nouvelles figures de l`animalité

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nouvelles figures de l`animalité
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figures de l’animalité
la bande dessinée animalière
nouvelles figures de l’animalité
par Alexis Laballery
[janvier 2006]
Tout comme dans la littérature jeunesse ou le dessin animé, la figure animalière dans la bande
dessinée n’est pas encore une espèce en voie d’extinction. Ces deux dernières années, une
quarantaine de séries mettant en scène des animaux (simples compagnons du héros humain ou
protagonistes à part entière) a été publiée. Parmi celles-ci, on remarque d’abord la présence de
certains grands héros classiques. Ainsi, même si les pères d’autrefois ne sont plus toujours aux
commandes, le Marsupilami, Cubitus, Boule et Bill et les héros de La jungle en folie continuent
d’évoluer dans d’inédites péripéties, perpétuant ainsi une certaine tradition franco-belge. Toutefois,
l’inventaire est loin de se réduire à ces quelques séries inépuisables et à leurs descendants directs
(Billy the Cat, Les Garnimos, Les Zorilles...). L’animal de bande dessinée arbore désormais de
multiples visages. Il est chat détective, loup et renard bretteurs, ornithorynque rêveur, coati joueur,
corbeau observateur... La ménagerie est imposante et ne cesse de s’agrandir. On pointera dans ces
lignes, sans souci d’exhaustivité, quelques albums remarquables pour leurs qualités esthétiques et
narratives, mais surtout pour la place occupée par la bête dessinée et sa pertinence au sein des
planches.
A la place de la paisible campagne anglaise, c’est le bush australien qui sert de toile de fond aux
aventures colorées de Toto et de ses compagnons. Chez Yoann et Omond comme chez Plessix, les
espèces animales sont le plus souvent réduites à un seul individu et aucune organisation
hiérarchique n’est visible. Il ne s’agit pas d’une société animale comme on en trouve chez Raymond
Macherot ou, pour citer une autre série récente, dans Pitchi Pot. Chacun mène ici sa vie comme
bon
lui semble et, en dehors des péripéties qui font les albums, accomplit des tâches minimes qui
tournent essentiellement à son propre avantage (ou à celui de ses amis les plus proches) sans souci
de travail collectif puisque, de toute façon, la communauté est inexistante. Il n’est donc pas ici
question de critiquer un quelconque système social ou de singer les activités de l’homme moderne,
nais plutôt de distiller à travers des aventures merveilleuses quelques principes élémentaires des
interactions humaines : force de l’amitié, loi du plus fort, sentiment de propriété, courage....
Il est aussi important de souligner que, dans Toto,la fantaisie ne se résume pas dans la simple
présence d’animaux qui parlent et qui vivent dans des maisons. La grande place faite à l’onirisme et
au fantastique apporte à cette bande une dimension supplémentaire, se rapprochant des contes
africains, par exemple, où magie et rites séculaires sont indispensables et font l’essence de chaque
récit. Toto trouve souvent les réponses à ses interrogations dans le monde des rêves, et les éléments
de la nature, le vent, un arbre, le ciel, sont des protagonistes à part entière. Ceux-là, ainsi que les
êtres légendaires issus de mythologies et croyances empruntées aux Aborigènes ou plus ou moins
inventées - grand serpent multicolore ou Bunyip -, font ainsi jeu égal avec les animaux, éloignant la
série de la simple fable animalière pour des histoires beaucoup plus axées sur l’imaginaire et le
féerique.
Outre ces bandes dessinées qui prolongent avec inventivité une certaine tradition du conte
animalier, on peut citer une nouvelle série s’adressant toujours aux plus jeunes mais adoptant un ton
résolument à part, Ariol d’Emmanuel Guibert et Marc Boutavant. Avec simplicité et légèreté, les
auteurs écrivent des chroniques tendres, drôles et réalistes autour de jeunes enfants d’espèces
animales différentes. Ariol est un petit âne qui va à l’école, il a pour meilleur ami Ramono, le cochon,
et est secrètement amoureux de Pétula, la vachette. Comme tous les petits garçons de son âge,
Ariol est rêveur, bagarreur, insouciant et fait du plus banal événement du quotidien une petite
aventure.
