Mémoire couleur - Centre de ressources
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Mémoire couleur - Centre de ressources
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes Thérapie par contrainte induite chez le patient hémiplégique. UE 6.5.S6 Evaluation de la pratique professionnelle et recherche. Clémence CABART Juin 2013 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle 1 faite sans le consentement de l’auteur est illégale. Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes Thérapie par contrainte induite chez le patient hémiplégique. UE 6.5.S6 Evaluation de la pratique professionnelle et recherche. Clémence CABART Juin 2013 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur est illégale. Remerciements Je tiens à remercier ma directrice de mémoire pour sa disponibilité et son accompagnement tout au long de ce travail ainsi que les professionnels qui ont pris du temps pour répondre à mes questions. Merci à mes proches pour leur aide et leur soutien. Sommaire Introduction. .......................................................................................................................... 1 1 2 3 4 5 Problématique. .............................................................................................................. 2 1.1 Question de départ. ................................................................................................. 2 1.2 Lectures préliminaires. ............................................................................................ 5 1.3 Entretien exploratoire. ............................................................................................. 8 1.4 Question de recherche. ..........................................................................................11 Apports théoriques........................................................................................................13 2.1 La plasticité cérébrale. ...........................................................................................13 2.2 La contrainte induite. ..............................................................................................15 2.3 Conclusion. ............................................................................................................27 Méthodologie. ...............................................................................................................28 3.1 Choix de la population interrogée. ..........................................................................28 3.2 Questionnaire. ........................................................................................................28 Recueil de données et analyse. ....................................................................................30 4.1 Recueil. ..................................................................................................................30 4.2 Analyse. .................................................................................................................37 4.3 Réponse à la problématique...................................................................................39 4.4 Limites méthodologiques. .......................................................................................41 Discussion. ...................................................................................................................42 5.1 Intêret d’un protocole de « pré-contrainte » ............................................................42 5.2 Pairémulation entre patients contraints...................................................................42 5.3 Lien avec l’imagerie motrice. ..................................................................................43 Conclusion ...........................................................................................................................45 Bibliographie. .......................................................................................................................46 Annexe .................................................................................................................................... Table des matières. ................................................................................................................. « Un problème prévu est un problème en moins. » (Maurice Dantec) Introduction. La profession d’ergothérapeute permet d’exercer dans de nombreux domaines dont celui de la neurologie. De plus en plus de personnes sont atteintes de pathologies neurologiques et l’évolution des connaissances scientifiques permet une prise en charge adaptée. L’hémiplégie résultant d’un accident vasculaire cérébral (AVC) en est un exemple et constitue un problème de santé publique de par sa fréquence et sa gravité. Selon le rapport de 2009 destiné au ministère de la santé et des sports concernant « la prévention et la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux en France », il existe 130 000 nouveaux cas d’AVC par an en France et « en termes de handicap, plus de 225 000 personnes sont classées de façon permanente en affection de longue durée « accident vasculaire cérébral invalidant. » La prise en charge de ces personnes a toujours progressé depuis 1950 (Bobath) mais les nouvelles connaissances notamment sur le cerveau permettent de nos jours de faire encore plus évoluer les pratiques professionnelles. La thérapie par contrainte induite est une des nouvelles techniques de rééducation du patient hémiplégique. L’ergothérapeute s’intègre dans une équipe pluridisciplinaire : il participe à la prise en charge par contrainte induite. Il convient donc de réfléchir à son rôle spécifique lors de la mise en place de cette thérapie. Ceci est notre question de départ. Dans une première partie, nous exposons cette question, son origine, ainsi que les différentes étapes qui ont ensuite permis de délimiter notre champ d’exploration autour de la question de recherche suivante : en quoi l’ergothérapeute a-t-il un rôle spécifique avant la mise de la contrainte induite du membre supérieur? La deuxième partie aborde les différents points théoriques en relation avec cette question de recherche. Ceci afin d’analyser ce qui est décrit dans la littérature. Ensuite, nous présentons la méthodologie utilisée pour valider ou non notre hypothèse. Ce mémoire se finalise par une discussion sur l’ensemble de ce travail avec des nouvelles pistes de réflexion. 1 1 Problématique. 1.1 Question de départ. 1.1.1 Contexte de la question de départ. Dès la fin de la deuxième année de formation en ergothérapie, nous avons pu réfléchir à un thème de mémoire de fin d’études. Cette réflexion émane de diverses expériences de stages et des cours enseignés en première et deuxième année. Deux premiers stages réalisés dans le domaine de la rééducation fonctionnelle adulte ont orienté ce mémoire vers la neurologie et notamment les personnes victimes d’un accident vasculaire cérébral. Lors d’un stage, l’équipe pluridisciplinaire commençait à aborder une réflexion concernant les nouvelles techniques de rééducation du patient hémiplégique : « contrainte induite », « miroir-thérapie », « réalité virtuelle », etc. Le protocole de « miroir-thérapie » commençait à être exploité par les ergothérapeutes. C’est derniers se questionnaient également sur la mise en place de la thérapie par contrainte induite. Pratiquer cette technique de soins demande de l’organisation, de l’anticipation et de la coopération avec les autres professionnels. Une réflexion à partir de la situation d’un patient se trouvant à six mois de son accident vasculaire cérébral a été débutée et se trouve à l’origine de nombreuses questions : - Quel est le rôle de chacun dans la mise en place de cette pratique ? Qu’est-ce que la contrainte induite ? - Comment peut-on la mettre en place dans une structure de soins ? - Y a-t-il une manière spécifique d’accompagner le patient avant, pendant et après la mise en place de la contrainte ? Cette réflexion avec les ergothérapeutes était particulièrement intéressante et interpellante même si la mise en place de cette thérapie n’a pas eu lieu pendant la période du stage. 2 1.1.2 Situation professionnelle vécue en regard de la question de départ. 1.1.2.1 Présentation de la personne et de ses habitudes de vie antérieures. • Situation générale : Monsieur C. est un homme âgé de 65 ans. Il est marié et a un fils de 35 ans qui ne vit pas à proximité du domicile familial mais avec qui il est proche. Le patient possède le permis de conduire. • Situation professionnelle : Monsieur C. est comptable, il accorde une grande importance à sa profession. Il est régulièrement amené à se déplacer en voiture dans le cadre de son activité professionnelle. L’utilisation de l’outil informatique est indispensable à la pratique de son métier. • Loisirs : Ses loisirs sont les courses de chevaux, il est d’ailleurs propriétaire de deux chevaux. Même si ce n’est pas lui qui les entraîne, il apprécie beaucoup d’aller les voir et de s’en occuper. Monsieur C. aime également partager des moments avec ses amis, manger au restaurant et faire des sorties extérieures en famille. Il apprécie également les nouvelles technologies liées à l’informatique (tablette tactile …). • Habitation : Le couple habite une maison de campagne entièrement accessible à l’extérieur (absence de marches pour entrer dans la maison). La cuisine, le salon et une petite salle de bain se trouvent au rez-de-chaussée alors que la chambre se trouve à l’étage. • Projet du patient : Les priorités de Monsieur C sont de remarcher, d’être capable de se laver et s’habiller seul et de pouvoir s’occuper à nouveau de ses chevaux. Il est très investi dans sa prise en charge et montre beaucoup de motivation. Sa famille est également très présente (femme et fils). 3 1.1.2.2 Pathologie et évolution. Monsieur C est victime d’un AVC ischémique droit à l’origine d’une hémiplégie gauche. Il n’y a aucun antécédent médical, chirurgical ou psychiatrique notable. • A l’arrivée au centre de rééducation (15 jours post-AVC) Il est observé un déficit moteur important au niveau du membre supérieur gauche et un début de récupération au niveau du membre inférieur mais qui ne permet pas encore la marche. Une légère spasticité est observée sur le membre supérieur (cotée à 2 sur l’échelle d’Aswhorth). Les fonctions sensitives, sensorielles, cognitives et intellectuelles ne sont pas altérées. Monsieur C se déplace en fauteuil roulant manuel à double main courante. Une aide humaine est à ce stade nécessaire pour effectuer les soins d’hygiène et les transferts. • Evolution au cours de la prise en charge : Au moment du stage, Monsieur C se situe à six mois de son AVC. Il marche seul sans aide technique mais reste fatigable. Il existe toujours un déficit moteur pour le membre supérieur. La mobilité et la fonctionnalité du membre supérieur sont donc limitées. La récupération s’observe principalement au niveau proximal (épaule et coude). De plus, le patient sollicite très peu ce membre supérieur gauche car selon lui, ce membre n’est pas utilisable. Pendant les séances d’ergothérapie, Monsieur C. est tout de même demandeur d’exercices pouvant stimuler son bras lésé. C’est à ce moment que la réflexion concernant la mise en place de la thérapie par contrainte induite au sein de la structure a débuté. 