"Argus mars avril 2012" au format

Transcription

"Argus mars avril 2012" au format
Risques et pollutions industriels
L’argus
des accidents technologiques
La réaction chimique impromptue, un risque sous-estimé…
Le mélange de produits incompatibles
est à l’origine de nombreux accidents.
Aria en fournit de nombreux exemples*
En mars et avril 2012, 245 accidents ou incidents survenus en France ou
à l’étranger ont été recensés dans la base de données Aria du ministère
du développement durable.
Sans compter les quelques dizaines de canalisations de gaz arrachées ou
percées lors de travaux, 16 de ces 245 événements impliquent des rejets
de matières dangereuses (fioul, gazole, effluents…) polluant les eaux
superficielles et 15 sont relatifs à des feux de déchets.
Régulièrement évoqués dans ces colonnes, plusieurs réactions chimiques
inattendues ont aussi été répertoriées ce bimestre, lors d’un mélange
accidentel de produits incompatibles à Le Châtelet-en-Brie (77), du
décapage à l’acide nitrique de pièces métalliques en présence d’un dépôt
de résidus à Braine (02) ou du remplissage avec de l’acroléine d’un
récipient en polyéthylène inadapté à cette substance à Rouen (76), par
hydrolyse enfin, lors de fortes pluies, d’une substance chimique stockée
dans des fûts abîmés à Saint-André (La Réunion).
Ces 4 accidents illustrent la diversité des causes et circonstances de ces
situations accidentelles impliquant des substances incompatibles, pour
lesquelles les facteurs organisationnel et humain sont prépondérants,
et qui montrent la nécessité d’une vigilance appropriée. Toute mise en
œuvre d’un produit chimique doit ainsi être précédée d’une réflexion
quant aux réactions éventuelles avec d’autres substances présentes à
proximité, sur la compatibilité des contenants et contenus, ainsi que sur
les risques inhérents à un stockage inapproprié des produits chimiques
sensibles à la température, l’hygrométrie de l’air… Leurs conditions de
conservation et dégradation éventuelle avec le temps doivent également
faire l’objet d’une surveillance toute particulière.
Photo Sdis
aria.developpement-durable.gouv.fr
* Cf. sur le site Aria les accidents n° 4460, 6004, 11664, 12164, 18036, 19145, 21245, 24357, 25706,
26799, 27784, 34589, 34810, 37516, 39202, 41603…
Véronique Pasquet
Chargée de recherche au CNRS
Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie
Direction générale de la prévention des risques - BARPI
Pour vous tenir informé(e) de ses dernières parutions
relatives au retour d’expérience
sur accidents industriels, le BARPI vous propose
de vous abonner à sa newsletter bimestrielle
sur www.aria.developpement-durable.gouv.fr.
N° 124 - Juillet-août 2012 - Préventique
89
Risques et pollutions industriels
Réactions
inattendues
n 24-03-2012
02 - Braine
25.62 - Usinage
Dans une entreprise assurant la maintenance d’échangeurs à plaques, une émission accidentelle d’oxydes d’azote a lieu
vers 9 h lors du décapage de pièces en
titane dans un bain d’acides nitrique et phosphorique à
30 %. Des riverains apercevant un panache de « fumées
rousses » alertent les secours. Les contrôles effectués
par les pompiers aidés d’une CMIC ne relèvent aucun
risque pour le voisinage. Selon, l’exploitant, une réaction
chimique entre le bain acide et les dépôts de résidus
(de composition parfois indéterminée) sur les plaques
d’échangeurs serait à l’origine du rejet.
n 29-03-2012
974 - SAINT-ANDRé
10.81 - Fabrication de sucre
Photo Sdis 22
Un feu se déclare vers 4 h au niveau d’un
conteneur entreposé sur le parc à cannes
d’une sucrerie. Ce conteneur de 12 m de
long contient 40 fûts de 50 l d’hydrosulfite
de sodium anciennement utilisé pour le blanchiment du
sucre. Des déchets caoutchouteux (courroies) et métalliques (divers matériels usagés) sont entreposés à l’avant
du conteneur en attente d’évacuation par une société
spécialisée.