En France, Smart Monkey, de Winshluss, apparaît comme un digne héritier de ces littératures
undergound, parodiques et délirantes. Après la confrontation avec le monde moderne, voici pour
l’animal de bande dessinée le temps du retour à la Nature, à ses dangers et ses règles de survie.
Winshluss réalise un pastiche de documentaire scientifique sur les comportements d’une faune ici
quelque peu déchaînée. Le geste animal, ses postures, sa sauvagerie sont ici mis en scène avec
brio, comme en un remake explosif du Nid des marsupilamis de Franquin. Le singe malin, héros du
livre, se distingue des autres animaux par son physique de cartoon : tête ronde et lisse, gros nez, yeux
en forme de points. Il est foncièrement différent de ces autres bêtes traitées de façon nettement plus
réaliste. Et cette distinction graphique lui apporte quelque supériorité sur les autres : il échappe par
la ruse à toutes les attaques trop banales du tigre à dents de sabre, il découvre le feu, et il se moque
du gorille dominateur, Sur l’échelle de l’évolution, l’animal de bande dessinée est forcément plus
intelligent que toutes les autres créatures terrestres à quatre pattes... Mais l’humour ravageur de
Winshluss ne fait pas de ce héros remarquable l’ultime gagnant de la chaîne alimentaire, et c’est le
caractère éminemment mortel du héros animal qui est finalement mis en avant dans cette farce
jubilatoire.
Comme dans les bandes underground, le jeu avec les codes des « grands genres » sont monnaie
courante chez Lewis Trondheim. Et comme dans Ariol, une partie de l’univers du créateur de la
Mouche et de Lapinot est peuplé par ces figures animales qui vivent et évoluent dans un quotidien
des plus concrets. Mais la façon dont l’auteur se caricature lui-même en oiseau taciturne et les
autres personnages en toutes sortes d’espèces semblerait signifier que le recours à l’animalité n’est
ici rien de plus qu’un style, une recherche graphique pour représenter différemment l’humain, bref
une démarche de dessinateur. Contrairement à Ariol et ses copains, les personnages des
Formidables aventures de Lapinot, dont l’animalité est visiblement incontestable (bec, pelage,
grandes oreilles... ), nient en effet continuellement leur appartenance, même minime, au règne
animal. Dans La Vie comme elle vient, dernier opus de la série, Nadia raille ainsi le pédant Richard : «
Tu es si drôle et si pathétiquement parfait comme représentant de l ’homo sapiens des années 2000
». Le décalage comique entre ce qui est dit et ce qui est montré n’a plus rien de choquant pour le
lecteur, qui a accepté depuis longtemps le parti pris de Trondheim et sait qu’il est le seul « acteur »
du dispositif à voir dans ces personnages un chat et une souris.
A l’instar d’une série comme Kebra, de Tramber et Jano, par exemple, l’animalité n’est ici plus qu’un
costume, un masque même, puisque seul le visage est affecté par cette transformation physique.
Cette humanité revendiquée, ce refus total d’être apparenté à l’animal représente comme une
limite extrême de la figure animalière en bande dessinée. Reste toutefois le cas de Lapinot même.
Le héros de ce cycle est celui qui, par rapport aux autres, garde quelque chose de son animalité en
plus : il adore le jus de carotte, il ne porte pas de chaussures à ses pattes démesurées, et son nom le
rattache directement à son espèce.