1.1.3 Conclusion. La prise en charge de ce patient ainsi que les échanges avec l’équipe ont été à l’origine de nombreuses questions. - Qu’est-ce que la contrainte induite ? - Qui décide de mettre en place la contrainte induite ? - Quel est le profil des patients qui peuvent bénéficier de cette méthode de rééducation ? 4 - Qui prend en charge un patient contraint ? - Que fait-on en ergothérapie avec un patient bénéficiant de la contrainte induite ? - Comment peut-on la mettre en place ? - Peut-on mettre en place la contrainte induite dans tout type de service ? Ne pouvant développer l’ensemble de ces questions, je choisis dans ce mémoire de mener une réflexion sur une seule question qui devient ma question de départ : L’ergothérapeute a-t-il un rôle spécifique à jouer lors de la mise en place de la thérapie par contrainte induite chez un patient hémiplégique ? La partie suivante a pour but d’éclairer les termes relevés dans cette question. 1.2 Lectures préliminaires. 1.2.1 La personne hémiplégique. 1.2.1.1 Définition de l’hémiplégie. Il est tout d’abord nécessaire de définir l’hémiplégie. Il s’agit de la perte plus ou moins complète de la motricité volontaire qui se manifeste par une paralysie totale ou partielle de l’hémicorps controlatéral à la lésion. Elle résulte d’une lésion de la voie pyramidale au niveau du système nerveux central. Ces troubles moteurs peuvent entraîner un manque d’équilibre, l’apparition de mouvements anormaux (syncinésies, spasticité, troubles de la coordination) ainsi que l’apparition de mouvements globaux. Ces troubles moteurs mettent en difficulté la personne hémiplégique pour accomplir ses activités de vie quotidienne. 1.2.1.2 Les troubles associés. Suivant la localisation de la lésion et de sa gravité, des troubles associés au déficit moteur peuvent se manifester. 5 Ils peuvent être : - Les troubles sensitifs : La sensibilité superficielle et/ou profonde peut être touchée ce qui, par exemple, rend la préhension plus complexe car la personne maîtrise difficilement la pression nécessaire pour qu’un objet tienne dans sa main. - Les troubles sensoriels : ils correspondent souvent à des troubles du champ visuel, le plus fréquent est l’hémianopsie latérale homonyme (HLH). Cette pathologie correspond à la perte du champ visuel situé du côté opposé à la lésion. Il est donc plus difficile pour une personne présentant cette déficience d’explorer son environnement visuel. - Les troubles des fonctions supérieures : o L’apraxie correspond à une perturbation du geste avec ou sans objet. o L’aphasie est un trouble du langage, il existe l’aphasie de Broca et l’aphasie de Wernicke. o L’agnosie est un déficit de la reconnaissance, elle peut être tactile, auditive ou visuelle. - Les troubles du schéma corporel : Il s’agit d’une perturbation de la perception et de la représentation de son propre corps. - La négligence spatiale unilatérale : Elle est définie en 1979 par Heilman et Valenstein (cités dans un article de S.Chokron, 2008) sous le nom de « négligence hémispatiale » comme « l’impossibilité de décrire verbalement, de répondre et de s’orienter aux stimulations controlatérales à la lésion hémisphérique, sans que ce trouble puisse être attribué à un déficit sensoriel ou moteur. » Ce trouble est le plus souvent observé chez des personnes ayant subi un AVC situé dans l’hémisphère droit. Une personne atteinte de ce trouble, par exemple, ne mangera que ce qui se trouve à droite dans son assiette ou ne portera pas attention à un interlocuteur se trouvant de son côté gauche. 6 - Les troubles de la déglutition. - Les troubles vésico-sphinctériens. - Les troubles sexuels. Toutes ces déficiences sont potentiellement à l’origine d’incapacités puis de situations de handicap qui perturbent le quotidien d’une personne hémiplégique. Bien évidemment, elles ne se manifestent pas de manière automatique, chaque cas d’hémiplégie est unique. La prise en charge doit être personnalisée pour chaque individu. 1.2.1.3 Evolution des techniques de rééducation. De nombreux écrits montrent l’importance de la prise en charge d’une personne présentant une hémiplégie à la suite d’un AVC. Les conséquences sont différentes selon la localisation de la lésion. En effet, le système nerveux au niveau cérébral s’organise de manière complexe. De plus, pour deux individus présentant une lésion cérébrale dans une même zone, les répercussions sont souvent différentes. Depuis 1950 (BOBATH), diverses méthodes sont pratiquées pour favoriser au mieux la récupération des fonctions motrices, sensitives et cognitives à la suite d’un AVC. Chaque approche se base sur des concepts spécifiques. Par exemple, la méthode dite « Bobath » porte beaucoup d’importance à l’inhibition de la spasticité et au contrôle des mouvements anormaux. L’approche initiée par Perfetti (1970) se base essentiellement sur des exercices cognitivo-sensitivo-moteurs. De nouvelles approches voient le jour, cela est notamment dû à l’évolution des connaissances sur le cerveau et à l’amélioration de la recherche scientifique (Imagerie fonctionnelle, etc.) 1.2.2 La thérapie par contrainte induite du membre supérieur. La thérapie par contrainte induite est une des nouvelles approches dans la prise en charge du patient hémiplégique. Elle est relativement récente mais elle s’appuie sur 7 certains principes connus depuis longtemps. S. Tower, dans les années 1940, réalisent des expériences sur le primate et se rend compte que le singe momentanément désafférenté, au niveau de la commande motrice de sa patte, ne retrouve jamais l’usage de celle-ci, alors même que la désafférentation est levée : le singe a appris à ne plus utiliser sa patte. E. Taub, en 1986, revient sur cette expérience en mettant en évidence le phénomène de non-utilisation apprise. Selon lui nous sommes capables d’apprendre à ne pas faire. De ces nouvelles notions, E. Taub met en place une nouvelle approche rééducative devant forcer, contraindre l’individu à réutiliser ce qu’il a appris à ne plus utiliser : la contrainte induite née. Cette approche consiste à immobiliser le membre supérieur sain afin de solliciter de manière intensive le membre lésé et ainsi améliorer les performances motrices et fonctionnelles. Autrement dit, le but est de forcer des apprentissages moteurs et de réintégrer le membre inactif. Un protocole de référence permet de décrire de manière précise les différentes règles à respecter (temps de port dans la journée, durée de la thérapie…) mais il existe des techniques modifiées de thérapie par contrainte induite qui proposent certaines alternatives (contrainte à domicile par exemple).Tous les patients hémiplégiques ne peuvent bénéficier de cette thérapie qui paraît complexe mais riche. 1.3 Entretien exploratoire. L’intérêt concernant la thérapie par contrainte induite qui a émergé lors d’un stage, puis la visualisation d’un patient qui pouvait relever de cette approche ont été à l’initiative de cette recherche dans la littérature. Certaines questions persistent à ce stade et pour lesquelles il semble important de se renseigner auprès d’ergothérapeutes qui utilisent la thérapie par contrainte induite. C’est en ce sens qu’est prévu cet entretien exploratoire. 1.3.1 Critères des établissements interrogés. Cet entretien s’est fait auprès de plusieurs établissements par contact téléphonique le 12 décembre 2012. 8 Cinq ergothérapeutes travaillant dans des structures différentes ont été contactés : quatre exercent dans un service d’ergothérapie dans des centres de rééducation fonctionnelle et un exerce dans service de médecine physique et de réadaptation au sein d’un CHU. L’entretien dure environ quinze minutes sauf dans le cas où la thérapie par contrainte induite n’est pas pratiquée dans la structure. Cet entretien peut être qualifié d’entretien directif même si les questions restent pour la plupart des questions ouvertes. 1.3.2 Questions de la grille de passation. Les mêmes questions sont posées à chaque ergothérapeute. - Utilisez-vous la contrainte induite ? - Si oui, combien de patients peuvent bénéficier de cette thérapie dans votre structure par an ? - Comment s’organise la décision de mettre en place la contrainte induite entre les différents professionnels ? - Comment pouvez-vous décrire le rôle de l’ergothérapeute durant la prise en charge du patient contraint ? 1.3.3 Synthèse des réponses obtenues. • Combien de patients peuvent bénéficier de cette thérapie dans votre structure par an ? Les réponses sont assez proches, elles varient entre trois et cinq. Le nombre de personnes pouvant bénéficier de la thérapie par contrainte induite reste minime. Les ergothérapeutes interrogés expliquent tous cela de la même manière. Cette thérapie n’est pas destinée pour toutes les personnes hémiplégiques et sa mise en place demande beaucoup d’investissement de la part de l’équipe pluridisciplinaire ce qui n’est pas toujours évident à gérer. 9 • Comment s’organise la décision de mettre en place la contrainte induite entre les différents professionnels ? Pour les trois structures pratiquant la contrainte induite, au moins un ergothérapeute est formé à cette thérapie. Il joue un rôle de référent et constitue une personne ressource dans ce domaine pour les autres ergothérapeutes. La décision finale de mettre en place cette dernière revient au médecin et au patient, mais la proposition est dans presque tous les cas faite par un kinésithérapeute ou un ergothérapeute. • Comment pouvez-vous décrire le rôle de l’ergothérapeute durant la prise en charge du patient contraint ? Les réponses sont de nouveau similaires. Chacun décrit une phase de bilans dans le but de définir si le patient peut ou non bénéficier de la thérapie. Ensuite, une phase d’information et de préparation de la personne est importante mais il est relevé qu’elle n’est pas toujours exploitée de manière approfondie et que la mise en place de la thérapie se fait parfois de manière rapide. Durant cette phase préparatoire, les trois ergothérapeutes sont aussi chargés, avec le patient, de planifier l’emploi du temps et de définir un programme d’exercices qui sera réalisé pendant la période du port de la contrainte. Ils interviennent également dans le choix du type de contention. Un travail d’information et d’investissement de toute l’équipe pluridisciplinaire (notamment infirmière, aides-soignantes…) est nécessaire pour assurer un accompagnement optimal du patient contraint. Durant le port de la contrainte, le travail d’accompagnement reste indispensable. La personne doit être stimulée et valorisée afin d’éviter la mise en échec lors des différents exercices proposés en séance mais aussi lorsque la personne se retrouve seule avec sa contrainte. Toute la démarche qui vient d’être réalisée constitue la phase d’exploration et permet de passer de la question de départ qui est rappelons-le : « l’ergothérapeute a-t-il un rôle spécifique à jouer lors de la mise en place de la thérapie par contrainte induite chez un patient hémiplégique ? » à la question de recherche. 10 1.4 Question de recherche. 