Le gardien alerte la responsable sécurité environnement
de l’établissement qui lui demande d’appeler les secours,
et prévient le directeur du site qui se rend sur les lieux. Sur
place à 4 h 30, les pompiers attaquent le feu de caoutchouc
et de bois (palettes et plancher du conteneur), enrayent le
panache de fumée qui se dirige vers la mer et établissent
un périmètre de sécurité. L’inspection des installations
classées (IIC) informée à 7 h 30 se rend sur place. Le personnel est évacué et les industriels voisins sont prévenus.
Compte tenu des vents dominants et des habitations
proches, une station de mesure mobile de l’ORA (Observatoire régional de l’air) est mise en place à la demande de
l’IIC. Le feu de matières plastiques et de bois est maîtrisé à
14 h. Des teneurs élevées de CO et d’H2S (~ 100 ppm après
ventilation) sont mesurées dans et à proximité du conteneur. Constatant que de la fumée s’échappe de 5 fûts, les
secours refroidissent le conteneur, dont la température
s’élève à 110 °C en partie haute et à 70 °C en partie basse.
Les fûts d’hydrosulfite accessibles étant à 90 °C, au-delà
de la température de décomposition du
produit, ces derniers sont extraits et placés
sous double sarcophage dans des bidons de
200 l comblés de sable, eux-mêmes placés
dans des GRV d’1 m³ également comblés de
sable. L’opération est achevée vers 22 h 30.
Le dispositif de surveillance du Sdis est levé
le lendemain­à 8 h 30.
Le-Châtelet-en-Brie
90 Préventique - N° 124 - Juillet-août 2012
L’incendie est dû conjointement aux fortes pluies qui ont
balayé la Réunion et au stockage dans des conditions
inadaptées en fûts abimés d’hydrosulfite de sodium
réagissant violemment au contact de l’eau. La réaction
fortement exothermique conduit à la formation de SO2,
mais le milieu confiné (fûts) et la température élevée ont
également favorisé un important dégagement d’H2S.
La gestion des déchets sur le site ne respectait ni l’arrêté
préfectoral, ni les conditions de stockage mentionnées
dans la fiche sécurité du produit : aire de stockage non
étanche, protection contre les intempéries non assurée,
zones de stockage des différents déchets non clairement
identifiées, aucun tri efficace en place. Stockés depuis plus
de 5 ans, certains de ces déchets auraient dû être éliminés depuis longtemps. L’exploitant est mis en demeure
d’évacuer les déchets non dangereux dans un délai de
15 jours et les déchets dangereux, pour lesquels certaines
filières ne sont pas encore bien organisées, sous 3 mois. Un
arrêté de mesures d’urgence est proposé pour réglementer le stockage des déchets de combustion dans l’attente
de leur élimination et prescrire les conditions minimales
devant être respectées : équipements de protection individuels, moyens de détection et protection contre l’incendie­
en quantité suffisante et correctement répartis…
n 11-04-2012
76 - ROUEN
38.22 - Traitement et élimination des déchets dangereux
Dans une société traitant des déchets
dangereux, des employés inhalent des
vapeurs d’acroléine lors du transvasement
du contenu de 2 fûts de 200 l de cet aldéhyde dans une cuve de 1 000 l en polyéthylène. L’acroléine
et le plastique étant chimiquement incompatibles, une
réaction exothermique dans la cuve a entraîné l’émission
de vapeurs. La température dans les fûts était de 12 °C et
de plus de 50 °C dans la cuve pour un point d’ébullition
de l’acroléine de 53 °C. Les 15 employés du site et ceux
de l’entreprise voisine sont évacués. Appuyés par une cellule mobile d’intervention chimique (CMIC), les pompiers
prennent en charge 4 employés incommodés. L’aide d’un
réseau professionnel d’expertise (Transaid) est sollicité
pour conditionner et éliminer le produit. Les fûts sont
placés sous hotte aspirante avant transvasement de leur
contenu, 2 h plus tard, dans des fûts compatibles de 100 l
avant évacuation vers un site spécialisé dans l’incinération
des déchets dangereux. La municipalité, l’inspection­des
IC et la police ont été informées de l’accident.