Dès lors, c’est via ce personnage principal et « entre-deux » que s’opère continuellement le retour à
la fantaisie, dans la plus pure tradition de la figure animalière de bande dessinée. Et la présence de
ce héros porteur d’une certaine abstraction est suffisamment forte pour entrainer toute la série dans
un quotidien constamment en proie aux petits dérèglements (les fantômes dans Pour de vrai, les
superstitions dans Pichenettes, ou même l’intrigue extravagante d’Amour et intérim...). Lapinot est
aussi celui qui ouvre les portes à d’autres mondes imaginaires et d’autres genres : western dans
Blacktown, policier fantastique - entre Poe et Tardi -dans Walter, pastiche de Spirou dans
L’Accélérateur atomique... Le personnage de Lapinot se prête en effet à toutes les vies et s’adapte
à chaque époque avec la même facilité, entraînant dans son sillage la plupart de ses compagnons,
rebaptisés à chaque occasion. Son absence (Les formidables aventures sans Lapinot), et finalement
sa mort (La Vie comme elle vient) plongent les autres personnages dans un quotidien nettement
moins fantaisiste et mouvementé, où l’animalité est totalement désincarnée, réduit à cet état de
simple panoplie graphique.
Les albums du Norvégien Jason, entièrement habités de figures animales, se rapprochent de
l’univers de Trondheim au moins sur deux aspects. Graphiquement d’abord, on retrouve dans
certains becs et museaux des évocations évidentes de quelques faces aperçues aux côtés de
Lapinot. Et surtout, comme le héros aux grandes oreilles de Trondheim, les personnages de Jason se
prêtent avec souplesse à tous les genres, et s’adaptent à n’importe quelle aventure. Ainsi, Jason
s’est tour à tour attaqué à la fable noire et intime (Attends...), au roman policier (Le Char de fer), aux
petites fables absurdes et poétiques (CHHHT !), au film gothique (le prolongement des aventures de
Frankenstein dans Mauvais Chemin), ou encore au suspense hitchcockien (Je vais te montrer
quelque chose), en utilisant à chaque fois le même « casting » animalier. On pense alors à ces
acteurs du burlesque, de Buster Keaton (cité par Jason aux côtés de Trondheim parmi ses influences
stylistiques) aux Marx Brothers en passant par Laurel et Hardy, qui promenaient leur silhouette
identique et aussitôt reconnaissable de film en film, de la préhistoire à la grande ville, du Moyen-âge
au western, changeant d’occupation et d’existence à chaque début d’aventure. Ces figures
animalières, proches du caméléon pour leur faculté d’adaptation à tout environnement, seraient
ainsi comme ces acteurs, et c’est cette animalité, aussi minime soit-elle, fondamentalement
étrangère à l’humain, qui leur fournit la souplesse adéquate pour se fondre dans toutes sortes
d’univers.
Le passage d’un genre à l’autre n’ébranle toutefois jamais une thématique solide, commune à tous
les albums de Jason : solitude des personnages, mort violente et deuil difficile, dépression, fatalité...
Ces idées noires dominent l’œuvre de l’auteur, clown triste élaborant minutieusement des petites
fantaisies macabres et intimes. Ces bandes dessinées montrent une forte envie de s’attaquer à tous
les sujets, même les plus graves. Certes, Jason utilise la figure de l’animal à la manière de Trondheim,
comme un élément graphique facilement identifiable, une marque de fabrique : silhouettes noires
finement stylisées issues de quelques cartoons primitifs, et ce regard vide (deux simples ovales
blancs), comme continuellement hagard. Mais au-delà de cette coquetterie purement esthétique,
l’animal contribue ici à l’élaboration d’un univers quelque peu absurde et subtilement décalé : dans
Attends..., les « hommes » se déplacent sur des échasses plutôt qu’en voiture, et dans le récit qui clôt
CHHHT !, le personnage d’oiseau quitte tout le confort de la vie moderne pour retrouver son nid
perché en haut d’un arbre, Ces animaux sortis de leur milieu naturel - aussi anthropomorphiques
qu’ils soient - ne sont pas à leur place dans ces villes froides et violentes, où l’anonymat est de règle
et les rapports avec l’autre souvent conflictuels.