1.4.1 Apports du stage dans l’élaboration de la question de recherche. Ce stage a soulevé différentes interrogations qui ont montrées que la mise en place de la thérapie par contrainte induite au sein d’une structure exige un travail d’organisation et d’anticipation par l’équipe ainsi qu’un investissement de tous les professionnels de soins. Ce stage a également mis en avant la question de l’information et de la préparation du patient. 1.4.2 Apports de la littérature dans l’élaboration de la question de recherche. Les premières recherches dans la littérature ont permis d’approfondir les connaissances dans plusieurs domaines : l’hémiplégie et les troubles associés, les techniques de rééducation en neurologie et plus particulièrement celle de la contrainte induite. Ces dernières ont montré l’importance de cerner la pathologie concernée, l’hémiplégie, afin de pouvoir faire le lien entre celle-ci et la thérapie proposée. Ensuite, ces recherches ont permis de poser les bases théoriques de la thérapie par contrainte induite. 1.4.3 Apports de l’entretien exploratoire dans l’élaboration de la question de recherche. L’entretien exploratoire a eu pour but de compléter les premières lectures mais aussi de se renseigner sur la pratique professionnelle de manière concrète. Les ergothérapeutes sont en accord sur leur rôle : dans un premier temps, ils doivent informer et préparer le patient puis assurer un accompagnement tout au long de la prise en charge. Cependant, les ergothérapeutes semblent avoir plus de difficultés à expliquer les moyens utilisés pour préparer le patient avant le port de la contrainte. 11 1.4.4 Problématique. Fort de toute cette démarche nous pouvons proposer d’approfondir dans ce mémoire une zone d’ombre qui persiste malgré ces premières recherches. La problématique de ce mémoire est : En quoi l’ergothérapeute a-t-il un rôle spécifique avant la mise en place d’une thérapie par contrainte induite du membre supérieur? L’hypothèse avancée est que l’ergothérapeute a un rôle spécifique dans l’anticipation des situations problèmes que le patient risque de rencontrer. 12 2 Apports théoriques. 2.1 La plasticité cérébrale. 2.1.1 Définition générale. De nombreux auteurs ont étudié le concept de plasticité cérébrale. Celle-ci peut se définir comme « l’ensemble des changements de l’organisation cérébrale secondaires à un stimulus répété » (N. Deroide, 2010). Autrement dit, le cortex cérébral est capable de modifier son organisation structurale en fonction des stimuli extérieurs mais aussi des expériences propres à l’individu. En 1986, E. Taub constate « des variations architectoniques des neurones du système nerveux central se traduisant par une réorganisation s’effectuant sous l’effet d’une force extérieure et/ou par contraintes de l’environnement ». La plasticité cérébrale se manifeste lors de tout programme d’apprentissage et permet d’aménager les réseaux de connexions en fonction des informations reçues. Suite à une lésion, la plasticité cérébrale permet de réduire les synapses non fonctionnelles et de renforcer celles qui sont stimulées de manière plus intensive. 2.1.2 Lien entre plasticité cérébrale et récupération chez le patient hémiplégique. A ce jour, nous savons qu’il existe un lien entre la plasticité cérébrale et la récupération fonctionnelle suite à un accident cérébral même s’il persiste quelques zones d’ombre. D’après des articles écrits par J-C Baron (1996) et F. Chollet (2007), la plasticité cérébrale agit différemment suivant la phase de récupération : • La récupération spontanée. Dans les premiers temps après l’AVC, la récupération se fait de manière spontanée grâce à la plasticité cérébrale post-lésionnelle 13 Durant la phase aigüe, la zone de nécrose correspond à la partie de la lésion ischémique qui est irréversible. Autour de celle-ci se forme la zone de pénombre dans laquelle le débit sanguin est diminué mais les cellules, même si elles ne fonctionnent pas, ne meurent pas dans un premier temps. Afin d’éviter la mort des cellules et donc l’augmentation de la zone de nécrose, ces dernières vont migrer et se trouver affectées à d’autres tâches en raison de l’hyperactivité de l’hémisphère sain. En effet, si l’hémicorps lésé n’est pas stimulé, les cellules correspondantes du cerveau ne le sont pas non plus et migrent vers la zone du cerveau qui est sollicitée de manière importante. C’est ainsi que se manifeste la plasticité cérébrale afin de compenser les effets des lésions en permettant une réorganisation neuronale. Cependant, cette plasticité peut se montrer inadaptée et avoir un impact négatif. En effet, il existerait une levée d’inhibition de l’hémisphère sain par l’hémisphère lésé et une augmentation de l’inhibition de l’hémisphère lésé majorant l’hypoactivité de celui-ci et ainsi le déficit moteur serait aggravé. • La réorganisation corticale guidée par l’usage. Pendant la phase de récupération, il existe une adaptation du cerveau suivant la situation physique et psychologique de la personne. Celle-ci est nécessaire pour maintenir l’adéquation avec l’environnement. La plasticité cérébrale fonctionnelle permet cette adaptation en fonction du contexte d’apprentissage : répétition du geste, effort physique et mental pour orienter et réaliser la tâche, la motivation et la concentration. Les expériences de Nudo en 1996 (cité par Médée B, 2010) montre qu’en orientant les tâches d’un individu de manière intensive, les performances motrices se trouvent améliorées. La cartographie motrice au niveau cortical, montre une extension de la représentation de la partie du corps utilisée intensivement (main par exemple). Ainsi, il démontre la possibilité d’orienter la plasticité cérébrale par la rééducation. Selon un article écrit par J-M André et ses collaborateurs (2005), la plasticité peut également être à l’origine d’effets négatif. Si une activité est réalisée de manière trop intensive ou trop rapidement après la lésion, des mouvements anormaux peuvent se mettre en place (dystonies) et ainsi créer des représentations corticales inappropriées. Il sera donc nécessaire de corriger ces apprentissages. 14 2.1.3 Plasticité et apprentissage d’Inactivité. H. Meige (1904) et E. Taub (1986) ont décrit deux notions assez proches. En 1904, H. Meige introduit ce qu’il appelle l’amnésie motrice fonctionnelle et dans les années 80 E. Taub décrit la notion de « non utilisation apprise ». D’après leurs réflexions, il existe une différence entre ce que la personne hémiplégique peut faire et ce qu’elle fait réellement. En d’autres termes, l’individu n’utilise pas tous les bénéfices de la récupération motrice qui se fait progressivement. « Nombre de mouvements qui étaient impossibles dans les premiers temps sont devenus possibles dans la suite et cependant ne sont pas faits, l'hémiplégique les ignore, il les a oubliés. Ce sont là des amnésies motrices fonctionnelles. » (G. Guillain, 1904). Les premiers essais d’utilisation du membre lésé étant un échec, la personne pense qu’elle ne pourra plus réaliser ces mouvements, elle abandonne alors toute tentative et apprend à ne plus utiliser son membre supérieur. De ce fait, la récupération motrice se trouve freinée. C’est à partir de ces recherches qu’ont été développées des nouvelles techniques de rééducation dont celle de la contrainte induite. 2.2 La contrainte induite. 2.2.1 Origine. L’amnésie motrice fonctionnelle (H. Meige) et la non-utilisation apprise (E. Taub), phénomènes décrits précédemment, sont les principes fondateurs de la thérapie par contrainte induite. En 1940, S. Tower a mis en évidence la sous-utilisation d’un membre lésé à travers des expériences de désafférentation sensitive chez le singe. Durant la phase aigüe, le singe tente d’utiliser son membre lésé mais ces essais mènent à des échecs ce qui conduit l’animal à ne plus utiliser ce membre. D’un point de vue neurologique, une récupération sensitive est observée, ce qui permettrait normalement une amélioration fonctionnelle. Cependant, aucun transfert n’est fait dans les gestes quotidiens ce qui donne l’impression d’une aggravation dans le temps sans explication neurologique. Lorsque qu’une contention du membre sain est mise en place, il est observé une amélioration de l’utilisation du membre lésé dans 15 les quelques heures suivant la mise en place de la contrainte. L’effet bénéfique persiste si le temps de port de la contention est maintenu un certain temps (une à deux semaines). Par la suite, de nouvelles expériences de désafférentation ont été réalisées afin de définir plus précisément les effets du port de la contrainte. 2.2.2 Pourquoi contraindre ? Depuis l’enfance, nous développons des gestuelles, celles que nous utilisons le plus souvent sont appelées « pré-programmes gestuels » selon A. Berthoz (cité par I. Marchalot, 2011) Lorsque nous devons agir, la situation environnementale permet d’orienter la solution à envisager : - Si la situation est habituelle, un « pré-programme gestuel » déjà existant nous permet de répondre facilement à la tâche sans avoir à fournir d’effort important. - Si nous connaissons la situation mais pas dans sa globalité, il est possible d’utiliser un « pré-programme gestuel » mais il faut l’adapter à l’action demandée ce qui demande plus d’énergie. - Dans le cas où la situation est nouvelle, il devient nécessaire de créer un nouveau « pré-programme gestuel ». Le temps d’adaptation se trouve fortement augmenté, la personne doit essayer puis réadapter jusqu’à obtenir le résultat voulu. Le patient hémiplégique cherche également à s’adapter dans le but de gérer à nouveau sa vie quotidienne. Mais cela peut s’avérer négatif dans le sens où le patient agit de manière à diminuer au maximum l’énergie nécessaire. Il en résulte souvent l’exclusion du ou des membres lésés qui ne réagissent pas assez efficacement. Cela revient au phénomène de « non-utilisation apprise ». La thérapie par contrainte induite est dans ce sens un moyen de rétablir les apprentissages du membre déficient. 