n 19-04-2012
77 - LE CHâTELET-EN-BRIE
10.71 - Fabrication de pain et de pâtisserie fraîche
Dans une pâtisserie industrielle, un opérateur mélange à 12 h, par erreur, 1 000 l
de soude en solution et 1 000 l d’acide
nitrique à 30 % ; 800 l d’acide nitrique
se répandent sur le sol. La zone d’emballage des produits est évacuée et des pompiers spécialisés en risques
chimiques interviennent. Équipés de scaphandres, ils
aspirent les produits et neutralisent les flaques restantes
avec du carbonate de calcium fourni par l’entreprise.
L’intervention s’achève à 17 h 30. L’industriel évalue sa
perte à 125 keuros : 35 keuros de produits contaminés et
90 keuros dûs à l’arrêt de la production.
Risques et pollutions industriels
Pollution des eaux
et des sols
L’exploitant constate que les planches en contreplaquées obturant le bassin d’orage ont bougé. Les pluies
des 2 derniers jours ont par ailleurs favorisé l’écoulement
des eaux d’extinction. Le bassin d’orage est obturé avec
une banne étanche recouverte de terre.
L’inspection des IC note une mauvaise gestion des eaux
d’extinction qui auraient déjà dû être traitées plus tôt.
L’exploitant les recyclait dans son process. Les périodes
de grands froids ont toutefois perturbé leur recyclage en
février, l’eau gelée ne pouvant être traitée. L’inspection des
IC demande à l’industriel de prendre de suite les mesures
nécessaires pour rendre opérationnels ses bassins­d’orage
et de confinement. (photo page suivante­)
n 2-03-2012
14 - Pont-l’évêque
549.41 - Transports routiers de fret
Au voisinage d’une entreprise de nettoyage de citernes routières, des poissons morts et des irisations à la surface
du ru Mordouet sont signalés à la mairie
dans la matinée. Le responsable technique de la commune et la police municipale se rendent chez l’exploitant à 10 h 30. Ce dernier confirme également une
nuisance olfactive qu’il attribue à du styrène. Les pompiers installent des barrages flottants, puis localisent à
11 h 30 le rejet au niveau d’un drain en bordure du parc
de l’entreprise ; 250 l de produit seront récupérés. L’endommagement d’une canalisation d’eau vers 13 h lors
des opérations de curage conduit à une forte dilution
du polluant. Une entreprise spécialisée est mandatée
pour décaisser les terres qui sont stockées dans l’établissement et collecter les effluents dans des emballages
adaptés avant leur élimination. L’accident est déclaré à
l’inspection des IC à 15 h. L’Onema prélève des poissons
morts pour les analyser.
En fin de soirée, la mairie et des tiers relogent pour la nuit
14 riverains se plaignant encore d’une odeur résiduelle.
Le lendemain, les pompiers épandent des produits
absorbants et dispersants.
L’exploitant évoque un non-respect des consignes
d’égouttage des citernes : le 29-02, un chauffeur de
retour d’une livraison de styrène a vidangé le produit
résiduel en ouvrant les dômes et la vanne de fond en
limite de propriété au lieu de vidanger dans l’aire prévue à cet effet, vers des fûts destinés à l’élimination.
L’employé­est mis à pied. L’exploitant effectue des analyses dans les sols et la nappe (via les piézomètres). Les
consignes sont rappelées­aux employés.
n 5-03-2012
45 - SAINT-CYR-EN-VAL
10.85 - Fabrication de plats préparés
Dans une usine agroalimentaire, une
fuite d’huile sur une bride de canalisation
entraîne un départ de feu à 11 h 20. Une
alarme alerte les techniciens qui la situe,
puis l’identifie sur la « zone épurateur ». Chauffée à 290 °C,
l’huile minérale est le fluide caloporteur chauffant les
friteuses de l’établissement. L’exploitant déclenche son
POI, l’équipe d’intervention interne attaque le feu avec
l’eau d’une borne, pendant que les techniciens coupent
les énergies (gaz et électricité). Avertis par l’alarme, les 86
employés se dirigent vers les points de rassemblement.
