Sud Ouest - Compagnie Vert Paradis

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Sud Ouest - Compagnie Vert Paradis
Sylvie Charré Saint-Yzans-de-Médoc
La compagnie Vert-Paradis se met au vert
La salle des fêtes a accueilli en résidence les comédiens afin qu'ils
peaufinent le spectacle qui sera joué à l'ouverture du festival Au
fil des mots.
Pêcher un gros poisson en pleine campagne saint-yzannaise ou l'art de cultiver le décalage pour Aurélie Poisson,
Pierre Eyquem et Catherine Andrault. (Photo S. C.)
ASaint-Yzans-de-Médoc, la compagnie Vert-Paradis s'est mise… au vert toute la semaine dernière. La
salle des fêtes du village a tenu de lieu de résidence afin que les artistes Aurélie Poisson et Pierre
Eyquem puissent évaluer, triturer, réécrire et peaufiner les dialogues et la mise en scène de leur nouvelle
pièce avec une plume trempée dans une encre teintée de dérision, d'absurde et d'ironie.
Cette comédie qualifiée de grinçante fera l'ouverture du festival Au fil des mots, le 22 mai 2012, à
l'espace François-Mitterrand de Lesparre. Elle a pour idée de base le contenu d'un reportage télévisé,
dont les comédiens se sont inspirés. Un couple, Corinne et Charlie, s'offre des vacances-club dans un
pays en pleine guerre civile. Quelles options vont-ils prendre ? Repartir ou faire fi de ce qui les entoure
et profiter des animations proposées ? Avec un thème aussi percutant, la pièce un temps intitulée «
Chacun pour soi » s'est vu changer son titre en un plus acerbe et révélateur : « Panier de crabes ».
Décor minimaliste
Pour traduire ce décalage permanent, les deux auteurs font intervenir pas moins de sept personnages,
avec des effets de scène légers et rythmés. Ils sont assistés par Catherine Andrault, qui leur prodigue
critiques et conseils en relation avec la réalisation scénique. Quant au décor, il prend une forme
minimaliste. « Nous misons beaucoup sur la lumière et la bande-son. C'est un choix, explique Pierre
Eyquem. Cela nous permet de nous adapter à des lieux insolites.
La pluralité des lieux de représentations s'inscrit dans leur démarche qui est de considérer le théâtre
comme un tremplin social. « Nous proposons nos spectacles à des scènes privées mais aussi à des
maisons de retraite, des bibliothèques, des établissements scolaires ou des centres culturels comme celui
de Lesparre ou Les Tourelles à Pauillac. »
C'est le plus souvent grâce au soutien efficace de ces derniers que leurs projets voient le jour. « Ils nous
contactent régulièrement pour des représentations ou la création d'événements. »
Théâtre amateur
Le duo artistique a d'ailleurs choisi, en accord total avec les autres membres de la troupe, le pôle
culturel pauillacais « comme nouveau siège social » de leur compagnie. Ce qui facilite au quotidien
pleinement leur activité parallèle, à savoir être metteurs en scène de troupe de théâtre amateur,
notamment pour Les Théâtreux de Saint-Laurent-Médoc ou les ateliers du centre culturel de Pauillac.
Enclins à vouloir mettre en valeur le travail de ces comédiens en devenir, ils ont déjà pu monter avec
eux « Faut pas payer », de Dario Fo, « Du vent dans les branches de Sassafras », de René de Obaldia, «
Le Fil à la patte », de Feydeau, « La Tête des autres », de Marcel Aymé, « L'Orchestre », de Jean
Anouilh, « La Poudre aux yeux », d'Eugène Labiche, etc.
Pour l'heure, ils voient arriver à grand pas la générale de « Panier de crabes ». Aussi se donnent-ils
encore quelques semaines de répétition intense avant de soumettre leur dernière création à l'avidité
culturelle du public lesparrain.