2.2.3 Les principes définis par E.Taub. En 1993, E. Taub décrit le premier protocole faisant l’objet d’une étude et constituant le protocole de référence. Les neuf personnes participant à cette étude se situent entre un et dix-huit ans de leur accident vasculaire cérébral. La récupération motrice 16 se situe à un stade où elle n’évolue plus. Sur ces neuf participants, quatre sujets bénéficient d’un traitement par contrainte induite associé à un entraînement intensif et cinq autres n’ont pas de traitement particulier. Certains critères d’inclusion et d’exclusion permettent de définir si un patient peut ou non bénéficier de la thérapie : - Le patient doit présenter une mobilité générale correcte, marcher seul sans aide-technique et de manière sécurisée. - La commande volontaire du membre lésé minimum correspond à 20° d’extension active du poignet ainsi que 10° d’exten sion active des articulations métacarpo-phalangiennes. - La spasticité doit être cotée en dessous de 2 selon l’échelle d’Asworth. - La douleur du membre supérieur parétique ne doit pas être trop importante. - Le patient ne doit pas présenter de troubles cognitifs sévères ou une démence. Selon E. Taub, le port de la contrainte doit se faire durant 90% du temps d’éveil, cinq jours par semaine. Durant ce temps de port, six heures d’exercices doivent être réalisées par jour. Le protocole a une durée de douze jours. Il est précisé que la contention doit immobiliser la totalité du membre supérieur sain. Les résultats de cette étude ont montré une amélioration de la qualité ainsi que de la fonctionnalité des mouvements réalisés par le membre supérieur lésé. De plus, il est observé une augmentation du temps d’utilisation du bras lésé dans les actes de la vie quotidienne. Les trois éléments principaux de la contrainte induite telle que le définit E. Taub sont : - Un entraînement intensif incluant des tâches répétitives du membre supérieur. - Un transfert des acquis dans les actes de la vie quotidienne. - Une contention du membre supérieur sain. L’entraînement intensif est lié à la notion de « shaping » décrite également par E. Taub. Ce terme anglais provient du verbe « shape » qui, initialement, signifie façonner ou modeler. E. Taub a défini cette notion de « shaping » comme une méthode permettant de graduer les exercices. Pour atteindre l’objectif fixé, il faut 17 décomposer la tâche à réaliser en plusieurs petites étapes successives. Chaque étape doit être réussie pour pouvoir passer à la suivante. Cela permet au patient et au thérapeute de repérer l’étape qui pose le plus de problèmes, et ainsi accentuer le travail à ce niveau. En 2006, une étude nommée « EXCITE » est publiée par Wolf et son équipe. Il s’agit d’une étude multicentrique randomisée qui étudie les effets de la thérapie par contrainte induite. Celle-ci vient compléter l’étude d’E. Taub décrite précédemment. En effet, celle-ci inclue un nombre de patients beaucoup plus important (222 participants). Une variable n’est pas toujours précisément définie, il s’agit du lieu. Suivant les structures pratiquant cette thérapie, cette dernière peut avoir lieu durant une hospitalisation complète, en appartement thérapeutique, en hôpital de jour ou encore à domicile. De nombreuses autres études ont été réalisées mais elles sont toutes basées sur les principes décrits par E. Taub et les résultats sont toujours en faveur de la thérapie par contrainte induite. Les patients bénéficiant de cette thérapie sont encadrés par différents professionnels qui leurs permettent d’appliquer au mieux les différents principes de la contrainte induite. Il paraît donc important de réfléchir au rôle et à la place de chacun d’entre eux. 2.2.4 L’organisation pluridisciplinaire. Tous les professionnels prenant en charge le patient ont un rôle important pendant la durée de la thérapie. En effet, la personne est contrainte 90% de son temps d’éveil mais elle sera prise en charge par des rééducateurs durant quelques heures dans la journée seulement. Il paraît donc indispensable que toute l’équipe (infirmière, aidessoignantes, agents de service hospitalier…) en soit informée afin d’avoir un discours cohérent, une pratique commune et de nouveau une augmentation de la vigilance à lui apporter alors qu’il en demandait parfois beaucoup moins que lors de son arrivée. Autrement dit, la cohésion dans l’équipe est essentielle afin d’accompagner au mieux le patient lors de cette contrainte. 18 2.2.4.1 L’observance thérapeutique. Lors d’une prise en charge, il est important de mesurer et de favoriser l’observance thérapeutique. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit cette dernière comme « la mesure selon laquelle le comportement d’une personne, la prise de médicaments, le suivi d’un régime et/ou l’exécution du changement de style de vie, correspond aux recommandations d’un professionnel de santé » (O.M.S, 2003). Ce concept est donc en lien avec la notion d’adhésion thérapeutique. Il est primordial que le patient adhère à la thérapie qui lui est proposée. La thérapie par contrainte induire nécessite un investissement important de la part du patient tant au niveau physique que psychologique. Ce dernier doit adapter son comportement en fonction des recommandations du thérapeute dans le but de favoriser l’efficacité de la thérapie. Il paraît donc nécessaire d’évaluer l’observance du patient avant la mise en place de la contrainte induite et de l’accompagner dans la démarche d’adhésion aux soins. 2.2.4.2 • Les évaluations pouvant être mises en place en ergothérapie. La Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel (MCRO). La Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel est un outil en lien direct avec le modèle canadien du rendement Occupationnel. Ce dernier est développé par des ergothérapeutes canadiens qui décrivent le rendement occupationnel comme « la capacité d’une personne de choisir, d’organiser et de s’adonner à des occupations significatives qui lui procurent de la satisfaction. » (« Promouvoir l’occupation » 2002). Ce rendement occupationnel résulte des interactions entre la personne, l’environnement et l’occupation, il est donc amené à changer lorsque ces paramètres évoluent. Le modèle canadien du rendement occupationnel place le patient au centre de la pratique, il s’agit de l’acteur principal. Le lien avec l’ergothérapie est donc important, en effet, les ergothérapeutes s’intéressent essentiellement à ce que les personnes font dans leur environnement. Il s’agit, selon le concept canadien, de l’ « occupation » qui « fait référence à l’ensemble des activités et des tâches de la vie quotidienne […]. L’occupation comprend tout ce qu’une personne fait pour s’occuper, c’est-à-dire pour prendre soin d’elle (soins personnels), se divertir (loisirs) 19 et contribuer à l’édifice social et économique de la communauté (productivité). » (« Promouvoir l’occupation » 2002). La Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel, créée en 1988, prend appui sur ce modèle et constitue une échelle de qualité de vie. Elle est validée en langue française. C’est « une mesure individuelle conçue à l’intention des ergothérapeutes dans le but d’évaluer si la perception qu’a le client de son rendement occupationnel change avec le temps » (Law et al, 1994). Elle permet de déterminer les difficultés rencontrées par le patient dans différentes situations. C’est le patient lui-même qui cible les situations problèmes. La passation se fait sous forme d’un entretien d’une durée de 20 à 30 minutes. Dans un premier temps, il s’agit d’identifier les problèmes, c’est pourquoi la première question posée au patient est « Qu’avez-vous besoin d’exécuter et qui vous pose problème ? ». Afin de faciliter la réflexion du patient, l’ergothérapeute peut lui suggérer de s’imaginer une journée type afin de définir ses occupations habituelles. La deuxième étape consiste à classer les différents problèmes en fonction de l’importance qu’ils ont pour la personne. La question posée au patient est : « dans quelle mesure est-il important pour vous d’être capable d’exécuter cette tâche/activité/fonction ? ». La cotation 1 signifie sans importance, la cotation 10 signifie extrêmement important. Cela permet au patient de hiérarchiser ses difficultés et de mettre en avant cinq situations prioritaires. Ensuite, le patient doit évaluer la façon dont il réalise ces différentes activités problématiques et s’il est satisfait de cela ou non. Ce bilan peut être exploité également lors de l’évaluation du patient avant la mise en place d’une thérapie par contrainte induite. Le patient, même s’il a le membre supérieur contraint, va devoir continuer à réaliser un certain nombre d’activités qu’il a repris au fur et à mesure. En d’autre termes, le fait d’être contraint rend de nouveau plus difficile la réalisation des différentes activités parfois reprises avec difficulté. La passation de la Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel peut se révéler un outil intéressant permettant d’identifier les problèmes que le patient risque de rencontrer dès le port de la contrainte. Les thérapeutes peuvent alors anticiper et prévenir ou minimiser le problème relevé par le patient ou encore choisir en tout état 20 de fait de reprendre cette activité lors des exercices de rééducation pendant la contrainte. • Le Motor Activity Log (MAL). M. Peltier (2004), décrit ce bilan permettant d’évaluer le patient hémiplégique avant mais aussi pendant et après la mise en place de la contrainte. Celui-ci a été développé par l’université d’ALABAMA et décrit par E. Taub en 1973. Il n’est validé qu’en langue anglaise. Ce bilan a pour but de mettre en évidence la sous-utilisation du membre supérieur lésé. La passation se fait sous la forme d’une interview, le patient s’autoévalue. Les questions posées concernent trente activités de la vie quotidienne, les critères de cotation concernent l’aspect quantitatif mais aussi qualitatif de l’utilisation du membre supérieur parétique. La compréhension de ce bilan n’est pas toujours évidente pour les patients, c’est pourquoi il est difficile de réaliser la passation avec des personnes présentant des troubles cognitifs sévères. Le patient se rend compte lui-même de ses difficultés et il peut également prendre conscience de la sous-utilisation de son membre supérieur. • L’évaluation de la fonction du membre supérieur chez le sujet hémiplégique. Ce bilan a initialement été créé par D.J. Wilson en 1984 puis, en 1990, il a été validé par une équipe de recherche canadienne. La première version française améliorée est publiée en 2005 par E. Dutil et son équipe. Le test se compose de dix-sept tâches, classées par ordre de difficulté par rapport à la motricité du membre supérieur. Les tâches proposées concernent des activités de la vie quotidienne comme par exemple verser de l’eau ou plier un drap. Ce bilan peut permettre d’aider à savoir si la thérapie par contrainte induite est pertinente pour un patient donné. De plus, cela permet au patient de voir de manière objective ce à quoi il pourra être confronté lorsqu’il sera contraint. Ce test peut donc 21 être réalisé avant et après la mise en place de la contrainte afin d’évaluer la progression. Ces trois évaluations plus spécifiques peuvent être une aide pour avoir connaissance des capacités fonctionnelles du patient et pour recenser les différentes situations problèmatiques que le patient rencontre au moment présent. D’autres évaluations existent surement mais ne sont pas identifiées au cours de notre recherche ou encore plus commune et donc non décrites ici. Quoi qu’il arrive ces évaluations purement ergothérapeutiques doivent être mises en relation avec celles des autres professionnels afin de réaliser une synthèse sur la situation du patient. L’équipe et le patient peuvent alors discuter de la pertinence ou non de la mise en place de la thérapie par contrainte induite et ainsi prendre une décision ensemble. 2.2.4.3 Compétences de chaque professionnel. La littérature n’apporte pas beaucoup d’éléments quant au rôle précis de chaque professionnel dans la mise en place d’une thérapie par contrainte induite. Nous pouvons cependant faire un lien entre le référentiel de compétences de chaque profession et les principes de la thérapie décrits précédemment. • Rôle du médecin. Tout d’abord, le médecin prescrit les soins dont le patient doit bénéficier. La décision de la thérapie par contrainte induite doit être prise en équipe pluridisciplinaire avec l’accord du médecin. Ce dernier coordonne également l’intervention des différents professionnels et assure le suivi médical du patient. 