locaux sont ventilés en ouvrant les exutoires et une équipe spécialisée dans le risque chimique (CMIC) colmate la fuite. Un technicien de l’agglomération orléanaise inspecte les réseaux d’eaux pluviales de l’usine et constate des flaques d’hydrocarbure sur le bassin d’orage de la zone industrielle. Piégées par le séparateur à hydrocarbure, les flaques ont pollué par débordement une zone d’un périmètrede 15 m autour du dégrilleur ; le sol est pollué sur 200 m². Pour éviter tout écoulement supplémentaire, les pompes de la station de prétraitement des eaux usées sont arrêtées pendant l’extinction de l’incendie et les n 1-03-2012 Soultz-sous-Forêts 67 - SOULTZ-SOUS-FORêTS 46.71 - Commerce de gros de combustibles et de produits annexes Dans le dépôt d’un commerce de gros de combustibles, 3 000 l de fioul se déversent vers 8 h 30 lors du remplissage d’un camion-citerne. La cuvette de rétention déborde et 1 000 l d’hydrocarbure polluent un ruisseau, puis le Seltzbach sur 3 km. Les pompiers installent 4 barrages absorbants sur la rivière et une entreprise spécialisée pompe le fioul confiné dans la rétention. Aucun captage d’eau ou station d’épuration n’est menacé. n 6-03-2012 47 - DAMAZAN Dans une usine de panneaux de bois soumise à autorisation, des eaux d’extinction d’un incendie survenu le 21-1011 (Aria 41147) se déversent des bassins de rétention et polluent la Gaubège sur 2 km. Photo Sdis 67 16.21 - Fabrication de placage et de panneaux de bois N° 124 - Juillet-août 2012 - Préventique 91 Risques et pollutions industriels les aspects risques inondation et pollution, ainsi que l’organisation de la sécurité. L’accident est présenté lors d’une séance du comité local d’Information et de communication. n 20-04-2012 05 - CHORGES eaux s’écoulent dans le réseau. Une société d’assainissement de l’agglomération pompera les eaux d’extinction et nettoiera la zone polluée par l’hydrocarbure, ainsi que les ouvrages : pompage et curage complet de la station de prétraitement des eaux usées, pompage et nettoyage du bassin d’orage et de son séparateur, nettoyage du sol et pompage des déchets dans la zone épurateur. Les employés réintègrent les locaux à 13h45 ; 0,17 des 5 t d’huile du circuit ont été perdue. La perte de production est évaluée à 230 keuros, la perte d’huile et son remplacement à 56 keuros, l’évacuation des déchets, ainsi que la dépollution des eaux et des sols à 25 keuros. Les installations de réfrigération de l’établissement ne semblent pas avoir été endommagées. Le scénario de l’accident était identifié dans l’étude de danger du site. L’exploitant améliorera son POI sur Un employé d’une scierie vidange par erreur une cuve de fongicide vers 20 h ; 4 m³ de solution polluent l’Avance sur 20 km en formant une mousse. La faune aquatique est gravement atteinte. La pollution n’est signalée que le lendemain à 7 h 30 par des particuliers. Les secours installent 3 barrages flottants, les préfectures des Hautes-Alpes (05) et des Alpes-de-Haute-Provence (04) interdisent la pêche. L’Agence régionale de santé (ARS) demande aux exploitants de captages d’eau d’arrêter les pompages, 500 abonnés doivent être ravitaillés avec de l’eau en bouteille distribuée par les services municipaux concernés. Des reconnaissances permettent d’identifier la source de la pollution dans l’après-midi. Les pompiers pompent le produit restant. Les fortes précipitations durant la nuit du 21 au 22 diluent le produit. Photo Sdis 05 Damazan Photo Sdis 47 43.99 - Autres travaux de construction spécialisés n.c.a. Incendies et explosions n 8-03-2012 38 - SAINT-CLAIR-DU-RHôNE 20.14 - Fabrication d’autres produits chimiques organiques de base Dans l’atelier de production de sulfure de carbone (CS2, toxique et très inflammable) d’une usine chimique fabriquant des produits soufrés, un opérateur ajoute des pastilles de soude dans un bac de préparation d’eau sodée d’1 m³, puis ouvre la vanne d’arrivée de condensats chauds pour réaliser le mélange quand une auto-inflammation entraîne un départ de feu à 18 h. Les opérateurs donnent l’alerte à 18 h 06 et déclenchent manuellement le système d’extinction automatique. La sirène d’alerte du site est activée, les pompiers volontaires internes établissent vers 18 h 15 un rideau d’eau hors de l’atelier (la combustion du CS2 produisant des 92 Préventique - N° 124 - Juillet-août 2012 fumées toxiques) et complètent l’extinction du