Vers 11 h 45, les pompiers publics prennent le relais des
secours internes et utilisent 420 m³ d’eau avant de parvenir à maîtriser le sinistre. Les locaux sont ventilés en
ouvrant les exutoires et une équipe spécialisée dans le
risque chimique (CMIC) colmate la fuite.
Un technicien de l’agglomération orléanaise inspecte
les réseaux d’eaux pluviales de l’usine et constate des
flaques d’hydrocarbure sur le bassin d’orage de la zone
industrielle. Piégées par le séparateur à hydrocarbure,
les flaques ont pollué par débordement une zone d’un
périmètre­de 15 m autour du dégrilleur ; le sol est pollué
sur 200 m². Pour éviter tout écoulement supplémentaire,
les pompes de la station de prétraitement des eaux usées
sont arrêtées pendant l’extinction de l’incendie et les
n 1-03-2012
Soultz-sous-Forêts
67 - SOULTZ-SOUS-FORêTS
46.71 - Commerce de gros de combustibles et de produits annexes
Dans le dépôt d’un commerce de gros
de combustibles, 3 000 l de fioul se
déversent vers 8 h 30 lors du remplissage d’un camion-citerne. La cuvette de
rétention déborde et 1 000 l d’hydrocarbure polluent
un ruisseau, puis le Seltzbach sur 3 km. Les pompiers
installent 4 barrages absorbants sur la rivière et une
entreprise spécialisée pompe le fioul confiné dans la
rétention. Aucun captage d’eau ou station d’épuration
n’est menacé.
n 6-03-2012
47 - DAMAZAN
Dans une usine de panneaux de bois
soumise à autorisation, des eaux d’extinction d’un incendie survenu le 21-1011 (Aria 41147) se déversent des bassins
de rétention et polluent la Gaubège sur 2 km.
Photo Sdis 67
16.21 - Fabrication de placage et de panneaux de bois
N° 124 - Juillet-août 2012 - Préventique
91
Risques et pollutions industriels
les aspects risques inondation et pollution, ainsi que
l’organisation de la sécurité. L’accident est présenté
lors d’une séance du comité local d’Information et de
communication­.
n 20-04-2012
05 - CHORGES
eaux s’écoulent dans le réseau. Une société d’assainissement de l’agglomération pompera les eaux d’extinction
et nettoiera la zone polluée par l’hydrocarbure, ainsi que
les ouvrages : pompage et curage complet de la station
de prétraitement des eaux usées, pompage et nettoyage
du bassin d’orage et de son séparateur, nettoyage du sol
et pompage des déchets dans la zone épurateur.
Les employés réintègrent les locaux à 13h45 ; 0,17 des 5 t
d’huile du circuit ont été perdue. La perte de production
est évaluée à 230 keuros, la perte d’huile et son remplacement à 56 keuros, l’évacuation des déchets, ainsi que
la dépollution des eaux et des sols à 25 keuros. Les installations de réfrigération de l’établissement ne semblent
pas avoir été endommagées.
Le scénario de l’accident était identifié dans l’étude
de danger du site. L’exploitant améliorera son POI sur
Un employé d’une scierie vidange par
erreur une cuve de fongicide vers 20 h ;
4 m³ de solution polluent l’Avance sur
20 km en formant une mousse. La faune
aquatique est gravement atteinte. La pollution n’est
signalée que le lendemain à 7 h 30 par des particuliers. Les
secours installent 3 barrages flottants, les préfectures des
Hautes-Alpes (05) et des Alpes-de-Haute-Provence (04)
interdisent la pêche. L’Agence régionale de santé (ARS)
demande aux exploitants de captages d’eau d’arrêter les
pompages, 500 abonnés doivent être ravitaillés avec de
l’eau en bouteille distribuée par les services municipaux
concernés. Des reconnaissances permettent d’identifier
la source de la pollution dans l’après-midi. Les pompiers
pompent le produit restant. Les fortes précipitations­
durant la nuit du 21 au 22 diluent le produit.
