L`avenue Franklin Roosevelt, ambassadrice de charme

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L`avenue Franklin Roosevelt, ambassadrice de charme
LLB - 19/02/2014 - pp. 24 et 25
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Economie Immobilier
L’avenue Franklin
Roosevelt,
ambassadrice de charme
La maison Delune, future ambassade des Emirats
D
ans quelques mois, deux nou­
velles ambassades viendront
grossir le lot de celles qui,
nombreuses, ont choisi l’ave­
nue Roosevelt, à Bruxelles,
pour élire domicile en Belgique.
Celle du Qatar s’y fait en effet cons­
truire un petit palais (photo du bas), à
l’angle de l’avenue Victoria; dont on ra­
conte que le prix au mètre carré a ex­
plosé, ce que dément son architecte, Jas­
pers & Eyers, évoquant “un luxe certain
mais sans extravagance”. Les travaux ont
débuté en novembre 2012. Le
gros­œuvre sera achevé fin juin. Compte
tenu des aménagements intérieurs, l’oc­
cupation des lieux pourrait débuter
dans le courant du 2e trimestre 2015.
Entre 4 et 5 millions d’euros
L’autre ambassade à avoir choisi cette
très diplomatique avenue est celle des
Emirats arabes unis qui a acquis la mai­
son dite Delune, du nom de son archi­
tecte (photo du haut). La transaction
date de juin 2012 déjà, à un prix qui se
situerait, dit­on dans le marché, entre
quatre et cinq millions d’euros. Si la mai­
son Delune, la plus ancienne de l’avenue
Roosevelt, à l’angle de la rue des Phalè­ la maison Delune en vente.
nes, a gardé le même propriétaire (la fa­
Elle sera acquise par Breevast et louée à
mille Feys) pendant près de 80 ans, elle l’agence de communication JWT. Puis,
les collectionne depuis; de même que les finalement, repérée par l’ambassade des
occupants et… les rénovations.
Emirats arabes unis, trop à l’étroit dans
Elle fut édifiée vers 1904­1905, avant ses locaux de la rue des Colonies.
la tenue de l’Exposition universelle de
Ses atouts: sa localisation et ses lignes
1910 dont elle sera un cé­
mêlant éclectisme et Art
lèbre bar­café­restaurant;
nouveau. “Son architec­
mais également avant… la
ture du début du XXe siècle
création des voiries, d’où
fut un des arguments, con­
son orientation de biais
firme Ossama S. Charaf,
BUREAUX
par rapport à l’avenue, qui
“media & communica­
La maison Delune compte
ajoute à son mystère.
quelque 800 m² de bureaux, tion manager” auprès de
Oubliée pendant des lus­ 400 dans les deux sous-sols, l’ambassade. “Le patri­
tres, elle sortira de l’ano­ autant au rez-de-chaussée et moine est un élément de
au 1er étage.
nymat en 1996 lors de son
valeur pour la Belgique
rachat par Stephan Jour­
auquel un jeune Etat
dain (aujourd’hui administrateur délégué comme le nôtre est sensible.”
du Cercle de Lorraine) qui lancera l’archi­
e
e
tecte Francis Metzger (bureau DMA) dans Ambassade XX , consulat XXI
une lourde opération de rénovation­res­
Une nouvelle salve de travaux a été
tauration (1999). Les lieux seront alors re­ lancée, qui sera, comme les deux précé­
vendus à la banque Bacob/Artesia; afin dentes, signée par Francis Metzger, et
d’y implanter son département “private son bureau MA². Une demande de per­
banking”, celle­ci fera à nouveau appel à mis unique a été déposée fin décembre à
Francis Metzger (2002). L’occupation la Région. Prochainement, les riverains
bancaire ne se fera finalement pas et, en seront conviés à une réunion au cours de
2004, Dexia (repreneur d’Artesia) remet laquelle le projet leur sera dévoilé. Ce
800 m²
n’est pas tant la maison Delune propre­
ment dite, réservée à l’ambassade, qui
retiendra leur attention, que la cons­
truction d’un petit immeuble pour abri­
ter le consulat et d’un pavillon de jardin
pour les réceptions, tous deux de facture
contemporaine. “L’objectif de l’ambassade
est de refaire, dans la maison Delune, un
intérieur de qualité dans la continuité his­
torique, explique Francis Metzger. Cette
maison a besoin d’une respiration. Elle res­
tera le vrai élément de patrimoine et re­
trouvera cette générosité, cette identité,
semblables à l’état d’origine”. Soit entre
six et huit mois de travaux.
Reconversion possible
Le consulat s’inscrira dans un bâtiment
neuf, dans la prolongation du bâti de la
rue des Phalènes. “Il s’accrochera au pi­
gnon et clôturera la rue; un immeuble de
même taille et de même morphologie, qui,
au besoin, pourra être reconverti en loge­
ments”, précise l’architecte. Quant au pa­
villon de jardin, il servira de lieu de ré­
ception mais également d’écrin à une
exposition sur la Maison. Le tout dans un
jardin qui retrouvera son tracé d’antan.
