Retour durable de l`être aimé – La transmission artistique comme
Transcription
Retour durable de l`être aimé – La transmission artistique comme
Retour durable de l'être aimé – La transmission artistique comme rencontre Exposition du 05 novembre au 09 décembre 2016 Gaëlle COLLET née en 1989 diplômée de l'ENSA Bourges Automatic device of unloading of fabrics – performance, installation in situ (2016) L'installation Automatic device of unloading of fabrics (dispositif automatique de déchargement du tissu) est un travail qui tente d'aborder des évènements reliant économie et politique sociale autour des enjeux de la matière textile dans un contexte plastique et contemporain. J'y aborde un épisode un peu particulier : l'effondrement de l'usine de confection textile du Rana Plaza, en 2013, à Dacca au Bangladesh. De nombreuses marques occidentales que l'on connait bien y passaient commandes. Un événement pris pour exemple pour pointer du doigt les risques inconsidérés et la réalité des conditions de travail de ce type d'usine. Les vêtements que l'on porte, portent eux aussi — quand ce n'est pas de l'ordre de la poésie que nous leurrent matières et couleurs chatoyantes — des faits plus dramatiques. Dans mon travail le textile est substitut de la toile du peintre, le lieu le châssis qui la supporte, de même que sa teinture nous renvoie à la peinture en tube. Aujourd'hui cette installation présente le matériau avec une autre conscience. Si nous sommes aussi otages d'une société qui nous propose de faire peau neuve facilement, dans cette prise de conscience, j'aime à penser que nous pouvons encore maîtriser quelques ficelles dans ce grand chaos provoqué par la mondialisation. J'ai souhaité ici, en cohérence avec la thématique de l'exposition Retour durable de l'être aimé prendre, un instant, la place de ces familles ayant perdu un être aimé et suggérer l'esprit des survivants qui ne sauraient désormais plus vivre sans crainte et sans haine. J'ai aussi projeté "l'être aimé perdu" comme ce textile que l'on fabriquait, tissait, autrefois dans des usines locales ou artisanalement, celui qui n'était pas chargé de l’esclavagisme moderne. De cette façon j'ai tenté d'imaginer un rendu représentatif de ces quelques aspects et essayer d'envisager des façons de faire revenir cette époque moins nocive à l'humain, du moins tenté de trouver une forme d'antidote contemporain pour considérer cette réalité sans lui tourner le dos. Cette installation se présente tout d'abord sous forme de performance. Elle s'étale sur les trois jours de montage de l'exposition. Cette notion de temps est volontairement utilisée comme contrainte, et se veut être à l'image de celle que les patrons imposent à leurs salariés. Ce qui reste visible de ces actions sont les différentes traces laissées par les actions sur le textile déroulé, et au sol une tâche sans doute non achevée. On pourrait l’interpréter comme la volonté de ne plus s'épuiser malgré les marques indélébiles. Des coupons de tissus jonchent le sol, posés là de toute évidence pour rapiécer l'ensemble du rouleau. Je laisse imaginer que l'ouvrière n'en n'aura eu ni le temps, ni le droit ; elle n'a qu'un droit : exécuter les taches demandée, en silence. Alors que porte-t-on, pour ne pas dire qui ? Et quelles traces restent ? L'effacement n'enlève en tout cas rien au poids d'une conscience écœurée. Gaëlle Collet LATRANSVERSALE | Lycée Alain-Fournier 50, rue Stéphane Mallarmé 18028 BOURGES | [email protected] ouvert du lundi au vendredi de 8h à 18h sur rendez-vous