Photo Sdis 05
Damazan
Photo Sdis 47
43.99 - Autres travaux de construction spécialisés n.c.a.
Incendies et explosions
n 8-03-2012
38 - SAINT-CLAIR-DU-RHôNE
20.14 - Fabrication d’autres produits chimiques organiques de base
Dans l’atelier de production de sulfure
de carbone (CS2, toxique et très inflammable) d’une usine chimique fabriquant des produits soufrés, un opérateur
ajoute des pastilles de soude dans un bac de préparation d’eau sodée d’1 m³, puis ouvre la vanne d’arrivée
de condensats chauds pour réaliser le mélange quand
une auto-inflammation entraîne un départ de feu à 18 h.
Les opérateurs donnent l’alerte à 18 h 06 et déclenchent
manuellement le système d’extinction automatique. La
sirène d’alerte du site est activée, les pompiers volontaires internes établissent vers 18 h 15 un rideau d’eau
hors de l’atelier (la combustion du CS2 produisant des
92 Préventique - N° 124 - Juillet-août 2012
fumées toxiques) et complètent l’extinction du bac au
moyen de 3 extincteurs à poudre. Le POI est déclenché
durant 1 h, l’extinction s’achevant vers 18 h 20. Il n’y a ni
victime, ni atteinte environnementale. L’eau d’extinction
a été collectée dans un bassin incendie. Des passages
de câbles électriques sont endommagés, mais l’atelier
peut redémarrer 24 h plus tard. L’exploitant informe la
commune­voisine et diffuse un communiqué de presse.
L’exploitant effectue une enquête qui révèle qu’un clapet anti-retour fuyait sur la tuyauterie en sortie du bac.
Ces équipements avaient été remplacés quelques jours
plus tôt lors d’une période d’arrêt destinée à la maintenance des installations, les opérateurs suspectant la
présence de CS2 en fond de bac (couleur jaunâtre). La
pression dans la tuyauterie alimentant le stockage de
CS2 depuis la colonne de synthèse était en conséquence
supérieure à celle régnant dans la tuyauterie alimentant
la colonne depuis le bac de préparation de l’eau sodée,
provoquant le refoulement du CS2 dans le bac avant
le début de l’opération ; plus lourd que l’eau, le CS2 a
décanté au fond du bac sous l’eau résiduelle. En début
de formulation d’eau sodée, l’opérateur voulant partir
avec un bac propre vidange l’eau résiduelle par la purge
Risques et pollutions industriels
n 5-03-2012
27 - ACQUIGNY
17.22 - Fabrication d’articles en papier à usage sanitaire ou domestique
Un feu se déclare vers 18 h dans un entrepôt de 10 000 m². Le personnel utilise
plusieurs robinets d’incendie armés (RIA)
et 2 têtes de sprinklage se déclenchent.
Les pompiers publics renforcent le dispositif. Des caristes
équipés d’ARI évacuent des balles de coton du bâtiment
pour que les secours puissent les arroser à l’air libre. Les
fumées sont évacuées en ouvrant les exutoires en toiture. Le feu est déclaré éteint à 0 h 30 ; 500 m³ d’eaux
d’extinction contenant 180 l de glycol se déversent dans
le réseau pluvial du site et dans un fossé, 33 m³ pourront
être repompées.
Vers 7 h 30, une reprise de feu dans une balle stockée à
l’extérieur nécessite l’intervention des pompiers publics
pour 45 min. Cette reprise est due au non-respect de
la consigne d’arrosage permanent entre 5 h et 7 h. Les
balles de coton seront arrosées toute la matinée puis
ouvertes pour vérifier l’extinction des derniers foyers. La
zone extérieure et le bâtiment sont nettoyés, le coton
brûlé est évacué vers des sociétés spécialisées dans
l’élimination de déchets. Le bâtiment est intact, mais
800 balles de coton (300 keuros) sont détruites.