22 • Compétences de l’ergothérapeute. Compétence Lien avec la thérapie par Sous-compétence « Choisir et instruments de maîtriser mesure, contrainte induite les les méthodes, les moments et les lieux L’ergothérapeute réalise appropriés pour mener les l’évaluation du patient et « Evaluer une situation et évaluations en ergothérapie en de son environnement fonction des modèles avant, pendant et après la élaborer un diagnostic d’intervention. » ergothérapique. » « Identifier les éléments facilitant contrainte. Il peut ainsi ou faisant obstacle à évaluer les difficultés du mise en place de la l’indépendance et à l’autonomie, patient avant et pendant la liés à la personne et à son contrainte. environnement humain et matériel » « Mettre en œuvre les techniques La en ergothérapie en vue contrainte fonctionnels » activités de soins, de rééducation, de réadaptation, de réinsertion et de réhabilitation psychosociale en ergothérapie » a de pour but de favoriser la maintenir et améliorer les gestes récupération « Mettre en œuvre des induite « Identifier les facteurs et mettre en membre motrice du supérieur, l’ergothérapeute est donc œuvre les stratégies favorisant en mesure de proposer technique de l’engagement des personnes dans cette l’activité et l’amélioration de leur autonomie » rééducation en lien avec l’équipe de soins. « Accompagner la personne dans Le rôle de l’ergothérapeute le transfert de ses acquis peut s’inscrire dans le fonctionnels et cognitifs dans son transfert des acquis dans contexte de vie par des mises en les activités de la vie quotidienne, en effet cela 23 situation écologique. » permet au patient de se rendre compte de son évolution de manière plus concrète. De plus, cela peut être une source de motivation pour la personne. « Préconiser des adaptations, des aides techniques […] pour un Le patient contraint peut retour à l’activité […]. » avoir besoin d’aide- « […]Adapter et « Expliquer la mise en place, préconiser[…] les aides l’utilisation et la surveillance […] techniques […] » des aides techniques […] au sein techniques pour pouvoir de la structure de soins puis dans le milieu ordinaire de vie. » réaliser certains actes de la vie quotidienne (toilette, habillage, repas…). Les moments d’échanges avec le patient peuvent «Conduire une relation « Créer des temps d’échanges et permettre de le préparer, dans un contexte d’analyse des situations de d’intervention en d’intervention avec la personne l’évolution, de poser de ergothérapie. » […]. » nouveaux objectifs et ainsi faire le point sur de le motiver l à poursuivre sa prise en charge. « Coopérer au sein d’une équipe Comme pour toute prise pluri-professionnelle et avec les en charge, la coopération « Organiser les activités et différents coopérer avec les différents médicaux, dans le cadre de son est acteurs.» champ professionnel, dans le but exemple, lors d’une activité d’optimiser acteurs, la l’intervention […]. » notamment entre les différents acteurs qualité importante. Par de en ergothérapie, le patient montre des difficultés pour 24 un certain mouvement, l’ergothérapeute peut en faire part au kinésithérapeute afin que ce dernier puisse travailler ce mouvement. Certains professionnels « Transmettre ses connaissances et son savoir-faire […] aux autres « Former et informer.» professionnels par des conseils, des démonstrations, des explications et de l’analyse commentée de la pratique. » peuvent ne pas connaître la thérapie par contrainte induite, il parait donc important d’informer toute l’équipe prenant en charge le patient afin d’assurer une cohérence dans les soins proposés. • Compétences du kinésithérapeute. Selon le référentiel de compétences du masseur-kinésithérapeute, ce dernier doit être en mesure d’ « assurer des soins de masso-kinésithérapie dans le cas d’une pathologie chronique. » Dans le cadre de la thérapie par contrainte induite, le kinésithérapeute aide le patient à retrouver le maximum de ses capacités physiques notamment du membre supérieur lésé. La méthode du« shaping » décrite par Taub peut dons s’inscrire dans les compétences du kinésithérapeute. En effet, il guide le patient dans la réalisation de mouvements répétés de manière analytique et séquencée afin de travailler toutes les étapes du mouvement. 25 • Compétences de l’aide-soignant. Selon le référentiel de compétences de la profession d’aide-soignant (annexe V à l’arrêté du 25 janvier 2005), ce dernier doit être en mesure de : Compétence Lien avec la Thérapie par contrainte induite « Accompagner une personne dans les L’aide-soignant peut, par exemple, être actes de la vie quotidienne en tenant sollicité pour aider à la mise en place de la compte de ses besoins et de son degré contrainte (écharpe) le matin. d’autonomie. » « Apprécier l’état clinique personne. » d’une L’aide-soignant est amené à voir régulièrement la personne dans la journée, il peut donc observer des situations de vie quotidienne que l’ergothérapeute ne voit pas. «Rechercher, traiter et transmettre les En lien avec la compétence précédente, la informations pour assurer la continuité transmission des observations de l’aidedes soins » soignant permet de s’adapter aux situations qui posent problème au patient. • Compétences de l’infirmier. L’infirmier est amené à voir et soigner le patient de manière quotidienne. Selon le référentiel de compétences de la profession d’infirmier, la compétence 3 précise que l’infirmier doit être capable d’ « accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens. » Les sous-compétences précisent cela par la capacité à « adapter les soins quotidiens aux besoins de la personne, en tenant compte de ses ressources, ses déficiences ou ses handicaps.» et à « évaluer l’évolution de la personne dans sa capacité à réaliser ses soins.» 26 Ainsi, l’infirmier accompagne le patient contraint dans différents actes de la vie quotidienne et peut alors évaluer les difficultés ou progrès et les transmettre à l’équipe pluri-disciplinaire. • Compétences du psychologue. La thérapie par contrainte induite est difficile à accepter et à supporter d’un point de vue psychologique. C’est pourquoi la prise en charge par un professionnel spécialisé dans ce domaine est fondamentale. En effet, selon l’Association Nationale de Formation Hospitalière (ANFH), le psychologue est compétent pour « concevoir, élaborer et mettre en œuvre des actions préventives, curatives et de recherche à travers une démarche professionnelle propre prenant en compte les rapports réciproques entre la vie psychique et les comportements individuels et collectifs, afin de promouvoir l'autonomie de la personnalité. » Le psychologue peut ainsi réaliser un bilan psychologique du patient et lui proposer différents moyens (entretiens individuels ou collectifs, psychothérapies…) pour l’accompagner tout au long de la thérapie par contrainte induite. 2.3 Conclusion. La plasticité cérébrale et la thérapie par contrainte induite sont étroitement liées. En effet, la contrainte a pour but de stimuler et d’orienter la plasticité cérébrale. Pour cela, l’équipe pluridisciplinaire prend en charge le patient en respectant un protocole de rééducation propre à cette thérapie. La littérature ne nous renseigne pas précisément sur les évaluations qui doivent être réalisées avant la mise en place de la contrainte mais nous pouvons tout de même en mettre certaines en avant qui sont propres à l’ergothérapie. Le référentiel de compétences de l’ergothérapeute nous permet de cibler ce que ce professionnel peut apporter au patient dans le cadre de la prise en charge par contrainte induite. Ces éléments théoriques permettent de faire avancer notre recherche. Nous devons maintenant réaliser une enquête de terrain afin de répondre à notre hypothèse. 27 3 Méthodologie. Nous rappelons notre hypothèse : Le rôle spécifique de l’ergothérapeute avant la mise en place de la contrainte induite est de pouvoir anticiper les situations problèmes que le patient risque de rencontrer. Cette hypothèse est notre « affirmation temporaire » que nous cherchons maintenant, dans cette troisième partie, à valider ou invalider. Dans le cadre de ce travail d’initiation à la recherche, le recueil de données s’est fait par l’intermédiaire d’un questionnaire. Cet outil permet d’interroger un grand nombre de personnes mais aussi d’obtenir des réponses de manière objective car le questionnaire est identique pour tous. L’analyse des données se trouve donc facilitée. Le questionnaire a été élaboré à partir des données théoriques décrites précédemment. 3.1 Choix de la population interrogée. Il est destiné aux ergothérapeutes exerçant dans des centres de médecine physique et de réadaptation ou centres hospitaliers. Ces structures accueillent en partie des patients hémiplégiques et sont donc susceptibles d’utiliser la thérapie par contrainte induite. 3.2 Questionnaire. Le questionnaire, dans sa version intégrale, se trouve en annexe. Le questionnaire est composé de neuf questions dont huit sont à choix multiples. Cela permet d’aider les ergothérapeutes à répondre (temps de remplissage rapide) mais aussi de faciliter l’analyse des résultats par la suite. Cependant, il est toujours possible pour les professionnels de justifier ou de proposer une autre réponse à l’aide de la case « autre proposition » afin de pouvoir donner une réponse cohérente avec leur pratique. Afin de favoriser le nombre de réponses, le questionnaire est sous forme de formulaire en ligne et est envoyé par e-mail. 28 Nous rappelons que ce questionnaire a pour but de recueillir le plus d’éléments possibles en lien avec notre hypothèse afin de la valider ou non. Nous cherchons en effet à identifier si l’anticipation des situations problèmes que le patient risque de rencontrer lors de la thérapie par contrainte induite est une spécificité des ergothérapeutes ou non. Les premières questions (1 à 4) portent sur le contexte général de la pratique professionnelle et de la prise en charge des patients par contrainte induite (nombre, protocole). Les questions suivantes (5 à 9) s’intéressent au rôle que les ergothérapeutes pensent avoir avant la mise en place de la contrainte. Nous cherchons également à connaître comment ces derniers remplissent ce rôle (bilans, évocation des situations problèmes…). 29 4 Recueil de données et analyse. 4.1 Le Recueil. questionnaire destiné aux ergothérapeutes a été envoyé dans cent établissements différents (centres de médecine physique et de réadaptation ou centres hospitaliers). Nous avons obtenu 58 réponses soit 58%. Question 1: Depuis combien de temps exercez-vous la profession d’ergothérapeute ? Les ergothérapeutes ont entre 1 et 34 années d’expérience soit une moyenne de 10 ans. Question 2 : Pratiquez-vous la thérapie par contrainte induite du membre supérieur ? Oui Non 24 34 Oui Non 41% 59% Moins de la moitié des ergothérapeutes interrogés pratiquent la contrainte induite du membre supérieur. 