« Panier de crabes ». Comédie. En ouverture du festival Au fil des mots, le 22 mai, à l'espace FrançoisMitterrand de Lesparre. À partir de 10 ans. 1 h 15. Contact : Virginie Dumas Coulon au 05 56 41 13 33
ou sur http://www.compagnie-vertparadis.org
Réaction
Jean-Marie Fournier 28/04/2012, à 18h19
Nous sommes très heureux d'accueillir une nouvelle fois sur ce festival la Compagnie médocaine de
théâtre "Vert Paradis". Elle nous a enthousiasmé l'année dernière avec "Le bal des ours", une
"bouffonnerie musicale" mettant en scène deux pièces de d'Anton Thchekov en prenant le parti rare,
soulignons-le, de les présenter dans un registre comique, flirtant même avec le burlesque.
Précédemment, nous les avions reçu avec l'une de leur première création : "Sous les eaux" qui, sous
l'apparence d'une conférence désopilante sur le Médoc favorise "la transmission du patrimoine
culturel" du Médoc en se "faisant l'écho de ses traditions"; pièce reprise au théâtre l'Onyx
(Bordeaux)en mars et avril dernier.
Je signalerai également la présence d'Aurélie Poisson et de Pierre Eyquem dans la célèbre pièce
"Méphisto" d'Ariane Mnouchkine montée en 2010 lors du Festival de théâtre "Les chantiers de Blaye
de l'Estuaire. Cette pièce a ensuite tourné dans plusieurs communes de Gironde, notamment à Cussac
Fort Médoc.
Bien Loin des clichés largement répandus, ces artistes prouvent la vitalité, l'inventivité et l'originalité
du Médoc en matière artistique. Ils participent ainsi à son développement et contribuent à faire de ce
territoire un endroit où il fait bon vivre ensemble.
Aussi, je vous invite à venir très nombreux pour voir, revoir ou découvrir ces artistes pendant le
festival "Au fil des mots" qui se déroulera du 22 au 27 mai.
Jean-Marie Fournier - Président du Centre Culturel de Lesparre
Publié le 11/05/2012
Par Sylvie Charré
Le festival Au fil des mots fait ses classes
Les six communes se transforment en scènes ouvertes du 22 au
27 mai 2012. Les jeunes Médocains jouent un rôle primordial
dans les nombreuses créations présentées.
Au fil des mots, c'est à la fois l'école du spectacle et l'école du spectateur. (photo s. C.)
La 4e édition du festival Au fil des mots, du 22 au 27 mai 2012 prochains, s'inscrit à nouveau cette
année dans une démarche de lien social et de proximité culturelle. Vingt-cinq animations et spectacles
sont proposés le centre culturel lesparrain, organisateur de l'événement, à destination de tous les
publics. Ils se dérouleront dans six villes et villages de la Communauté de communes Cœur Médoc.
Ainsi, Couquèques, Bégadan, Blaignan, Saint-Christoly, Saint-Yzans et Lesparre vont se transformer en
véritables scènes ouvertes à un univers vivant, sensible, drôle et poétique. Les familles pourront donc se
nourrir de belles émotions en côtoyant ces différents mondes imaginaires.
Mais, Au fil des mots, ce sont aussi des rencontres et des échanges entre artistes et scolaires. En 2011
déjà, les jeunes avaient pu apprendre les techniques de la bande dessinée. Ils avaient assisté à la
rencontre explosive sur scène d'un conteur et d'un dessinateur et écouté un récital lyrique. Ils avaient été
sensibilisés à la nature par un conte écologique, initiés à la résistance et à la désobéissance au travers
d'une œuvre écrite très controversée.
Pour tous les âges
En 2012, les jeunes sont encore plus partie prenante. Avec la compagnie Délimélo, les écoliers du
regroupement pédagogique intercommunal de Saint-Yzans se préparent à donner un concert sur les
textes du conte musical Animômes. À la fois créateurs et acteurs, ils tenteront de répondre à une
question intemporelle : « L'homme est-il méchant ? »
Pour sa part, l'éditrice Delphine Montalant donnera une « prélecture » de son « Abécédaire des oiseaux
» auprès des écoles de Queyrac, Lesparre et Jau. Se soumettre ainsi aux impressions et réflexions des
enfants va dans le sens de sa démarche personnelle, « une volonté première qui est de repérer, dans des
domaines aussi divers que la jeune littérature, l'édition jeunesse ou l'histoire de l'art, des points
d'ancrage essentiels ».