On trouve aussi une grande noirceur dans des albums récents comme Le Chant du corbeau, de
Jean-Christophe Pol, ou Adieu Chunky Rice, le premier album de Craig Thompson. Deux œuvres très
différentes, qui n’oublient pas l’héritage d’une certaine littérature jeunesse, mais brouillent
volontairement les genres dans le ton comme dans le style. Dans le premier ouvrage, le corbeau
observe ce qui l’entoure : les hérissons écrasés sur la route, et les humains, avec leurs petits et grands
drames. Mais, loin de se poser en instance supérieure du haut de son poteau électrique, il doit luimême faire face à ses fautes et à un fort sentiment de culpabilité qui le ronge chaque jour un peu
plus. Comme le singe de Winshluss, il est celui qui est doué d’intelligence, contrairement aux autres
espèces animales présentes. Cette supériorité met le volatile face à de cruels dilemmes et des
questionnements atroces. De son côté, Chunky Rice, la petite tortue, connaît aussi de grands
déchirements lorsqu’elle se décide à quitter son amie, la souris Dandel, pour prendre le large et
parcourir le monde : « Tu dois trouver l’endroit où tu es chez toi », concède la souris. Craig Thompson
écrit là une histoire pleine de nostalgie où le caractère « mignon » » des personnages côtoie le
sordide et la cruauté. La culture underground n’est une fois de plus pas loin dans ce constant
détournement des codes du genre. Mais, s’adaptant à tout milieu dans un exemplaire instinct de
survie, voici la figure animalière qui prend de la hauteur, oublie peu à peu ses tendances parodiques
et ses réflexes comiques, pour s’orienter vers une thématique beaucoup plus sensible, de l’ordre de
l’intime.
Pris comme angle de réflexion, l’animal de bande dessinée permet de grands écarts audacieux : on
peut ainsi trouver dans la série Blacksad, de Juan Dlaz Canales et Juanjo Guarnido, quelque chose
de Jason et du Lapinot de Trondheim. Dans cette belle série policière, qui connaît un important
succès public, la grande métropole -un mélange de Chicago, Los Angeles et New York- est
entièrement peuplée de ces humanoïdes à face animale -ce fameux chaînon manquant entre les
deux espèces, qui semble avoir trouvé dans la bande dessinée (plus que dans le dessin animé) son
terrain de prédilection. L’intérêt réside ici dans le rapport au réel, recherché à tous les niveaux de la
série. Outre l’élaboration d’une impressionnante galerie de portraits multipliant avec plaisir les
variétés animales (morse, porc, tigre blanc, serpent, aigle, cheval, ours polaire, souris... sans doute un
rappel de son activité d’animateur chez Disney), Guarnido opte pour un style résolument réaliste,
éloignant définitivement Blacksad de Canardo et coupant franchement le cordon avec les autres
séries animalières. Inspiré par Régis Loisel ou même Norman Rockwell, le dessinateur montre sa
parfaite maîtrise technique dans chaque recoin de vignette : décors fouillés et précis, mise en
couleur, jeux de lumières, et surtout un grand soin apporté à l’anatomie tout ce qu’il y a de plus
humaine de chaque protagoniste. Dans la narration même, les héros de Blacksad ne partagent pas
la même qualité d’abstraction que la plupart des animaux de papier : ils ont un passé, une vie, une
famille, des souvenirs, bref une temporalité. Cette reconstitution particulièrement soignée et ce
rapport au réel procurent un étrange sentiment quant à l’utilisation des figures animalières.