L’exploitant remplace les 2 têtes de sprinklage, remet le
circuit en eau et en pression, remplit la bâche de 1 600 m³
de son système de lutte contre l’incendie et fait livrer
du fioul pour la moto-pompe incendie. Les causes de
l’accident­ne sont pas connues. Provenant du Pakistan,
les balles de coton avaient été déchargées le jour de l’incendie. L’exploitant améliore la formation de son personnel dans le domaine du risque incendie, ainsi que l’accès
à son établissement et s’équipe d’une caméra thermique.
L’implantation d’une rétention d’eau d’extinction est
étudiée, ainsi que la recherche d’une zone pour stocker
sous surveillance les déchets de coton brûlés.
L’usine d’incinération traitant les balles de coton rencontrera des difficultés à la suite de nombreux départs de feux
entre les 6 et 8 mars dans la fosse d’ordures ménagères­
alimentant l’incinérateur (cf. Guichainville, page suivante).
n 5-04-2012
22 - PLOUAGAT
Lors du démantèlement d’une tour dans une usine
d’aliments pour animaux, des étincelles tombent sur
les tôles translucides d’un bâtiment de stockage ; 50 à
60 t de paille et de luzerne s’enflamment vers 14 h 30.
Les employés sont évacués ; les secours protègent un
stock de fioul et de bicarbonate et évacuent des bouteilles d’oxygène et d’acétylène. La paille est sortie du
bâtiment et étalée pour faciliter son extinction avec 3
lances à eau, puis les débris de toiture sont déblayés. Les
eaux d’extinction sont recueillies dans un bassin dédié.
L’intervention s’achève à 23 h, les lieux restant sous surveillance toute la nuit. Le site fonctionnant 24 h/24, l’activité reprend sur la partie de l’usine non atteinte. Un site
de stockage d’engrais proche n’a pas été menacé. Les
conséquences économiques sont importantes, le stock
de matières premières ayant brûlé, la toiture du bâtiment est détruite. Les travaux de démantèlement bénéficiaient d’un permis de feu en règle.
L’inspection des IC demande à l’exploitant un rapport
d’accident indiquant la gestion des eaux d’incendie, ainsi
que les mesures complémentaires mises en place pour
la reprise du chantier de démolition et l’élimination des
produits brûlés.
Photo Sdis 22
10.91 - Fabrication d’aliments pour animaux de ferme
Plouagat
n 11-04-2012
40 - LINXE
16.21 - Fabrication de placage et de panneaux de bois
Vers 10 h, 3 explosions se produisent
au niveau de la chaine de production
d’une entreprise de panneaux de bois.
La zone impactée s’étend de la vis sans
fin en aval du séchoir jusqu’aux silos à copeaux de bois
en sortie de la zone de triage et en amont de l’activité d’encollage. Ces 3 déflagrations se propagent sur
l’ensemble de la chaine de triage, atteignant 3 silos et
les convoyeurs. Les copeaux contenus dans les silos
s’échauffent et s’enflamment, initiant des départs de
feu sur chacun des 3 silos. L’accident a lieu lors d’un arrêt
technique de l’usine pour maintenance et 6 entreprises
extérieures intervenaient dans la zone accidentée ; 8
blessés dont 2 graves (brûlures au
visage et aux avants bras) sont à
déplorer, 5 d’entre eux étant des
prestataires externes. Le POI est
déclenché vers 11 h. Les secours
arrivés rapidement sur place évacuent les blessés à 11 h 15 vers
les hôpitaux de Bordeaux­, Dax et
Bayonne. Aucune conséquence
hors du site n’a été relevée, les
eaux d’extinction sont retenues
dans un bassin dédié. Une enquête
judiciaire est réalisée.