À Lesparre, la Maison familiale et rurale de Saint-Trélody abritera une représentation d'une lecture
vivante et illustrée de « Candide », jouée par l'acteur aux mille facettes Laurent Rogero de la
compagnie Anamorphose, et dessinée par l'artiste Guillaume Trouillard.
Quant à la classe de première L du lycée Odilon-Redon, encadrée par Betty du Verdier, professeur de
lettres, et Line Chauvin, enseignante documentaliste, elle bénéficie d'un projet théâtre initié par la
compagnie Vert-Paradis.
Création commune
Plusieurs rencontres sont planifiées avec les comédiens Aurélie Poisson et Pierre Eyquem. Fin 2011,
le duo cherche encore le thème, les idées de la pièce. Se posent alors différentes problématiques
d'écriture : le sujet, les personnages, les bonnes idées à conserver, celles qui au contraire ne
fonctionnent pas. Une sensibilisation à la création pour les élèves avec tout ce qu'elle compte de
tâtonnements, de doutes, de remises à plat et de chemins de traverse.
En janvier, les artistes livrent une des scènes les plus abouties. Constat par les étudiants d'une
évolution, de l'orientation prise et de l'épaisseur définitive donnée aux personnages.
À l'inverse, le 4 mai 2012, les acteurs proposent un passage de leur pièce un peu plus épineux dont
ils ont besoin de connaître la pertinence. Les élèves se prennent au jeu, enfilent leurs costumes de
metteurs en scène et apportent certaines considérations techniques. Pour Lyne Chauvin, « nul doute
que cette expérience leur sera utile au moment de réfléchir aux questions d'écriture dans les œuvres
classiques et contemporaines étudiées en classe et qu'ils ne manqueront pas de rencontrer lors des
épreuves du baccalauréat. »
| Mise à jour : 09h50
Par Sylvie Charré
Lesparre : Vert Paradis donne le ton du festival
La compagnie a lancé, mardi soir, la quatrième édition du
festival Au fil des mots. À suivre jusqu'à dimanche.
Aurélie Poisson et Pierre Eyquem, les deux auteurs- acteurs de « Panier de crabes ». (Photo S. C.)
Qu'allaient-ils faire dans cette galère ? pourrait être le sous-titre de la pièce « Panier de crabes », donnée
en avant-première mardi la compagnie Vert Paradis, à l'espace François-Mitterrand de Lesparre,
pour l'ouverture du festival Au fil des mots. Juste avant l'ouverture du rideau, Jean-Marie Fournier,
président du centre culturel lesparrain, l'association organisatrice de cet événement qui propose plus de
25 spectacles et animations, rappelle au public la genèse de cette comédie depuis son écriture en
résidence à Saint-Yzans jusqu'à son peaufinage avec les élèves de première littéraire du lycée OdilonRedon. Définissant sa propre vision du spectacle, il souhaite qu'une interaction existe entre le public et
les comédiens et prime sur une trop facile consommation artistique.
La pièce présentée est une satire corrosive mettant en scène un couple, Corinne et Charlie, désireux de
passer des vacances en club et ainsi participer à toutes les animations proposées. Sur place, ils
apprennent qu'aux limites du village, une guerre civile fait rage. Après quelques hésitations, ils décident
de rester et de vivre une belle aventure qui les mènera tout droit en… prison.
Dérision
Dans un cadre volontairement minimaliste afin d'alléger les changements de décor, les auteurs et
acteurs de cette fresque humaine, Aurélie Poisson et Pierre Eyquem, s'en sont donné à cœur joie pour
croquer de leur plume la dérision de cette situation et les travers des personnages. Ainsi Charlie qui
désire coûte que coûte recharger les batteries et « apprendre la chorégraphie de la cucaracha ». Il en va
de même pour son alter ego Corinne, stressée, au regard rivé sur sa montre pour profiter minute par
minute du planning chargé qu'elle s'est établi.