30 Question 3 : Combien de patients bénéficient de cette thérapie au sein de votre établissement par an ? Entre 0 et 5 Entre 5 et 10 Entre 10 et 15 Plus de 15 19 4 1 0 Entre 0 et5 Entre 5 et 10 Entre 10 et 15 Plus de 15 4% 17% 79% Le nombre de mise en place est restreint puisque 79% l’exploitent entre 1 et 5 fois par an. Question 4 : Quel protocole utilisez-vous ? Le protocole de référence définit par Un protocole modifié E. TAUB 2 22 31 Protocole de référence Protocole modifié 8% 92% Seulement 8% des centres interrogés appliquent le protocole décrit par E. TAUB. Question 5 : Selon vous, l’ergothérapeute a-t-il un rôle à jouer avant la mise en place de la contrainte ? Oui Non 24 0 Oui Non 100% Tous les ergothérapeutes s’accordent à dire qu’ils ont un rôle à jouer avant la mise en place de la contrainte. 32 Question 6 : Si oui, le ou lesquels ? Informer le Participer à la patient sur la TCI recherche du moyen de contention Rechercher avec Informer les le patient les différents situations membres de problèmes qu’il l’équipe risque de soignante. rencontrer 23 17 24 20 120 100 80 60 100% 96% 83% 40 71% 20 0 Informer le patient Moyen de contention Situations problèmes Informer l'équipe Autres propositions : - Chercher à favoriser l’acceptation du patient (2) - Réaliser les bilans de « pré-contrainte » (2) - Propositions et adaptations d’aides-techniques (2) - Informer l’entourage du patient sur la thérapie par contrainte induite (1) - Proposer des activités significatives pour le patient (1) - Mises en situation sur le bon geste à adopter, contrôle des syncinésies et des compensations (1) Le rôle de l’ergothérapeute est assez large, en effet, 100 % recherchent les situations problèmes que le patient risque de rencontrer, l’ergothérapeute informe le 33 patient sur le protocole et sur le moyen de contention et informe l’équipe soignante des principes de la thérapie. Plusieurs ergothérapeutes précisent dans leur réponse que certains de ces rôles ne sont pas spécifiques aux ergothérapeutes mais qu’ils concernent également les autres thérapeutes prenant en charge le patient (informer le patient, participer à la recherche du moyen de contention, informer l’équipe soignante). Question 7 : Evoquez-vous avec le patient les situations problèmes qu’il serait susceptible de rencontrer lorsqu’il sera contraint ? Oui Non 100 0 Oui Non 100% Tous les ergothérapeutes évoquent avec le patient les situations problèmes que ce dernier risque de rencontrer durant le port de la contrainte. Ce résultat est en accord avec celui de la question précédente concernant le rôle de l’ergothérapeute avant la mise en place de la contrainte. 34 Question 8 : Quels bilans réalisez-vous avant la mise en place de la contrainte Bilans Nombre Pourcentage d’ergothérapeutes utilisant ce bilan Box & Blocks 10 42% Motor Activity Log 8 33% 7 29% 5 21% MCRO 5 21% Mises en situations 5 21% 400 points 5 21% Mesure d’Indépendance 4 17% 3 12% 3 12% Jebsen Test 2 8% Fugl Meyer 1 4% Purdue Pegboard Bilan du membre supérieur d’E. Dutil filmées Fonctionnelle (MIF) Bilan moteur et sensitif Rangueuil-Toulouse Frenchay Arm Test (FAT) Différents bilans sont utilisés par les ergothérapeutes, les plus utilisés sont le « box & blocks » ainsi que le « Motor Activity Log ». 35 Question 9 : Quels sont, selon vous, les autres rôles de l’ergothérapeute dans la prise en charge d’un patient par contrainte induite ? - Réaliser des mises en situation d’activités vie quotidienne pour que le patient s’entraîne de manière intensive (19) - Soutenir la motivation du patient et l’accompagner psychologiquement (18) (pour faire le point, réadapter si besoin) - Adapter aides techniques afin que le patient puisse réaliser certaines tâches complexes (10) - Evaluations en fin de contrainte afin de mesurer la progression du patient(6) - Adapter le temps de port de la contrainte dans certains cas (5) - Informer la famille et les proches de la thérapie par contrainte induite (3) - Faire évoluer la difficulté des activités à mesure de la progression du patient (1) - Faire remonter au médecin prescripteur et à l’équipe les difficultés et la progression du patient (1) - Assurer une suite de prise en charge après la thérapie par contrainte induite (1) 90% 79% 80% 75% 70% 60% 50% 42% 40% 30% 20% 10% 25% 21% 12% 4% 4% 4% 0% 36 Les rôles de l’ergothérapeute tout au long de la prise en charge par contrainte induite sont nombreux. Les plus représentatifs dans les résultats sont la réalisation de mises en situation d’activités de vie quotidienne, l’accompagnement psychologique ainsi que l’adaptation d’aides techniques. 4.2 Analyse. 4.2.1 Utilisation de la thérapie par contrainte induite. D’après les résultats obtenus, la thérapie par contrainte induite est utilisée par un nombre moyen d’ergothérapeute (41%) mais sur un nombre restreint de patients (entre zéro et cinq patients par an pour la plupart) ce qui montre que cette thérapie se développe mais aussi qu’elle ne concerne qu’une minorité de patients. Cela peut s’expliquer par le fait que cette approche rééducative est très contraignante et que tous les patients ne peuvent la supporter psychologiquement et physiquement. De plus, les critères d’inclusion et d’exclusion réduisent également le nombre de personnes pouvant en bénéficier. Aussi, la mise en place nécessite beaucoup d’organisation et une formation des équipes la mettant en place. D’après les réponses au questionnaire, une grande majorité d’ergothérapeutes utilise un protocole modifié de thérapie par contrainte induite (92%) et non le protocole de référence décrit par E. Taub. Les protocoles modifiés permettent d’adapter le nombre d’heures du port de la contrainte à la personne concernée mais ne permet pas ensuite de faire évoluer la pratique des professionnels autour de la même référence. Pour reformuler, si une équipe suit la contrainte définie par Taub elle peut comparer ses résultats et sa pratique avec des écrits et des auteurs ce qui est moins facile si chacun met en place son propre protocole. Aucune comparaison n’est alors possible. 4.2.2 Rôle de l’ergothérapeute avant la mise en place de la contrainte. Tous les ergothérapeutes interrogés et pratiquant la thérapie par contrainte induite pensent qu’ils ont un rôle à jouer avant la mise en place de la contrainte. Tous les ergothérapeutes ayant répondu et pratiquant la thérapie par contrainte induite sont 37 d’accord qu’un de leur rôle est d’anticiper avec le patient les situations problèmes que celui-ci risque de rencontrer. Cette anticipation se fait différemment selon les ergothérapeutes, en effet, les bilans et évaluations utilisés sont variés. Nous pouvons alors faire le lien entre certains bilans utilisés et la notion d’anticipation des situations problèmes : la Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel (MCRO), l’évaluation de la fonction du membre supérieur chez le sujet hémiplégique d’E.Dutil, le Motor Activity Log (MAL), le 400 points, la Mesure d’Indépendance Fonctionnelle (MIF) sont des bilans en rapport avec les activités de vie quotidienne des personnes et qui permettent de mettre en situation le patient. Certains ergothérapeutes utilisent des mises en situation de vie quotidienne filmées ce qui permet à la personne de mieux comprendre ses difficultés et de réfléchir avec le thérapeute à l’amélioration des mouvements, gestes, postures… D’autres bilans sont utilisés mais il s’agit plus d’une évaluation quantitative ou analytique (Purdue Pegboard, Frenchay Arm Test, Box & Blocks) et ne paraissent pas être en lien direct avec les difficultés des patients dans leurs activités quotidiennes. Ils permettent cependant d’évaluer les capacités motrices. 4.2.3 Autres rôles de l’ergothérapeute durant la prise en charge par contrainte induite. Les réponses obtenues montrent que les rôles de l’ergothérapeute tout au long de cette thérapie sont variés. Certains sont communs entre la phase qui précède la mise en place de la contrainte et la phase du port de la contrainte (mises en situation, adaptation d’aides-techniques, participer à la motivation du patient). Le suivi par l’ergothérapeute se fait sur toute la durée de la thérapie. Il a donc un rôle important avant la mise en place de la contrainte mais aussi pendant et après. 38 4.3 Réponse à la problématique. Notre hypothèse de départ est : le rôle spécifique de l’ergothérapeute avant la mise en place de la contrainte induite est de pouvoir anticiper les situations problèmes que le patient risque de rencontrer. Nous cherchons donc maintenant à la valider ou non en rapport avec les apports théoriques et les résultats du recueil de données. 4.3.1 Apports de la littérature. Les premiers apports théoriques ont défini les éléments indispensables à la compréhension de notre sujet (plasticité cérébrale, non-utilisation apprise, protocole de contrainte induite, intérêt de la thérapie, etc.). Afin d’apporter des éléments de réponse à notre hypothèse, nous avons mis en évidence l’intérêt de certains bilans spécifiques aux ergothérapeutes leur permettant d’évaluer le patient avant la mise en place de la contrainte (MCRO, MAL, évaluation du membre supérieur d’E. Dutil). Très peu de données théoriques nous renseignent sur le rôle de chaque thérapeute et notamment celui de l’ergothérapeute dans la prise en charge par contrainte induite. Les apports de la littérature nous apportent cependant des informations générales sur les compétences d’un ergothérapeute (d’après le référentiel de compétences). Nous avons alors mis en relation celles-ci avec les principes de la thérapie afin de préciser le rôle de ce dernier. 4.3.2 Apports de l’enquête auprès des ergothérapeutes. Tout d’abord, l’analyse des réponses au questionnaire permet de clarifier le rôle de l’ergothérapeute avant la mise en place de la contrainte. L’ergothérapeute s’intègre dans une équipe pluridisciplinaire et de ce fait présente des rôles communs avec d’autres professionnels comme l’accompagnement psychologique du patient, ou l’évaluation avant, pendant et après la contrainte. L’ensemble des ergothérapeutes répondent avoir un rôle dans l’anticipation des situations problèmes que la personne contrainte risque de rencontrer et affirment aborder ce sujet avec leurs patients. Nous observons cependant une grande diversité dans les bilans ou les évaluations réalisés par les ergothérapeutes. Certains n’utilisent que des bilans pouvant être décrits comme analytiques (« Box & Blocks », « Purdue Pegboard », etc.) qui ne sont 39 pas en lien avec les activités de vie quotidienne du patient. Nous pouvons alors nous demander si les situations pouvant poser problème sont réellement anticipées par tous les ergothérapeutes. Les ergothérapeutes qui utilisent des mises en situation ou des bilans traitant des difficultés rencontrées dans les actes de vie quotidienne (MCRO, 400 points, MAL, évaluation du membre supérieur hémiplégique d’E. Dutil, etc.) semblent pratiquer une méthode beaucoup plus pertinente pour préparer le patient à la thérapie par contrainte induite. 