Charlotte Mikolajczak
Roosevelt et Tervueren, ultra­diplomatiques
La capitale abrite 184 ambassades, dont 46 dans deux
avenues! Avec l’emménagement annoncé des ambas­
sades des Emirats arabes unis et du Qatar, l’ixelloise
avenue Franklin Roosevelt confirmera, s’il le faut, son
statut de première artère des ambassades en Belgique.
Elles sont déjà 28 à s’y presser (15% du total) et at­
teindront le cap des 30 courant 2015. Une avenue
récente, créée après l’Expo de 1910, le long de la­
quelle se sont, à l’origine, concentrées des maisons de
maître d’un certain niveau et d’une certaine taille qui,
une fois délaissées par la bourgeoisie locale, ont
trouvé écho auprès des ambassades.
Avec ses consœurs Louise et Molière, également bien
achalandées en ambassades, Roosevelt permet à la
commune d’Ixelles de parader comme entité… diplo­
matique n°1 de Belgique (60 ambassades sur son sol).
24
Viennent ensuite Bruxelles (39, dont 2 à Haren) et
Etterbeek (25), sans toutefois que, dans ces deux
communes, une rue n’émerge franchement. Ce qui y
attire les ambassades tient à leur proximité avec les
instances gouvernementales belges et européennes.
Woluwe­Saint­Pierre, 4e au classement avec 23
ambassades, y est poussée par l’avenue de Tervueren,
qui partage nombre de critères avec Franklin Roose­
velt: entrée de ville, sud de Bruxelles, commune verte,
bâtiments de grande taille, architecture récente… Et le
long de laquelle pas moins de 18 pays sont domiciliés.
Uccle ferme le quintet, comptant 18 ambassades.
A elles seules, ces cinq communes abritent 164 des
184 ambassades (88%). Les autres sont plus épar­
pillées, à Schaerbeek, Woluwe­Saint­Lambert, Forest…
C.M.
La Libre Belgique - mercredi 19 février 2014
© S.A. IPM 2014. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.
Le nombre d’ambassades
domiciliées sur cette célèbre
avenue passera, dans
quelques mois, de 28 à 30.
l
S’ajouteront celles des
Emirats arabes unis et du
Qatar.
l
Toutes deux ont choisi des
angles, mais les styles
architecturaux sont bien
différents.
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l
3 Questions à
HENDRIK VAN DE VELDE
Porte-parole des Affaires étrangères
1
ALIZEE NIELSEN/REPORTERS
Les avenues Roosevelt et de Tervueren
sont­elles explicitement recherchées par
les ambassades ou leur emménagement
tient­il de l’occasion?
Les Emirats arabes unis se sont laissé séduire par la mystérieuse maison Delune qu’ils intégreront après rénovation.
Elles ne sont pas demandées expressément. S’il
y a concentration, c’est que ces deux avenues
offrent énormément d’avantages: vertes,
proches du centre sans en faire partie… Bruxel­
les présente deux particularités en la matière.
D’une part, les ambassades étrangères sont
triplement représentées, auprès de la Belgique,
de l’Europe et de l’Otan; elles sont dès lors
concentrées en quelques endroits du territoire
des 19 communes, à proximité du rond­point
Schuman (Europe), de la rue de la Loi (Etat
belge), ou dans les communes vertes pour
celles ayant opté pour de belles demeures se
prêtant aux réceptions. Deuxième particula­
rité: Bruxelles ne se présente pas comme un
centre­ville unique (à même d’être ciblé par les
chancelleries) entouré de banlieues (où s’ins­
criraient les résidences des ambassadeurs),
mais comme une succession de communes.
2
Assiste­t­on à de telles concentrations
dans d’autres villes, à Paris, Londres…?
Oui, c’est un phénomène assez classique,
notamment parce que les ambassades ont des
besoins similaires, d’image notamment. Etre
proches leur permet par ailleurs de recevoir
plus facilement d’autres diplomates voisins; et
des décideurs qui préfèrent se rendre dans des
endroits familiers. Dans certains pays, les
regroupements sont imposés par le gouverne­
ment pour des questions de sécurité, d’urba­
nisme…
3
ARCHITECTES JASPERS-EYERS
En règle générale, quelle est la politique
de la Belgique en la matière? Se rappro­
cher d’autres ambassades? Opter pour des
quartiers plus centraux ou plus excentrés?
Il n’y a pas de règles, mais on voit poindre une
volonté de localisation avec d’autres pays
d’Europe (Benelux) ou avec la délégation
européenne. Ceci dans le cas de nouvelles
ambassades. Ce regroupement est de plus en
plus courant: les pays scandinaves font pareil.
C.M.
Le Qatar érige sa nouvelle ambassade le long de la même avenue Roosevelt, mais dans un tout autre style.
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