Car même s’il est immédiatement accepté par le lecteur, le décalage entre le traitement réaliste et
la figuration de ces hommes-bêtes est étonnant, dérangeant même. Il apporte une violence toute
particulière à ces scènes où la sauvagerie humaine trouve un troublant reflet dans les
comportements animaliers, retranscrits à travers une riche gamme d’expressions et d’attitudes :
gueule hurlante, dents acérées, griffes pointues, force colossale, langue visqueuse... La fable qui
utilise les animaux pour mieux ausculter les rapports humains atteint dans cette éviction de la
fantaisie et dans ce rapport au réel une étape nouvelle, singulièrement plus crue et radicale. Et dans
le deuxième épisode, Arctic-Nation, les auteurs approfondissent cet univers en traitant du racisme ;
mais là où, habituellement, comme chez Calvo, Crumb ou Spiegelman, les espèces animales
faisaient l’ethnie ou la nationalité, c’est la couleur de la peau (du pelage, des écailles...) qui reste ici
le critère de distinction. Le degré extrême de l’anthropomorphisation trouve dans Blacksad ses
parfaits représentants.
Pour finir, on ne pouvait pas passer à côté de cet album au titre limpide : Animals, de Giovanni
Mattioli et Davide Toffolo, fait de chroniques dures et réalistes de quelques jeunes gens paumés dans
une banlieue anonyme. Derrière leurs faciès de chien ou de chat, ils sont parfaitement humains,
morphologiquement et mentalement, et aucune allusion n’est faite à leur bestialité apparente.
Devant le réel implacable, la fable s’efface peu à peu. On ne cherche pas à deviner l’humanité
derrière ces visages puisqu’elle est là, présente dès le début, sans détour, le dessin ne faisant que
masquer très légèrement l’évidence.
Sous les influences conjuguées d’artistes underground comme Robert Crumb ou Art Spiegelman, les
frontières entre les genres ont disparu et l’animal de papier, jusque-là figure intemporelle et
foncièrement irréelle, s’est vue accorder une « usure », il est devenu mortel. La mort de Lapinot, les
récits teintés de pessimisme de Jason, le réalisme brutal de Blacksad ou d’Animals, celui plus tendre
d’Ariol... Si ces univers si différents ne peuvent établir une tendance, ils permettent toutefois de
pointer une certaine évolution : la figure animalière n’est désormais plus la caricature servant à
l’élaboration de quelque satire sociale. Libérée de ces contraintes qu’elle s’était elle-même
imposées, elle a su évoluer hors des sphères de la littérature jeunesse, mais surtout elle s’est éloignée
de la parodie et du pastiche, et parfois même de la fable, à laquelle elle semblait
fondamentalement attachée.
Peu à peu, le réel a pris le dessus sur le symbolique et la métaphore. Après avoir été soumis à toutes
les élucubrations graphiques, et avoir ainsi testé sa remarquable plasticité, l’animal de papier,
parfaitement adapté et urbanisé, adopte aujourd’hui des postures et des attitudes beaucoup moins
spectaculaires. La vie au quotidien vécue par les personnages de Trondheim, ou le souci de la
crédibilité anatomique dans Blacksad sonnent comme une fin pour le funny animal, cette silhouette
de caoutchouc à la physionomie modulable. On peut parler d’une quête de réalisme, et noter un
désir marqué de confronter l’animal avec le monde qui nous entoure, une envie de le mesurer au
réel, de quelque façon que ce soit : dans le dessin ou la peinture des sentiments, dans les
motivations et les intrigues... Après avoir pris tous les visages, du chat de gouttière au coati en
passant par la mouche ou l’ornithorynque, et adopté tous les styles graphiques, l’animal dessiné
s’attaque donc maintenant à égaler le personnage humain sur son propre terrain, brouillant
définitivement les identités de chaque créature vivante présente dans les planches.
Depuis que la bande dessinée a mis en scène des animaux, la frontière entre les humains et ces
bêtes parlantes qui se tiennent debout a toujours été étroite, mais elle n’a jamais été aussi ténue
qu’aujourd’hui. Ce sont maintenant les limites de la bande dessinée elle-même, et non plus celles
d’un genre, qui régissent l’évolution de toutes ces créatures. Désormais, donc, l’animal de papier
peut suivre n’importe quelle voie, toutes les cages sont ouvertes, et de nouveaux territoires sont à
conquérir.
Article paru dans le numéro 12 de 9e Art en janvier 2006.

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