Photo Sdis 40
de fond du bac, malgré la consigne donnée de ne pas
vider complètement le bac ; le CS2 liquide se retrouve
sans couverture d’eau. Les condensats arrivant à 105 °C
dans le bac ont provoqué la vaporisation du CS2 (Teb.
80 °C à pression ambiante) et son inflammation (environ
10 l) au contact d’un point chaud (moteur de l’agitateur
?). L’examen du clapet anti-retour fuyard révèle qu’il ne
correspondait pas au modèle prévu pour cette tuyauterie (clapet à battant utilisé pour des tuyauteries d’eau
sodée de DN 50 à 150, un clapet à piston et ressort étant
spécifié­pour des DN de 15 à 40).
Plusieurs mesures sont prises :
– consigne permanente interdisant la vidange complète
du bac ;
– remplacement du clapet non conforme et contrôle
des 65 clapets installés dans l’atelier CS2 ; aucune
autre non-conformité n’est trouvée ;
– modification du mode opératoire : pas de remplissage
simultané du stockage CS2 pendant la procédure,
isolement de la tuyauterie en sortie de bac à l’arrêt ou
lors du remplissage par les condensats, vérification de
l’absence de CS2 (couleur, seuil de détection olfactif
inférieur à 0,1 ppm) lors de la purge de fond de bac ;
– installation d’une régulation directe coupant
l’alimentation en CS2 de la tuyauterie en sortie de
bac (fermeture de la vanne motorisée de fond de
bac et arrêt de la pompe d’aspiration) sur détection
d’un débit inverse de CS2 en provenance du stockage
(débitmètre double-flux).
N° 124 - Juillet-août 2012 - Préventique
93
Risques et pollutions industriels
Déchets
n 5-04-2012
13 - MARIGNANE
38.32 - Récupération de déchets triés
974 - SAINT-PIERRE
38.21 - Traitement et élimination des déchets non dangereux
Dans un centre d’enfouissement de déchets ménagers,
un feu se déclare vers 13 h dans une alvéole d’enfouissement de 3 à 4 000 m² contenant des déchets non recyclables sur 25 m de hauteur. Un vent violent avec des
rafales à plus de 100 km/h attise les flammes. La bâche
incendie de l’alvéole qui a explosé quelques jours plus
tôt n’est pas disponible. La fumée est visible à plusieurs
kilomètres. Des riverains de L’Étang-Salé portent plainte.
Intervenant avec 12 engins et 40 hommes, les pompiers
déploient 12 lances à eau. Le réseau de collecte du biogaz est coupé préventivement pour éviter toute propagation du sinistre à l’usine de traitement. Les employés
décaissent et déplacent les déchets refroidis avec des
camions de chantier et des pelles mécaniques. Des gravats extraits de la partie basse de l’alvéole permettent
d’isoler certaines zones, de créer des pistes de circulation
et d’étouffer quelques foyers résiduels. L’alimentation en
eau du dispositif est entravée par la coupure du réseau
d’alimentation public en raison de la sécheresse sévissant
sur le sud de l’île depuis plusieurs mois et l’indisponibilité
sur panne électrique (carte électronique grillée par une
surtension du réseau) de la pompe du bassin incendie
de 3 800 m³. Vers 16 h, les secours installent des motopompes sur le bassin pour commencer l’extinction, le
réseau public est rendu opérationnel depuis 15 h 30
après intervention du personnel d’astreinte du gestionnaire du réseau alerté par l’exploitant. Une cellule mobile
d’intervention chimique (CMIC) effectue des mesures de
polluants et de poussières dans l’air dans les quartiers les
plus proches de la commune de Saint Louis qui se révèlent
négatives. Le feu est déclaré éteint 3 jours plus tard,
des rafales de vent ayant réactivé plusieurs fois le foyer
durant 48 h, obligeant jour et nuit l’exploitant à retourner
ces déchets sur 1 m d’épaisseur avec des engins. Les eaux
d’extinction contenues dans l’alvéole seront traitées par
les installations­de traitement des lixiviats­.
