Discours de S.E. Eviatar Manor

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Discours de S.E. Eviatar Manor
Discours de S.E. Ambassadeur Eviatar Manor,
Représentant permanent d’Israël auprès des Nations Unies à Geneva,
À l’occasion de Yom Hashoah 2016
Organisé par le Comité intercommunautaire pour l’organisation de Yom Hashoah
Salle communale de Carouge
Genève, mardi 3 mai 2016, 19h30
Cher Mr. Noah Klieger, ainsi que tous les autres rescapés de la Shoah ici présents,
Monsieur le Conseiller d’Etat,
Madame Stéphanie Lammar, Maire de Carouge,
Chers représentants des autorités religieuses,
Présidents et membres des institutions communautaires,
Chers amis.
Le 24 août mille 1939, lors du 21ème Congrès Sioniste, 527 délégués, accompagnés par
cinquante membres du Comité Exécutif Sioniste, ainsi que de centaines d’invités, étaient
réunis au Grand Théâtre et au Café Lyrique à Genève, pour discuter de l’annonce historique
faite la veille, de l’accord Ribbentrop-Molotov. Pour eux, il devint clair que les discours
passionnés et les débats animés sur le futur du Sionisme et du Foyer National juif n’étaient
que chimère, et que la Guerre allait éclater sous peu.
Genève – avec son lac magnifique et ses montagnes environnantes – devint alors le témoin
d’efforts frénétiques de la part des dirigeants sionistes pour sauver ce qui pouvait encore en
l’être des communautés juives d’Europe, à l’aube de la plus grande catastrophe qui devait
s’abattre sur notre Peuple. La dissonance entre la paisible Genève et la Guerre imminente
enleva toute l’importance de ce 21ème Congrès, et en fit le plus tragique de tous les Congrès
sionistes.
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Deux autres événements majeurs précédèrent ce Congrès : Premièrement, en juillet 1938, la
Conférence d’Evian sur le sort des réfugiés juifs de l’Allemagne nazie ; et deuxièmement, la
publication par le gouvernement britannique, en mai 1939, du « Livre Blanc » de
MacDonald.
La Conférence d’Evian engendra une certaine compassion pour les Juifs, mais aucune
véritable solution ne fut trouvée pour l’accueil des réfugiés juifs ;
et le « Livre Blanc » britannique limita l’immigration des juifs en Palestine à 75'000 sur 5 ans.
En refusant aux Juifs le droit de se réfugier et se protéger, la communauté internationale a
ouvert la voie à la tragédie que fut la Shoah.
En clôturant le Congrès à Genève, le 25 août 1939, Haim Weizmann, submergé par
l’émotion prononça les mots suivants: « Notre Peuple est éternel et notre Pays est éternel.
Nous devons travailler, nous battre et vivre jusqu’à ce que ces jours d’horreur se terminent.
J’espère vous revoir tous en vie au prochain congrès. A bientôt en temps de Paix. » Ces
paroles furent suivies de l’HaTikva.
Mes chers Amis, ce soir, ensemble, nous commémorons les victimes de la Shoah. Nous,
Juifs, étions seuls, coincés entre l’élégance genevoise et l’horreur ; entre l’indifférence et les
réfugiés ; entre l’espoir et le désespoir ; entre Ribbentrop et Molotov ; entre un Foyer
national et les chambres à gaz.
A la suite de la Conférence d’Evian, Golda Meir dit : « Je ne souhaiterais voir qu’une seule
chose avant de mourir : que mon Peuple n’ait plus jamais besoin de compassion. »
Je quitterai Genève dans deux mois. Le long des couloirs de l’ONU, j’ai entendu de
nombreuses attaques contre mon pays. J’ai vu les partis pris, la discrimination et l’injustice.
Mais malgré tout cela, je n’ai jamais cherché à attirer la compassion. J’ai plutôt essayé de
convaincre mes interlocuteurs du bienfondé des actions entreprises par Israël. Israël et le
Peuple Juif, les deux, ensemble, ont un Grand futur devant eux. C’est aussi de cela que nous
devons nous souvenir.
Merci.
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