Quant au vrai-faux sage enturbanné intériorisant au plus profond de son « moi » le côté existentiel du
frisbee, il n'en demeure pas moins homme lorsqu'il enseigne le « houle-attaque », nouvel art martial
calqué sur le mouvement ondulatoire de l'océan, qui vire à une danse sexy de couple au tempo plus
qu'évocateur.
Sous couvert d'un ton léger, naïf et comique et malgré tout caustique, les dialogues mettent en évidence
plusieurs problèmes de fond concernant notre société, l'environnement, les rapports employeur-
employé, la société des loisirs ainsi qu'une ribambelle de clichés et d'a priori attribués à ce qui est
étranger.
D'autres représentations de cette comédie sont prévues à travers la presqu'île pour le tout début de l'été.
Pour l'heure, elle est le début du lien social et artistique qui se faufilera jusqu'à dimanche 27 mai sur
plusieurs communes du Cœur Médoc.
L'imagination au pouvoir
La 4e édition de la manifestation, qui s'est tenue sur quatre
communes, a tenu ses promesses. Au menu, poésie, théâtre et arts
de la rue.
Gérard Naque, illusionniste décalé, dans son atelier de mécanique cérébrale. (Photos Sylvie Charré)
Dimanche dernier dans le petit village de Saint-Yzans le quatrième festival Au fil des mots, organisé
par le centre culturel de Lesparre a écrit le vocable « fin » au bout de son lien d'animations et de
spectacles. Du 22 au 27 mai, place a été faite à l'expression tous azimuts sur un mode itinérant.
L'ouverture officielle à Couquèques a révélé au public le poète et acrobate Mathieu Moustache et son
étrange dialogue gymnique avec une chaise, tel un yogi déjanté. Le lendemain, à Bégadan, les adhérents
de l'atelier théâtre du centre culturel ont réussi à capter l'attention des spectateurs venus nombreux en
distillant des brèves de comptoir au langage fleuri et imagé, inspiré par la profondeur des bouteilles
écluses.
À Blaignan le vendredi, Laurent Rogero, de la compagnie Anamorphose, a associé sa voix et son
phrasé si caractéristique aux traits de crayon du dessinateur de bandes dessinées Guillaume Trouillard
pour faire vivre avec brio les personnages de l'œuvre de Cervantès, « Don Quichotte ».
Samedi 26 mai, à Lesparre « La mastication des morts », la comédie de Patrick Kermann a plongé
l'assistance dans l'autre monde avec humour noir et tendresse. Jeunes et moins jeunes défunts atteints de
verbosité intarissable, ont ressassé leurs émotions et leurs obsessions parfois peu avouables et souvent
cocasses. Le dernier jour, un véritable engouement s'est créé autour du Troc'livres, l'innovation
culturelle de cette édition, qui a vu son stock changer complètement en l'espace d'une heure. Enfin, c'est
sous des salves d'applaudissements que la compagnie Vert Paradis a clos le festival en donnant sa
dernière représentation de « Sous les eaux », conférence
« grandguignolesque » sur le
Médoc.
« Soleil dans les têtes »
Une liste non exhaustive où peuvent se glisser musiciens, danseurs, illusionnistes, mime, acteurs
amateurs et chorale d'enfants. Pour Virginie Dumas Coulon, la directrice de l'association organisatrice,
le bilan de cette manifestation nomade est très positif. « Plus de 1 200 personnes sont venues à la
rencontre des artistes. Grâce à une météo favorable, le coup de soleil était non seulement sur les bras
mais aussi dans les têtes ». Je suis heureuse que les élus des villages d'accueil se soient fortement
impliqués. Ils ont joué parfaitement le jeu de la complémentarité avec notre équipe de bénévoles ».
Constat similaire pour Jean-Marie Fournier, le président du centre culturel de Lesparre : « Au Fil des
mots s'enracine de plus en plus dans le territoire Cœur du Médoc. C'est un véritable réseau social et
convivial qui s'est tissé grâce à l'imagination, la poésie, la prouesse et surtout le travail de tous les
artistes ». « Quelque chose est en train de prendre… »