bac au moyen de 3 extincteurs à poudre. Le POI est déclenché durant 1 h, l’extinction s’achevant vers 18 h 20. Il n’y a ni victime, ni atteinte environnementale. L’eau d’extinction a été collectée dans un bassin incendie. Des passages de câbles électriques sont endommagés, mais l’atelier peut redémarrer 24 h plus tard. L’exploitant informe la communevoisine et diffuse un communiqué de presse. L’exploitant effectue une enquête qui révèle qu’un clapet anti-retour fuyait sur la tuyauterie en sortie du bac. Ces équipements avaient été remplacés quelques jours plus tôt lors d’une période d’arrêt destinée à la maintenance des installations, les opérateurs suspectant la présence de CS2 en fond de bac (couleur jaunâtre). La pression dans la tuyauterie alimentant le stockage de CS2 depuis la colonne de synthèse était en conséquence supérieure à celle régnant dans la tuyauterie alimentant la colonne depuis le bac de préparation de l’eau sodée, provoquant le refoulement du CS2 dans le bac avant le début de l’opération ; plus lourd que l’eau, le CS2 a décanté au fond du bac sous l’eau résiduelle. En début de formulation d’eau sodée, l’opérateur voulant partir avec un bac propre vidange l’eau résiduelle par la purge Risques et pollutions industriels n 5-03-2012 27 - ACQUIGNY 17.22 - Fabrication d’articles en papier à usage sanitaire ou domestique Un feu se déclare vers 18 h dans un entrepôt de 10 000 m². Le personnel utilise plusieurs robinets d’incendie armés (RIA) et 2 têtes de sprinklage se déclenchent. Les pompiers publics renforcent le dispositif. Des caristes équipés d’ARI évacuent des balles de coton du bâtiment pour que les secours puissent les arroser à l’air libre. Les fumées sont évacuées en ouvrant les exutoires en toiture. Le feu est déclaré éteint à 0 h 30 ; 500 m³ d’eaux d’extinction contenant 180 l de glycol se déversent dans le réseau pluvial du site et dans un fossé, 33 m³ pourront être repompées. Vers 7 h 30, une reprise de feu dans une balle stockée à l’extérieur nécessite l’intervention des pompiers publics pour 45 min. Cette reprise est due au non-respect de la consigne d’arrosage permanent entre 5 h et 7 h. Les balles de coton seront arrosées toute la matinée puis ouvertes pour vérifier l’extinction des derniers foyers. La zone extérieure et le bâtiment sont nettoyés, le coton brûlé est évacué vers des sociétés spécialisées dans l’élimination de déchets. Le bâtiment est intact, mais 800 balles de coton (300 keuros) sont détruites. L’exploitant remplace les 2 têtes de sprinklage, remet le circuit en eau et en pression, remplit la bâche de 1 600 m³ de son système de lutte contre l’incendie et fait livrer du fioul pour la moto-pompe incendie. Les causes de l’accidentne sont pas connues. Provenant du Pakistan, les balles de coton avaient été déchargées le jour de l’incendie. L’exploitant améliore la formation de son personnel dans le domaine du risque incendie, ainsi que l’accès à son établissement et s’équipe d’une caméra thermique. L’implantation d’une rétention d’eau d’extinction est étudiée, ainsi que la recherche d’une zone pour stocker sous surveillance les déchets de coton brûlés. L’usine d’incinération traitant les balles de coton rencontrera des difficultés à la suite de nombreux départs de feux entre les 6 et 8 mars dans la fosse d’ordures ménagères alimentant l’incinérateur (cf. Guichainville, page suivante). n 5-04-2012 22 - PLOUAGAT Lors du démantèlement d’une tour dans une usine d’aliments pour animaux, des étincelles tombent sur les tôles translucides d’un bâtiment de stockage ; 50 à 60 t de paille et de luzerne s’enflamment vers 14 h 30. Les employés sont évacués ; les secours protègent un stock de fioul et de bicarbonate et évacuent des bouteilles d’oxygène et d’acétylène. La paille est sortie du bâtiment et étalée pour faciliter son extinction avec 3 lances à eau, puis les débris de toiture sont déblayés. Les eaux d’extinction sont recueillies dans un bassin dédié. L’intervention s’achève à 23 h, les lieux restant sous surveillance toute la nuit. Le site fonctionnant 24 h/24, l’activité reprend sur la partie de l’usine non atteinte. Un site de stockage d’engrais proche n’a pas été menacé. Les conséquences économiques sont importantes, le stock de matières premières ayant brûlé, la toiture du bâtiment est détruite. Les travaux de démantèlement bénéficiaient d’un permis de feu en règle. L’inspection