4.3.3 Vérification de l’hypothèse. Les éléments théoriques et les résultats de l’enquête auprès des ergothérapeutes s’accordent à plusieurs niveaux. Les bilans décrits dans la partie théorique sont utilisés par certains ergothérapeutes avant la mise en place de la contrainte. Les compétences décrites dans le référentiel officiel et celles mises en avant dans les réponses au questionnaire sont cohérentes : évaluation du patient par des bilans ou des mises en situations, prévoir l’adaptation d’aides-techniques pour permettre au patient de réaliser certains actes de la vie quotidienne quand il sera contraint (ce qui signifie que l’ergothérapeute anticipe les situations problèmes). Nous pouvons désormais répondre à notre hypothèse : Notre hypothèse est validée, l’ergothérapeute a un rôle spécifique à jouer dans l’anticipation des situations problèmes que le patient hémiplégique peut rencontrer lors la mise en place de la contrainte. 40 4.4 Limites méthodologiques. Nous avons obtenus 58% de réponses au questionnaire et seulement 24 ergothérapeutes pratiquent la thérapie par contrainte induite. Cela est suffisant pour réaliser l’analyse mais ne nous permet toujours de généraliser ou de conclure pour certaines questions. Au cours de l’analyse du questionnaire, nous nous apercevons que certaines questions auraient pu être ajoutées. En effet, les ergothérapeutes répondent tous anticiper les situations problèmes que le patient risque de rencontrer mais la manière dont ils le font n’est pas précisée. La question : « Quel(s) moyen(s) utilisez-vous pour anticiper les situations problèmes que le patient risque de rencontrer durant sa contrainte ? » aurait pu être ajoutée. Plusieurs ergothérapeutes ont précisé la réponse à la question concernant les rôles de l’ergothérapeute avant la mise en place de la contrainte car pour eux certains rôles sont spécifiques à l’ergothérapeute (comme l’anticipation des situations problèmes) et d’autres sont communs à plusieurs thérapeutes (information du patient, de l’équipe, choix de la contention…). Cette question aurait donc pu être plus précise. D’autre part, nous avons recueilli l’avis des ergothérapeutes sur leur rôle à jouer avant la mise en place de la contrainte mais il aurait été intéressant d’interroger des patients ayant bénéficié de la thérapie par contrainte. Cela aurait permis d’avoir leur ressenti, leur avis sur l’importance de l’anticipation des situations problèmes ainsi que le lien possible avec le rôle de l’ergothérapeute. 41 5 Discussion. Nous avons montré précédemment que l’anticipation des situations problèmes que le patient risque de rencontrer est un rôle spécifique de l’ergothérapeute. Cette anticipation se fait à l’aide d’échanges entre le thérapeute et le patient, de bilans et de mises en situation de vie quotidienne. Nous pouvons nous demander si d’autres moyens complémentaires pourraient être mis en place pour préparer le patient à la contrainte. 5.1 Intêret d’un protocole de « pré-contrainte » L’enquête auprès des ergothérapeutes a permis de mettre en évidence la diversité des bilans et évaluations utilisés avant la mise en place de la contrainte. Certains paraissent plus adaptés que d’autres. C’est pourquoi il serait intéressant qu’un protocole « pré-contrainte » ou un guide de préparation du patient à la contrainte induite soit décrit de manière précise dans la littérature. Cela pourrait peut-être permettre à plus d’ergothérapeutes d’utiliser cette technique de rééducation, dans le sens où elle peut être difficile à organiser et à gérer. Les études concernant la contrainte induite portent beaucoup sur le protocole durant la thérapie et les résultats obtenus à la fin de celle-ci mais très peu sur la phase précédent la contrainte. Cette méthode est en constante évolution et tous les critères ne sont pas encore établis. Nous pouvons penser que d’autres études permettront de clarifier certaines étapes. Ce protocole pourrait également déterminer comment l’anticipation des situations problèmes peut être réalisée. En rééducation, la participation active du patient est de plus en plus développée, il serait donc intéressant de réfléchir à la manière de favoriser la projection du patient afin que lui-même arrive à mettre en avant ses propres situations problèmes. 5.2 Pairémulation entre patients contraints. Nombre de patients échangent entre eux en dehors des séances de rééducation afin de parler de ce qu’ils font, de leurs progrès, de leurs difficultés. Nous pouvons alors réfléchir à l’intérêt que pourrait avoir l’échange entre un patient qui a bénéficié et terminé la thérapie par contrainte et un patient qui va commencer celle-ci. Il s’agirait 42 de mettre en place une pairémulation. Cette dernière est définie par le Groupement Français des Personnes Handicapées (GFPH) comme « la transmission par les personnes handicapées autonomes, pour les personnes handicapées en recherche d’autonomie, et avec le but de renforcer la conscience de ces dernières sur leurs possibilités, leurs droits et leurs devoirs » (GFPH, 1994). Il serait pour cela nécessaire de réfléchir au moment le plus approprié pour organiser cette pairémulation et à la manière dont seraient organisées ces rencontres. La personne ayant réalisé la thérapie par contrainte pourrait exprimer son expérience au patient n’ayant pas encore été contraint afin de lui expliquer les difficultés qu’il a rencontrées et la manière dont il a pu les surmonter. Il paraît tout de même important de rappeler que chaque personne réagit différemment dans une situation donnée et trouve des solutions différentes mais la pairémulation aiderait le patient à anticiper les situations qu’il pourrait être amené à rencontrer ainsi qu’à envisager des solutions à mettre en place face à ces problèmes. Cette approche se développe aussi grâce à l’éducation thérapeutique qui est de plus en plus mise en avant dans nos secteurs de soins. Selon l’Organisation Mondiale, « l’éducation thérapeutique a pour but d’aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. » (OMS, 1996). La pairémulation pourrait donc s’intégrer dans le cadre d’un programme d’éducation thérapeutique. 5.3 Lien avec l’imagerie motrice. Une autre approche commence à être également utilisée dans le domaine de la rééducation de l’hémiplégie, il s’agit de l’imagerie motrice. La Haute Autorité de Santé (HAS) la définit comme une « méthode [qui] consiste soit à évoquer et répéter mentalement une expérience motrice déjà vécue dans le passé, soit à évoquer l’image anticipatrice d’une action nouvelle, dans le but d’obtenir la réalisation ou la mémorisation d’un mouvement donné.» (HAS, juin 2012) Cette technique de rééducation a pour but de favoriser et d’orienter la plasticité cérébrale mais aussi de réaliser un « transfert positif sur des habiletés non travaillées » (Grangeon M, 2009). En effet, les mêmes structures neuronales sont 43 activées lors de la simulation d’un mouvement que lors de l’exécution de ce même mouvement. Selon Feltz et Landers (cités par Grangeon M, 2009), l’imagerie motrice « faciliterait la préparation à l’action (Feltz et Landers, 1983) en induisant d’abord une meilleure représentation du but. Les aspects spatiaux et temporels seraient mieux analysés et les contraintes d’exécution mieux prises en compte […] ». En d’autres termes, elle permettrait d’améliorer la préparation du mouvement ainsi que sa planification. De nombreuses études s’intéressent à ce phénomène et à son application dans le champ de la rééducation de l’hémiplégie. Une étude réalisée par une équipe de Hong Kong (Liu et al, 2004) a permis de mettre en évidence une amélioration des performances dans différentes tâches de la vie quotidienne suite à des séances d’imagerie motrice durant lesquelles les patients devaient s’imaginer réaliser ces activités. Pour cela, ils étaient guidés par des consignes verbales et imagées. Nous pouvons alors tenter de faire le lien avec la préparation à la mise en place de la contrainte. Il s’agit ici d’une piste de réflexion car aucune étude ne porte sur ce sujet. Nous pouvons imaginer que la patient travaille l’anticipation des mouvements, des tâches qu’il va devoir réaliser en s’imaginant contraint. Cela pourrait lui permettre de se projeter et d’améliorer la planification et donc la réalisation de ses mouvements quand il sera contraint et ainsi réduire les situations problèmes qu’il pourrait rencontrer. Il est peut-être même envisageable qu’à la fin de la préparation à la contrainte par imagerie motrice, la contrainte induite puisse s’avérer non nécessaire. En effet, si le patient parvient à comprendre les enjeux de la contrainte, à anticiper et imaginer mentalement les mouvements qu’il va devoir effectuer avec son membre lésé, cela pourrait suffire à réintégrer le membre supérieur dans les actes de la vie quotidienne. 44 Conclusion Ce mémoire de fin d’études nous a permis d’effectuer une première démarche de recherche. Nous avons tout d’abord défini notre question de recherche est émis une hypothèse pouvant y répondre. Le sujet de la contrainte induite étant trop large, nous avons choisi de nous centrer sur le rôle de l’ergothérapeute avant la mise en place de la contrainte avec l’hypothèse que ce dernier a un rôle spécifique dans la recherche de situations problèmes pouvant survenir durant le port de la contrainte. Ensuite, les apports théoriques nous ont permis de définir les différentes notions liées à la thérapie par contrainte induite : la plasticité cérébrale, le protocole de contrainte, les compétences de chaque professionnel. La recherche de données scientifiques a pris en compte les éléments les plus récents possibles de la littérature, la science, notamment sur la connaissance du cerveau, étant en constante évolution Les avis des professionnels, recueillis par l’intermédiaire d’un questionnaire, ont apporté de nouvelles données. Les ergothérapeutes ont mis en avant leur rôle spécifique dans l’anticipation des situations problèmes que le patient risque de rencontrer. Les éléments théoriques et les résultats de l’enquête ont permis de valider notre hypothèse. Les ergothérapeutes utilisent des bilans, des évaluations ou des mises en situations pour aider le patient à anticiper les problèmes qu’il va pouvoir rencontrer. Dans la littérature, aucune marche à suivre n’est définie quant à cette phase de préparation, c’est pourquoi il serait intéressant de réfléchir à l’intérêt d’un protocole avant la mise en place de la contrainte. La pairémulation pourrait également être envisagée pour permettre aux patients d’échanger, de s’aider et de se conseiller entre eux. De plus, d’autres thérapies se développent en parallèle, comme l’imagerie motrice qui permet à la personne de s’imaginer faire et ainsi d’anticiper la manière par laquelle elle pourrait effectuer tel ou tel mouvement. Ces deux techniques pourraient être mises en lien afin d’étudier si l’utilisation de l’imagerie motrice pourrait être bénéfique avant la mise en place de la contrainte. Le domaine de la rééducation de l’hémiplégie étant en pleine évolution, nous pouvons penser que de nouvelles études permettront d’améliorer les pratiques actuelles. 45 Bibliographie. Livres : - Association canadienne des ergothérapeutes. Promouvoir l’occupation : une perspective de l’ergothérapie. Edition révisée. Ottawa : CAOT Publications ACE, 2002. - e BOBATH B. Hémiplégie de l’adulte : bilans et traitements. 2 éd. Issy-Les-Moulineaux : Masson, 1984. 