Selon l’exploitant, les fortes pluies (humidité) et la chaleur importante des derniers jours auraient favorisé
la fermentation des déchets et l’accumulation de gaz
inflammables dans l’alvéole. Des fumées suspectes
avaient déjà été détectées 48 h avant le sinistre sur
cette alvéole non bâchée pour éviter ce phénomène
car en exploitation. Un an auparavant et dans des conditions météo similaires (chaleur, vent), un incendie s’était
déclaré dans le centre de tri des encombrants attenant
au site d’enfouissement connu pour être soumis à des
vents importants. L’exploitant du site installe 5 poteaux
incendie supplémentaires alimentés par le bassin
incendie­au moyen de surpresseurs.
Malgré tout le soin apporté à la réalisation de cette synthèse, il est possible que des inexactitudes persistent
dans les éléments présentés. Merci au lecteur de bien vouloir signaler toute anomalie avec mention des sources
d’information au Barpi, 5 place Jules-Ferry, 69006 Lyon. Courriel : [email protected].
94 Préventique - N° 124 - Juillet-août 2012
Photo Sdis 13
n 3-03-2012
Un feu se déclare vers 16 h dans une casse automobile de
1 ha et se propage à 1 200 m² de carcasses de véhicules
(VHU) empilées sur 10 m de haut ; l’incendie produit un
important panache de fumées. Les pompiers déploient
7 lances à eau dont 3 sur échelles, ainsi que des lances à
mousse. Le feu est éteint le lendemain vers 7 h. Le trafic
aérien de l’aéroport de Marignane n’a pas été perturbé.
La cause du sinistre est inconnue ; 2 incendies importants s’étaient déjà produits sur le site en 2007 et 2008
(Aria 34048 et 34296)..
n 6-03-2012
27 - GUICHAINVILLE
38.21 - Traitement et élimination des déchets non dangereux
Des balles de coton à éliminer après un incendie dans
une entreprise (feu d’entrepôt à Acquigny, cf. p. 94) arrivent à 15 h dans un centre d’incinération et sont placées
dans la fosse accueillant le refus de crible du broyage
de déchets verts. À 16 h 30, les employés remarquent
de la fumée, arrêtent l’apport de déchets verts dans la
fosse et l’arrosent avec des lances-canons et des RIA. Le
lendemain, 4 nouvelles bennes de coton provenant du
même établissement incendié arrivent sur site et sont
mélangées aux ordures ménagères dans la fosse de
l’incinérateur. Utilisant les moyens d’extinction fixes du
centre, les employés devront maîtriser plusieurs départs
de feu à 12 h 20, 13 h 40, 20 h 30, 21 h et le surlendemain
à 3 h 30. Un départ de feu plus important à 5 h entraîne
l’intervention des pompiers à 5 h 40, il est maîtrisé à
15 h 40 avec 3 lances à eau alimentées par la réserve et
le bassin incendie du site ; 32,5 t de coton et 600 t de
déchets ménagers impliqués dans l’incendie sont placés
dans la trémie et incinérés au fur et à mesure de l’extinction. Durant toute l’intervention, l’exploitant réoriente
le stockage des ordures ménagères vers l’unité de mise
en balle, tout en refusant les déchets industriels banals
(DIB). Les eaux d’extinction sont recueillies dans des bassins, aucun dépassement significatif des limites d’émissions de polluants atmosphériques en sortie des 2 lignes
d’incinération ne sera relevé.
Il semblerait que les bordereaux remis au transporteur
des balles et indiquant « coton brûlé » n’aient pas été
remis à l’exploitant de l’incinérateur. De plus, celui-ci
indique que les balles de coton avaient bien été ouvertes
mais ne présentaient pas de trace d’arrosage. L’expéditeur affirme que celles-ci ont bien été arrosées avant
expédition. Un incident similaire se produira dans un
site de traitement de déchets à Mercey (27) également
destinataire de balles de coton incendiées provenant du
même expéditeur.
n

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