des IC demande à l’exploitant un rapport d’accident indiquant la gestion des eaux d’incendie, ainsi que les mesures complémentaires mises en place pour la reprise du chantier de démolition et l’élimination des produits brûlés. Photo Sdis 22 10.91 - Fabrication d’aliments pour animaux de ferme Plouagat n 11-04-2012 40 - LINXE 16.21 - Fabrication de placage et de panneaux de bois Vers 10 h, 3 explosions se produisent au niveau de la chaine de production d’une entreprise de panneaux de bois. La zone impactée s’étend de la vis sans fin en aval du séchoir jusqu’aux silos à copeaux de bois en sortie de la zone de triage et en amont de l’activité d’encollage. Ces 3 déflagrations se propagent sur l’ensemble de la chaine de triage, atteignant 3 silos et les convoyeurs. Les copeaux contenus dans les silos s’échauffent et s’enflamment, initiant des départs de feu sur chacun des 3 silos. L’accident a lieu lors d’un arrêt technique de l’usine pour maintenance et 6 entreprises extérieures intervenaient dans la zone accidentée ; 8 blessés dont 2 graves (brûlures au visage et aux avants bras) sont à déplorer, 5 d’entre eux étant des prestataires externes. Le POI est déclenché vers 11 h. Les secours arrivés rapidement sur place évacuent les blessés à 11 h 15 vers les hôpitaux de Bordeaux, Dax et Bayonne. Aucune conséquence hors du site n’a été relevée, les eaux d’extinction sont retenues dans un bassin dédié. Une enquête judiciaire est réalisée. Photo Sdis 40 de fond du bac, malgré la consigne donnée de ne pas vider complètement le bac ; le CS2 liquide se retrouve sans couverture d’eau. Les condensats arrivant à 105 °C dans le bac ont provoqué la vaporisation du CS2 (Teb. 80 °C à pression ambiante) et son inflammation (environ 10 l) au contact d’un point chaud (moteur de l’agitateur ?). L’examen du clapet anti-retour fuyard révèle qu’il ne correspondait pas au modèle prévu pour cette tuyauterie (clapet à battant utilisé pour des tuyauteries d’eau sodée de DN 50 à 150, un clapet à piston et ressort étant spécifiépour des DN de 15 à 40). Plusieurs mesures sont prises : – consigne permanente interdisant la vidange complète du bac ; – remplacement du clapet non conforme et contrôle des 65 clapets installés dans l’atelier CS2 ; aucune autre non-conformité n’est trouvée ; – modification du mode opératoire : pas de remplissage simultané du stockage CS2 pendant la procédure, isolement de la tuyauterie en sortie de bac à l’arrêt ou lors du remplissage par les condensats, vérification de l’absence de CS2 (couleur, seuil de détection olfactif inférieur à 0,1 ppm) lors de la purge de fond de bac ; – installation d’une régulation directe coupant l’alimentation en CS2 de la tuyauterie en sortie de bac (fermeture de la vanne motorisée de fond de bac et arrêt de la pompe d’aspiration) sur détection d’un débit inverse de CS2 en provenance du stockage (débitmètre double-flux). N° 124 - Juillet-août 2012 - Préventique 93 Risques et pollutions industriels Déchets n 5-04-2012 13 - MARIGNANE 38.32 - Récupération de déchets triés 974 - SAINT-PIERRE 38.21 - Traitement et élimination des déchets non dangereux Dans un centre d’enfouissement de déchets ménagers, un feu se déclare vers 13 h dans une alvéole d’enfouissement de 3 à 4 000 m² contenant des déchets non recyclables sur 25 m de hauteur. Un vent violent avec des rafales à plus de 100 km/h attise les flammes. La bâche incendie de l’alvéole qui a explosé quelques jours plus tôt n’est pas disponible. La fumée est visible à plusieurs kilomètres. Des riverains de L’Étang-Salé portent plainte. Intervenant avec 12 engins et 40 hommes, les pompiers déploient 12 lances à eau. Le réseau de collecte du biogaz est coupé préventivement pour éviter toute propagation du sinistre à l’usine de traitement. Les employés décaissent et déplacent les déchets refroidis avec des camions de chantier et des pelles mécaniques. Des gravats extraits de la partie basse de l’alvéole permettent d’isoler certaines zones, de créer des pistes de circulation et d’étouffer quelques foyers résiduels. L’alimentation en eau du dispositif est entravée par la coupure du réseau d’alimentation public en raison de la sécheresse sévissant sur le sud de l’île depuis plusieurs mois et l’indisponibilité sur panne électrique (carte électronique grillée par une surtension du réseau) de la pompe du bassin incendie de 3 800 m³. Vers 16 h, les