206 p. - DUTIL E, FILIATRAULT J, ARSENAULT AB. Evaluation de la fonction du membre supérieur chez le sujet hémiplégique. Emersion, septembre 2005. - LAW M., BAPTISTE S, CARSWELL A, McCOLL et al.Canadian. Occupational Performance Measure. 2 - nd edition. Toronto : CAOT Publications ACE, 1994. LE BRETON F, DAVENNE B. Accident vasculaire cérébral et médecine physique et de réadaptation : actualités en 2010. Paris : Springer, avril 2010. 110p. - PELISSIER J, BUSSEL B, BRUN V. Innovations thérapeutiques et hémiplégie vasculaire. 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Je vous remercie par avance de l’intérêt que vous porterez à ce questionnaire et du temps que vous y consacrerez. Clémence Cabart. *Obligatoire 1) Depuis combien de temps exercez-vous la profession d'ergothérapeute? * 2) Pratiquez-vous la thérapie par contrainte induite? * Si vous ne pratiquez pas cette thérapie, le questionnaire s'arrête ici. Oui Non 3) Combien de patients bénéficient de cette thérapie au sein de votre établissement par an? Entre 0 et 5 Entre 5 et 10 Entre 10 et 15 Plus de 15 4) Quel protocole utilisez-vous? Le protocole définit par E.Taub Un protocole modifié 5) Selon vous, l’ergothérapeute a-t-il un rôle à jouer avant la mise en place de la contrainte ? Oui Non 6) Si oui, le ou lesquel(s)? Informer le patient sur la thérapie par contrainte induite Participer à la recherche du moyen de contention le plus approprié Rechercher avec le patient les situations problématiques qu'il risque de rencontrer Informer les différents membres de l'équipe soignante (infirmiers, aides-soignants...) des principes de la contrainte induite Autres propositions : 7) Évoquez-vous avec le patient les situations problèmes qu’il serait susceptible de rencontrer lorsqu’il sera contraint ? Oui Non 8) Quels bilans réalisez-vous avant la mise en place de la contrainte ? Motor Activity Log (MAL) Mesure Canadienne du rendement occupationnel (MCRO) Bilan du membre supérieur d’E. Dutil Autres bilans : 9) Quels sont, selon vous, les autres rôles de l’ergothérapeute dans la prise en charge d’un patient par contrainte induite ? Table des matières. Sommaire ..................................................................................................................... Introduction. ................................................................................................................ 1 1 Problématique. .................................................................................................... 2 1.1 Question de départ. ....................................................................................... 2 1.1.1 Contexte de la question de départ. ......................................................... 2 1.1.2 Situation professionnelle vécue en regard de la question de départ. ...... 3 1.1.2.1 Présentation de la personne et de ses habitudes de vie antérieures… ................................................................................................... 3 1.1.2.2 1.1.3 1.2 Conclusion. ............................................................................................. 4 Lectures préliminaires. .................................................................................. 5 1.2.1 La personne hémiplégique. ..................................................................... 5 1.2.1.1 Définition de l’hémiplégie.................................................................. 5 1.2.1.2 Les troubles associés. ...................................................................... 5 1.2.1.3 Evolution des techniques de rééducation. ........................................ 7 1.2.2 1.3 Pathologie et évolution. .................................................................... 4 La thérapie par contrainte induite du membre supérieur......................... 7 Entretien exploratoire. ................................................................................... 8 1.3.1 Critères des établissements interrogés. .................................................. 8 1.3.2 Questions de la grille de passation. ........................................................ 9 1.3.3 Synthèse des réponses obtenues. .......................................................... 9 1.4 Question de recherche. ............................................................................... 11 1.4.1 Apports du stage dans l’élaboration de la question de recherche. ........ 11 1.4.2 Apports de la littérature dans l’élaboration de la question de recherche………….. .......................................................................................... 11 1.4.3 Apports de l’entretien exploratoire dans l’élaboration de la question de recherche. ......................................................................................................... 11 1.4.4 2 Problématique. ...................................................................................... 12 Apports théoriques. ........................................................................................... 13 2.1 La plasticité cérébrale.................................................................................. 13 2.1.1 Définition générale. ............................................................................... 13 2.1.2 Lien entre plasticité cérébrale et récupération chez le patient hémiplégique. .................................................................................................... 13 2.1.3 2.2 4 La contrainte induite. ................................................................................... 15 2.2.1 Origine. ................................................................................................. 15 2.2.2 Pourquoi contraindre ? .......................................................................... 16 2.2.3 Les principes définis par E.Taub. .......................................................... 16 2.2.4 L’organisation pluridisciplinaire. ............................................................ 18 2.3 3 Plasticité et apprentissage d’Inactivité. ................................................. 15 2.2.4.1 L’observance thérapeutique. .......................................................... 19 2.2.4.2 Les évaluations pouvant être mises en place en ergothérapie. ...... 19 2.2.4.3 Compétences de chaque professionnel. ........................................ 22 Conclusion. .................................................................................................. 27 Méthodologie. .................................................................................................... 28 3.1 Choix de la population interrogée. ............................................................... 28 3.2 Questionnaire. ............................................................................................. 28 Recueil de données et analyse. ........................................................................ 30 4.1 Recueil. ....................................................................................................... 30 4.2 Analyse. ....................................................................................................... 37 4.2.1 Utilisation de la thérapie par contrainte induite. .................................... 37 4.2.2 Rôle de l’ergothérapeute avant la mise en place de la contrainte. ........ 37 4.2.3 Autres rôles de l’ergothérapeute durant la prise en charge par contrainte induite.. .............................................................................................................. 38 4.3 4.3.1 Apports de la littérature. ........................................................................ 39 4.3.2 Apports de l’enquête auprès des ergothérapeutes. .............................. 39 4.3.3 Vérification de l’hypothèse. ................................................................... 40 4.4 5 Réponse à la problématique. ....................................................................... 39 Limites méthodologiques. ............................................................................ 41 Discussion. ........................................................................................................ 42 5.1 Intêret d’un protocole de « pré-contrainte » ................................................. 42 5.2 Pairémulation entre patients contraints. ...................................................... 42 5.3 Lien avec l’imagerie motrice. ....................................................................... 43 Conclusion ................................................................................................................ 45 Bibliographie. ............................................................................................................ 46 Annexe ......................................................................................................................... Résumé : Le domaine de la rééducation en neurologie est en constante évolution. En effet l’évolution des connaissances du fonctionnement cérébral permet de faire émerger de nouvelles approches thérapeutiques. La thérapie par contrainte induite, objet d’étude de ce travail de recherche, a été mise en place suite à la mise en évidence du rôle de la plasticité cérébrale dans la récupération de l’hémiplégie. Elle fait également suite à des observations de la sousutilisation du membre supérieur lésé. La prise en charge de la thérapie par contrainte induite se fait par une équipe pluridisciplinaire dans laquelle est intégré un ergothérapeute. Nous cherchons, dans ce mémoire, à définir le rôle de l’ergothérapeute avant la mise en place de la contrainte. Autrement dit, quelle(s) compétence(s) spécifique(s) peut-il apporter au patient afin de l’aider à appréhender cette thérapie ? L’enquête auprès des ergothérapeutes a permis de mettre en évidence le rôle spécifique de l’ergothérapeute dans l’anticipation des situations problèmes que le patient sera susceptible de rencontrer pendant sa contrainte. Mots clés : plasticité cérébrale, thérapie par contrainte induite, rôle de l’ergothérapeute. Abstract : Neurological rehabilitation is continuously enlarging due to progress of knowledge in brain functions which allows new therapeutic methods linked to this constant progress. Constraint induced therapy, which is our concern here, has been highly favoured because of the evident part played by the brain plasticity noticed after a hemiplegia recovery. This therapy is also linked to observations made about the “non use” of the injured upper limb. To practise constraint induced therapy, we need a team of different medical representatives , and among them there is the occupational therapist .The purpose of this essay is to define the part played by the occupational therapist before the constraint induced therapy takes place. Therefore, which capacities will be required to help a patient to be treated in the most profitable way. After a survey made with occupational therapists , we have been able to specify their parts in constraint induced therapy : they have to anticipate problems and difficulties patients will have to deal with during the therapy. Keywords : brain plasticity, constraint induced therapy, part of occupational therapist.