secours installent des motopompes sur le bassin pour commencer l’extinction, le réseau public est rendu opérationnel depuis 15 h 30 après intervention du personnel d’astreinte du gestionnaire du réseau alerté par l’exploitant. Une cellule mobile d’intervention chimique (CMIC) effectue des mesures de polluants et de poussières dans l’air dans les quartiers les plus proches de la commune de Saint Louis qui se révèlent négatives. Le feu est déclaré éteint 3 jours plus tard, des rafales de vent ayant réactivé plusieurs fois le foyer durant 48 h, obligeant jour et nuit l’exploitant à retourner ces déchets sur 1 m d’épaisseur avec des engins. Les eaux d’extinction contenues dans l’alvéole seront traitées par les installationsde traitement des lixiviats. Selon l’exploitant, les fortes pluies (humidité) et la chaleur importante des derniers jours auraient favorisé la fermentation des déchets et l’accumulation de gaz inflammables dans l’alvéole. Des fumées suspectes avaient déjà été détectées 48 h avant le sinistre sur cette alvéole non bâchée pour éviter ce phénomène car en exploitation. Un an auparavant et dans des conditions météo similaires (chaleur, vent), un incendie s’était déclaré dans le centre de tri des encombrants attenant au site d’enfouissement connu pour être soumis à des vents importants. L’exploitant du site installe 5 poteaux incendie supplémentaires alimentés par le bassin incendieau moyen de surpresseurs. Malgré tout le soin apporté à la réalisation de cette synthèse, il est possible que des inexactitudes persistent dans les éléments présentés. Merci au lecteur de bien vouloir signaler toute anomalie avec mention des sources d’information au Barpi, 5 place Jules-Ferry, 69006 Lyon. Courriel : [email protected]. 94 Préventique - N° 124 - Juillet-août 2012 Photo Sdis 13 n 3-03-2012 Un feu se déclare vers 16 h dans une casse automobile de 1 ha et se propage à 1 200 m² de carcasses de véhicules (VHU) empilées sur 10 m de haut ; l’incendie produit un important panache de fumées. Les pompiers déploient 7 lances à eau dont 3 sur échelles, ainsi que des lances à mousse. Le feu est éteint le lendemain vers 7 h. Le trafic aérien de l’aéroport de Marignane n’a pas été perturbé. La cause du sinistre est inconnue ; 2 incendies importants s’étaient déjà produits sur le site en 2007 et 2008 (Aria 34048 et 34296).. n 6-03-2012 27 - GUICHAINVILLE 38.21 - Traitement et élimination des déchets non dangereux Des balles de coton à éliminer après un incendie dans une entreprise (feu d’entrepôt à Acquigny, cf. p. 94) arrivent à 15 h dans un centre d’incinération et sont placées dans la fosse accueillant le refus de crible du broyage de déchets verts. À 16 h 30, les employés remarquent de la fumée, arrêtent l’apport de déchets verts dans la fosse et l’arrosent avec des lances-canons et des RIA. Le lendemain, 4 nouvelles bennes de coton provenant du même établissement incendié arrivent sur site et sont mélangées aux ordures ménagères dans la fosse de l’incinérateur. Utilisant les moyens d’extinction fixes du centre, les employés devront maîtriser plusieurs départs de feu à 12 h 20, 13 h 40, 20 h 30, 21 h et le surlendemain à 3 h 30. Un départ de feu plus important à 5 h entraîne l’intervention des pompiers à 5 h 40, il est maîtrisé à 15 h 40 avec 3 lances à eau alimentées par la réserve et le bassin incendie du site ; 32,5 t de coton et 600 t de déchets ménagers impliqués dans l’incendie sont placés dans la trémie et incinérés au fur et à mesure de l’extinction. Durant toute l’intervention, l’exploitant réoriente le stockage des ordures ménagères vers l’unité de mise en balle, tout en refusant les déchets industriels banals (DIB). Les eaux d’extinction sont recueillies dans des bassins, aucun dépassement significatif des limites d’émissions de polluants atmosphériques en sortie des 2 lignes d’incinération ne sera relevé. Il semblerait que les bordereaux remis au transporteur des balles et indiquant « coton brûlé » n’aient pas été remis à l’exploitant de l’incinérateur. De plus, celui-ci indique que les balles de coton avaient bien été ouvertes mais ne présentaient pas de trace d’arrosage. L’expéditeur affirme que celles-ci ont bien été arrosées avant expédition. Un incident similaire se produira dans un site de traitement de déchets à Mercey (27) également destinataire de balles de coton incendiées provenant du même expéditeur. n